Le soleil ne se couche jamais pour un être tel que moi • Arthur

Il se faisait tard, il n'avait pas encore dormi. L'horloge de son bordel annonçait quatre heures du matin. Une heure tardive pour dormir, mais Sovjan s'en fichait. Demain il pourra faire la grasse matinée. Cependant Sovjan ignorait qu'il ne dormirait pas. Il quitta le lieu pour se rendre chez lui, dans le quartier de Altona.

N'arrivant pas à dormir, se remémorant sa soirée pour une raison dont il ignorait, Sovjan bougeait dans son lit deux places. Il se leva, quand il était assez agacé de tourner sans trouver le sommeil. Il s'habilla rapidement d'un costard et décida de rejoindre la Paddy's Teig, pas loin de sa maison close, pour se délecter d'un whisky.

Le pub écossais était vide, quelques personnes se trouvaient assis au comptoir. Sovjan prit place sur un des grands tabourets, auprès d'un homme et commanda son whisky. Enfin, quand il fut servi, il paya sa note avant de jeter un regard à une personne qui le dévisageait. Un sourire qui en disait long sur son visage, Sovjan décida de le rejoindre. Il s'approcha de cette personne.

« Je vous offre un verre ? », lui demanda-t-il, poli pour une fois.

Sans attendre son avis, Sovjan s'assit face à la personne. Son regard pénétra le sien tandis qu'il approcha son verre de sa bouche. Son téléphone vibra dans sa poche de jean. Il le sortit, regardant le message qu'il avait reçu. Aucune urgence qui nécessitait de répondre maintenant.

Il retourna son attention sur la personne inconnue. Sovjan avait cette vague impression qu'il connaissait cette personne. Son visage familier ne lui était pas inconnu. Néanmoins, il ne sut où il l'avait rencontrée et surtout quel nom mettre sur ce visage.

« J'ai l'impression de vous connaître. »

Le jeu était un véritable diable. Cette frénésie qui touchait les personnes, l'adrénaline qui faisait suer, que des sensations dont le corps subit agréablement. Le jeu n'avait jamais été la drogue de Sovjan. Pour lui, c'était les dures qui le condamnaient à une addiction. C'était rare qu'il choisissait les chiffres pour le loto ou qu'il achetait un billet de loterie. Il n'avait pas besoin d'argent, lui qui en avait tant alors jouer ne lui apportait rien. Sovjan comprenait que les gens tombèrent là dedans. Son géniteur était un accro des courses de chevaux, dépensant des milliers et des cents avec toujours cette envie de gagner. Ce qui m'était à mal la famille, déjà détruite par sa violence phénoménale.

Sovjan était assis sur la table du fond comme à son habitude. Le suédois se mettait toujours au fond de la salle d'un bar ou restaurant pour avoir une vue d'ensemble sur la foule. Sovjan se leva et rejoignit un inconnu qui le regardait. Il avait l'impression de le connaître. Perplexe et pensif de donner un nom au visage de cette personne, il passa les mains dans sa chevelure. Sovjan s'assit en face de lui et lui proposa de lui offrir un verre. C'était vraiment embarrassant d'avoir l'impression de connaître la personne mais de ne pas retrouver le souvenir exact dans votre esprit. L'inconnu accepta le verre que le suédois lui offrait.

« Je fais aussi du piano, mais c'est rare que j'écoute de la musique douce. C'est quand j'ai un coup de blues, peut-être. »

Sovjan faisait du piano depuis un certain temps. Ce talent, il ne le racontait à personne. Il n'avait pas forcément peur que quelqu'un le juge ou qu'il eût honte qu'une personne l'écoutât. Non, il ne se vantait pas de son atout car il gardait cela dans sa boîte mystérieuse pour charmer les damoiselles ou les damoiseaux car la musique, c'était romantique. Sovjan se trompait sûrement. Il ne le connaissait pas en fait. C'était pour l'aborder car il l'avait intéressé au premier regard. Il siffla la serveuse, un geste osé mais Sovjan s'en fichait de manquer de politesse devant l'homme en face de lui. La serveuse vint et chagriné, riposta sur la façon dont le suédois se comportait. Elle prit tout de même leur commande. À l'avis de Sovjan, les clients devaient se faire rare donc elle ne pouvait pas se permettre d'en perdre. Il se retourna en suite vers l'inconnu.

« Non, j'ai dû faire erreur. »

La serveuse leur apporta leur verre et Sovjan la retint par le bras pour commander un autre verre puisque devant eux, il but d'un coup sec son whisky. Pour changer, il commanda une vodka-orange. Il pivota vers l'homme et lui sourit. Il ne venait pas souvent ici donc il ne pouvait l'avoir vu jouer. D'ailleurs, au piano, il adorait jouer du Phil Collins ce qui était très contrasté au caractère de Sovjan. Sinon, il était métal de tous les genres. La serveuse revint avec le verre. Cette fois-ci, il ne le but pas d'une traite et se délecta du liquide spiritueux en appréciant la saveur, lentement. Ses yeux se chargèrent d'enthousiaste. Celle-la, il se la monterait bien sur la table pour se la faire, maintenant.

« Elle est bonne cette nana. Dis-moi tu t'appelles comment ? »

Il ignora le fait que la serveuse-gérante n'était pas loin de la table au moment où il avait sorti cela. Même ceux de la table à côté avaient entendu et posèrent un regard outré sur Sovjan. Cela y était, il était devenu déjà familier avec l'inconnu en le tutoyant. À vrai dire, Sovjan n'eut jamais été amoureux du vouvoiement, trouvant cela trop noble pour lui. Il tâta ses poches et sortit son portable dernière génération qui avait vibré. C'était un appel de collaborateur important.

« Je dois prendre cet appel, je reviens après. »