bloqués dans cette petite boite métallique ▬ axel & isadora

Axel n’avait pas planifié une virée au centre commercial aujourd’hui. En fait, il ne le planifiait jamais, il n’aimait particulièrement ces endroits. Il y avait trop de monde, mais surtout trop d’émotions. Certaines fois ça allait, mais d’autres journées où la fatigue prenait la place, Axel risquait la crise d’angoisse à chaque pas dans cet endroit bondé. Il y avait deux raisons qui le poussaient à se déplacer – plutôt que d’acheter en ligne – soit lorsqu’une de ses sœurs le suppliait de l’accompagner ou lorsqu’il avait passé une commande précise à la boutique de jeux vidéo de centre commercial. Aujourd’hui, c’était ce qui le menait à être à cet endroit, à ce moment précis. Un employé de la boutique lui avait laissé un message. Sa Switch Oled spéciale Zelda était enfin arrivée. Axel avait dû se retenir un petit cri de joie. Il allait exprimer sa joie lorsqu’il aurait son précieux entre les mains. Il avait tellement galéré à l’avoir et surtout, il l’attendait depuis des semaines. Elle avait presque un mois de retard, mais tant pis. Elle serait enfin à lui.

Les jeux vidéo s’étaient toute la vie d’Axel. Ce n’était même pas une surprise de le voir parcourir le centre commercial avec un sac de GameStop. Une console, un jeu, la manette, l’étui de rangement, une figurine. Bref, il avait pris la totale Axel. Peu importe le prix. Sur le chemin, il s’arrêta un instant devant une boutique de vêtements. Il achetait toujours en ligne, mais une veste avait su attirer son attention. Il était rentré, il l’avait essayé et il l’avait aimé. Ce n’était pas plus compliqué que ça avec lui. S’il aimait, il prenait sans réfléchir. Deuxième sac en main, le brun termina à peine de payer que son téléphone sonna. Son appareil contre son oreille, Axel faisait le chemin du retour sans réellement se soucier de ce qui se passait autour de lui. Sauf au moment d’approcher de l’ascenseur. « Ça va couper Adrian. Mais tu peux débuter le live, préparer l’annonce, je serai là dans 30 minutes maximum. Compte sur moi. C’est le grand jour ! » Une certaine excitation dans sa voix. Son patron et lui travaillaient très forts sur ce projet depuis des mois et c’était le jour de la grande annonce. C’était toujours très excitant. Axel avait hâte d’y être, mais c’était sans compter sur la machine de métal qui en décida autrement. Son téléphone manqua lui glisser des mains sous le choc. « Oh merde. » dit-il en français avant d’entendre un mouvement à ses côtés. Malgré l’endroit sombre, il put distinguer les ombres d’une silhouette. Il n’était pas seul. Oh. Trop concentré sur sa conversation, il n’avait pas fait attention. « Est-ce que vous allez bien ? » Un léger silence suivit sa question posée dans un anglais maladroit. « Vous êtes blessée ? » demanda-t-il, cette fois dans un allemand toujours sommaire. C’était sa manière de savoir dans quelle langue, il devait s’exprimer. Il sursauta lorsque la moitié de la lumière se ralluma, probablement dû à l’activation de la génératrice. Voilà, c’était qu’une coupure de courant temporaire… ? N’est-ce pas ? Il n’en avait aucune idée. « Ça ne devrait pas tarder à se remettre en route. Ne vous inquiétez pas. » Il sourit à la jeune femme. Un sourire se voulant rassurant alors qu’il ne croyait pas ce qu’il disait. Il n’en avait aucune idée. C’était un gameur, pas un mécanicien d’ascenseur.

Axel ne paniquait pas encore et pourtant, plus les secondes passaient et plus il se sentait inconfortable. Son estomac se tordait sous la peur. Pourtant, il n’était pas claustrophobe, il n’avait pas particulièrement peur des ascenseurs et surtout, il ne comprenait pas encore ce qui se passait vraiment. Ça ne venait pas de lui. Très porté sur les émotions des autres, le brun ne prit pas longtemps à comprendre que cette peur soudaine qu’il ressentait ne venait pas lui. Il calquait son ressenti sur les autres, sur la jeune femme coincée avec lui. Ouf… Si elle paniquait, il allait paniquer et ça ne serait pas beau à voir. De son mieux, Axel tenta de chasser du revers de la main l’angoisse qui montait en lui pour se concentrer sur l’inconnue et sur ton état. Elle n’avait pas l’impression d’être blessée. Super, c’était une bonne chose. Elle s’était laissée glisser au sol tandis qu’Axel l’observait, il n’osait pas bouger.

« Nous allons sortir. » Quand il ne savait pas. Comment non plus, mais ils n’allaient clairement pas rester coincé ici n’est-ce pas ? Peu importe, Axel devait prendre les choses en main, il sentait sa gorge se coincer sous l’émotion. Concentre-toi Axel. Concentre-toi. Il souffla un bon coup et il laissa son attention dévier dans l’habitacle. Plus précisément sur le bouton d’urgence sur lequel il appuya une première fois. Rien. Il appuya une seconde fois, mais toujours rien. Son regard de retour sur l’inconnue, elle s’excusa et Axel secoua négativement la tête. Elle n’avait pas besoin de le faire. Sans réellement réfléchir, l’homme s’installa au sol à son tour. Assis en tailleur, il observait la jeune femme apeurée. « Calquez votre respiration sur la mienne. » Habitué des crises, Axel prit une profonde inspiration avec son nez qu’il expira avec sa bouche. Il espérait que la blonde arriverait à faire la faire dans l’espoir de calmer un peu son angoisse. Plusieurs fois, Axel recommença. Au fond, ça lui faisait du bien à lui aussi de se concentrer sur sa respiration. « Je peux vous parler aussi. Je peux vous parler de n’importe quoi. Je… Je… Vous saviez que les kangourous ne peuvent pas sauter vers l’arrière ? Seulement vers l’avant. C’est cool non ? » Non Axel, c’était pas cool. Et en plus, il parlait vite. Comme l’être surexcité qu’il était dans certains circonstances, surtout lorsqu’il essayait par tous les moyens de se concentrer sur autre chose que la panique. Il ne voulait pas penser à l’endroit où il était, ni au fait qu’il était coincé. Il voulait penser qu’au fait d’empêcher l’inconnue de paniquer pour qu’il ne panique pas à son tour. C’était tout.

Tristement, Axel pouvait dire qu’il avait l’habitude de perdre le contrôle de sa vie. Le fait d’être maître de ses actions était encore récent. Ce n’était pas le fait de ne pas avoir de contrôle sur les portes de l’ascenseur qui commençait à le rendre nerveux, c’était la jeune femme à ses côtés. Son côté empathique reprenait le contrôle. Qualité qui pouvait devenir un défaut lorsqu’il se retrouvait handicapé d'une situation. Alors le mieux à faire, c’était d’essayer de discuter. De tout et de rien. Surtout de rien, c’était ce qu’il fonctionnait le mieux. Du moins, sur lui. Lorsque son attention était déviée, il arrivait à s’en sortir. Sauf qu’il ne savait pas si ça allait fonctionner avec cette inconnue. Peut-être qu’elle allait l’envoyer balader, peut-être qu’elle allait lui hurler dessus de se taire et de la laisser tranquille ou peut-être qu’il allait déclencher sa crise et qu’il allait lui-même se retrouver en crise… Tout allait se jouer sur une histoire de kangourous. C’était… incroyable, non ?

Une longue seconde passa après son affirmation avant que la blonde ne parle. Axel se retint de lâcher un soupir de soulagement. Elle ne l’engueulait pas. Elle affirmait même qu’elle allait se coucher moins bête ce soir. Un petit rire échappa au brun qui hausse les épaules. « Je suis certain que vous auriez été en mesure d’apprendre un fait divers beaucoup plus intéressant aujourd’hui, mais… Vous êtes tombés sur moi. Je ne connais que des choses inutiles. » C’était le cas de le dire. Le brun continuait d’essayer d’alléger l’atmosphère. Sans surprise, il le faisait en dénigrant sa culture générale.

L’espace d’un instant, Axel sentit la pression dans son estomac diminuer. Est-ce qu’il avait réussi quelque chose ? Ou bien, il s’était seulement calmé lui-même avec ses paroles ? Et ça risquait de continuer étant donné que la jeune femme lui demandait s’il avait d’autres passions. Était-elle sûre de vouloir le lancer sur le sujet ? … Trop tard. Le brun allait se lancer de lui-même. « Les jeux vidéo. » commença-t-il par affirmer avant d’étirer légèrement son bras pour attraper son sac Game Stop qu’il ramena sur ses cuisses. Il l’ouvrit et il sortit la boite de sa nouvelle console. « J’ai reçu aujourd’hui, enfin, la super Nintendo Switch édition limitée Zelda. Regard comme elle est incroyable ! J’ai acheté la manette, la pochette aussi et une figurine. » Comme un enfant, il prenait chacun des items qu’il nommait et il les tendait en direction de l’inconnue. « Lorsque je rentre chez moi, je deviens un ermite-geek. Est-ce que vous jouez ? » Si ce n’était pas le cas, l’homme ne voulait pas savoir l’image qu’il donnait à l’heure actuel.