A coffee to apologize? - ft. Julianna

Juliana en avait marre de se lever le matin pour proposer des illustrations qui ne plaisaient pas. Elle avait donc passé sa soirée et sa nuit, en fait, sur l’une d’elle. Satisfaite d’elle-même, elle prit une grande inspiration et alla dans un café avant d’aller proposer cette illustration vers dix heures. Oui, il est huit heures, elle est au café et se donne deux heures pour refaire son illustration si elle le veut. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Elle se fait limite percuter dessus et elle a failli tomber, prise de vertiges. « Les médecins sont censés être doux, non ? ». Dit-elle sans aucune rancœur dans la voix, seulement un peu d’humour. « Je ne dirais pas non. Comment dire non à un homme qui s’excuse aussi bien et qui peut payer le café le plus cher de la ville. Et qui peut réveiller une femme qui a fait une nuit blanche. ». C’est faux, ce n’est pas le café le plus cher de la ville, mais pas loin. En tout cas elle sourit et lui dit ce qu’elle veut : un café latte vanille noir. C’est possible ça ? En fait, il y a moyen. Mais ce n’est plus réellement un café latte. Elle veut juste un bon café atténué un tout petit peu sucré par la vanille. « C’est bizarre ? » demanda-t-elle au médecin. Elle ne voulait pas dire que c’était n’importe quoi, mais ça l’était. Avait-elle réellement pensé à un café latte vanille noir ? « Nan ça n’existe pas. Un café noir avec une petite touche de vanille. » Voilà qui était plus réfléchit et plus…possible. « Je m’appelle Jules. » dit-elle, confuse et un peu angoissé pour le coup. Il l’impressionnait, ce docteur, et il n’avait pas l’air méchant, mais il pouvait très bien se mettre à rire et à se moquer d’elle.


@Anton Meyer

Cet homme avait un tantinet l’air séducteur. Ou peut-être la jeune femme se trompait-elle. Peut-être qu’il était avenant et gentil. Enfin elle ne le connaissait pas, c’est tout. Mais pour autant elle accepta ce café avec plaisir. Il était loin d’être mal venu. « Et si, c’était le travail. J’ai un travail en quelque sorte…très prenant. Enfin non, ce n’est pas en quelque sorte : il est très prenant. » dit-elle en accentuant le « est ». Mais elle n’en voulait pas à sa boss ou à ses auteurs. Elle s’en voulait plus à elle de ne pas toujours être dans les temps, à fond, toujours prête à donner une illustration. C’était ainsi, elle était exigeante avec elle-même. Exigeante parce qu’elle avait un passé qui faisait que…et bien qu’elle fût ainsi. C’était difficile d’y penser, d’en parler et encore plus à un inconnu. Alors aller lui dire qu’elle voulait terminer absolument cette illustration avant le lendemain parce qu’elle se sentait obligé à cause de la peur de remontrance ou de rejet, ce n’était pas trop son délire. Elle était prête à dire cela à ses meilleures amies, Spencer et Victoria, mais à personne d’autre.

Alors que cet Anton tend la main à Jules, celle-ci lui prit et la serra délicatement. Elle l’était, délicate. Jamais dans la provocation ou avec une poigne de fer. « Curieux hein ? » elle ricane avant de répondre : « Je suis illustratrice pour une maison d’édition. Les auteurs me font confiance pour réaliser leur première de couverture. ». Et elle en était fière, quoi qu’un peu frustrée. Elle avait bien besoin de vacances. Oui, elle travaillait souvent de chez elle et se rendait au bureau de temps en temps, mais elle était épuisée. Elle voulait que tout aille bien. Que rien n’entache son rêve de devenir connue et pas la fatigue, donc. « Et si on discutait un peu ? » dit Jules, un peu séductrice, oui, c’est vrai. " Si vous avez le temps bien sûr."


@Anton Meyer

« J’en ai un peu marre des nuits blanches, j’avoue. » Elle rie légèrement avant de reprendre : « Encore heureux. Ma boss est très reconnaissante de mon travail. Ce qui est un soulagement. Les auteurs sont heureux en voyant mes illustrations et j’adore voir la lueur dans leur regard c’est…magique. ». Parce que voir son livre prendre forme c’est tout simplement magnifique. C’est un sentiment indescriptible. On voit le bout, on a envie d’enfin avoir son livre dans ses mains. Et après l’illustration de la première de couverture, ça devient de plus en plus accessible. En tout cas, rien que pour ça, Julianna adorait son travail. Elle en parlait toujours avec le sourire. Il n’y avait rien de méchant chez elle et ce sourire, pas forcément franc tout le temps, l’était tout de même disons…les ¾ du temps. Et puis il fallait dire qu’elle commençait à être relativement bien payée, demandant, quelques semaines plus tôt, une petite augmentation. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était déjà ça. Elle en était contente.

« Si vous n’avez rien de prévu on peut très bien discuter. J’ai l’impression de n’avoir vu personne depuis des jours. Je ne rigole pas, j’ai vraiment une notion du temps…altérée. ». Elle souriait toujours, envie de donner le sourire aux autres et même si elle voyait que l’homme n’était pas forcément très réceptif à la séduction de la belle Jules, celle-ci ne s’en offusqua pas et resta tout à fait normale. « Si vous voulez parler de votre travail aussi, je serais ravi d’écouter quelques anecdotes. ». Puis elle lui proposa de soit marcher dehors, soit s’assoir au chaud et, quand la décision fût prise, la brune répondit enfin à la question que lui avait posé Anton qui était tout de même impressionnant. " Eh bien j’ai toujours quelque chose à faire. Surtout aux périodes de Noël, pendant les grandes fêtes de fin d’année je suis pas mal occupée donc, l’été ça se calme parce que je décide de prendre un peu de vacances et le reste du temps je suis tout de même pas mal occupée. J’aime prendre du temps sur mes dessins sans pour autant prendre trop de temps, vous voyez ? ». Elle prit une gorgée de son café et sourie. La chaleur du liquide lui fit un bien fou.


@Anton Meyer