I might love me some vanilla but I'm not that sugar sweet ı Alejandro (TW : Mention de décès)

Les dernières semaines ont été quelque peu compliquées pour toi. Malheureusement, ton père n'est plus de ce monde à l'heure actuelle. Vos relations étaient conflictuelles mais jamais tu ne lui as souhaité tant de malheur. Même pour toi, c'est difficile car même si tu as pu lui dire au revoir dignement, tu n'imaginais pas que vous aviez si peu de temps pour tenter de reconstruire quelques chose. Peut-être car tu voyais ton père comme cet homme qui allait mourir passé les 90 ans, car tu as toujours eu cette vision d'un homme fort, de pouvoir. Mais face à la mort, vous êtes tous égaux et il te l'as fais réalisé de la façon la plus brutale qui soit. Tu es resté auprès de ta mère pour l'aider à préparer les funérailles, pour qu'elle ne soit pas seule à traverser ça. Maintenant que plus rien ne la retiens à New-York, elle hésite à te rejoindre à Hambourg. Ainsi, elle aura sa fille a proximité. Dans le fond, tu n'es pas contre l'idée. Au contraire, ça te rassurerais de la savoir non loin et pas à l'autre bout du monde. Mais avant, il faudra préparer son arrivée même si la laisser seule te brise le coeur. Elle vient de perdre le seul homme qu'elle a aimé, celui avec qui tout faisait sens. Raison de plus de ne pas la laisser seule, pas vrai ?

Il était temps pour toi de rentrer à Hambourg, un brin à contre coeur. Même si c'est chez toi, même si tu seras bien plus efficace ici qu'à New-York pour préparer son arrivée, il est difficile pour toi de ne pas culpabiliser à l'idée de la laisser seule. Pourtant, elle t'as assurée que tout ira bien, qu'elle te rejoindra d'ici quelques jours quitte à passer un peu de temps chez toi... Revoir les rues de la ville ainsi que ses habitants est assez étrange, tu avais presque repris tes bonnes vieilles habitudes New-Yorkaises. A peine rentrée au sein de ton domicile, tu as déposé et ranger tes affaires avant d'aller rapidement faire une sieste. Pourquoi ? Car il faut que tu t'occupes l'esprit et ton programme est déjà bien décidé. Il est environ 17 heures lorsque tu te réveilles, allant directement prendre une douche avant de te préparer. Tu as enfilé une robe noire ainsi qu'une paire d'escarpins de la même couleur, ayant donc opté pour de la sobriété. Ensuite, tu as quitté ton logement pour aller manger en extérieur. Tu es incapable de rester en place, et surtout, tu ne veux pas penser. Pas maintenant, c'est encore trop douloureux.

C'est donc en ayant le ventre plein que tu rejoins ta boite de nuit, profitant d'une petite heure de temps libre pour régler quelques détails de paperasses qui ne peuvent plus attendre. Les clients ont déjà commencé à affluer, c'est toujours agréable à voir. Voilà qui te changera les esprits avec efficacité, tiens donc ! Tu décides d'aller préparer quelques boissons pour les clients, c'est l'une des choses que tu préfères faire. Bien rapidement, ton regard se pose sur Alejandro. Tu n'avais malheureusement pas eu l'occasion de le voir avant ton départ précipité, bien que tu l'as tenu au courant du déroulement des choses. Après tout, tu t'entends bien avec lui, tu l'apprécies énormément. Bonsoir Alex, comment vas-tu ? Lui demandes-tu tout en lui adressant un léger sourire. Il avait été l'une des rares personnes au courant de ce qu'il s'est passé, avec ta meilleure amie. Tout comme ils sont les seuls à savoir que tu es de retour en ville. Je suis heureuse de te revoir, ça faisait longtemps. Non pas sans raison avec tout ce que tu as eu à gérer, mais ça te fais sincèrement plaisir. Travailler, revoir tes amis, c'est tout ce dont tu avais besoin. Je te sers quelque chose ? Et si oui, quoi ? Tu attends donc sagement sa réponse avant de faire quoi que ce soit.

La mort est un sujet qui, jusqu'à présent, était un concept assez étranger à tes yeux. Bien-sûr, tu connais la définition de ce mot, tu te doutais de ce que ça impliquait mais tu étais bien loin de soupçonner l'état dans lequel tu serais lorsque ce jour viendrait. A raison puisque, dans le fond, c'est une chose que tu n'avais encore jamais vécu. Plus d'une fois, tu as imaginé la façon dont pourraient se passer les retrouvailles avec ton père et si la liste des possibilités paraissait bien longue, tu étais à des années lumières d'imaginer que ce serait suite à un cancer foudroyant, diagnostiqué trop tard. Dès que tu as su, tu as vu ta meilleure amie et tu as quitté la ville pour aller les retrouver, pour pouvoir passer ces derniers jours en sa présence avant de devoir le laisser partir, bien que c'était à contre coeur. L'homme si fort que tu as connu n'était plus là, il était affaibli, pâle, et il avait des regrets. Tout comme toi, d'ailleurs. Si tu le pouvais, tu remonterais le temps afin que les choses se passent différemment entre vous deux mais malheureusement, tu en es incapable. Tu as pu lui dire au revoir, tu as pu alléger son coeur sur certains aspects mais tu aura aimé plus, tellement plus de temps pour reconstruire un lien avec cet homme qui, mine de rien, t'as élevée, celui que tu aurais tant aimé rendre fier s'il avait eu des attentes différentes à ton égard.

Le retour à Hambourg est quelque peu difficile pour toi. C'est agréable et un brin rassurant de retrouver ta ville de coeur, mais laisser ta mère derrière n'est pas chose aisée pour toi, au vue des circonstances actuelles. Impuissante, seule face à une réalité un peu trop difficile, c'est ainsi que tu te sens depuis que tu as mis les pieds dans l'avion du retour. Tu aurais pu rester chez toi, enfermée, à extérioriser ta peine et ta douleur mais tu as besoin de t'occuper l'esprit, de ne surtout pas penser à quoi que ce soit. Pour se faire, il n'y a rien de tel que le travail, ce domaine dans lequel tu peux te plonger tête baissée pendant des heures sans avoir le temps de réfléchir, de penser à toutes ces choses qui te minent le moral, face à ce deuil que tu ne sais pas comment gérer. Mais s'il y a bien une chose dont tu es sûre, c'est que te morfondre seule dans ton coin ne t'aideras pas vraiment à entamer les étapes d'un deuil. C'est pour cette raison que tu t'es préparée afin de sortir, d'aller prendre l'air, de manger en extérieur pour ensuite te rendre sur ton lieu de travail comme tu le fais si souvent. Là-bas, tu auras l'opportunité de voir tes employés, des clients et il y a toujours tant de choses à faire.

Lorsque tu le vois là, sous tes yeux, alors qu'il venait commander un verre. Cette bouille, tu ne la reconnais que trop bien, sans une once d'hésitation. Ton regard se plonge dans ses yeux plus sombre que les tiens, détaillant les traits de son visage qui te rassurent de par leur familiarité. Il dégage une certaine prestance, de celles qui pourrait probablement en effrayer plus d'un mais toi, ça a tendance à te plaire. Il aurait certainement la possibilité d'impressionner plus d'une personne dans cette boîte de nuit mais toi, tu vois tellement plus chez lui. Tu l'apprécies, énormément même et ce n'est pas pour rien que tu le comptes parmi tes amis. Sa présence ici te touche en plein coeur, et surtout, ça te fait du bien de l'avoir là, non loin de toi. Lui dire que tu es heureuse de le voir est donc parfaitement sincère. Mais, rapidement, le côté professionnel reprend le dessus pour ne pas te laisser abattre, pour ne pas te laisser submerger par des émotions que tu ne pourras pas gérer. Sauf qu'au fond, tu ne peux pas le berner sur ton état et tu le sais.

Ses bras grands ouverts, prêts à t'accueillir, te font bien savoir que non, tu ne le trompe pas. Pas lui. Ses propos te font un bien fou, mais en a-t-il seulement conscience ? Sans y répondre, tu fais le tour du comptoir afin de venir trouver refuge dans ses bras. L'espace de quelques instants, it feels like home et ça te fait du bien. Un instant hors de cette réalité. Alors que tu restes encore ainsi, sans bouger, tu reprends enfin la parole. Si on en parle, je préférerais qu'on le fasse dans mon bureau, rien que tous les deux...J'apprécie ces gestes, ta présence, merci pour tout Alex. Pudique face à ton ressenti, tu te sens tout bonnement incapable de verbaliser ça ici, avec ce monde autour de vous deux. En parler ne serait déjà pas chose aisée mais entourée d'oreilles peut-être un brin trop curieuse, tu n'y arriveras pas. A contre coeur, tu romps cette étreinte et pourtant, si tu avais pu, tu ne te serais jamais éloignée de lui. Cette même enlaçade qui en lit long, probablement plus que les mots.