Garrentina • Mon phare dans la tempête

Mon phare dans la tempête

Depuis un peu plus d’un mois, depuis son divorce effectif d’avec Owen, Valentina était passée par plusieurs phases, qui alternaient les unes après les autres. Le soulagement, à l'issue de la décision de la cour. Et puis les doutes. La colère. La nostalgie. L’agacement. La tristesse. La tristesse, notamment les week-ends où ses enfants n’étaient pas avec elle mais chez leur père. Comme aujourd’hui. Ce vendredi soir, à l’aube d’un week-end solitaire, le moral n’était ainsi pas au beau fixe pour la quadragénaire, un état que son meilleur ami devinait fort bien. Lui aussi avait divorcé, l’année passée. Lui ne voyait plus son petit dernier presque tous les jours comme avant, alors qu’il habitait avec sa mère. Lui ne voyait pas souvent ses jumeaux, quoique cela soit davantage dû à l’âge de ces derniers et aux multiples projets de ceux-ci, qu’au divorce en lui-même. Mais pour elle, elle qui avait encore des enfants jeunes, entrant tout juste dans l’adolescence, ne plus les avoir avec elle tous les jours était particulièrement difficile. D’autant plus qu’elle était seule. Et Garrett le savait parfaitement. Au point d’avoir à coeur de lui changer les idées, d’être présent pour elle.

Alors ce soir, rentrée chez elle à peine une heure plus tôt, Valentina ne prend pas place dans le canapé du salon, un verre de vin à la main en se perdant sur l’écran de son ordinateur pour avancer son boulot. Au lieu de cela, elle achève sa coiffure, le regard rivé sur son miroir pour arranger les moindres petits cheveux volants. Elle remet une couche de rouge à lèvres, presse celles-ci les unes contre les autres et finalement, attrape son sac à main pour sortir, rejoignant sa voiture. Ce soir, elle était attendue. Et jetant un regard à sa montre, elle s’empresse de s’installer au volant pour quitter son stationnement.

Dix-neuf heures vingt-huit. Elle se gare sur le parking du bowling, cherchant des yeux le véhicule de Garrett en même temps qu’elle passe son sac à main sur son épaule et récupère son téléphone. Pas de traces du X6. Déverrouillant le téléphone, elle se perd alors quelques minutes sur l’écran de celui-ci, observant les sourires de ses enfants qu’elle s’oblige à ne pas appeler. Pas tout de suite. Seulement un peu plus tard, à l’heure de les coucher. Comme un signal, pour qu’Owen n’oublie ni l’heure ni les règles. Et finalement, elle éteint son écran en poussant un long soupir. S’y ferait-elle un jour ? Elle l’ignore. Mais l’écran de son téléphone se rallumant chasse ses interrogations, comme un message de Garrett s’affiche. La blonde le verrouille de nouveau, avant d’ouvrir sa portière et rejoindre le véhicule qui vient de s’installer deux places plus loin, duquel son meilleur ami s’extrait à son tour.

”- Cinq minutes de retard, comme les stars !” commente-t-elle, sourire aux lèvres. ”Tu vas bien ? Lisa ? Et les garçons ?”

⇜ code by bat'phanie ⇝

Mon phare dans la tempête

Divorcer, ce n’était pas quelque chose de simple, même lorsqu’on était la personne à l’initiative de la demande. Divorcer, voir sa vie être totalement bousculée, ce n’était pas du tout quelque chose d’agréable. Il fallait négocier, essayer d’obtenir ce que l’on souhaitait, il fallait parler de ce que l’on avait pu vivre à travers le passé, des moments qui avaient pu briser, faire souffrir, être source de cris ou de pleurs. Valentina avait toujours été une femme dotée d’un force surhumaine, au moins aux yeux de son meilleur ami alors qu’elle avait presque élevé ses enfants seuls. Il était temps pour elle que tout change. Le divorce, ce n’est pas simple du tout, ça oblige une personne à être dans des états qu’elle ne souhaite pas mais sur le long terme, c’était pour le bien de la rédactrice, elle méritait beaucoup mieux que celui qui ne partageait désormais plus sa vie, c’était une toute autre vie qui allait s’ouvrir devant elle et, qu’elle quelle soit, Garrett serait présent aux côtés de sa meilleur amie pour l’aider, lui apporter tout dont elle pourrait avoir besoin, même si cela se retrouvait être une épaule pour pleurer. Mais ce soir, il voulait la voir s’amuser, se défouler un peu. Et il ne comptait pas lui faire boire d’alcool pour cela, pas besoin lorsqu’ils se retrouvaient tous les deux !

Avant de se rendre au bowling, le juge avait fait un saut à l’appartement pour embrasser Lisa et lui déposer une grosse boîte de sushis. Il avait également déposé toutes ses affaires puis était partis rejoindre la femme avec laquelle il passerait la soirée. Lisa savait où il était, elle pourrait l’appeler à tout moment si jamais elle en ressentait le besoin. Il avait envoyé un message à Valentina pour lui signifier son arrivée juste avant d’éteindre le moteur de sa voiture. Ce fut en descendant de celle-ci qu’il aperçu la magnifique femme, un large sourire venant orner ses lèvres. Toujours plus exquise, pour ne pas changer. Il s’en approcha pour la serrer délicatement contre lui. « Que veux-tu, j’aime que tu me désires ! » dit-il en lui lançant un petit clin d’œil avant de lui offrir son bras pour qu’ils marchent tous deux tranquillement vers l’entrée. « Tout le monde va très bien, oui ! Enfin, ne pose pas la question à Josh dans les prochains jours, il est persuadé d’avoir raté sa vie parce qu’il va avoir une mauvaise note en maths… Et toi alors, comment tu vas ? »

⇜ code by bat'phanie ⇝

Mon phare dans la tempête

Passer la soirée avec son meilleur ami lui ferait sans aucun doute le plus grand bien. Ce serait l’occasion pour elle de penser à autre chose. L’occasion de se changer les idées, en ce soir où elle n’avait pas ses enfants avec elle. En ce week-end qui s’annonce particulier pour elle et difficile, comme chaque fois qu’elle confie les bambins à son ex-mari. Passer la soirée avec l’un des hommes qui comptaient le plus à ses yeux dans sa vie serait donc une bouffée d’air frais pour elle. D’autant plus que Garrett est bien placé pour la comprendre, pour trouver les mots dont elle aura besoin, alors qu’il a traversé des épreuves similaires, lui aussi, ces derniers temps.

Comme ils se retrouvent, l’homme se fend déjà d’une petite plaisanterie qui a le mérite de faire effectivement rire l’élégante blonde comme il affirme apprécier qu’elle le désire. N’importe quoi. D’autant plus qu’elle sait parfaitement qu’il n’en est rien, qu’il n’y a aucune ambiguïté dans sa relation avec Garrett, ce dernier étant fou amoureux de sa Lisa. Quant à elle… Le visage d’Adam s’implante, deux secondes, devant ses yeux avant de s’évanouir immédiatement, préférant ne pas y penser pour le moment. Avec son collègue, la situation était devenue floue. Indescriptible. Déjà après le crash. Mais maintenant qu’elle avait divorcé également. Un peu plus.

”- Sans commentaire !” se contente de répliquer la blonde, sourire aux lèvres.

Demandant des nouvelles de Lisa comme des fils de Garrett, l’élégante mère de famille lève les yeux au ciel en riant, marchant en direction de l’établissement, comme le juge évoque une crise de drama king par Joshua, convaincu qu’une mauvaise note en mathématique pourrait entacher tout à la foi un parcours scolaire satisfaisant et sa vie. Aucun abus, bien entendu.

”- Et j’imagine qu’une fois les notes rendues, nous apprendrons qu’il a eu une bonne note à cet examen.” remarque la blonde.

C’était toujours ainsi avec les enfants. Adeline lui faisait la même chose. L’adolescente se sentait au bout de sa vie chaque fois que sa note était au-dessus de 2. Parfois même elle affirmait avoir raté l’examen, s’en faisait une montagne et, finalement, avait 1,4 à celui-ci. Sa mère, pourtant, ne mettait pas la pression pour avoir de bonnes notes, acceptant que certains sujets soient parfois moins faciles que d’autres pour ses enfants. Elle-même avait eu des difficultés, autrefois, pour les matières scientifiques.

”- Je vais bien.” assure la blonde. ”C’est seulement… toujours un peu difficile d’envisager les week-end sans les enfants…”

Naturellement, surtout qu’ils sont encore bien jeunes. Et que pendant des années, finalement, elle a été plus ou moins seule à veiller sur eux. Plus ou moins seule à les éduquer. Plus ou moins seule à prendre soin d’eux. A tel point que l’inquiétude perdure, quant à la capacité d’Owen à vraiment s’occuper de leurs enfants, chaque fois qu’il en a la garde.

”- Mais je n’ai pas trop le choix que de prendre sur moi, n’est-ce pas ?”

⇜ code by bat'phanie ⇝

Mar 29 Mar 2022 - 21:31

Mon phare dans la tempête

Passer du temps tous les deux, avec Valentina, cela n’arrivait plus aussi souvent qu’avant parce que tous deux étaient souvent pris dans d’autres projets. Rien ne les avait pourtant éloignés et chaque fois qu’ils se retrouvaient, que ce soit voulu ou non, ils passaient des moments inoubliables. L’objectif de Garrett était de faire en sorte que Valentina pense un peu à autre chose qu’à son divorce, à ses enfants qu’elle n’avait pas toujours avec elle. Si les deux amis se connaissaient très bien, Garrett avait conscience que faire de ce moment quelque chose d’agréable, permette à Valentina de s’échapper un peu ne serait pas de forcément la chose la plus simple du monde mais il était bien déterminé à mettre toute la bonne volonté du monde pour sa plus grande amie.

Les bêtises commencent dès qu’ils se retrouvent d’ailleurs. Entre eux, pas le temps de prendre des pincettes, ils n’essayaient même pas d’être quelqu’un qu’ils n’étaient pas vraiment. Peut-être que pour certaines personnes, les voir passer du temps ensemble disait des choses qui étaient loin d’être vraies. Parce que les autres avaient cette tendance à juger bien trop rapidement mais leur amitié avait toujours été une évidence pour eux deux, sans jamais aucune ambiguïté, même lorsqu’ils se faisaient parfois des câlins pour aider l’autre ou le taquinaient. Ce n’était rien d’autres que deux âmes qui s’appréciaient très grandement, qui étaient faites pour s’apprécier sans plus d’ambiguïté. Comme simple réponse, il offrit un sourire à la belle quarantenaire alors qu’il lui offrait son bras pour se diriger, ensemble, vers l’entrée de l’endroit qu’ils avaient choisi pour la soirée.

Le juge hocha doucement la tête à l’affirmation de Valentina. Garrett n’avait absolument jamais mis la pression sur ses fils pour qu’ils aient des bonnes notes. Ce n’était tout simplement pas le plus important pour lui, tant qu’ils faisaient des choses qui leurs plaisaient. Mais il fallait dire que voir Joshua pleurnicher à chaque fois qu’il pensait avoir échoué à un contrôle qui ne signifierait pas grand-chose pour son avenir n’avait pour réaction que de l’amuser. Bon, il savait se contrôler, il essayait de soutenir son garçon mais tout de même… Une vie n’était pas fichue à cause d’une note qui ne nous convenait pas ! « Exactement ! Décidément tous les mêmes, hein ? Tu as sûrement la même à la maison ! » finit-il par dire en attrapant la porte de l’entrée pour l’ouvrir et laisser la belle femme passer en première dans l’endroit pas trop peuplé pour le moment.

Il écouta tranquillement les mots en laissant un sourire presque triste étirer ses lèvres. Il se doutait bien mais c’était également là l’occasion pour Valentina de prendre du temps pour elle. Ce n’était pas parce que la vingtaine était passée depuis un bon moment qu’elle n’avait plus le droit de faire les choses qu’elle souhaitait et les week-ends, elle en aurait désormais la possibilité. Certes, cela pourrait être déroutant dans un premier temps mais elle finirait bien par y arriver ! Garrett se souvenait très bien de ce collège dont il avait déjà entendu parler mais il n’était pas encore temps d’en parler, il attendrait un peu plus tard dans la soirée. « Tout va bien se passer, tu verras ! Tu mettras peut-être un peu de temps à t’en rendre compte mais je t’assure que tout ira bien ! » dit-il en s’arrêtant sur un banc pour retirer tranquillement ses chaussures, il fallait qu’ils échangent pour les magnifiques paires extrêmement confortables proposées par l’endroit. « Je sais qu’on en a déjà parlé mais tu vas pouvoir en profiter pour prendre soin de toi. Pas que tu en aies absolument besoin, tu sais que je te trouve parfaite comme tu es mais parfois, cela ne fait pas non plus trop de mal ! Tu le mérites après tout, tu ne crois pas ? » finit-il par dire. Bon, il était peut-être en train de radoter, il lui semblait déjà l’avoir dit. Mais les sujets un peu plus légers viendraient au fur et à mesure que la soirée avancerait. Il se releva tranquillement pour poser ses chaussures sur le comptoir, payant leurs deux entrées. « Et alors tes petits monstres, comment vont-ils ? »

⇜ code by bat'phanie ⇝

Jeu 31 Mar 2022 - 22:54

Mon phare dans la tempête

Certains enfants se fichait pas mal de leurs notes comme de leur scolarité, incapable de prendre au sérieux les avertissement des adultes essayant de les mettre en garde sur la vie qui les attendait, sans diplôme. D’autres avaient, en revanche, l’impression de jouer leur vie à chaque note. Chaque mauvaise note avait donc le don de les contrarier et, au-delà, ils avaient parfois une limite assez élevée, en-dessous de laquelle la note était considérée comme mauvaise. Adeline était de ces enfants là. Joshua également. Chaque fois qu’il y avait une évaluation, voilà un prétexte pour affirmer avoir tout rater et s’attendre à une note peu réjouissante. Chaque fois, ou presque, la même rengaine, alors. Et, à l’arrivée, la découverte d’une note on ne peut plus satisfaisante, parfois même maximale. Tout ça pour ça. Garrett ne s’y trompe pas, Valentina connaît bien cette problématique, comme sa fille lui fait vivre la même chose à la maison.

”- Ah ça ! Pourtant, je me suis toujours efforcé de dédramatiser les mauvaises notes, d’expliquer que ce n’était pas grave, que ce qui comptait ce n’était pas la note seule mais de comprendre ses erreurs pour ne plus les refaire dans un premier temps et, dans un second, que c’est la note globale qui compte. Mais c’est toujours la même histoire malgré tout.” répond la blonde. ”Et je suis surprise qu’aucun prof ne nous ait jamais accusé de maltraiter nos enfants, avec ça !” plaisante-t-elle.

Pour Joshua, elle ne se fait pas trop d’inquiétude, tout allait très bien se passer, il avait sans aucun doute, en réalité, réussi son examen. Elle ne manquera pas d’en prendre des nouvelles d’ici quelques jours, espérant arracher des lèvres de son meilleur ami une nouvelle réjouissante. Plus réjouissante que les siennes et son divorce, en tout cas, qui ne manque pas de laisser en elle un certain vide. Ce n’était toutefois pas l’absence de son mari, la séparation, qui provoquait ces émotions mais bel et bien l’absence désormais régulière et désagréable de ses enfants. Même si, comme l’affirme Garrett, tout ira bien. Elle pouvait le croire, il en savait quelque chose, alors qu’il passait par là lui aussi, bien que ses enfants soient plus grands.

”- Tu as sûrement raison…” souffle-t-elle.

S’installant sur le banc pour retirer ses chaussures et enfiler la paire fournie par l’endroit - dont la classe était légendaire - c’est attentivement qu’elle écoute les propos de son ami. Ils en avaient déjà parlé, oui. Elle pourrait prendre un peu de temps pour elle, maintenant. Elle avait toujours ses enfants avec elle la semaine mais maintenant, quelques uns de ses week-end étaient “libérés”, de sorte qu’elle puisse faire tout un tas de choses pour elle-même sur ces moments-là. Comme avancer dans son travail pour être plus libre en semaine. Elle avait, quelque part, plus de facilité à partager avec ses enfants des moments de qualité, à présent.

”- Pour eux ça va. Naturellement, c’est un peu plus difficile pour Oliver mais… dans l’ensemble, ça va.” assure-t-elle en se redressant. ”Pour l’instant. Mais je crois qu’Owen a… disons qu’il se rapproche de sa secrétaire, aux dernières nouvelles. Et… ça ne me fait rien à moi. Mais pour eux… je m’inquiète.”

⇜ code by bat'phanie ⇝

Mon phare dans la tempête

Les enfants étaient presque tous les mêmes malgré ce que l’on disait. S’il existait plusieurs types de profils, ceux qui mettaient la barre trop haute avaient également cette forte tendance à bien trop angoisser. Ce qui n’était pas légitime. Dans le cas des enfants de Valentina et e Garrett, ils devaient avoir confiance en leur capacité au même titre que leurs parents avaient une totale confiance en ce qu’ils étaient capables de faire. En entendant les mots de sa meilleure amie, le quarantenaire se mit à tout doucement sourire. Il n’était pas forcément d’accord avec ce qu’elle était en train de dire mais c’était également son rôle que de la rassurer un peu. Alors il dit, d’une voix parfaitement tranquille pour le pas la contredire de façon frontale.

« Si tu veux mon avis… Nous n’avons pas mal fait les choses, bien au contraire. Parfois je me dis que ce sont peut-être les professeurs qui mettent la pression sur les élèves ou les élèves entre eux… Dédramatiser les notes c’est la meilleure chose à faire et c’est ce que tu as fait alors tu n’as rien à te reprocher. »

Peut-être que les deux adultes devaient se sentir heureux que leurs enfants se soucient tant que cela de leurs notes sans que ce soit eux qui leurs mettent la pression. Cela montrait au moins un minimum qu’ils s’intéressaient à ce qu’ils faisaient, qu’ils ne passaient pas leurs journées à rêver d’être dans un autre endroit. Ou alors cela était biel et bien le cas mais ils ne prenaient pas les enseignements qu'on leur offrait comme perdu. De son point de vue, le juge était persuadé d’être une personne agréable, qui ne grondait pas pour une leçon pas apprise, ses enfants bel et bien passionnés par ce qu’ils voulaient, ils ne pouvaient pas être parfaits partout, ils avaient le droit de ne pas passer les heures de leur temps libre à travailler leurs cours. Et il savait pertinemment que Valentina était pareille. Il sourit doucement en entendant ses mots. « Et toi alors, tu étais comment quand tu avais leur âge ? » parce que Garrett pouvait dire tout ce qu’il voulait, lui avait été bien pire au lycée. Il n’en parlait pas à ses parents, il passait des heures durant à étudier et par peur de décevoir ses parents, il se faisait pipi dessus presque chaque fois qu’il ramenait une excellente note, ce qui arrivait toujours pour la simple et bonne raison qu’il avait constamment peur que cela ne soit pas suffisait pour ses parents, qui ne l’avaient jamais repris pour ses notes mais qui ne l’avaient jamais vraiment félicité non plus malgré ses excellents bulletins. Le fait que Valentina fasse de l’humour sur la façon qu’ils avaient de traiter leurs enfants ne manqua pas de faire rire le quarantenaire alors que l’employé du bowling leur lança un petit regard en coin, très visiblement dubitatif.

Les deux adultes étaient venus dans l’endroit pour se détendre, pour que la belle blonde pense à autre chose qu’à son divorce bien qu’elle semblait tout de même aller bien mieux. Ses inquiétudes étaient tout à fait légitime et cela était plutôt encourageant. Il était largement préférable qu’elle se fasse du soucis pour ses enfants. Certains parents perdaient bien malheureusement le sens de leurs obligations envers leurs enfants après un mariage. Garrett ne s’était jamais dit que cela serait le cas pour sa meilleure amie. Alors ils pouvaient bien discuter de choses pas vraiment agréables avant de réellement se détendre comment ils savaient le faire quand ils se retrouvaient ensemble. « Le mieux est peut-être que tu en discutes avec eux si jamais ils tentent d’aborder le sujet ou peut-être que tu fasses attention aux signes d’un petit malaise de leur côté ? Je suis sûr que tu assures déjà le coup ! » dit-il tout en se levant, les chaussures parfaitement lacées. Il posa la main dans le dos de Valentina pour l’emmener en direction de la piste, prête, qui les attendait déjà pour qu’ils puissent y poser leurs affaires dans un premier temps, avant d’aller chercher les boules qui correspondaient à chacun d’eux. « Qu’est-ce que tu voudrais boire ? »

⇜ code by bat'phanie ⇝

Mon phare dans la tempête

Bien sûr, les bons résultats scolaires sont nécessaires pour avoir des diplômes et décrocher des emplois, même dans ce monde actuel dirigé aujourd’hui par l’image bien plus que par les qualifications. Pour autant, Valentina ne mettait pas la pression à ses enfants pour réussir. Elle avait toujours, au contraire, cherché à dédramatiser la situation lorsque l’un ou l’autre de ses enfants revenait avec une mauvaise note. Le principal n’était pas celle-ci mais plutôt que l’enfant comprenne ses erreurs et puisse y remédier. Progresser. Là était tout l’intérêt. La note n’était que secondaire et n’avait aucune importance pour la blonde. Elle n’était pas ce genre de parents qui brimait ses enfants au moindre mauvais résultat, préférant davantage féliciter leurs progressions qu’insister sur les échecs. C’était totalement contre-productif de toute façon. Quel enfant avait réellement déjà retenu quelque chose, parce que son ou ses parent.s lui criai.en.t dessus ? Aucun, sûrement.

"- Peut-être les professeurs et les camarades oui. Ou le système même de notation… Je sais que pour certains parents, ça compte énormément. Pourtant, ce n’est jamais qu’une note, à un instant t. Cela arrive de ne pas savoir, de ne pas réussir. Le principal c’est de se corriger, de revoir les choses pour les comprendre. "

Bien sûr, avoir des enfants impliqués dans leurs études et leur avenir n’est pas déplaisant. Mais pas si cela doit jouer sur leur santé mentale. Pas si cela doit impacter la valeur qu’ils s’accordent. Valentina avait toujours mis un point d’honneur à ce que ses rejetons comprennent qu’une mauvaise note ne voulait rien dire de leur propre valeur. Ce n’était jamais qu’une note sur une copie, cela ne voulait rien dire de plus, rien de particulier. Ils ne devaient pas trop s’attarder dessus. Pas s’en vouloir si parfois, les révisions n’étaient pas suffisantes. Il était parfois normal d’avoir des difficultés. Cela faisait partie de la vie. Ce n’était pas une raison pour se dévaloriser.

"- J’étais comme elle." admet Valentina. "Mais j’avais mes parents derrière pour exiger l’excellence en tout, y compris dans mes résultats. J’aurais aimé que mes enfants n’aient pas à subir le poids de cette pression, mais j’imagine que je ne peux pas les préserver de tout."

Elle le pouvait encore moins si le problème venait des professeurs ou du système eux-même, malheureusement. Un jour, ce serait de l’histoire ancienne pour l’un et l’autre. En attendant… Leur maman pouvait seulement continuer de les encourager et les soutenir, essayer de les aider à relativiser ces mauvaises notes qu’ils pensaient avoir, ce manque de travail qu’ils pensaient ne pas avoir fourni. Pour Adeline, surtout, alors qu’Oliver s’en moquait un peu plus.

Si les résultats scolaires étaient source d’inquiétude, il y avait autre chose de bouleversant dans la vie des enfants pour torturer leurs esprits. Le divorce de leurs parents. Et le fait que leur père se rapproche déjà de sa secrétaire aux dernières nouvelles, prêt à se lancer dans une romance avec cette dernière dès lors que le divorce serait prononcé, alors même que Valentina n’avait pas osé se rapprocher autant d’Adam dans ce même laps de temps. Est-ce que Owen avait des vues sur cette femme depuis longtemps, avant même le divorce ? Etait-elle en partie responsable du manque d’investissement de son époux dans leur mariage depuis leur arrivée à Hambourg ? Autant de questions auxquelles la blonde ne souhaitait pas forcément de réponses. Tout ça était de l'histoire ancienne pour elle. Seuls importaient naturellement ses enfants et leur ressenti face à tous ces changements dans leurs vies.

"- Tu as sans doute raison. Mais je me demande si je ne devrais pas leur en parler moi-même. Je ne sais pas s’ils osent m’en parler, tu sais…" remarque Valentina avant de le suivre pour récupérer les boules. "Un Cosmo, ce sera parfait !" assure-t-elle. "A croire que je n’en soupe pas suffisamment au travail." tente-t-elle de plaisanter encore avant qu’ils ne retournent s’installer à leur piste. "Attention, je ne vais pas te faire de cadeaux !"

⇜ code by bat'phanie ⇝

Mon phare dans la tempête

Materner leurs enfants, prendre soin d’eux à tel point qu’ils finissent peut-être par avoir peur de certaines choses, par en craindre d’autres choses, ce n’était pas quelque chose de si répandu ou alors de moins en moins. Rien que maintenant, contrairement à quelques années auparavant, on voyait bien moins les parents être sur le dos de leurs enfants, ils étaient parfois un peu plus libres que les parents l’étaient à leur âge. Cela pouvait être un bien comme un mal, tout dépendait simplement du point de vue. Le plus important désormais était de les voir s’épanouir dans cette époque où le monde devenait de plus en plus ouvert mais où, redoutablement, les malades comme la dépression devenaient une monnaie de plus en plus courante, ce qui était d’ailleurs particulièrement dommage.

« Je suis tout à fait d’accord avec toi… Cela arrive de ne pas réussir sur un moment, une personne ne peut pas être parfaite partout. L’époque a bien changé depuis que nous étions à l’école à leur place mais je suppose que si le système éducatif est resté le même. Il faut du tout pour changer tout cela, j’espère que tes petits anges finiront par comprendre que les notes ne sont pas les seules choses qui comptent, bien au contraire. » dit-il doucement avant que le sjet ne change.

Valentina a toujours été une mère parfaite, personne ne pouvait dire le contraire, sauf Owen, très certainement. Elle était dévouée à ses enfants, douce et leur permettait de faire bien des choses. Parfois, elle demandait conseils à Garrett mais cela restait relativement rare alors que lui était surtout le tonton rigolo pour les petites têtes. D’habitude, il savait toujours quoi dire pour rassurer la blonde ou plutôt pour tenter de le faire mais là, il n’en était pas certain du tout, bien au contraire, de la portée des mots qu’il allait avoir. « Peut-être que tu devrais faire cela, oui. Et si jamais tu vois qu’ils sont réticents à en parler, ne force pas, ils viendront vers toi le temps venu. Au moins ils sauront que tu es là pour eux, même pour parler d’elle, s’il le faut. »

Il accompagna ses mots d’un baiser sur le front avant de partir en direction du bar pour déposer leur commande et la régler. Elle leur serait amenée un peu plus tard lorsqu’elle serait prête. Leurs noms déjà affichés sur l’écran, il retourna déjà vers Valentina qui devait être la première à jouer. « Il est toujours temps que je demande les barrières pour t’aider, si tu veux ! »

⇜ code by bat'phanie ⇝

Mon phare dans la tempête

L’éducation d’un enfant, ce n’est jamais une chose facile et ce n’est pas Valentina ou Garrett qui diraient le contraire, loin de là. Pour avoir tous deux éduqués - ou participé à l’éducation - au moins deux voire trois enfants, ils savaient que c’était une tâche compliquée, ardue. Que les enfants sont des êtres surprenants, qu’il faut bien souvent rassurer, apaiser, guider sur le chemin de la vie. Ce n’était pas toujours facile. En réalité, ça l’était rarement. Et c’était plus difficile encore de voir leurs enfants douter, de les voir paniquer, s’en vouloir, pour des futilités. Jamais Valentina n’avait voulu être aussi exigeante avec ses enfants que ses parents avaient pu l’être avec elle. Bien sûr, elle tenait à ce qu’ils reçoivent une bonne éducation, qu’ils soient des enfants polis, avec de belles valeurs. Mais pas qu’ils se morigènent à la première mauvaise note, qu’ils stressent pour ce genre de futilités. Une note n’était jamais qu’une note, le simple reflet d’un instant. Elle n’avait aucune incidence sur la valeur de ses enfants. Pour Adeline cependant le stress d’une mauvaise note était toujours terrible. Valentina ne parvenait simplement à rien contre ça. Elle ne pouvait toujours que tenter de rassurer sa fille et espérer que cette dernière finisse par se raisonner.

”- Le système de notation en lui-même est simplement mauvais pour les enfants, toxique. Je pense que pour certains cela entraîne une vraie compétition qui n’a rien de bon. Il serait mieux de valoriser les acquis mais aucun ministre ne semble vouloir s’y coller. Et puis l’Europe ne va pas non plus dans ce sens, alors c’est compliqué.”

Et en parlant de compliqué, il n’y avait pas que les notes et les résultats scolaires, il y avait aussi la séparation de leurs parents qui venait compliquer la vie des enfants Koenig. Ils perdaient leurs repères. Et leur père semblait pour sa part sur le point de refaire sa vie avec une nouvelle femme ce qui n’était pas non plus très évident, surtout pour Oliver d’après sa mère. Parce qu’il était plus jeune que sa soeur, moins à même de comprendre ces bouleversements dans sa vie, moins en capacité de les accepter. C’était normal. Cela faisait beaucoup de changements.

”- C’est vrai…” souffle-t-elle en même temps qu’il dépose un baiser sur son front.

L’homme s’éclipsant pour aller leur chercher de quoi boire, Valentina s’installe sur leur piste, déposant son sac au pied d’un siège pour ne pas le laisser en évidence, avant d’aller faire un repérage sur les boules, cherchant soigneusement celles qui lui seraient le plus facilement praticables. Elle devait mettre la pâtée à son meilleur ami, ne serait-ce que pour lui faire ravaler ses taquineries.

”- Prends-les pour toi, il parait que la vue baisse en prenant de l’âge !” taquine-t-elle en retour avant de prendre une boule qu’elle lance en direction des quilles, en dégommant quelques-unes. ”En parlant d’enfants… Avec Lisa ? Vous projetez d’avoir un mini-vous ?”

⇜ code by bat'phanie ⇝

Mon phare dans la tempête

Les deux adultes avaient des idées plutôt arrêtées sur certains sujets et le fait qu’ils pensent la même chose pouvait peut-être contribuer à leur entente. Tous les deux ne se disputaient pas, ils passaient leur temps à rigoler et parler de tout et n’importe quoi mais en tout cas, ils ne se disputaient pas, prenant plutôt le temps d’écouter le point de vue de l’autre. Et comme Valentina prononçait ses mots, le juge hocha doucement la tête pour montrer qu’il était plutôt en adéquation avec ses propos.

« Après, ce n’est très certainement pas si facile que cela de changer tout un système éducatif, même si c’est pour le faire petit à petit. Peut-être que certaines personnes travaillent dessus après, qui sait ? Bien trop de parents et même les membres de l’éducation ne sont pas en adéquation avec ce qui se passe dans les écoles. Les choses finiront bien par changer. En tout cas, il faut l’espérer. Ou alors, lance-toi dans le politique, tu vas révolutionner tout cela ! » ajoute-t-il en souriant doucement à la fin de ses propos. Cela était de l’humour bien que si Valentina choisissait de le faire un jour, il irait sans dire qu’il lui donnerait toute l’aide et les contacts qu’il possédait, qu’il soutiendrait sa meilleure amie.

Valentina est une mère vraiment dévouée et Garrett préférait qu’elle n’en doute absolument jamais. S’il devait lui dire chaque jour, chaque heure pour le lui faire enfin comprendre alors il le ferait ou il discuterait avec les petits bouts de choux. Mais pour le moment, il se disait qu’il n’allait tout de même pas insister tant que Valentina n’en parlait pas de nouveau. Ce soir ils s’étaient retrouvés pour se détendre, pour passer un bon moment ensemble.

L’homme s’installa tranquillement sur l’un des fauteuils face à la piste sur laquelle ils devaient faire tomber les quilles. Les mots de sa meilleure amie le firent doucement rire mais il surenchérit. « Ne t’en fais pas, je te les prêterais quand ta jeunesse te passera également ! » Il observa la boule rouler pour dégommer quelques quilles. Garrett sourit doucement en hochant la tête. « Nous en avons discuté, oui. Lisa en voudrait bien un, au moins. Ce n’est pas mon cas mais j’ai envie de la voir avoir la famille dont elle rêve donc bon… Nous verrons bien après le mariage, nous en rediscuterons. De toute façon, il y a largement assez de chambres dans la maison que nous faisons construire donc je suppose qu’elle m’a déjà presque totalement convaincu de remettre le nez dans les couches ! »

⇜ code by bat'phanie ⇝

Mon phare dans la tempête

Changer tout un système éducatif ne pouvait pas se faire en un claquement de doigt c’était une certitude. En tout cas, dans beaucoup de pays, il semble que cela ne soit pas possible. La Finlande, en revanche, il y a de cela une vingtaine d’année avait décidé de faire table rase de ses principes et de ses méthodes pour revoir complètement son système et la tentative avait porté ses fruits, offrant aujourd’hui un exemple sur lequel les autres pays pourraient s’appuyer un peu plus, un modèle sur lequel ils pourraient un peu plus prendre exemple. Mais ils ne le faisaient pas. Et ne le voulaient peut-être même pas, dans le fond. Sinon ils feraient sûrement plus d’efforts, non ? Valentina le pensait pour sa part. Mais savait aussi qu’elle ne pourrait jamais porter ce genre de projets à bras le corps et le défendre dans l'arène de la politique. Elle n’avait pas l’âme d’une politicienne, loin de là et comme Garrett évoque justement cette idée, elle dessine sur son visage une petite grimace qui en dit long sur ses pensées. Non, définitivement, la perspective de devenir chancelière ne la tentait pas le moins du monde. Pas plus qu’un poste de sénatrice ou de députée. Très peu pour elle.

”- Je pense que je vais laisser ça à d’autres si tu n’y vois pas d’inconvénient.” remarque-t-elle en riant. ”Je crois que je ferais une piètre politicienne.”

Non, elle ne le croyait pas, elle en était même certaine. Elle se sentait bien mieux dans ses occupations actuelles. Et puis quitter Cosmo pour la politique sous-entendait aussi, quelque part, quitter Adam. Et elle n’était définitivement pas prête pour cela, quand bien-même il ne se passait pas vraiment quelque chose entre eux. La situation restait… particulière. Un peu étrange, à certains égards.

L’homme la taquinant en évoquant ses potentielles piètres qualités de joueuse de bowling, Valentina ne l'épargne guère en retour, évoquant l’âge de ce dernier en prétendant qu’elle pourrait en tirer avantage alors qu’il aurait peut-être bien besoin, lui, que les rigoles soient bien marquées de sorte qu’il puisse les voir. Evidemment, toutefois, l’homme ne l’entend pas de cette oreille et renchérit. Elle n’était pas bien plus jeune que lui, il est vrai. Seulement trois ans d’écart. Elle fêtera ainsi ses quarante ans d’ici quelques semaines seulement. Peu importe. S’ils sont ici pour lui changer les idées, ce n’est pas tant d’elle que la blonde a envie de parler mais bel et bien de son meilleur ami dont les projets de mariage se concrétiseront bientôt. Des projets, d’ailleurs, en avait-il d’autres, avec Lisa, en dehors de cette maison qu’ils font construire pour s’y installer prochainement ? Valentina avait évidemment une idée bien précise en tête. Celle des enfants. Au vu de l’âge de la future Madame Dinckel, il n’était pas étonnant que le désir de maternité se soit manifesté. Bien sûr, ce n’était en rien une obligation et certaines femmes s’épanouissaient totalement sans, mais le désir de fonder une famille restait répandu notamment dans les esprits des jeunes femmes.

”- Je suppose que tu ne lui aurais pas dit oui si tu n’en avais pas au moins eu un peu envie.” remarque la blonde, écoutant son ami. ”J’ose l’espérer, en tout cas.” poursuit-elle. ”Tu as peur pour vos grasses matinées ?” relance la blonde avant d’ajouter en riant. ”Tu as parfaitement raison !”

⇜ code by bat'phanie ⇝

» [F. Sebastian] Une grande entaille dans ma main, mais surtout dans mon coeur
» Dans l'écriture, la main parle ; et dans la lecture, les yeux écoutent (Kai)
» (svea) l'amitié face à la tempête
» Lina ♔ Une luciole dans les ténèbres
» Ruth ♔ Bienvenue dans mon panier.