You missed me so much (jim)

Les jours passent à Hambourg et se ressemblent tous. C'est fou comme avec Jim à ses côtés, la vie d'Abigaïl avait un sens. Aujourd'hui, plus qu'un autre, elle pense à lui. C'est toujours ça quand les festivités de fin d'année approchent. Le deuxième Noël sans l'amour de sa vie. Elle ne peut que s'en prendre à elle-même, car cette séparation ou du moins cet éloignement, c'est elle qui en est à l'origine. Alors elle ne se plaint pas, elle avance dans sa nouvelle vie. Le pire dans tout cela c'est qu'elle a été tenté de l'appeler, mais pourquoi lui dire quoi ? Elle s'est résumée à cela.

A trop enchaîner leurs heures au commissariat, elle en a oublié sa vie personnelle. Elle voit très peu de monde et elle profite alors de son jour off pour emballer les cadeaux de Noël de sa famille qu'elle a eu le temps de préparer. Loin de se douter que d'ici peu de temps, sa vie basculerait. Elle devrait toujours quelque chose louche car sa chienne, adoptée avec Jim aux Etats-Unis se met à s'agiter en aboyant à travers la baie vitrée. "Eh, bébé ! Calmes-toi !"

En ville depuis à peine une semaine, Jim a eu le temps de s’habituer un peu à son nouveau travail et surtout de trouver le courage d’aller sonner à la porte de sa belle brune. Ils doivent parler et il est temps. Jim a quand même lâché toute sa vie aux États Unis pour venir la retrouver.. Même si il garde quand même un goût amer de son départ, sans aucune explication.

Et c’est ce qu’il est venu faire ici. Avoir une discussion avec Abigail et enfin mettre les choses au clair. Si ça doit se finir, ça le sera, mais qu’ils s’expliquent au moins. Il souffle doucement devant la porte, entendant déjà son chien aboyé. Il ne peut s’empêcher d’avoir un petit sourire, sa chienne a toujours eu cette folle habitude.. prédire à chaque fois quand il allait passer la porte de la maison, à tel point qu’elle se mettait à s’agiter bien avant qu’il ne rentre. Faut croire qu’elle sait qu’il est là. Se mordille la lèvre ensuite et prend finalement son courage à deux mains pour sonner à la porte. Plus moyen de revenir en arrière làà.

Leur chienne s’agite assez. Ca fait longtemps qu’elle ne l’a pas vu agir ainsi. Forcément, ça lui rappelle… La présence de son maître dans les parages. Un sourire nostalgique, voir triste se dessine au coin des lèvres d’Abigaïl. Encore un élément qui lui fait penser à l’amour de sa vie. Un court instant après la folie de sa chienne, voilà qu’on sonne à la porte. Elle sursaute, ça la sort littéralement de sa rêverie.

Sauf que là, elle est encore plus folle et gratte limite à la porte, l’odeur de son maître n’est que présente et Abi est forcée de l’attraper par le collier pour la calmer, avant d’ouvrir la porte. Elle se fige littéralement sur place. Paralysée, son sang se glace alors qu’elle laisse leur animal de compagnie faire la fête à Jim, qu’elle n’a pas vu depuis un bon moment. Elle est pétrifiée et est obligée de cligner plusieurs fois des yeux pour s’assurer qu’elle n’est pas une nouvelle fois en train de rêver. Pourtant, non, c’est bien la réalité. Le temps que ça lui monte un cerveau et ses yeux commencent à briller, à être plus humides. C’est bien Jim face à elle. Elle s’effondre alors en larmes dans ses bras. Incapable d'aligner un seul mot pour l'occasion tant elle est sous le choc de son apparition. Elle finit par trouver le courage, de se racler la gorge pour enfin émettre un son de sa voix grave après tout ce temps : « Tu.. Tu es là. ».

Jim ne sait pas trop ce qu’il lui prend ce jour là, mais il a décidé d’aller la voir. Il ne peut plus passer une seule autre journée sans elle. Alors ouii peut être qu’il aurait dû attendre un peu, réfléchir à quoi lui dire après tout ce temps, mais le beau brun a comme une pulsion. Il doit la voir et ce n’est pas autrement. Il s’avance jusqu’à la porte, avec un sentiment assez bizarre ; au final, il ne sait pas comment il va réagir en la voyant face à lui. Est ce que ce sera comme au premier jour ? Ou au contraire, la voir-il comme une étrangère à présent ?! Il frappe, et il verra bien après tout.

Il entend déjà sa chienne s’agiter et ne peut s’empêcher d’avoir un petit sourire aux lèvres. Elle le reconnaît. Après tout ce temps, elle sent encore son odeur. Jim n’a qu’une hâte là, c’est de prendre son bébé chien dans ses bras. Mais aussi de la voir elle, Abigail. L’amour de sa vie. Mais l’était-elle encore ? Voilà qu’elle apparaît enfin devant ses yeux, belle comme jamais. Se mordille la lèvre à sa réaction, c’est vrai que c’est une surprise de le voir là :roll: souffle doucement, et finit par parler.

- Salut Abi. Je crois qu’il faut qu’on parle..

Ne peut pas se montrer plus chaleureux pour le moment. Après tout, elle l’a bien laissé pendant des mois sans nouvelles. Il a du mal à passer au dessus de tout ça.

Si Abi pouvait se douter ne serait-ce qu'un seul instant de l'identité de la personne derrière la porte. Elle s'imaginait à tout le monde sauf à Jim. La voisine, Adelaïd sa meilleure amie, Karl à la rigueur, mais songer à la présence de Jim ici en Allemagne ? Pas une seule seconde !! C'est pourquoi quand elle ouvre la porte, elle est comme figée sur place, pétrifiée incapable de faire quoi que ce soit tant le choc de le savoir ici est au-dessus de tout. Elle le regarde de haut en bas, comme pour s'assurer qu'elle n'est pas dans un rêve et qu'il est bien là, c'est bien réel. Elle serait même tentée de poser sa main sur lui comme pour vérifier qu'elle ne rêve pas une nouvelle fois, mais ce n'est pas le moment.

Passée la surprise, il s'adresse à elle et elle se mord davantage la lèvre, approuvant d'un signe de tête. L'émotion de le retrouver la ramène quelques mois en arrière, où la souffrance s'était littéralement emparée d'elle. La perte de leur bébé a été un lourd fardeau qu'elle a eu l'impression de traverser seule. C'est pourquoi, elle prit la décision de partir. Lui laissant une simple lettre pour lui expliquer son départ :

« Mon amour,
C’est après des semaines de douleur, à souffrir en silence chacun de notre côté, que je décide enfin de poser les papiers sur papier. J’ai si mal, je me sens si vide de la perte de notre bébé et pourtant, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Rien n’est de ta faute et savoir que tu en souffres également me tue davantage. Tu m’as accordé ta confiance, tu as appris à me connaître avec mon caractère - qui au passage a même fait en sorte que tu tombes amoureux de moi. Tu m’aimes comme je suis et m’a accepté avec les défauts qui font que je suis la femme têtue comme une mule que je suis. Cette perte me ronge et pourtant je n’arrive pas à t’en parler. Pourtant ne doit-on pas partager dans un couple ? Les bons, comme les mauvais moments. On devrait être habitué avec le métier que nous faisons. Des jours que cette décision me trotte en tête, je sais que celle-ci te semblera incompréhensible et qu’elle te fera encore plus mal. Mais ne faut-il pas repartir du bon pied pour recommencer quelque chose sur les bonnes bases ? J’ai besoin de changer d’air, notre maison, notre vie, me rappellent simplement l’échec que nous venons de traverser. J’ai besoin de retrouver mes repères et de retourner dans ma ville natale, en Allemagne. Ils me connaissent et savent à quoi je ressemble, je suis encore trop en danger ici en Amérique et je ne peux me résoudre à te savoir également dans leur champ de ligne. Saches que tu es la plus belle chose qui soit arrivée dans ma vie et ça ce n’est pas prêt de s’arrêter. Je t’aime du plus profond de mon âme. Abi »

Elle déglutit et finit par se décaler pour le laisser entrer à l'intérieur. « Nous serons mieux à l'intérieur pour parler. Entres... » souffle-t-elle avant de refermer la porte derrière eux. Leur chienne, trop heureuse de retrouver son maître ne veut plus le lâcher. Abigaïl passe devant lui, jouant nerveusement avec sa mèche de cheveux alors qu'elle l'entraîne dans le salon. « Je te sers quelque chose... Une bière, peut-être ? »

Jim se retrouve donc enfin en face d’elle. Cette confrontation qu’il avait tant rêvé depuis quelques semaines déjà.. il ne dormait plus, ne mangeait plus, l’idée de la retrouver l’obsédait tellement qu’il a dû prendre une décision et la rejoindre en Allemagne. Au moins pour avoir une discussion avec elle, puisqu’après tout elle ne lui avait laissé qu’un mot. Un simple mot pour résumer leur histoire et tout ce qu’ils ont vécu ensemble. Il se sentait humilié, trahi, et impuissant. Ils auraient pu sauver leur couple mais elle a préféré fuir les responsabilités et ne pas arranger les choses.

C’est donc avec un visage très fermé et froid qu’il arrive face à elle pour avoir cette fameuse discussion. Retrouvant également sa chienne qui lui avait tant manqué. Il se mord la lèvre à ce qu’elle lui dit et hoche sa bouille en entrant chez elle. Il jette vite fait un œil autour avant de se tourner vers elle.

- Bel appart. Je vois que tu n’as pas perdu de temps avant de refaire ta vie.

Oui, droit au but. Il n’aime pas être pris pour un con et c’est le sentiment qu’il ressent en ce moment. Garde alors sa petite chienne près de lui, et lui fait des câlins et des bisous. Ça fait du bien tout ça. Hausse ses épaules à ce qu’elle dit.

- Ouais une bière s’il te plaît.

Se mordille la lèvre, vraiment gêné de la situation. L’impression qu’ils sont devenus comme des étrangers et qu’ils ne savent plus comment se parler. Se pose alors sur le canapé, jouant un peu avec ses mains.

- Ça va, tu te plais bien ici?!

La décision la plus lourde qu’elle a du prendre dans sa vie. Quitter les Etats-Unis pour retourner dans son pays natal. Parce que rester enfermée chez eux lui devenait fatale, elle ne se reconnaissait plus et s’est retrouvée seule. Seule parce qu’elle a foiré sa carrière en mettant sa vie en danger pour une simple couverture. C’est du Abi tout craché, sa carrière avant le reste. C’était certainement la fois de trop puisqu’ils ont perdu le bébé qu’elle portait. Cette impression de se sentir abandonnée alors que Jim a préféré lui, se renfermer dans son travail en la mettant malgré lui de côté. Chacun a vécu cette douloureuse perte comme ils le pouvaient. Cette décision, elle l’a regretté instantanément au moment où elle a posé pied sur le sol allemand, mais il était hors de question de faire marche arrière. Pour la même raison qui l’a poussé à poursuivre sa couverture dans ce réseau de trafic de drogue. Pour son caractère de battante, à toujours foncer dans le tas.

Quel choc pour elle de se retrouver face à l’amour de sa vie. Les yeux humides, elle lui propose de rentrer à l’intérieur et il ne se gêne pas pour lui lancer ses petites piques. Ces remarques bien propres à leur binôme à Quantico, puis lors de la police. Jim été son partenaire de toujours avant de devenir son meilleur ami puis l’amour de sa vie. Aujourd’hui, elle a tout perdu. Un léger sourire se dessine au coin de ses lèvres, même si la situation n’est pas drôle mais elle le reconnait bien là, rancunier comme toujours.

« Si plus d’un an et demi pour toi c’est peu de temps, alors ouais t’as raison. Je me suis mariée, j'ai trois enfants et je nage dans le bonheur » qu'elle complète sur un ton plus qu'ironique parce que ce qu'il lui dit est ridicule. Jamais elle n'aurait pu songé à refaire sa vie. Depuis son arrivée ici, bien sûr, des opportunités se sont présentées à elle mais en vain. Impossible de penser à l'idée d'oublier Jim et de tourner la page. La première étape pour elle était surtout de faire le deuil de leur bébé.

Elle se dirige dans le frigo, là où sont affiches des photos d’Adelaïd et elle et surtout, celui qui reste toujours la vedette de son frigo : Jim, encore et toujours. Elle en ressort deux bières qu’elle lui tend une fois qu’il s’est posé dans le canapé. Elle s’assoit à son tour, un sentiment de malaise s’installant entre eux, elle se cale sur le côté pour lui faire face.

« Je… J’avais besoin de ce nouveau départ, Jim. C’était trop dangereux pour moi de rester là-bas alors qu’ils connaissaient mon identité. Tu m'en veux et c'est normal, mais j'étouffais à rester enfermée dans notre appartement avec la porte de sa chambre fermée alors que tu es reparti en couverture comme si de rien n'était. »

Peut-être qu’en effet, ils ont tous les deux mal géré la perte de leur bébé.. Jim n’a rien trouvé de mieux à faire que de s’enfermer dans le boulot et repartir en mission, c’était la seule manière pour lui de se déconnecter de la réalité et de penser à autre chose. Alors oui, il a peut être délaissé Abi sans le vouloir mais il n’a jamais cessé de l’aimer. Elle était tout pour lui, jusqu’au moment où un soir, en revenant de sa dernière mission il trouve une lettre et les placards d’Abigail vides. Une simple lettre. Elle est partie et l’a laissé seul avec une lettre. Après tout ce qu’ils ont vécu. Alors oui Jim a du mal à passer au dessus, surtout en la voyant devant lui là. Toute sa rancoeur refaire surface.

Il ne peut donc s’empêcher de lui lancer une petite pique d’entrée, il annonce déjà la couleur : des retrouvailles amères. Son regard balaye un peu la pièce, observant toute la décoration. Jim lève vite fait les yeux au ciel à sa remarque ironique, n’aime pas du tout le temps qu’elle emploie.

- En un an et demi, t’avais largement le temps de reprendre contact avec moi. Mais tu ne l’as pas fait, sans doute parce qu’au fond t’en avais pas envie. Je méritais mieux que d’être largué avec une lettre, tu ne crois pas?!

Prend alors sa bière avec un signe de tête, puis un silence pesant s’installe. Il avait imaginé ce moment depuis longtemps, mais maintenant qu’elle se retrouve en face de lui, il en perd ses mots. Se mord la lèvre tout en écoutant ce qu’elle a à lui dire, il serre un peu sa mâchoire de nerf parce que, l’air de rien, il est blessé de la décision qu’elle a prise sans même lui en parler et l’inclure dans ce choix.

- Alors t’as préféré fuir plutôt que m’en parler et qu’on essaye de résoudre le problème. J’aurais pu venir avec toi Abi ! J’aurais tout fait pour toi et le pire c’est que je pense que tu le sais. T’avais juste pas envie que je vienne.

Chacun a vécu la perte de leur enfant différemment. Jim en s’enfermant dans la sphère du travail, Abi qui a été mise à pied s’est retrouvée seule et n’a pas supporté que cela soit ainsi. Elle a peut-être choisi la solution de facilité qui est de fuir ses problèmes et de ne plus se retourner. Ça a été la chose la plus difficile qu’elle a dû faire, mais il le fallait. Même si aujourd’hui, elle regrette amèrement cette décision puisqu’il est là, sous ses yeux empli de rancoeur et sa façon de la regarder, le ton qu’il prend pour lui adresser la parole, lui confirme cela.

Elle se mord la lèvre à ses mots, les larmes lui montant aux yeux bien malgré elle. Parce que tout serait si simple si elle arrivait à lui ouvrir le coeur en lui disant qu’elle a regretté ce départ au moment où elle a mis un pied dans l’avion. Pourtant, elle ne peut pas. Parce que lui-même sait comment elle est, combien sa fierté même devant lui est mise à rude épreuve. Elle secoue sa frimousse, clignant un peu les paupières avant de prendre la parole.

"Je t’interdis d’oser prétendre que je n’ai pas eu envie de prendre contact avec toi. Je peux te retourner l’appareil, qu’est-ce que tu fais là au bout d’un an et demi ? C’est facile de me reprocher des choses j’ai l’impression…"

Il insiste et cette fois, c’est la fois de trop. Assise dans le canapé, Weller ne retient plus ses larmes et elle s’effondre. Impossible pour elle de ne pas craquer quand il lui ressasse tout cela et qu’il pense encore qu’elle ne voulait pas qu’il l’accompagne.

"Je regrette Jim ! Je sais que j’ai été lâche en prenant cette décision qui ne me ressemble pas. Ca ne justifiera en aucun cas ce que j'ai fais. J’étais juste perdue et je ne pouvais pas te demander de quitter ton pays natal pour repartir de zéro, juste pour moi. C'était inconcevable."

Finalement, au bout de tout ce temps. La douleur est toujours présente. Cette mission sous couverture qui lui a fait perdre le bébé qu'elle portais. Elle pensait avoir penser ses blessures mais maintenant qu'il est là, face à elle. Tout revient à la surface comme si tout ces problèmes lui revenaient à la gueule. Pourtant, la réalité est bien là.

Difficile de croise que si il n’avait pas osé prendre l’avion là, elle ne l’aurait plus jamais vu. Ça fait mal de se dire qu’il s’est trompé sur toute la ligne avec elle et qu’en réalité elle ne tient pas tant que ça à lui. Et le plus dur dans tout ça c’est qu’elle ne se remet pas en question. Elle n’avoue pas ses tort comme si elle avait encore sa fierté face à lui. Alors qu’après tout ce qu’ils ont vécu, elle aurait pu la mettre de côté pour lui parler. Pour qu’ils s’expliquent au moment. La voir retourner la situation le fait sortir de ses gongs et il explose là.

- C’est une blague Abigail ?? T’oses dire que c’est ma faute là ?! Tu t’entends ? À croire que t’as rien fait de mal, que c’est normal de lâché ton mec et refaire ta vie à l’autre bout du monde!! Je..

Mais il n’a même pas le temps de finir qu’il l’a voit s’effondrer en larmes sous ses yeux. Tout ce qu’elle contenait en elle, toute cette fierté, son ego, tout est parti en fumée et il l’a voit vraiment. Il retrouve la jolie brune qu’il a aimé et même si c’est dur à voir, il est content qu’elle reconnaisse enfin qu’elle a merdé. Se mord la lèvre en la regardant, ne sait pas trop si il doit s’approcher ou pas. Pour le coup, il ne sait pas quoi faire. Souffle doucement et vient finalement s’assoir près d’elle, lui prenant ses mains dans les siennes.

- J’aurais tout fait pour toi, tu le sais. Je t’aurais suivi sans aucune hésitation.. Je pense juste que me voir tous les jours t’aurais juste rappeler le bébé que tu n’as plus, que l’on a plus. T’avais juste envie de m’oublier.

Si Abigaïl ne tient pas à lui ? Malheureusement, c’est tout le contraire. Jim restera à jamais l’amour de sa vie. Alors oui, elle a fait une grave erreur de lui expliquer son départ avec une maudite lettre mais c’est la seule solution qu’elle a trouvée pour justifier ce départ. Elle lui en aurait parlé en face à face, forcément, il aurait réussi à la faire changer d’avis. D’où l’influence importante qu’il a toujours eu sur elle, sa partenaire, sa meilleure amie qui est devenue par la suite sa petite amie.
La brunette craque davantage, ne supportant pas de devoir assumé le moindre reproche. Les deux sont fautifs dans cette histoire. Abi s’est clairement sentie abandonnée alors qu’il a préféré s’enfermer dans la bulle de travail pour oublier la perte de l’enfant.

« Arrête d’insinuer ce que je n’ai pas dit ! Je n’aurais jamais dû t’expliquer la raison de mon départ, j’en suis désolée !! Tous les jours, je repense à cela et à l’erreur que j’ai commise. »

Abi commence à flancher, sa fierté ne supportant plus de devoir tenir le voile sur la sensibilité qu’elle cache. Jim est en face d’elle. La personne qui l’a toujours cerné depuis le début. C’est trop pour elle, elle ne peut plus supporter et s’effondre en sanglots. Jim la rejoint et elle frissonne alors qu’il lui prend ses mains, instinctivement, tout revient à la surface et elle entrelace leurs doigts.

« T’oublier ? C’est un vocabulaire inconnu dans mon lexique. C'est bien cela le problème, même si je m'étais formée à cette idée, c'était impossible. Tu es et resteras l’homme de ma vie quoi qu’il advienne. Je… Je n’ai pas été capable de supporter et de te faire face en sachant que j’ai perdu ton enfant.. » avoue-t-elle, les larmes coulant le long de ses joues. « Je suis consciente que tous les mots qui sortiront de ma bouche pour justifier mon départ ne seront jamais à la hauteur de la déception que tu as eu... Si je devais le refaire pour veiller à ta sécurité et qu'il ne t'arrive rien, je le referais sans hésitation. »

Oui, ils ont perdu leur enfant en plein pendant cette mission d'infiltration où Abi était engagée depuis plus de deux ans, soit bien avant la découverte de sa grossesse. La mission a complètement planté quand ils l'ont kidnappé en apprenant sa véritable identité. Une raison de plus pour fuir le pays et éviter qu'on la retrouve. Maintenir Jim éloigné d'elle était aussi pour le préserver et qu'il ne risque rien par sa faute.

Jim était déterminé pourtant.. Ne lui laisser aucune pitié. Être là devant elle à lui dire tout ce qu’il pense puis se casser sans jamais la revoir. Ça c’était l’idée de départ. Mais voilà qu’il se retrouve face à elle, face à cette bouille d’ange qu’il a toujours aimé. Qu’il aime toujours d’ailleurs. Il est trop faible. Il a juste envie de la prendre dans ses bras et qu’ils reprennent tout depuis le debut. Mais malheureusement c’est pas possible.. ils ont vécu trop de choses pour tout oublier. Il soupir un peu et se calme radicalement quand il la voit pleurer. Ça lui brise le cœur tout ça.

- J’aurais juste aimé que tu me parles.. Et pas que tu me tiennes à l’écart.

Vient alors prendre ses mains dans les siennes pour lui parler plus doucement. Il baisse les yeux tout en écoutant ce qu’elle a à lui dire, se mordille la lèvre. Il serre un peu sa mâchoire de rage, car même si c’est beau ce qu’elle lui dit, il a encore la haine contre elle. Il s’est senti abandonné.

- Arrêtee. Ne dit pas que je suis l’homme de ta vie, car c’est faux. Tu ne serais pas partie sinon.

Il a encore beaucoup de colère en lui pour lui pardonner si facilement. Elle a quand même lâché toute sa vie aux States en lui disant au revoir avec une simple lettre. Comme si il ne valait rien. Se mord un peu la lèvre en relevant les yeux vers elle et d’un excès de rage, il jette sa bouteille de bière au sol et elle se brise en mille morceaux.

- J’avais pas besoin que tu veilles à ma sécurité Abi ! J’avais besoin de toi, putain ! Toi, avec moi. Et pas à l’autre bout du monde… t’as tout gâché !!

La brune remarque que la rancoeur de son homme est toujours présente. Celle qu'elle a toujours connu, aujourd'hui, elle en est la cible puisqu'elle est responsable de leur séparation. Enfin séparation... Le mot est peut-être mal choisi puisqu'à aucun moment elle insinue cela dans la lettre écrite pour expliquer son départ. Abi a simplement envie de se serrer contre lui et de profiter de sa simple présence. Les larmes ruisselantes le long de ses joues, elle qui a réussi à faire comme si de rien n'était pendant tout ces mois... Maintenant qu'il est là face à elle, elle se prend tout dans la tronche. Abi passe sa main contre ses joues pour tenter d'apaiser les émotions qui la transpercent et qui sont difficiles pour elle de contenir.

« Tu vivais le même malheur que le mien... » souffle-t-elle comme une excuse. Une nouvelle fois, pour justifier son départ.

Abi entrelace leurs doigts et elle secoue sa frimousse, plongeant ses yeux brillant dans les siens alors qu'il s'énerve.

«Tu sais très bien que je ne dis jamais des choses que je ne pense pas. Tu devrais me connaître à force. »

Son meilleur ami, avant le reste. Ils en ont mis du temps avant de s'avouer leurs sentiments, la brune regrette cette époque. Elle peut comprendre sa colère, alors pour une fois elle ne lâche pas à se battre pour essayer d'avoir le dernier mot comme elle aurait si souvent envie de faire dans une autre situation. Abi sursaute et elle croise les bras pour l'affronter.

« Et moi dans tout ça ? Moi aussi j'avais besoin de toi, mais t'as décidé de repartir sous couverture sans te soucier que je pouvais me retrouver seule ou non. J'avais besoin de mon homme pour calmer mes larmes le soir alors que je me retrouvais seule dans mon lit, j'avais besoin de quelqu'un pour me prouver que je n'étais pas seule dans ce chagrin commun !! Et tu n'étais pas là ! »

Jim n’aime pas du tout cette situation. Se retrouver après des semaines devant la femme de sa vie et pourtant, le seul sentiment qu’il arrive à exprimer c’est sa rancoeur envers elle, sa frustration de n’avoir pas été suffisamment « à la hauteur » pour qu’elle ne parte pas. Il aimerait tant pouvoir lui dire que c’est du passé, qu’il veut reconstruire quelque chose de solide avec elle mais il n’y arrive pas. En tout cas pas tout de suite, c’est trop tôt. Il pousse un sourire face à sa réponse.

- Arrête de te trouver des excuses. Ça ne te laissait pas le droit de m’abandonner comme tu l’as fait.

Se mord la lèvre à ce qu’elle dit ensuite. Il a du mal à la croire pour le moment, tout est remit en question dans sa petite tête. La regarde ensuite hausser la voix et lui faire à présent des reproches. Il lâche un petit rire, elle se fou de lui là. Encaisse alors ce qu’elle a à lui dire puis se relève pour lui faire face à son tour.

- Mais je t’aurais jamais quitté Abi !! T’étais tout pour moi. Tu crois que c’était facile pour moi, de devoir être loin de toi ??! J’aurais qu’une envie c’était d’être près de toi, de te réconforter. Mais à chaque fois que je te voyais.. Je repensais à notre bébé, qu’on a perdu après une énième couverture ! T’aurais pas dû aller là-bas. T’aurais dû refuser le job et j’aurais dû t’interdire d’y aller…

Si Abi regrette son départ ? Dès la minute où elle a mis un pied dans cet avion pour la ramener sur ses terres natales en Allemagne. Cette période lui a permis de passer du temps auprès de ses proches et de sa meilleure amie. Elle s’est soignée, à apaiser les plais sur son cœur, mais en aucun cas, elle n’a réussi à tourner la page. Cette page qui s’appelle Jim et qui définit clairement l’amour de sa vie. Elle a gardé enfouie cela en elle pour éviter que l’on s’inquiète. Souffrir en silence, ça a toujours été ce qu’elle a su faire de mieux. Mais maintenant qu’il est face à elle, tout lui revient à la surface et elle ne peut empêcher ses larmes de couler. Comme si la véritable Abigaïl se réveillait d’un lourd coma de plus de deux ans. Celle qu’elle était avant de quitter les Etats-Unis.

« Je sais, tu as raison. Alors tu vas me dire que tu as traversé des milliers de kilomètres simplement pour ne pas écouter les excuses que j’ai à te faire ? » souffle-t-elle en passant sa main sur son visage pour se calmer.

Ce qu’il lui balance ensuite à la figure n’arrange rien à la situation et elle pleure davantage en silence.

« Je sais tout ça… J’ai perdu l’amour de ma vie et mon bébé pour la même occasion »

La situation est totalement déchirante. Jim se retrouve alors devant l’amour de sa vie, incapable de lui pardonner son abandon. Oui, parce que pour lui elle l’a abandonné et ça il ne l’accepte pas. Elle a fuit son passé, sa vie avec lui et a décidé de ne plus donner de nouvelle. Il la regarde alors se décomposer face à lui et n’avoir aucune répartie, il se mord la lèvre en ayant les larmes aux yeux. Prend alors une grande respiration avec sa question, et s’apprête à prononcer les mots les plus durs de sa vie. Mais il est obligé pour aller de l’avant.

- Non, Abi. J’ai traversé des milliers de kilomètres pour oser faire ce que tu as été incapable de faire il a des mois.. mettre un terme à notre relation. Je pense que tu mérites plus qu’une simple lettre.

Une petite pique pour lui rappeler qu’elle l’a quitté de cette façon, et qu’il vaut mieux que ça pour faire la même chose. Laisse une larme couler sur sa joue, il essaye de faire le mec fort mais en vrai il est déchiré par la décision qu’il vient de prendre. Il hoche sa bouille en entendant le reste et vient alors déposer ses lèvres sur son front. Le dernier bisou qu’elle aura.

- Prend soin de toi. Et je te souhaite d’être heureuse, plus que ce que tu l’as été avec moi.

Prend son courage à deux mains, sa veste et se force à quitter son appartement. Il est au bout de sa vie là, mais il sait aussi que c’était la meilleure chose à faire pour qu’ils puissent avancer chacun de leur côté. Le passé les rattrapait toujours. Monte alors dans sa voiture et il s’effondre en larmes dedans, tapas comme un fou contre son volant. C’est trop dur là…

L’heure est venue. L’heure des représailles, des explications. Abigaïl est partie, laissant cette vie qu’elle s’était construite aux côtés de Jim aux Etats-Unis pour un nouveau départ. Pour oublier, et surtout pour protéger l’amour de sa vie. Parce qu’elle était recherchée par le gang qu’elle a infiltré pendant ces nombreuses semaines, et pour qui elle a perdu son bébé. Les yeux dans les siens, elle se décompose à son tour alors qu’il commence à craquer et prononce ces mots. Il aurait pu la poignarder, ça aurait été la même chose.

La jeune femme ne trouve rien à redire à cela, la gorge nouée, la voix coupée par le chagrin qui la ronge à ce moment-là ; elle est détruite et a beaucoup de mal à tenir sur ses jambes tremblantes. Il est dans un état identique mais parvient quand même à rester fort. Elle est en larmes alors qu’il s’approche pour l’embrasser sur le front, par ce contact, elle ferme doucement les yeux. Détruite, littéralement.

Par contre, lorsqu’il lui souhaite d’être heureuse, elle secoue sa tête négativement.

« C’est impossible.. Y’a qu’avec toi que je le suis. » murmure-telle de sa voix grave nouée par les sanglots.

Elle est tentée de le retenir, de le supplier, de se mettre à genoux pour qu’il reste près d’elle. En vain, elle est incapable et reste plantée là, comme si ses pieds étaient collés au sol. Dès qu’il quitte l’appartement, elle s’écroule sur le sol en pleurs. Dans un piteux état et incapable de le rattraper, de lui dire combien elle l’aime. Elle reste là, affalée contre son canapé à pleurer tout ce qu'elle est capable de pleurer. Epuisée, elle a du mal à reprendre sa respiration.

Le moment est beaucoup trop horrible, alors que Jim lui annonce les yeux dans les yeux que c’est terminé entre eux. C’est la décision la plus difficile de sa vie mais il doit le faire. Il doit renoncer à elle pour pouvoir avancer, ils se déchirent tout là. La regarde se décomposer et ne pas réagir à son annonce, et vient alors déposer un bisou sur son front m, préférant partir le plus rapidement possible pour ne pas regretter. Ce qu’elle lui dit lui déchire le cœur, même si il y croit qu’à moitié vu qu’elle l’a quand même quitté pour partir à l’autre bout du monde. Une fois dans la voiture il met du temps à se calmer puis décide finalement de rentrer chez lui.

Les jours passent et il prend du temps pour prendre soin de son petit cœur avant de commencer son nouveau boulot. Il appréhende un peu car il y a 50% de chances pour qu’il atterrisse dans la même équipe qu’Abigail. Mais il n’a pas le choix. Ils resteront professionnels quoi qu’il arrive. Premier jour de travail, il rencontre le big boss qui le présente aux agents du FBI déjà présents dans les locaux. Aucun signe d’Abi pour le moment, c’est plutôt bon signe.

Jim a finalement osé mettre un terme à leur histoire. Chose qui n’était pas du tout facile parce qu’il est dingue de cette fille mais c’était la chose la plus raisonnable à faire.. Ils se faisaient du mal, et ça traînait en longueur. Une fois rentré chez lui, le jeune homme s’effondre dans son lit tant il a mal. Les jours suivant s’annoncent difficiles. Pour essayer de penser à autre chose, Jim se motive en faisant du sport, il change complètement son alimentation, commence le yoga et tout cela l’aide à surmonter la pente.

Premier jour dans son nouveau boulot, il sait qu’il peut potentiellement tomber sur Abi mais bon, il espère qu’elle soit affectée dans un autre département. Il suit alors le big boss qui fait les présentations, saluant un peu tout le monde avec un sourire. Jusqu’au moment où ils arrivent vers le bureau d’Abigail et sa collègue, où le visage de Jim se décompose totalement. Ce qui devait arriver arriva. Pour le moment il met du temps à réagir mais se veut le plus professionnel possible, alors il fait comme si de rien était.

- Et voici l’agent Abigail Weller, votre nouvelle coéquipière. Vous verrez, c’est une des meilleures dans son domaine ;)

Et en plus c’est sa coéquipière. Jim doit prendre sur lui à fond pour ne rien laisser paraître, il doit supposer ne pas la connaître. Souffle doucement et ose enfin parler.

- Enchanté Abigail, je suis l’agent Powell. Jim Powell.

Abi pensait aller mieux depuis son départ des Etats-Unis, mais c’est pire que tout. La décision que Jim a prit l’a littéralement détruite. Elle a l’impression d’avoir tout perdu. Le sens ultime de sa vie : Jim Powell. Celui qui était dans la même académie qu’elle à Quantico qui est devenu son coéquipier et ainsi son meilleur ami. Ils ont mis tellement à accepter qu’il y avait bien plus que de l’amitié entre eux. Finalement, l’un comme l’autre a rompu la promesse qu’ils se sont faites quand ils ont décidé tenter quelque chose entre eux. Leur amitié avant tout. Même si ça ne fonctionne pas. Ca a fonctionné, jusqu’à ce qu’Abi perde leur bébé à 5 mois de grossesse. La brune a tout perdu, l’amour de sa vie et son meilleur ami. Le tout en un temps record.

Après une semaine de congé prise au dernier moment pour se remettre de la séparation, elle est de retour au poste. La nouvelle s’est répandue, dès qu’il y a un nouveau, c’est toujours le même refrain, tout le monde est impatient à l’idée de rencontrer la nouvelle recrue. Assise à son bureau à boire quelques gorgées de son café, la brune redresse la tête quand le boss vient lui présenter le nouveau. Elle se pétrifie, ravalant sa salive et se redresse pour essayer de rester de marbre.

Il se présente et elle se mord la lèvre, croisant les doigts pour que sa collègue à ses côtés n’y voit que du feu.

« Enchantée, Jim. Sois le bienvenue. »

Le boss lui montre son bureau au plus proche de celui d’Abi et finit par s’éloigner après avoir demandé un debriefing dans 10 minutes le temps que Powell s’installe. Merde, tout ces efforts pour aller mieux en une semaine évaporés en fumée. Pourtant, elle n'en montre rien, évitant avec précaution son regard.

Lui qui pensait avoir tout gagner dans la vie : un job qu’il aime, une femme parfaite et un bientôt un bébé.. il n’a plus rien. Depuis le départ d’Abi, même aller au boulot est devenu une torture - trop de souvenirs d’elle. C’est pour cela qu’il a décidé de se faire muter dans la même ville que son ex afin de pouvoir mettre fin à cette relation qui dure depuis trop longtemps. Ils doivent avancer.

Après avoir donc pris la décision la plus difficile de sa vie, il s’est remis au sport pour penser à autre chose. Puis son nouveau job qui débute, il va pouvoir se changer les idées. Sauf que c’est une autre chose qui se passe puisqu’il apprend rapidement qu’Abigail sera sa nouvelle coéquipière. Comme par hasard. Forcément que le boss ne sait pas qu’elle a bossé avec lui aux States puisque pour la protéger, ils ont dû inventer un tout autre CV afin que l’on ne l’a retrouve pas.

Affiche un semblant de sourire lorsqu’ils se présentent tous les deux, les autres n’y voient que du feux bien entendu. Puis file à son bureau pour s’installer correctement. Mais il ne prend s’empêcher d’aller prendre Abi à part, quand personne ne regarde.

- Je croyais que t’étais dans le service de la surveillance informatique ! Tu fais quoi ici ??!

La jeune femme n’a jamais espéré rencontrer le prince charmant. Faut pas rêver, les contes de fées, ça n’existe pas. Jim est arrivé sur son chemin. En lui, elle a su trouver une épaule, un meilleur ami, un confident qui la connait par cœur et l’amour de sa vie. Pas le prince charmant. Simplement l’homme parfait à ses yeux, malgré leurs défauts respectifs, ils se complétaient à leur juste valeur.

C’est aussi pour cette raison qu’elle n’a jamais cherché à le remplacer, à rencontrer quelqu’un d’autre. Parce qu’il a toujours été son évidence. Jusqu’à son dernier souffle. Ils n’ont jamais évoqué une union par leur mariage, ne se sont jamais promis de se soutenir pour le meilleur et pour le pire comme le font les jeunes mariés au moment de leur union. Pas besoin de grande promesses car ce sera toujours lui, le grand amour de sa vie.

Abi comme Jim font comme si de rien n’était devant les autres puis se retrouve seule à seul. Elle se mord la lèvre en haussant les épaules à sa demande.

« C’est une longue histoire. Je l’ai aidé à résoudre une enquête en remplacement d’une personne à l’hôpital et il n’a plus voulu me laisser partir » dit-elle en posant enfin ses yeux sur lui. « Si ça t’ennuie qu’on bosse ensemble, je peux trouver une excuse auprès du patron pour qu’il te mette ailleurs. »

Et c’est pareil de son côté. Depuis le début c’est Abigail. Il a mis longtemps à s’en rendre compte, mais maintenant c’est juste une évidence. Mais il sait qu’ils se font plus de mal qu’autre chose là malheureusement. Il ne peut pas avancer si il ne met pas un terme à cette relation. Et c’est d’ailleurs pourquoi il a été muté ici, pour la retrouver et oser lui dire en face que c’est terminé.

Cela n’a pas été facile mais il se sent comme soulagé d’un poids, il va pouvoir essayer de l’oublier. Même si ça risque d’être très dur. Surtout qu’il vient d’apprendre qu’il va devoir faire équipe avec elle, et ça pour le moment il a du mal à l’accepter. Il veut donc avoir une explication avec elle et la prend à part pour lui demander des comptes. Il soupir un peu à sa réponse, et hausse ses épaules.

- Non c’est bon. Malgré que ça me tue de devoir l’admettre, on forme une bonne équipe et on travaille bien ensemble..

Se mord la lèvre, lâchant doucement son bras pour ne plus trop la toucher. Souffle un peu en la regardant, ne sait plus trop quoi dire là.

- Hum il faut vraiment faire comme si de rien n’était Abi. Ils peuvent pas savoir que l’on se connaît… Fait vraiment comme si j’étais un étranger.

Il file alors vers son bureau avant de retrouver toute l’équipe en salle de réunion pour debriefer sur une nouvelle affaire d’enlèvement qu’ils viennent d’avoir.

Abi est littéralement sous le choc de le savoir là. Elle qui pensait qu’il venait régler ses comptes et reprendre un avion pour rentrer chez eux. C’était trop beau pour être vrai et d’un côté, son cœur se réchauffe davantage à l’idée de le savoir dans la même ville qu’elle. Même si le message a bien été clair, le simple fait de le savoir la soulage autant que ça l’inquiète. Parce que c’est s’annonce encore plus difficile pour tourner la page du chapitre, non, du livre, Jim Powell.

Jim Powell, son nouveau coéquipier. Coïncidence, je ne crois pas. A croire que le destin les liera comme toujours à chaque fois. Elle se mord la lèvre alors que lui en priorité demande des comptes.

« Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu avais demandé ta mutation ici ? »

Elle se recule légèrement, assez mal à l’aise qu’il est fait ce premier contact avec son bras. Contact qui la fait réagir au quart de tour, comme si on venait de la réveiller d’un profond coma.

« Tu sais bien qu'on est les meilleurs pour cela » lance-t-elle alors qu’il s’éloigne. Oui, à chaque couverture, c'était eux. Eux qui jouaient le couple jeune mariée en recherche de coke, d'un bien immobilier à acheter. Sauf que la dernière couverture s'est transformée en cauchemar. Mais pour cacher le fait qu'ils se connaissent, c’est trop tard, au moment où elle rentre dans la sale de réunion, sa collègue, celle avec qui elle s’entend le mieux l’attrape le temps que tout le monde s’installe.

« C’est le Jim de ton frigo, Abi ! » murmure-t-elle. Elle lève les yeux au ciel et lui répond. « Pas un mot, ok. Tu fais comme si tu n’étais jamais venue chez moi. »