Libre * Dear God, forgive my faults

Ce monde de faste, de paillettes, de faux-semblants, Hannah ne le supporte plus vraiment. Pourtant, c’est celui dans lequel elle a toujours vécut, celui dans lequel elle continu d’évoluer aujourd’hui encore, malgré tout le mal qu’il lui a fait, malgré son passif avec son mari. Ce monde qui l’a forcée à rire, à être belle, à ne se préoccuper de rien d’autres. Ce monde qui l’a contrainte à être belle et se taire, à ne pas faire de vague, à ne jamais lever le voile sur ce qu’elle vivait réellement avec son mari. Ce monde qui l’a forcée à rester à sa place, cette place ignoble pour les femmes.

Ce monde, Hannah le déteste de tout son cœur, de chaque cellule de son corps. Et si elle pouvait le fuir, elle le ferait sans nul doute. Pourtant, elle continu de se plier à ses règles, à ses exigences. Non pas pour elle mais pour les autres. Surtout ce soir. Parce que ce soir, il y a une soirée caritative donnée au casino. Grandes robes et smoking, machines à sous et cocktails… Telle est la recette de la soirée pour une nuit de dons à l’attention d’enfants démunis à l’autre bout du monde, histoire de leur donner accès à une meilleure éducation. Histoire, surtout, de permettre aux grosses bourses réunis ici de soulager leurs conscience, de se sentir grands princes, d’avoir l’impression de faire quelques choses, quand c’était une goutte d’eau dans l’océan, tant pour racheter leurs âmes, bien souvent, que pour aider ces enfants, réellement.

Une flûte de champagne certainement hors de prix – signe le plus flagrant de l’hypocrisie de ces soirées, s’il en est besoin – Hannah observe les machines autour desquelles certains se pressent, s’amassent. Aider en signant un gros chèque avant d’aller jouer pour se rembourser, c’était tout de même un concept particulier. Malheureusement un concept qui n’était pas très étonnant au vu des personnes présentes. Pas très étonnant au vu du monde rassemblé ce soir. Un concept qui provoque pourtant un sourire cynique sur le visage de la jeune femme. Qui provoque un sourire un rien contrit, aussi. Parce que ce monde, quoiqu’elle en dise, elle y appartient et en maintient les codes, bien malgré elle, n’ayant jamais rien connu d’autres.

Poussant un soupir discret en observant les vicissitudes de ce monde qui est le sien, une gorgée de champagne venant taquiner son palais, Hannah se détourne finalement de ce spectacle, posant sa flûte sur le plateau d'un serveur avant de sortir, lassée, sur le balcon du casino, s'offrir quelques minutes de répits dans cette représentation mondaine.