Victeo ♔ Chaque minute me prouve la différence qui existe entre les autres et toi

Chaque minute me prouve la différence qui existe entre les autres et toi

Victeo

Prévenir l'autre quand ils faisaient une soirée. Victoria avait eu raison, quelques mois plus tôt, tandis qu'elle visitait le loft, de supposer que si Adam voulait être tenu au courant des prévisions de la demoiselle en terme de soirée, c'était d'avantages pour s'incruster dans celles-ci que pour les éviter. Mais elle ne pouvait pas lui reprocher de squatter ses soirées alors qu'elle se plaisait à en faire de même, quand bien même les potes d'Adam avaient tous plus ou moins son âge. Soit au minimum dix ans de plus qu'elle, à l'exception de Moïra, sa meilleure amie, qui la devançait tout de même en âge. Chaque fois qu'Adam organisait une soirée, la brune se débrouillait pour en être, loin d'être le genre à manquer une occasion de s'amuser. Ça n'était peut-être pas les grandes fêtes au bord de la piscine à l'américaine avec des jeunes complètement défoncés et rendus malades par l'alcool mais ça restait animé. Et la jeune femme préférait, dans le fond, qu'il en soit ainsi.

Ce soir ne faisait pas exception. Alors qu'Adam avait invité plusieurs de ses amis, Victoria était rentré tôt du travail de son côté, lui laissant à la fois le temps de se préparer et de s'incruster quand ils arriveraient. À force, Adam n'en serait pas surpris. Il avait l'habitude de la voir trainer parmi ses potes, un verre à la main, à plaisanter et s'amuser. Il n'y faisait même plus attention, à moins que le pote en question ne soit Matteo. Quand l'homme rejoignait Victoria, ou qu'elle-même approchait de lui, Adam avait tendance à se rembrunir un peu. Ça ne loupait jamais, sans que la brunette n'en comprenne les raisons. Elle avait vaguement saisit qu'elle devait se méfier de Matteo, éviter de se rapprocher de lui, qu'Adam disait cela pour elle... Mais elle n'en savait guère plus. Et malgré la prévenance de son ami, dont elle ignorait les raisons, elle ne pouvait s'empêcher d'être attirée par Matteo comme un papillon l'est par la lumière.

Son gobelet à la main justement, Victoria avise l'homme en grande conversation avec un autre convive et son regard, alors, s'attarde sur sa silhouette. Matteo était séduisant, du haut de ses trente-sept ans. Plus vieux qu'elle, l'allure sportive, la voix grave et la conversation agréable. Drôle. Il ne lui semblait pas dangereux. Et c'était peut-être en cela qu'il l'était, en fin de compte, pour elle. Que c'était de cela qu'Adam voulait la protéger. Et des risques que cela comportait.

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Never give up

When the sadness leaves you broken in your bed, I will hold you in the depths of your despair. I wanna testify, scream in the holy light, you bring me back to life and it’s all in the name of love, in the name of love, in the name of love...

Tu regardes ta montre en soupirant. Tu ne rechignes jamais à l'idée de passer une soirée avec tes amis, et surtout pas avec Adam. Mais ce soir-là, tu étais supposé travailler et même si l'idée d'échapper à une garde de nuit te faisait plaisir, tu avais tout de même besoin de ces heures supplémentaires... Toi qui n'es pas forcément le plus impliqué dans ton travail, surtout nocturne, puisque c'était une perte comparé à tes responsabilités passées dans cette même boîte, tu t'efforçais d'attendre une réponse de ton patron après avoir prétexté une urgence familiale. Seule une réponse positive de sa part t'ôterait ce semblant de culpabilité qui naissait au creux de ton estomac !

Mais tu ne pouvais pas dire non à Adam. Tu le savais, et tu ne comptais pas le faire. Parce qu'Adam, c'était ce qui ressemblait le plus à un meilleur ami pour toi... et même si, quelque part, tu le trahissais ce sur point, aller à une soirée organisée chez lui, c'était l'occasion de croiser Victoria. Oui, Adam t'a fait promettre de ne pas l'approcher. Malgré ta longue relation avec Elise, tu n'as jamais été un modèle de vertu et d'irréprochabilité. Et puis, même marié à ton ex, tu n'as jamais réellement été en couple pour autant. Tu es plutôt libertin, trop fêtard et pas tout à fait l'homme le plus fidèle de la planète c'est vrai. Pourtant, c'est sur ta fidélité et ta loyauté en tant qu'ami qu'Adam compte.

Et c'est avec cette idée en tête que tu es finalement arrivé à cette soirée, un petit sourire désolé pour ton retard gravé sur tes lèvres tandis que ton pote t'assurait que ce n'était pas grave, qu'un détail. Le message de ton boss bien rangé dans ton téléphone, tu mettais officiellement ton travail dans un coin de ta tête. De toute façon, au pire, tu avais déjà été licencié une première fois avant qu'ils ne reviennent sur leur décision.

Rapidement intégré, tu es presque déçu, en premier lieu, de ne pas voir Victoria se montrer à proximité. Tu commences à discuter et, pour être honnête, tu en oublierais presque la présence de la jeune femme. Non pas que tu t'en fiches, mais tu essaies de te rappeler ta promesse à Adam et discuter avec d'autres personnes te permet de mettre de côté ton obsession pour la brune. Et pourtant, quelques instants plus tard, alors que tu as simplement arrêté de la chercher du regard, l'envoûtante demoiselle entre dans ton champ de vision, si bien que tu décroches un petit peu de ta conversation pour l'observer...

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Ce soir encore, elle n'écoutera pas Adam. C'est une évidence. Elle le sent au plus profond de son être comme son attention s'est fixée toute entière sur Matteo, comme son regard s'est rivé sur lui, l'observant comme il parle, comme il évolue dans la salle. Et quand il tourne la tête vers elle, réalisant apparemment sa présence, lui rendant l'attention qu'elle a pour lui, la brunette lui adresse un léger sourire en coin, portant son verre à ses lèvres sans le quitter des yeux. Et pourtant, malgré tout ça, elle décide de rester où elle est, de ne pas l'approcher encore, se contentant de ce duel de regard, de ce discours silencieux, comme s'ils pouvaient converser par ces regards, tandis qu'elle dérobe son attention à l'interlocuteur présent à ses côtés.

Achevant son gobelet, la demoiselle rejoint le bar pour se servir un nouveau verre, jetant un regard par-dessus son épaule pour essayer de voir si Matteo est toujours accaparé par son interlocuteur, sans obtenir de réponse. Alors elle prend un second verre au cas où avant de quitter le buffet, revenant à la place qu'elle avait précédemment occupée, juste comme Niel laisse enfin Matteo seul, laissant à la demoiselle une occasion de le rejoindre. Et elle ne se fait pas prier, Victoria, non sans avoir une pensée fugace pour Adam et ses conseils. Pourtant, elle rejoint tout de même Matteo, lui adressant un charmant sourire et lui tendant le verre qu'elle avait pris pour lui.

"- Bonsoir Matteo !" le salue-t-elle en arrivant à sa hauteur. "Je ne t'ai pas vu arriver. Tu es là depuis longtemps ?"

Il était arrivé un peu après les autres, avait-elle eu l'impression. Elle en était même certaine, mais elle éviterait de le lui dire, sans quoi cela trahirait le fait qu'elle avait fait attention à ce genre de détails, qu'elle l'avait cherché parmi les convives au fur et à mesure des arrivées des invités. Et s'il y avait bien une chose que Victoria maîtrisait, qu'elle avait apprise au cours de ses longues années de drague, c'était de feindre l'indifférence, de ne pas montrer trop d'intérêt à une personne.

"- Tu passes une bonne soirée ?" poursuit la demoiselle sur le ton de la conversation.

Son regard se perdant un instant par-dessus l'épaule de Matteo, la demoiselle peut apercevoir Adam en grande conversation et un sourire s'étire sur ses lèvres. Ils avaient peut-être un peu de temps avant que l'homme ne réalise que Matteo et la demoiselle parlaient ensemble. Et ils pouvaient en avoir encore un peu plus, s'ils quittaient le champ de vision potentiel du quadragénaire.

"- Tu me suis sur le balcon ?" propose-t-elle alors, prenant une gorgée de son verre sans le quitter des yeux.

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Tu réalises bien vite que tu n'as plus aucun intérêt pour cette conversation qui t'animait pourtant quelques secondes auparavant. Victoria t'a complètement absorbé. L'admirer, la dévorer des yeux, c'est très clairement ton activité préférée quand elle est dans les parages, et tu as bien du mal à détacher ton regard du sien. Pourtant, quand la personne à côté de toi te pose une question, marquant le silence d'une interrogation visuelle, tu reprends tes esprits et tu tournes enfin la tête, détachant ton regard de l'enivrant tableau que représente la jeune femme. Tu souris à ton interlocuteur, lui donnant le change et l'impression que tu suivais jusque là.

Quand tu retournes les yeux vers Victoria, elle n'est plus là. Aussi, quand tu la vois arriver, tu mets fin à cet échange qui est subitement devenu si ennuyeux. Tu t'apprêtes à avancer vers elle quand tu réalises qu'elle t'a devancé. Tes lèvres s'étirent en un mince sourire. Ce petit jeu entre vous t'amuse beaucoup, même si tu ne voudrais pas qu'Adam le surprenne. Surtout pas après ta pseudo promesse - comme si tu avais eu le choix ! C'est pour cette raison que tu restes le plus impassible possible, sans trop l'être pour autant.

- Bonsoir Victoria. Tu ne réponds pas à la question sur ton arrivée. Elle t'a vu bien assez longtemps pour pouvoir répondre et l'évidence d'une question rhétorique te saute aux yeux. Les soirées d'Adam sont toujours les meilleures. Tu te contentes de rester un petit peu mystérieux, dans le sens où tu ne réponds pas directement à sa question. Après tout, ton amitié avec Adam est là depuis suffisamment longtemps pour que tu ne répondes à ses invitations que si l'envie t'anime réellement. Même si, cette fois-ci, ton envie a pour synonyme Victoria. Bien sûr, lui affirmes-tu en lui offrant ton bras et en la suivant jusqu'au lieu-dit.

Une fois sur le balcon, tu te places en face d'elle, non sans te priver de la dévorer un peu plus des yeux. Elle est vraiment très jolie habillée ainsi.

- Je ne pensais pas que tu serais là ce soir. Elle a beau être la colocataire d'Adam, tu aurais cru ton meilleur ami un peu plus expéditif sur ses directives et les mesures à prendre.

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Si Adam ne voulait pas que Victoria approche de Matteo, les idées de la demoiselle étaient bien différentes et ce soir encore elle mettrait un point d'honneur à désobéir. Parce que la jeune femme ne comprenait pas bien ce que voulait Adam, ne comprenait pas bien d'où venait cette demande de prendre garde à Matteo, cette interdiction de lui parler. Elle comprenait plus ou moins qu'il se souciait d'elle, que son colocataire disait cela pour son bien, mais sans qu'elle ne sache réellement ce qu'il reprochait à Matteo. Après tout, le quadragénaire était son ami, elle ne comprenait alors pas vraiment pourquoi Adam semblait tant s'en méfier, voulant tant la mettre en garde contre ce dernier. Et puis elle est grande, Victoria. Suffisamment grande pour ne pas avoir à être défendue, suffisamment grande pour faire ses propres choix. Et ses propres bêtises aussi, c'était un fait. Mais suffisamment grande pour se sentir libre de prendre ses propres décisions, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Qu'elles soient discutables ou non. Parce qu'elle est comme ça, Vicky. Pas le genre à se prendre la tête. Pas le genre non plus à se laisser dicter une conduite.

"- Ça c'est parce que tu ne connais pas mes soirées !" prétend la demoiselle amusée alors que Matteo répond que les soirées de son ami sont toujours les meilleures.

Il est indéniable que pour ce qui est de faire la fête, Adam en tient une couche et sait y faire. C'est bien pour cela, entre autres, que l'intérêt de Victoria avait été porté sur lui, lorsqu'ils s'étaient rencontrés. Malgré qu'il ait déjà quarante ans, Adam avait encore l'esprit d'un jeune homme et savait s'amuser comme un garçon de vingt ans. Il savait faire la fête sans se soucier de son âge, ce qui justifiait en partie l'entente qu'ils avaient su trouver tous deux pour faire de cette colocation une réussite.

Proposant de rejoindre le balcon, afin de se soustraire au regard d'Adam qui pourrait bien trop rapidement tomber sur eux dans le salon, la jeune femme obtient satisfaction, Matteo acceptant de la suivre. Et l'air extérieur lui fait le plus grand bien.

"- J'habite pourtant ici." objecte la demoiselle comme l'homme remarque qu'il ne s'attendait pas à la voir ce soir. "Je n'allais pas rester toute seule dans ma chambre !" remarque-t-elle. "Si un jour ça arrive, sache que ce ne sera pas normal ! Alors je compterai sur toi pour me libérer ! Fait gaffe au dragon quand-même !" plaisante-t-elle.

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Tes yeux semblent vouloir éviter son regard. Est-ce la présence d'Adam qui t'empêche d'assumer cette proximité ? Non, c'est elle, tout simplement. Ses yeux, sa bouche, sa peau, tout d'elle qui te fait dévier ton regard lorsque vous ne parlez pas. Parce que tu entends ta promesse raisonner dans ta tête encore et encore. Si tu ne l'as pas fait de plein gré, tu ne comptes pas mettre en péril ton amitié avec Adam. Il a beau ne visiblement pas connaître une once de ton comportement avec les femmes - sous prétexte que marié tu n'étais pas engagé à ta femme - il sait très bien que tu es le genre joueur et taquin, parfois même dragueur. Mais tu n'es jamais allé plus loin qu'un flirt en soirée, quand tu avais la bague au doigt. Après tout, personne ne t'avait jusque là fait l'effet que te fait Victoria.

- Si tu le dis. Tu as beau lui donner raison sur le fait que tu ne connais pas ses soirées, tu la trouves un peu jeune pour organiser les soirées qui, à bientôt quarante ans, peuvent te plaire encore. Ou alors est-ce seulement que tu connais trop bien Adam pour refuser de l'élire roi des meilleures soirées.

Tu lui souris.

- Tu sais très bien ce que je veux dire. Pourtant, sa boutade t'a bien amusé et tu ne décroches pas ton sourire, même si tu ne t'es pas privé de secouer la tête pour faire l'homme blasé, quelques minutes. Oh, je vois. S'il faut sauver la princesse Victoria, comptez sur moi, Milady !

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Pour sûr, Matteo ne connaît pas les soirées de Victoria, il ne sait absolument pas de quoi elle est capable, alors qu'elle ne l'a tout simplement encore jamais invité, à ce jour, soucieuse de ne pas se prendre la tête avec Adam, bien qu'elle mette à mal ses conseils et ses semi-interdictions vis-à-vis de Matteo chaque fois qu'elle en avait l'occasion. Mais inviter le trentenaire à une soirée, en faisant fis des mises en garde d'Adam, elle avait l'impression que ce serait comme une déclaration de guerre. Et à bien y réfléchir, elle aimait mieux sauver son amitié avec Adam, la préserver, ne pas se brouiller avec ce dernier. Ce qui, de fait, devait la pousser à se montrer particulièrement maline pour contourner ses recommandations quand elle en avait l'occasion. C'est à dire à peu près à chaque fête organisée par Adam, ou presque. Parce qu'elle ne pouvait décidément pas passer la soirée dans sa chambre, pendant que son colocataire et ses amis s'amusaient. Exactement comme ce soir. Elle ne pourrait, de toute façon, pas résister bien longtemps à l'envie de sortir rejoindre les autres. Si cela arrivait un jour, ce serait qu'elle était malade. Ou captive.

"- Ah ça..." fit-elle mine de comprendre. "Si tu savais tout ce qu'une fille peut obtenir avec un regard de chien battu et un joli sourire !" assure-t-elle en plaisantant.

Hors de question pour elle de manquer la soirée. Si cela arrivait un jour, c'est qu'elle aurait besoin d'aide. Une aide qu'elle lui réclame d'ailleurs et si l'homme fait mine d'être blasé par sa remarque, dans le fond Victoria sait bien qu'elle a fait mouche, que ça l'a amusé, que ça l'a fait rire, au moins intérieurement. Peut-être a-t-elle un peu trop confiance en elle et en ses capacités, également. Ce qui dans le fond n'était pas si surprenant de sa part, elle avait toujours plus ou moins été comme ça. Sûre d'elle. Et s'il lui arrivait de manquer de confiance, parfois, elle se débrouillait pour le dissimuler, pour simuler cette confiance, pour donner le change.

"- Mon preux chevalier !" s'amuse la jeune femme comme il accepte la mission dont elle l'investit, s'il advenait qu'Adam l'enferme et l'empêche de participer à une soirée. "Que ferais-je sans toi !?" poursuit-elle sur le même ton plaisantin, avant de rire.

Bien sûr, elle pouvait faire un tas de choses sans lui, elle n'était pas dépendante. Ni de lui, ni de personne. Mais elle pouvait toutefois en jouer, surjouer, pour servir ses intérêts.

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Lun 18 Oct 2021 - 22:45

Si ta réputation, Matteo, te précède, tu ne peux pas nier qu'elle n'est pas exactement vrai. Pourtant, tu t'efforces d'entretenir le mythe. Sans doute par manque d'envie de contredire les autres. Sans doute juste parce que tu n'as pas envie de te fatiguer à t'expliquer pendant si longtemps. Tes amis t'ont donné cette réputation parce que ton mariage était voué à l'échec avant même que tu ne fasses ta proposition à ta compagne. Et ce simple fait semble avoir fait de toi le parfait Dom Juan, celui qu'il faut fuir envers et contre tout. Alors, forcément, tu sais qu'Adam voit en toi ce coureur de jupons et tu sais qu'il pense à protéger Victoria de cela. Pourtant, alors que les paroles de ton ami continuent de résonner au fin fond de ta tête, tu sais que tu ne pourras pas résister très longtemps. Il s'agit de Victoria, bon sang. Une phrase qui peut aller dans les deux sens. Car elle est autant irrésistible que ce qu'elle est intouchable. Il sait aussi que, dans tout ça, quand il est invité aux soirées d'Adam, c'est à la fois de la camaraderie et à la fois de la provocation. Car, forcément, chaque soirée à la colocation implique sa colocataire, la délicieuse Victoria. Et cette torture qui lui démange les lèvres n'est là, comme une morsure, que pour le rappeler à l'ordre. Puis, en se résignant à bien des faits, Victoria est trop jeune. Mais qu'est-ce que l'âge ? Un détail. À chaque argument valable dans un sens, un autre argument, dans l'autre sens naît, mélangeant complètement tes pensées alors que tu essaies tant bien que mal de ne pas la regarder, de ne pas la dévorer des yeux.

Mais tu ne peux pas.

Tu ricanes. Tu ricanes avec force alors qu'elle se tente à te séduire. Mais elle n'a pas besoin, c'est déjà fait. Pourtant, tu résistes. Tu résistes comme tu le peux.

- Pas avec moi. Même devant tes regards de chien battu, je ne pourrais jamais comparé. Sous-entendu que tu n'iras pas. Parce que tu as ta promesse. Ces paroles que tu as regretté avant même de les avoir prononcées. Parce qu'elles sont injustes. Illogiques. Insensés. Adam n'est ni le père ni le frère de Victoria, aussi ces restrictions ne sont pas logiques et tu le sais parfaitement. Tu le sais parce que toi, tu n'y aurais jamais pensé, à vrai dire. Tu n'aurais jamais imposé une telle chose à un ami. Mais peut-être aussi parce que tu n'as avec personne le lien qui s'est noué entre les deux colocataires.

Tu joues son jeu, malgré tout. Parce que ça t'amuse. Parce que ça attise ta curiosité, mais aussi ton désir. Celui de voir vos deux peaux se toucher, découvrir la chaleur de l'autre. Mais pourtant, non, tu résistes, encore, toujours. Pour Adam. Pour votre amitié. Parce que même si tu as passé l'âge de ces enfantillages tu n'es pas prêt à cracher sur une si longue amitié.

De nouveau, tu roules les yeux. Ah ! Victoria ! Si seulement... Mais non. Il faut que tu arrêtes de penser à ça, il faut que tu arrêtes de penser à elle comme ça. De cette manière. Et pourtant, c'est impossible. Adam n'est pas dans les parages. Pas pour le moment. Tu pourrais tenter. Un tas de choses. Oh, oui, ça, tu pourrais. Mais tu restes un homme de parole, pas vrai Matteo ? Tu restes cet ami fidèle, incapable de briser une promesse. D'ailleurs, il n'y a bien qu'en amitié qu'on t'accorde un peu de répit sur la fidélité, il faut dire.

- Preux, je ne sais pas ! Tu t'amuses, à vrai dire. Tu t'amuses tellement que tu ne sais pas jusqu'où tu pourrais dérailler. Jusqu'où ? Après tout, vous êtes sur le balcon, à l'abri de tout un tas de regards, dont celui de la seule paire d'yeux que tu voudrais voir loin de cette scène. Sous prétexte de place, tu t'avances vers elle. Après tout, ne jouez-vous pas à la princesse et au chevalier ? Ainsi tu légitimes tout ça. Oh, ça, personne ne sait, mais sans doute serais-tu une pauvre demoiselle en détresse laissée pour compte au fin fond de sa chambre. Un sourire narquois s'affiche sur ton visage. Tu n'as pas gagné, mais tu n'es pas loin et tu le sais. Tu t'aventures à poser une main au creux de ses hanches. Puis une deuxième pour la rapprocher vers toi. Tu serais certainement perdue et ta vie n'aurait pas de sens. Tu sens son souffle sur ta poitrine, en dépit de la chemise que tu as enfilé. Chaud, court, mais inflammable, c'est le moins que l'on puisse dire.

Tu n'es plus certain de comment réagir.

Car tout, tout en elle te déroute et t'attire, tout en elle te donne envie. Tu as envie de goûter à sa peau, à ses lèvres, à tout ce qui fait qu'elle est elle. Hypnotisante, envoûtante, presque céleste. Elle est le fruit défendu que tu as besoin de goûter et de savourer, pour n'en rien mentir.

Et tu peux le dire.

Jamais, jamais ô grand jamais, avant elle, tu n'as ressenti ce frisson, cette excitation qui se fait ressentir dans tout ton corps. Jamais tu n'as eu le souffle coupé par une telle beauté, cette grandissante envie d'en avoir plus et de posséder une femme comme tu as envie d'elle. Mais tu ne peux t'empêcher de ne craindre, comme le dit si bien Adam, que ce ne soit qu'une attirance. Parce qu'à écouter les beaux parleurs, tu n'es jamais qu'attiré par un femme par son physique et jamais sa personnalité. Pourtant, l'esprit de Victoria est bien présent. Elle est piquante, elle est mordante et elle sait toujours quoi te dire pour attiser encore plus ton besoin d'elle. Aussi, si les paroles d'Adam continuent de résonner dans ta tête, elle se font de plus en plus basses, comme un écho terriblement lointain, presque incompréhensible. Et tout ce que tu as envie de faire, c'est te pencher pour sauvagement l'embrasser et enfin goûter à cet interdit plaisir.

Mer 20 Oct 2021 - 15:23

Chaque minute me prouve la différence qui existe entre les autres et toi

Victeo

Sur son doux visage, Victoria dessine brièvement une adorable petite moue dont elle a le secret, lorsque l’homme affirme qu’elle aurait beau user de tous les regards de chien battu qu’elle voudrait, il ne pourrait jamais comparer les fêtes données par son ami avec celles de la demoiselle. Si ce genre de regards fonctionnaient avec Adam, l’homme semblait assuré de pouvoir, lui, y faire face, que cela ne fonctionnerait pas avec lui. Vicky, pour sa part, n’en était pas aussi sûre. De confiance en elle, la brunette ne manquait sûrement pas. Elle en avait toujours eu, parfois trop peut-être, consciente de sa valeur comme de ses charmes. Cette assurance, elle la détenait peut-être de ses parents, comme un héritage qu’ils lui avaient légué, entre autres choses, dès la naissance. Ils l’avaient toujours soutenu, poussé à s’exprimer, poussé à se respecter, à avoir conscience de qui elle était, de son droit au respect… Ils lui avaient appris, surtout, à ne jamais se laisser faire, à ne jamais se laisser marcher sur les pieds. Il en résultait sa ténacité d’aujourd’hui, alors qu’elle ne se laissait pas facilement abattre, pas facilement démonter, à l’image de la signification de son prénom. Et, de fait, son expression change comme ses lèvres s’étirent en un sourire, son regard soutenant celui de Matteo.

”- Essaie de répéter ça avec un peu plus d’assurance, pour voir ?” suggère la demoiselle en sous-entendant qu’il en aurait manqué. Pas vraiment. Mais ça ne lui interdit pas de le faire penser.

Déborder d’assurance, le démontrer, voilà qui peut déstabiliser un interlocuteur. Voilà qui peut rebattre les cartes. Vicky a toujours eu cette capacité à déstabiliser, à titiller. Tant que la porte est ouverte, tant qu’elle sait que la partie n’est pas terminée, que les jeux ne sont pas faits, Victoria cherche, pique, taquine. Et si Adam, qui en avait l’habitude, pouvait encore se laisser prendre à son jeu, peut-être bien que Matteo, lui aussi, pourrait s’y perdre. Et peut-être bien, finalement, qu’un jour elle pourra rompre ces mots qu’il avait eus ce soir. Peut-être bien que finalement, un jour, il pourrait voir à quoi ressemblaient les fêtes données par la jeune femme. Malgré Adam. Dans le fond, elle n’avait peut-être qu’à travailler ce dernier, d’ailleurs, pour que tombent les limites qu’il avait imposé, dressé, entre elle et son ami. Alors, toutes les barrières anéantis, elle aurait un champ d’action moins réduit.

Le preux chevalier et la demoiselle en détresse. Il n’y a bien que parce que Victoria ne l’est pas du tout, qu’elle se permet d’en rire, de figurer la chose possible. Jamais, oh grand jamais, Adam ne pourrait de toute façon la retenir captive dans sa chambre, de quelque manières que ce soit, à moins qu’elle ne soit souffrante. Elle était bien trop fière, indépendante, indomptable, pour s’y résoudre, pour laisser un homme décider pour elle de ce qu’elle avait le droit ou non de faire et, si elle ne tenait pas à nourrir le moindre conflit avec son colocataire, davantage ami que simple cohabitant, il était certain qu’elle ne laisserait pas Adam décider de sa vie. Ainsi ne l’écoutait-elle pas quand il demandait qu’elle n’approche pas de Matteo. Peu importait les risques, d’ailleurs. Elle se ferait son propre avis, quitte à le regretter plus tard.

Comme il avance d’un pas vers elle en reprenant la parole, Victoria esquisse un nouveau sourire. Une pauvre demoiselle en détresse, abandonnée au fond de sa chambre, voilà une image qui prêtait à rire. Une image à laquelle elle ne collerait jamais. Et c’était probablement, en fin de compte, cette indépendance qu’elle avait, cette fierté, cette assurance qui émanait d’elle, qui justifiait plus que son minois, l’intérêt qui lui était porté. Si elle n’avait été qu’un joli visage, aurait-elle reçu autant d’attention ? Peut-être pas.

”- Ce serait regrettable.” assure la brune, son regard rivé dans celui de Matteo.

Et comme il s’aventure à glisser une main sur ses hanches, puis la seconde pour la rapprocher de lui, la jeune femme ne scille pas, continuant de soutenir ce regard posé sur elle, alors que ses lèvres s’étirent en un nouveau sourire, si tant était que le premier avait eu le temps de les quitter. Alors qu’il affirme qu’elle serait perdue et que sa vie n’aurait pas de sens sans lui, jouant le jeu qu’elle a elle-même initié, la demoiselle vient se mordre la lèvre inférieure, l’envie de s’enfoncer dans cette brèche qu’ils ont ouverte se faisant plus violente encore, alors que son coeur, elle mentirait à le nier, s’est lancé dans une folle cavalcade.

”- Promet moi de m’en préserver dans ce cas. Chiche ?”

Chiche, Matteo ? D’être toujours là ? De ne pas la laisser tomber, de ne pas disparaître avec les demandes d’Adam, ses désaccords, ses interdictions ? De ne pas la laisser filer, maintenant qu’il ose la tenir entre ses bras, au plus près de lui, de sorte que leurs souffles respectifs sont largement perceptibles par l’autre, venant caresser tissus et épidermes, retournant leurs sens, leurs têtes ? De ne pas la laisser filer, maintenant que leurs regards, plongés l’un dans celui de l’autre, se dévorent comme incapable de se lâcher, dans ce silence que seuls les bruits de la nuit et de la fête, malgré la porte close viennent perturber ? Dans ce silence que seuls les mots de Victoria viennent agrémenter.

”- Tu attends mon carton d’invitation Matteo, ou tu tiens à être sûr qu’Adam nous voit ?” souffle-t-elle.

Parce que l’autorisation, il n’a définitivement pas besoin, il l’a déjà. Il l’a obtenu de nombreuses fois, déjà, sans forcément le percevoir, dans toutes les attentions qu’elle a eu pour lui, dans chaque échange de regards qu’ils ont pu avoir, dans chaque frôlement permis par la promiscuité toute relative des pièces, des fêtes, données dans le loft des deux colocataires.

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Mar 9 Nov 2021 - 16:09

Non. Même si ce regard te fend le coeur et te donne envie de la serrer contre toi, tu as plus de volonté que ça et le regard que tu lui rends est équivoque : tu ne cèderas pas. Tu as beau avoir cette incontrôlable attirance pour la jeune femme, tu n'es pas prêt à mettre en péril ton amitié avec Adam. Tu y tiens trop. Et, tristement pour Victoria, cette amitié est plus importante que tout. Car c'est grâce à Adam que ton divorce ne t'a pas coulé, que ce pseudo renvoi de ta boîte ne t'a pas descendu plus bas que terre. Parce qu'il était là pour te soutenir. Et si cela veut dire renoncer à ce dont tu as le plus envie là, maintenant, tu es prêt à faire ce sacrifice. Même si tout en Victoria t'attire, même ses défauts.

Tu la défies du regard. Ah ? Elle veut jouer à ça. Dommage pour elle, tu as bien plus d'années de pratique dans ton sac et tu es désormais habitué à rester stoïque. Surtout que, pour le coup, tu n'en as pas besoin. L'assurance, tu l'avais déjà la première fois que tu as énoncé ce fait.

- Victoria... Tu vas vraiment me forcer à le répéter ? Tu soupires. Car même si tu n'es pas agacé par la jeune femme tu l'es par la situation. Ca t'écorche déjà bien assez les lèvres de lui avoir dit une première fois une vérité inéluctable, tu n'as aucune envie de recommencer et de lui faire de la peine. Parce que tu n'es pas ce salaud que ta réputation laisse croire que tu es. Tu comprends bien sa démarche et tu en aurais certainement fait de temps si jamais tu n'avais pas été tenu par cette promesse complètement folle auprès d'Adam. Et d'ailleurs, qu'est-ce qu'il t'a prit de faire une telle promesse à ton ami ?

L'idée d'être tenu à quelque chose d'aussi ridicule te torture. Et pourtant, tu sais très bien que rien ne changera ça pour autant. Une promesse est une promesse, aussi stupide soit-elle. Au lieu de quoi, tu te surprends à rêver de ce jour où tu pourras enfin apprécier d'avoir Victoria dans tes bras et de pouvoir goûter à chaque parcelle de sa pe... non, tu ne dois pas y penser. Car ça n'arrivera jamais et c'est pire encore de te torturer à y penser que de ne pas en avoir le droit.

Tu n'as pourtant pas pu t'empêcher de te rapprocher d'elle. Elle a sur toi cet effet magnétique, hypnotisant. Tu ne sais pas si ce sont ses lèvres, ses yeux, son corps, son parfum, autre chose ou tout ça à la fois, mais tu as comme ce constant besoin d'être proche d'elle. Et l'absence d'Adam dans ce champ de vision à trois-cent-soixante degrés ne fait que rendre encore plus puissante cette attraction. Elle est un peu comme ton sens de gravité. Son corps, sa personnalité, tout fait d'elle l'objet de ta convoitise le plus intéressant qui soit à l'instant T.

Oh, oui, tu serais bien son preux chevalier si elle en avait besoin, mais c'est plutôt toi qui est dans la détresse. Toi plutôt qu'elle, à en croire ton corps qui se retient de trembler d'envie, tes lèvres qui se tordent de retenue alors que tu n'as qu'une envie, te jeter sur elle. Mais il y a trop de témoins... beaucoup trop... Et en même temps... tu t'en fous tellement. Même Adam, coincé dans un coin de ta tête verrouillé n'arrive pas à faire venir à toi l'image qui te retournerait vers la raison. La perte de votre amitié. Non, même pas ça ne résiste à cette folle attirance, cette folle envie de la serrer encore davantage contre toi et de profiter de vos peaux qui se touchent...

- Oh, mais s'il le fallait, je te sauverai, je te le promets. Pourtant, cette promesse sonne en l'air : Victoria ne sera jamais cette princesse prisonnière de sa tour dorée. Parce que ce n'était simplement pas son caractère. Elle était si loin de la victime, si loin du caractère monotone et morne d'Elise, si loin de sa position de plaintive, toujours et encore. Ce n'était pas pour ça qu'elle était si intéressante, même si ça y contribuait très clairement. Loin du stéréotype même des femmes qu'il avait croisées dans sa vie, loin de la femme auprès de laquelle il était resté tant d'années alors même que l'envie de fuir était plus grande que tout.

Tu as les mains sur ses hanches, posées avec tant d'assurance que tu en vacillerais. Oui, peut-être que ta réputation n'est pas là pour rien, après tout. Tu te donnes ce rôle de Don Juan alors que tu ne l'es réellement qu'avec elle, dans ce jeu, cet engrenage que vous avez lancé l'un et l'autre. Tu n'es pas un coureur de jupons, mais pour les jupes de Victoria, tu pourrais aussi bien le devenir. Oh, oui, tu pourrais, ça ne te dérange pas.

- Chiche.

Son parfum te chatouille les narines. Tu as envie de tenir cette promesse. Tu tiendras cette promesse. Parce que tu ne promets rien en l'air. Et pourtant, tu es à deux doigts de briser celle que tu as faite à Adam. Parce que tout un tas de scénarios se mettent en route dans ta tête et dans chacun d'entre eux, tu obtiens exactement ce que tu veux : Elle.

Ta respiration est courte, mais tu es davantage surpris de réaliser que la sienne l'est tout autant. C'est plutôt flatteur, de te dire que tu lui fais probablement le même effet que celui qu'elle te fait. C'est très flatteur, d'ailleurs. Parce qu'à côté d'elle, tu es un vieux, tu n'es pas de ces hommes plus jeunes, ceux de son âge, qui pourraient lui offrir tout ce dont elle aurait envie. Tu es plus vieux, tu as un passif. Et tu sais que ce passif pourrait venir se mettre entre vous. Un jour ou l'autre. Si Elise revenait dans ta vie, tu n'aurais aucun mal à l'en ressortir. Mais le fait d'avoir été marié pourrait être plus compliqué à gérer que... Et tu penses déjà à un "vous" alors même que tu n'es pas supposé avoir ce genre de pensée envers Victoria. Tu sais qu'il n'y aura probablement jamais de "vous" et ça te rend encore plus fou que d'être suffisamment proche d'elle pour ressentir sa respiration.

Tu passes ta main dans ses cheveux, caressant sa nuque au travers du voile lisse que sa crinière brune représente. Tu es à deux pas à peine d'obtenir une partie de ce que tu veux. Un bout d'elle. Ses lèvres. Ça ne te suffit pas, clairement. Tu crèves d'envie de plus, tu crèves d'envie de ne faire qu'un avec elle... Tu as besoin de pouvoir caresser chaque partie de son corps, chaque parcelle de sa peau.

- Non.

Tu te surprends toi-même. Comment ça, "non" ? Enfin, Matteo ! Tu te meurs d'attente de ce moment si parfait qu'il en paraît irréel et subitement, le seul mot que tu es capable de dire c'est "non" ? La culpabilité t'aurait presque habité devant son regard déçu s'il n'y avait pas autre chose derrière ce non. S'il n'y avait pas ce fait que tu t'apprêtes à évoquer, cette chose qui pourrait la rassurer mais qui risque bel et bien de faire de toi le connard qu'Adam semble connaître plus que n'importe qui d'autre. Plus que toi aussi, d'ailleurs.

- Victoria... souffles-tu dans un murmure de plainte. Tu la rapproches encore un peu de toi avec ta main, toujours posée sur sa hanche alors que l'autre est délicatement posée sur sa nuque, prête à vous faire vous rapprocher encore davantage et à te faire obtenir ce que tu attends.

Est-ce que tu es prêt à être le goujat de l'année ? La vérité, c'est que oui. Tes yeux plongés dans les siens, tu la regardes alors que l'envie grandit en toi et qu'elle est suffisamment proche de toi pour la ressentir.

Et sans prévenir, tu déposes tes lèvres sur les siennes, attendant qu'elle te laisse jouer avec du bout de ta langue dans l'espoir de goûter à la sienne... Et tu t'écartes un peu.

- Victoria... J'en veux bien plus encore... ton ton est toujours si proche de la plainte... et pourtant c'est davantage une supplication. Si seulement elle te disait oui...

Mer 10 Nov 2021 - 1:21

Chaque minute me prouve la différence qui existe entre les autres et toi

Victeo

Est-ce qu’elle allait vraiment le forcer à répéter ? Sur le moment, la jeune femme avait pensé que oui, désireuse de le destabiliser, de lui laisser penser que peut-être, il avait semblé moins assuré qu’il ne l’avait réellement été. Dans le fond, toutefois, les mots n’étaient guère agréables au point de souhaiter les entendre de nouveau. Elle comptait bien, au contraire, qu’il puisse un jour faire la comparaison, bien qu’elle ait conscience, en même temps, des obstacles empêchant actuellement la chose. Elle ne savait rien de la promesse qui liait l’homme à Adam, sans quoi aurait-elle probablement géré le problème autrement, mais elle savait toutefois que son colocataire n’était guère favorable à un rapprochement entre eux, impactant forcément l’attitude du trentenaire à son égard. Seulement Matteo, la brune l’avait voulu, désiré, à l’instant même où elle l’avait vu. Et comme à peu près tout ce qu’elle souhaitait, Vicky se donnait les moyens de l’obtenir.

S’il affirme qu’il ne pourra jamais faire la comparaison, maintenant une distance illusoire entre eux honorant les volontés d’Adam, l’homme avance vers elle dans un même temps, réduisant la distance physique qui les séparait jusque là et Vicky dessine sur ses lèvres un sourire fin, léger, délicat. D’autant plus que ses propos l’amusent incroyablement. L’idée qu’elle puisse être un jour une demoiselle en détresse enfermée dans sa chambre, privée de soirée par son colocataire, avait bel et bien de quoi faire sourire. Victoria ne correspondait pas vraiment à l’image de la demoiselle en détresse et la plupart du temps, si elle le pouvait, elle préférait nettement se débrouiller seule. Une manière pour elle de prouver que les femmes sont loin d’être des incapables, d’éternelles enfants soumises au père puis au mari et dépendantes de ces derniers. Jamais, probablement, elle ne serait cette princesse enfermée au sommet d’une tour et qui attend le prince charmant pour la libérer. Non, elle frapperait elle-même le dragon pour s’évader. Ce qui ne l’empêche pas de plaisanter sur le sujet, de faire promettre à Matteo qu’il ne laisserait jamais un tel sort lui arriver, s’il advenait qu’elle doive dépérir, enfermée dans quelques pièces que ce soit.

Les mains de Matteo sur ses hanches, Victoria perd son regard dans le sien, leurs souffles se mêlant l’un à l’autre. Ils étaient trop près pour faire marche arrière à présent. Trop près pour se lâcher, pour rétablir une distance respectable qu’Adam souhaiterait voir entre eux et qu’ils étaient pourtant incapables de tenir. Trop proches pour s’éloigner l’un de l’autre. D’autant plus proches que Matteo glisse une main dans la nuque de la brune et le temps alors, s’il ne l’avait pas déjà fait, semble suspendre sa course tandis que les bruits de la fête s’évanouissent pour les laisser tous deux seuls au monde sur leur balcon.

Non. Non quoi ? Un voile discret, fugace, passe dans le regard céruléen. Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Qu’est-ce qu’il voulait ne pas dire ? Perdue dans ses mots, Victoria ne sait comprendre où Matteo veut en venir, l’espace de quelques secondes, jusqu’à ce que, murmurant son prénom, ce dernier la ramène un peu plus contre lui encore. Et Victoria pose à son tour ses mains sur les hanches du coach sportif, son regard résolu à ne plus le quitter, l’observant ainsi quelques instants, le temps qu’il vienne se pencher sur ses lèvres, les dérober des siennes, les taquiner de sa langue à peine quelques secondes trop brèves.

Bien plus encore. La jeune femme frissonne lorsque cet aveu, cette supplique, tombe entre eux dans l’obscurité silencieuse de la nuit. De tous les scénarios qu’elle avait pu imaginer depuis leur rencontre, jamais encore la demoiselle n’avait imaginé qu’il pourrait craquer aussi vite. Jamais encore elle n’avait imaginé que les avertissements d’Adam s’effondreraient tels un château de carte dès l’instant où elle passerait plus de dix minutes seule à seule avec Matteo. Si tous les pronostics étaient déjoués toutefois, ça n’était pas pour lui déplaire. Au contraire. Elle aussi, elle en voulait plus. Beaucoup plus. Tellement plus qu’elle n’était pas certaine de pouvoir être un jour rassasiée de lui. Pas certaine que son désir puisse décroître.

”- Moi aussi.” confesse la brune, débordant de toute l’assurance qui la caractérise si bien.

Plus, ils ne pouvaient toutefois pas l’avoir ici. Ils ne pouvaient guère d’avantage s’y attarder pour s’y bécotter en espérant n’être jamais surpris par quelques fumeurs qui pourraient à tout moment venir cracher ici leur fumée au milieu de quelques éclats de rires et discussions alcoolisées. Il n’y avait guère qu’un endroit où ils auraient l’assurance d’être en paix. Guère qu’un refuge. Un refuge localisé à l’étage du duplex et sur le chemin duquel ils avaient moultes occasions d’être surpris. Les possibilités, malheureusement, n’étaient guère plus vastes.

Glissant un regard dans le salon, par la baie vitrée, Victoria analyse rapidement la pièce, cherchant Adam des yeux parmi les convives assemblés ici ce soir, pour le trouver en grande conversation avec Dimitri, verres en mains, tournant le dos aux escaliers. Avec un peu de chance, un peu de malice aussi, déjouer sa surveillance ne serait pas si difficile. Ce qu’il ignorait ne pourrait alors pas le contrarier. Détruire l’amitié entre les deux hommes était bien la dernière chose qu’elle souhaitait.

”- On se retrouve dans cinq minutes, en haut de l’escalier.” souffle la brune avant de poser la main sur la poignée de porte.

Entrant dans la salle de nouveau, Vicky se glisse discrètement vers le “bar”, le temps de prendre un verre, le temps d’être vue, que son absence ne semble pas trop longue, trop anormale et puis, cela fait, elle gagne les escaliers qu’elle s’empresse de grimper aussi discrètement que possible, avant d’attendre le trentenaire au sommet.

♔♔♔

Never give up

When the sadness leaves you broken in your bed, I will hold you in the depths of your despair. I wanna testify, scream in the holy light, you bring me back to life and it’s all in the name of love, in the name of love, in the name of love...

Mais quelle connerie que cette promesse ! Sérieusement ? Comment pouvais-tu rester suffisamment correct avec ton ami et ne pas céder à toutes les tentations qui émanent du corps de la belle Victoria ? Même toi tu l'ignores. Cette attraction entre vous n'a rien de normal. Car tu ne sais pas ce que c'est que d'être à ce point attiré par une femme. Jamais ça ne t'est arrivé. La seule autre femme que tu as connue, c'est ton ex-épouse. Alors oui, tu regardais peut-être d'autres femmes, mais tu n'as jamais touché aucune de ces cibles visuelles qui t'ont pourtant séduit à l'idée de penser à autre chose qu'à ce couple qui n'a jamais été réel pour toi, un peu forcé, un peu tendu. Bref, tout ce que tu n'as jamais désiré. Et c'est pourtant justement le fait que tu n'as jamais aimé ta femme qui fait de toi ce Don Juan aux yeux d'un de tes meilleurs amis. Comme s'il te connaissait vraiment, il t'a désigné des conquêtes qui ne furent jamais tiennes, dessiné une réputation si loin de tout ce que tu n'as jamais vraiment été. Alors, forcément, ça n'aidant pas, tu l'as laissé parlé, tes tentatives d'explications ayant toujours été vaines. Tant pis.

Mais cette fois-ci, s'il vous surprend Victoria et toi, aucune explication ne sera suffisante pour sauver votre amitié. Est-ce que tu es réellement prêt à prendre ce risque ? Tu n'en sais rien, mais l'appel de la chaleur de la peau de la jeune femme semble plus fort que tout, plus fort même que ta propre raison, si toutefois c'est possible. Pourtant, ta raison t'a vaguement rattrapé, t'efforçant à tout stopper avec un "Non". Qui semble l'avoir perturbée, elle aussi, autant que toi d'ailleurs. Et finalement, l'instant passé, tu as fini par perdre ta raison de nouveau, fou d'envie pour la peau de la jolie brune. Ce que tu lui confesses, par la suite envahi d'une chaleur à laquelle tu n'es pas habitué lorsqu'elle t'avoue que, comme toi, elle désire davantage de ce contact entre vous.

Ses paroles de rendez-vous, elles, te font revenir sur Terre. En haut des escaliers. C'est en train de devenir réel. Tout comme ces risques que vous prenez, et qui risquent de mettre fin à cette confiance qui vous relie Adam et toi. Enfin "confiance", puisqu'il est persuadé que tu ne feras qu'une bouchée de Victoria. En un sens, dans l'immédiat, tu comprends sa crainte : elle est fondée. Mais la provenance de ses craintes quant à tes réactions, elles, ne le sont absolument pas. Tant pis.

Tu laisses ta raison de côté alors même que tu es resté focalisé un temps sur la porte après qu'elle t'a laissé là. Tu regardes ta montre. Les cinq minutes sont très largement dépassés. Machinalement, tu t'avances vers l'escalier, ne te focalisant même pas sur Adam qui ne t'a pourtant pas lancé un seul regard. Et rapidement, tu arrives à destination, tout sourire, heureux de ne finalement pas avoir fait demi tour.

Chaque minute me prouve la différence qui existe entre les autres et toi

Victeo

Vicky dessine un sourire sur ses lèvres en atteignant le sommet des escaliers, attendant patiemment que Matteo l’y rejoigne. Oserait-il s’y risquer ? Elle voulait croire que oui. Il avait semblé être sur la même longue d’onde qu’elle-même un peu plus tôt. Il avait donné l’impression de désirer exactement la même chose. Elle espère bien, donc, que l’homme ne va pas se rétracter maintenant, encore qu’il pourrait parfaitement le faire. Il suffirait, elle ne le sait malheureusement que trop bien, de trois fois rien. Qu’il croise Adam en chemin ou que ce dernier se rende compte de quelque chose. Qu’un ami ou un autre l’interrompe dans sa traversée de la pièce, le détournant de ses objectifs.

Jetant un regard à la foule en contrebat, la jeune femme repère l’homme atteindre les escaliers qu’il gravit avant de la rejoindre, faisant naître sur le visage de la demoiselle un sourire léger. Un instant, elle avait crû qu'il pourrait se dégonfler. Mais comme il atteint l'étage, il semble qu'elle puisse oublier cette hypothèse. Tant mieux. Même si, d'un coup, elle aussi éprouve le besoin de jeter un coup d'œil en direction d'Adam, juste pour s'assurer qu'il n'a rien remarqué tandis qu'un petit stress de l'interdit l'envahit, qu'elle repousse aussitôt pour rendre son sourire à l'homme face à elle. Adam ne se rendrait compte de rien. Il était trop occupé pour se soucier de sa colocataire, trop occupé pour se soucier de ce qu'elle pouvait bien faire.

”- C'est par là.” souffle la demoiselle en désignant la porte de sa chambre.

Bien que le bruit de la musique couvre sans aucun doute sa voix, la brunette suppose que l'homme aura compris ce qu'elle voulait dire. Et pourtant elle reste plantée là une poignée de secondes, comme si elle n'osait pas elle-même croire à ce qu'il se passait. Foutaises. Tout ça était bel et bien réel. Réel et désiré. Son sourire s'élargissant alors, la brunette s'anime, retrouvant sa belle assurance pour venir voler les lèvres du sportif de nouveau, reculant en même temps vers sa chambre.

Sa main tâtonnant le mur, ses doigts agrippent bientôt la poignée de porte qu'elle actionne avant de quitter les lèvres de l'homme, dévoilant sa chambre au regard de ce dernier quoiqu'il n'en ait sûrement pas grand chose à faire.

”- Bienvenue dans mon humble partie privée.”

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When the sadness leaves you broken in your bed, I will hold you in the depths of your despair. I wanna testify, scream in the holy light, you bring me back to life and it’s all in the name of love, in the name of love, in the name of love...

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