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 Ellena - Cause everybody needs a heart to hold

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gare à la crise de la quarantaine
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Ellena - Cause everybody needs a heart to hold
Sam 2 Jan 2021 - 12:49

Il y avait deux semaines que Stephen avait quitté Hambourg pour un retour aux Etats-Unis. Sa mère avait eu une crise cardiaque et était passée à deux doigts d'une mort subite. Fort heureusement, elle avait une volonté de fer, et c'est entourée de sa famille qu'elle s'en était sortie, retournant même chez elle au bout de quelques jours, telle une jeune fille en fleur. Pourtant , cette épée de Damoclès pendait au-dessus de la famille Kessler, et chacun savait que tout pouvait basculer à la moindre seconde. Ces quelques jours loin de l'Allemagne avaient été également emplis de réflexion chez Stephen Kessler.

Loin des théories sur la vie et la mort qui pouvaient le préoccuper, ce sont les derniers instants passés avec Ellena qui s'étaient rappelés à lui. De jour, ces pensées restaient, la plupart du temps, plutôt sages et pleines de questions, de vagues tentatives de se raisonner. Mais la nuit venue, ce baiser prenait vie à nouveau, les lèvres de la jeune femme parcourant son corps de façon si sensuelle qu'il en avait encore des réminiscences sur sa peau dans ses réveils nocturnes.  Un autre élément entrait en compte dans cette équation. Clara. Sa sœur s'était muée en Sherlock en jupon en le voyant réagir et agir de façon si peu commune. Il avait dû avouer, bon gré, mal gré, qu'Ellena Gallagher était plus charmante qu'il ne l'aurait cru et qu’elle lui plaisait énormément. Un cri de joie avait accueilli cette nouvelle, et de suite, Miss Sherlock avait fait ses recherches pour savoir Qui, Quoi? Pourquoi? Etc. Les quelques jours qui avaient suivi cette confidence fraternelle avaient été pénibles au possible.

Il avait tué dans l'œuf ses idées de venir en Allemagne pour rencontrer la blonde en lui expliquant que JAMAIS il n'y aurait quoi que ce soit entre eux. La situation était d'une rare complexité. Il était l’ennemi, il était celui qui pouvait faire tomber de son piedestal la jeune femme, lui voler sa société. Et il devait être impartial dans les éléments qu’il mettrait dans son rapport. Pour cela, il devait mener ses pions avec prudence si il ne voulait pas que son travail n'en pâtisse, mais également que la jeune femme ne perde un pouce de terrain face à Peter Banning. Et si un regard, un baiser ou une aventure entre eux naissait, tout serait foutu. Hors de question de courir ce risque pour elle.. Et pourtant Clara n'y avait pas cru tout simplement car lui même n'était pas convaincu de ses mots. Il était amoureux et n'y pouvait rien.


Londres, le 7 novembre

Rassuré sur l'état de santé de sa mère, il etait revenu dans la capitale anglaise pour quelques heures, il avait prévu de rencontrer les investisseurs afin de faire un premier point avec eux, sans trop de choix après le harcèlement de Banning pour avoir un rapport après seulement 15 jours de travail à Hambourg. Ellena Gallagher avait également accepté de venir dans ses bureaux londonien. C'était une étrange situation, ils n'avaient pu se parler directement depuis deux semaines, quelques mails échangés, mais rien qui ne sortait du contexte professionnel.

La ville de Londres n'est un immense ciel bas plombé et tempétueux.. pour ajouter au fait que son jet était coulé à terre suite à un problème mécanique.

La tour où se trouvaient les bureaux de la HK Corporation, société de Stephen Kessler, était en plein cœur de la City, loin du côté charmant et historique des bureaux de la Gallaher corp. Des immeubles de verres, d’acier et de toutes nouvelles technologies, où la vie grouillait en fourmilière de 7h à 20h à peu près. Au 47ème étage de la One Canada Square, la vue était imprenable sur le tout Londres. Stephen adorait cette vue, cette ville. Il avait la veille terminé son premier etat des lieux durant le voyage le menant de Washington à Londres. C’est Cathy qui avait accueilli tout le monde, les faisant patienter dans la grande salle de réunion qui donnait en vue panoramique sur la ville. Il y avait surement pire comme attente. Une table toute en longueur qui pouvait accueillir une 20aine de personnes, des dossiers déjà posés à chaque place.

Ici il était sur Son territoire, son bébé. Et il comptait bien reprendre la main sur le dossier de la Gallagher Corp. et couper l'herbe sous le pied de Banning qui commençait à lui chauffer les oreilles, mais sérieusement. Chacun des investisseurs arrivait, chacun accueillit avec soin, et quand la jeune femme arriva à son tour que l'on pouvait commencer la réunion. C’est donc pile à l'heure qu’il arriva dans la salle habillé impeccablement d'un costume sur mesure aux teintes foncés.

Un parfum délicat reconnu dans cette testostérone de masse. Il inclina légèrement la tête en passant devant Ellena. Belle comme un jour de printemps dans la grisaille de son ciel personnel.


- Mademoiselle Gallagher, Messieurs, je vous en prie prenez place.

Lui même s'installa au bout de la table laissant chacun prendre place aux places qui leur avaient été désignées. Ellena sur sa droite, Banning sur sa gauche. C'était sa seule exigence, pour le reste sa secrétaire avait fait comme elle avait désiré. une secrétaire qui revient avec un bloc note s'installant à une table placée juste à coté.-  Cathy va prendre en note tout ce qui se dira ici et vous fera un compte rendu dans la soirée. Il n'attendait pas d'accord ou de désaccord sur ce fait. Cela serait. Il déboutonna son veston afin d'être plus à l'aise, peut-etre aussi etais-ce un toc qu'il avait acquis après ces années aux affaires.

- Nous sommes donc réunis à la demande de M.Banning et des investisseurs de la Gallagher corp afin de faire un premier point sur la mission qui m’a été confiée, à savoir juger de l'aptitude ou de l’inaptitude de Mademoiselle Gallagher de gérer correctement la société qu’elle possède et dont vous êtes, messieurs, les investisseurs principaux. - Les rapports qui sont devant vous résument donc la période de 15 jours durant lesquels je me suis rendu à Hambourg pour commencer cette .. évaluation.

- Je remercie Mademoiselle Gallagher de son accueil et de sa disponibilité, ainsi que celle de son équipe, suite aux diverses demandes que j’ai pu lui formuler sur ma façon de travailler. La regarder simplement .. Non ne pas plonger mon regard dans le sien, surtout pas. - Dès mon arrivée donc, deux dossiers ont retenus mon attention et j’espère en voir la finalité. La Yagger et la Kassog. ….

Durant près d’une heure il énuméra point après point les étapes du travail qu’il avait effectué, les étapes effectuées par l’équipe d’Elena, une mention spéciale à Mark Perkins  et aux équipes du juridique. Il ne cacha rien du travail effectué, aussi bien par lui, que pour les equipes de la Gallagher. Aucun jugement, simplement des faits. Il y avait des problèmes à résoudre, cela à été effectué. Point barre.


- Vous avez donc géré ces deux contrats Stephen? Interrompit Banning, dans une sorte de triomphe malvenu en regardant Ellena.
- Non. J’ai apporté ma contribution et mes informations comme collaborateur, Mademoiselle Gallagher a prit d’elle même les décisions qui importaient pour sa société. Vous m'avez également demandé ce genre de conseils auprès d'elle, c'est ce que je fais.
- Et notre problème de ne pas investir aux Etats Unis?
- Le votre Peter, uniquement le votre.

Quelques sourires s’élargirent dans la salle , on aurait même pu entendre quelques rires si les investisseurs ne se retentaient pas. Comme quoi Banning était le seul à qui cette décision posait un véritable prblème.

- Nous n’avons pas encore parlé de ce point avec Mademoiselle Gallagher, meme si en connaissant mieux sa société et son équipe je pense savoir pourquoi elle refuse, en toute légitimité, d’investir aux Etats Unis;
- Et notre avis en tant qu’investisseurs. Elle doit s'y tenir !
- Peter. Ce n’est pas un avis que vous formulez mais une obligation
- Nous voulons investir là- bas ! martela l’homme d'affaires rouge colère laissant quelques mouches voler dans un silence de mort.
- N’élevez pas la voix ici je vous prie. Même si Stephen gardait son calme, son ton était passé de bon prof qui débite un cours à tais toi mec.
- Comme je vous l’ai dis ce point n’a pas encore été soulevé. Nous y reviendrons à la fin de ma mission. pas avant. Un point que je désire soulever cependant.
Mademoiselle Gallagher. à la vue du travail qu’il reste encore à accomplir, j’ai une demande à vous formuler, vous pourrez refuser sans que cela ne vous cause un préjudice quelconque. Un mois pour juger de votre travail c‘est vraiment très peu. Nous venons à peine d’effleurer * votre peau *  vos affaires. Accepteriez-vous que je reste au moins quelques semaines de plus ? selon les modalités de votre choix dans vos bureaux ou ailleurs en ville comme nous en avions discuté voici quelques temps , ou dans un moindre esprit de présence que je reviennes de temps en temps en Allemagne pour voir l’avancée des deux dossiers que nous avons commencés ensemble ?.Je pense que je ne pourrais conclure qu'à ce moment précis Les affaires ? avec Vous? Putain de pensée déviante !

@ellena gallagher
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Re: Ellena - Cause everybody needs a heart to hold
Dim 10 Jan 2021 - 11:06
Londres, ma belle. J’aime cette ville. J’aime ce mélange entre passé et avenir ; entre les bâtiments d’un autre temps et les tours résolument modernes de la city ; entre la majesté de la tour de Londres et le magistral ‘Gherkin’ ; entre le calme de Hide Park et l’animation de Soho. J’aime autant l’une et l’autre facette. J’aime autant faire les boutiques à Nothing Hill que d’admirer les lumières de Piccadilly Circus. J’aime cet endroit et pourtant je l’ai quitté parce qu’il y a un petit quelques chose, une étincelle, en plus à Hambourg que je ne retrouve pas à Londres. Pourtant, c’est toujours avec plaisir que je descends de l’avion pour retrouver ma capitale et ses souvenirs.
Toutefois, quand j’ai posé le pied sur le sol anglo-saxon, ma belle ville de Londres est lugubre. Entre les immenses nuages noirs, les bourrasques violentes et la pluie battante, on peut dire qu’elle nous montre tous les clichés de la météo britannique. J’aurais pu rendre visite à ma patrie en des circonstances moins sombres, mais j’ai un rendez-vous dans les bureaux de HK Corporation. Deux semaines auparavant, il a été convenu, ou devrais-je dire imposé, que nous nous retrouverions pour établir un bilan du travail de Stephen Kessler au sein de mon entreprise. Banning veut, comme de coutume, aller trop vite en besogne. Mon investisseur anglais s’imagine sans aucun doute que l’inspecteur qu’il a mandaté a déjà plus d’informations que nécessaire pour me désarçonner. Si seulement Banning savait. S’il savait tout ce qui a pu se passer au cours des semaines que j’ai passé aux côtés de Stephen Kessler. S’il savait pour le travail, les concertations et ce baiser… J’ai tout fait au cours de ces deux dernières semaines pour ne penser qu’à la dimension professionnelle de notre collaboration. En d’autres mots, j’ai tout fait pour oublier ce moment d’intense volupté que nous avons partagé, avant qu’il ne nous quitte pour une obscure raison. Le trouble m’a emporté dans son tourbillon à la minute où nos lèvres se sont séparées, où ma raison a repris le pas sur l’instinct. Je n’arrive toujours pas à expliquer comment nous en sommes arrivés à ce résultats ; comment, d’une seconde à l’autre, nous sommes passés d’une pugnace discussion à un baiser brûlant. Alors, j’ai fait ce que j’ai toujours fait : j’ai enseveli mes questionnements et mes incertitudes sous le travail, ne laissant aucune place à quoi que ce soit d’autre dans mon esprit. Cela a eu le mérite de bien fonctionner. Du moins, le jour… Je ne pouvais malheureusement pas contraindre mon inconscient la nuit et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est prolifique... Mark a bien essayé de connaitre la raison de mon acharnement professionnel de ces deux dernières semaines, mais il s’est heurté à un mur de calme et de maitrise. J’ai réussi à conserver ce flegme tout étudié qui n’a tenu qu’au fait que celui que mon avocat nomme avec amusement le « pirate » ne se trouvait pas dans les parages ces derniers temps. Ainsi, la perspective de devoir le retrouver me laisse perplexe. D’autant plus que ces retrouvailles ne se joueront pas à huit-clos, mais en présence du conglomérat des pleutres au grand complet.

Rester professionnelle, c’est la résolution que je me répète une énième fois tendant mon bagage au chauffeur chargé de me déposer à bon port. J’ai découvert le visage qu’arborait la ville de mon adolescence sous le parapluie tendu à bout de bras au-dessus de ma tête par l’homme en livrée grise. Je resserre autour de moi mon long manteau gris, protégeant mon tailleur beige, avant de rentrer dans l’habitacle. Je regarde défiler le paysage urbain tout en me demandant comment va se passer notre rencontre. Allons-nous être tendus ? Gênés ? Froids ? Fidèles à nous-mêmes ? Divers scénarios sont possibles et je tâche de les noyer dans le flot des dossiers que j’ai emporté.
Après un bref passage par les bureaux londoniens de Gallagher Corp., j’arrive dans la forteresse de Kessler. Cet immeuble bien connu de la city londonienne en impose par taille et la renommée des entreprises qu’elle accueille. De retour dans mon monde, je reprends toute la contenance qui accompagne ma fonction. Nous nous sommes mis d’accord pour nous rencontrer dans les bureaux de la HK Corporation afin de tous nous retrouver en terrain neutre, mais il est hors de question que je montre la moindre appréhension, le moindre signe de crainte. Le visage fermé, l’esprit en ébullition, j’arrive au 47e étage. Je n’ai pas le temps de m’appesantir sur l’aspect des bureaux de l’inspecteur de Banning qu’une jeune femme souriante, armée d’un bloc-notes et d’un stylo, me salue. Arrivée avec un peu moins d’une heure d’avance, elle s’étonne de me trouver là devant son bureau à cette heure. Je lui souris simplement sans donner davantage d’explication. Elle me conduit dans une vaste salle de réunion lumineuse. Je soupire d’amusement face à la taille de la pièce et la longueur de la table : la démesure à l’américaine. Cathy quitte la pièce toujours troublée. Je parcoure la salle en admirant la vue qu’offre la baie vitrée. La city s’étend à mes pieds dans toute sa splendeur et dans toute sa complexité. Je reste quelques minutes devant ce panorama comprenant ce qu’elle peut avoir d’attrayant et d’éloquent. Je porte mon attention sur les chemises cartonnées sur la table. Je remarque que deux d’entre elles sont nominatives alors que les autres sont anonymes. Stephen Kessler a prévu son plan de bataille et il me plait énormément : Banning et moi nous faisant face comme les deux adversaires que nous sommes, laissant aux autres l’occasion de choisir leur place, leur camp. Si j’ai voulu être là en avance c’est pour, moi aussi, avancer mes pions. Je ne veux pas céder une once de terrain à Banning, ne lui laisser aucune occasion. Je veux qu’il sache que j’occupe la place que je me suis construite et qu’il ne sera pas aisé de m’en déloger. Comme prévu, l’investisseur anglo-saxon entre dans la salle un moment après moi, surpris de d’ores et déjà me trouver assise dans le fauteuil à droite de la place d’honneur, le panorama en toile de fond. Nous nous saluons en toute courtoisie et nous accordons quelques mots du bout des lèvres. Je le vois déjà se complaire dans son orgueil sans même connaitre toutes les données, persuadé d’avoir remporté la bataille. Un sourire carnassier se peint sur mon visage. S’il savait…
Quelques minutes avant que les hostilités ne commencent, les autres investisseurs de l’entreprise font leur entrée. Comme à son habitude, Dimitri Azarov se lance dans une série de compliments à mon égard tout en déposant un baiser sur le dos de ma main. Ce geste qu’il exerce avec moins de charme et de naturel me rappelle ma première rencontre avec Kessler. Je souris à l’investisseur russe face à cette insistance habituelle.
La Russie évincée par l’Amérique, cela pourrait être un scénario de blockbuster, mais c’est simplement ce qu’il s’est passé quand notre hôte a fait son apparition. Je délaisse Azarov et ses sourires appuyés pour porter mon regard sur l’homme qui passe la porte. Je me rends alors compte que mes souvenirs ne lui ont absolument pas rendu justice. Ce costume. Ce parfum. Cette aura. Cet homme… Je lui rends son signe de tête tout en me faisant violence pour maitriser les idées qui pullulent dans mon imagination. Nous sommes loin de l’image troublée qu’il m’a laissée au cours de notre dernière entrevue. Il est dans son domaine cela transparait dans tout ce que nous avons sous les yeux. Il exsude l’assurance à travers ses regards et ses gestes. Je pourrais me laisser fasciner par cette confiance, mais je suis happée par l’excitation que transpire Banning. Je braque mes yeux sur lui et croise les mains devant moi mes coudes reposant sur les accoudoirs, parfaitement prête à entendre ce bilan. Sa voix… J’avais oublié sa profondeur et toutes les arabesques électriques qu’elle peut créer en moi. Je m’attache attentivement aux mots qui énoncent ce que la plupart savait déjà. Soudain, un sourire nait sur le visage de Banning. Dans tout ce qu’a pu dire l’homme d’affaire à ma gauche, il ne retient que les conseils qui m’ont été prodigués. Dans son esprit encrassé par son envie de me faire choir, il perçoit ces conseils comme des aveux de faiblesses, comme des preuves que je ne suis pas apte à gérer mes affaires. Je lui lance un sourire et voudrais lui répondre que personne ne prend les décisions à ma place, même si cela lui plairait énormément de me voir sous sa coupe. Je voudrais également lui dire que, pendant l’absence de son espion, je ne suis pas restée dans mes bureaux à tourner en rond en me torturent l’esprit sur ce qu’il fallait faire à propos des dossier en cours. Cependant, notre inspecteur est plus rapide que moi à répliquer. Intérieurement, j’éprouve une profonde satisfaction face à la défense de Kessler. Visiblement, il n’y a pas qu’à moi qu’il faut rappeler cette dimension du contrat. Se sentant perdre du terrain face aux mots de celui qui devrait être son allié et face à mon sourire, il revient sur sa récrimination principale : l’Amérique. Comme un animal qui se sent pris au piège, il attaque avec la dernière carte qui lui reste. Je n’ai pas besoin de jeter un œil à la salle pour voir les sourires et entendre les ricanements de nos collaborateurs. Les États-Unis, ce rêve de démesure qu’il n’atteindra jamais seul. Il voudrait pouvoir disposer ne serait-ce que d’une infime partie de cette grandeur. A dire vrai, je ne suis pas certaine qu’il mesure la portée de l’ouverture sur le marché outre atlantique, tout aussi dangereuse qu’attrayante. Je n’ai pas le temps d’intervenir dans leur joute, vu la vitesse de l’échange. Moi qui n’ai jamais voulu être la princesse en détresse sauvée par le preux chevalier, j’éprouve un plaisir sans nom à voir Stephen se dresser face au dragon Banning. Ce dernier réagit comme tout homme acculé, il hausse le ton et, comme tout enfant gâté, il tape des poings sur la table. Presque aussitôt remis à sa place, l’investisseur vindicatif s’enfonce dans son siège fort peu satisfait de ce qu’il vient d’entendre. A n’en point douter, il n’a pas dit son dernier mot, en particulier à celui qui aurait du être son allié.

Je quitte ce réjouissant spectacle pour me focaliser sur l’homme qui a pris ses quartiers dans mon inconscient depuis quelques jours. Il veut mon aval pour la prolongation de sa mission. Je savais parfaitement qu’un mois serait un délai très, voire trop, serré pour le travail qu’il a à effectuer. J’ai imposé ce délai en toute connaissance de cause, voulant me débarrasser au plus vite de celui que Banning choisirait de me mettre dans les pattes. Pour arriver à cela, je me suis promis de ne pas transiger sur ce temps accordé. Toutefois, il n’est plus seulement question de cela, mais aussi de ce que signifierait la fin de cette collaboration à savoir le départ de Kessler, de son envoûtant sourire et de son esprit aiguisé. Je devrais donc refuser cette prolongation pour rester fidèle à ce que j’ai décider. C’est tout du moins ce que ma raison m’exhorte de faire, mais il y a des raisons que même le bon sens ignore. C’est alors que plongée dans ses yeux verts, j’ai accepté. Avancée sur la table de réunion, les mains toujours croisées, j’ai accepté. J’ai évidement loué et remercié son travail efficace et ses conseils avisés. J’ai appuyé l’idée qu’il doit rester dans l’enceinte même des bureaux de la Speicherstadt permettant ainsi un travail prompt et efficace tant pour lui que pour moi. Balayant la pièce du regard, j’ai à mon tour décrit les aspects de ses collaboration, sans évoquer ma folie du dernier jour, permettant ainsi de montrer aux investisseurs assis autour dans cette pièce toute la volonté que j’ai investi dans cette demande et tout le bénéfices qu’elle apporte, mettant une nouvelle fois Banning en porte-à-faux face à ses élucubrations. Tout cela, ce sont les mots officiels, ceux qui ont fait fulminer de colère l’homme assis juste en face de moi à un point tel qu’il en aurait déchiré le dossier avec ses dents. Et puis, il y a les termes officieux cachés derrière tout ce discours : j’aurais voulu louer tout ce qui chez lui me replonge dans mes émois d’autrefois, remercier la douceur et la passion de ses lèvres ; si je refuse qu’il s’installe ailleurs c’est pour continuer à torturer mon esprit et le voir même si je m'interdirai de l’approcher autrement que professionnellement. Mais tout cela, je le garde pour moi.
La réunion s’achève comme d’habitude par la décision de la date de la prochaine confrontation qui donnera l’occasion à Stephen Kessler d’étoffer son dossier. De la fumée semble sortir des oreilles de Banning tant il est en colère, il me salue hâtivement et sort presque instantanément de la pièce comme s’il avait le diable aux trousses. Les autres collaborateurs s’attardent pour échanger avec moi et l’inspecteur qu’il viennent de rencontrer quelques mots, une poignée de main, des remerciements. Et puis, il y a Azarov. Il me bombarde de compliments avant d’achever sa litanie par une invitation à dîner que je décline poliment. Je me tourne afin vers celui que j’ai tâché d’éviter jusqu’au dernier moment. Je le remercie pour la justesse de cette présentation avant de lui demander des informations sur son retour. En réalité, une partie de moi, la moins mesurée et la plus aventureuse des deux, espère qu’il me propose de décoller avec lui, dans son jet privé, mais cela je ne le réaliserai que bien plus tard. Néanmoins, il semblerait que le sort ne soit pas de mon côté. Face aux problèmes techniques que rencontre l’appareil, je lui propose qu’Ugo réserve également un billet pour lui, sur le prochain vol de retour. Cet échange semble crépitant, tendu. Il est droit, froid, expéditif. Je ne m’attendais pas vraiment à ce qu’il m’accueille avec allégresse, mais pas non plus à ce qu’il semble men vouloir profondément. Trop grisée par cette minuscule victoire sur Banning, je ne prends pas le temps d’en prendre ombrage, même si c’est moi qui devrait lui en vouloir, après tout c’est lui qui nous a mis dans cette situation en m'embrassant quelques semaines auparavant.

Quelques heures plus tard, assise dans mon bureaux londonien, je reçois la confirmation de mon assistant que je transmets derechef à celui qui sera mon voisin de vol. Je ne vois pas réellement pourquoi je ne lui dis pas que mon rendez-vous de cet après midi n’est autre que ma mère que je retrouve pour prendre le thé. Peut-être est-ce parce que je n’en vois pas l’utilité, après tout nous ne sommes que des collègues. Peut-être est-ce parce que je ne donne jamais ce genre d’information personnelle. Peut-être est-ce, de manière un peu sadique, pour lui donner du grain à moudre : tu n’es pas le seul sur le marché alors il va falloir te battre. Je n’en ai aucune idée, mais le fait est que l’on ressent la distance qu’il impose dès le message qui suit.
Et puis, il y a eu le vol et ces instants volés : le bien-être de m’être endormie contre lui, cet échange sulfureux concernant la vue qu’offrait mon chemisier transparent, la douceur dont j’ai sciemment fait preuve lorsque le steward retirait les morceaux de verres de son bras, nos mains jointes, ce baiser d’une profonde tendresse… tout cela sur un fond de turbulences et d’incertitude face à notre avenir.
Finalement, le chat noir a failli à sa réputation, pour le plus grand bonheur de tous.

Nous avons fini notre chemin dans un hôtel submergé par les demandes de voyageurs qui, comme nous, ne sont pas arrivés à destination à cause de la tempête qui ravage le ciel. Laissant à mon compagnon de voyage le soin de régler la question de notre hébergement, je m’éloigne quelques instants pour rassurer le couple Perkins. Pour couper court aux interrogations frénétiques de Mieke, je lance une remarque qui, je le pensais, ne serait entendue que par mon interlocutrice. Cependant, le sort en a voulu autrement et c’est un monsieur Kessler pétillant de malice que je trouve dans l’encadrement de la porte. Vraisemblablement, il n’a pas perdu une miette de ma dernière tirade, comme en témoigne ce franc sourire sur ses lèvres. Mon dieu, ce qu’il est bel homme quand il sourit !

«- Votre « maman » est très ... prévenante… je laisse échapper un rire léger face à sa remarque quand je sens une pulsation électrique se rependre dans mes veines à son approche, il avance vers moi avec une assurance prédatrice qui me fait tourner la tête. J’espère que vous avez une boîte de vingt… penché sur moi, il me murmure ces quelques mots déclenchant un délicieux et brûlant frisson qui, démarrant de bas de mon dos jusqu’à la racine de mes cheveux, me pousse à me mordre la lèvre inférieure pour ne rien laisser échapper d’honteusement préjudiciable ; attendez une minute, je rêve où il flirte outrageusement avec son sourire tendancieux ?
- oh très cher… je glousse brièvement avant de me plonger dans ses yeux. A votre âge, ce ne serait pas raisonnable… une caresse volatile sur sa joue avant de laisser ma main reposer sur son épaule m’approchant davantage, à quelques centimètres à peine de ses lèvres si tentantes. Vous ne tiendriez jamais le choc… je murmure ces derniers mots avant de m’éloigner avec un sourire mutin aux lèvres ; je me laisse aller à tout ce que je me suis interdite : je viens de le provoquer sur son âge et sur ses performances et, pour un homme, c’est souvent fatal de s’attaquer à ces sujets.
- Nous avons un problème… son sourire se fait moins espiègle en me tendant une carte magnétique.
- Oh, je vous en prie, ne me dites pas que vous avez été assez odieux pour ne pas retenir une chambre pour moi aussi ? je le questionne sans aucun animosité alors qu’il continue de me regarder avec un air grave. Oh, je vous en prie, dites moi que vous avez été assez odieux… réalisant que c’était la seule option qu’il devait rester, quelques secondes passent et je jette un œil à son bras puis à ma chemise rougeâtre. Bon et bien nous ferons avec… je saisis la clé devant moi. 4e étage, chambre 20… Je vous préviens, je prends le lit du côté de la fenêtre. je lui souris avec amusement. »

Mieux vaut voir le bon côtés des choses, nous allons pouvoir nous débarrasser de l’odeur de cosmopolitan que nous trainons dans notre sillage. Je prends la direction de l’ascenseur qui arrive étrangement rapidement pour un soir ou l’établissement est bondé. Nous prenons place au fond de l’habitacle, seuls. Même à une distance convenable l’un de l’autre, je sens encore cette décharge qui la traversée lorsque nous badinions quelques instants plus tôt. Je sens que cette nuit ne va pas être aussi reposante que je l’aurai espéré. La cabine s’élève vers le deuxième étage où elle se rempli d’un certain nombre de client, désireux de faire une escale au restaurant de l’hôtel avant de rejoindre leur chambre. Cet afflux massif nous pousse à nous retrouver l’un à côté de l’autre a une distance bien moins convenable. A cet instant précis, s’il le voulait, il n’aurait qu’une mouvement à faire pour passer sa main autour de mes hanches et c’est la pensée la moins licencieuse qui me traverse a cet instant. Je m’excuse de se rapprochement forcé par un ‘navrée’ avant d’essayer de maîtriser mon imaginaire.
La foule se dissipe entre le troisième et le quatrième étage et nous sortons à notre tour. Nous finissons pas trouver notre chambre au fond du couloir moderne aux nuances taupes. Je glisse la carte dans la serrure et, en ouvrant la porte, je découvre la pièce qui va nous accueillir pour la nuit. Sans être minuscule, elle n’est pas non plus immense. À droite de l’entrée, se trouve un bureau sur lequel trône une machine à café ; à littéralement quatre pas, contre le mur à notre droite se trouve le lit avec, de chaque côté, un meuble faisant office de table de nuit. À notre gauche, une première porte conduisant sans doute vers la salle de bain et deux autres coulissantes pour ce qui fait office de penderie. La pièce est peinte et décorée dans des tons clairs allant du blanc au beige avec quelques nuances de gris dans les serviettes de la salle d’eau. Une chambre acceptable en somme si ce n’est que je constate avec stupeur que ce ne sont pas des lits jumeaux que nous aurions pu séparer, mais un seul et même lit double que nous allions devoir partager. Ai-je été aussi mauvaise que cela dans une vie antérieure ?
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Re: Ellena - Cause everybody needs a heart to hold
Dim 21 Fév 2021 - 22:01
Londres .

Il y avait bien des années que Stephen Kessler avait choisi la belle capitale Anglaise pour ses bureaux européens, quittant ainsi un Wall Street étouffant par sa grandeur démesurée. Sa volonté de s'établir en Europe était autant une bouffée d’air pur pour lui, qu’une façon de découvrir l’Europe et ses affaires, qui ne ressemblaient en rien à ce qui se déroulait aux USA. La City, bien que bordée d’immeubles, gardait encore l’humanité qui manquait à la Grosse Pomme. Tout était bien plus simple ici. Plus calme aussi.  Dans les locaux qui accueillaient son entreprise, Kessler ne laissait aucune place au hasard, surtout pas quand sa réputation pouvait entrer en jeu. Banning avait joué avec celle-ci et allait s’en mordre les doigts. Mais pour cela il devait se montrer plus prudent qu’à l’accoutumé. Ce qui s’était déroulé avec Ellena Gallagher lors de leur dernière entrevue, ce baiser ardent venu d’un inconscient caché,  ne devait surtout pas revenir sur le devant de la scène, pas maintenant, pas face à un public qui pouvait détruire tout ce qu’il avait, ce qu’ils avaient construit à coups de centaines, voir milliers d’heures de travail acharné. Heureusement l’un comme l’autre ne voulait pas que soit exposé au monde cet interdit bafoué quelques semaines plus tôt.

Ellena était égale à elle même quand il arriva dans la salle de réunion. Elle illuminait de sa présence ce monde d’affaires hostiles. Belle. Intelligente. Rayonnante. Et comprenant rapidement et silencieusement où voulait en venir l’homme d'affaires. Et pour une fois, elle ne monta pas au créneau dès qu'il ouvrit la bouche. Elle le laissa dévoiler pièce après pièce le meilleur de leur relation professionnelle. Oublié l’accueil en demi-teinte,  oublié les dossiers et les réunions dont elle ne lui avait pas parlé, oublié les anicroches de leurs nombreux échanges. Chacun loua l’autre sans trop en faire. Un juste dosage dans le partenariat d'affaires. Et puis Banning fit très exactement ce qu'on attendait de lui. Sautant sur les moindres détails pour défendre une position qu’il savait plus que bancale. Et attaquant derechef la jeune femme se trouvant face à lui. Inacceptable. Kessler le renvoya dans ses pénates sous les regards moqueurs des autres administrateurs. Personne n’avait à juger des affaires de Kessler avant que la fin de son rapport ne soit établi. Et cela, meme Banning devait ronger son frein. L'Anglais savait parfaitement que Kessler n'était pas son allié, aussi se contentat-il après quelques échanges, à grommeler dans son coin.

Et arriva la demande de Stephen à la jeune présidente. Une demande somme toute évidente, mais qui aurait pu sonner le glas de leur proximité. La décision lui revenait en tout point. Et dans le regard vert qu’il posa sur elle, l’espoir qu’elle lui autorise quelques semaines de plus à ses cotés. Espoir rapidement comblé. Non seulement elle lui donnait carte blanche pour continuer, mais qui plus est, elle lui réitéra la demande de rester au sein de ses bureaux, miroir du mail qu’il avait reçu après leur baiser et son départ rapide vers les Etats-Unis. Un sourire. oui il ne put s'empêcher à ses quelques mots d’etre ravi. Heureux même. Il avait besoin de ces quelques semaines en plus, autant pour continuer et terminer sa mission, que pour comprendre ce qui se passait réellement entre eux. Ce baiser n’était-il que la preuve de leur frustration, geste qui resterait sans conséquence, et sans suite. Ou bien .. ce creux à l’estomac quand il était à ses cotés était-il signe de quelque chose de plus profond, d'inconnu, d'inédit .. Un remerciement poli, une demande à Cathy d’ajouter des avenants au contrat initial et l’affaire fut pliée en 1h. .

Ce qui fut moins plaisant était les regards presque insistants de cet Administrateur russe qui semblait avoir un large penchant pour la jeune blonde. C’était gênant. C’était énervant. C’était … en quoi cela etait ses affaires au juste? Pointe de jalousie qui ne dit pas son nom. Kessler ne l'avait pas en grippe, il n'était pas ce genre d'homme, mais il voyait en lui l'adversaire sans talent, l'ennemi qui n'en était pas un, vu le peu d'attrait qu'il semblait obtenir de la jeune femme. Car même si Ellena restait polie envers le Russe, il manquait cet éclat dans le regard, même éclat qui faisait chavirer Kessler en toute conscience.

Stephen devrait, à nouveau, laisser l'Angleterre derrière lui pour retourner en Allemagne. Mais qui avait dit que les choses devaient se passer simplement? A croire que le destin se mêlait de choses qui ne le regardait pas et en plus que ca Le faisait rire. L'avion de Stephen était cloué au sol suite à un problème mécanique, et c'est Ellena qui lui propose de prendre une ligne commerciale à ses cotés. Proposition acceptée, après tout que pourrait-il se passer dans le lieu en vase clos? L'idée d'un baiser en tutoyant les anges lui vient à l'esprit .. avant que l'idée ne dévie largement. Heureusement les quelques heures loin de l'autre entre la réunion et le décollage en plein tumulte tempétueux calment ses idées trop romantiques ou ardentes. Il fallait absolument retrouver l'état professionnel et distant qu'il prenait avec chaque personne qu'il pouvait rencontrer durant ses périples d'affaires. Oui, ca c'etait la version raisonnable qui aurait peut-etre pu fonctionner, si ce n'était que rien ne se passait comme il l'avait imaginé.

Ce trajet chaotique en avion avait débloqué un quelque chose d’inattendu chez lui. Il avait eu peur. Véritablement peur. Une de ces peurs qui te fait te rendre compte de ce qui ne va pas dans ta vie. Et de ce que tu désires réellement. Ou bien etais-ce simplement l’adrénaline qui le rendait réceptif aux charmes d’Ellena. l’un ou l’autre, il charmait et voulait être charmé par elle. Uniquement par elle. Etonnement elle semblait dans le meme etat d’esprit. Jouant avec lui, avec leur proximité physique. Retrouvant l'étrange douceur de ses lèvres, la passion derrière leur échange. Et la raison laisse place à un capharnaüm d'émotions. Un flot le subjuguant. Un flot le renversant, loin des habitudes d'une vie où le travail comptait pour tout. Et il aime cette découverte d'un autre lui. D'un lui à elle. Simplement. Sans y penser.

Mais leur périple ne faisait que commencer. L'avion avait finalement atterrit loin d'Hambourg, et meme si la compagnie aérienne leur payait l'hôtel pour la nuit, rien ne semblait aller comme il fallait. Les places semblaient limiter et ce fut avec une seule carte magnétique qu'il revient auprès de la jeune femme qui était au téléphone. Les quelques mots qu'il entendit au vol l'amusèrent et de cet amusement, un jeu du chat et le la souris se charmant tour à tour, allant de plus en plus loin dans l'équilibre indécis de leur coté raisonnable, jusqu'à faire basculer le tout dans un flirt éhonté et sans équivoque.  Ils se cherchent, ils se désirent, ils s'affrontent, se touchent. Tout avec une telle facilité qu'ils ressemblent à ces couples à l'amour inaltérable et complice. La main d'Ellena sur sa joue, légère et douce, il voudrait s'y abandonner, se jeter à corps perdus dans la douceur qu'elle dégage, mais c'est la taquinerie qui nait entre eux et les emporte dans une discussion sortant des chantiers battus. Une histoire de préservatifs les entraine si loin de la retenue habituelle entre la Présidente de la Gallagher Corp. et l'homme d'affaires. Leurs corps sont de plus en plus proches, plongés dans le regard de l'autre, leurs visages se frôlant d'une proximité chaleureuse


- Ma chère Ellena, je suis à votre entière disposition pour tester ma résistance physique quand vous désirez et comme vous le désirez. Et ne dit-on pas que l'expérience gagne sur la jeunesse par KO.Il pencha la tête venant effleurer son oreille pour murmurer juste pour elle, créant une bulle de chaleur entre eux. - Ou bien craignez-vous de ne pas tenir le choc face au vieux briscard que je suis? L'invitation était claire et sans aucune équivoque. Mais depuis quand cet homme qui est généralement décris par ses employés comme froid et réfléchis, se met à draguer comme un collégien la plus improbable des personnes, celle qu'il devrait éviter à tout prix. Le visage d'Ellena passa tour à tour d'un air mutin à un visage décomposé à la vue de l'unique carte d'accès. Quant à lui? Il était presque désolé. Presque. Il grimaça néanmoins, très légèrement. Avait-il été odieux? Peut-etre oui.

- j'ai tout essayé, vraiment. Mais il ne reste qu'une chambre à des kilomètres à la ronde. Ce n'était pas faux et la carte disparue dans les mains féminines. L'un et l'autre avaient besoin de se reposer, cela se sentait. Et aucun ne semblait vouloir se prendre la tête encore quelques heures sur la recherche d'une chambre hypothétique. L'ascenseur devient un point de rupture physique, pour au moins quelques secondes. le temps de faire descendre l'électricité qui courait entre eux, comme cela fut le cas des semaines plus tot à Hambourg. Mais meme cela ne dura pas avec le monde se pressant dans la petite cabine, les obligeant à se rapprocher. Un peu. Un peu plus.
Le navré d’Ellena résonna entre eux, amusé il se pencha légèrement, leurs épaules se touchant, sa main se posant avec douceur sur sa hanche pour lui murmurer :
- Moi pas.

Tout était dit sans le dire vraiment. Les silences aussi importants sur les mots et les regards. Enfin le lieu du délit devant eux. La chambre n’était pas la plus spacieuse qu’il ait pu connaitre, ni meme la plus classe, mais elle leur permettrait au moins de pouvoir se reposer avant de prendre la route le lendemain. Cependant ce léger inconvénient fut balayer par un plus grand, ce lit n’etait pas un lit jumeaux comme il s'y attendait, mais un lit double, sans possibilité de les séparer. Il laissa tomber son sac de voyage sur le sol regardant comme Ellena ce lit qui allait les accueillir. Non mais là c'était un complot du destin, pas possible autrement.

- Mmmh . OK. Super Puis un regard vers elle. - Vous qui vouliez tester ma résistance physique. On en est pas loin. il se gratta la nuque, d'un geste inconscient et nerveux. Non oui, il aimait bien la charmer mais ... Mais quoi au juste? Ca aurait pu etre pire. Bien pire. Après tout il partagerait ces quelques heures avec une femme sublime et qui lui plaisait? Etais-ce réellement un mal?

- Allez vous doucher Ellena, je vais tenter de trouver une solution pour ca * il désigna le lit *-  autant que pour notre whisky que vous m'avez promis.  Il quitta la chambre, laissant la jeune femme prendre quelques instants pour elle, et sentir moins l'alcool.. une chose qu'il faudrait qu'il fasse aussi, l'odeur de la vodka qui maculait sa chemise lui montait joyeusement à la tête. Un retour à la réception qui se solde par le même échec. Rien n’y faisait, aucune place disponible ailleurs, pas même un lit d’appoint qui leur éviterait de se retrouver dans une situation gênante  pouvant tourner rapidement à l’abandon de soi comme ils en avaient eu l’expérience. . Ils en avaient tous deux fait l’expérience, durant leur baiser puis il y a quelques heures durant ce vol qui avait failli tourner à la catastrophe. Et même encore quelques minutes plus tot.

Un long soupire accueillit la nouvelle. Et le jeune hôtelier préféra partir voir quelques clients plutôt que de devoir encore chercher une solution pour le client exigeant qu'il était. Heureusement, le bar avait réouvert, permettant à chacun de fêter dignement leur victoire sur les tumultes de la tempête qui se faisait entendre encore dehors. Stephen commanda une bouteille, prit deux verres et remonta vers leur chambre. L'eau coulait dans la salle de bain et pour une fois, il ne dérangea pas la jeune femme qui devait avoir besoin d'un moment à elle. Il versa deux verres, vida la sien en une rasade sèche, oubliant les tremblements qui semblaient vouloir agiter son corps et s'affala sur le lit. Son corps était emplis de nervosité, de muscles contractés durant ce périple aérien chaotique. Et si la chambre était menue, le lit lui était confortable. Une expiration. Un corps fatigué qui se fait une place confortable sur le matelas; Le bras légèrement douloureux replié sur son ventre. Peu à peu, il se laissa gagner par cet état de flottement, si dégagé de toute peur. Loin si loin de ce qu'ils avaient tous connus ce soir.  
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Re: Ellena - Cause everybody needs a heart to hold
Mer 10 Mar 2021 - 23:26
J’ai gloussé… Pas une, mais trois fois. En réalité, ce total ne prend effet que depuis que nous avons passé les portes de cet hôtel…
Cet effroyable constat me frappe de plein fouet lorsque l’eau bouillante commence à dénouer mes muscles encore endoloris de ce voyage cauchemardesque. Entre le moment où Kessler a quitté la pièce et cette prise de conscience, j’étais comme dans un brouillard cotonneux, le même type de nébulosité que lorsque l’on boit un verre de trop ou que l’on ressent une fatigue trop intense. Je suis restée, quelques instants, coite devant cette porte close avant de poser ma valise sur le support prévu à cet effet sous la fenêtre pour en retirer tout le nécessaire. Machinalement, j’ai entassé trousse et vêtements en repensant, avec un sourire rêveur, à ses mots, à son attitude tout en irrévérence et en nouveauté, à son sourire, à la chaleur que diffusait sa main posée sur moi et à cette complicité toute neuve. Sans vraiment savoir comment, je me suis retrouvée dans cette cabine de douche aux teintes grises et blanches et j’ai à nouveau émis ce rire théoriquement plus caractéristique d’une lycéenne. Saisie par cet affligeant constat, je me suis figée sur place. Trois fois en pas moins de quarante-cinq minutes… Trois en si peu de temps, j’ai agi complètement à l’encontre de ce que je suis et de ce que je me suis promis. Si mes employés, mes investisseurs ou, pire, mes rivaux en affaires me voyaient dans cet état, ils se demanderaient où est passée la reine des glaces. J’ai la réputation d’être mesurée et froide dans de nombreux aspects de ma vie et pourtant, il n’y a pas moins de quelques secondes je me suis retrouvée à agir comme une godiche. Réflexion faite, ce n’est peut-être pas mon geste le plus regrettable… L’eau bienfaitrice ruisselle toujours depuis le pommeau jusqu’au sol. Je pose mon front contre le carrelage froid, les yeux clos, en repensant aux dernières minutes qui viennent de s’égrainer.

Dans ce salon aux teintes crème et pistache, où le mobilier moderne n’a rien à envier à d’autres hôtels plus cotés d’Europe, mon appel téléphonique me semble bien loin, comme avalé par l’horizon. Je sais que je viens de discuter avec Mieke et que ma boutade s’est retournée contre moi, mais tout semble être happé par ce vert indescriptible. Nous marchons ensemble à l’aveugle sur une corde raide sans réellement avoir conscience de quel faux pas nous fera tomber et sans savoir vers où pourrait conduire la chute. Cette conversation est complètement déraisonnable, mais elle me procure un sentiment de bien-être inégalé depuis des années. Le plaisir de trouver non pas une proie, mais un adversaire. Ce jeu de séduction parfaitement irrationnel nous conduit à nous approcher de l’interdit, plus encore qu’auparavant, l’ultime baiser mis à part. Avant d’en venir à ce climax, nous avions expérimenté une forme de divertissement bien moins voluptueux qu’à présent. Nous avions testé l’autre pour définir où se trouvait la limite, mais depuis lors, il semblerait que la limite se soit éloignée voire effacée. Peut-être, inconsciemment, ce périple dans les airs a-t-il provoqué un déclic. Toujours étant que même éloignée, et encore pas autant que je l’aurai cru, quand j’imagine le jeu terminé, il réussit à m’attirer de nouveau à lui par un simple sourire impertinent.

« - Ma chère Ellena, je suis à votre entière disposition pour tester ma résistance physique quand vous désirez et comme vous le désirez. Et ne dit-on pas que l'expérience gagne sur la jeunesse par KO ? Ces quelques paroles murmurées à mon oreille et ce souffle effleurant mon cou déclenchent en moi l’irrépressible envie de le prendre aux mots. Je sais que mes précédentes paroles sonnaient comme un défi et ce qu’elles pourraient provoquer, mais je ne m’attendais pas à être à mon tour happée par elles. Ou bien craignez-vous de ne pas tenir le choc face au vieux briscard que je suis ? j’ai gloussé pour la seconde fois à ce moment avant de lui répondre, prise à nouveau dans cet affrontement.
- Vous seriez, je le crains, fort surpris et puis ne dit-on pas, « si jeunesse savait, si vieillesse pouvait » ? dis-je avec ce sourire mutin qui n’a quitté mes lèvres que quelques secondes. »


Je ne saurai dire ce que j’ai cherché à cet instant précis en passant nonchalamment ma main sur le revers de sa veste que j’ai porté quelques heures auparavant : à le dégouter d’essayer ou, au contraire, à l’encourager à se laisser porter par des instincts des plus primaires. Je ne saurais me l’expliquer, car j’aimerais encore croire que ce n’est pas moi qui me trouvais dans ce salon aussi proche de lui à me donner en spectacle de façon si équivoque. Toute personne dotée d’un minimum du sens de l’observation doit se dire qu’à l’heure qu’il est, le couple qui partageait une telle intimité doit s’adonner à une activité torride et passionnelle. Or, il n’en est rien et il n’en sera rien ! Tout en tâchant de récupérer un semblant de contenance, je commence à m’occuper de mes cheveux encore à demi poisseux de cranberries.
Après quelques instants de répit laissés par mon esprit embrumé, me voilà replongée dans la suite de nos frasques, dans l’ascenseur…

Je n’ai pas le temps, la patience et le repos nécessaires pour partir à la recherche d’une autre solution que celle dont nous disposons. Je n’ai aucune envie de me lancer dans une querelle stérile avec un réceptionniste qui finira par m’apporter la solution que je détiens déjà dans mes mains : une seule et unique carte magnétique menant à ce qui s’apparente, ce soir, au Saint Graal de l’hôtellerie. À dire vrai, je n’ai que deux envies : prendre une douche et du repos dans un lit confortable. De plus, je veux à tout prix éviter de penser à cet engouement impromptu que génère en moi l’idée de dormir dans la même chambre que cet homme. C’est une chose de se charmer dans un hall d’hôtel, cela en est une autre de mettre en application les différentes menaces que nous nous sommes lancées. J’essaye d’occulter cet enfièvrement qui s’écoule dans mes veines à une vitesse vertigineuse me donnant presque le tournis. Et soudain, alors que je recouvre un semblant de dignité, la foule se presse dans la cabine exiguë nous ramenant l’un à l’autre et vers mes pensées… Son « Moi pas » rallume l’étincelle électrique qui avait fini par s’étouffer me faisant rosir de plaisir. En guise de réponse, je soulève les yeux au ciel tout en esquissant un sourire en coin dans le but de dissimuler toute parole supplémentaire et éhontée qui pourrait m’échapper. Pendant les interminables secondes qui s’écoulent par la suite, je tente de me fixer sur tout autre chose, un point de fuite. Néanmoins, je ne peux contraindre mon esprit à autant de rigueur et je subis les multiples scénarii qu’il arrive à ébaucher en un temps record.


La mousse de savon parfumée à la pêche me distrait quelques instants de cet inventaire mental accablant de ma stupidité pour un très court temps du moins. Je ne m’explique pas mes agissements tout comme je ne saisis pas réellement la facilité avec laquelle j’en suis venue à être si proche de cet homme que je m’étais pourtant juré d’ignorer pour la gêne qu’il était censé représenter.    

Quand l’ascenseur finit par se vider, je prends conscience que j’ai cessé de respirer à un rythme régulier pendant tout ce temps. Et, comme pour parachever le tout, en bout de course, il y a ce lit. Ce lit indissociable. Ce lit d’une seule et même pièce prêt à accueillir n’importe quel voyageur harassé ou n’importe quelle activité liée à son usage. En jetant un rapide regard vers Stephen, nous semblons d’accord : c’est une chose de faire des plans hypothétiques sur un éventuel rapprochement physique, c’en est une autre de sauter le pas.

« - - Mmmh . OK. Super. dit-il peu convaincu. Vous qui vouliez tester ma résistance physique. On en est pas loin. il se gratte la nuque, signe de nervosité reflétant sans doute la mienne.

- Ah bon ? Pourquoi ? Vous avez l’intention de le briser en deux ? Ou de dormir sur la moquette peut-être ? un peu d’humour dans une telle situation ne saurait nous faire de mal, je lui souris volontairement railleuse. Je suis prête à vous céder un oreiller pour un geste aussi chevaleresque.
- Allez vous doucher Ellena, je vais tenter de trouver une solution pour ça… il désigne vaguement le lit semblant plus préoccupé par ce dernier que par mon humour douteux. autant que pour notre whisky que vous m'avez promis


Pleinement satisfaite de ce moment et de ses effets tant délassants qu’éclairants, une serviette enroulée autour de moi, je sors de la cabine encore un peu estomaquée par l’enchaînement des événements de cette dernière heure. J’essuie la condensation qui s’est déposée sur le miroir au-dessus du lavabo. Quand je m’observe dans la glace, je suis débarrassée de tout signe de fatigue, mais il y a une ébauche de sourire qui ne me quitte pas. Je me conduis comme la plus sotte des collégiennes et le comble c’est que cette soirée d’humiliation est loin d’être terminée. Nous allons devoir partager cet espace et assurément ce lit, car il faut se rendre à l’évidence il ne trouverait rien de mieux à cette heure-ci. Les pensées obscurcies pour toutes ses préoccupations, je poursuis mécaniquement. Je sèche grossièrement ma chevelure avant de la tresser en une natte lâche. J’enfile les vêtements que j’ai sortis plus tôt de mon bagage. Je plonge la main dans ma trousse de toilette pour en sortir une brosse à dents. Toujours aussi absente, je replonge la main dans mon nécessaire pour en sortir les derniers produits dont j’ai besoin. Sur la porte coulissante censée me ramener dans la chambre, on a disposé plusieurs carreaux de miroir me renvoyant mon reflet complet. Et là, je me rends compte que la seule tenue de nuit dont je dispose à l’heure actuelle pourrait à elle seule être une invitation : un short court et lâche en coton blanc rayé de rose et de bleu surmonté d’un haut blanc sans manche en dévoilent plus qu’il ne serait acceptable dans de pareilles circonstances. Je n’ai pourtant pas d’autre choix que de sortir dans cet état. J’expire longuement avant de me saisir de la poignée de la porte.
C’est donc incertaine et légèrement rose de honte que je repasse dans cet espace où nous allons devoir cohabiter ce soir. Prête à fournir une éventuelle explication, je trouve mon colocataire assoupi dans le lit. J’en profite pour enfiler un sweat-shirt gris dépassant de mon sac de voyage en toute discrétion. Je remarque la bouteille de whisky et les deux verres posés sur ce qui devrait faire office de bureau. Je souris face au verre plein et à son homologue vide. Je me tourne vers Stephen qui, enfoncé dans les draps immaculés, a une expression paisible tout à fait adorable. J’hésite une seconde entre m’asseoir au bord du matelas pour le réveiller et rester simplement debout. Préférant éviter toute confusion, mon choix se porte sur la deuxième option. Je pose une main sur son épaule et la secoue avec douceur.

« - Stephen ? je pense que c’est la première fois que j’utilise son prénom de façon si directe, mais je ne m’y attarde pas. Avant de complètement plonger dans les bras de Morphée, vous devriez profiter de la salle de bain. je lui souris avec tendresse face à l’air chiffonné qu’il arbore. Je vous assure cela fait un bien inimaginable. je retire ma main pour la plonger dans une poche de mon sweat. En outre, je refuse de dormir à côté d’un verre de vodka… dis-je avec un sourire joueur »

Je m’éloigne pour m’appuyer contre le bureau tout en laissant cette énième pointe d’humour faire son effet avant de saisir le verre qui doit m’être destiné. J’en savoure une gorgée avant de quitter le bureau pour, à mon tour, lui laisser du temps pour lui. Je repars de mon côté du lit en observant d’un peu plus près la source de lumière et d’air de cette chambre. Je me rends alors compte que cette pièce ne comporte pas qu’une simple fenêtre, mais que, dissimulée par un rideau, se trouve une porte-fenêtre menant à un balcon. Faisant mon maximum pour faire abstraction de la tenue dans laquelle va inévitablement se retrouver l’homme partageant ma chambre, je pousse le battant et me retrouve l’air frais du soir.
Toujours mon verre à la main, j’inspire une grande bouffée d’air frais avant de prendre place sur un siège. Repliant les jambes contre mon buste, je profite de l’atmosphère du soir et du liquide ambré voguant dans mon verre pour achever de démêler mes pensées.
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Re: Ellena - Cause everybody needs a heart to hold
Jeu 20 Mai 2021 - 22:32
S’en tenir là, à cette indéniable attirance alors que la mort leur léchait les pieds d’un peu trop près, Sans y penser, sans y réfléchir, ils avaient abandonné ce carquois de pseudo indifférence pour tout se dire sans un mot, préférant laisser parler les émotions à vif.  La sortie de l’avion aurait dû marquer un retour à une normalité presque banale entre eux. Un petit jeu du chat et de la souris  auquel ils s’adonnaient depuis le début, avoir le dernier mot à chaque fois, malgré regards et attirance qui électrisaient leurs rapports de plus en plus intimes  Pourtant et depuis leur baiser quelques semaines plus tôt, il lui semblait avoir oublié cette sensation vivifiante d'être à sa place aux côtés de la blonde, d’avoir un peu plus envie de se lever le matin pour la croiser, pour la sentir près de lui. Onirisme qui avait ceint ses jours autant que ses nuits alors même que l'inquiétude pour sa mère hospitalisée, obnubilait son esprit . Revoir Ellena à Londres, retrouver son air malicieux, supérieur, cette force d’attraction l’avait percuté à nouveau, comme s' ils ne s'étaient jamais séparés. Doubles percussions quand, sans un mot pour se concerter, ils avaient, ensemble, botté en touche l’investisseur indélicat. Une vengeance savoureuse, même si les raisons différaient .

Rien n’aurait dû tourner ainsi dans leur vie respective. Ils n’auraient pas dû se rencontrer; et rien dans ces rapports n’aurait dû exister. Et pourtant le destin leur avait fait ce petit tour  qu’Il devait trouver très amusant en apposant deux personnes aux instincts identiques. Si les opposés s’attirent, ne dit-on pas qui se ressemble s’assemble ? Proverbes et vérités liées par la vie. Cet assemblage tardait pourtant entre attirance et fuite  Un pas en avant, et 10 pas en arrière devant cette incohérence que la vie mettait sur leur chemin. Ils devraient être ennemis, ils devraient se bouffer, et non se dévorer du regard. Mais rien dans la logique ne tournait en leur faveur. Et ils se retrouvaient toujours plus longtemps ensemble, toujours plus proches meme si ils faisaient tout pour eviter ces instants où tout pouvait basculer entre eux. Le summum ?  Ce conciliabule dans le salon de l'hôtel où chacun divaguait en présence de l’autre, enflammant un peu plus les sens déjà aux aguets d’une présence magnétique mutuelle.

Ils s’égratignent, s’attirent, se défient, s’amusent à un jeu dangereux de la séduction. Un jeu qui semble faire parti de leur relation bien plus que le retrait dont ils devraient faire preuve dans les circonstances actuelles. Ellena est belle sous cet aspect charmeur. Elle dégage une sensualité à fleur de peau, une attraction irrésistible, son regard restant posé sur lui, leurs corps s’attirant à chaque parole qui s’élèvait dans cette conversation aux tons indécents mais qui n’etait ici que l’expression d’un désir qu’ils arrivent de moins en moins à refouler. Les mots s’envolent, les barrières faiblissent devant cette vérité criante d’un Eux réprimé. Ils vont loin. Bien loin dans ce défi charmeur.


- Fort surpris ? Sa voix est légère, amusée en se penchant vers elle, sa joue glissant presque contre la sienne alors qu’il vient murmurer au creux de son oreille, elle sent si bon malgré les vêtements imbibés d’alcool, souvenir olfactif de ce petit voyage en avion.: - Je ne demande qu’à l'être.

Avait-il vraiment dit cela ? Oui, et il semble totalement l'assumer en se redressant, son regard franc, autant que taquin, posé sur elle Jusqu'ou iraient-ils dans cette discussion  irréelle. Pour lui, il y avait  la profondeur de ses sentiments qui le tiraillait avec une violence incontrôlée. L’homme d’affaires était pourtant terre à terre, ni emporté, ni rêveur, et pourtant sous ce masque qu’il portait, il ne rêvait que des mains de la jolie blonde sur lui, que de ses lèvres explorant toute parcelle de ce corps parfait, longuement, très longuement. Idée impudique qui peut se lire dans son regard ne déviant pas du sien. Mais une question venait écorner ses pensées, que pouvait ressentir Ellena à son encontre ? Meme si ils en venaient à souffler le chaud sur la glace, n'etais-ce que l'envie de ce jeu entre eux ou un réel désir de lui ? Dans le bleu du regard féminin, le doute venait à s'estomper en lisant ce quelque chose d'indéfini qui les réunissait, ce quelque chose qu'il voyait chaque matin dans le reflet de son miroir, à mi chemin entre doute et envie.

Ce jeu était vivifiant, et ils apprenaient à vivre ensemble dans cette bulle qu’ils se créaien
t. - Je dois avoir à peine quelques années de plus que vous, ... gamine, à moins que le peur ne vous submerge de succomber à mon charme ravageur * Il cligna les yeux rapidement lui offrant un sourire éhontément et volontairement charmeur. Un charme qui ne s’en démord pas dans l’ascenseur les menant à leur chambre. Cette même tension dans cette boîte métallique qu’à Hambourg quand ils avaient dû en sortir rapidement pour ne pas succomber à l’attrait ressenti. Mais à la différence de ce qui s’était déroulé dans les bureaux de la Gallagher Corp, ici aucun ne voulait s'échapper de l’emprise sensuelle qui les tenaillait.

Se dire qu'il ne reste qu'une chambre pour se reposer est une chose; Se chambrer à coup de provocation reste encore une solution amusante, mais se retrouver face à un lit unique en est une autre. Ils allaient devoir partager ce petit bout de plumard et dormir ensemble. Cela semblait être la seule solution, la terrible solution, terrible dans les résolutions qui les tenaillaient, résolutions partant en fumée dès la première occasion à se charmer tout à fait volontairement. C’était cela ou dormir sur la moquette, voir dans le couloir. Peut-être même dans les couloirs de l'aéroport. et Stephen était bien trop fatigué pour faire une telle chose. N’empêche, c’était surement la première fois qu’il dormirait avec une femme en devant rester sagement gentleman. Coucher avec Ellena serait la pire chose pour son travail. Faire l’amour avec elle serait le plus merveilleux moment de sa vie. Une dualité qui ne cessait de passer et repasser dans son esprit.

Heureusement, Ellena souffla sur ces nuages en reprenant une discussion aux tons légers. La bonne ambiance ne semblait pas faiblir, pas même alors que l'inextricable situation se complexifiait un peu plus encore devant leurs yeux, mais aucun des deux ne saurait faire un pas en arrière , c’est meme l’inverse qui se produisait. Un lit unique? Elle semblait s'en moquer, et s'en amusait meme. Il haussa un sourcil en lui jetant un coup d’oeil, mais son visage était tout sauf contrarié. Il aimait sa repartie et l’humour qu’elle savait garder dans leur situation.

- J'ai déjà brisé un lit en deux, ne me défiait pas sur ca jeune fille. Sentait-elle la belle ironie dans sa voix ? Si non, elle voyait un sourire narquois, amusé, à sa proposition alors qu'il posait son sac de voyage au sol. Néanmoins, et pour la bonne conscience, il repartit à l’accueil tenter de plaider une cause perdue d’avance. Le discours du jeune hôte d’accueil ne changeait et les solutions s’effritaient à mesure qu’il tentait d’en trouver. Il ne restait qu'une solution : Abdiquer dans la boisson. Et il avait pour cela la compagne parfaite qui se trouvait actuellement sous la douche.

Et ses pensées vagabondent autant que l'eau qui ruisselle doucement dans la salle de bain. Un murmure pluvieux apaisant, une présence apaisante, une presque normalité dans cette chambre d'hôtel et dans leur présence mutuelle. Rassuré, exténué, le sommeil l’avait happé pour ne pas le lâcher au premier bruit venu. Il s’était endormi, presque totalement, relâchant la pression subie avec ce voyage chaotique. Il n’avait rien montré de sa peur, ou peut-être un peu trop en se dévoilant à Ellena de façon si directe. Il n’y avait eu aucun regret sur ce qu'il avait dit en quittant l’avion, c’était même l’inverse. L’homme d’affaires n’était pas ce genre à retenir pour lui ce qu’il ressentait en bien ou en mal.


Un léger bercement doux pour le réveiller, et la jolie vision qu'Ellena lui offre quand il ouvre un œil à mi chemin entre l’endormissement et le réveil. Il aurait bien fait une nuit complète en restant ainsi niché sur le lit moelleux,  La tenue de la jeune femme l’amusa alors qu’il la détaillait d’un regard vert sans complexe . Elle était loin l’Ellena en tenue stricte que tous connaissaient. La décontraction lui allait terriblement bien, un naturel qui le charmait tout en douceur. Quant à lui il puait allègrement l’alcool, tel un étudiant bourré qui en met partout après une fiesta universitaire. Un soupire en se redressant pour sortir du lit, sa main massant sa nuque. Elle avait amplement raison sur  la douche qui ne pourrait que lui faire du bien, déjà pour l’odeur d’alcool qui s’élevait dans l’air ambiant de la chambre, mais aussi pour se délasser du stress accumulé depuis Londres.

Il acquiesça lui offrant un léger sourire qui répondait au sien - Voilà que madame fait la difficile, je vous ai promis de casser le lit, pas de sentir bon. . Réplique amusée quand il s'éloigna dans la pièce d'eau pour prendre sa douche. Il laissa couler l'eau chaude pendant qu'il retirait ses vêtements collant et poisseux d'alcool. Il aimait la chaleur qui se dégageait dans cette pièce, encore plus quand il passa sous l'eau. Long soupire de délassement quand le fluide chaud glissa sur lui, déliant ses muscles endoloris. Il souffla plusieurs fois le front posé contre le carrelage de la douche laissant sortir la frayeur ressentie, autant que les frustrations qui seraient siennes ce soir. Oh que oui il savait déjà que la nuit serait compliquée à rester à ses cotés, à la sentir auprès de lui. Oui .. ca allait être  com-pli-qué. Merci euphémisme.

Mais la douche eut au moins cet effet salvateur de lui retirer cette horrible odeur d'alcoolique invétéré. Le gel douche de l'hôtel suffirait amplement à le laver, et c'est presque quinze minutes plus tard qu'il se décida à couper l'eau pour sortir de la douche. Il se sentait tellement mieux. Il avait retrouvé le calme qui le caractérisait à son habitude. Son reflet dans le miroir lui renvoyait une bien meilleure image. Il s'essuya sommairement, préférant laisser les gouttelettes sécher sur sa peau.  Et c’est en cherchant de quoi s’habiller qu'un tour d'horizon de la petite salle lui fi marmonner
- Non mais je suis trop con sérieusement. Il n'y avait que ses vetements poisseux et une drap de bain qu'il entoura à sa taille. Ne pas prendre ses affaires de bain pour aller se doucher, tu parles d'une idée .. d'ailleurs en avait-il prit?

Son sac de voyage lui servait surtout à prendre les affaires qu'il avait oublié. Il vivait entre Londres, New York et aujourd'hui Hambourg, ayant dans ces trois villes l'essentiel pour lui être toujours impeccable. Et il ne se promenait que rarement avec des vêtements de rechange surtout pour un petit vol d'une heure ou deux.. Comme quoi il devrait etre plus prudent à l'avenir. Une bouteille de vodka et vous devez venir à moitié nu dans une petite chambre où se trouve celle que vous devez juger .. Bravo pour l'image professionnelle. Un long, très long soupire. Non mais il avait fait quoi aujourd’hui pour que rien n’aille et que tout déraille ?

Il ouvrit discrètement la porte, pret à demander à la blonde de lui donner son sac, sans avoir besoin de sortir ca serait surement mieux. Mais la pièce était vide alors qu'un petit air frais s'engouffrait dans la chambre par la baie vitrée qui ouvrait sur le balcon. La jeune femme devait s’y trouver. Quelques pas pieds nus sur la moquette avant de poser un genoux à terre cherchant désespérément dans son sac quelque chose à se mettre sur le dos


La sonnerie de son téléphone retenti dans la chambre,  et espérant ne pas déranger Ellena, ou plutôt qu’elle ne le surprenne pas à moitié nu dans leur chambre commune,  il tendit la main pour l’attraper et appuya sur la petite touche verte, reflexe normal pour l’homme d’affaires

- Kessler.

- Oh. … Une voix féminine inconnue au bout du fil satellitaire, aux tons plus âgés que ce qu’il avait l’habitude dans ses connaissances. Un silence qui se marque quelques secondes, une hésitation qui le surprit lui meme. .. - je voudrais parler à ma fille est-ce possible? Semi question, semi demande, le tout englobé dans un étonnement apparent d’entendre une voix masculine répondre à ce téléphone. Les idées ont du mal à se mettre en place chez Stephen durant ce bref temps, un faux numéro? peut-être mais il se rend compte que ce n’est pas ton téléphone qu’il a en main mais celui de la blonde. Une gêne étreint sa voix
- ahem.. oui pardon je vous la passe madame Gallagher.

Lui qui voulait éviter de se montrer ainsi devant la jeune femme c’était un ratage complet. coté discrétion tu repasseras Stephen. Il arriva sur la balcon la serviette ceignant toujours sa taille et tendit l’appareil à celle qui observait le monde en silence, faisant mine d'une normalité affligeante quant à sa tenue. A moitié nu? Mais non voilà une betise !

- C’est votre mère, désolé je pensais que c’était mon téléphone qui avait sonné, il faudra changer votre sonnerie miss Gallagher. une légère grimace et un sourire contrit qui s’en suivit en retournant dans la chambre pour s’agenouiller devant son sac cherchant ce qui ressemblerait vaguement à un vetement de nuit. Pendant ce temps sur le balcon,

- Ma chérie, deux questions, est- ce bien cet homme dont tu m’as parlé tout à l’heure et que fait-il dans ta chambre ? Vous avez ….  La phrase resta en suspens dans la bouche maternelle, meme si Ellena pouvait en distinguer une demande qui ne soufflait pas de refus
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Re: Ellena - Cause everybody needs a heart to hold
Sam 5 Juin 2021 - 1:06
Oscar Wilde disait « Le seul moyen de se délivrer d'une tentation, c'est d'y céder. Résistez et votre âme se rend malade à force de languir ce qu'elle s'interdit ». Cette phrase tourne en boucle dans ma tête depuis des semaines. Il décrit à un point inimaginable ce qui nous lie Stephen et moi. Depuis pratiquement le premier jour, nous jouons à ce jeu, à celui qui fera basculer l’autre dans ses derniers retranchements. Au début, il s’agissait de faire sortir l’autre de ses gonds pour démontrer lequel de nous deux dominerait l’autre. Aujourd’hui, le jeu a changé… Nous oscillions l’un vers l’autre comme des aimants attirés l’un par l’autre dans un champ électromagnétique de regards, de gestes et de paroles tous plus irrévérencieux, tous plus intenses et tous plus voluptueux les eux que les autres. Plus nous avançons et plus nous plongeons vers cette tentation pour laquelle l’auteur irlandais écrivait des mots si justes. Dorian n’a sans doute jamais été autant tiraillé par la tentation. En effet, le jeune dandy a rapidement cédé à l’ivresse de la vie sous tous ses aspects ne contraignant pas son âme à la torture de la langueur. Pour ma part, je me bats contre elle depuis des semaines. Dans chaque geste, chaque regard, chaque mot, dans la plus infime des situations, je ne peux pas m’empêcher d’entrevoir une possibilité, une opportunité. Et il faut dire que l’objet de ma tentation ne fait rien pour me faciliter la tâche. Que ce soient sa présence indéniablement charismatique et exaltante, ses prunelles vertes qui se posent sur moi avec une intensité toujours croissante ou son touché électrisant, tout chez lui me pousse vers le vice, vers le bord de la falaise. Si je n’écoutais que cette partie de moi qui est entièrement tournée vers cette attraction, je me laisserais complètement envahir par ce que ces affrontements font naitre en moi. Je me laisserais volontiers tenter par sa voix rauque qui m’a soupiré des mots sulfureux ou par la chaleur de sa peau qui a effleuré la mienne. Son « gamine » me donne l’envie de lui prouver qu’il y a bien des raisons de ne pas m’appeler de cette façon. Et que dire de son « J'ai déjà brisé un lit en deux, ne me défiez pas » ou de son « Je vous ai promis de casser le lit » ? Malgré le son de l’ironie dans sa voix et son sourire railleur, je n’ai pas pu m’empêcher de ressentir de l’envie à cette idée. La convoitise qui m’a traversée à cet instant précis aurait pu être dévastatrice. Si j’avais écouté mes instincts les plus profonds, je me serais jetée à son cou tout en enserrant sa taille de mes jambes, nous poussant pour de bon vers nos derniers retranchements, peu importerait le travail, les vapeurs d’alcool ou la fatigue. Pour avoir la confirmation de ces quelques mots, je pourrais nous faire basculer vers le plus profond des précipices, vers un point de non-retour plus escarpé encore que celui que représente notre baiser enflammé quelques semaines plus tôt.
Néanmoins, il y a toujours la partie la plus raisonnable de mon esprit qui s’efforce de me faire entendre que tout ceci n’a pas lieu d’être, que nous sommes des ennemis par nature et que tout ce que je perçois n’est rien de plus que le résultat de la frustration que je m’impose depuis son arrivée dans ma vie. D’aussi loin que je me souvienne, en matière de gent masculine, je n’ai jamais résisté à mes envies. Lorsqu’un homme me plait, je lui fais comprendre mes intentions de la plus explicite des manières. Il n’y a aucun doute possible sur mes intentions. Toutefois, en règle générale, cela se résume à quelques œillades, quelques mots bien choisis et une carte de chambre d’hôtel glissée plus ou moins subrepticement vers ma proie. Dans notre cas, c’est complètement différent : nous nous cherchons, nous nous donnons mutuellement la chasse, tout en sachant pertinemment que cela ne peut pas aller plus loin. C’est peut-être pour cela que je trouve cette relation si vivifiante, je suis à la fois la chasseresse et la prise. Nous jouons avec les mêmes armes et, sans me mentir, j’aime ce jeu et les sensations qu’il provoque chez moi.
Je soupire profondément et inspire ensuite une grande bouffée d’air automnal. Rien n’y fait ni la fraicheur du mois de novembre qui chatouille mes jambes ni le liquide ambré qui tournoie dans mon verre paresseusement. Je ne peux pas empêcher les engrenages du mécanisme de ma pensée de fonctionner à plein régime et dans tous les sens imaginables. Je n’arrive pas à me défaire des idées qui me traversent depuis que nous avons remis les pieds sur terre. Ce vol nous aura décidément réservé bien des surprises. Entre son épaule que mon inconscient a choisie comme oreiller, ses coups d’œil sans vergogne à mon chemisier transparent, le son de mon prénom passant pour la première fois le seuil de ses lèvres séduisantes, le contact grisant de nos peaux et le gout extraordinaire de ce fameux dernier souvenir, nous nous sommes délicieusement perdus entre les nuages. C’est comme si les vents qui secouaient l’oiseau de métal avaient fait s’envoler au passage toutes les barrières que nos obligations et nos positions avaient élevées entre nous. Nous n’étions plus que deux êtres ordinaires conditionnés par l’humanité et la fragilité de leur être. Envolés les fonctions et qui nous sommes face au monde, nous étions simplement nous-mêmes. C’est sans doute pour cela que j’ai répondu à cette question pourtant si incongrue avec autant de facilité et que je me suis laissée porter dans ce flirt si naturel. J’étais moi, simplement Ellena.
Je soupire une énième fois et reprends une gorgée de cette boisson que nous nous sommes juré de partager. Je n’ai pas pu tricher une seule seconde depuis que nous avons retrouvé la terre ferme. Il faut que je me reprenne. Forte de cette détermination nouvelle, j’efface tout ce que mon imaginaire peut inventer face à ce qui se passe en ce moment dans la pièce adjacente au balcon. Toutefois, si je ferme les yeux, mon inconscient prend pleinement sa place et m’envoie des images propres à me faire perdre pied : son sourire ravageur, ces paroles pleines de promesses, cet air paisible qu’il arborait quelques instants plus tôt dans son sommeil ou bien d’autres plus concupiscentes. Par exemple, des images de gouttelettes traçant un chemin ardent le long de ce torse, dont jusqu’ici je n’avais eu qu’un bref aperçu à travers des chemises, pour finir leur course en terre promise. Je me verrai plaisamment et impudiquement suivre le même trajet que ces gouttes de mes lèvres ou de mes mains caressant chaque parcelle de sa peau à ma portée ; ou encore des images des ses lèvres posées langoureusement dans mon cou là où son souffle me provoquait des frissons il y a de cela plusieurs minutes. À cet instant la vérité me frappe plus nettement encore : la nuit va être longue, très longue. Il ne peut rien se passer dans ces draps et pourtant une partie de moi ne réclame que cela. Je ne peux pas faire cela ! Je ne peux pas céder ! Nous devons retrouver une distance toute professionnelle, même si nous nous retrouvons dans la plus incongrue des situations pour deux personnes censées partager des relations strictement professionnelles. Je tâche de me fixer sur cet objectif, me le répétant comme un mantra, en observant le paysage devant moi. Pour effacer les dernières brumes d’imaginaire, je termine le reste de mon verre d’une traite. La porte s’ouvre quelques secondes plus tard et je ne suis absolument pas préparée à la scène qui se joue devant moi. Comment voulez-vous que je tienne mes positions et que je résiste à la tentation devant un tel spectacle ? Il est là se tenant devant moi le plus naturellement du monde, avec simplement une serviette ceignant ses hanches. Je ne peux m’empêcher de détailler ce torse auquel mes fantasmes n’ont absolument pas rendu justice.  Mes yeux passent tour à tour de ses larges épaules à ses abdominaux finement tracés au « V » de ses hanches esquissant un chemin vers d’autres lieux. Ma contemplation ne dure que quelques secondes, mais elle est suffisante pour marquer mon esprit, je le sais.

« - C’est votre mère, désolé je pensais que c’était mon téléphone qui avait sonné, il faudra changer votre sonnerie miss Gallagher. il me sourit de façon confuse tout en me tendant mon téléphone portable ; je ne peux pas m’empêcher de penser que sa confusion vient de mon dernier regard appuyé et intérieurement je me fustige de tous les noms d’oiseaux.
-Mmh… Merci ? je me redresse et prends l’appareil sans ajouter quoi que ce soit de plus à sa remarque sur ma sonnerie ; Stephen retourne dans la chambre aussi rapidement qu’il en est sorti et la réalité me revient.Bonsoir mère. dans un allemand berlinois, je tente tant bien que mal de maitriser ma voix face à la tempête que va se déchainer sous peu dans mon oreille.  
- Ma chérie, deux questions, est- ce bien cet homme dont tu m’as parlé tout à l’heure et que fait-il dans ta chambre ? Vous avez ….  
- Mère, je t’arrête tout de suite ! Il ne s’est rien passé. je préfère la stopper dans ses divagations avant qu’elle ne s’égare. C’est effectivement monsieur Kessler qui a décroché, mais c’est parce que nous sommes contraints de partager une chambre vu la situation apocalyptique que nous venons de vivre. je dis tout cela avec calme, mais je sais que l’explication est confuse.
- Pourrais-tu être plus claire, ma chérie ? Je crains de ne pas te suivre. Je t’appelais pour prendre de tes nouvelles, vu que tu devrais déjà être rentrée à Hambourg à l’heure qu’il est et je découvre avec surprise que c’est l’homme dont tu m’as parlé pendant presque tout l’après-midi qui décroche. Avoue qu’il a de quoi se questionner. je pince l’arête de mon nez tout en prenant une grande inspiration. »

Oui, j’ai presque quarante ans et ma mère me soumet encore à un interrogatoire en règle comme si j’en encore avais quatorze. Il ne manquait plus que cela pour que mon tableau de malchance soit complet. Même après lui avoir expliqué de manière condensée et édulcorée les événements qui nous ont conduits dans cette chambre, je sens dans sa voix que le doute persiste. Elle sait que je ne lui raconte pas tout. D’ailleurs lors de notre rencontre, je me suis gardée de lui parler de l’attirance que j’ai pour lui. Je me suis contentée de lui raconter à quel point notre cohabitation peut être chaotique et à quel point il m’insupporte. Toutefois, une mère a des intuitions et elle doit penser que lui et moi entretenons plus qu’une relation de travail. Elle me questionne encore quelques secondes, comme pour tester la véracité de ma version, avant de changer habilement de sujet. Elle me demande si je vais bien suite à ce voyage en avion plus que désastreux tout en embrayant sur son éternel discours sur la dangerosité des avions. Néanmoins, je sais qu’elle n’en restera pas là, qu’elle va se renseigner auprès d’Oli et de Mark et qu’elle me posera de nouvelles questions quand l’occasion se présentera. J’écourte notre conversation prétextant une fatigue intense tout en lui promettant de la rappeler dès le lendemain.  

Une fois le bouton rouge déclenché, j’éteins mon portable avant qu’une autre surprise ne vienne s’ajouter au tableau. Je reprends mon verre et me tourne vers la porte entrouverte, censée me ramener dans la chambre, avec une certaine nervosité. Et s’il était toujours dans la même tenue que tout à l’heure ? Et si dans cette même tenue, il réitérait sa proposition de briser le lit ? Wilde avait raison, c’est une véritable torture. Je prends une profonde inspiration avant de me décider à pousser la porte. Heureusement, quand je rentre dans la pièce, Kessler n’est pas là. Il doit sans doute encore être dans la salle de bain. Je me sers un demi-verre de whisky et l’avale d’une seule traite. Ensuite, je m’assois de mon côté du lit voulant prendre place sous les couvertures avant que Stephen ne revienne, pensant nous éviter un autre moment de gêne. Les draps tirés vers le pied du lit et assise sur le bord du matelas, je retire le sweat-shirt qui couvrait mon buste ramenant mes cheveux tressés d’un côté de mon visage. Je lance le vêtement en direction de ma valise avant d’étirer mon dos, le bras tendu vers le plafond. Je penche la tête à droite et gauche à quelques reprises. Dos à la porte de la salle de bain, je ne me suis pas rendu compte que celle-ci s’est ouverte pendant mon petit manège. Je baisse les bras et du coin de l’œil, j’aperçois l’encadrement de la porte coulissante ou plutôt l’homme qui s’y trouve. Depuis combien de temps est-il dans la pièce ? Il a troqué sa serviette contre un pantalon et… c’est tout. Rien de plus ne couvre son corps. J’évite toute remarque vu la seule tenue de nuit dont je dispose et préfère lui accorder à mon tour un sourire contrit. Je ne dis toujours pas mot lorsque je m’allonge de mon côté du lit, le visage tourné vers les fenêtres.  Je sens le matelas s’affaisser derrière moi lorsqu’à son tour, il se couche. Nous nous lançons un « bonne nuit » feutré et les lumières s’éteignent sur cette journée haute en couleur.

Contrairement à ce que j’imaginais, je me suis endormie presque instantanément. La fatigue m’a rattrapée à une vitesse impressionnante et le moelleux des oreillers et du duvet a fait le reste. Je ne me souviens pas avoir passé une nuit agitée ou particulièrement mauvaise. Je me suis laissée bercer par les bras de Morphée tout naturellement. Au cours de la nuit, j’ai l’impression de percevoir une chaleur sous ma joue, une douceur autour de ma taille et un entremêlement au niveau de mes jambes, mais je ne ressens pas vraiment le besoin de complètement me réveiller pour éclaircir ces sensations. Je pense que l’oreiller, autrefois frais, a dû se réchauffer au cours de la nuit et que j’ai emberlificoté la couverture autour de moi. La réalité est peut-être plus douce que je ne le pense…
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Re: Ellena - Cause everybody needs a heart to hold
Sam 10 Juil 2021 - 11:13
Une chambre d'hôtel. Un lit unique. Et un silence qui suivit une brève tentative d’humour afin d’atténuer ce qui se déroulait sous des yeux témoins et incrédules.

L'une des raisons pour laquelle Stephen ne partait pas en courant en espérant échapper à cette farce de la destinée, c’était simplement qu’il était horriblement - maladivement - curieux de savoir ce qui se passerait après tout ça. Mais encore plus, il était de ces hommes obstinés que rien ne ferait dévier de sa route, pas meme quand la situation allait de mal en pire les faisant courir vers une catastrophe annoncée. Cette situation pouvait pourtant prêter à rire, tel un soap opéra où Brendon et Brenda se retrouvaient dans cette meme situation, musique catastrophe en fond sonore et un beau "The End"  " Fin. Rendez-vous la semaine prochaine pour de prochaines aventures. Brendon va-t-il réussir à trouver un lit ? Brenda va t-elle avoir droit à la douche pour ensuite succomber au bellâtre à ses cotés ? Terrible moment. Terrible attente. Et un Stephen qui se retient difficilement pour ne pas éclater de rire face à cette pensée cinématographique savonneuse. Retour à la réalité, retour à la chambre d'hotel et à la situation . Stephen se demandait depuis le matin meme et leur départ de Londres, s’il n’y avait pas un complot tant les moments loufoques se succédaient les uns aux autres. Rien ne semblait s’arranger dans l’évolution de leur problématique qui allait crescendo dans les moments de plus en plus gênants et troublants qui s’écoulaient entre eux. Ils venaient outrageusement de se charmer, de se défier, séduit et ensorcelé par un sentiment inédit. Et comme si cela était écrit, ils se retrouvaient dans cette chambre au lit unique où ils pourraient mettre en pratique chaque mot prononcé un peu plus tot


Est-ce que l’on arrivait à ce point culminant où l’on se dit “ca ne peut être pire, ON ne peut faire pire” ?. Surement. Espérons le. Que pouvait-il donc se passer dans un futur proche qui pourrait battre cet instant où il se rendait compte qu’il allait devoir dormir avec la patronne de la Gallagher Corp pour laquelle se développait une attirance plus que certaine? Une attirance muselée, au pilori, interdite. Une attirance surtout que ne se devait d'exister. Après tout il restait l’ennemi à abattre pour encore quelques semaines et elle restait une cliente, meme involontaire. Dire que tout cela avait commencé quelque temps plus tot alors qu’il avait accepté une demande qui sortait un peu des clous de son travail habituel. "Ne jamais déroger aux règles établies", le vieux japonais qui lui avait inculqué langue et valeur des années auparavant s’amuserait de le voir se dépatouiller avec ses sentiments, son travail et cette destinée qui frappait violemment à chaque moment.

Son propre avion qui tombe en panne, un avion de ligne partagé avec Ellena; avion qui joue à la voltige aérienne sans que les passagers n’aient rien demandé, leur baiser alors qu’ils se demandaient si ils n’allaient pas y rester, leur provocation dans le hall de l’hotel, et cette chambre unique qui leur restait à partager pour quelques heures avant de rentrer à Hambourg dieu seul savait comment. C’était déjà beaucoup pour une journée, c'était sûrement trop . Peut-être étaient -ils morts dans le crash de leur avion et que tout ceci ne soit que le purgatoire à subir avant L’Enfer ou le Paradis, qu’ils se devaient de résister à la tentation et … Non mais Stéphen ca ne va pas la tete ? Même le Purgatoire n’aurait pas été si tordu dans l'élaboration de ce piège ventru de rigolades et de tensions. Le pire sûrement est que cette situation cocasse plaisait à Stephen. Dans une vie calme et aux habitudes trop ancrées, ces instants insolites partagés avec Ellena avaient une saveur de glace au chocolat. Et dieu sait qu’il aimait le chocolat. Etrangement Ellena ne semblait pas plus traumatisée que cela, y avait-il pour cette fin de journée un drapeau blanc hissé dans les résolutions de se tenir éloigné l’un de l’autre ? Et si il avait reculé ? qu’est-ce que cela aurait changé ? une pause dans les regards ? Une pause dans les sentiments ? Rien ne semblait pouvoir stopper ce train en marche qui fonçait à pleine allure vers un mur solide.

Ce serait le pire qu’il puisse arriver.
Mais ce serait sûrement la plus merveilleuse folie de ces 10 dernières années.

C’était peut-etre cela, ou autre chose. mais ce qui était certain c’est que cette soirée n’avait pas terminée de jouer avec eux, fiers pions dans le jeu de la vie. Le stress, la fatigue et le flot d'émotions qui avaient déferlé sur les deux les avaient fait dévier dangereusement sur un chemin qu’aucun des deux n’auraient dû emprunter . Le travail en filigrane de leur relation n’était plus que la vague excuse lointaine à leurs rapports, ensemble il y avait toute sorte de sentiments et d’envie, mais surement pas celle de travailler. Encore moins sous la douche qu’il prend, seul malheureusement, endroit silencieux où ses pensées peuvent vagabonder sans avoir besoin de trop se forcer. Que faisait-il encore ici ? Il aurait dû retourner et dormir sur les sièges inconfortables des halls de l'aéroport et laisser la chambre à Ellena. En parfait gentleman. Oui .. Il aurait dû. Mais ne sont-ils déjà pas allés trop loin  pour qu’il  joue au preux chevalier en abandonnant le confort d’une chambre d’hotel pour quelques sièges où il va finir par s'énerver, ne pas dormir, et etre complétement imbuvable le lendemain matin ? Et puis .. Elle ne lui a pas demandé de partir. Il ne rejette pas la faute sur la jeune blonde, non, mais il se dit simplement que si la situation ne la gêne pas plus que cela, pourquoi cela serait-il ainsi de son coté ? Après tout il y  a bien pire que de dormir avec une femme comme Ellena Gallagher, qui allie charme et charisme, non ?

Ce qu’il fallait maintenant éviter, c'était ajouter de l’embarras à l’embarras. C’est en ce sens qu’il avait tenté une sortie de la salle d’eau pour essayer de trouver un vêtement plus adapté qu’une serviette autour de la taille pour la nuit à venir. Le picotement de l’air frais qui s’engouffrait dans la chambre lui fit frissonner la nuque, une chair de poule s’installa là où les gouttelettes tombaient encore sur sa peau. Et puis tout s'accélère et tout fout le camp. Un téléphone qui sonne et d’un geste mécanique ce déverrouillage de l’appel. Pourquoi n’avait-il pas regardé qui appelait? Et pourquoi prendre un appel alors qu’il n’est pas en état de parler affaires ce soir gardant encore en lui cette peur irraisonnée après la catastrophe évitée de justesse?  Et au bout du fil, la mère d’Ellena. Comme si leurs rapports n'étaient pas assez compliqués pour ajouter mama Gallagher dans l’équation non linéaire à 50 inconnu (e) s. Il ne put rien dire d’autres que de plates et vagues excuses à la jeune femme qu’il avait mit sans le vouloir, dans une position délicate. Il lui faudrait sûrement expliquer pourquoi il avait répondu à un appel qui ne lui était pas destiné, sur un téléphone qui n’etait pas le sien. Croirait-elle réellement à cette histoire de téléphone identique en tout point ? Par précaution, il regarda le sien . Oui .. effectivement. Un détail qui s'ajoutait à la somme de leur ressemblance déjà bien longue alors qu'il est à Hambourg depuis peu de temps. A croire que la soirée n’est pas terminée finalement...

Encore sur la terrasse, c'est un regard qu'il croise sur lui. ce style de regard qui veut dire "mon dieu je ne dois pas regarder mais je ne peux faire autrement". Des yeux qui s'attardent sur lui, une douce caresse qu'il semble ressentir à cette effleurage visuel. Ca ne dure qu'un instant fugace, mais assez longtemps pour qu'il en apprécie toute la portée. Le travail est oublié, mais surement pas les idées vagabondes qui le poursuivent depuis sa rencontre avec la jeune femme, et encore moins celles totalement libertines qui emplissent son esprit de façon brutale depuis quelques heures et leurs retrouvailles. Elle parle . Que dit-elle? merci ? merci de quoi .. ah oui .. retour à la réalité, et un sourire qu'il lui rend avant de partir un peu plus rapidement du balcon inspirant plus profondément après avoir passé la porte fenetre.. Il avait laissé la jeune femme avec sa mère, et surement des explications à donner quant à sa présence dans cette chambre déjà tard dans la soirée. Il voulait se faire curieux quant à ce qu’elle lui dirait. L’envie d’écouter à la porte fenetre  et puis .. son propre reflet dans la vitre et sa tenue, pour le moins .. décontractée. il venait de se montrer à moitié nu devant Ellena Galagher. On avait dit quoi au juste? Eviter l'embarras à l'embarras?  

Etonnant la vitesse de pointe d'un Stephen Kessler, qui passe de la chambre à la salle d'eau en un rien de temps après avoir fouillé son sac. Puis Stephen s’etait à nouveau enfermé dans la salle de bain, finissant de se sécher et enfilant son pantalon pour la nuit et .. rien de plus. Tee shirt, chemise, débardeur meme se trouvait entre NY, Londres et Hambourg, mais surement pas dans son sac de voyage, contenant plutot quelques dossiers, son pc, et diverses choses qu'il voulait sur la ville allemande dans laquelle il allait prolonger son séjour.  Un coup d’œil à sa chemise imbibée d’alcool et de sang sur la manche qui etait toujours étalée au sol. Non il ne remettrait pas ca, c'etait hors de question. Il ramassa ses affaires sales et les roula en boule qu'il jeta dans un coin de la salle d'eau, il s'en occuperait demain. Là il voulait juste dormir, et .. dormir. La fatigue lui tombait dessus comme un coup de massue. Peut-etre aussi que le whisky absorbé un peu plus tot faisait son effet.

De son coté Madame Gallagher ne lachait pas l'histoire. Elle connaissait sa fille et surtout elle avait vu quelque chose chez elle cet après midi quand elle parlait de l'insupportable Stephen Kessler. Et elle comptait bien avoir le fin mot de l'histoire. Déjà elle avait en tete d'appeler quelques amis pour en savoir plus sur cet homme.  Mais ce soir c'était sa fille qui lui contait une histoire à dormir debout. Une histoire qui aurait pu etre tragique. Bien sur elle avait entendu parlé de cette tempête qui s'etait amplifiée vers l'Allemagne, mais elle n'imaginait pas sa fille prise dans la tourmente. Une autre de ces tourmente semblait se produire chez sa fille. Une Mère sait ceci. Après quelques mots pour avoir plus précisément de ses nouvelles, elle revient à la charge de son idée première.
- Ellena. Tu vas donc passer une nuit entière avec un homme qui t’insupporte, un homme dont tu m’as parlé toute l’après midi avec ce sourire indéfinissable aux lèvres, et cela dans la meme chambre ..  ? J’espère au moins que vous avez un lit chacun ou que tu prends des précautions? Et ne me dit pas qu'il n'y a rien entre vous Cherie, je ne suis pas née de la dernière pluie. Une mère ca sent tout on vous dit !  - Quand pourrais-je le rencontrer ?  Question qui n'en était pas une. Elle rencontrerait Stephen Kessler, devrait-elle venir en douce à Hambourg pour ca. Autant que sa fille y soit préparée.

Stephen lui, restait dans la salle d'eau, observant son reflet dans le petit miroir. Il réfléchissait trop, laissant son coté onirique prendre le dessus sur son comportement. Il n'allait rien se passer dans cette chambre. C'était certain. Presque certain ? Un soupire. Il fallait bien qu'il sorte de la salle d'eau, et c'est ce qu'il fit en silence. Pas même pour la surprendre, il ne claquait pas les portes, sauf gros énervement, mais ce soir il n'en était pas là. Et pourtant là il aurait peut-etre dû. Il la trouva dos à lui à s’etirer comme une ballerine avant son spectacle dans une tenue bien plus légère que celle qu’elle portait quelques minutes plus tôt.  Ce qu’elle lui offrait était doux à son regard, elle avait une forme de grâce naturelle dans chaque mouvement étudié pour la délasser. La femme d’affaire se tenait droite, toujours la tete haute. Elle pouvait etre menue en taille, elle surpassait en  charisme bien nombre de personnes, hommes et femmes confondus. Ici, dans cette chambre loin de chez eux, c'était une autre Ellena, une Ellena qu’il se plaisait à découvrir. Il ne pouvait s'empêcher de pencher la tete pour suivre les courbes qu’elle étirait, il lui semblait sentir la douceur de sa peau rien qu'en la regardant, il se voyait venant glisser ses bras autour de sa taille, pour remonter des baisers le long de sa nuque. C’etait une femme magnifique si il en doutait encore. Il lui volait ces quelques moments de détentes en restant sans se faire entendre, juste à l’observer, c’était un vol d’une intimité qu’il ne connaitrait plus jamais après ce soir, car il etait certain que ce genre d’incident ne se reproduirait pas de sitot. Mais en rien il ne regrettait les secondes qui s’écoulaient à cette contemplation. Une contemplation qui se termine quand elle se rend compte de sa présence. Un echange de regard, un sourire gêné. Pas un mot, pas même d'excuses et elle s'allonge de son coté, regardant la fenetre. Fin de la soirée. Cela est surement mieux ainsi et lui évite de trop se pencher sur cette jeune femme à ses cotés. Il programme son téléphone pour un réveil dès 7h30 qu'ils puissent déjéuner, commander une voiture pour leurs retours à Hambourg et tenter de trouver un haut .. car non il ne ferait pas le trajet jusqu'à Hambourg torse nu. Il finit par s'allonger regarder le mur quelques instants. Un bonne nuit, et la lumière s'éteint. Il ne pourra jamais dormir .. non il ne pourra jamais .. non ... à peine dix minutes plus tard une respiration calme s'échappa de lui. Il était tombé dans les bras de Morphée sans se battre.

La nuit avait été calme, contrairement à ce qu’il aurait pu s’imaginer.  Il n’avait pas bougé du lit, ni même ne s’était pas réveillé. A croire qu’il était humain finalement et que meme le sommeil réussissait à le rattraper. Il se sentait bien ici, finalement le lit était confortable et une douce chaleur tout contre lui le réconfortait, le gardant dans un cocon de douceur. Combien de temps s'était écoulé, il n'aurait su le dire, mais un fin rayon de soleil qui passait entre les rideaux le sorti d'une profonde torpeur. A mi chemin entre pas vraiment réveillé et presque rendormi, il inspira un coup, resserrant un peu plus son bras autour de ce corps qui était blotti contre lui. Un corps contre lui .. Un corps ? Il ouvrit difficilement un oeil, cligna les paupières essayant de reprendre idées et souvenirs de la soirée précédente. Il se retrouvait dans un lieu inconnu sous un vague rayon de soleil froid qui passait à travers les rideaux, la tempête n’etait qu’un vague souvenir. Il lui fallut quelques secondes pour remettre en place ses idées, panne, avion, hotel, Ellena .. Ellena?

Elle meme s’éveillait doucement, chaton qui s'étire encore embrumée, et se remet dans la meme position de départ contre lui, la tete sur son torse. L'espace d’une minute, il croit rêver ce réveil. Après tout n’est-ce pas là un des rêves récurrents qu’il fait depuis leur baiser quelques semaines plus tot ? Ne pas bouger. Ne pas se reveiller. Ca c’est un plan pour la journée. Tout semblait tellement doux, tellement vrai. La douceur de son corps sous sa main, la caresse qu'il dispense du bout des doigts caressant négligemment  la peau de ses hanches à ses cotes, le debardeur de la jeune femme se retrouvant quasi sous sa poitrine pour laisser apparaitre son ventre à l’air libre. Un geste presque normal quand on a une peau sous les doigts. La chaleur de sa respiration contre la peau de son torse, le poids de sa tete quand il respire. son autre main posée sur son ventre et aux doigts entrelacés aux siens. Oui. Il etait bien là dans cet onirisme qui se transformait peu à peu en une réalité bien réelle à mesure qu'il se reveillait de plus en plus clairement.

Comment s'étaient-ils débrouillés au juste pour se retrouver ainsi. Son dernier souvenir etait ce bonne nuit lancé par pure politesse. Et là .. Ellena et lui se réveillaient enlacés, entrelacés, chaque parcelle de peau communiquant avec celle de l'autre. Ils étaient serrés l'un contre l'autre sans contraintes, leurs jambes s'entremêlant entre elles et le drap.  Un réveil bien plus doux que tout ce qu'il avait pu imaginer. Leurs regards finissent par se croiser et un sourire léger pointa aux lèvres masculines, alors que sa main remonta le long de son corps pour venir caresser doucement sa joue du revers des doigts
- Bonjour Vous. Murmure à peine audible ne voulant briser ce moment entre eux.
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Re: Ellena - Cause everybody needs a heart to hold
Lun 19 Juil 2021 - 22:50
J’ai cru pendant un instant que notre périple apocalyptique en avion serait la pire épreuve de cette soirée, mais j’ai négligé toute l’imagination dont le destin peut faire preuve pour vous emberlificoter dans ses filets. Et il a un humour douteux, si vous voulez mon avis. Même si la compagnie est agréable, chose que je n’avouerai jamais, les étapes de cette soirée hors du commun se succèdent les unes après les autres et se révèlent être toutes plus imaginatives les unes que les autres. Entre notre conversation partant d’une stupide plaisanterie et débouchant sur des menaces aux airs de promesses, la dernière et unique chambre de cet hôtel, le lit tout aussi unique et l’apparition qui a fait son entrée et sa sortie de ce balcon il y a quelques secondes, je me questionne franchement sur le poids de mon karma. Jusqu’ici, j’ai tâché de tout prendre avec philosophie et humour, parce qu’à quoi bon se rendre malade pour ces détails ? Il y a pire que de passer une nuit platonique avec un collègue de travail plutôt bien fait de sa personne. Toutefois, là c’en est presque trop. Sur ce balcon où les présages de l’hiver se font déjà ressentir dans la légère brise de la nuit, je tente de garder les idées claires face à l’interrogatoire de mon Hercule Poirot de mère, la moustache et le chapeau melon en moins. J’ai naïvement pensé qu’après m’avoir rabâché son éternel discours sur l’aéronautique, elle me souhaiterait une bonne nuit et que nous en resterions là. Néanmoins, j’ai perdu de vue un instant que c’est d’elle que j’ai hérité mon côté tenace. Elle a simplement tenté de me distraire pour pouvoir m’amener là où elle le veut, aux confessions. Maitre Von Gultenberg est à la barre et compte bien faire montre de sa maitrise afin de faire avouer l’accusée.

« - Ellena. Tu vas donc passer une nuit entière avec un homme qui t’insupporte, un homme dont tu m’as parlé toute l’après-midi avec ce sourire indéfinissable aux lèvres, et cela dans la même chambre... ? J’espère au moins que vous avez un lit chacun ou que tu prends des précautions ? Et ne me dis pas qu'il n'y a rien entre vous, Cherie, je ne suis pas née de la dernière pluie. elle dit cela avec douceur, mais aussi fermeté, elle essaye de me faire dire ce qui, selon elle, est la pure et simple vérité.
- Je t’assure, Mère, que tu te fais des idées. Tu ferais mieux d’aller te coucher, tu divagues. j’ai appris d’elle, je connais ses méthodes ; j’utilise donc le même ton badin qu’elle utilise d’ordinaire avant de lancer son offensive. Dans un premier temps, je ne t’ai pas parlé de lui tout l’après-midi étant donné que j’ai un souvenir assez vivace de la nouvelle obsession de Père pour le golf, des nouveaux parterres de Granny et de ta nouvelle passion pour la peinture. Dans un second temps, vu les circonstances exceptionnelles, tu en conviendras, nous allons effectivement DEVOIR passer la nuit dans la même chambre non pas par gaité de cœur, mais par nécessité. À moins que tu préfères que je sorte immédiatement et que j’aille passer la nuit dans le hall de l’hôtel ou peut-être à l’aéroport. Cela te rassurerait-il, mère, de savoir ta fille non pas en compagnie d’un collègue de travail, mais de tout un panel d’étrangers tous plus insolites les unes que les autres ?  Dans un troisième et dernier temps, je ne peux effectivement pas nier qu’il y a quelque chose entre monsieur Kessler et moi… elle aspire l’air comme pour se préparer à crier victoire. Puisque lui et moi entretenons des relations de travail, certes houleuses, mais bénéfiques à l’entreprise. elle ravale sa pseudo-victoire tout à s’apercevant que je l’ai percée à jour ; après quelques secondes, elle reprend.  
- Quand pourrais-je le rencontrer ? je soupire face à cette insistance persistante et injustifiée.
- Bonne nuit, Mère. Je te rappelle demain. Embrasse Père de ma part. elle veut ajouter quelques mots, mais la communication est interrompue.»

La séance est ajournée, elle reprendra demain dans l’après-midi.
En raccrochant, je pense au courriel plus que nécessaire que je dois envoyer à mon père pour freiner les intentions de villégiature de ma mère dès le lendemain. Il ne manquerait plus que cela pour que le tableau soit complet, ma mère venant jouer les entremetteuses avec, en guise de décor, mes bureaux hanséatiques. Cela ne peut pas, ne doit pas, se produire. Notre situation est déjà suffisamment complexe sans qu’une autre personne s’en mêle. Je jette un dernier regard au ciel de novembre. La lune darde de ses rayons et le ciel est clair, comme si la tempête n’avait jamais existé. Peut-être était-ce cela en fin de compte, une illusion résultant d’un manque évident de repos. La brise fraiche caresse le peu de peau laissée à l’air libre provoquant un frisson et laissant sur son passage une chair de poule. Non, tout ceci est bien réel. Je ne devrais pas rester là, même si c’est tentant. L’hiver arrive, mais que va-t-il amener comme autre surprise dans son sillage ?

J’ai passé cette porte quelques minutes auparavant avec un certain soulagement ; pouvoir, pendant un instant, respirer et réfléchir loin de cette atmosphère lourde et exigüe fait un bien fou. Cependant, à l’heure de devoir à nouveau franchir ce seuil, je suis indécise. Mon inconscient a déjà prouvé à de nombreuses reprises sa force sur mes résolutions. Je suis mon pire ennemi dans cette guerre et j’en ai parfaitement conscience. Le sort semble enfin vouloir se montrer conciliant, car la chambre est vide, quand le courage d’entrer me saisit. Assise sur ce lit tant redouté, les muscles de mon dos qui se tendent petit à petit me font sentir à quel point j’ai accumulé du stress au cours de ces derniers jours. Là tout de suite, j’aurais bien besoin d’un massage. Alors que je creuse le dos, mon imagination reprend ses droits m’envoyant des images et de sensations contrefaites de ses mains parcourant mon dos et dénouant les tensions avant de passer à des mouvements plus doux, des caresses légères presque volatiles. Je penche la tête vers la droite et mon imagination se plait à rêver de baisers qui s’égarent dans ma nuque et mon cou. Je soupire d’aise et heureusement que personne à part moi n’est au courant de ce que mon inconscient peut échafauder. Je baisse les bras et je me sens observer. Cette fois, ce n’est pas qu’une impression. Finalement, le sort n’est peut-être pas aussi clément que je l’aurais cru. Je vous assure que j’ai mis toutes mes forces dans la contemplation du mur en face de moi. J’ai tout fait pour me coucher sans le dévisager une nouvelle fois et Dieu seul sait à quel point la tentation est grande. Je suis consciente d’être une vraie girouette le concernant, prenant une décision pour la renier quelques minutes plus tard, mais c’est plus fort que moi. Mon esprit déraille à une vitesse impressionnante. Et puis, quel mal y aurait-il à se laisser submerger par ce qui nous attirerait tous les deux ? Après tout, nous étions bien deux dans ce hall à nous tourner autour, nous promettant le meilleur de ce qui pourrait arriver. Quel mal y aurait-il à succomber ? Il y a mille fois pire dans la vie que de passer la nuit dans le même lit qu’un homme comme Kessler et je suis également convaincue qu’il y aurait mille fois pire que de céder à ses regards ardents, à ses sourires et à toutes ses promesses. Mille fois pire oui, comme perdre ce pour quoi je me suis battue toutes ces années durant… C’est sans doute ces intenses tergiversions qui me poussent vers les bras de Morphée plus vite que je l’aurais cru possible.
Pendant que l’astre de Diane poursuit sa course dans le ciel, je n’ai plus aucun contrôle sur mon subconscient. Éveillée, je peux encore tenter de le museler, mais là, profondément endormie, je n’ai aucune prise sur lui et il s’en donne à cœur joie. Il s’amuse à créer de courtes séquences de ce qu’est ma vie dans l’imaginaire et à me les envoyer sans réelle transition, juste des images qui se succèdent. Aux pays des rêves, je peux me voir assise à une table d’un restaurant passant une soirée avec un homme, pas n’importe quel homme, avec Stephen Kessler ; nous discutons avec la même légèreté électrique, nous charmant sans aucune retenue et nous attirant par tous les moyens. Ensuite, je me vois rentrer de ce qui doit être une journée de travail et, après avoir déposé mes effets dans l’entrée et retiré mes talons, je suis emporté par un baiser qui passe de doux et sage à passionné et ardent en quelques secondes. Par la suite, je nous aperçois dans mon salon, enlacés dans le sofa ; je lis un livre pendant que sa main effleure paresseusement mon bras… Les images se substituent passant de moments de passion ardente à des instants de ce que pourrait être un quotidien à deux. À mon réveil, tout cela reste très flou dans mon esprit, il ne me reste que quelques bribes de ces instants chimériques.
Quelle heure est-il ? Combien de temps ai-je dormi ? Puis-je rester encore cinq minutes là, couchée ? Toutes ses questions traversent vaguement mon esprit embrumé, prise entre sommeil et réveil. Je me prélasse dans ce cocon chaud et apaisant sans aucune retenue. J’étire quelques secondes mes muscles, mon corps ondulant sous l’effet de mes mouvements, avant de reprendre ma place au creux de cet écrin modelé pour moi. Quelques soupirs m’échappent sous des caresses légères partant de ma hanche, se dirigeant vers mon ventre, retournant à leur point de départ pour mieux recommencer. J’aime ces sensations, cette douceur sous mes doigts et ce courant électrique qui traverse mon corps me poussant à me lover encore davantage. Malgré une faible lumière, mes yeux papillonnent doucement pour s’accoutumer au réveil. Dans cet instant encore brumeux, je ne peux pas croire ce qui se joue devant moi. Le corps enlacé au mien dans une intimité si douce n’est autre que celui de l’homme que j’essaye d’éviter par tous les moyens. Ses doigts frôlent la peau découverte de mon ventre, mes jambes sont mêlées aux siennes, nos peaux s’appellent et se répondent dans une proximité presque indécente. Son sourire flou, sa main contre ma joue et son bonjour encore endormi me poussent à une seule conclusion : mon inconscient n’a pas encore fini de se jouer de moi. Après toutes ces scènes encore indistinctes dans ma tête, voilà qu’il me propose cette image, un réveil presque idéal. À quoi bon lui résister ? Après tout ce n’est qu’un rêve… Je lui souris à mon tour tout en me rapprochant encore davantage si cela est possible. Je lui adresse moi aussi un bonjour d’une voix basse encore rauque de sommeil. Je frôle à mon tour la peau de ses abdominaux et profite de ce que ce moment provoque en moi. Comme ivre de ces sensations, j’en veux plus encore. Prête à poursuivre ce songe jusqu’au bout, j’approche mes lèvres des siennes. Si je ne peux pas y gouter dans la réalité, qui m’en empêchera dans l’imaginaire ? Je m’avance lentement quand l’anticipation, elle, grimpe en moi à une vitesse folle. Nos lèvres se frôlent à peine. Soudain un téléphone se met à sonner, je m’arrête net. Je prends donc conscience que ceci n’est pas un rêve et que je suis, que nous sommes, pleinement réveillés. La sonnerie est toujours en action et nous ne bougeons pas quand le téléphone de la chambre retentit également. Ne sachant pas quoi dire dans mon embarras, je pince les lèvres et baisse les yeux. Je prends alors conscience de ma main sur son abdomen, de mes jambes enlacées aux siennes et d’un tracas purement masculin entre ces deux zones. Je relève alors les yeux vers les siens avec un rire nerveux et bref.

« - Vous… Je… j’hésite quelques secondes. Vous devriez éteindre votre réveil et je vais répondre au téléphone… je me penche vers ma table de nuit où trône le second gong salutaire, m’échappant ainsi de ce qui aurait pu être un moment plus gênant encore malgré sa douceur sans nom. Allo… le réceptionniste de jour me salue et me demande si j’ai bien dormi. Uhm… je jette un regard rapide à mon voisin avant de revenir à autre chose ; tiens, elle est pas mal cette table de nuit... Bien, merci. je m’assois sur le bord du matelas, les jambes hors des draps et le tee-shirt toujours aussi impudiquement relevé; la personne que j’ai au téléphone me parle d’un petit-déjeuner et de l’heure qui me conviendrait pour son service. Vous m’excusez une seconde… je pose le combiné contre mon épaule et me retourne vers mon voisin. Vous avez commandé un petit-déjeuner ? il ne semble pas comprendre plus que moi la situation. On me demande si l’on peut nous le servir d’ici trente minutes. cela semble nous convenir tous les deux, je le fais savoir à mon interlocuteur et je raccroche. Bon… je baisse finalement mon haut avant de me lever sans croiser son regard. Je vais aller prendre une douche et vous laisser vous démêler avec votre… désagrément matinal. »

J’ai essayé de prendre tout cela avec un sourire de façade sans réellement aborder le sujet sensible. Je prends ce dont j’ai besoin dans ma valise avant de filer une nouvelle fois hors de cette pièce qui me semble encore plus petite que la veille. Une fois dans la salle d’eau, je m’appuie sur le rebord du lavabo et plonge mon regard dans le miroir. Qu’est-ce qui vient de se passer ? Qu’avons-nous fait ? Je ne peux pas renier les sensations agréables que j’ai ressenties blottie dans ses bras, mais le fait établit est que toute cette histoire ne peut pas être. La situation n’a pas changé en une nuit. Nous sommes toujours qui nous sommes… Une partie de moi voudrait repasser cette porte et lui proposer de reprendre là où nous en étions en nous promettant que tout ce qui se passera à Brême restera à Brême, mais une autre partie de moi est horrifiée rien qu’à l’idée d’envisager cette possibilité. Tout le problème vient de mon attirance pour lui. Je rentre dans la cabine de douche hantée par cette pensée et je repense avec un sourire fin à tout ce qui nous est arrivé depuis que nous nous sommes rencontrés. J’aime son sourire, son regard, son humour, son esprit, sa fougue autant que sa douceur et la liste ne fait que s’allonger au fur et à mesure que le temps passe. Je suis perdue et pourtant, je ne peux pas me le permettre. Même si les perspectives entrevues depuis plusieurs semaines, et plus encore hier, sont les plus délicieuses que l’on puisse imaginer, nous sommes toujours dans deux camps différents ; sans être dichotomiquement ennemis, nous ne sommes pas dans le même camp pour autant. Une seule fausse note dans son rapport et c’est tout mon monde professionnel qui s’écroule. Je ne peux pas, en plus, lui donner le pouvoir de faire s’écrouler ma vie privée. Même si cela serait sans doute une très belle histoire, elle ne peut pas se poursuivre. J’ai distraitement enfilé le pantalon de tailleur gris et rentrée dans ce dernier la chemise bleu marine que j’aurais tant voulu porter la veille. Quand je reporte mon regard vers la glace mon sourire n’est plus aussi vague et mes yeux bien moins pétillants, la réalité est plus cruelle que l’imaginaire… Après une dizaine de minutes passée dans cette pièce, je ressors dans un autre état d’esprit. Je le retrouve contrarié en pleine recherche dans son propre sac de voyage.

« - Vous n’avez rien d’autre à vous mettre que votre costume d’hier, n’est-ce pas ? je lui souris à moitié amusée attachant les boutons de mes manches.Allez-y… je lui désigne la salle de bain d’un signe de tête. Je m’en occupe. »

Je décroche le téléphone de mon côté du lit en demandant la boutique de l’hôtel. Dans les quelques secondes qui suivent, une jeune femme me répond. Je lui demande alors le costume trois-pièces bleu marine et la chemise gris perle qui se trouvent dans la vitrine du magasin et qui, si je ne me trompe, sont à la taille de Stephen. Je lui assure également que si la tenue arrive dans les cinq minutes qui suivent ce coup de fil, elle aura une substantielle surprise. Dès que notre communication est interrompue, je compose le numéro de la réception pour leur demander d’ajouter à notre petit-déjeuner un exemplaire du Handelsblatt, du Financial Times et du Wall Street Journal. Pendant que la réception récapitule ma demande, je rallume mon portable. Je repense à la confusion qui nous est arrivée hier dans la soirée et je souris plus franchement ; il faut quand même être particulièrement distrait pour confondre son téléphone avec celui de quelqu’un d’autre. La bouille de Loki apparait alors et j’appelle derechef Alfred qui me répond presque à la seconde. A-t-on jamais vu employé plus zélé que celui qui est déjà coincé dans les embouteillages pour amener la voiture de sa patronne à la porte d’un hôtel brêmois ? Mon chauffeur m’informe qu’il sera là dans une heure. Je pose à peine mon téléphone sur le bureau que l’on frappe à la porte. Arpentant la chambre pieds nus, je dois donner une image curieuse à la jeune femme portant une pochette de vêtements. Elle ouvre le sac demandant mon approbation et je lui demande d’attendre quelques secondes. Je prends le cintre qu’elle me tend et fais passer l’ensemble derrière mon épaule avant de frapper à la porte de la salle de bain. La porte s’entrouvre et, dos à celle-ci, je propose le costume à l’homme coincé dans la pièce adjacente. La jeune vendeuse ne sait pas vraiment où se mettre. Elle et moi attendons quelques secondes avant que la porte ne s’ouvre de nouveau. Soit j’ai l’œil pour les mesures, soit je l’ai tellement observé que cela tourne à l’obsession…. Comme moi quelques minutes plus tôt, il nous rejoint en boutonnant ses manches.

« - Cela ne me semble pas si mal. je l’observe quelques secondes ; le gilet bâille légèrement dans son dos, le pantalon n’est pas aussi ajusté qu’à l’accoutumée. Ce n’est pas aussi seyant qu’un des vôtres, mais c’est mieux que rien. je lui souris tout en dédommageant la livreuse qui file comme si elle avait le diable aux trousses; je me retourne finalement vers mon compagnon d’infortune qui semble se débattre avec ses manchettes. Donnez… je prends délicatement son poignet et m’occupe des attaches récalcitrantes. Voilà qui est mieux. je relève les yeux vers les siens et je suis absolument  à court de mots ; quelques secondes passent, son poignet toujours entre mes doigts. Comment va votre bras ? me rappelant qu’au-dessus de ce même poignet doit se trouver un souvenir de notre périple. »

Perdue dans le brouillard de ce court échange, dans cette proximité retrouvée qui me ferait perdre la raison, il me faut un peu de temps pour réaliser que mon téléphone sonne. Je me retourne et, par réflexe, je prends l’appel d’une voix ferme m’attendant à tomber sur quelqu’un du bureau.

« - Gallagher. un ange passe avant qu’une voix masculine me réponde.
- John Smith… dit-il incertain. Je voudrais parler à Stephen Kessler. Je n’pensais pas qu’il serait occupé à cette heure… Cela ne fait rien, je rappellerai.
- Attendez un petit instant, je vous le passe. consternée d’avoir commis la même erreur que lui la veille, je tends le téléphone à Stephen. Vous aviez raison à propos de cette sonnerie…
- Alors, mon vieux, comment tu vas ? Je m’inquiétais par rapport aux avis de tempête d’hier, mais tu sembles avoir trouvé une consolation. on sent le sourire dans ses paroles. Elle a une voix charmante au téléphone. »

Pendant qu’ils poursuivent leur conversation, je me retourne vers le bureau où trône mon portable et m’assois sur la chaise adjacente pour changer cette fichue sonnerie qui nous aura valu bien des déconvenues. J’ai arrêté mon choix sur une mélodie aux airs orientaux quand on toque à nouveau à la porte.  
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Re: Ellena - Cause everybody needs a heart to hold
Lun 23 Aoû 2021 - 22:06
La mère d’Ellena ne semblait pas très encline à croire que sa fille saurait passer un moment auprès d’un “monsieur Kessler” sans que quelque chose ne se passe. pas après cet après midi passé ensemble. Bien sur, à l’arrivée de ce Monsieur dans la société de sa fille, et surtout avec le rôle qu’il allait y tenir, il y avait de suite, une méfiance caractérisée, voire de la colère contre cet homme. Après tout, il voulait aider des investisseurs à retirer à sa fille sa société. Une société pour laquelle elle avait tout sacrifié. Même son bonheur. Ce n’était qu’une partie de la vérité, mais une partie importante. Pourtant, après quelques semaines, le discours d’Ellena avait changé cet après-midi même. Pas dans les mots qu’elle employait, mais dans le ton, plus intimiste, moins convaincue. Elle avait beau crier ses hauts dieux que cet homme l’insupportait, une flamme depuis trop longtemps éteinte dans son regard venait de refaire surface. Une Mère sait cela. Une Mère sent cela. Elle espérait juste que ce Monsieur Kessler ne soit pas du meme acabit que Jacob Evans. Douloureux souvenirs pour sa fille, autant que pour la famille Gallagher. Ellena avait perdu ses illusions et sa joie de vivre ce jour terrible où elle avait découvert la véritable nature de l 'homme qu’elle aimait. Il était hors de question que cela se reproduise. Mama Gallagher y veillera. Au bout du fil, sa fille se défendait de toute autre considération sur la nuit à venir qu’un malheureux concours de circonstance et du "devoir" de passer la nuit dans le même chambre..

Telle mère, telle fille. Elles se tenaient tête et voulaient avoir le dernier mot sur cette affaire qui n’en était pas une. Ce fut Ellena qui ne lui laissa pas ouvrir la bouche pour lui tirer les vers du nez en raccrochant après une vague tentative de défense. Un soupir de Madame Gallagher en regardant son téléphone incrédule . - Il va falloir que nous allions la voir au plus tot.   Un mail qui arrive et le Père d’Ellena - Ta fille ne semble pas d’accord avec cette idée. Et je pense que nous devrions respecter sa demande, c’est une grande fille. Il devait le savoir pourtant, ce que femme veut …

**************

Il y a dans le temps des moments dont on rêve depuis toujours. Ce style de moment que l’on se promet de vivre un jour, car il est le reflet de tout ce que l’on est, de nos espoirs les plus enfouis, les plus cachés au monde qui ne fera, lui, aucun cadeau face à ce qui pourrait être une faiblesse. Certains rêvent de richesse, de devenir des personnes incontournables, des personnes en vue, que leurs vies aient un sens et une importance dans ce monde en ruine. Pour Stephen, c'était bien moins que cela, mais presque plus inaccessible que richesse et autre couverture médiatique.  Se réveiller dans les bras d’une personne aimée et aimante. C’est basique, banal, sans importance, et malgré cela, il s’agissait d’une chose qu’il n’avait jamais pu avoir réellement. Vanessa n’avait été que l’image idéalisée qu’il avait eu d’elle. Il en avait été véritablement amoureux, jusqu’à découvrir que l’argent valait plus que lui dans sa vie. La chute avait été brutale, anormalement compliquée. La paix de l’amour ne l’avait jamais vraiment trouvé depuis ce temps. Un doute se hissait dans son esprit. Il avait voulu y croire sans y croire réellement. Quelques années à enchaîner de vagues conquêtes sans y donner une priorité absolue. Et puis . Il y avait Elle. . Elle qui était dans ses bras ce pale matin d’automne dans ce lieu bien loin d’Hambourg. Sans un mot, sauf un “bonjour” lancé avec douceur, ils s’observaient à mi-chemin entre un réveil difficile et une nuit incomplète.

Et tout se trouble en un instant. Une aura de douceur s’abat sur eux sans qu’ils n’y prennent garde, préservant l'irréalité de leur réveil. Aucun ne fuit, aucun ne baisse le regard face à l’autre choisissant la folie à la raison bien organisée de leur décision commune de respecter une distance convenable pour les quelques semaines à venir. Maintenant qu’ils sont indécemment l’un contre l’autre, le trouble renaît entre égarement et fièvre doucereuse.    Leurs visages s’attirant tel des aimants opposés, leurs lèvres inévitablement proches pour un baiser, pour autre chose qu’un baiser, l’abandon des armes, d’une guerre perdue d’avance contre soi-même et ses résolutions. L’un comme l’autre se laisse aller à ces sensations, la main caressante sur son ventre, l’autre sur une hanche, des regards accrochés et des corps qui en demandent bien plus. Un désir physique bien sur, mais aussi quelque chose de plus profond que ces bas instincts primaires. Une vie à vivre, ensemble. Un baiser se dessine, leurs lèvres enfin vont se retrouver, déjà il sent les frémissements des lippes sur les siennes. L’Empire des Sens retrouvait enfin une voix audible. Le corps en éveil. Un ballet maintes fois rêvé et qui allait aboutir à une seule fin.


Si ce n’était que le destin n’en avait pas terminé avec eux, et après avoir tout fait pour les rapprocher, voici un réveil et un téléphone qui sonnent quasi en même temps, brisant la bulle illusoire de leurs envies. Et que disparaissent les envies, la folie et le temps suspendu. Tout reprend un cours presque normal, Ellena quittant ses bras pour le téléphone qui résonne dans leur chambre après quelques mots balbutiés. Quant à lui, il balancerait bien son portable par la fenêtre, si elle était ouverte. L’humeur du matin vacille entre deux états opposés, sans café à son réveil, Stephen reste imbuvable ou presque, mais c’est surtout le regret qui prédomine. L’envie de se poser à nouveau contre elle, avec elle. L’envie de s’inviter à revenir auprès de lui, lui brûle les lèvres, l’envie de poser sa main sur la peau dénudée de son dos et ses hanches lui brulent les doigts. Un geste qui se dessine avant qu’elle en tourne la tête vers lui

- Vous avez commandé un petit déjeuner ?

La question pourrait prêter à confusion vu qu’il la dévorait des yeux, mais là n'était pas le sujet

- Non. Rien du tout, ca doit être la compagnie pour le .. préjudice. Lentement il se redressa pour s’asseoir dans le lit se débarbouillant les cheveux un peu ébouriffés en agitant la main dedans. -  On me demande si l’on peut nous le servir d’ici trente minutes.- Oui ca sera parfait.

Une pause dans toute cette tourmente de sensations et à leurs véracités. Il revenait sur terre, si ce n’etait de corps à défaut de son esprit prolifique. Car non, son corps lui réagissait toujours à des stimulis disparus mais encore bien présent sur sa peau. La situation, après avoir été catastrophique, était .. bigbanesque. Non seulement les bras d’Ellena avaient été son havre, non seulement leurs lèvres avaient été à deux doigts de se toucher, et surement plus, mais le voilà maintenant dans un moment masculin, normal mais .. comment dire que ce n'était pas le moment .. surtout pas avec une jeune femme avec laquelle il y avait un etrange conflit d’interet entre ce qu’il ressentait et ce qu’il aurait du ressentir, c’est à dire rien. Ellena n'était qu’un contrat, la Gallagher Corp n'était qu’un contrat. Il allait partir sous peu. Rien de tout ceci n’aurait dû naître en lui, entre eux. Et pourtant, il était là, assis sur le lit, n’osant meme pas lever le regard vers elle, et priant pour qu’elle n’ait rien remarqué. Franchement, il aurait été en salle de réunion avec ce style de moment que ca n’aurait pas été plus genant que ca. Ou surement que si quand meme. La gêne se faisait sentir, bien plus que durant leur petit jeu de la veille. Il y avait ici une réalité qui dépassait leur tac-o-tac charmeur. Gêne qui s’accentua quand la vérité fut connue, mais Oui Monsieur la dame t’a vu. - Je vais aller prendre une douche et vous laisser vous démêler avec votre… désagrément matinal.

- Hum. Si elle l’avait regardé à ce moment-là, sans doute aurait-elle aperçu un léger rougissement dans son teint, ou au contraire un blanchissement.. Franchement a t-on connu plus embarrassant. Un “merci” lui fut lancé avant qu’elle n’entre dans la salle d’eau Une longue expiration, presque un soulagement à sa disparition. C’était bien la première fois qu’il était content de ne pas l’avoir dans sa ligne de mire. Meme si il aurait voulu qu’elle revienne, lui saute dessus pour lui faire l’amour avec la passion qu’elle semblait contenir dans le calme de son comportement. Revenons - en au problème actuel. N’etais-ce simplement que le fruit d’un souci matinal, ou un désir plus intense à se reveiller auprès d’une magnifique femme avec qui il avait entrapercu un avenir presque trop parfait? Il avait déjà la réponse à cette question et cela n’aidait pas forcément à calmer son corps

Il fallait absolument reprendre le contrôle de la situation aussi bien corporel que mental. Il se comportait vraiment en ado attardé qui vivait sa première histoire d’amour. QUOI? Non il n’y avait rien. Rien du tout, juste un baiser rempli de colère .. de passion .. des baisers plutôt, ceux de l’avion achevant sa volonté ...et ce matin. Un souffle. non. Tout devait redevenir normal. Il se devait pour elle, pour lui aussi, de redevenir le professionnel consciencieux dont elle avait l’image. Un regard à son corps qui semblait vouloir le contrarier ce matin-là.. Ouais, il faudrait du temps quoi.  Heureusement, la douche d’Ellena dura plus longtemps que ce problème physique impromptu. Peu à peu les cases de son esprit se tournèrent vers le concret de leur situation. Déjà, trouver des vetements à se mettre pour repartir, ensuite une voiture pour rentrer. Le lit est enfin quitté pour se retrouver devant son sac. Il sait qu’il n’y a rien de plus qu’hier, mais au cas où un tee shirt et un pantalon aurait pu se glisser dans son sac pendant la nuit .. l’histoire de la petite souris agrémentée à la sauce vestimentaire. Il retira du sac, un pc, un vieux mp3 qu’il gardait toujours sur lui, des dossiers à traiter pour la HK, un flacon de parfum acheté la veille, encore des dossiers, un disque dur, un boxer propre (dieu merci même si on se demande ce que cela fait au milieu des dossiers) et .. nada. Rien d’autre. Non, ca ne va pas encore recommencer cette cacophonie de la destinée. L’hotel doit bien avoir un pressing au pire, tant pis si les taches de sang sont encore là, tant qu’on retire cette vilaine odeur d’alcool macéré. A peine entendit-il la porte de la salle d’eau s’ouvrir, mais la voix d’Ellena le tira de son planning en gestation pour retrouver la contenance nécessaire. « - Vous n’avez rien d’autre à vous mettre que votre costume d’hier, n’est-ce pas ?Heureusement, dans son ton, dans son allure meme, elle semblait avoir reprit un minima de contrôle sur ce regard qu’elle posait sur lui quelques minutes auparavant, retrouvant la distance qui leur était nécessaire. Il en était presque déçu, autant que soulagé.

- Je n’ai pas pour habitude de prendre des vêtements quand je vais d’une ville à l’autre où j’ai un dressing. Une longue inspiration, dépité, son sac ne lui donnerait rien de plus que le B.a-BA qu’il avait déjà sorti. - Il va falloir que je change cette habitude visiblement. Un constat aux teintes amères. Cependant Ellena semblait lui avoir trouvé la solution la plus appropriée. - Ne vous donnez pas tant de mal je peux … Mais non, une femme de tête faisait toujours ce qu’elle disait. Il n’eut d’autre choix que d’aller prendre une douche salvatrice. Non qu’il soit sale, mais une douche froide calmerait ses idées. Et autre chose.

Comme la veille, la douche lui permet de se retrouver avec lui-même. Cette fois-ci ses bonnes résolutions tiendraient-elles plus que quelques minutes ou heures, ou l’antre de la destinée voudrait-elle encore se jouer d’eux, et les mettre dans l'embarras le plus total, trouvant encore pire que ce qui venait de se passer. A peine sorti de la douche que quelques coups  retentissent à la porte. Un peu précipité, il met une serviette pour le peu de décence qu’il lui reste avant de l’entrouvrir. La porte, pas la serviette bien sûr.  Un “merci” est lancé alors qu’il referme la porte pour enfiler ce costume. Le tissu n’est pas de qualité habituelle, la taille est presque bonne mais le taillage laisse à désirer. Cependant, il passa au dessus de ces détails, ravi de pouvoir enfin se montrer sous un jour bien plus habillé. il sortit de la salle d'eau sous l'oeil avisé de la femme de chambre et d'Ellena qui le détaillait de haut en bas, le regard courant et glissant sur lui avec professionnalisme mais une note intime en plus. Il tourna lentement sur lui même passant à l'inspection, serait-il bon pour le service, that's the question. Elle semblait plutot satisfaite de ce qu'elle voyait, même si elle fit des remarques identiques à celles plus silencieuses de Stephen.


- C’est bien mieux que de repartir nu jusqu’à Hambourg Je vous remercie Ellena. La femme de chambre déguerpit aussi rapidement qu'elle le put alors qu'il se regardait dans le miroir de pied posé dans la pièce. Ce n'etait pas si mal en fin de compte. Et comme de nombreux autres problèmes masculins, autre que cleui connu, l’attache des boutons de manchettes était un chemin de croix, une plaie en soit. D'où ses costumes sur mesures qui lui permettait même de choisir ces boutons avec une facilité sur certains accessoires. A croire que les pensées ne cessaient de se télescoper entre les deux collègues. Un sourire léger lui confiant son poignet. L'image était simple . Deux personnes simplement liée par ce geste anodin, mais c'était pourtant un geste intimiste. Un couple normal agirait de la même façon. L'instant se suspend quand les regards se retrouvent. Un silence marqué d'une tension entre eux, douce et chaleureuse, il pourrait se perdre volontiers dans ce regard. Son sourire s'étire un peu plus, n'est-ce pas fou la somme de choses qui peuvent etre dite sans un moment. Il voulait pourtant lui parler, dire quelque chose, quoique ce soit d'utile ou non, mais lui parler. Sa main libre fit ce que ses paroles en furent incapables. Elle se posa sur celles de la jeune femme qui entouraient son poignet. La volonté de ne jamais la laisser partir sans lui avoir dit .. quoi au juste. Que pouvait-il avouer à cette jeune femme qu'il se devait de jauger pour des investisseurs? Son role le dégouterait presque si il n'avait pas eu le plaisir de rencontrer Ellena. Et puis, Il avait déjà été on ne peut plus clair durant leur trajet chaotique. Le badinage n'etait pas pour lui. Mais - oui .. oui ca va , ca pique juste un peu. Durant la nuit il n'avait même pas senti cette blessure qui aurait pu etre plus importante si son visage avait prit au lieu de son bras. Le médecin avait bien nettoyé les bouts de verre et panser la plaie. Le plaisir de retrouver la proximité avec Ellena, meme durant ces quelques secondes entrecoupées de paroles vagues, était indéniable. Son esprit passa meme sous silence la sonnerie du téléphone qui retentissait à nouveau dans la chambre. Pas le cas de la jeune femme d'affaire qui décrocha le plus sérieusement du monde. Sa voix ferme, son ton sans concession, les disputes avec elle devaient etre tempétueuses. Malgré ses efforts il n'arrivait à quitter ce visage qui semblait étonné de ce qu'elle entendait à l'autre bout du fil, et la surprise passa de l'un à l'autre quand elle lui tendit le téléphone. Son Téléphone.

Il ne pouvait que la regarder à mi chemin entre amusé et “je vous l’avais bien dit", un clin d'œil à la tendre complicité avant de prendre son téléphone, John n’etait jamais avare en parole et encore moins en dialogue franc. Même quand ils étudiaient ensemble, c’était un trait de caractère qu’il aimait chez lui et qui les avait rapprochés. Les deux hommes avaient toujours été honnêtes dans leur amitié, dans leurs emmerdes aussi. Un lien quasi fraternel qui les avait toujours unis et qui leur permettait ce genre d’allusion sans que cela ne tourne à l’affrontement.   - Effectivement elle est charmante. Cacher la vérité serait se mentir et lui mentir. Quant à Ellena qui était non loin, elle savait bien ce qu’il pensait d’elle, le .. les baisers échangés lui avaient bien prouvé qu’elle était plus qu’une simple collègue, car non Stephen n’avait pas pour habitude d’embrasser ses collègues. . - Ca va, nous sommes en un seul morceau, meme si nous avons eu une belle frayeur . - Et bien sur, tu t’es porté en preux chevalier de celle que tu dois surveiller.  - Exactement, avoues que tu es jaloux. - Très ! Tu me racontes ? - Jamais de la vie. Je peux te rappeler quand on sera revenu sur Hambourg ? - Pourquoi vous êtes où ? à .. Bremes, on a dû atterrir là en urgence ici. - Et ça va tu es sûr ? * si le ton avait été tout sourire avant, là, une tension venait de saisir l’homme d’affaires new yorkais * - Oui ne t’inquiète pas. Pas de casse. Tu appelais pour autre chose? - Oui mais ca attendra ton retour à Hambourg, ca concerne L'assos'    - Ok. Quelqu'un frappa à la porte. D'un geste presque trop naturel, sa main attrapa celle d’Ellena qui passa devant lui pour aller ouvrir la porte pendant qu’il continuait sa discussion avec John. Durant une seconde, peut-être deux, ils restèrent ainsi à se regarder avant qu'il ne relache sa main.- Ecoutes le petit dej arrive, je te rappelle dès que je suis arrivé.. Ellena ouvrit la porte, et ce ne fut pas un jeune serveur qui etait là, mais une femme, plutôt classe, d'un âge approchant la soixantaine. Un froncement de sourcil en la regardant alors qu'elle parlait à Ellena, il entendait vague ses paroles - El ... Cherie.. enfin ....trouver . -  Et profites bien de cette charmante personne que j’espère tu me présenteras un jour. - Bye Johnny.

La tête se penchait légèrement en observant les deux femmes. Qu'est-ce qui venait encore de leur tomber sur la tête ?
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Re: Ellena - Cause everybody needs a heart to hold
Mer 3 Nov 2021 - 1:39
Tout au long de ma vie, des couples heureux et épanouis ont jalonné mon chemin. Pas de ces amoureux fictifs que l’on ne croise qu’au détour des pages d’un roman ou d’un téléfilm de Noël ; de vrais couples, exemples vivants démontrant que ce qui est décrit dans la fiction est tout à fait possible.
Prenez mes parents, malgré les années qui les séparent de leur premier regard un soir de Saint-Sylvestre à Berlin, ils sont toujours aussi amoureux qu’à la première seconde. Même si, comme tout couple, ils ont traversé des périodes plus cahoteuses, ils ont toujours su préserver cette touche d’affection, ce petit geste anodin qui à lui seul a un poids démesuré rendant tout le reste insignifiant; le genre de geste qui fait que même en froid, il est plus qu’évident qu’ils s’aiment. Que dire de mes grands-parents qui se sont chéris depuis que la première étincelle a éclaté entre eux et de la douleur profonde que ressent Granny depuis plusieurs années ? Et comment ne pas évoquer Mark et Mieke, le Prince Charmant et Blanche-Neige personnifiés ? J’ai vu leur histoire éclore au détour des rues londoniennes et fleurir de jour en jour depuis sans jamais perdre un seul pétale.
Si toutes ces personnes sont autant de représentants de la possibilité d’une vie à deux harmonieuse, ils n’en restent pas moins des oiseaux rares. Combien de personnes dans le monde peuvent se vanter de vivre avec celui ou celle que le destin leur a choisi ? À mon sens, ils ne doivent pas être plus d’une centaine. Tout le reste n’est qu’une affaire de façade, une manière de combler un vide ou une crainte de la solitude. Pourtant, ce matin automnal pourrait me faire complètement revoir ma vision des choses. Une fois les traces de notre réveil troublé derrière nous, tout semble s’enchaîner dans un naturel déconcertant. Sans réellement y penser, chaque geste se suspend dans l’air entre nous dans un ballet de spontanéité. C’est comme si tout cela allait de soi, trouver une solution à son problème vestimentaire, commander des journaux pour nos affaires respectives, inspecter sa mise lorsqu’il sort de la salle de bain, boutonner ses manches, répondre à ces sourires, soutenir cette conversation silencieuse qui se joue dans nos yeux… Ces moments que nous partageons pourraient être les prémices de quelque chose de spécial et de parfaitement insensé. Toute cette situation, malgré son incongruité, laisse un sourire léger flotter sur mon visage. En réalité, nous avons à peine quitté la bulle qui s’est formée autour de nous au cours de cette nuit. Nous l’avons simplement élargie à des mesures que notre conception et notre raison peuvent supporter. Nous ne sommes tout simplement pas prêts pour plus que cela pour l’instant. Et rien de plus ne pourra exister… C’est cette évidence qui nous freine et qui me frappe de plein fouet alors qu’il utilise des mots plus que charmants à mon égard avec son interlocuteur. Mon sourire flou se fane alors légèrement lorsque la raison me revient. Nous pourrions être ainsi dans un autre contexte, en d’autres temps, en d’autres lieux. Si seulement nous nous étions rencontrés dans d’autres circonstances, peut-être aurions-nous pu mener cette histoire dans la direction qui nous aurait agréé sans nous soucier du qu’en-dira-t-on. Nous aurions pu nous rencontrer à Londres au cours d’une soirée caritative. Nous aurions pu nous attirer de la même manière que la veille, non plus dans un hall d’hôtel mais à l’écart d’une salle de réception. Nous aurions pu jouer à ce jeu scandaleusement plaisant sans que cela vienne perturber cette facette de nos vies qui fait de nous ce que nous sommes, qui nous détermine. Oui, dans une autre vie, tout aurait été à notre portée, mais nous sommes dans une tout autre réalité. Dans cette vie, nous sommes liés d’une façon qui nous empêche d’être ce que nos cœurs réclament. Dans cette vie, nous sommes soumis à notre raison qui musèle nos cœurs qui nous crient ce que notre logique refuse d’entendre, même de concevoir : un attachement grandissant de jour en jour et se transformant peu à peu en cette chimère à laquelle si peu d’élus peuvent prétendre. Malheureusement, nous ne pourrons pas y prétendre…
Ces tergiversions m’ont peu à peu éloignée de ce siège, de ce bureau, de cette chambre et m’ont conduites dans un état de profondes réflexions comme à de nombreuses reprises ces dernières semaines, à tourner et à retourner la situation en tous sens pour finalement arriver à la même conclusion confuse et incertaine. Oh et puis… Ce sont les coups frappés à la porte qui m’ont ramenée à la terre ferme. Sans remarquer que les déambulations téléphoniques de Stephen l’ont mené à quelques pas de la porte, je me dirige vers celle-ci pour ouvrir à ce petit déjeuner salutaire, de la caféine, vite. Stoppée dans ma lancée par ses doigts enlaçant les miens, je lève vers lui un sourcil interrogateur tout en lui souriant de plus belle. Quelques secondes passent tout comme la chaleur qui se diffuse de sa main à la mienne avant qu’il ne me laisse poursuivre ma route vers la porte. Me mordant la lèvre inférieure pour retenir un sourire beaucoup trop radieux pour un geste aussi ridiculement simplet, je ne suis pas prête à découvrir les personnes qui se trouvent derrière le battant en bois. Je ne laisse pas le temps à la femme dans le couloir de finir sa phrase que je referme la porte tout en m’appuyant sur le bureau, étourdie. Comment est-ce possible ? Que font-ils là ? Pourquoi ? Autant de questions qui se bousculent dans ma tête.

« - Il est définitivement trop tôt pour affronter cela sans caféine… je bas nerveusement la mesure sur le plan de travail en bois tout en me redressant vers un Stephen souriant. Ô ne souriez pas tant. Vous n’êtes pas prêt, vous non plus… »

Sans plus d’explications, j’ouvre à nouveau la porte. C’est la seule issue possible et tôt ou tard, ils auraient à nouveau frappé à la porte. Cependant, je maintiens qu’il s’agit d’une épreuve bien trop matinale pour mes pauvres méninges meurtries.

« - Bonjour Oma… j’incline la tête tout en raideur. Amiral. l’homme de belle stature malgré son âge m’adresse un sourire discret.
- Ellena Hildegarde Mary! je pince les lèvres à cette appellation dont je me serai volontiers passée. Viens-tu à l’instant de fermer la porte au nez de ta grand-mère ? le ton indigné de la femme qui ne fait pas son âge devant moi résonne d’un accent berlinois très prononcé.
- J’ai cru à une femme de chambre endimanchée, voilà tout. je tente un trait d’humour sans que la crispation ne me quitte.
- Et tu penses réellement que je vais croire cela ? elle balaie toute réponse éventuelle d’un revers de main tout en pénétrant dans la pièce, présence tornadique et impérieuse, pour s’adresser directement à l’autre occupant des lieux.
- C’est mère qui vous envoie, n’est-ce pas ? chuchoté-je, après un baiser de salutation, à l’intention de mon grand-père qui pose sur moi un regard désolé tout en acquiesçant légèrement. Bien… ajouté-je dépitée et résignée, mais sans rien laisser paraitre je rejoins mon collègue de travail et ma grand-mère au milieu de la pièce. Monsieur Kessler, permettez-moi de vous présenter l’Amiral Von Gultenberg et son épouse, mes grands-parents. je désigne chacun d’eux d’un signe de main travaillé et les codes de la politesse veulent également que j’explique brièvement la raison de leur présence. Ma chère mère ayant une peur panique de l’avion, elle nous a envoyé la Guerre et l’Épidémie pour nous chaperonner. dis-je en désignant tour à tour l’ancien militaire et sa femme. »

Cette référence biblique n’est en rien involontaire : à l’image de la fin des temps décrite dans les écritures, deux cavaliers viennent de s’abattre sur notre chemin et je ne sais comment m’en défaire. En quelques minutes toutes mes tentatives d’esquives, heure, chauffeur, petit déjeuner, sont mises en pièces. Elle m’annonce successivement qu’elle sait de sources sures, comprenez ma mère et le réceptionniste, que mon chauffeur ne sera pas là avant une bonne heure et que le repas qui devait nous être servi n’arrivera pas puisqu’elle l’a fait décommander. Je n’ai donc d’autres choix que de me retrouver, dans cette salle de restaurant, installée aux côtés de ma grand-mère et en face de l’homme qui hante mes pensées pour un premier repas de la journée tout en tension. Je bois quelques gorgées de jus d’orange tout en adressant un regard empli d’excuses à mon voisin d’en face. Il n’y a plus qu’une chose à faire, prier pour qu’Alfred arrive rapidement et sans encombre...
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Re: Ellena - Cause everybody needs a heart to hold
Dim 2 Jan 2022 - 14:19
Ne dit-on pas dans la vie que chaque jour remet en question tout ce que l’on croyait savoir ? Il suffit d'un mot, d'un regard, d'une rencontre pour que tout se bouscule dans les évidences de la vie. Ce qui s'était déroulé dans le bureau d'Ellena, ce qui allait arriver dans cette chambre d'hotel loin de chez eux, Ce qui aurait pu se passer si ils n'avaient pas réussi à retrouver un semblant de consistance quelques minutes plus tot, tout remettait en cause certains principes que Stephen pensait ancrée en lui. "la solitude est mon amie", "je suis bien seul", "la femme parfaite n'existe pas", "moi amoureux un jour? tu rigoles?", "plus jamais", "regardes celui là et le regard qu'il lui lance, il parait très con, elle le tient par le bout du nez" - pour être poli. Et puis il y avait ces moments d'une violence inouïe, qui balayaient le tout d'un revers de main du destin.

Deux choix se posaient à lui maintenant qu'il se tenait devant elle, presque parfaitement vêtu et propre comme un sou neuf. la main posée sur son bras quand elle passa à ses côtés. Accepter ce que le destin semblait lui concocter, Ou le refuser. Pour l'instant, il était encore dans cette étrange configuration , encore embrumé par ce début de journée en fanfare et dans des bras à la tendresse étonnante. Il aurait aimé y retourner, s'y blottir et rester le reste de la journée simplement contre elle. Qu'arrivait-il à l'homme d'affaires qui se devait à un professionnalisme frisant la perfection, à un détachement frisant le psychorigide ? L'éclat de sa propre perte se refletait dans le regard bleu de la jeune femme dont il n'arrivait à quitter l'éclat. Quelque chose de différent se dessinait dans le silence à peine troublé par les quelques coups insistants à leur porte. Après le départ du serveur, il agira, tant pis pour le raisonnable, tant pis pour les affaires. Ces choses de peu d'importances face à ce qui se jouait entre lui et Ellena. Il avait besoin de ses lèvres, de retrouver les sensations vivifiantes ressenties lors de leur premier baiser quelque temps plus tôt, de retrouver le goût de ses lèvres, la délicate chaleur de son corps contre le sien et cette passion qui les brûlait . Un lien indescriptible qui ne demandait qu'à exploser.

La voix de John au bout du fil souffle un air de retour à la vie réelle, sa main qui libère celle d'Ellena, un retour au quasi normal si ce n'est de la regarder se déplacer et la vérité qui se délie dans les méandres de son esprit retrouvant la capacité de rêver. Les choses immuables deviennent mouvantes, la vie trouve un chemin l où il n'y avait qu'un vide sidéral et total. Il est bien avec elle, bien quand elle est là. C'est une sensation délirante, effrayante à l'idée qu'une personne qu'il connait à peine ait un tel pouvoir sur lui. Une personne dont il sait tout relation impossible. Ils ne sont pas dans le meme camps, ils ne sont pas partenaires et vont se déchirer. Mais en meme temps ... si ils ne tentent pas, remords ou regrets, lequel serait le plus difficile à surmonter. Il est quelques instants détournés de ses pensées par John et l'empressement dont ce dernier fait preuve pour leur association d'aide aux jeunes étudiants. Un claquement de porte le fait se pencher vers la source du bruit et Ellena qui semble avoir perdu la contenance qui l'habite.

Le regard qu’il posa sur la jeune femme  était à mi chemin entre l’amusement et le questionnement. Que pouvait-il donc se trouver derrière cette porte qui semblait autant affliger la jolie jeune femme et lui valoir une remarque de cette acabit là. La compagnie aérienne voulait les remettre dans l'avion ? Un ancien amant du coin qui l'avait retrouvé? Des journalistes qui allaient prendre sur le fait deux "ennemis" dans la même chambre d'hôtel ? Curieux, et en même temps, il sentait que son désir de l'avoir pour lui seul venait de lui échapper avec ces quelques coups et la ou les personnes se trouvant derrière la porte. C'est sans un mot qu'il attend la réaction ou l'instruction d'Ellena. Si ils doivent faire les morts pour que la voie soit libre, il avait de nombreuses idées pour passer le temps. Mais elle sembla prendre son courage à deux mains pour faire face à deux personnes qu'il ne connaissait pas. Plus âgés qu'eux, mais un charisme à en faire pâlir bon nombre. Intrigué, il écouta l'échange qui s'ensuivit. Oma . Amiral. Non? Pas ça? Oui .. définitivement Ellena à raison, il est trop tôt pour subir ça. Ça? Ce fut une rencontre glaciale et une obligation sans discussion de partager un repas dans un restaurant plutôt qu'ici, au chaud, à l'abri dans cette chambre. Meme la jeune femme semblait souffrir de la situation. Savait-elle ce qui allait se passer dans le restaurant et torture moyenâgeuse en entrainant une autre, à quelle question il serait soumis. Espérons simplement qu'ils ne torturent pas à coup de chèvre et de sel, il avait horreur des chatouilles. Point faible par excellence. L'image des inquisiteurs le questionnant à la faire mourir de rire le firent sourire en jetant un œil à Ellena qui se tenait devant lui, affligée de la situation. Mais avait-il le choix ou bien Oma et Amiral avaient-ils tout décidés pour eux ? Question rhétorique bien sur.

Les grands parents d’Ellena en chaperon ? C’était une étrange chose pour lui. Ca ne l'impressionnait pas plus que cela, ne connaissant ni l'un, ni l'autre, mais cependant, une méfiance naissait face au comportement d'Ellena, et c'est un café bienvenu qui le mettrait sur de bons rails pour la suite de ce début de matinée. Il pouvait en consommer des doses frôlant le surdosage, mais le premier café du matin était sacré. Avant de parler, avant de lire le journal, avant les mails et le téléphone, il lui fallait cette dose là pour mettre les starters en route. Et bien que la situation entre les 4 personnes se faisant face semblait des plus tendues, il savourait ce délicieux breuvage préparé avec soin. Il lui fallut bien cela avant que la première attaque ne fuse par sa gauche et une "Oma" pugnace et prête à en découdre avec lui, eut-il deux tetes de plus qu'elle..

- C’est donc vous qui voulez retirer à ma petite fille sa société ?

L'attaque était en règle, savamment étudiée, sans aucun préambule ou préparatif. Typiquement allemand ca. On fonce dans le tas et on voit ce qui en ressort.

Le café que Stephen était en train de finir fut presque recraché dans la tasse, manquant par ailleurs de se brûler. Il s'attendait à des questions sur leur nuit en duo, et non en duel, mais pas à ce style de question. Il toussa un peu, s'essuya les lèvres en fixant Ellena quelques secondes, On se demandait bien ce qui se disait derrière son dos. La matinée cotonneuse était définitivement terminée, le retour était brutal à la réalité de leur situation, autant qu'à ce face à face non désiré.


- Mmh. Non. Ca n’est pas mon rôle Madame Von Gultenberg
- Pourtant ma fille nous a expliqué ce que vous faisiez ici. Elle n'est pas idiote et a bien du comprendre ce qu'Ellena lui a dit. Vous savez que cette société c’est toute sa vie?. Elle y passe des jours, des années et vous voulez lui retirer cela des mains sous couverts de l'avis des administrateurs ?
- Madame Von Guttenberg. La voix de Stephen avait repris un format formel et une tonalité bien plus détachée et professionnelle que celle plus mièvre qu'il avait pu avoir plus tôt ce matin-là. - Je suis un homme d'affaires et en aucun cas je ne suis ici pour retirer à qui que ce soit l'œuvre d'une vie. ET * sa voix monta d'un cran alors que la grand Mère voulait le contredire* - je pense que même si cela était le cas, votre petite fille saurait très bien comment s'en sortir sans avoir besoin de votre aide.Un autre regard vers la Blonde de ses pensées cherchant un aval implicite qu'il saurait comprendre, qu'importe si les autres ne le voyait pas. - Fort heureusement pour nous tous, cela n'est pas le cas. Ellena est une femme d'affaires accomplie sachant très bien ce qu'elle veut et comment l'obtenir. Si vous vous etes renseignée sur moi, ce dont je ne doute pas, vous devez savoir que notre parcours est quasi identique et que jamais je n'ai eu et je vous rassure, jamais je n'aurai, une réputation de briser des sociétés ou d'etre acheté pour le faire. Les administrateurs de la Gallagher Corp ont demandé de réaliser une étude sur les capacités de votre petite fille à gérer sa société. Mon étude sera impartiale et complète sur ce sujet. Rien de plus, rien de moins. Et il vaut sûrement mieux que ce soit moi qui ait été choisi plutôt qu'une personne qui aurait tout à perdre avec une étude pouvant amener à être modifiée selon des critères budgétaires. Un problème qui ne sera pas posé, pensant être plus aisé économiquement que votre petite fille. - Maintenant. Il recula son siège, en reposant sa serviette sur la table.

- Si vous avez d'autres questions, remarques ou accusations, voilées ou non, Je vous laisse les préparer, je vous abandonne quelques instants, veuillez m'excuser.
Un signe de tete en se levant pour se rendre aux toilettes, laissant la famille Gallagher et Cie se tenir compagnie. et preparer la contre attaque. Espérant qu'Alfred ou peu importe le nom de son majordome, arrive au plus vite. Ellena avait raison, il était bien trop tot pour ca.
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Re: Ellena - Cause everybody needs a heart to hold
Dim 12 Juin 2022 - 12:25
Ma grand-mère maternelle a toujours fait preuve d’un calme sans faille. Pourtant, elle a aussi pour elle une pugnacité digne des plus grands généraux germaniques. Je l’ai toujours vue faire face aux situations problématiques avec réflexion, mais aussi avec une ténacité sans pareille. Cependant, elle peut également avoir la délicatesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. J’ai un souvenir très net de la femme qui a traversé la Manche pour voir sa petite fille recevoir un diplôme avec mention excellente et qui a littéralement harcelé le recteur des études pour comprendre pourquoi ce n’était pas à sa progéniture de prononcer le traditionnel discours de fin de cycle et qui a fini par le qualifier d’ « arrogant malotru boutonneux » tout en conservant un ton totalement pondéré et un regard qui n’avait rien à envier aux sommets les plus enneigés. Je ne suis donc qu’à moitié surprise lorsqu’elle prend la parole pour s’adresser à Stephen Kessler. Chaque geste est mesuré, calculé, et résonne de l’avertissement de l’attaque imminente : elle boit une gorgée de café qu’elle déguste quelques secondes, elle pose la porcelaine avec délicatesse sur la table, lance un regard oblique vers son adversaire et elle lance les hostilités sans crier le traditionnel « en joue ».  Peut-être, ce pauvre Stephen mesure-t-il désormais toute l’étendue de ce qui me rendait nerveuse il y a quelques minutes encore. Ce qui me surprend en revanche c’est l’angle d’attaque qu’elle choisit. Je suis littéralement sans voix face à ce manque flagrant de subtilité, à cette attaque directe, et surtout face au raccourci qu’elle utilise. J’ai évidemment discuté de ce qui amène cet homme au sein de mon entreprise avec ma famille. Cependant, il ne me semblait pas avoir à ce point raccourci les choses. Il me semblait avoir été plus exhaustive sur l’objet de sa présence à mes côtés, même plus que je ne l’aurais souhaité vu l’instance maternelle de la veille et la présence berlinoise autour de cette table de si bon matin. Il me semblait aussi avoir tâché de ne pas être trop rude dans mes propos et d’évoquer les choses telles qu’elles sont. Avant de riposter, il me jette un regard auquel j’ai envie de répondre par un lever de mains, signe d’innocence, mais il ne me croirait jamais. Commence alors une joute dont l’amiral et moi-même sommes complètement exclus et à laquelle, personnellement, je préfère ne pas participer afin d’éviter de devenir désagréable. Toutefois, la répartie de l’homme assis en face de moi me fait l’effet d’un courant électrique qui traverse ma colonne vertébrale pour venir terminer sa course en picotement dans mon cuir chevelu. Peu sont ceux qui ont rivalisé avec elle pour finalement en sortir en un seul morceau et lui termine sa tirade et se retire avec un flegme qui pourrait presque m’impressionner.
Quelques secondes après son départ, je pose mes coudes sur la table dans la plus parfaite incorrection et fais reposer sur mes mains jointes ma tête tournée vers ma voisine.

« - Puis-je savoir ce qui me vaut ce regard ? me demande-t-elle.
- hm… je fais la moue avant de poursuivre. Avec tout le respect que j’ai pour toi, permets-moi de te dire que plus tu vieillis plus tu ressembles à feu ton père. ses yeux s’élargissent dans une expression outrée, mais muette. Soyons honnêtes, nous t'avons tous connus plus subtile, mais là… Une attaque peu préparée et sans envergure, uniquement guidée par le ressenti... mon ton est neutre et mon visage fermé. En outre, en y réfléchissant attentivement, je pense que je n’ai plus ressenti une telle honte depuis une bonne quinzaine d’années et je ne peux pas dire que je trouve cela agréable. je me tourne davantage vers elle. Être chaperonnée par mes grands-parents à presque quarante ans, pour rien…parce que manifestement il n’y a rien, Oma… passe encore, mais être la témoin d’une telle déprédation, je ne pourrai le supporter. je me radoucis d’un tout petit cran tout en conservant une certaine détermination. Je suis parfaitement consciente que c’est ta profonde affection pour moi qui t’a fait agir de la sorte. Néanmoins, comme tu l’as dit, cette entreprise c’est toute MA vie et ce n’est pas comme cela que je compte la défendre et la garder, car rassure-toi je la garderai. Donc, pour nous éviter à toutes les deux les affres d’une humiliation publique, je vais me rendre aux commodités et te laisser le temps de faire un choix : soit tu décides de te conduire comme la parfaite épouse d’un haut gradé, avec finesse et courtoisie, et nous passons ce repas de la meilleure façon qu’il soit ; soit tu décides de poursuivre ta vendetta personnelle et auquel cas je me verrai contrainte de prendre mon petit déjeuner à une autre table. j’incline la tête légèrement avant de me lever. Amiral, si tu veux bien m’excuser. un nouvel hochement de tête rendu par le seul homme à table et je me dirige à mon tour vers les toilettes. »

Je sais que je n’ai pas été tendre avec elle, que j’ai appuyé là où cela fait mal. Après tout, être comparée à son père, Officier de l’armée de terre allemande avec une certaine propension à privilégier l’attaque avant la négociation, n’a pas le meilleur compliment qui soit. Cependant, je suis persuadée que ce choc lui fera réaliser à quel point tout cela a été ridicule et mortifiant et, si cela n’avait pas suffi, je laisse à table un atout de poids : L’Amiral. Même si elle le prend à partie dès que je suis à une distance qu’elle estime raisonnable, je suis convaincue qu’il réussira à la faire revenir à la raison. En effet, s’ils ne sont pas nombreux ceux qui peuvent tenir la dragée haute à Madame Von Gultenberg concernant une joute oratoire, ils sont encore moins nombreux ceux qui peuvent rivaliser face à l’esprit stratégique de l’Amiral Von Gultenberg. Les fruits ne tombent jamais loin de l’arbre et mes talents ne viennent pas de nulle part.
Arrivée à destination, je prends quelques secondes pour le rafraichir et m’inspecter dans le miroir. La nuit n’a pas l’air d’avoir été si mauvaise si l’on en juge par mon teint et l’éclat de mes joues. Je lance un sourire en coin à mon reflet avant de penser qu’un général en jupe de grande marque vient de fouler au pied les dernières possibilités que tout cela se reproduise un jour. Pourquoi cette éventualité me laisse-t-elle un gout amer ? N’était-ce pas cela le plan : revenir à une situation totalement et uniquement professionnelle ? Alors pourquoi me sens-je si désappointée à l’idée que ce qui s’est produit au couvert de cette chambre ne se reproduise jamais ? Je fronce à nouveau les sourcils et balaye ces considérations d’un revers de main.
De retour à table, je crois voir que Stephen est de nouveau assis à sa place et j’enterre ces idées sans contradictoires dans un trou extrêmement profond, une bataille à la fois. Je reprends place à côté de la femme d’âge mûr et pose ma main sur la sienne tout en douceur. Je lui offre un vague sourire en lui demandant si elle a pris sa décision et elle semble avoir préféré la première option proposée. D’un œil extérieur cet échange doit sembler très Carollien, mais de mon point de vue c’est une réaction raisonnable qui va nous éviter des heures de discussions à un autre moment de l’année et qui me soulage. Après avoir commandé notre repas, je me lance donc dans une conversation avec mon grand-père concernant l’avancement de l’extension de la portion de marina qu’il détient à Berlin. La suite semble se passer sans anicroche : nous poursuivons le militaire et moi sur des spéculations boursières de certaines marchandises maritimes tout en passant par l’opportunité d’une sortie en mer sur le « HildJohElla » au printemps prochain tandis qu’Oma s’est créé un masque de circonstance rebondissant parfois sur l’un ou l’autre sujet.
Finalement, un jeune homme portant un gilet aux couleurs de l’hôtel vient me glisser qu’Alfred est arrivé. Conservant un minimum d’éducation, mon téléphone portable est en silencieux dans mon sac ce qui ne m’a pas laissé l’occasion de connaitre la nouvelle plus tôt. Je prends congé de mes grands-parents tout en les assurant que nous rediscuterons de tout cela à Noel. Tout en embrassant Oma, je lui glisse discrètement à l’oreille que j’hésite à lui faire envoyer le traditionnel Poinsettia ou un bouquet de Houx pour cet hiver. Elle rit tout en me glissant à son tour un mot de défi. Je sais alors qu’il n’y a aucun ressenti de notre précédent échange et j’imagine donc, déjà, l’étoile de Noel ornée de feuilles piquantes que je lui ferai envoyer pour les fêtes, ajoutant un autre trait d’humour à la situation. Quant à l’Amiral, il me murmure un « Von Guletneberg ne faillit jamais » dans une étreinte tout en retenue à laquelle je ne réponds par un « jamais » avec un sourire entendu.
Ainsi nous dirigeons nous enfin vers notre libération et la fin de cette aventure rocambolesque. Qui aurait pensé qu’un simple vol Londres-Hambourg aurait pu être aussi chaotique et aussi instructif ?
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