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 La Belle et la vieille Bête [Bardamu]

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gare à la crise de la quarantaine
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La Belle et la vieille Bête [Bardamu]
Mer 22 Avr 2020 - 14:36


BARDAMU & GABI

LA BELLE ET LA VIEILLE BÊTE


Assise dans la voiture qui me menait au Casino, je sortis mon miroir griffé Dior de ma pochette et l'ouvris à hauteur de mes yeux savamment maquillés d'un sublime smockey, histoire de vérifier que je n'avais pas besoin de le retoucher avant d'arriver. J'avais tout ce qu'il fallait sur moi ! Je ne partais jamais en soirée et encore moins à un évènement comme celui ci sans mon makeup de secours à porté de main.
Méticuleuse, je décidai de remettre un petit coup de khôl afin de mieux souligner mon regard. Ce maquillage était dingue et je ne regrettais pas les 2h que j'avais passé dessus... J'adorais mes yeux ils étaient sans doute ce que je préférais chez moi et ainsi mis en valeur par ce noir profond élégamment flouté, ils étaient comme hypnotiques et noté d'une attraction impossible de se détacher. On ne voyait plus qu'eux et ça leur donnait une telle intensité que même moi je me perdais à les regarder.
C'était si beau...

Satisfaite, je chassai un grain de mascara séché tombé sur de ma joue puis appliquai mon rouge à lèvres d'une couleur fraiche mais naturelle. Maman disait toujours : si tu charges tes yeux, ne force pas ta bouche.
J'arrangeai quelques mèches dans ma tresse bohème faussement fouillie qui cascadai le long de mon dos, puis rangeai tout avant de prendre mon portable. Franchement, ça méritait bien un selfie !
Je fis mon plus beau sourire, pris ma photo et m'empressai par reflexe d'aller la sélectionner pour l'envoyer à Hansel ! Il allait me trouver trop canon et je riais déjà à l'idée de la réponse de son cru qu'il allait me faire haha ! Je commençai à taper mon message avant de me figer...
Oh...
Instantanément je perdis mon sourire en même temps que mon cœur m'envoya un pic de douleur dont le poison brûlant s'insinua dans chaque parcelle de mon corps soudain fébrile et glacé. Je pouvais le sentir couler dans mes veines et me brûler de son acidité... Je déglutis et supprimai mon message avant de renverser ma tête en arrière sur l'appui tête de la voiture dans un soupire tortueux.
Non je ne devais pas pleurer ! Il ne fallait pas ou j'allais ruiner mon maquillage !

- Allez Gabi !

Je me redressai sur la banquette et réprimai mon chagrin, qu'il retourne dans ce tiroir scellé que je refusais d'ouvrir ce soir... Ce soir je voulais sourire et oublier. Ce soir je voulais profiter...
C'était dingue ça faisait plus d'un mois maintenant qu'Hänsel et moi avions rompu et pourtant ça faisait toujours aussi mal... Je ne pleurais plus du matin au soir et du soir au matin certes, mais si la douleur était plus interne et moins visible pour les autres, ça ne voulait pas dire pour autant qu'elle avait totalement disparue. Non elle était là... Belle et bien là... Que trop là...
En plus il avait fallu que je tombe sur lui lorsque j'avais été voir Emmerich tout juste réveillé de son coma ! EVIDEMMENT il avait fallu que ça m'arrive ! L'angoisse quoi ! Putain pourquoi il avait fallu que je le croise comme ça ?! J'avais été totalement prise de court ! L'instant d'avant je souriais et rigolais en sortant de la chambre de mon pote et celui d'après je me retrouvais contre le torse de celui qui avait tant fait battre mon cœur, puis l'avait brisé. Pas le temps de me préparer, rien ! Je m'étais trouvée tellement conne ! J'étais restée comme pétrifiée devant lui, sans pouvoir rien dire ou même respirer puis j'avais pris mes jambes à mon cou sans me retourner !
Merde quoi moi j'aurais voulu être préparée ! Être capable de le toiser en mode j'en ai rien à foutre et tu me manques même pas et ça me fait même pas souffrir d'abord que tu m'aies largué comme tu la fais ! Ça me fait même pas d'effet de te voir ! Je vais bien ! C'est toi qui a la haine, pas moi !
Ouais bah ça avait été un épic fail... J'avais honte franchement c'était horrible comme sensation et tellement rageant de savoir exactement ce qu'on aurait pu faire et dire une fois le moment fatidique passé ! Si seulement je pouvais remonter le temps et refaire cette scène.
Ou même remonter le temps pour ne jamais être sortie avec lui tiens ! Ou... ou pas...? Il m'avait fait mal comme jamais j'avais eu mal dans ma vie mais... Nos moments ensembles... Ma première fois avec lui... Cette après-midi dans les boutiques... La plage... Sa voiture... Et même mes minutes à la fête foraine avant que tout ne parte en vrille je... j'aimais tout ça... Je pouvais pas regretter tout ce qu'on avait vécu et c'était bien pour ça que c'était douloureux je voulais le détester mais j'étais surtout dévastée de tout ce qu'il gâchait et souillait en faisant se finir notre histoire de cette façon. Son regard et ses mots avaient été si durs...
Fallait que j'arrête où j'allais recommencer à pleurer.

- Nous arrivons mademoiselle Rosenthal.
- Ok...
soufflai-je.

Bon ça allait bien se passer. Je lissai ma robe faite d'une soie bleue glacée à tomber parterre réalisée sur mesure pour moi pour ce Gala et remis mes chaussures, prête à sortir de la voiture.
Le casino était un somptueux bâtiment et son esplanade était déjà noire de monde. Cette vision simple me galvanisa et réussit à peindre un sourire sur mon visage légèrement tendu. J'adorais ce genre d'évènement mondain même si en général il y avait peu de gens de mon âge. Mais s'habiller et se préparer durant des heures jusqu'à atteindre la perfection, fouler les plus beaux lieux de réception tout en dégustant les meilleurs mets sur les notes d'un orchestre merveilleux...  c'était comme être Cendrillon et aller au bal.
Sauf qu'il n'y avait pas de prince charmant qui m'attendait ce...

- RAH PUTAIN !

Mais j'allais arrêter de penser à lui oui ? J'avais dit NON ! Que dalle ! Nib ! Nada ! Aux oubliettes ! De toute façon le prince c'était un naze de la laisser se barrer Cendrillon voilà ! Il avait juste l'air d'un couillon tout seul avec sa chaussure ! Je perdais rien. C'était ma première vraie sortie depuis qu'Häns' m'avait brisé le cœur et il me prendrait pas ce premier souffle que je reprenais depuis des semaines.
A la base je ne voulais pas venir mais c'était important pour maman... C'était elle qui organisait cet évènement caritatif si prisé et si en général elle m'épargnait les autres, celui ci c'était compliqué d'y couper car il réunissait tout le gratin Allemand et particulièrement celui de Berlin... Hors, les Rosenthal étaient étroitement liés à cette caste...
J'imaginais que pourtant papa ne serait pas là ce soir, pour changer. Quant à maman elle risquait être méga occupée et sollicitée du coup j'allais peu, voir pas la croiser tant elle aurait du monde autour d'elle. C'était d'ailleurs pour ça que j'arrivais toute seule de mon côté. Elle était déjà sur les lieux depuis des heures à tout mettre en place.

- Mademoiselle ? œilla le chauffeur dans le rétroviseur, visiblement surpris de mon langage fleuri.
- Euh ouais non rien pardon...

Les voitures de luxe défilaient afin de déposer les invités dans un ballet de toilettes de soirées toutes plus belles les unes que les autres. L'euphorie qui se dégageait de la foule était communicative et me réchauffa bientôt.
Un portier s'avança pour m'ouvrir. Je vérifiai un dernier coup que j'avais tout, surtout mon portable parce que comme toute ado bah... c'était ma vie, puis je sortis et me faufilai à travers les convives jusqu'à l'intérieur du Casino. Je sentais les regards sur moi et franchement quand je vis mon reflet dans un des gigantesques miroirs du grand hall, je compris pourquoi. Je faisais pas du tout mes 18 ans ainsi mise en beauté et ma robe ! My god ma robe quoi ! Elle était encore plus canon sous ces lumières et sculptait mon corps de façon à la fois élégante et diablement indécente. On me l'aurait peinte sur la peau que l'effet n'aurait pas été différent.

Ignorant les centaines de machines à sous sur lesquelles s'excitaient bon nombre de clients, je traversai l'immense salle afin de rejoindre le grand escalier de marbre qui se trouvait dans le fond. Pour moi ce soir, tout se passait à l'étage.
Je voulus sortir mon invitation de ma pochette mais au moment de la donner, impossible de la trouver. Et merde... Est-ce que je l'avais oublié à la maison ? J'étais sûre de l'avoir prise pourtant ! Ça commençait bien... Heureusement que j'étais la fille de la présidente de l’événement ! J'envoyai un texto à ma mère qui donna ses consignes et aussitôt les portes me furent ouvertes.

A peine eus-je posé un escarpin dans la salle de réception que je m'émerveillai. Du maman tout craché quoi. La perfection du détail dans chaque recoin. Je pris une coupe de champagne qu'un serveur me proposa d'un regard appréciateur et m'avançai histoire de faire un peu le tour. Fallait pas déconner je voulais voir ce qu'il y avait à manger moi ! Foie gras et figue, foie gras et figue, foie gras et fiiiigues ! OUAIS ! Mams' je t'aime, je me réjouis intérieurement tout sourire en découvrant les petits fours sur le buffet.
En parlant du loup, je l'aperçus un peu plus loin en pleine conversation avec un type qui tenait un chéquier. Valait mieux pas la déranger si elle était en train de récolter les dons. Toute façon moi, j'avais rendez-vous avec les petits fours !

- Gabi ? Gabi Rosenthal ?

Je me retournai la bouche pleine, telle une enfant prise sur le fait entrai de planter son doigt dans le glaçage d'un gâteau et m'empressai d'avaler avant de détailler l'homme qui me faisait face, bientôt rejoint par plusieurs autres et... leurs appareils photos.
Oh putain non... Je blêmis et regardai précipitamment à droite à gauche, hagarde, cherchant une porte de sortie.

- Mademoiselle Rosenthal par ici !
- Un sourire par là !


Aveuglée par les flash, comme hébétée je les regardai tous un par un tel un lapereau ébloui par des phares ne sachant que faire. J'étais coincée... Je cherchai maman du regard le cœur légèrement au désespoir pour qu'elle me sorte de là mais elle n'était trouvable nulle part... Elle avait du s'éclipser avec quelques donateurs...
Je m'attendais à ce que les journalistes soient là bien sûr, j'avais même l'intention de me laisser aller à jouer les mannequins le temps que ça durerait, mais pas à ce qu'ils me tombent comme ça d'un coup si vite dessus... Je posai pour gagner du temps et espérai qu'une fois qu'ils auraient eu leurs clichés de moi sous mon plus beau jour, ils me foutraient la paix. Au bout de 10 minutes à sourire à m'en déchirer les zygomatiques, je tentai une échappatoire avant qu'ils ne se décident à faire ce que je redoutais le plus ; poser des questions.
J'étais pas prête pour ça et ce soir moins que tout autre :

- Merci à vous, leur dis-je poliment avec mon plus beau sourire.
- Encore une photo Gabi !

J'avais juste envie de les envoyer bouler mais papa et maman ne m'avaient pas éduquée comme ça alors je jouai le jeu. J'étais dans un évènement extrêmement mondain avec tous les yeux braqués sur le nom Rosenthal et les fonds qui seraient levés par ma mère donc je devais lui faire honneur...
Vu que papa n'était pas là pour le faire. Bim c'était gratuit...

- Gabi attendez !

Non... Pas les questions... Pas les questions !!!

- Êtes vous venue seule mademoiselle Rosenthal ?
- Vous plaisez-vous à Hambourg ou regrettez-vous Berlin ?
- Pensez-vous que vous aurez une carrière aussi brillante que celle de votre père ?
- Avez vous un petit ami ?
- Vous patinez toujours ?
- Gabi un sourire de ce côté !


Wow wow wow WOW ! Mais ils respiraient jamais ou quoi tous là !? Ca venait d'où toutes ces questions, je leur en posais moi ?! Putain ça les regardais pas tout ça merde ! Et si il y avait bien une chose que je ne regrettais pas de Berlin c'étaient bien leurs tronches à tous ces fichus médias !
Ils avaient une idée de la pression que j'avais enduré à cause d'eux...? Être une ado était assez compliqué comme ça sans avoir constamment les paparazzi sur le dos alors avec ? Ça avait été compliqué... Très compliqué et c'était sans doute d'ailleurs une des raisons pour laquelle mams' avait insisté pour qu'on déménage à Hambourg. Pour me protéger, dans un sens. J'étais beaucoup plus tranquille ici.

A Berlin, au cœur de la capital forcément nous étions bien plus exposés et les médias étaient constants et quotidiens. Papa étant avocat pour le Gouvernement et issu d'une famille ayant toujours été très médiatisée alors forcément en plus avec l'assassinat de papi et le suicide de mamie, ça avait déchaîné les journaux sur lui... Et par conséquent sur moi.
C'était une histoire qui plaisait, celle du bel avocat se relevant de deux drames consécutifs qui avait réussi et fondé sa famille parfaite. Enfin si on comptait pas mon petit frère lui c'était l'erreur de l'équation...
Mais l'histoire entre mes parents avaient fait couler autant d'encre que la beauté de leur couple et lorsque j'étais née toutes les attentions s'étaient tournées vers moi ; la petite fille la plus belle du monde en première page des journaux et tout le bordel... Ca avait duré toute mon enfance. De petite, j'avais été guettée par les photographes mais cela dit toujours dans la bienséance.

C'est plus tard que ça s'était gâté... Les choses avaient changé lorsque j'avais commencé à grandir et à être formée... Dès l'adolescence mon corps avait eu des lignes généreuses où il fallait et comme il fallait, sculptées à la perfection par le haut niveau de sport que je pratiquais. Je n'avais pas les formes longilignes classiques d'une patineuse. J'avais des seins, des hanches et des fesses autour d'une taille de guêpe sans un pet de gras alors forcément lorsque les tabloïds s'étaient rendus compte que l'enfant au visage de poupée avait grandi, les discours et les articles avaient commencé à changer et à se déchaîner.
D'un coup je n'étais plus adorable et mignonne, j'étais chaude et sexy... J'allais faire des ravages plus tard, briser des cœurs et j'en passais. Un des pires trucs que j'avais lu ça devait être que je pouvais aller chez Ikéa parce que j'étais facilement démontable. #élégance...
C'était cool de se sentir belle à la période où bien des filles doutaient d'elles hein je disais pas le contraire. Être adulée comme ça, avait quelque chose de flatteur, surtout si jeune. Ça flattait l’ego. J'étais charnelle j'avais cette sensualité naturelle acquise sur la glace. Être la coqueluche des médias c'était drôle ! Mais de loin protégée derrière des murs...
Par contre lorsque j'avais commencé à sortir c'était devenu vachement moins cool sans la barrière papa et maman pour veiller sur moi. Je tombais sur eux en boite alors que j'étais pas en âge d'y aller, en train de boire alors que j'avais pas l'âge de le faire... Une vraie plaie ! Où que j'aille j'en croisais... Le truc de la petite princesse rebelle apparemment ça les faisait délirer tous ces cons ! A leurs yeux j'étais une ado difficile mais putain ils savaient rien de ma vie ou de pourquoi je faisais tout ça ! C'était pas moi le problème dans la famille ! C'était leur héro ! Monsieur Benett Rosenthal en personne !

Ce soir en tout cas ils ne m'auraient pas. J'avais plus 14 ans et à la base ils n'étaient pas là pour moi, remember ! C'était hors de question que mon apparition vole la vedette à maman et à sa noble cause pour laquelle elle rassemblait des fonds faramineux.

- Je suis désolée mais je ne répondrai à aucune question d'ordre privé.

FUCK OFF BANDE DE CONNARDS !

- Bonne soirée.

J'ignorai leurs cris de rappel et m'éclipsai dans une autre salle en retrait. Je poussai la porte derrière moi et soupirai profondément de soulagement.
Ouh c'était joli ici ! La musique s'entendait à peine et le brouhaha des invités était bien moins perceptible. Un peu de calme après la tempête ! Mer-ci ! Je laissai mes grands yeux émerveillés admirer les plafonds tout en me rapprochant de la grosse fontaine de marbre qui ornait le salon, sur laquelle je posai ma pochette ainsi que mes chaussures que je retirai.
Spontanément, je grimpai sur le rebord et me mis à en faire le tour en jouant avec la traîne de ma robe que je retenais de ma main légère en chantonnant. C'était froid sous mes pieds malmenés par mes talons et ça faisait du bien.
Je souriais toute seule, prise dans mon moment et me mis onduler avec insouciance, frôlant de temps en temps l'eau du bout de mes orteils. C'était une bouffé d'air frais cet instant à côté de tout le cérémonial guindé qui se jouait à côté.


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Re: La Belle et la vieille Bête [Bardamu]
Ven 24 Avr 2020 - 10:10


BARDAMU & GABI

LA BELLE ET LA VIEILLE BÊTE


Bambi ondule sous les projecteurs. Elle te regarde pas toi non, elle est pas là pour ça Bambi non, juste elle, elle danse, elle danse pour toi Bambi. Alors tu la quittes pas des yeux. Pas une seule seconde. Parce que tu veux pas en perdre une miette. Parce qu'elle est trop belle Bambi, magique Bambi. Alors oui t'as envie de rester ici à la mater se trémoussant ainsi jusqu'au bout de la nuit. Jusqu'au bout de ta chienne de vie à toi Bambi. Parce qu'elle est divine. Parce que c'est un ange Bambi. Tu te prosternes sans sourciller devant elle toi oui, elle t'a mis à genou sans même te regarder. Dans son irrévérence, dans sa putain d'indécence. Alors à ce moment-là, tu l'entends pas la musique non. Tu le vois pas le monde autour de toi non. Parce que la seule chose que tu vois toi, c'est la chevelure blonde de Bambi, qui virevolte comme des feux follets autour de sa peau blafarde. Et tu te rinces l'oeil mon bon vieux Bardamu, mais tu le sens, quand même toi, malgré tout, qu'il y a comme un truc bizarre dans l'air là. Qu'il y a comme qui dirait un os dans le cosmos. Tu le sens toi oui, que ça pue la charogne par ici, mais tu sais pas pourquoi.

Alors tu te lèves, tu veux la rejoindre Bambi, juste au cas où, juste comme ça. Pour pouvoir la protéger. Pour pouvoir distribuer deux trois mandales si on vient l'emmerder oui. Mais tu te rends compte alors qu'elle est loin Bambi. Subitement très loin Bambi. A l'autre bout du monde presque. Pourtant elle avait l'air proche. Si proche. Dansant pour toi Bambi. Se trémoussant comme une tigresse devant tes mirettes abruties. Alors tu te dépêches, tu t'inquiètes, tu flippes toi qu'on s'en prenne à sa jolie gueule de poupée. Mais y a trop de connards dans cet endroit et y te repoussent tous, d'un coup, si bien qu'au lieu d'avancer bah tu recules. Et ça t'agace ça oui.. Oh que ça t'agace toi oui ! Parce que toi tu veux juste retrouver Bambi. Tu les connais pas toi tous ces cons. Tu vois même pas leur visage, ils te tournent le dos. C'est une espèce de masse informe, de masse qui veut pas te laisser de place. Une putain de masse de merde ouais que tu te dis, qui t'enserre et qui t'étouffe. Elle te rend fou cette putain de masse. Alors tu mets la main sur l'épaule d'une nana devant toi et elle se retourne et là tu te prends une claque de ouf. Parce que la nana là, c'est Ernestina ! La Ernestina d'y a trente ans. Et elle te hurle dessus en plus la grognasse. Elle te dit que tu l'as frappé. Que t'es le plus gros connard de tous les temps. Et toi tu comprends pas non, ce qu'elle branle là Ernestina. Toi tu veux juste rejoindre Bambi là-bas, au loin. Bambi qui danse, Bambi qui danse toujours pour toi. Alors tu la vires Ernestina. Tu l'as attendue trop d'années. Elle a pas le droit là de revenir te casser les couilles maintenant. De t'éloigner de Bambi comme ça là. Mais elle bouge pas Ernestina non. Au contraire elle s'accroche à toi comme une sangsue. Et la putain de masse de merde bah elle fait pareil, elle se resserre autour de ta gueule oui, et toi tu le sens là oui, qu'elle te monte sournoisement à la tronche petit à petit, ta putain de foutue violence de merde. Parce qu'on t'empêche de rejoindre Bambi. Ta si belle Bambi... Et ça te fait mal putain. Un mal de chien. Subitement on t'attrapes par le col et toi tu l'as pas vu venir. Toi tu comprends pas toi non ce qu'il se passe là. Tu comprends pas non pourquoi on t'empêche de retrouver Bambi. Alors tu t'agites comme un diable. Tu commences à distribuer des gnons, des taloches, des patates de forains, mais y se passe rien. C'est comme si tes doigts y passent à travers la masse. Et ça te rend fou putain. Tu te sens cerné, pris au piège comme un animal en cage. Alors tu t'agites et tu te fatigues Bardamu à brasser du vent du bout de tes phalanges serrées. Et là, d'un coup c'est ton père que tu vois, ton père qui s'approche de Bambi là-bas au loin oui. Et toi t'as envie de gueuler. T'as envie de l'arrêter toi cette crevure oui. T'as envie de l'arrêter parce que tu veux pas qu'il la voie Bambi. Parce que tu veux pas qu'il la touche Bambi ton père. Parce qu'elle est trop belle Bambi. Trop belle pour lui. Trop belle pour toi aussi. Alors tu sens que tu deviens fou. Fou à lier Bardamu. Tu continues à cogner la masse mais elle se resserre toujours plus autour de toi. Tu manques d'air. Y a Ernestina qui t'insulte. Y a Viking qui t'appelles Bardamu. Les gauchos qui te font des doigts. Et pis y a ces fils de pute de turcs aussi qui veulent te dérouiller la gueule. Toi tu tournes, tu tournes sur toi-même et tu vois qu'y en a partout. De toute part, en tout sens. Tu vois toi, qu'ils se sont tous donné rendez-vous là, cette tripotée d'enculés pour venir te les briser menu menu ! Alors tu bites plus rien toi Bardamu. Vraiment tu bites plus rien. T'imploses. Tu veux Bambi. Tu veux Bambi toi putain. Tu tuerais pour Bambi. Et là, tout à coup, c'est comme si la masse elle t'entend. Ouais, parce que la putain de masse de merde là, d'un coup, elle se sépare en deux oui. Alors toi, qu'est-ce que tu fais ? Bah tu cours, tu cours comme un connard pour rejoindre Bambi mais la distance qui te sépare d'elle, putain elle a l'air de se rallonger à chaque fois que ton godillot il foule le plancher. Alors tu vrilles Bardamu. T'es comme un con. Et tu vois que c'est plus ton père qu'est avec Bambi là, maintenant. Tu vois que c'est le fils de pute qu'est avec Bambi là maintenant. Alors t'as le palpitant qui déconne. Qui s'emballe. Et t'as mal, mal à en crever putain, t'as l'impression que tu vas crever oui, de pas pouvoir protéger Bambi. Y a tout qui tourne autour de toi. Ernestina, Viking, les gauchos, les turcs, la masse, les cons. Ta tête elle tourne. Mais tu l'entends le fils de pute oui, quand y te propose de le regarder. Tu l'entends oui, quand y te propose de regarder ce qu'il va lui faire, oui, à Bambi. Bambi qui danse encore. Bambi qui danse toujours pour toi. Tu chiales comme un bébé Bardamu. T'as mal putain ouais, parce que t'arrives pas à la protéger Bambi du fils de pute. Parce que tu peux rien faire pour l'empêcher le fils de pute d'éteindre la lumière dans les yeux de Bambi. Tu cours comme un connard pour la rattraper. Mais t'avances pas. Tu peux pas y arriver. Et t'as envie d'hurler : Sauve toi Bambi ! Mais y a rien qui sort de ta gueule de loup. T'es muet comme une carpe putain. Et Bambi, elle, elle continue à danser, et y a le fils de pute avec elle, et toi, toi, oui toi tu imploses. Tu pars en fumée. Tu bascules pour de bon dans ta putain de foutue violence de merde, alors tu vois plus rien, tu frappes le vide, tu frappes partout, tu frappes devant, derrière, à gauche, à droite, sauf que tu te bats contre des moulins à vent en fait, parce que tes doigts, y passent toujours à travers cette putain de masse de merde. Alors ta vue, elle se brouille à cause de tes larmes, de rage, de haine. Elle se brouille oui ta vue, mais tu tapes toujours, tu continues oui, jusqu'au moment où subitement tu sens quelqu'un sous tes poings. Alors t'ouvres grands les yeux et là ton coeur il explose. Parce que c'est Bambi qui pisse le sang sous tes poings. Putain oui. C'est Bambi qui pisse le sang sous tes poings

Alors tu fais un bond et tu te réveilles en sursaut, trempé jusqu'aux os, dans ton appartement pourri, sur ton lit même pas défait. Tu mets une main sur ton cœur, il tambourine. Putain c'était horrible que tu te dis toi. Bambi en sang sous tes poings. T'as l'image qui te reste collée aux mirettes et ça te fait suffoquer, t'arrives pas toi là à retrouver ton souffle qui s'est coupé d'avoir vu Bambi en sang sous tes poings. T'as envie d'hurler putain de merde, elle te fait mal cette saloperie d'image, elle te fait un mal de chien à toi Bambi en sang sous tes poings. Alors tu chiales Bardamu, ouais, tu chiales comme une gonzesse et tu prends ton visage entre tes pognes pour essayer d'oublier. Mais t'y arrives pas. Et tu la vois encore, tu la vois toujours Bambi en sang sous tes poings. Alors tu les serres et les exploses contre ton crâne tes foutus poings sous lesquels y a Bambi qu'est en sang, pour essayer de te réveiller et de chasser tout ça très loin de toi.

Quel putain de cauchemar de fils de pute que tu viens de te faire là Bardamu que tu finis par réaliser enfin. T'en reviens pas non. T'as vraiment du mal à calmer ton vieux coeur tout usé tellement que t'es choqué par la violence de ce que t'as vu là. Alors tu soupires et t'essaies de reprendre contact avec la réalité petit à petit. Tu étends ton bras lourdement sur le côté pour essayer de chopper l'interrupteur de ta lampe de chevet, mais elle a pas envie de se laisser faire la connasse. Alors ça t'énerve. Alors tu la choppes ta putain de lampe de merde et tu l'envoies de toute tes forces s'éclater contre le mur d'en face, histoire qu'elle ai une bonne raison de pas s'allumer celle-là ! Pis tu cries.

"Allez  tous vous faire foutre putain !" comme le gros con que tu es.

T'as la tronche en feu. T'es traumatisé Bardamu oui, par le cauchemar que tu viens faire. Alors tu peux pas rester là. Tu te lèves d'un bond et t'appuies sur l'interrupteur qui allume enfin la lumière du salon t'arrachant la gueule. Il était temps que tu te dis. Mais ça ne change pas que tu te sens hyper mal malgré tout. Parce que Bambi elle te manque. Depuis que tu l'as rencontrée elle a pas daigné quitter ton cervelet. Du coup tu te sens seul Bardamu. Encore plus seul qu'avant. Et triste. Orphelin et triste loin de Bambi. Tu comprends pas toi, comment ça se fait que tu ressentes tout ça alors que t'es un vieux con. Ton palpitant, ça faisait trente ans qu'il avait pas moufté. Tu comprends pas non toi pourquoi faut que ça t'arrives maintenant tout ça. C'est la vieillerie peut-être que tu te dis, qui te transforme en fillette. Et ça te fait bien les pieds putain. Parce que même si tu te faisais chier dans ta vie de merde, t'étais confort dans ta vie d'avant, quand tu ressentais pas, ou plutôt quand tu ressentais plus.

Alors, pour pallier ton chagrin, bah tu fais ce que t'as toujours fait, tu crames des clopes, tu te bourres la gueule, mais en pire. Parce que Bambi bah en fait elle te manque à en crever. Alors tu supportes presque plus d'être sobre. Parce que quand t'es sobre t'en chie. Tu te demandes où qu'elle est Bambi. Ce qu'elle fait. Est-ce qu'elle va bien. Sauf que t'as pas de réponse toi et ça te rend fou. Alors tu tournes en rond dans ton nid de fourmis. Et ça te rend encore plus fou. Alors tu torches. Tu torches pour t'assommer. Tu torches pour oublier. Sauf que ça marche pas. Donc tu picoles encore plus. Jusqu'au moment où t'es franc saoul, jusqu'au moment où tu t'écroules, mort pilot sur ton pieu dont t'as pas changé les draps depuis trop longtemps. Et ça mouque. Mais ça t'empêche pas de pioncer toi non, comme t'as toujours eu le sommeil lourd. Oui, comme t'as toujours eu un sommeil lourd et sans rêves. Hambourg y pourrait bien péter que t'y capterais même pas toi si tu dors. Et ça t'arrange bien ça ouais, parce que c'est confort ça ouais. Sauf que là, bah cette nuit t'as fait ce putain de cauchemar de merde. Et ça te pète les roustons.

Tu vas vers ta salle de bain. T'as un marteau-piqueur qui te torpille la tronche. T'as l'haleine fétide. Pis t'as sué toute la nuit et quand tu sues, tu pues. Alors tu te mets de l'eau sur la gueule, pis tu te regardes. T'es vieux Bardamu. T'es un vieillard putain. Pis en plus de ça t'es une vraie loque mon pote que tu te dis, ouais depuis que t'as croisé Bambi. Tu fais peine à voir. Tes valises de meufs là, sous les reliquaires, bah elle font pas rire les mouettes hein. Pis t'as maigri Bardamu. Tu te rases plus. Tu te laisses aller. T'es pas comme ça toi normalement. T'es pas une mauviette. Mais là, t'as pas envie d'écouter de la Oï !, t'as pas envie de taper un bouquin, ni de pimper une vieille caisse pour un fils de pute de bourgeois non. T'as plus goût pour rien du tout toi ouais, loin des yeux de Bambi. Alors tu te rinces la gueule et te brosse vite fait les chicots. Pis tu retournes dans la seule pièce à vivre de ton appartement de minable. Y a des cadavres partout. C'est pathétique. T'es pathétique que tu te dis Bardamu. Les Droogs là, y se fouteraient bien de ta gueule tiens. Y te dirait : bah alors il est où Bardamu, le loup de Kreuzberg, capable de démonter quinze turcs à la minute ? Il est où hein, il est où ? Putain ça te casse les couilles tout ça. Tu tires une gauloise de ton paquet, pis tu l'allumes en la tenant dans ton poing.

T'as aucune idée toi, de l'heure qu'il est là, tu t'es endormi qu'il faisait déjà jour depuis un moment. Mais tu travailles pas toi aujourd'hui et heureusement d'ailleurs que tu te dis, parce que t'aurais été bien beau tiens au garage, la tête perdue tout au fond de ton cul avec le petit Hänsel qu'est pas foutu de rester clean. Tu craches ta fumée, t'as soif. Tu vas vers ton frigo, mais voilà qu'il est encore vide ce con-là putain que tu te dis. Tu baves dans ta barbe. T'as soixante ans Bardamu et tu te comportes encore comme si t'en avais que treize. Tu t'exaspères. Faut vraiment que tu te secoues la nouille là putain. T'écrases ta clope dans une canette. Faut que tu sortes de là Bardamu que tu te dis alors, faut que tu prennes l'air toi ouais. Parce que tu vas caner là si tu continues comme ça. T'en a plein les couilles toi de te morfondre comme le vieux con que tu es. Faut que tu te relèves mon pote. Faut que tu partes à la chasse même histoire d'oublier Bambi que tu songes alors. Mais ce soir t'iras pas au rade à Bergedorf, ni au Dancing du Mitte. Tu te dis qu'il te faut un truc costaud, mais que tu peux faire seul sans personne pour te briser les noix oui, pour oublier Bambi. Et pis là tu sais pas pourquoi, mais tu penses au Casino et tu te dis que ça te ferait marrer ouais, de claquer ton pognon sur les machines à sous. Vu comme t'es malheureux en plus, t'auras peut-être un pet de chance pour une fois que tu te dis. Après tout, y a que ceux qui jouent qui gagne et toi, t'y a encore jamais foutu les miches au Casino depuis que t'es là, t'y as encore jamais joué, alors tu vas pas mourir con que tu te dis.

Tu files donc te préparer. Tu te laves, tu te rases la barbe, tu te tond le caillou, pis t'essaie de te saper bien. Tu mets un futal noir, simple, avec une paire de bretelle sur une chemise noire, simple, que tu boutonnes jusqu'en haut, pis tu l'agrémentes de ton veston en cuir et de tes boots. Tu te regarde à nouveau dans le miroir et là tu te dis que t'es pas peu fier du résultat, que t'as quand même encore un peu la classe pour un vieux con. Alors ça te fait plaisir. Parce que toi, même pour le Casino, bah t'es pas du genre pingouin non, parce que toi, tu peux pas les blairer les connards en costard cravate, manquerait plus que la Queue de Pie même que tu te dis. Alors t'es content ouais, d'avoir toujours la classe même avec ta simple chemise noire et tes bretelles. Allez, sur ces belles pensées, tu te casses de ton appartement pourri et le vent frais qui souffle sur ta gueule, là, dehors, bah il te fait du bien. Parce que toi t'es un loup toi Bardamu, un loup qu'est pas fait pour vivre enfermé.

Tu roules alors sur ta bécane jusqu'à Hamburg Nord. Et il a la classe ce Casino que tu te dis quand tu l'aperçois enfin. Il est grand, blanc, avec pleins de fenêtres. Par contre tu te retrouves un peu sur le cul là, parce qu'y a du bourgeois à tirelarigot sur l'esplanade. Mais genre, pas deux ou trois, non, y en a toute une chiée. Comme s'ils s'étaient donnés rendez-vous là. Les pépettes, elles sont sapées comme des divas et les larrons, putain t'en parles même pas, y a tellement de pingouins au mètre carré sur l'esplanade que tu te demandes bien s'y en reste encore sur la banquise. Tu te marres à cette idée. Ce petit tour au pays des machines à sous  prend des allures de safari. Tu te gares alors, pis tu te dis que tu fais tâche toi là, dans le paysage, avec tes bretelles. Mais bon, tu t'en tapes les couilles au fond, parce que tu les aime toi, tes bretelles, parce que t'es pas un pingouin. Alors le menton relevé, tu t'approches de l'entrée quand tu manques de glisser sur un truc. Tu baisses la tronche pour regarder et pis là tu captes que c'est une enveloppe. Alors tu te mets à rêver, tu te dis que devant un Casino, bah y a peut-être quelque biftons là-dedans. Que ça y est, c'est peut-être le début de la richesse ! Donc tu te baisses et tu l'ouvres en toute hâte. Sauf que là c'est la tuile. T'es bien déçu mon vieux que tu te dis. Y a juste un carton dedans et pas un brin d'oseille, fuck off.

Tu l'ouvres le carton. Et c'est là que tu piges tout. En fait, y a une putain de soirée de Gala ce soir au Casino que tu comprends alors. Oui, une putain de soirée de Gala ! D'où le ramassis de pintades et de pingouins ! Putain. T'as encore bien choisi ton jour toi, Bravo Bardamu, t'en rates pas une, que tu te dis alors. Toi qui voulais être tranquille avec les machines à sous, bah là c'est raté. T'as vraiment la poisse en ce moment que tu te dis encore. Enfin bref, tu regardes malgré tout le nom inscrit sur le carton et t'y lis « Gabi Rosenthal ». Tu fais un prout avec ta bouche et hausses tes épaules de costaud. T'en a jamais entendu parlé de cette bobonne toi, pis tu ranges le carton à l'intérieur de ton veston avant d'essayer de te frayer un passage au milieu de tous les peignes-cul présent pour l'évènement. Ça te rappelait comme qui dirait un mauvais rêve. Mais bon c'est qu'un sale moment à passer pour retrouver les Machines à Sous que tu te dis, alors tu serres les dents et t'essaie de pas crever d'asphyxie à cause du parfum des morues.

Bref. T 'arrives enfin à la porte d'entrée du Casino et tu la tires pour pénétrer à l'intérieur. Et là t'ouvres grands les mirettes. T'es impressionné putain. Toi qui viens de la rue, t'es pas habitué du tout à tout ce luxe. Les gens ici, y pètent dans la soie, quand toi t'es plus du genre à chier dans la semoule, alors tu te sens un peu gauche, forcément Bardamu, mais bon tu te débines pas. Les Droogs, à l'époque, ils en parlaient souvent des Casinos. Du Black Jack, de la Roulette, des Machines à Sous. Ils crachaient souvent dessus ouais, parce que c'est le symbole de l'Empire et du Capital, le Casino. Ça pue le fric ouais, ça pue le bourge aussi, en fait ça pue tout court. Mais dans le fond, tu le sais bien toi, que malgré leurs convictions, l'idée de brasser du blé en se pintant la tronche entouré de bombasses, bah ça les excitait quand même bien au fond, les Droogs. Alors ouais, ils l'auraient jamais avoué, comme tout un tas de truc, parce qu'en meute, ils faisaient les fiers. Mais seuls, oui, seuls, ils restaient des loubards, des parias, rejetés de la société, sauf que le mâle, quand il est rejeté, bah qu'est-ce qu'il fait ? Ben il a plus qu'une seule envie alors, c'est d'en être. Alors toi t'en serais ce soir, ici, sans les yeux de Bambi. Et pis y a une autre raison qui fait que ça te fait bien envie à toi le Casino aussi. Une autre raison bien plus ancienne. C'est Dostoïevski. Et ouais mon gars ! Ta mère, elle t'en causait souvent à toi de Dostoïevski quand t'étais tout petit, elle t'en causait souvent ouais... Mais elle te causait pas de Crimes et Châtiment non, parce que toi ta mère, elle allait plus loin que tous ces connards de soit disant lettrés elle, oui ta mère elle connaissait plus que les classiques ouais. Alors elle te parlait du Joueur. Et tu t'en souviens très bien toi ouais, ton père y gardait le mur de Berlin alors elle, elle te racontait oui ta mère comment le Ruskov il a dicté son bouquin à une pépette en vingt-sept jours parce qu'il était pris au piège par un contrat. Et ses mirettes elles brillaient à ta mère, oui, parce que c'est un chef d'oeuvre qu'elle te disait oui, Le Joueur. Elle te racontait à quel point Alexeï il aimait Paulina ta mère, elle te racontait ouais comment il allait au Casino jouer à la roulette pour elle, avant de tout perdre parce qu'il avait gagné. Ça la faisait rêver ça ta mère, le Casino. Le Joueur. Alors ça avait fini par te donner envie à toi aussi, le Casino. Du coup bah tu te l'étais promis toi oui, à sa mort à ta mère, qu'un jour t'irais au Casino pour parier pour elle. Et ce jour bah c'est aujourd'hui. Et tu comptes bien parier à la santé de ta vieille mère.

Tu te rends à l'accueil, t'as cents sous sur toi. Tu te dis que pour une première fois, faut pas que t'abuses vu que le Casino, bah tu connais pas. Surtout que là, c'est la fin du mois en plus et toi, bah t'as encore besoin de thunes ouais, pour de la bière et des clopes. Parce que ça coûte un bras la bière et les clopes et que le mois, là, même si sa fin est proche, bah il est pas encore fini. Alors, tes cents sous tu les échanges contre des jetons. Et pis tout content tu te diriges vers ce que tu attends plus que tout à ce moment précis : les machines à sous. Un rêve de chiard qui se réalise à soixante ans putain c'est beau. Tu te sens mieux Bardamu tout d'un coup. Loin de chez toi. Loin de Bambi. Au paradis de la Fortune. T'es ému. Tu te dis alors que tu peux pas t'arrêter de vivre toi non, que tu peux pas gamberger nuit et jour seul dans ton appartement parce que tu risques de l'attendre encore longtemps ta mort toi à ce rythme là, si tu passe le reste de ta vie à te morfondre pour Bambi. Tu passes alors devant le miroir du hall, pis tu te rends dans la grande salle de jeu. Tu regardes partout autour de toi, des machines y en a des centaines à la ronde que tu te dis. Alors faut pas que tu te trompes quand tu t'assoies, mais avant de commencer, il te faut un whisky. Alors tu vas en chercher un et déjà y te coûte un bras. Putain, ils rigolent pas les veaux que tu te dis. Pis tu cherches, tu cherches la bonne machine, celle qui te portera chance, celle qui fera ta gloire et ta renommée et là tu finis par trouver un endroit qui te plaît bien, un endroit qui sent la chance, un peu à l'écart de l'allée principale où t'as tous les pingouins qui défilent pour rejoindre leur saloperie de Gala à l'étage. Toi, là t'es au calme et ça te va très bien. Tu remontes tes manches, pis t'insères ton premier jeton dans l'automate comme papa dans maman, c'est historique, pis tu portes ton sky à tes lèvres et là, tu profites du spectacle, de la lumière qui clignote, de la musique qui s'anime, de toutes les couleurs de la machine à sous qui virevoltent. Et là putain que tu te sens vivant. Putain que tu te sens puissant là tout à coup oui. Maître de ton destin entrain de jouer ta vie. Ça y est, que tu te dis, c'est le grand moment, tu tires sur le levier et pis là c'est parti, les rouleaux y se mettent à tourner. Et toi t'as le cœur qui bat. Peut-être que tu vas gagner Bardamu que tu te dis. Peut-être que tu vas être riche toi oui, ce soir, au Casino, à la santé de ta mère. Même si t'en as pas besoin. Tu rêves Bardamu. Tu rêves.

Et pis les rouleaux s'arrêtent les uns à la suite des autres. Et tu perds. Alors tu pestes, c'est juste la première fois, ça aurait été trop facile si t'avais gagné direct que tu te dis. Alors tu rejoues. Pis là tu reperds. Mais cette fois-ci, c'est pas pareil, tu te dis que tu le sens bien le prochain coup toi, que c'est la bonne oui, que t'en es persuadé. Alors tu rejoues. Et pis tu perds de nouveau. Jamais deux sans trois. Mais c'est de moins en moins marrant là que tu te dis toi, Bardamu. Parce tu gagnes pas, parce que tu sens que t'es entrain de tomber dans un piège à con là oui. Alors que t'es pas con toi non. Du coup, tu retournes te chercher à boire, parce que t'as l'impression que ton verre il est percé tellement qu'il est descendu vite. Tu leur donne un rein au bar pour le payer ton putain de whisky et tu retournes à ta place. Sauf que quand t'y arrives, putain, y a un connard qui t'a tapé ta machine. Alors t'es saoulé. Ça t'énerve, oh oui ça t'énerve ! Parce que tu l'aimais bien toi, tu t'étais fait chier à la choisir toi oui, cette putain de machine à sous là. Et pis tu l'as chauffée en plus. Donc tu pestes dans ta barbe que le salaud il ai osé te la piquer. Mais qu'est-ce que tu veux faire, tu vas pas le virer, faut que tu tiennes à carreau ici Bardamu. Parce que t'es pas chez toi. Alors t'en choisi une autre finalement, celle en face tiens, parce que tu vas pas rester là à attendre comme un con que le salaud la libère ta machine. Tu bois. Tu commences à être joyeux Bardamu que tu te dis. Et cette fois-ci, c'est certain, c'est la bonne. Tu te le dis, oui, c'est sûr, cette fois tu vas gagner. Et t'y crois tellement comme un gros con, que tu mises gros. Tu mises tout. Tu mets tous les jetons qui te reste ouais, parce que t'es un fou toi Bardamu et tu te sens en veine là. Alors tu tires sur le levier et pis t'as le palpitant qui s'emballe. T'as l'adrénaline qui gorge ton sang. La tension elle est à son comble putain. Sauf que là, tout à coup, bah t'entends le connard d'à côté, oui, celui qui t'as piqué ta machine, qui beugle comme un putois. Il a gagné qu'il crie, il a gagné oui et toi, à ce moment-là, ça te détourne de ta partie à toi. Alors tu t'empresses de regarder toi et toi... Bah t'as perdu.

Putain de bordel de tes couilles sur la table de fils de pute de merde que t'as envie d'hurler. Tu peux pas t'empêcher de cogner sur la machine toi, tellement que t'es énervé. Ce fils de pute il a gagné sur ta machine à toi ! Sur ta partie de la chance ! C'est toi qui la choisie putain, c'est toi qui l'a chauffé cette machine et là le fils de pute il se pointe, y te la pique et y gagne le pactole. Ton pactole. T'as envie de tout casser putain. T'es furieux. Tu bois ton verre sec. Tu te dis qu'il t'en faut un autre et très vite, sauf que là tu captes comme un con que t'as tout joué en fait. Qu'il te reste plus rien là dans les poches de ton veston. Alors t'as les boules putain parce que t'es là depuis quoi toi, dix minutes ? Vingt minutes tout au plus ? Alors même si t'es comme un gosse dans un magasin de jouet juste avant noël ici, dans la lumière des Machines à Sous, bah c'est vraiment de la merde que tu te dis quand même finalement. Un attrape couillon. Et toi t'en es pas un. Non. Toi t'es pas un couillon non. Alors bon débarras ! Fin du game. Sauf qu'en attendant là, bah toi, t'as plus rien à picoler et pas un sous en poche non, pour te procurer de quoi te réhydrater. Alors tu pestes, tu souffles, t'es moribond, pis tu l'as senti toi oui que le vigile il a pas kiffé que tu tapes sur la machine. Alors tu sors vite, tu sors fumer une clope oui histoire de te calmer les nerfs. Parce que t'as juste envie de tout casser là. Et quand t'attrapes ton paquet, tu sens subitement un carton dans ta poche. Et là ça te revient à la tronche oui, la soirée de Gala, l'invitation de Gabi Rosenthal. Alors subitement bah y te vient l'idée saugrenue d'aller y jeter les mirettes à toi. Bah ouais, parce que t'es un petit curieux toi. Pis t'as plus de sous. Et les soirées de Gala, même si tu connais pas et que c'est rempli de pingouin et de pintades, tu dois bien pouvoir t'y fendre la poire quand même que tu te dis. Y aura à boire, y aura à bouffer, y aura de la pépétte, et dans un lieu comme celui-ci, au moins, tu devrais pas tomber sur un fils de pute à qui tu referais le portrait.

Alors tu finis ta clope, pis tu traverses la salle direction le grand escalier en marbre au fond par lequel ils défilent les pingouins et les pintades depuis le début de la soirée. Pis t'essaies de te détendre. Tu te dis que, pour que ça passe, faut que t'aies l'air naturel Bardamu. Sinon ils vont te cramer les gorilles, oui, ils vont cramer que c'est pas toi non Gabi Rosenthal. Alors tu t'insères au milieu d'un troupeau de bourgeois histoire d'être le plus discret possible, car fondu dans la masse, tu portes un joli masque. Pis tu te faufiles en sous-marin. Tu profites qu'un connard gueule de pas pouvoir rentrer pour présenter toi ton carton avec tes gros doigts volontairement placés sur le nom de Gabi. Tu tentes le coup de bluff et tu serres les fesses, mais ça passe putain oui, tellement qu'ils sont distraits par le connard qui gueule les gorilles ! Tu franchis la porte dans l'excitation, sauf que tu fais le con Bardamu. A peine entré tu fais le con toi oui. Sans déconner tu peux pas t'en empêcher putain. Parce que la porte tu l'ouvres tellement comme un boeuf que tu tapes un serveur qui passe par là juste au bon moment. Bien sûr. Et ça fait BIM, il bascule et son plateau tombe. Ça fait CRAC. Et le silence y se fait dans l'assemblée. Y a tout le monde qui te regardes et toi bah tu te sens con. Putain Bardamu, t'es vraiment qu'un tocard que tu te dis. Parce que tu te devais te montrer discret ici et que bah là, c'est raté. Alors tu souris nerveusement le temps que ça passe. Et ça dure pas bien longtemps, les mouches se remettent à voler. L'incident est clos.

"Pardon pauvre vieux !" que tu lui dis quand même au serveur qui ramasse les morceaux.

Pis tu t'élances dans la pièce. Tes quinquets y regardent partout. Et là tu te dis que t'es entrain de rêver. Parce que t'as jamais vu ça toi non jamais. Tu pensais même que c'était un mythe toi ça, une légende urbaine. Que ça existait pas. Et pourtant si. Si, ça existait. Parce que tu l'avais sous les yeux à cet instant précis. Alors t'en reviens pas toi. Bordel de merde mais qu'est-ce que c'est cul-cul ce truc que tu t'écries alors intérieurement. Tu regardes partout, des nappes blanches, des coupes de champagne, des bourgeois qui se bouffent dans la main et se lèchent les pieds, partout, à droite, à gauche, des bourgeois, des bourgeois partout et pis des serveurs aussi, qui les servent, qui courbent le dos, pis un orchestre de coincé là-bas qui joue de la musique d'ascenseur que personne n'écoute et dont tout le monde se branle, trop occupé par le buffet, trop occupé à se faire des mimis et des courbettes de pingouins. C'est abusé. Pis t'as les pintades sapées comme des Cendrillons aussi, elle te filent la gerbe celles-là. Avec leurs perles, avec leur fric. Avec tout. Parce que tout est puant dans ce Gala. Pourri par l'oseille ouais et les culs serrés aussi. C'est grotesque que tu te dis tout ça Bardamu. C'est une putain de mascarade que tu te dis même, dans cette tour dorée. Alors t'as envie d'aller les décoiffer les morues, t'as envie d'aller leur baisser le pantalon aux pingouins ouais pour voir ce qu'il s'y trouve. Pis tu lui la fracasserais sur sa tronche aussi, sa contrebasse de merde au balais-dans-le-cul de contrebassiste. Là t'as juste envie de tout casser Bardamu. Tout ce faste putride aux apparences trompeuses. T'as envie oui de tirer sur les nappes pour renverser tout ce qui traîne dessus. Pour qu'il n'en reste rien non, du caviar que les serveurs apportent à ces gros porcs de Bourgeois. Putain. Tu sens la rage qui monte et tu regrettes Bardamu. Oui tu regrettes. De t'être fait passer pour Gabi Rosenthal. Alors tu marches vite, partout, en quête d'une issue. T'attrapes une coupe de champagne sur un plateau au passage que tu torches en une goulée pour pas la recracher tellement que c'est dégueu. T'aimes pas ce que tu vois. T'aimes pas ces pantins, tous avec leur masque, qui se montrent, qui étalent leur réussite. Tu les détestes putain, tu les maudits, tu les exècres. Parce que toi t'as jamais rien eu dans ta vie oui, mais toi contrairement à eux, tu la dévoiles ta face. Toi tu existes toi. Toi tu vis toi. Dans la vraie vie oui, toi. Ils prennent des allures de sheitan les pingouins sous tes yeux désormais. Alors tu choppes une seconde coupette dans ta course vers une sortie que tu défonce comme la première. Tu rotes. Et là tu vois miraculeusement une porte et tu t'y engouffres comme une bombe pour ne plus voir ce spectacle infâme. Le safari a tourné au vinaigre.

Le dos alors collé à la porte, tu regardes tes pieds pour reprendre ton souffle, au calme. T'as soif putain que tu dis. Tu pensais que ce serait marrant toi ce truc, oui, tu le pensais sérieusement toi. Mais ça l'était pas. Pas du tout même. C'était oppressant. Juste oppressant. Toute ta vie de mâle pourtant, t'en avais rêvé toi de goûter à la Bourgeoise. Oui, le petit polisson que tu es toi Bardamu le paria, toute ta vie t'avais fantasmé à l'idée forniquer avec une dame de la Haute. Tu te disais oui que ce devait être de sacrées cochonnes elles sous leurs bas de soie. Alors t'avais envie toi, oui, de les ébouriffer, t'avais envie toi, de les souiller les aristo, de ta virilité des bas-fonds. Mais là comme ça tu pouvais. Tu pouvais y retourner, trouver une proie et la chasser. Non, c'était impossible. Quoi que...

Tu relèves la tête en soupirant et c'est là que tu la vois, la jolie sirène qui tourbillonne au-dessus de la fontaine. Elle est pieds nus sur sa fontaine la sirène, elle flotte, la traîne de sa robe entre ses mains. Elle ondule et déambule. Et tes yeux se mettent à briller face à cette vision fantastique. Tu te dis qu'elle a l'air très appétissante la sirène, délicieuse même avec son corps de déesse moulé indécemment dans sa petite robe de soie bleue. Tu sens alors que t'as envie toi, oui, de palper son petit cul de rêve, que t'as envie toi oui, de presser hardiment ses seins fermes et charnus entre tes sales pattes de vaurien. T'as envie de la baiser la sirène. Oui. De t'enhardir dans son petit boule qui chamboule pour oublier Bambi. Parce qu'outre son corps d'avion de chasse elle possède aussi un minois d'enfer doté d'un regard intensément profond et de lèvres pulpeuses que t'as envie de dévorer la sirène. Tu te lèches les babines Bardamu. Tu la regardes. Détaille chaque courbe de son corps. Elle représente tout ce que Bambi n'est pas. Le sexe, la chair, le feu. Tu lui souris. Il semblerait bien que les affaires reprennes... Il semblerait bien oui, malgré ton grand âge, que tu veuilles t'y noyer, toi dans les bras de la sirène, malgré ses vingt-cinq ans tout au plus.

"Oh veuillez m'excuser Mademoiselle, j'ignorais votre présence ici. Puis-je néanmoins me joindre à vous ?" que tu lui demandes alors la bouche en coeur, tel un gentleman, mais non sans arrière pensées.


Dernière édition par Bardamu Mohrer le Sam 16 Mai 2020 - 11:01, édité 1 fois
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Re: La Belle et la vieille Bête [Bardamu]
Sam 2 Mai 2020 - 0:40


BARDAMU & GABI

LA BELLE ET LA VIEILLE BÊTE


Quand je dansais je respirais et bon sang ça faisait une éternité que j'avais l'impression d'être en apnée... J'avais abandonné le patin après ma rupture avec Häns'. Alors que ma passion avait toujours été ma bouffée d'oxygène et mon refuge dès lors que quelque chose n'allait pas, là même elle n'avait pas réussi à me sauver des tumultes dans lesquels mon ex petit ami m'avait jetée... Ma vie se résumait à mon lit, aller en cours, mon lit. Je ne sortais plus en soirée avec les potes. Je n'allais plus boire de verre après les cours. Je n'allais plus faire du shopping. Plus dormir chez Ida et Saskia. Plus à la patinoire. Non pas parce que je ne le voulais pas, mais parce que j'oubliais. J'avais oublié tout le reste après que Häns' m'ait quitté. Le monde avait perdu ses couleurs pour revenir au noir et blanc. Il tournait de façon abstraite et irrégulière. J'avais bien vu les innombrables textos et appels manqués de mon coach, pourtant j'avais regardé l'écran où son nom s'affichait plusieurs fois par jour sans vraiment le voir, en me disant que je le rappellerais plus tard. Peut-être... Je me demandais ce qu'il me voulait car à aucun moment mon cerveau n'avait tilté que ça faisait des jours que je n'avais pas mit mes pieds sur la glace... Il semblait si déconnecté de tout... C'était comme si il n'y avait plus que la douleur qui me ravageait qui rythmait mes jours autant que mes nuits. Tout le reste était occulté. Tout ce que j'avais toujours aimé... Hänsel n'avait pas seulement piétiné mon cœur à l'en laisser brisé, il m'avait aussi arraché mon identité. Volé mes sourires et fait disparaître mes envies. Mes rêves. Ils avaient juste... disparus de ma tête. Comme soudain oubliés...

Puis Alex était venu me chercher à la maison. J'étais sur ma couette, ma musique dans mes oreilles avec Netflix allumé que je ne regardais même pas à triturer l'oreille de mon lapin en peluche gagné par Häns' à la fête avant qu'il ne me laisse et mon coach avait ouvert ma porte. J'avais sérieusement cru halluciner ! A tel point que j'étais sortie d'un coup de ma léthargie et m'étais assise d'un bond l'air totalement hagard, sans comprendre ce qui se passait. J'avais pourtant pas pris de drogue encore ce jour là ! Alex était toujours si dur et si critique ! Il avait toujours l'air si détaché ! Avec lui c'était marche ou crève pourtant il s'était bien retrouvé là face à moi dans ma chambre...
Il s'était assis sur mon lit et je crois que ça avait été la toute première fois où j'avais découvert cet aspect presque doux de lui. J'étais pas conne j'avais bien vu qu'il était venu pour m'engueuler à la base de sécher les entrainements qui m'étaient d'un coup revenus en tête, mais quand il avait vu ma tête, la sienne avait instantanément changé d'expression. Je ne faisais pas un caprice. Je ne traversais pas une crise ou une passade. J'étais vraiment anéantie et l'ombre de moi-même... Il y avait tant de chagrin  dans mon regard d'habitude toujours si pétillant...
Il m'avait parlé longtemps. Calmement. Je l'avais écouté tête baissée, mon oreiller serré contre moi comme pour me protéger de tous les maux du monde et j'avais fini par pleurer en l'entendant me dire toutes ces choses que je n'aurais jamais cru entendre de sa bouche. Je travaillais toujours si fort et si dur pour Alex ! Pour le satisfaire ! Il était un ancien champion de patinage artistique et des nanas tueraient pour l'avoir en tant qu’entraîneur. Pourtant c'était un despote qui ne passait rien ! Mais il excellait. Il n'y avait pas de place à la médiocrité avec lui. Il ne tolérait que la perfection et exigeait l'exceptionnel ! Je me donnais corps et âme dans ma passion pourtant jamais rien ne semblait être à la hauteur de ses attentes lors de nos séances. Du moins c'était ce dont j'étais persuadée jusqu'à ce qu'il ne se mette à me parler.
Je me laissais couler et ça pour lui c'était hors de question. Il avait plongé sa main dans l'océan de mes tourments et m'avait chopé la tête afin de l'en sortir de force ! Il m'avait dit qu'il me voulait de retour sur la glace. Mais surtout, qu'il croyait en moi. Qu'il pouvait avoir toutes les minettes qu'il voulait à coacher mais que c'était moi qu'il avait choisi et que ce n'était pas par hasard. Il voulait m'emmener au plus haut. J'en avais les capacités. Il ferait même de moi une pro si je l'acceptais... Mais il refusait de me voir gâcher le don que j'avais à cause d'un chagrin d'amour, aussi douloureux fut-il. Merde alors. Alex avec du tact et de l'empathie ! Fallait vraiment que je sois une épave pour être témoin d'un truc pareil ! Ça aurait limite été flippant si il ne m'avait pas autant touchée... Il m'avait fait un speech qui m'avait secoué et fait relever un regard hésitant mais avec le craquement d'une étincelle vers lui. C'était comme apercevoir un rayon de lumière après n'avoir été étouffée que par des nuages trop épais. Il ne m'avait pas laissé répondre quoique ce soit pourtant. Il ne m'avait pas laissé le choix non plus. Il avait juste été récupérer mon sac de sport, mes patins, puis m'avait forcé à me lever et conduite à la patinoire où il m'avait jeté sur la piste sans même me laisser le temps de me changer.
Je m'étais d'abord trouvée paralysée, de me retrouver là après si longtemps. De me retrouver face à cette passion que j'avais oublié. Abandonné. Et si elle m'avait quitté aussi...? J'avais regardé mes mains tremblantes autant que mes jambes fébriles. La glace brillait autour de moi et m'hypnotisait autant qu'elle m'effrayait. Mais Alex avait alors allumé la musique... Mon cœur s'était mit à bondir d'un coup dans ma poitrine à m'en faire mal tant il ne m'avait pas parlé depuis longtemps. Il n'était pas mort alors ? Il vibrait encore ?
Doucement, j'avais poussé sur mes lames et m'étais laissée aller. Alex n'avait rien dit se contentant de m'observer du bord de la piste, comme si il avait voulu me laisser en tête à tête pour un instant avec la glace et  me reconnecter autant avec mes patins qu'avec moi-même. Puis au bout de plusieurs tours de pistes à renouer avec mes sensations, à me laisser envahir à nouveau par ma passion, la voix de mon coach avait raisonné dans le dôme immense, me hurlant ses critiques et ses conseils d'amélioration comme à l'accoutumée. Pourtant,  je souriais. Je n'avais pas cessé de sourire de tout l'entrainement ! Je patinais ! Je volais ! Je vivais... Et à la fin du cours, j'avais fini dans les bras d'Alex. Aucun merci n'avait été utile. On s'était compris tous les deux...

Je me sentais mieux depuis que je patinais à nouveau. Je renouais avec la réalité petit à petit et là sur cette fontaine, je me laissais aller à ce que j'étais et retrouvais, insouciante et spontanée. Il y a quelques semaines je serais probablement restée dans un coin de la pièce d'à côté, totalement éteinte à attendre que le temps passe avant de rentrer m'effondrer chez moi, mais plus maintenant. J'étais bien, seule avec moi-même à onduler sur les épaisses bordures de la fontaine à chantonner cet air qui me tournait dans la tête. J'esquissais des figures de patinage douces à l'œil qui ne prenaient leur force et leur ampleur que dans mes pensées et laissais parfois traîner le bout de mes pieds au dessus de l'eau juste pour le plaisir d'entendre le bruits de goûtes retomber dans le bassin. C'était comme réciter un poème sensuel et envoûtant, mais avec le corps.
Mon visage levé vers le haut, j'observai les plafonds richement dorés tout en me hissant sur les pointes de mes orteils pour tourner en faisant voler ma traîne autour de moi. C'était un bel endroit ici. Comme un cocon de tranquillité à côté de l'effervescence guindée qui avait lieu dans la pièce d'à côté et c'était reposant. J'étais pas spécialement pressée de retourner me mêler aux invités et encore moins de me confronter aux journalistes. Pour le coup, j'étais pas encore vraiment prête à tout ça...

Grandir dans une famille richissime, ça voulait dire avoir à fréquenter ce genre d'endroit constamment, ou du moins très souvent. Ca voulait dire avoir l'éducation qui allait avec aussi. Papa et maman avaient toujours été très stricte quant à ça. J'avais toujours été extrêmement gâtée et couvée depuis ma naissance, mais pour autant en ce qui concernait les manières on ne m'avait jamais rien passé et il en allait de même pour la culture. Mes parents étaient très à cheval là dessus. Papa estimait que c'était tout aussi important, si ce n'était plus encore. Le savoir c'était le pouvoir. J'étais capable de nommer chaque compositeur de chaque mélodie qui se jouait à côté. De trouver le nom des vins. De deviner le designer d'une tenue... J'avais vite apprécié cette vie de luxe, de raffinement et de beauté dès mon plus jeune âge. J'avais vu et été dans des endroits que certaines personnes ne verraient sans doute jamais. Expérimenté des choses que d'autres estimeraient irréelles ou tout droit sorties de mes fantaisies. J'avais fréquenté des célébrités. Dîné dans les plus grands restaurants. J'avais une vie qui pouvait paraître rêvée et que beaucoup m'enviaient sur les réseaux comme au lycée.
Pourtant très souvent, j'avais l'impression d'avoir un cœur un peu trop sauvage pour tout ça... De dénoter. Maman était toujours si parfaite. Elle était toujours tirée à quatre épingles. Elle avait cette élégance naturelle qui attirait tous les regards. Elle ne faisait jamais le moindre faux pas. C'était comme si elle savait toujours quoi dire et quoi faire au moment propice.
Papa lui avait une telle prestance et un tel charisme qu'il était capable de s'adapter à n'importe quelle situation. C'était pas pour rien qu'il était un des plus grands avocats du pays, si ce n'était du monde. Tous deux étaient comme des poissons dans l'eau là dedans.
Et moi aussi sans doute. J'y avais grandi après tout mais pourtant, il m'arrivait parfois de ne pas me sentir à ma place. De me sentir étouffée. Comme ici ce soir. J'aimais ce monde d'abondance et de privilèges, ce monde de beauté je ne pouvais pas dire le contraire, mais avec Hänsel j'en avais découvert un autre qui me plaisait tout autant et dans lequel je m'étais découverte. C'était moins brillant mais tellement plus vrai. Je m'y sentais libre j'adorais ce que je ressentais quand je bravais les interdits et suivais mes envies ! C'était tellement vivifiant !

Ici tout était étourdissant de magnificence. Le champagne coulait à flots, les mets étaient divins, l'orchestre incroyable de talent. Les robes semblaient sorties tout droit du Met Gala - putain CA c'était un truc que j'espérais faire un jour ! - mais pourtant j'étais mieux ici, dans mon petit salon privé.
Je m'accroupis un instant près de ma pochette histoire de récupérer mes supers écouteurs sans fils que je glissai dans mes oreilles, puis allumai ma musique avant de me remettre à bouger, un large sourire accroché à mes lèvres. J'aimais trop ce son !
Dans ma bulle, je fermai mes yeux et me mis à chanter pour de bon. Je devais avoir l'air folle à chanter et danser voluptueusement sur de la pop rock que personne n'entendait à part moi alors qu'à côté ça jouait du Debussy  mais j'en avais rien à secouer ! Je trouvais mon échappatoire et ça faisait du bien !
C'était tellement agréable de ne plus pleurer à chaque heur du jour et de la nuit ! De vraiment apprécier un moment ! Mon palpitant était toujours écartelé, mais je parvenais à maintenir les apparences durant un temps. J'arrivais à faire en sorte de garder les morceaux brisés en illusion d'un cœur entier. Tout redeviendrait éparse plus tard une fois chez moi dans mon lit mais en attendant, à part quelques fêlures joliment dissimulées derrière mes sourires et mon maquillage, je rayonnais.  

- Han putain ! sursautai-je en me rendant compte que je n'étais pas toute seule.

Je perdis l'équilibre dans mon mouvement et tombai assise sur le marbre, mes pieds pour de bon dans l'eau fraîche. Je retirai mes écouteurs et regardai l'intrus par dessus mon épaule nue, le souffle légèrement court à cause de la surprise. Vache il m'avait fait peur !
Je détaillai la tenue de l'homme pour le moins... originale pour un évènement aussi mondain que l'était celui-ci. Il sortait d'où lui ?

- Oh veuillez m'excuser Mademoiselle, j'ignorais votre présence ici.

Bah ouais c'était un peu le but en fait... Que personne ne sache que j'étais ici... C'était bien pour ça que j'y étais venue...
Je mordillai ma lèvre inférieure comme je le faisais chaque fois que je me sentais prise en faute ou acculée puis le relevai et marchai dans la fontaine, continuant d'onduler nonchalamment tout en jouant dans l'eau du bout de mes orteils. C'était encore plus agréable comme ça.

-  Puis-je néanmoins me joindre à vous ?

Je cessai de bouger et penchai ma tête sur le côté afin de l'observer, mon sourcil arqué. Je sortis du bassin telle une nymphe quittant son tableau et retournai près de ma pochette et de mes chaussures. La moquette était douce sous mes pieds humides et les réchauffait après que le marbre les aie glacé.  

- Ça dépend... Si vous êtes un journaliste vous pouvez aller vous faire voir ailleurs. Et si vous voulez me faire de la lèche pour vous faire bien voir auprès de ma mère vous perdez votre temps je gère pas sa fondation et vaudrait mieux que vous retourniez dans l'autre pièce avec les autres engoncés. Par contre je vous suggère de prendre un ticket.

J'en avais ma claque de tous ces gens qui me faisaient des courbettes à s'en traîner parterre dans ce genre d’événement juste pour pouvoir entrer dans les bonnes grâces de papa ou maman ! Y'en avait carrément un une fois qui avait limite tenté de me foutre dans les bras de son fils ! "Nos familles auraient été si bien ensemble" ! Non mais il s'était cru au moyen âge ou quoi avec sa tentative de pseudo mariage arrangé à la con ?!
Ah il me l'avait vanté hein ! Jeune homme de bonne famille, beau - si on voulait... -, bien comme il fallait... Barbant à souhait ouais putain ! Un prince charmant qu'il m'avait dit... Sorry j'étais plus du genre chevalier noir moi ! Le fils de ce type était aux antipodes de mon bad boy qui me faisait tant vibrer !
Bad boy que je n'avais plus aujourd'hui... Hans' aurait tellement moqué tout ça. Jouer les pingouins, très peu pour lui. Si il avait été là avec moi, on se serait surement éclipsé quelque part avec du champagne chouré dans un seau pour faire l'amour dans un coin... Putain fallait que j'arrête de toujours tout ramener à lui !
En tout cas, le marginal qui me faisait face, semblait dénoter lui aussi dans le décors. Il n'avait pas grand chose de semblable aux nombreux invités qui dansaient et buvaient de l'autre côté de la porte qui se trouvait dans son dos.

- Sinon vous faites ce que vous voulez. Par contre je vous préviens, j'ai rien à boire ici...

P'tain zut c'est vrai ça ! J'aurais du y penser avant de m'éclipser...
Je rattachai mes chaussures, puis comme je m'allongeai sur le marbre, mes cheveux en cascade retombant sur le côté jusqu'au sol dans lesquels je glissai distraitement mes doigts pour jouer avec une boucle. Je repliai légèrement mes jambes dénudées l'une contre l'autre histoire de garder un minimum de pudeur et gardai ma traîne dans ma main. J'aimais trop la sensation de la soie je ne me lassais jamais de la toucher...
Je laissai mes pensées repartir je ne savais où. Sans doute vers les yeux verts d'un beau brun ténébreux qui me blessait un peu trop...




Dernière édition par Gabi Rosenthal le Sam 2 Mai 2020 - 20:01, édité 1 fois
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Re: La Belle et la vieille Bête [Bardamu]
Sam 2 Mai 2020 - 19:41


BARDAMU & GABI

LA BELLE ET LA VIEILLE BÊTE


La nymphette flotte au-dessus des eaux, provocante, elle virevolte et cabriole sur le bord de la grande fontaine de son salon privé. Le regard en elle, elle se déhanche, se trémousse, fait tournoyer son petit cul endiablé sous tes yeux hagards. Ses bras tourbillonnent, sa petite tresse brune papillonne dans les airs tout autour d'elle et elle chante, innocemment elle chante, plongeant aléatoirement ses jolis petits pieds dans l'onde claire. Et toi, oui toi, Bardamu, tu la regardes sans ciller contre ta porte, et t'es happé toi, obnubilé oui, par la beauté de ce spectacle, vision fantastique s'il en est. Et elle t'aguiche la sirène, sans même s'en rendre compte, elle t'aguiche, te provoque, t'allume. Mignonnette... Dire qu'elle se croit à l'abri des regards ici, oui, dire qu'elle se croit protégée dans sa luxueuse tour dorée. Elle ignore que le loup rôde tout près d'elle là oui, elle le sait pas que le loup il est là, tapis dans l'ombre, à la dévorer des yeux. La roue a tourné pour toi mon bon vieux Bardamu que tu te dis alors. La chance est enfin revenue après la perte de ta monnaie, après le vol de ton pactole, après ton safari raté. T'as au moins droit à une petite récompense ! Alors tu la mates ta récompense. Sans te faire prier tu la mates oui. Tu la déshabilles du regard, tu la bouffes avec tes yeux. Tu l'imagines à poil et franchement, t'aimerais bien y goûter toi à sa chair fraîche, délicieuse, t'aimerais bien y plonger toi oui, nu, dans cette fontaine avec elle. Pour t'y vautrer dans le strupre et la dépravation. Parce que là, il t'appelle le chant doucereux de la sirène, il t'excite, il t'échauffe, il t’électrise. Si bien que là, ils existent plus les pingouins et les dindes de la pièce d'à côté. Non elle existe plus non plus la foutue contrebasse de merde de l'orchestre de coincé de la pièce d'à côté. Parce que là tu baves Bardamu dans ce salon privé, tu salives oui, devant cette provocante petite nymphette qui te fait monter le vice au corps et l'envie aux reins. Tu t'en lèches les babines par anticipation en espérant que ce mirage ne se finisse jamais. Tes yeux s'attardent sur le moindre de ses traits, sur ses adorables petits petons humides, sur sa saisissante taille de guêpe, sur ses épaules charnues, sur sa délicieuse poitrine à en faire bander un curé. Tu n'en rates pas une miette. Tu...

- Han putain ! Qu'elle jure alors subitement en tombant dans la flotte.

« Oh ben je vous en prie ! » Que tu lui réponds dans un petit ricanement moqueur tout aussi surpris qu'elle par sa prise de conscience subite.

T'es repéré putain, que tu te dis, fini le voyeurisme. Fais chier. T'es à découvert toi aussi maintenant. Alors y faut que t'aies l'air un peu moins vicieux histoire de pas lui faire encore plus peur à la nymphette. Parce que là, même si son plouf il a rompu le maléfice, bah ton sourire grivois y trahi toujours tes bassesses, oui il garde les séquelles de ton luxurieux dessein. Et c'est moche. T'as l'air d'un vieux libidineux Bardamu. D'un gros porc. T'es un bon tricard putain, un mateur, alors tu mériterais oui qu'on te foute à la porte pour l'indécence de tes regards, pour l'impudeur de tes désirs. Parce que t'as violé son intimité là, dans la pénombre de ta porte à la nymphette, et tu le sais bien oui, mais tu culpabilises pas pour autant. Parce que tu sais que t'as rien fait au fond toi, non, t'as juste saisi la volupté des images qui s'offraient à ta vue, juste profité de ce présent que la vie t'as donné en échange de tes galères, mais tu n'as rien fait de plus. Et tu te dis même que tu l'as bien mérité oui, ce petit instant pervers, après tout ce qui t'es arrivé depuis que t'es entré dans ce foutu Casino de merde. Au fond, tu t'en branles toi oui, de la pudeur, de la morale, de la bienséance, de toutes ces conneries de peignes-cul. Parce que tu vas clairement pas te mettre à faire ta mijaurée à presque soixante piges quand même ! Mater les blanches fesses des Guenièvres, toi ça a toujours été ton truc. Et c'est pas maintenant que ça changerait, bordel, à ton âge, t'as plus le temps toi maintenant de cracher dans la soupe. T'es vieux. Alors tu saisi l'opportunité quand y en a une. Peu importe sa forme. Même si là, ton entrée elle lui a quand même fait un effet bœuf à la petite, puisqu'elle en est tombée dans sa fontaine de sirène. Alors t'as envie de rire. Parce que bon, t'as quand même connu mieux comme bonjour qu'un « han putain », que tu te dis, mais bon, c'est de ta faute, tu lui as fait peur alors qu'elle était gentiment entrain de se lâcher, de chanter et de danser la nymphette, alors t'as plus qu'à assumer maintenant. C'est toi qu'est arrivé comme un couillon sans crier gare dans cette salle où elle est visiblement venu faire la même chose que toi, à savoir fuir ce Gala pourri la nymphette, c'est toi qui a profité de sa naïveté pour te rincer l'oeil comme un cochon, alors, si ton manque de discrétion l'a amenée à se retrouver les pieds dans la flotte tu peux t'en prendre qu'à toi-même. Même si ça la rend encore plus canon d'être mouillée comme ça jusqu'aux genoux.

En même temps, t'aurais pu faire quoi d'autre toi hein ? Que tu te demandes alors. T'aurais pas fait marche arrière non, t'y serais pas retourné au Gala toi de toute façon, parce qu'on voit que toi dans cette soirée de con, t'es le pissenlit dans le champ de coquelicot avec tes bretelles et ta gueule enfarinée. Alors tu te sens pas à l'aise là-bas. T'as pas envie d'y être. Tu préfères être ici. Dans ce petit salon avec la nymphette. Parce que tu t'attendais pas à ça toi qui voulait juste picoler à l'oeil pour oublier ta poisse. Tu t'attendais pas non, à ce que ce soit aussi pourri. Alors à la rigueur, si t'avais été bien élevé, en entrant, t'aurais vaguement tourné la tête, mais comme tu l'étais pas, bah c'était comme ça, t'avais maté. Point. Tu t'introduis à elle malgré tout en avançant d'un pas.

« Oh veuillez m'excuser Mademoiselle, j'ignorais votre présence ici. Puis-je néanmoins me joindre à vous ? »

Ses grands yeux bleus te fixent. Elle mordille sa lèvre, elle est sans doute gênée que tu l'aies grillée, que tu te dis. Mais sa petite moue boudeuse, bah elle la rend encore plus sexy. Et elle se débine pas la nymphette, séduisante nymphette, séductrice nymphette, tentatrice nymphette. Au contraire, elle en joue. Elle se relève et reprend sa petite danse légère. Mais elle s'immobilise quand tu termines ta question. Puis elle sort de l'eau et celle-ci glisse le long de ses jambes nues. Huuuum... Elle met le paquet la nymphette, que tu te dis. Sa manière de te regarder est grisante. Elle est impertinente, et toi, tu adores ça, oui. Tu adores ça.

- Ça dépend... Si vous êtes un journaliste vous pouvez aller vous faire voir ailleurs. Et si vous voulez me faire de la lèche pour vous faire bien voir auprès de ma mère vous perdez votre temps je gère pas sa fondation et vaudrait mieux que vous retourniez dans l'autre pièce avec les autres engoncés. Par contre je vous suggère de prendre un ticket.

Tu te marres. Tu peux pas  t'empêcher de te marrer. Tu ris même carrément à gorge déployée là Bardamu. Pour qui elle t'a prit sérieusement la nymphette ? Que tu te demandes. Avec ta gueule de vieux con, t'as vraiment l'air d'un connard de gratte papier ? Sans déconner ? Elle t'a bien regardé ? Qui c'est le plus engoncé de vous deux ? Toi avec tes bretelles ou elle avec sa robe de sirène ? T'essaie de retenir ton rire tant bien que mal, mais t'y arrives pas trop, enfin, t'y arrives même pas du tout. Parce que toi, tu sais pas qui c'est elle non, et tu sais pas qui c'est sa mère non plus, ni même ce que c'est que sa foutue fondation de tes deux à toi. Toi t'es arrivé là par hasard, parce que t'es curieux, tu jouais à la machine à sous, t'as tout perdu, pis t'as vu de la lumière alors t'es venu. Sauf que t'as pas aimé ce que t'as trouvé, alors tu t'es barré pour finalement te retrouver ici. Mais elle, au fond, avec sa dégaine de barbie, elle avait l'air d'en être oui, des pingouins et des morues, alors qu'est-ce qu'elle foutait là ? Que tu te demandes. En plus, elle a l'air de se prendre au sérieux la petite que tu te dis, elle te regarde même limite de haut la nymphette là. Sauf que toi, bah tu sais pas qui c'est elle. Tu l'as jamais vue. C'est pas la reine d'Angleterre. Alors ça te fait ni chaud ni froid. Et même, au contraire, ça t'amuse beaucoup. Son petit ton autoritaire, son sourcil qui se fronce légèrement, y te donnent même envie de l'énerver encore plus, tellement que ça la rend sexy quand elle se la joue rebelle. Qu'est-ce qu'elle est féroce que te dis. Et en bon loup, toi, tu aimes, oui, quand on te montre les dents.

« Désolée de vous décevoir très humble princesse, mais je ne suis qu'un vulgaire manant, je ne vous poserai donc pas de questions, je ne vous lécherai pas non plus les pieds, je cherche simplement un endroit où me poser quelques instants. » Que tu lui dis une fois que ton calme est revenu.

Tu fais à nouveau un pas en avant, puis tu lui fait une petite révérence à la nymphette, histoire de bien lui faire les pieds. Tu le sens là, oui, que tu vas passer un bon moment à ses côtés à la nymphette. Et ça te fait du bien, ça te fait du bien. Elle te permet de moins penser à Bambi. Parce que toi, t'es esclave de Bambi. De sa beauté, de sa douceur, de sa dignité. Parce que Bambi elle t'a rendu fou à lier. Et c'est pour ça d'ailleurs à la base, que t'es venu ici chercher quelque chose de costaud. Pour cesser de te lamenter comme tu le fais en permanence depuis que t'es loin de Bambi. Et à ce moment-là, y a tes yeux qui s'écarquillent et tu te prends une grosse taloche dans ta gueule de con. Parce que tu réalises là, tout à coup, que tu l'as trouvé oui, ce truc costaud, en la nymphette. Et tu te rends compte, oui, subitement, que elle non plus, elle est pas comme les autres. Non. Elle ne l'est pas vraiment pas. Des nanas, t'en a maté toute ta vie, t'en a baisé un certain nombre. Mais la nymphette là, avec toi dans ce salon, bah elle a quelque de plus. Quelque chose de sacré, de magique. Parce que cet attrait physique, ce vice qu'elle fait jaillir de toi, bah il est plus fort que tout ce que t'as jamais connu. Et alors, en le réalisant, bah tu perds ton sourire et tu deviens bien sérieux tout à coup Bardamu. Oui, parce que là tu réalises subitement que des rencontres comme celle-là, il s'en fait peu dans une vie. Et toi, oui toi, le vieux bougre là, le Droogs de soixante ans, l'alcoolique de tes morts, le papy bagarreur, bah toi, oui toi, là, t'en as fait deux en moins d'une semaine. Parce que cette nana là, que t'as en face de toi, cette nymphette oui, bah... C'est aussi une déesse. Comme Bambi. Dans son impertinence, dans son irrévérence. Dans sa férocité. Elle, elle prend tout à coup une nouvelle dimension à tes yeux oui la Nymphette. Et alors, tu assistes impuissant, en tout cœur, à la naissance du Diptyque. Oui. Du Diptyque. C'est ta mère qui t'a expliqué ce que c'était quand t'étais chiard un diptyque. C'est un truc composé de deux panneaux qui se rabattent l'un sur l'autre et qui forment un tout. Et toi, ton tout, il se compose de Bambi et de la Nymphette. Bambi, ta douce Bambi, ta belle Bambi que tu adores, que tu adules, devant laquelle tu te prosternes, oui Bambi dont tu es l'esclave, elle fait revivre Johannes, tes sentiments, tes émotions, elle fait battre ton cœur, elle te ramène à la vie, à la grandeur, à la lumière. Et  en face, désormais, y a la Nymphette. Oui, la Nmphette, parce qu'elle te retourne, elle t'attire, elle fait ressortir Bardamu, elle exacerbe Bardamu, ton vice, tes plus bas instincts, tout ce qu'il y a de plus sombre en toi, tes pulsions, tes passions elle les rends dévorantes. Et t'as envie de la baiser férocement la Nymphette, tant elle t'ensorcèle. Tant elle t'obsède. Alors Bambi, elle fait renaître Johannes et ce qu'il y a de plus beau chez toi et la Nymphette, par ses charmes trop tentants, elle fait ressortir Bardamu, la bête et tout ce qu'il y a des plus vicieux chez toi. Ton habituel sourire a complètement disparu là et tu es traversé par une vague de frisson, planté dans ses yeux durs qui ne veulent pas de toi. Tu es subjugué.

- Sinon vous faites ce que vous voulez. Par contre je vous préviens, j'ai rien à boire ici... Qu'elle te dit alors la Nymphette te sortant de ta torpeur.

Putain Bardamu qu'est-ce qui t'arrive ces derniers jours sérieux ? Que tu te demandes. Tu piges plus rien à ce que tu ressens. T'es complètement perdu. C'est parce que t'arrives à soixante ans que tu fais le poète comme ça ? Que tu te demandes. Putain. T'étais bien toi quand tu ressentais pas. Quand tu ressentais plus. La vie était plus simple, plus belle. Tu baisses la tête et tu te sens comme un con. Putain. T'as voulu mater et voilà ce qui te tombe dessus maintenant. Si t'avais su tu serais jamais venu. Ses yeux perçants y te transpercent les boyaux. Et ton cœur y bat, fort. Putain. Faut que tu te calmes. Tu t'en es toujours foutu de l'âge Bardamu, ça a toujours été le cadet de tes soucis, mais là, derrière son maquillage et sa robe de grande, bah tu le vois quand même oui, que c'est une enfant la Nymphette. Alors pourquoi ? Pourquoi tu la désires comme ça ? Pourquoi ce tableau ? Pourquoi la sirène dans sa fontaine ? Pourquoi t'es subjugué comme ça ? Tu faisais le mariole hein Bardamu, bah te voilà bien puni tiens. Qu'est-ce qu'elle penserait Bambi si elle savait ça ? Si elle savait qui t'étais ? Un vieux vicieux. Elle te toucherait plus jamais. Elle voudrait plus jamais te voir. Mais la nymphette là, elle s'arrête pas là. Putain. Elle rattache ses chaussures, elle s'allonge sur le marbre, elle laisse négligemment tomber ses cheveux en cascade sur le côté. Et elle joue avec, elle replie ses jambes dénudées et sa robe glisse toujours un peu plus, les dévoilant d'avantage, sa traîne entre ses doigts. Putain ton sang y bat. Ton sang y gronde Bardamu. Putain qu'est-ce qu'elle te tente. Elle en rajoute. Elle te torture. Comme si ça lui plaisait oui de jouer avec le vieux con que t'es. La Nymphette, cette pècheresse oui, cette vile pècheresse, elle veut t'asservir elle aussi. Te posséder. Comme Bambi. Faut que tu te reprennes bon sang. Faut que tu sortes de ta tête oui. Faut que tu sortes de ta tête là. Faut que tu trouves un truc. Tu te dis que tu plongerais bien dans la fontaine toi aussi là, putain, pour te remettre les idées en place. Mais tu peux pas. Parce que t'aurais trop l'air d'un con devant la nymphette. Alors tu te secoues pour te réveiller, pis tu lui dis connement :

« Ah oui c'est con en effet, parce que j'aurais bien bu un canon moi là. »

Parce que ouais, là t'as besoin d'un canon. T'as trop besoin d'un canon même. Parce que t'es troublé par sa vue à la nymphette. T'es troublé, subjugué, fou. Mais toi, t'es pas invité à ce putain de Gala. Toi, tu peux pas retourner là-bas. Pis t'as pas envie de retourner là-bas dans cet état. Mais dans le même temps, tu te dis que dans cet état bah tu peux pas rester là non plus. Et la gamine là, elle bouge pas. Elle y va pas elle chercher à boire. Et toi t'es comme un con. La Nymphette c'est une Princesse et tu sembles devoir la servir, même si c'est pas vraiment ce que t'avais prévu en arrivant ici toi. Alors tu soupires, pis tu glisses ta main dans ton veston pour en sortir ton paquet de gauloise. T'as besoin d'en griller une là, que tu te dis. Parce qu'y faut que tu reprennes ta consistance. Alors tu fais tinter ton zippo et tu l'allumes d'un revers de main ta clope. Et tu inspires. Et ça te fait du bien. La fumée elle embaume ton cerveau. Elle te calme. Elle t'apaise. Tu fermes les yeux. Puis tu recraches la fumée. Quitte à être là, sans alcool, autant en profiter non ? que tu finis par te dire. Alors tu te prends en main. T'essaies de garder la tête froide. Tu te réarmes de ton sourire et pis tu t'approches de la Nymphette la tête haute. T'es un Droogs bordel. Un loup. Pas une lopette. Alors tu lui tends ton paquet histoire de lui en proposer une. Putain ce qu'elle est belle que tu te répètes encore.

« T'en veux une ? Moi c'est Bardamu, et toi Nymphette, c'est quoi ton petit nom ? Et tu sais toi, ce que c'est que ce truc qui se passe derrière la porte ?» que tu finis par lui demander histoire d'amorcer un début de conversation.


Dernière édition par Bardamu Mohrer le Sam 16 Mai 2020 - 11:01, édité 1 fois
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Re: La Belle et la vieille Bête [Bardamu]
Lun 11 Mai 2020 - 15:21


BARDAMU & GABI

LA BELLE ET LA VIEILLE BÊTE


Il pouvait bien faire ce qu'il voulait le vieux oui.
Moi je retournai dans ma bulle. Étendue sur les larges rebords de la fontaine, je n'avais aucune idée de l'image que je renvoyais. Le geste pour une fois, était innocent et détaché. On aurait été quelques semaines plus tôt sans doute que j'aurais joué, que je me serais amusée à exposer et vanter ma beauté autant que ma sensualité parce que je le pouvais et que ça m'éclatait et me plaisait de sentir les regards de convoitises ou d'admiration sur moi mais pas là...
Là j'oubliais presque... J'oubliai ma robe semblant être peinte sur moi pour mettre en valeur chaque forme de mon corps sensuel, autant que j'oubliai ma coiffure sortie d'un conte et mon maquillage d'une fraîcheur attrayante. Je voulais juste m'allonger un instant et m'évader... Je savourai le contact rafraîchissant du marbre froid contre mon dos et mes fesses. Ça faisait du bien. Ça calmait un peu la brûlure de la douleur qui martelait mon cœur.

Putain j'avais dit que je voulais arrêter de penser à lui ! J'étais bien ici pour une fois ! Je me sentais pas à l'agonie je voulais retourner à ça ! Pourquoi est-ce que Hänsel venait toujours me retrouver derrière mes paupières ! Je me crispai légèrement, déglutissant avec peine cette boule douloureuse qui obstruait ma gorge... Il pouvait pas me foutre la paix bordel ? Il en avait pas fait assez déjà ?! Je me détestais de réagir comme ça ! Il m'avait fait tellement de mal, dit des choses tellement horribles et moi j'étais là comme une débile à me morfondre pour lui alors qu'il m'avait clairement jamais aimé ! Il méritait pas mes larmes ! Il méritait pas mon état !
Et pourtant c'était tellement plus fort que moi... J'avais essayé de me raisonner. Seule ou avec l'aide des filles. J'avais essayé de me dire que c'était tant pis pour lui, que c'était sa perte et non la mienne. Qu'il était pas digne de moi. Que je trouverais mieux ! Et l'espace d'un instant, ma colère prenait le dessus et me faisait croire que je croyais à tout ça !
Mais la minute suivante je me retrouvais à pleurer, prostrée au sol sur lequel ses mots m'avaient si cruellement jeté... Il me manquait... Je le détestais pour ce qu'il m'avait fait tellement je l'aimais mais il me manquait... Je savais que sur le papier tout nous séparait. Moi la princesse, lui le bad boy rebelle... Mais lorsqu'on était tous les deux c'était... comme deux pièces imparfaites d'un puzzle qui trouvaient leur unité. Avec Hänsel c'était plus facile de respirer. Depuis qu'il était parti c'était comme être en apnée constante... Et le peu de fois où je parvenais à trouver de l'air, il était âpre...

Arrête Gabi. Häns' c'était de l'histoire ancienne ! Fallait vraiment que j'aille de l'avant ! Que je me force à ne pas regarder en arrière, qu'importe à quel point les images me plaisaient... Elles étaient mortes désormais. Entachées. Déchirées. Il les avait détruite et je devais l'accepter. Je devais cesser de chercher à les rafistoler. Je n'y arriverais pas. Il n'en avait rien laissé. Il s'était assuré de ça lorsqu'il m'avait balancé toutes ces choses au visage...
Petit à petit j'y arrivais ! Il fallait juste que je me recentre de temps en temps. Que je me force à détourner mon visage autant que mes pensées des pages rayées de notre histoire. Les pages blanches étaient devant moi et encore à écrire même si pour le moment ma plume était cassée et mon encre desséchée... Ça viendrait. Ça viendrait parce qu'il le fallait. Je devais juste le décider et c'était ce que je faisais ! Je décidais que j'allais arrêter de pleurer ! Arrêter d'avoir mal ! Arrêter de m'accrocher. Arrêter de l'espérer...
Le croiser à l'hôpital après ma visite à Emmerich ne m'aidait pas cela dit... Ça avait anéanti tout le travail que j'avais fait sur moi depuis des semaines et fait remonter tous mes sentiments piétinés pour lui à la surface. J'avais cru mourir lorsque je m'étais retrouvée face à lui après l'avoir percuté. J'avais senti le sol se dérober sous mes pieds et mon cœur que je croyais pourtant anéantit à nouveau se briser. Ses yeux, ses mains sur moi, son odeur. Tout m'avait submergée et j'avais fuit.... J'étais littéralement partie en courant j'avais pas été capable de lui faire face ! J'étais pas prête à tomber sur lui ! Bordel rien qu'à y repenser j'avais envie de cacher mon visage entre mes mains et hurler...
Mais si il y avait une chose que tout le monde me reconnaissait, c'était mon caractère plus que têtu. J'arriverais à me relever... Juste pour l'emmerder tiens ! Voilà ça c'était une bonne motivation ! Si tout ça n'avait été qu'un jeu pour lui j'allais lui prouver qu'il ne l'avait pas gagné ! Qu'il fallait plus que même le ravageur Hänsel Downey pour détruire Gabi Rosenthal !

Enroulant mes boucles autour de mes doigts dansants forte de cette nouvelle fraîche motivation, je me mis à chantonner perdue quelque part perdue dans mon monde de mélancolie cette chanson que j'écoutais en boucle depuis notre rupture.
J'étais une boule d'émotion au quotidien je les vivais toujours très intensément et avec une spontanéité qui parfois me jouait des tours. La musique m'aidait toujours beaucoup. Je la vivais en fonction de mes humeurs. De mes sentiments qu'ils furent bons ou mauvais. Selon les périodes, j'avais ma chanson fétiche qui m'aidait à extérioriser. C'était peut-être bête mais j'en avais besoin. Parfois les larmes étaient libératrices et les paroles m'aidaient à les sortir et à me rendre plus forte sur mes jambes pourtant fébriles.
Et pour Hänsel la chanson qui m'aidait en ce moment et ne me quittait jamais était Fire and Ice. J'aurais pu l'inventer je crois... Je connaissais le clip par cœur et je ne pouvais m'empêcher de me sentir comme cet ange qui s'arrachait ses ailes après qu'elle se sente trahie, trompée, déçue...
On pouvait prendre ça comme du désespoir, de l'agonie chacun son interprétation mais moi j'y voyais plutôt une énorme force et je voulais avoir la même ! Je voulais être capable de me sortir Hänsel de ma tête et de ma peau afin qu'il cesse de m torturer par sa présence constante comme elle était capable de se séparer de ses ails.

- Every word you're saying is a lie... hmmm hmm hmmm... But every sign will say your heart is dead... chantai-je à demi voix juste pour moi.
- Ah oui c'est con en effet...

Ah ! Putain de merde ! Je rouvris mes yeux et regardai l'inconnu comme si je redécouvrais sa présence. Je l'avais déjà zappé le vieux ! Je me redressai et retrouvai une position assise, mes jambes croisées l'une sur l'autre.
Maman disait toujours qu'il fallait pas faire ça, qu'il valait mieux croiser ses chevilles parce que c'était plus élégant te en plus ça évitait les marques rouges débiles et disgracieuses sur les genoux mais j'en avais rien à foutre. C'était pas comme si je comptais retourner de si tôt à côté de toute façon !

- ... parce que j'aurais bien bu un canon moi là.

Ouais on en était tous là... Moi aussi je me serais bien enfilée une bouteille mais c'était pas trop l'ambiance dans ce genre d’événement !

- Vous savez qu'on n'a pas le droit de fumer ici ?

Y'avait le gros panneau rouge juste là papi ! Mais ma question sonnait d'avantage comme un amusement que comme un reproche.

- T'en veux une ?

Je pouffai un large sourire éclairant soudain mes très fins. Häns' il aurait pu me sortir un truc pareil. Genre osef les règles et les convenances... PUTAIN GABI ! ARRÊTE AVEC HÄNSEL ! m'engueulai-je toute seule. Merde quoi ! J'allais être obligée de me foutre des claques si ça continuait !
Je secouai néanmoins la tête. Je ne fumais pas. Enfin si mais... pas ça. J'aimais pas l'odeur de la cigarette. Je me faisais quelques joins parfois avec les potes mais la cigarette, ça puait la mort ! J'avais horreur de ça. D'ailleurs j'aimais pas quand Häns' il fu...
Inspiration, expiration. Je commençais à m'exaspérer là !
Mais n'empêche que c'était vrai ! A chaque fois que lui ou ses potes sortaient une clope et en crachait la fumée ça me faisait toujours plisser le nez. Et lui ça le faisait marrer parce que monsieur trouvait ça mignon. Super quoi ! Du coup ça l'éclatait de m'embrasser après avoir clopé et je me transformais limite en vampire ultra prothésé version Buffy quand il faisait ça ! Si si avec les grosses stries sur le front là ! Je l'avais assez engueulé comme ça ne lui disant que si je devenais ridée du nez par sa faute à force de grimacer il ne connaîtrait jamais le repos ! Yerk !

- Je fume pas... ça, avouai-je avec un petit air entendu faussement innocent.
- Moi c'est Bardamu.

Euh... J'haussai un sourcil et pinçai mes lèvres. Bardamu ? Non il se foutait de moi, ça sortait d'où ça ? Il l'aimait pas ses parents ou quoi ? C'était peut-être un vieux prénom à la mode. Du genre vieux prénom de vieux faisant son come back au moment de sa naissance ?
Barda... Il avait dit comment déjà ?

- Et toi Nymphette, c'est quoi ton petit nom ?
- Nymphette ?
j'éclatai de rire après lui avoir lancé un œillade légèrement perplexe.

Seriously ? On me l'avait jamais faite celle là tiens. Nymphette... Ouais j'aimais bien.

- Tu sais toi, ce que c'est que ce truc qui se passe derrière la porte ?

Je laissai mon regard dévier vers la fameuse porte et revins vers lui :

- Vous savez même pas à quel genre d’événement vous vous rendez ? me moquai-je gentiment. Vous devez sacrément vous faire chier dans votre vie. Ou vous amuser beaucoup trop.

C'était tout l'un ou tout l'autre ! Soit il était tellement occupé qu'il avait même plus la notion d'où il se rendait, soit il avait tellement rien à foutre que rien n'avait d'importance et il voyait où ses pieds le menaient.
N'empêche si papa m'entendait parler comme ça et particulièrement à un inconnu, il me foutrait en pension direct...

- C'est un gala de charité. Le genre de truc où des pingouins avec une tendance aiguë au fayotage viennent faire des gros chèques pour se faire mousser dans la presse en gros. Ou alors juste pour faire acte de présence parce que être vu ici c'est bon pour le CV social.

C'était sans doute un peu cynique mais c'était ma vision des choses. Maman mettait toujours beaucoup d'énergie dans l'organisation de ces évènements et particulièrement dans celui-ci mais pour moi aussi grandiose que ce fut, ce n'était qu'un ballet de gens hypocrites qui n'étaient là pour la grosse majorité que pour gonfler leur ego et leur réputation. Ça faisait bien d'apparaître parmi les Grands de la société à ce genre de soirée... Ça faisait bien d'être photographié par les médias en train de signer un énorme montant sur un bout de papier... Ils prétendaient être altruiste mais en réalité beaucoup faisaient ça pour eux. Pour un joli petit article pompeux...
Ou un beau sourire de maman...

- Si vous êtes pas là pour me lécher les pieds, que vous êtes pas un paparazzi ni un prétendu philanthrope, vous faites quoi ici, manant ? repris-je son mot.

Je lui souris encore, jouant de mon regard. Je le provoquais. Je jouais. Je me retrouvais. Mon regard pétillait, insolent et espiègle. Et bon sang ça faisait du bien ! J'avais comme perdu ma verve depuis toutes ces semaines...
Qui aurait cru que je la retrouverais ici et surtout, avec cet homme là !

- Et je m'appelle Gabi. Mais si je suis une nymphette on peut partir sur Perséphone ou un truc dans le genre ! plaisantai-je. Vous voulez pas essayer ?

Je lui désignai la fontaine. J'étais sûre qu'il avait jamais fait un truc comme ça dans sa vie et encore moins dans un lieu pareil ! Moi en tout cas je crevais d'envie d'y retourner. Fallait pas vivre frustrée ! C'était Häns' qui... TA GUEULE !
Hum... Calme et sérénité Gabi... En tout cas je virai à nouveau mes chaussures et replongeai mes pieds dans l'eau. Qui sait j'allais peut-être y faire éclore quelques fleurs avec mes orteils magiques de nymphette ?


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gare à la crise de la quarantaine
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Re: La Belle et la vieille Bête [Bardamu]
Sam 16 Mai 2020 - 11:01


BARDAMU & GABI

LA BELLE ET LA VIEILLE BÊTE


Heureusement que t'as plus un cheveux sur le caillou que tu te dis là, parce que vu comme t'as chaud au crâne, bah ils auraient tous fondus. T'es complètement subjugué par la Nymphette là Bardamu. La Nymphette qu'est allongée sur sa fontaine, qui joue indécemment avec ses cheveux. Sa robe, elle dévoile toutes ses formes et toi bah ça t'excites putain. T'en peux plus toi non. Elle est trop bonne, trop désirable la Nymphette là. C'est une enfant et tu le sais toi que t'as pas le droit d'y toucher mais tu peux pas résister d'y penser tellement que ses charmes y sont féroces. Tellement que sa beauté elle est affriolante. C'est une Déesse que tu te dis. T'as pas d'autre mots pour décrire ce que tu vois là. La Nymphette avec sa tresse de princesse et son maquillage de top model. Pfiouh. Tu te retiens de souffler. T'as le souffle presque coupé toi et pis y a son image qui se fixe sur ton cerveau embaumé par les vapeurs de l'alcool que t'as picolé dans ce Casino de merde. Et là, du coup, bah t'as envie d'elle oui. Oui t'as envie d'elle là, maintenant, tout de suite. T'as envie d'aller la décoiffer la Nymphette sur sa fontaine putain. Et c'est trop pour ton vieux cœur de vieux con. Parce que t'es plus habitué toi. T'es trop vieux merde. Mais elle s'érige en Totem dans tes pensées la Nymphette. Tu peux pas t'empêcher de la dévisager toi. Tu peux pas non, les détourner tes yeux. Elle t'a grillé, mais tu peux pas te montrer plus décent que ça. C'est moche, mais c'est comme ça. Alors tu tombes en toi en la regardant comme elle elle tombe en elle sans te regarder. Tu sais pas à quoi elle pense, mais elle a l'air triste la sirène. Et ça te fait mal dans le dedans. Ça te fend ton palpitant ouais. Du coup ça te donne envie de la serrer dans tes gros bras à toi la Nymphette. Sauf que d'un coup elle se met à chanter. Et elle signe ton arrêt de mort.

Ouais. Ton cerveau y s'éteint là Bardamu. Encéphalogramme plat, zéro, plus aucune activité. Elle a la voix d'un ange. Pourquoi elle te fait ça sérieux ? Elle pouvait pas être moins canon ? Elle aurait pas pu avoir une voix de goret ? Non fallait qu'elle soit canon forcément, sinon c'aurait pas été drôle. Putain. Elle t'a oublié là, mais t'es content parce que ça te permet de te remettre à la mater à l'abri devant ta porte qui te fait oublier le reste du monde. Elle te plaît trop la vache. Pourquoi faut que ça t'arrives maintenant ça ? Quand t'as soixante ans ? Ça aurait pas pu se jouer avant ? Quand t'étais marmot toi aussi ? T'es verni. Entre elle et Bambi t'es bien verni toi oui. Tout les oppose mais tout les rassemble dans ton vieux crâne dégarni. Elle est ta part d'ombre, le feu de tes reins, ton péché quand Bambi, c'est ta beauté, ta bonté, ta pureté. Elles sont les deux miroirs de ton entité lubrique. A elles deux elles réveillent tout ce qui roupillait à l'intérieur de ton corps défraichi, assommé par les bitures que tu te prends tous les soirs. T'en es pétrifié. Tu peux pas aimer l'une sans aimer l'autre. Tu peux pas être toi privé de l'une comme de l'autre. Alors que tu les connais même pas toi ces deux pépettes là. Mais t'es pas con, pis tu te connais maintenant t'as soixante ans. T'as l'habitude de te supporter. Alors tu le sais, ouais. Que la Nymphette aussi elle va venir remplir tes nuits. Même si ce sera pas comme Bambi. Parce que la Nymphette, bah tu pourras la déglinguer sans vergogne oui, dans tes putains de nuits. Aaaah ! Tu te tortures. Tu peux pas t'empêcher de te dire que si Bambi savait ça, bah elle la poserai plus sa petite main toute petite main minuscule petite main sur tes gros bras de vieux lourdaud. Et ça te fait mal. Mal de voir qui t'es. Mal de voir à quel point t'es perché, vicieux, borné. Mais tu peux rien y faire. A quasi soixante balais, plus personne pourra te changer toi, c'est comme ça, faut que tu t'y fasses.

« Ah oui c'est con en effet parce que j'aurais bien bu un canon moi là. »

Que tu t'entends alors lui dire à la Nymphette. Putain pourquoi tu t'es grillé Bardamu ? T'es con ou quoi ? Parce que t'as envie de picoler ? Oui mais en même temps, t'as envie de picoler, t'as toujours envie de picoler toi. Sauf que là, tu te dis que ça pourrait quand même vraiment être un super moyen de calmer popol qu'a juste envie de se lever là devant la Nymphette qui se redresse d'un coup en croisant ses jambes comme une indienne. C'est tout un poème la Nymphette que tu te dis toi. Et pis là elle te regarde et là t'es comme un con. Tu te sens redevenu mouflet là oui sous son regard à la sirène, t'as même tes jambes qui menacent de te lâcher tellement qu'elle sont molle comme une chiffe molle tes jambes. Putain qu'est-ce qu'elle est belle que tu te dis ! Ses yeux y sont si bleus et ses lèvres si roses ! Si fraîches. T'as envie d'y mordre dedans toi, en bon loup qui se respecte oui. Alors du coup tu sais pas quoi faire. Si t'avais eu de l'alcool ben t'aurais bu. Mais comme t'en a pas bah... Tu vas fumer une clope tient ! Ça détend la clope. Tu t'approches de la Nymphette avant d'en allumer une. Et pis là tout de suite ça marche direct. Ça te retape un peu. Parce que c'est bon la cigarette. C'est bien ouais la cigarette pour se retaper.

- Vous savez qu'on n'a pas le droit de fumer ici ? Qu'elle te sort alors la Nymphette.
« M'en branle. » que tu lui réponds en haussant les épaules.

Parce que tu t'en branles toi ouais, des règles fascistes des non-fumeurs. Parce que c'est tout ce que c'est les non-fumeurs. Des putains de gros fascistes. Y a pas de morale dans les interdictions totales. Alors tu les emmerdes toi les non-fumeurs ! Et pis si ça leur pose un problème, y ont qu'à venir, y risque de s'y casser une dent avec toi, ouais, le premier connard qui viendra t'emmerder bah tu te feras un malin plaisir de lui faire bouffer tes gnons. Mais  pas à la Nymphette là, parce que elle, elle te le dit pas pour te le reprocher que c'est interdit. Au contraire elle c'est plus pour te taquiner qu'elle te le dit. Alors t'es content toi, parce que t'as bien envie qu'elle te taquine la Nymphette. Parce qu'au moins ça veut dire qu'elle s'intéresse à toi. Même si t'es vieux. Même si c'est dangereux. Du coup, ça te donne encore plus envie de la fumer ta clope qui pendouille à ton bec là, parce que si tu fumes pas, bah tu flippes un peu de lui sauter dessus ouais, sur la Nymphette vu l'état dans lequel elle te mets quand elle te taquine. Alors tu lui tends ton paquet histoire de lui en proposer une aussi au passage, parce que même si t'as pas d'oseille toi, bah t'es pas un radin. Sauf que là la sirène, elle te sors un sourire à en faire bander un mort. Bim ! C'est vraiment un avion de chasse la Nymphette que tu te dis putain. Ses blanches dents elles sont parfaites, alignées au poil de cul, elles sont tellement lumineuses même que tu pourrais presque les voir dans le noir complet que tu te dis. La Nymphette te fait un non de la tête. Et tu te sens con, parce qu'en y réfléchissant deux secondes, bah ça se voit ouais quelque part qu'elle fume pas, sinon ses chicots elles seraient pas comme ça. Elles seraient plus comme les tiennes ouais, jaunies par le goudron, défoncée par le tabac, un truc bien dégueulasse en somme.

- Je fume pas... ça...  qu'elle te dit alors en te coupant l'herbe sous tes pompes.

Et là, c'est plus fort que toi. Tu peux pas t'empêcher de pousser un petit grommelon renfrogné. Malgré son petit air innocent qu'est tout mignon tu peux pas t'empêcher d'être bougon toi non. Parce que si elle fume pas ça, c'est qu'elle fume autre chose. Genre de l'herbe. Et putain t'aimes pas ça toi ouais l'herbe, putain t'as horreur de ça toi même ! L'herbe, c'est un truc d'apache et toi, tu peux pas les piffrer les apaches ! Les apaches c'est même pas vraiment des hommes pour toi que tu te dis ! Y sont même pas blancs, ils sont pas purs, la preuve, c'est qu'ils fument tous cette merde là qu'est bonne qu'à déglinguer des ciboulots. Alors tu les aimes pas pis c'est comme ça. Mais bon, tu te reprends et pis t'essaies de te contenir. Parce que tu veux pas qu'elle te prenne pour son daron la Nymphette là, ça serait pire que ça l'est déjà. Parce que là ça serait vraiment malsain qu'elle te prenne pour son daron. Du coup t'essaies de chasser ça de ta tête. Même si tu peux pas t'empêcher de te demander toi, si elle te précise pas ça pour savoir si t'en as. Du coup tu tires sur ta clope comme un pompier parce que t'es contrarié, parce que toi, t'as pas envie non toi, que la petite elle croit ça de toi.

« Le tabac y a que ça de vrai Nymphette. » que tu lui dis simplement histoire de pas trop lui faire la morale non plus. Parce que tu le sens que sous ses airs de princesse elle doit être bien capricieuse la sirène. Et toi, bah t'as pas du tout envie qu'elle se barre si tu la contraries trop. Alors tu la contraries pas. Parce que ça te déchirerait le cœur qu'elle se casse. Putain t'es bien poétique toi maintenant, c'est nouveau ça, que tu te réponds à cette pensée. Tes yeux balaient la pièce, pis là tu vois un pot de fleur. Du coup tu te débarrasses de ton mégot que t'écrases dedans. Pis tu te présentes à la demoiselle.

« Moi c'est Bardamu et toi Nymphette, c'est quoi ton petit nom ? »

Elle hausse un sourcil. Y a un problème ? Y lui plaît pas ton surnom ? Ce serait dommage quand même parce que tu l'aimes bien toi ouais ce surnom qu'il t'a trouvé Viking, quand t'es devenu Droog. Voyage au bout de la Nuit ça te va bien à toi ouais. T'aimes vraiment bien toi ouais, Voyage au bout de la Nuit. Alors t'as pas envie d'en changer pour elle. Pis tu veux pas qu'elle connaisse Johannes la Nymphette non plus. Tu veux pas qu'elle le sache non, que t'as été un petit gamin fébrile. Tu préfères qu'elle te voit comme un bon gros costaud. Comme le loup que t'es qui a envie de se la mettre sous la dent. Alors ça sera Bardamu pour elle. Bardamu et pis c'est tout.

- Nymphette ?

Là-dessus elle éclate de rire et son petit rire bah il t'ensorcèle. Putain faut pas qu'elle joue à ça la sirène. Elle va finir par te rendre fou, ou encore plus fou qu'elle t'a déjà rendu ! Ce serait pas régulier que tu te dis ! T'as rien fait pour qu'il t'arrive ça toi... Enfin si. T'as maté. Mais bon putain t'as soixante balais t'as bien le droit quand même non ? T'as toujours maté, c'est pas pour autant que ça t'es déjà arrivé ça. D'être ensorcelé par la Nymphette que t'appelles comme ça parce que t'as pas d'autres mots que la Nymphette. Parce qu'elle te fait penser à Nabokov elle. A Lolita. Ce livre, y t'avait rendu fou à l'époque putain, tu t'en souviens par cœur toi même du résumé derrière le livre. « Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-lii-ta : le bout de la langue fait trois petits pas le long du palais pour taper, à trois reprises, contre les dents. Lo. Lii. Ta. Le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolorès sur les pointillés. Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita. » Qui peut résister à ça hein tu te le demandes bien toi Bardamu. Et la sirène sur sa fontaine, ben c'est ta Nymphette à toi. Ta Lolita. Quand tu l'as lu à l'époque tu t'en souviens, y t'avait énervé ce bouquin. Y t'avait énervé parce que le gros porc d'Humbert Humbert y s'entichait d'une gamine. D'un bébé ouais. Et ça, bah tu trouvais ça dégueulasse. Et ben t'étais bien con que tu te dis. Quand tu vois ce qui t'arrives maintenant. Comme quoi, y a vraiment que les cons qui changent pas d'envie. Et là, bah t'as envie de rougir mais tu peux pas. Parce que tu redeviens un mouflet toi ouais, sous les yeux de ta Lolita. Du coup t'enchaînes pour pas penser d'avantage, histoire que ça se voit pas trop que t'es tout troublé.

«  Tu sais toi, ce que c'est que ce truc qui se passe derrière la porte ? »
- Vous savez même pas à quel genre d’événement vous vous rendez ?  Vous devez sacrément vous faire chier dans votre vie. Ou vous amuser beaucoup trop.

Elle te prend de haut. Putain elle se moque de toi la petite allumeuse là que tu te dis. Elle est insolente, espiègle, capricieuse, mais toi ça te fait un effet bœuf. Putain ouais. Ça te fait un effet bœuf à toi Bardamu. Parce que contrairement à toi, elle est pleine de vie elle. C'est le visage de la jeunesse que t'as perdu la Nymphette, l'éclat de vie qui s'est éteint chez toi. Elle te rajeuni par sa fraîcheur. La pureté de sa peau d'enfant au corps d'adulte elle te subjugue. Sa malice elle te désarme. Alors t'en peux plus Bardamu. Non t'en peux plus de tous ses charmes. Tu deviens plus fou à chaque seconde qui passe ouais. Aux côtés de la Nymphette qui te fait revivre. Qui te fait oublier ouais, à quel point tu te faisais chier dans ta vie de con au quotidien. Parce qu'elle a pas tord la Nymphette. Elle est même sacrément perspicace que tu te dis toi. Parce que t'as tellement vécu quand t'étais minaud, que la vie, elle se fait toute fade pour toi maintenant. Tu bosses à la carrosserie, tu picoles, tu dors. Mais c'est tout. Y se passe plus rien. Alors qu'avant quand t'étais jeune. Putain avant quand t'étais Droog, chaque jour c'était une fête ! Y avait les frangins, vous vous fendiez la trogne à l'époque ouais. A chaque jour sa connerie, à chaque jour sa baston, vous étiez insouciant, vous étiez les roi de la rue, personne avait d'emprise sur vous. Vous étiez libres, vifs, vous étiez con. Mais bon, c'était y a quarante-quatre ans tout ça. Maintenant, c'est fini. Maintenant t'attends juste patiemment de lever tes bottes. Alors elle t'arrache à ta solitude là la Nymphette. Ouais, elle te fait oublier à toi que tu vis seul comme un chien dans ta studette minable qui pue les vapeurs de binouze et de clopio. Et ça te fait du bien. Alors t'essaies de lui faire un sourire même si tu sais pas trop faire.

« Je pencherai pour la première option. » que tu lui réponds simplement le regard amusé. Parce que toi non plus tu vas pas te débiner devant elle.
- C'est un gala de charité. Le genre de truc où des pingouins avec une tendance aiguë au fayotage viennent faire des gros chèques pour se faire mousser dans la presse en gros. Ou alors juste pour faire acte de présence parce que être vu ici c'est bon pour le CV social. Qu'elle enchaîne alors, à la fois cynique et malicieuse.

Et toi, bah ça te fait marrer sa description. Oui elle t'amuse avec son franc parler. Quand tu la vois la Lolita avec sa gueule d'ange tu t'attends pas à ça. Non tu t'attends pas à ce qu'elle pense tout ça. Parce qu'elle a l'air d'en être des pingouins et des morues elle avec sa robe de Barbie et sa tresse de princesse. Mais elle est pas comme ça non. Elle, elle est irrévérencieuse et sa lucidité elle te fou sur le cul et du coup bah elle te plaît encore plus. Elle te plaît encore plus parce qu'elle est rebelle. Et ça lui va bien à la Nymphette d'être rebelle. C'est comme ça que tu les aimes toi, les nanas. Quand elles sont rebelles comme toi. Quand elles sont libres comme toi. Quand elles sont fières. Et pour être fière la sirène elle l'était avec son regard indécent et son parler assassin. Putain. T'es vraiment dans la merde Bardamu que tu te dis là. Tu vas plus pouvoir résister bientôt si elle continue comme ça. Mais tu te fais pas d'illusions. Tu sais que ça va continuer. Parce qu'elle pense comme toi, que ces galas à la con c'est de la grosse merde. Et que les pingouins c'est des tocards. Ce qui se passe derrière là, c'est que du pipeau. Et c'est pas joli le pipeau. T'aime pas ça toi. Ça te pète les choux qui te servent d'écoutilles. Du coup vous allez rester tous les deux comme des cons. Mais bon, finalement, tu te dis que t'as bien fait toi, de venir au Casino, tu te dis que t'as bien fait toi oui, de sortir ta plus belle paire de bretelles. Parce que ça t'as permis d'entrer là-dedans. Non pas dans le Gala ça ça te file la nausée, mais ça t'as permis oui, d'entrer là, dans ce petit salon et de tomber sur la Nymphette qui t'ensorcèles et te mets de la pommade sur le palpitant. Et ça te fait du bien ouais. Ça te permet d'oublier un peu le mal que ça te fait de pas avoir Bambi sous les yeux. Et c'est reposant. Mais du coup tu te poses subitement la question : qu'est-ce qu'elle fout là, la Nymphette, si elle aime pas ça les Galas ? Elle était pas obligée d'y aller, si ?

« Mais du coup qu'est-ce que tu fous là, toi ? » que tu peux pas t'empêcher de lui demander. Mais visiblement elle se pose la même question pour toi vu qu'elle te la retourne non sans une pointe d'insolence la mignonne.
- Si vous êtes pas là pour me lécher les pieds, que vous êtes pas un paparazzi ni un prétendu philanthrope, vous faites quoi ici, manant ?
« Oh bah c'est bien simple, j'ai vu de la lumière alors je suis entré. »

T'as pas plus d'explications que ça à lui donner parce qu'y en a pas. T'as voulu oublier Bambi. T'as joué aux Machines à Sous en l'honneur de ta mère. Pis t'as perdu. Donc ça t'as pété les roustons. Alors t'as décidé d'aller voir si l'herbe elle était plus verte en haut. Sauf qu'elle l'était pas non plus. Non, elle était même plutôt marron, comme les bouses qui peuplent les champs, ainsi remplie de tous ces connards de pingouins. Du coup tu t'es cassé par le premier chemin. Et pis t'as atterri là, près de la fontaine de la Nymphette qui t'as donné envie de rester. Et là patatra. La Nymphette elle te fixe. Elle te sourit comme une lionne. Du coup, t'as le palpitant qui s'emballe. Elle joue. Tu le vois toi oui qu'elle joue. Qu'elle essaie de te séduire avec ses grands yeux la Nymphette. Putain elle est indécente. Provocante que tu te dis. Mais elle le sait pas que t'es un loup toi. Elle le sait pas que depuis que t'es entré t'as envie de la bouffer. Y a ton sang qui s'affole dans tout ton corps de vieux con. Elle t'allumes avec son regard de féroce. Y a tous les félins qui lui passent par les mirettes. Et ça te cloue sur place. Ton sourire y se suspend tellement qu'elle est bandante. Ton envie se lève. Elle te fait un effet bœuf. T'as envie de lui sauter dessus là Bardamu. T'as envie de la décoiffer. De lui arracher sa robe qui dévoile tout. T'as envie de la caresser. T'as envie de goûter son corps. T'as envie de la sauter. Oui t'as envie de la sauter. Tu sens la chaleur qui te monte au visage. C'est pas bon. C'est pas bon. Pas bon du tout. Faut que tu te calmes là Bardamu. C'est une gamine la Nymphette. Pourquoi est-ce qu'elle s'amuse à te torturer comme ça hein ? On lui a pas appris que c'était dangereux ? Tu te mets à trembler tellement que l'envie elle monte en toi. Tu fais tout pour lui résister mais t'es sous le charme. Elle t'a fasciné la Méduse. Alors tu rassembles toutes tes forces et tu détournes les yeux. Ouf ça va mieux que tu te dis alors soulagé d'être passé à deux doigts du drame. Et là elle reprend.

- Et je m'appelle Gabi.

T'écarquilles les yeux. Gabi, Gabi, Gabi, t'as déjà entendu ça toi, mais tu te souviens plus. Tu te grattes la tronche, parce que c'est pas facile de réfléchir quand t'as le regard démoniaque de la Nymphette posé sur toi. Putain. Gabi. Gabi. Gabi. Réfléchis vieux con que tu t'engueules. Et pis là d'un coup ça te revient ! Mais oui ! C'est ça que tu te dis, pourquoi t'y as pensé plus tôt gros blaireau ! Gabi, c'est le nom du carton que t'as trouvé à l'entrée ! Tu glisses ta main dans ta poche et t'en sors le papier que tu lui tends.

« Oh alors je crois que j'ai ça à toi. »

C'est elle qui a fait entrer le loup dans la bergerie en fait. C'est parce qu'elle a perdu son invitation que tu t'es retrouvé là à la mater toi. Comme si c'était un signe. Mais bon, toi t'y crois pas aux signes, ça t'emmerde toi ouais les signes, c'est un truc d'illuminé.

- Mais si je suis une nymphette on peut partir sur Perséphone ou un truc dans le genre ! Vous voulez pas essayer ?

Tu relèves les yeux vers elle dans un petit ricanement aigu. Elle est joueuse la Nymphette. Comme toi. Perséphone ça lui va bien ouais, avec sa fontaine. Parce que Perséphone, bah même si elle ramène le printemps, c'est surtout la déesse des enfers. La femme d'Hadès. Putain. Ça fait des connexions tordue dans ton caillou. La Nymphette c'est un démon sous son visage d'ange que tu te dis alors ouais. C'est pour ça qu'elle essaie de te charmer. C'est pour ça qu'elle joue avec toi comme elle le fait là. C'est pour ça qu'elle te torture autant. Toi, le loup, t'es qu'un manant, une proie pour elle finalement ouais. Alors tu te sens tout couillon. Parce que c'est pas ton genre à toi d'être une proie non. Alors toi qui voulait la bouffer bah t'es le dindon de la farce finalement. Parce que pour le coup, elle, elle en a fait qu'une bouchée de ton cervelet et pis de ton palpitant aussi. T'es presque intimidé là. Mais tu restes qui t'es. Ouais. Un joyeux luron. Alors t'as les mirettes qui se mettent à pétiller comme le champagne des connards de pingouin.

« Tes désirs sont des ordres Perséphone » Que tu lui dis alors dans une révérence, turlupin, avant d'ajouter « Ça te dit qu'on se tutoie ? Ça me donnera l'air moins vieux. » ta bouche part sur le côté, incapable de contenir un sourire excité.

Putain qu'elle est fraîche la Nymphette. Elle te fait oublier ton âge. Elle te fait oublier tout. Y a plus que ses beaux yeux dans les tiens. Et pis son petit cul, aussi. Et alors tu la vois retirer ses chaussures pour revenir glisser ses pieds dans l'eau et là ton cœur y fait un bond. Ils sont tellement appétissant oui, ses petits petons. T'as envie de les croquer tellement qu'ils doivent être bon. Tes mirettes remontent le long de son corps que tu reluques comme un cochon tellement qu'elle est sexy. T'en oublies toi, ouais, que c'est une gamine la Nymphette tellement qu'elle est tentante. Et pis t'arrives à ses yeux qui te dévorent. Et là y a tout qui revient. Le tremblement, la chaleur, l'envie. Tout. Au secours. Sauve qui peut la maison est en feu ! Au feu au feu ! Appelez les pompiers ! Pinponpinpon ! C'est l'apocalypse dans ton caillou Bardamu. Perséphone te tires en enfer. Et toi t'as qu'une envie c'est d'y plonger dedans. Tu la regardes. Et tout te reviens, ses pieds, ses hanches, son cul, ses seins. C'est une déesse putain. Ça va trop vite dans ton caillou. Ça va trop vite. Tu vas craquer. Tu vas lui sauter dessus si t'arrives pas à t'échapper Bardamu. Warning Warning Warning. Tu prends un grand souffle. Et sans réfléchir tu sautes dans la fontaine et fou ta gueule dans l'eau.
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gare à la crise de la quarantaine
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Re: La Belle et la vieille Bête [Bardamu]
Mar 16 Juin 2020 - 18:16


BARDAMU & GABI

LA BELLE ET LA VIEILLE BÊTE


Perséphone...
Pour beaucoup, elle était la déesse du printemps si belle et envoutante qu'Hadès, le Dieu le moins queutard de tout l'Olympe - ce qui n'était pas peu dire... - subjugué par elle et ne voulant plus exister sans cette beauté à ses côtés, ne décide de l'enlever afin d'en faire sa femme avant de s'opposer à Zeus pour la garder. Ce qui était assez badass et en quelque sorte super romantique ! Si on omettait le côté enlèvement... Bref en tout cas, dans la connaissance générale des gens, c'était là la fin de l'histoire. Elle était 6 mois sur terre, 6 mois en enfer, point.
En revanche ce qu'on savait moins mais que moi en bonne passionnée d'histoire que j'étais j'avais appris seule de mon côté en dévorant des livres, c'était que le prénom de la divine nymphe avait rien de glamour.
Perséphone... Le prénom dansait sur la langue de ses sonorités douces et captivantes mais son sens était loin d'être aussi poétique ! Quoique... Bringer of Death. C'était pas mal non finalement pour une nymphette comme surnom et plus j'y pensais plus ça me convenait ! Comment on passait d'une déesse annonçant le printemps, la vie, l'éclosion et le renouveau s'appelant Koré signifiant "jeune fille" et représentant la pureté et l'innocence, à Perséphone aka "porteuse de la mort" déesse des morts et des enfers ?
Bah à cause d'un mec évidemment ! Et surement à cause d'un cœur brisé d'ailleurs !

Un cœur brisé comme le mien... Y'avait qu'un mec pou avoir le pouvoir de transformer quelqu'un à ce point. Qu'un mec pour aliéner une nymphe en une déesse intraitable... Parce que même si Hadès avait arraché Perséphone à son monde et aux siens, elle avait fini par régner à ses côtés d'une même main... De son charisme et son amour il l'avait apprivoisé et amené à lui. Il l'avait fait sienne et à mesure du temps, ses désirs s'étaient inversés. Elle ne se mettait plus tant à attendre le retour du printemps où elle retournerait 6 mois sur terre que son retour pour le reste de l'année aux enfers où elle retrouverait les bras de celui qui l'avait pourtant ravi...
J'avais changé aussi depuis Hänsel... Je le sentais. Je ne voulais pas vraiment me l'avouer mais pourtant je m'en rendais compte. Il y avait un avant et un après lui. La Gabi d'avant était fleur bleue, romantique, rêveuse, timide et incertaine quant à ce que pouvait être le sexe et les nouvelles sensations qu'il lui avait fait découvrir dans son étreinte. Il était inconcevable pour elle de se donner à un garçon pour une nuit au lieu de pour une vie. Elle n'était clairement pas un coup d'un soir. Elle voulait de l'amour pour se donner à quelqu'un parce qu'il ne pouvait pas en être autrement ! Elle était une princesse après tout ! Et une princesse, ça ne s'abandonnait qu'aux bras de son prince charmant qui était aussi bien évidemment l'homme de sa vie ! Le seul et l'unique !
Mais la Gabi d'après... ne croyait plus vraiment à tout ça. Elle ne voulait plus de petit ami ! Plus d'amour ! Plus d'attache ! Saskia avait raison le sexe sans sentiments ça avait l'air bien mieux ! Bien plus... sécuritaire...

Je n'avais pas encore osé essayer parce que me transformer de la sorte me faisait un peu peur. J'avais la sensation que ce n'était pas vraiment moi cette nouvelle facette que je découvrais et pourtant elle m'attirait tellement de par sa simplicité et son absence de danger. Je voulais que plus rien n'approche de près ou de loin de mon cœur mais je ne savais pas encore si j'assumais le fait de devenir réellement comme ma meilleure amie à coucher si vite et si facilement...
Mais en tout cas rien que le fait de le concevoir était sacrément déstabilisant pour moi ! Le côté spontané du je saute comme ça sur un inconnu que je connais pas ou je me laisse ramener chez lui alors que c'était la première fois que je le voyais de ma vie, c'était super excitant dans les films et les séries auxquelles j'étais accro mais dans la vraie vie... c'était pas moi.
Enfin pas jusque là du moins...

Hum bref ! Après avoir proposé à Bardamu d'essayer de tremper ses pieds dans la fontaine de mon joli petit sourire invitant, je pris l'invitation qu'il me tendait et la portai à mon regard.

- Je me demandais où était passé ce truc !


Je savais bien que je l'avais pris en partant de la maison ! C'était lui qui l'avait ? Drôle comme coïncidence !
Mais bon j'en avais plus besoin du coup je la rangeai dans mon sac et retournai à mon barbotage dans la fontaine. Le bruit de l'eau remuée par mes orteils m'apaisait autant qu'il m'amusait.
J'avais toujours eu cette espèce de fascination pour l'eau. Petite une fois papa m'avait repêché de justesse alors que je m'étais précipitée vers la mer à peine les serviettes posées sur la plage pour me jeter dedans ! J'avais bu la tasse à cause de la vague qui m'avait surprise de sa violence, mais j'avais rit avant de réclamer à recommencer... Quant à la piscine à la maison il avait fallu rapidement y ajouter une barrière de sécurité histoire que je passe pas ma vie à manquer me noyer en sautant dedans sans prévenir pour faire comme Ariel la petite sirène...
En fait c'était un miracle que papa et maman soient encore en vie vu tous les infarctus que j'avais manqué leur déclencher !

En tout cas pour la sécurité et le contrôle des identités à l'entrée de l'évènement soit disant ULTRA select, on repasserait hein ! Parce que si les mecs avaient réellement vu mon nom sur l'invitation et avait laissé rentrer ce vieux crouton à ma place c'était putain de vexant ! Non parce que physiquement y'avait quand même deux trois infimes détails qui changeaient d'une tête à l'autre ! Gabi Rosenthal ashtag canon de beauté slash vieux chauve habillé en cowboy chelou, y'avait pas un soucis dans l'équation pour eux ?

- Tes désirs sont des ordres Perséphone, s'inclina-t-il dans une profonde révérence qui m'amusa.

Haha fallait qu'il fasse attention à ce qu'il disait lui ça pouvait amener loin ce genre de discours avec moi ! Häns' s'y était déjà brûlé - non sérieux là je me fatiguais... - quant à mes parents et particulièrement mon père, ce crédo appliqué à la lettre durant mon enfance bien que dans la limite du raisonnable de la bonne éducation lui avait valu quelques missions impossibles brillamment réussies mais qui lui avaient pour certaines valu plusieurs casse têtes improbables. C'était beau quand même, d'avoir un papa tout dévoué à sa princesse.
Dommage que ça ait changé...
Non. Non Gabi on change de sujet et tout de suite ! Je toussotai et jouai de plus belle avec l'eau du bout de mes pieds, espérant pour le coup faire éclore quelques fleurs. Ca aurait au moins le mérite de me distraire et me détourner de tout ça. Il ne fallait vraiment pas que je commence à partir dans ces réflexions là au sujet de ma relation avec papa sinon j'allais vriller une fois de plus. Car si il y avait bien une chose qui pouvait approcher ou même surpasser la douleur qu'Hänsel avait insinué dans mon cœur il y a plusieurs semaines, c'était celle dont mon père m'accablait presque chaque jour depuis...
Je ne savais plus trop depuis quand à vrai dire. Parfois c'était comme si j'avais rêvé nos instants de bonheur complices et que tout avait toujours été aussi déchirant et chaotique entre nous... Notre dernière dispute ne remontait qu'à quelques jours à peine et comme à chaque fois, elle n'avait pas été tendre. J'avais sans doute la beauté de ma mère, mais à l'évidence j'avais clairement le caractère de mon père et lorsque les deux s'entrechoquaient, ce n'étaient pas des étincelles que ça faisait mais directement l'incendie qui se déclarait ! J'avais tellement cru après que j'ai réussi à lui parler de mon presque viol qu'il allait tenir sa promesse et changer pour être plus présent. Il l'avait fait un temps et j'avais vraiment cru que cette fois ce serait pour durer, mais ensuite il m'avait chopé avec Hänsel en train de faire l'amour dans le salon de la villa et c'était reparti en vrille... Sa promesse avait été soufflée aussi aisément qu'un grain de sable par le vent... Ça avait été si facile pour lui, d'oublier tout ce qu'il m'avait dit et promis alors que je pleurais contre lui...
A quel moment il avait cessé de m'aimer papa...? A quel moment il s'était rendu compte que j'étais moins importante que son travail et qu'est-ce que j'avais fait pour que ça arrive...?

- Ça te dit qu'on se tutoie ? Ça me donnera l'air moins vieux.

J'haussai mes épaules nues et souris, une lueur espiègle dans mes grands yeux bleus. Si ça pouvait lui faire plaisir. C'était pas comme si on avait une relation ultra mondaine depuis qu'on s'était croisé de toute façon entre lui qui fumait sa clope sur une carpette coûtant probablement plus chère que sa baraque et moi en train d'à moitié me baigner vêtue d'une robe de créateur dans une fontaine alors que des millionnaires s'échangeaient des politesses et des zéros dans la pièce d'à côté...

- C'est pour ça la boule à zéro ? Pour pas voir tes cheveux blancs ? je ris fière de ma petite répartie avant de jeter mon pied hors de l'eau pour l'éclabousser.

Et je vis son expression changer. Une seconde la lueur dans son regard me fit peur. Je la connaissais je l'avais déjà vu et j'étais traumatisée... Un instant j'étais en boite. Un instant j'étais avec "lui"... Un instant j'étais droguée. Un instant j'étais emmenée...
Je me figeai et me recroquevillai sur moi-même dans un geste de recul lorsqu'il s'approcha vivement de moi manquant crier, mais au lieu de me sauter dessus ce fut dans la fontaine qui plongea et je clignai des yeux, totalement perplexe avant d'exploser de rire.
Putain il venait de se passer quoi là ? Qu'est-ce qu'il fabriquait ? Hahaha c'était trop drôle !
Et MOI qu'est-ce que je fabriquais ? Pourquoi j'avais eu cette espèce d'absence bizarre où passé e présent s'étaient sournoisement mêlés ? Pourquoi est-ce que d'un coup je m'étais retrouvée à comparer ce type avec celui qui avait tenté de m'agresser ? C'était complètement con, non...?
Merde comme quoi j'étais encore bien plus marquée par tout ça que je ne voulais bien me l'avouer... La page n'était apparemment pas totalement tournée malgré le cadenas que je m'étais efforcée de boucler au loquet de ce livre que je ne souhaitais plus jamais ouvrir...

Je regardai Bardamu le cul en l'air et la tête dans l'eau en train de faire des bulles et pouffai à nouveau avant de devoir finir par me tenir le ventre tellement je riais. C'était trop improbable comme situation et clairement je n'avais aucune idée de ce qu'il était en train de faire ! En tout cas si son intention était de me faire mourir de rire, il était en bonne voie !
Lorsque je lui avais proposé d'essayé de se tremper dans la fontaine, je ne pensais clairement pas à ça ! J'en pleurais presque bon dieu !

- C'est une façon de faire les choses ! Hahaha !

Euh... Pourquoi il se redressait pas ? Je me calmai un peu et me redressai doucement :

- Hé ça va ? Mons... euh Bardamu ?

Putain j'avais dit son prénom sans l'écorcher !

- Hé !

Bon ok là ça ne me faisait plus rire ! Je remontai ma robe jusqu'à mi cuisses et avançai dans la fontaine jusqu'à lui afin de lui attraper l'épaule et le redresser. Mais la vitesse avec laquelle il le fit lorsque je le touchai me prit de court et je basculai en arrière, atterrissant sur les fesses en plein milieu de l'eau dans un sursaut qui avait d'avantage à voir avec la fraîcheur de l'eau qui me saisit que ma surprise.
PUTAIN DE MERDE LA VACHE C’ÉTAIT FROID !
Je clignai des yeux alors que ma robe ondulaient poétiquement autour de moi dans l'ondé rosée du marbre immergé qui m'accueillant et relevait mon visage vers l'homme qui était presque tout aussi trempé que moi.

- Gabi ?

AH ! Mais bordel ils s'étaient donnés le mot pour me faire faire un arrêt cardiaque ce soir ou quoi ? Je me tournai pour apercevoir Theresa une des assistantes de ma mère qui s'avançait d'un air totalement perplexe vers moi. Je poussai sur mes mains et me relevai, sentant ma robe lourdement peser sur mon corps désormais moulé à l'indécence...

- Que se passe-t-il ici ?
- Bah euh...


Je regardai à nouveau Bardamu. J'en savais rien en fait moi de ce qui se passait !
Theresa se tourna vers l'homme avec un regard de suspicion peu commode tandis que je quittai mon bassin improvisé et inondai la moquette, l'eau ruisselant de ma poitrine à mes pieds. C'était con mais j'avais envie de me marrer... J'avais beaucoup de mal à réprimer le petit sourire qui ne cessait d'étirer le coin de mes lèvres roses.

- On est tombé.
- Tous les deux ?
- Bah euh... Je suis tombée et il m'a repêché. Je dansais sur le marbre et j'ai glissé.


C'était crédible non ? J'étais la plus mouillée de nous deux et Theresa me connaissait un peu elle me savait tout à fait capable de faire un truc dans le genre et pour cause, je l'avais fait ! Je modifiais juste un peu le truc histoire que Bardamu se fasse pas mettre dehors.
Parce que sans trop savoir comment ni pourquoi, j'aimais bien celle que j'étais quand il était là. Je me retrouvais. Je renouais avec moi-même. Je retrouvais mon insolence espiègle et ma spontanéité rafraîchissante. Je retrouvais ma verve et ma répartie légendaire. Je n'étais plus la Gabi déprimée et éteinte de ces dernières semaines et ça me faisait un bien fou ! Je n'étais pas prête à me laisser déjà disparaître... Et si je ne me retrouvais plus après...? Je ne voulais pas. Je voulais me garder. Juste un peu plus longtemps encore ! Il était le pansement dont je n'avais pas réussi à me parer mais que je refusais désormais d'arracher !
L'amie de maman - qui l'avait probablement envoyé me chercher d'ailleurs - plissa son regard sombre et nous scruta, moi surtout, puis capitula en soupirant, estimant probablement que ma version de l'histoire était plausible.

- Bon venez vous ne pouvez pas rester dans cet état. Il y a de quoi se changer backstage.
- Ça va je sais où c'est !


Des créateurs faisaient défiler des robes uniques lors de cet évènement dont les ventes étaient destinées à l'association de ma mère. Du coup derrière la scène, y'avait largement de quoi faire ! Bon par contre il allait falloir faire le grand tour parce que c'était hors de question que je me jette en pâture aux photographes dans cet état... Les médias s'en donneraient à cœur joie et moi je voulais que Häns' il me voit au summum de mon sex appeal sur une couverture de magazine si ça devait arriver ! Et non pas toute mouillée comme si je sortais d'une machine à laver ! Bon au moins mon maquillage et mes cheveux n'étaient pas touchés. Il n'y avait que la pointe de ma tresse qui était légèrement humide vu que j'avais les cheveux méga longs, mais ça sécherait vite. J'étais un peu dégoûtée pour ma robe... Mais là aussi, rien d'irréparable. Puis c'était l'occasion de chourer une tenue de ouf unique au monde mouahahaha !
Theresa m'intima de rejoindre ma mère une fois que je serais prête et j'acquiesçai avant de la voir tourner les talons en parlant dans son oreillette et regagner la réception.

- Va falloir qu'on passe par les salons voisins... La scène est à l'autre bout.

Je récupérai mon sac et mes chaussures puis invitai Bardamu à me suivre. Je me penchai à la porte histoire de m'assurer que la voie était libre, puis l’entraînai à ma suite en trottinant. Il ne nous fallu pas bien longtemps pour rejoindre l'arrière de la scène.
Je commençais à grelotter en peu et j'avais hâte de retirer tout ça ! Tout le monde s'affairait du coup on ne nous remarqua même pas. Enfin... Presque pas. Tout juste. A peine... Un peu...
En bonne fashion addict que j'étais, je me précipitai vers un des portants qui m'attirait le plus l'œil et me mis à farfouiller tout sourire parmi les robes de couturiers qui s'offraient à moi. J'en choisis une à la coupe sirène rouge avec une jolie traîne fixée à la ceinture. JACKPOT !

- Y'a des costumes par là bas. Prends ce que tu veux.

Je lui tournai mon dos et dégageai ma chevelure sur le côté. Ma peau était fraîche et parsemée de frissons tant le satin mouillé se refroidissait au contact de l'air.

- Tu peux juste défaire le crochet au dessus de la fermeture éclaire ?

La vache mais comment il pouvait avoir les doigts aussi chauds alors que moi j'étais quasi congelée ?
Je le remerciai d'un grand sourire et filai en sautillant gaiement ma robe sous le bras jusqu'au paravent le plus proche que je tirai entre nous pour qu'on puisse se changer tranquilles, puis j'entrepris de me débarrasser de ma tenue actuelle... qui me collait littéralement à la peau.
Je pouffai toute seule alors que j'avais la sensation d'essayer de m'extraire d'une seconde peau bien trop ajustée. Je me tortillai dans tous les sens mais le passage des hanches était décidément fort compliqué ! Putain pourvu que je la craque p...
crac.
NOOOON !!! Paniquée j'attrapai le tissu et le détaillait. Ouf. Rien de méchant. Ça se voyait même pas ! Maman arrangerait ça rapidos.

- Ouuuf putain ! expirai-je soulagée une fois nue.

Je retirai également le fond de robe que j'avais mis et qui était tout aussi mouillé puis je pris la jolie robe rouge dont j'étudiai les détails. Elle était trop jolie !
Une fois dedans, je remontai la fermeture éclaire et remis mes chaussures avant de coller mon oreille au paravent sur lequel je toquai :

- Ça va tu t'en sors ? Va falloir que je retourne à la réception...

Je m'en étais éclipsée un peu trop longtemps visiblement... Ou du moins assez pour que maman ne le remarque...

- T'es pas obligé de mettre le nœud pap' hein si tu galères.

Petite taquinerie à peine voilée mais clairement je l'imaginais pas du tout du genre à porter ce genre d'accessoire !


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