L’iridescente promesse d'une rencontre inestimable[PV Anastasia]

◭ On a tous un jour besoin de trouver quelqu'un pour nous épauler et nous soutenir. ◭

C'était le grand jour. Enfin, la grande soirée. Après des semaines à picoler, j'avais arrêté et pris conscience que cela ne me mènerait nulle part. Et en prenant mon courage à deux mains, j'étais parvenu à me faire accepter comme pianiste occasionnel au M'Angel par son patron. Je lui étais redevable d'une certaine manière. Grâce à lui, je me suis arrêté au bon moment. Car au train où mes recherches ne donnaient rien, j'aurai pu plonger bien plus. Où étais-tu Lorna ? Si tu savais à quel point tu me manques...

Elle n'était pas la seule. Je voyais constamment le visage de Caroline et de Jana. Ils m'accompagnaient partout où je me rendais. Les deux mois qui venaient de passer, je nourrissais encore l'espoir de les revoir surgir d'un coin de la rue, recevoir un coup de fil pour me dire qu'elles allaient bien et que finalement tout ceci n'était qu'un horrible cauchemar. Mais très vite la vérité m'a frappé de plein fouet, et bien violemment.  Cela avait été très dur à encaisser. C'était comme tenter de bouger alors que la foudre vous traverse. Sauf que c'est impossible, la tétanie m'avait gardé comme figé dans le temps pendant de longues minutes.

Je me secouais la tête, comme si le geste chassait physiquement mes idées noires. Ce n'était pas le moment de dégager du désespoir, ce soir j'étais là pour transmettre de la beauté, de la joie ou éventuellement un peu de mélancolie. Quoiqu'il en soit, je devais changer les idées des gens par ma musique. J'avais mes propres morceaux, mais je ne voulais pas non plus trop les divulguer au grand public. Ils signifiaient beaucoup de choses pour moi qui me rappelaient ma femme et ma fille. Donc pour transmettre de la joie ou de la bonne humeur, on oublie !

Le M'Angel. Voici que je poussais la porte pour la première fois non plus en tant que client mais en tant qu'artiste. Je ne pus m'empêcher de sourire. Je ne pense pas que mes parents seraient ravis de me voir traîner dans le coin à faire ça, ce n'était pas digne de quelqu'un qui vient de la haute bourgeoisie. Je n'en avais que faire, c'était pour moi un moyen de m'extirper pour un temps de ce carcan imposé par la société qui à mon sens divisait bien trop.

Je poussais la porte du bar. Ce dernier avait eu depuis la première fois que je l'avais découvert un effet apaisant sur moi. Je me dirigeai vers le comptoir pour demander mon chemin.

« - Bonsoir, je viens pour jouer ce soir au piano, ça été vu avec Monsieur Mayer.
- Oh c'est vous ! Bien, dans ce cas, vous pouvez emprunter la porte de service, vous pourrez demander une clé pour votre vestiaire à l'agent de sécu qui s'y trouve. Bonne chance !
- Merci. »

J'étais relativement en avance, donc je pouvais me permettre de regarder un peu le décor. Je repérai où se trouvait le piano. Il était disposé à être suffisamment visible mais pas trop pour être au centre de l'attention des clients. Un choix intelligent qui permettait à la fois à l'artiste de se garder une petite bulle de concentration tout en pouvant toucher son audience.

Un choc me sortis de ma rêverie. Je venais de percuter quelqu'un. Pas très fort vu que je n'allais pas très vite, mais suffisamment pour déstabiliser la personne en face de moi. Dans un pur réflexe, je m'élançai pour la rattraper de justesse et la soutenir le temps qu'elle reprenne ses esprits.

« - Je vous prie de m'excuser ! Je suis vraiment désolé, j'étais dans mes pensées, c'était idiot de ma part de rester dans le passage. Vous allez bien ? Rien de cassé ? »

Une fois assuré que la femme tenait sur ses appuis, je la lâchai et remis un peu de distance entre nous, par respect pour elle.