Owen n’arrive pas trop à croire à ce qu’il est en train de faire alors qu’il prépare son sac où il entrepose les quelques affaires que ses amis lui ont dit d’apporter pour cette fameuse nuit d’enterrement de vie de garçon. Il est encore jeune, Owen, et il n’arrive pas à imaginer quelques choses de plus existant que la vie qui l’attend au côté de Valentina. Il n’a pas peur de ce qui arrive, il sait qu’il l’aimerai quoi qu’il se passe jusqu’à son dernier souffle si il faut. C’est débile, peut être un peu romanesque, mais ce qu’il vit en ce moment c’est quelque chose qui lui donne envie de hurler à son père qu’il avait tort. Qu’au final, il n’est pas autant un raté qu’on lui a répété toute son enfance. Valentina est dans la pièce d’à côté, elle est encore penchée sur les derniers faire-part. Ils ont passé l’après midi à faire les tables, à discuter, à se prendre la tête, à rire.
Owen n’aurait jamais compris être assez chanceux pour tomber sur une femme comme celle qu’il s’apprête à épouser dans deux semaines à peine. Il ferme son sac, la bouteille de vodka qu’il y a glissé bien en sécurité entre ses vêtements. Il laisse son sac dans la chambre le temps d’embrasser sa fiancée et de lui dire au revoir. Il est 18h quand il quitte le domicile qu’ils partagent depuis quelques années déjà. Tout va bien et on ne pourrait pas deviner que quelque chose tournerait mal un jour pour ce couple si-amoureux et tendre.
Les cheveux décoiffés, le regard pétillant d’alcool, Owen boit depuis maintenant une bonne heure avec ses amis. L’alcool le pousse à rire de tout, à avoir des pensées qu’il n’a pas d’habitude. Son meilleur ami de l’époque est d’ailleurs tout aussi éméché, tous les deux dans les rues de Berlin s’apprêtant à rejoindre les autres dans un bar de Berlin. Ils ont l’air bien, les deux rebelles de l’école de commerce, qui n’arrivent pas à marcher droit et qui rit dès que l’un d’entre les deux trébuchent. Owen voit sa jeunesse passer devant ses yeux alors qu’il est tiré vers l’établissement. Son impulsivité et ses pensées se mélangent, l’alcool aide un peu à ça. Pendant quelques instants, Owen se sent vieux. On est pas censé réfléchir à ça avant son mariage alors qu’on a à peine trente ans. Mais Owen y pense, il pense à la banque surtout, et il se dit qu’il n’a pas assez vécu.
Bien sûr, le mariage n’est pas une fin en soi… Owen le sait, il le répète à ses amis depuis des semaines entières quand il leur a annoncé qu’il s’était décidé à épouser Valentina. Mais maintenant qu’il n’est pas sobre, il a du mal à répliquer Owen, et il est têtu. Alors quand Jean lui dit qu’il se retient ce soir et que c’est bien le début d’une nouvelle prison, le brun lève les yeux aux ciels en finissant son verre de rhum.
« Mais tu racontes vraiment n’importe quoi. » S’exclame t’il, reposant le verre sur le bar sous les yeux hilares du petit groupe. « Bien sûr que je suis toujours libre. Je vais épouser Valentina car je l’aime. »
Il l’aime, oui, comme il n’a jamais aimé personne. Il était tombé amoureux d’elle doucement, comme on s’endort après une interminable insomnie. Valentina, Valentina, Valentina. Sa tête chantonne le prénom de la blonde et Owen ne peut s’empêcher de sourire comme un idiot. Mais voilà, Jean enchaîne sur une deuxième affirmation :
« Tu as connu combien de femmes dans ta vie ? »
Owen lève les yeux, le regarde un instant et laisse échapper un rire nerveux. Son meilleur ami s’apprête à intervenir mais Owen le fait taire d’un regard alors que la pression sociale lui hurle de prouver sa valeur de mâle.
« Oui, j’ai couché avec d’autres femmes que Valentina si c’est ça ta question, Jean »
Jean, qu’Owen n’apprécie pas vraiment mais qui a toujours fait parti de son groupe d’ami, lève le sourcil car il sait que le brun est maintenant assez énervé et alcoolisé pour faire tout ce qu’il demande.
« Je ne te crois pas. On sait tous que tu n’as pas vraiment couché avec Jessica, tu as toujours été un dragueur vraiment merdique.
- Tu es juste jaloux car j’ai eu la possibilité de sortir avec Jess' pour plus de 6 mois alors que tu lui as toujours fait des avances sans jamais qu’elle ne te réponde.
- Alors prouves le. »
Owen le fixe, il n’est pas sûr de comprendre ce que veut dire le garçon. Il fait un signe vers le serveur pour se faire resservir.
« Prouver quoi ? » Demande t’il en se saisissant de son verre, ses yeux bleus ancrés dans les bruns qui lancent déjà un défi.
« Prouves le, prouves que tu peux séduire une femme sans utiliser ton air de chien battu et tes problèmes avec ton père. »
Owen n’est pas violent mais il aurait peut être du envoyer son verre rempli d’alcool dans la tête de Jean pour lui rappeler ses vieux souvenirs et ses vieilles insécurités. Mais il préféra secouer la tête, il n’allait pas se prendre à ces petits jeux là. Il avait passé l’âge.
« Il faudrait vraiment que le ciel me tombe sur la tête pour que je fasse ça. » Dit-il, s’appuyant quelques secondes sur le bar, les yeux perdus dans la foule.
Jean quitte le bar une bonne demi-heure plus tard, suivis de quelques-uns de ses amis. Owen est à présent avec 2 de ses plus proches amis et son meilleur ami qui tente de le raisonner par rapport à ce que vient de dire Jean.
« Mec, tu as raison. Ne penses pas trop à ce qu’a dit Jean tu veux… »
« C’est oublié. » Souligne le brun, un peu trop peut être pour que ce soit vrai. « Je vais juste au toilette pour me changer et je vous rejoins chez toi. »
« Tu es sûr ? »
« Certain. Partez devant. J’ai besoin de temps pour me poser»
Ils s’effectuent, quittent le bar. Owen en profite pour désaouler un peu, il se permet de boire quelques verres d’eau en pensant à ce qui vient de se passer. Puis, comme il l’a dit, il se dirige vers les toilettes, enfile sa deuxième tenue après s’être passé un coup d’eau sur le visage. Il porte maintenant un t-shirt plus simple, moins ridicule que celui précédemment imposé par ses amis. Il se regarde, et c’est vrai, que là, seul devant ce miroir, il se demande si ce mariage est une bonne idée. Pause. Bien sûr que c’en est une, il est amoureux d’elle, depuis longtemps déjà… Ce n’est pas un connard comme Jean qui le ferait changer d’avis.
Il sort alors des toilettes puis du bar, son sac sous le bras. Oui, il faudrait vraiment que le ciel lui tombe sur la tête pour qu’il fasse ça. C’est cette pensée en tête qu’il remonte la rue vers le bar, il est 20h, le début d’une longue soirée alors qu’il entend un cri de surprise.
Et là, par réflexe et par peur pour cette inconnue qu’il aperçoit du coin de l’œil trébucher, il tend les bras vers elle et la rattrape. Le ciel ne lui était pas tombé sur la tête mais une fille lui était bien tombé dans les bras, et à cette pensée Owen ne peut s’empêcher de sourire et d’être horrifié par les yeux étonnés qui le fixe.
« Tu vas bien ? » Demande-t-il, de but en blanc, comme pour se ramener sur terre, loin de ses vieilles rêveries qui le pousseront plus tard au péché.
Roxy prit le énième shoot de la soirée qui pourtant venait à peine de commencer. Elle savait qu’elle aurait dû rester chez elle pour réviser pour ses partiels de fin d’année mais elle n’avait pas pu résister à la tentation de joindre Anna pour sa dernière soirée à la boîte. C’était elle qui l’avait accueillie quand elle avait commencé, elle qui l’avait initié à ce travail qui pouvait paraitre dégradant aux yeux du monde. Travail dont elle se gardait bien d’en dire mot à ses parents bien trop vieille école et qui ne comprendraient pas ce que leur fille faisait pour financer ses études. Ils auraient tôt fait l’amalgame entre une fille de petite valeur et leur propre enfant. Et ça, elle ne le voulait pas la jeune étudiante. Oui elle s’amusait Roxy. Oui, elle avait eu quelques aventures depuis le début de ses études à Berlin mais elle n’était pas du genre à avoir des aventures d’un soir l’étudiante. Alors oui, elle dansait mais on ne pouvait pas la confondre avec une prostituée. D’ailleurs, elle avait remis plus d’un client à leur place depuis qu’elle avait commencé à travailler ici. Et c’était en grande partie grâce à Anna qu’elle avait réussi à travailler ici tout en gardant son honorabilité. Aussi quand elle avait reçu un message de la blonde n’avait-elle pas hésité à tout lâcher pour la rejoindre au club. Elle avait donc enfilé son pantalon en cuir noir et un petit top dos nu rouge dont l’attache se trouvait autour de sa nuque et des talons aiguilles de la même couleur que son haut. Un chignon, une touche de maquillage et de parfum plus tard et elle se trouvait déjà en train de boire et de rire avec ses amis. Anna devait s’envoler quelques jours plus tard pour les Etats-Unis afin de poursuivre ses études et voulait s’amuser une dernière fois au club avant de partir vers de nouvelles aventures. Anna avait pris de quoi grignoter pour éviter de se retrouver ivre trop vite ce qui prouvait qu’elle n’avait pas l’intention de voir la soirée se terminer trop vite. Cela fit rire Roxy qui la connaissait assez pour savoir qu’elle risquait fort de n’avoir que le temps de rentrer chez elle pour prendre une douche et se changer avant d’aller en cours. Cela ne la dérangeait pas. Ce n’était pas la première fois qu’elle faisait nuit blanche pour se retrouver ensuite en cours. Même quand elle était encore à Hamburg, Chris et elle avaient fait le mur un nombre incalculable de fois pour se retrouver dehors toute la nuit. Ils avaient fait les quatre cent coups ensemble ces deux-là et parfois, elle se prenait à regretter qu’il ne soit pas là avec elle… Mais ce soir, l’heure n’était pas à la nostalgie et Roxy prenait franchement sa part à la soirée. Il n’était pas rare d’entendre son rire cristallin résonner. Johann, le barman, leur mettait à disposition ses bouteilles et il s’amusait à tester sur eux ses créations parfois douteuses ce qui déclenchait encore plus leur hilarité.
Elle se trouvait sur la piste de danse avec sa blonde préférée quand un inconnu vint se coller à elle. Se tournant vers lui, elle faillit lui en coller une quand Anna attrapa son bras pour l’attirer vers elle. En un éclair, elle comprit ce que voulait faire son amie et ce fut le plus naturellement du monde qu’elle passa ses bras autour de son cou et posa son front contre le sien. Elles continuèrent à danser ainsi yeux dans les yeux tout sourire durant quelques minutes. Le badaud resta planté au milieu de la piste comme un con avant de quitter la boite de nuit. Ce fut en riant qu’elles revinrent à leur table sous les acclamations de leurs amis.
« T’as vu sa tête ? C’était tellement drôle ! », lui lança la blonde toujours en riant.
Roxy qui était dans le même état riposta
« Toi et tes magouilles !! Tu vas tellement me manquer ! »
Se penchant, elle entoura les épaules de son amie avant de lui faire un câlin. C’était vrai qu’Anna avait été une excellente amie ces dernières années. Et elle n’arrivait pas à s’imaginer la boite sans elle. Comme pour la sortir de ses mauvaises pensées, son téléphone sonna à ce moment-là. Elle ne put s’empêcher de sourire en voyant la grosse tête de son meilleur ami sur l’écran. S’excusant auprès de ses camarades de jeu, la jeune fille sortit un instant du bar pour prendre l’appel.
Et l’air frais lui fit du bien. Elle commençait vraiment à avoir trop chaud à l’intérieur. L’étudiante resta un bon quart d’heure avec sa meilleure moitié comme elle appelait Chris. Comme à son habitude, il s’était mis dans le pétrin avec une ses conquêtes et appelait Rox’ à la rescousse. Elle lui promit de l’appeler demain matin pour se faire passer pour sa petite amie afin qu’il puisse se débarrasser de l’intruse. Elle souriait toujours en raccrochant. Sacré Chris ! Il ne pouvait avoir de relations simples… Un petit pincement au cœur se fit quand même sentir dans la poitrine de la jeune fille mais à son habitude, elle ne s’appesantit pas dessus. Elle s’apprêtait à revenir dans le club quand son talon se prit dans un des pavés de la rue et Roxy se sentit étrangement attirée par le sol. Un cri lui échappa et au lieu du sol dur, elle se sentit happée par deux bras robustes. Par réflexe, elle avait passé ses bras autour du cou de l’inconnu et retrouvant son souffle, elle croisa son regard bleu. Puis ce fut un blackout. Elle ne voyait rien d’autre que ce regard. Ce fut lui qui rompit le silence le premier. Hochant la tête comme une imbécile, Roxy se remit droite et reprit consistance.
« Oui oui… Merci beaucoup… »
Un peu gauche, la jeune fille lui tendit la main
« Roxy. D’habitude je ne suis pas aussi maladroite, lui dit-elle dans un petit rire embarrassé. Je peux t’offrir un verre pour te remercier de m’avoir épargné de me ridiculiser en pleine rue ? »
Elle le regardait avec un petit sourire. Elle aurait pu plus mal tomber. Son sauveur était plutôt séduisant.
Emi Burton
gare à la crise de la quarantaine
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Re: Que le ciel nous tombe sur la tête...
Mar 17 Sep 2019 - 20:54
Et que le ciel nous tombe sur la tête...
Peut être que pour une fois, Owen aurait du se retenir d’aider cette personne en détresse. Peut être qu’il aurait du laisser la jeune fille tomber sur le sol, ne rien faire, se dépêcher de rejoindre ses amis pour finir sa soirée. Mais le fait est qu’il ne l’avait pas fait et qu’il se retrouvait là, les yeux dans les yeux avec une jeune inconnue. C’était étrange comme situation, les mains autour des hanches autour d’une autre femme que Valentina, alors qu’on lui faisait la remarque une bonne demi-heure auparavant qu’il n’était capable de rien avec les femmes. Il se sourit à lui-même en se mordant la joue Owen, il savait que ses pensées dérapaient et qu’il les regretteraient sûrement demain. Alors, comme pour éviter de faire plus de mal qu’il en a déjà fait, il lui demanda si ça allait.
La jeune fille le laissa s’échapper, reprenant constance peu à peu et laissant le brun blêmir devant sa stature. Elle est belle, cette inconnue, peut être trop belle pour qu’Owen ne réfléchisse pas à cette situation comme à une opportunité de prouver à Jean qu’il avait tort. C’était peut-être débile, ridicule même… Mais il ne faisait rien de mal pour l’instant, alors il offrit un joli sourire au coin à son interlocutrice quand elle lui tendit la main.
« Owen. » Répondit il en saisissant la main si petite de la jeune fille par rapport à la sienne. Le petit rire embarrassé qui suivit son excuse lui étira un sourire, elle avait vraiment un charme derrière son air soigné. « Je vais commencer à croire que tu m’es tombé dessus par choix… » Plaisanta t’il avant d’hocher la tête. Après tout, il ne faisait rien de mal en acceptant un verre surtout que Roxy avait l’air d’être une jeune femme sympathique. Il avait besoin d’oublier la conversation qu’il avait eu avec Jean il y a une heure et c’était comme si le ciel lui envoyait une aide précieuse. Il n’allait pas refuser cette occasion qui s’offrait avec lui.
« Avec plaisir, si après tu me laisses t’en offrir un. » Enchaîne t’il en lui faisant signe pour s’approcher de l’entrée de la boîte qu’il avait souvent fréquenté quand il était encore étudiant.
Elle ne put s’empêcher de rire en l’entendant plaisanter sur le fait qu’elle l’avait fait exprès.
« Tu m’as démasquée ! Je faisais le pied de grue devant la boîte pour trouver quelqu’un qui m’offrirait des cocktails gratuits ! » répondit-elle du tac au tac avec un petit sourire mutin contredisant ses paroles précédentes.
C’était peut-être une bonne chose en fait que Chris soit incapable de jeter ses conquêtes au petit matin. Sans cela, elle ne serait pas sortie et ne serait pas tombée dans les bras de ce parfait inconnu. Après, elle n’était pas sortie ce soir pour aller draguer le premier venu. Rox’ aimait plaire – comme toute femme, il fallait bien l’avouer – mais elle n’était pas de ce genre qui ne vivait que pour les conquêtes masculines. Aussi n’avait-elle pas vraiment d’arrière-pensée en l’invitant à prendre un verre. Tout était prétexte pour passer un bon moment pour l’étudiante. De toute façon, elle n’était pas là pour se trouver quelqu’un. Elle n’oubliait pas qu’il ne lui restait qu’une petite année avant de réaliser son rêve. Dans sa tête, relation sérieuse et voyages n’étaient pas vraiment compatible.
« Deal ! », lui dit-elle avec un grand sourire.
Ce fut donc l’esprit léger qu’elle revint dans la boîte. Ils se dirigèrent vers le comptoir du bar où Johann s’affairait sur ses fameuses créations.
« Hey Rox ! Tiens goûtes moi ça, tu m’en diras des nouvelles ! »
Il lui tendit un verre qu’elle regarda un peu méfiante. Il fallait dire que les dernières qu’elle avait goutées n’avaient pas été ses meilleures expériences.
« Je te jure que si c’est comme le dernier…, commença-t-elle avant de se tourner vers Owen. Tu veux quoi ? Jo, tu le laisses sur ma note stp ? »
Une fois leurs verres à la main, elle lui désigna une table un peu à l’écart et ils se dirigèrent vers là. Elle pouvait sentir le regard inquisiteur du barman dans son dos et savait qu’il allait la cuisiner la prochaine fois. Haussant légèrement les épaules, elle s’assit dans la petite alcôve. Elle aimait cette table un peu à l’écart et l’alcôve permettait une intimité que l’on trouvait rarement dans ce genre d’endroit. Levant son verre, elle trinqua
« A une rencontre… percutante », dit-elle rieuse
La première gorgée faillit lui arracher la bouche. Johann avait dû se tromper dans les proportions car le rhum était bien plus présent que les autres ingrédients réunis ! Toussant, elle ne put s’empêcher de s’exclamer
« La vache ! J’espère qu’il n’a rien rajouté dans le tien ! »
Elle regardait Owen un peu moqueuse attendant visiblement qu’il goute sa boisson
Elle est drôle, Roxy, et Owen apprécie l’ambiance qui règne entre eux deux quand il lui propose un verre à son tour. L’enthousiasme de la jeune femme l’emporte, il ne s’attendait pas à vivre ce genre de choses ce soir mais maintenant que la jolie blonde l’entraîne vers le bar où elle connait le barman il se dit qu’il n’y aura pas grand mal à se laisser aller. Il connaissait ses limites Owen, il sait s’arrêter avant de ne trop boire et de perdre conscience. Alors, il décide de s’y abandonner. Il décide de faire confiance à cette inconnue, car après tout, il ne pense pas que Roxy l’abandonnerai dans un coin si il se mettait à subir trop violemment les effets de l’alcool.
Le barman, par contre, lui inspire nettement moins confiance pour les nombreuses fois où il a goûté ici des mélanges d’alcools questionnables. Roxy est visiblement une habituée, le barman l’appelle par son prénom et la tutoie. Owen observe, se nourrit de l’expérience qui se déroule devant lui. La musique l’assourdit un peu alors que c’est son tour de commander… Il se rabat sur le cocktail du jour, soucieux de ne pas trop demander à cette femme qu’il imagine encore étudiante. Il ne fait rien de mal. Et peut être que le fait qu’il se répète en boucle aurait pu lui mettre la puce à l’oreille.
Ils s’assoient peu après, Roxanne trouve une table sans trop de problèmes. Elle rayonne, son verre à la main et un sourire jusqu’aux oreilles. Owen aime l’énergie qu’elle transporte. Elle lui rappelle un peu l’énergie qu’il possédait quand il était lui-même décidé à s’amuser en boîte. Il se sent vieux, Owen, alors qu’il attrape son verre et n’hésite pas à trinquer avec elle quand elle énonce son toast plaisantin :
« A nous, oui ! » S’amuse le brun, le sourire au lèvre. Il la voit grimacer quand elle prend une première gorgée de son cocktail, il ne peut s’empêcher de rire quand elle s’exclame.
« Si tu essayes de m’effrayer, saches que j’ai connu bien pire… » Répond Owen en repensant à tous les mélanges qu’il a fait lui-même il y a quelques années déjà, ceux qu’il a été forcé de boire pour ne pas perdre l’alcool mais qui reste un moment sur la langue et sur la gorge au plus grand déplaisir des consommateurs. Alors, Owen goûte sans grande peur de ce qu’il va découvrir… Il réalise peut être un peu tard qu’il a déjà bu quelques verres de Vodka et qu’il n’a même pas pris le temps de lire ce que contient ce fameux cocktail du mois. Alors que l’alcool lui monte rapidement à la tête il expire fermement pour essayer de calmer cette sensation nouvelle :
« Ah oui merde, tant que ça… » Plaisante il en regardant d’un œil la composition de ce qu’il vient de boire. Rhum, Tequila ainsi qu’une boisson gazeuse non indentifiable semblent s’être alliées pour détruire le peu de conscience que le brun possède. Il pose son verre sur la table, décidant de le boire lentement même si il sait maintenant qu’il ne va pouvoir échappe à ses effets très longtemps.
« Et sinon, qu’est ce qui te plaît dans la vie ? » Demande Owen, verre en main, les yeux dans ceux de la blonde. L’alcool joue sur son humeur et il ne peut plus s’empêcher de sourire. Cette soirée promet d’être étrange mais Owen est prêt à l’accepter.
Roxy était d’un naturel enjoué et surtout, elle ne se prenait pas vraiment la tête la jeune étudiante. Elle savait ce qu’elle voulait et ne voulait pas. Prendre un verre avec un séduisant inconnu oui, être enchainée avec un mec non. Elle avait encore trop de choses à vivre pour tout renoncer pour une personne. Elle avait encore le monde à découvrir Roxy et elle n’allait certainement pas tout foutre en l’air. La jeune étudiante tira légèrement la langue à Johann en voyant son regard sur Owen et elle. Il n’y avait rien entre eux si ce n’est cette petite étincelle de séduction somme toute assez normale entre un homme et une femme. Elle eut un petit sourire en pensant que c’était exactement les termes qu’utilisait Chris. Elle se promit de lui raconter tout ça demain matin après qu’il se serait débarrassée de la pot de colle qu’il semblait s’être coltinée. Une autre bimbo à la poitrine très avantageuse, elle le pariait. Son meilleur ami semblait faire une fixette sur le bonnet de ses conquêtes. Secouant la tête, elle s’assit sur la banquette de l’alcôve. Elle pouvait sentir la présence de son compagnon qui l’enveloppait toute entière lorsqu’il prenait place à son tour. Et ce n’était pas du tout désagréable. Loin de là même…
Après avoir failli s’étouffer avec sa boisson, elle regarda un peu moqueuse le jeune homme prendre une gorgée de la sienne à son tour. Et ne put s’empêcher d’éclater de rire en voyant sa réaction. Elle lui jeta un petit clin d’œil l’air de dire « je t’avais prévenu »
« Alors ? », demanda-t-elle en essayant de prendre un air angélique.
Posant son verre, elle se demandait comment elle allait faire pour garder la tête froide avec un mélange aussi… explosif. A la question d’Owen, elle leva la tête et plongeant son regard dans le sien lui sourit
« Vivre pleinement chaque moment que la vie nous offre »
C’était son mantra à Roxy. Peut-être la mort brutale d’une de ses plus proches amies en début d’année scolaire l’avait plus traumatisée qu’elle ne l’avait pensé. Lene s’était donnée la mort après le décès de son fiancé dans un accident de voiture l’été précédent et la jeune fille n’avait pas réussi à faire son deuil malgré la présence constante de sa famille et de ses amis. Rox s’était même installée dans son appartement pour ne pas la laisser seule mais apparemment cela n’avait pas suffit. C’était elle qui l’avait retrouvé un matin sans vie. Une ombre passa dans ses yeux mais ce fut un éclair. La jeune fille avait déjà retrouvé son entrain habituel.
« La vie est trop courte pour laisser les évènements nous couper nos ailes. Je veux pouvoir découvrir le monde avant de mourir. Je veux pouvoir photographier tout ce qui se fait de plus beau sur cette planète mais aussi toutes ses noirceurs. Parfois une photo peut remuer plus que ce des mots ne pourront le faire et si je peux y apporter ma petite contribution, je serais heureuse. »
Elle ne savait pas pourquoi elle lui avait dit tout ça. La seule personne qui savait ce qu’elle ressentait vraiment était Chris et voilà que spontanément, elle avait laissé échapper certaines de ses pensées les plus intimes à cet inconnu. Mais Owen lui inspirait étrangement confiance. Elle rit un peu avant de continuer un peu plus gaiement
« Mais sinon, j’adore aussi lire et danser. Ma famille bien sûr et ma famille. Et… profiter des opportunités que la vie nous offre »
Elle le regardait droit dans les yeux en lui disant ça.
« Et toi ? Qu’est ce que tu aimes ? Et qu’est ce que tu faisais dans cette rue avant que je ne te tombe dans les bras ? »
Elle rigola doucement en lui posant ses questions.
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