Le temps est bon, le ciel est bleu...

Lola n'en pouvait plus de ses horaires tard la nuit. Oui elle était peintre, oui elle avait des horaires "aménagés", mais ça ne l'empêchait pas de faire des expositions et celles-ci duraient jusqu'à...tard. Très tard. Cette nuit elle avait peu dormis, sans oublier ce cauchemars horrible qu'elle avait fait et dont il ne valait mieux pas parler. Elle regarda donc son petit-ami qui dormait à côté d'elle. Ce petit naze (expression que les deux belles avaient en commun), dormait à point fermé. Ah ce que ça pouvait l'énerver. Elle n'avait pas mauvais fond, mais quand quelqu'un dormait bien alors qu'elle avait peu dormis voir pas du tout et que, pendant ce temps, elle avait fait un vrai cauchemars que l'on adore...elle avait envie de le tuer. Ce n'était pas méchant, c'était surtout exagéré et ça ne dirait qu'une demie-seconde puisque, quand elle voyait le visage paisible de monsieur, elle se rappelait à quel point elle l'aimait et à quel point elle pouvait le trouver beau et adorable quand il se taisait enfin (second degrés, bien entendu. Pour une raison qui lui était propre, mais surtout impossible à connaître, elle aimait l'entendre parler pendant des heures).

Enfin, quand elle fini par aller dans la rue Mühlenkamp pour rejoindre sa vieille amie Victoria alias Vicky alias la belle qui avait la même expression qu'elle, elle l'appela, un peu inquiète puisqu'elle n'avait pas de nouvelles. C'était tout Lola, ça. Elle s'inquiétait pour tout et rien. Mais vraiment pour tout et rien. Ce fut le soulagement quand la belle brune décrocha et elle lui indiqua où elle se trouvait avant de répondre à une autre de ses questions : "Disons que j'ai hésité à crier pour que tu m'entendes.". C'est à dire que oui : il y avait du monde. Et, quand plus tard Vicky arriva devant elle : "Bah..." elle se tourna et ouvra grand les bras comme pour dire "tada" mais pour dire qu'elle voulait aller ici. Dans ce restaurant Italien. En même temps il ne fallait pas être étonné. Lola adorait les restaurants Italiens. Et les pizzas. Même si elle avait tendance à n'en manger que la moitié, voir moins. Avec ses troubles alimentaires...Sans oublier qu'elle faisait du sport juste après sans le dire à personne. Mais ce n'était pas le plus important dans tout ça : oui, la jeune femme avait décidé de se faire plaisir. C'était énorme ! Sauf si on compte le fait qu'elle irait faire du sport après. Mais on s'en fiche, n'est-ce pas ? Et il valait mieux y aller tout de suite sinon elle se dégonflerait et finirait pas dire qu'elle préférait quelque chose de beaucoup plus sain. Cela dit une pizza végétarienne..."On y va ?".

@Victoria Shonen

Heureusement que Vicky s'est vite prononcée sur l'idée de son amie, parce que pour le coup : elle n'était pas sûre de ne pas regretter, la belle brune qui riait pourtant tout le temps. Quand il s'agissait de nourriture c'était toujours compliqué. Elle aimait manger sainement et manger quelque chose qui n'est pas trop calorique. Bien sûr elle aimerait manger des burgers et ce genre de choses, mais elle se limite. Parce que de un : elle ne veut pas redevenir anorexique en se faisant vomir juste après et en ne mangeant pas beaucoup voir pas du tout pendant un mois, et de deux : elle ne veut pas grossir. Et manger un burger ça veut dire prendre dix kilos en moins d'une journée. Disons que, oui, on peut dire qu'elle est toujours anorexique. Mais mentale, pas physique. Physiquement elle se maintient à un poids correct et fait du sport sans abuser (sauf quand elle mange gras).

" Moi c'est plutôt pizza végétarienne, tu vois ? ". Bien sûr qu'elle voyait : elle la connaissait bien à force. " Et on peut manger à l'extérieur, ça devrait le faire. ". En plus, apparemment, le froid fait brûler des calories. Oh mais tu arrêtes oui ? Profites du moment, Lola, tu vas pas devenir énorme comme une montgolfière ou une baleine, peser plus d'une tonne avec une simple pizza. Stop, zut. Bon, elles entrèrent, demandèrent à être placé dehors et Lola regarda le menu. Elle pouvait faire un effort, pour une fois. Mais non. Elle demanda une pizza végétarienne. Enfin elle demandera une pizza végétarienne. " Un petit cocktail ? " demanda-t-elle à Vicky.

@Victoria Shonen

Le pire, dans tout ça, c'était qu'elle était venue à pied. Oui, à pied. Elle n'avait absolument pas essayé de venir en voiture. Bon, en même temps ce n'était pas trop loin. Si en fait. Bon, ok, elle était venue en bus et à pied. C'était plus correct de dire cela ainsi. " Je suis venue en bus. ", dit-elle pensive. Mais elle avait tout de même fait pas mal de marche pour brûler un maximum de calories. Elle avait vraiment un problème. Et elle savait qu'elle risquait de ne pas se sentir bien après avoir mangé autant et aussi gras. Mais en même temps (oui beaucoup de "mais"), elle voulait faire plaisir à son amie. Alors, quand le serveur arriva, elle demanda un Rossini et une pizza bolognaise, guettant la réaction de son amie. Elle allait sûrement être surprise. Et Lola allait sûrement regretter, mais elle préférait faire plaisir à Vicky.

Son problème, à Lola, c'est qu'elle fait souvent passer le bien être des autres avant le sien. Et ça, même si c'est gentil, bon et je ne sais quel autre mot, ce n'est pas toujours bien. Elle est bonne (pas dans le sens belle, même si elle n'est pas moche), mais peut-être un peu trop. Son petit-ami le lui disait souvent, d'ailleurs. Il lui disait, souvent, qu'elle était "trop bonne pour ce monde". C'était important de le savoir, quand on connaissait bien la brune/blonde. Quelle est sa couleur de cheveux, déjà ? Aucune idée. On se demande, des fois. Au soleil, elle a les cheveux un peu blonds, mais l'hiver, quand le ciel est gris, ses cheveux sont plutôt bruns. Pas très foncés, mais un peu bruns. On parlait de quoi déjà ?

@Victoria Shonen

Bon, Lola est un peu jalouse de Vicky qui ne se prive pas. Elle aimerait être pareil et ne pas culpabiliser, mais ce n’était pas une chose simple. Tout le monde le savait, normalement. Non, rectification : tous ceux avec des problèmes alimentaires savent ce que c’est. Les autres…ce n’est pas très sûr. Mais bon, peu importe, arrêtes de penser à ça, Lola, tu te gâches déjà bien assez la vie comme ça. Et c’est vrai. L’anorexie c’est une grosse merde dont on ne se débarrasse pas comme ça. C’est un vice. Pas caché, finalement, on dirait. Du moins pour Vicky. Elle a l’air d’en savoir un peu trop. Mais peu importe. Peut-être que celle-ci allait décider de l’aider ? L’obliger à voir une nutritionniste, un médecin, un psy. Mais prendre du poids encore…Même si elle en avait pris beaucoup, mais qu’elle était normale, ce serait trop. Parce qu’elle ne serait plus normale. OH stop. Bon sang. Les femmes rondes sont magnifiques aussi. C’est presque plus beau qu’une femme mince. Tout dépend sur qui. Des fois les femmes minces on ne les voit pas rondes, des fois les rondes ça leur va merveilleusement bien. Et elles sont étincelantes, même si elles ont des insécurités comme tout le monde. Puis…merde au poids. Ouais…enfin elle se dit ça, la belle Lola, mais elle sait très bien qu’elle le pense, mais qu’elle ne peut pas devenir ronde parce que ce serait la fin du monde. Mais bordel qu’est-ce que les femmes sont belles, rondes ou pas. (petit coup de gueule personnel désolée).

« Mon Jules… ». Cette expression était adorable. Du moins du point de vue de la brune/blonde on ne sait pas trop. « Il va bien. Plutôt bien. Ce petit couillon dormait quand je suis partie, il ronflait, mais je ne l’ai pas trop mal pris. Il est adorable, surtout en ce moment. Je ne sais pas pourquoi. » Peut-être parce qu’il est comme Vicky et qu’il a remarqué ? Mais ça, Lola est trop aveuglée pour s’en rendre compte. Il faudrait lui dire directement. Bien distinctement. Comme dans Harry Potter et que l’on prend la poudre de cheminette. Sérieusement, ce genre de références maintenant ?

Lola ne peut s’empêcher de rire à la remarque de Victoria. Bien sûr qu’elle insultait son homme alors qu’il dormait paisiblement. Non, plus sérieusement, elle aurait voulu l’entendre dire un petit : « je t’aime » de sa voix roque. Mais bon ce n’était pas le cas et ce n’était pas bien grave. Peut-être, oui, peut-être était-elle un peu dépendante de lui et à la fois indépendante dans sa vie de tous les jours. Quoi que beaucoup (beaucoup) moins qu’à leur début. Au début ils étaient tout le temps ensemble. Mais…tout le temps. L’un prenait sa douche : l’autre venait dans la salle de bain même si la douche était déjà prise et qu’il avait des choses à faire. A vrai dire Lola a déjà peint son « Jules » sous la douche embuée. Mais on ne voit rien de spécial. Quant au fait de dormir seule, elle ne peut plus. Lui peut, puisqu’il a l’habitude, mais pas elle. La preuve : aujourd’hui il dormait seul.

Et quand Vicky lui demande s’il n’y a pas de bague en vue, la « blonde », elle, ne peut s’empêcher de rire aussi avant de regarder son doigt, un peu…nostalgique ? Non ce n’est pas le mot. Un peu déçue ? Pas du tout. Impatiente ? Oui. C’est ça. « J’aimerais bien. Mais ce n’est pas notre priorité. Si ça se trouve il fera sa demande bientôt, ou moi ? C’est probable. Mais pour le moment...non. ». Et oui, pourquoi pas le demander elle-même en mariage ? En tout cas, elle commença, malgré elle et malgré le fait qu’elle avait dit que ce n’était pas une priorité, à y penser.

« Bon ça arrive ? » dit-elle, souriante. Elle venait de changer complètement. Du moins en façade. Parce qu’à l’intérieur elle stressait de manger une pizza. Comble pour une fille qui commande un milkshake tous les vendredis. Puis elle regarda Vicky avant de dire : « Brian va finir par faire sa demande, lui, si vous continuez comme ça. » elle ricana. Bien sûr elle n’était pas sérieuse, mais Brian était un homme…inattendu. Lola ne l’avait pas rencontré, mais ce que lui avait dit son amie sur lui lui faisait penser que c’était un homme impulsif et, oui, inattendu. Bien que, pour le coup, c’était impossible. Elle espérait simplement qu’il ne se servait pas de la brune pour combler un vide.

Les priorités ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Et tous les couples ne se marient pas. Alors oui, c’est sûr, la jeune femme aimerait beaucoup se marier un jour, mais ce n’était pas non plus une obligation. Cette phrase était un peu illogique, mais ce n’est pas parce qu’on aimerait quelque chose que cela arrivera forcément. Et que cela est nécessaire, avant tout. Le mariage n’est pas nécessaire au bonheur de tous les couples. Pour certains c’est une formalité, pour d’autre c’est symbolique, pour d’autres encore ça ne sert à rien. Bon, et bien les deux jeunes gens pensaient entre le « formalité » et le « symbolique ». Tout du moins c’est l’impression qu’avait la belle Lola. Celle-ci ne s’était jamais vraiment posé la question. Maintenant que Vicky lui en avait parlé c’était différent. Quoi que…pas tant que ça. Ça le serait si Jules lui en parlait. Parce que l’avis de Jules comptait toujours plus que l’avis des autres.

« Oh tu sais tu as sûrement une amie ou un ami qui va se marier bientôt. Et sinon tu peux toujours enfiler une belle robe à l’un de mes cocktails pour l’une de mes expositions. Il y a plein de beaux célibataires là-bas. ». Elle ricana en éludant la question des priorités. En fait…oui…Quelles étaient les priorités de la jeune femme et de son homme ? Aucune idée. Avoir un chien, peut-être. Pas d’enfant, ça c’est sûr. Lola avait une âme d’enfant et ne se voyait pas être maman. Vous me direz : tout le monde à une âme d’enfant, mais elle…c’était un peu plus poussé. Elle aimait aller dans les fêtes foraines pour attraper des peluches ou aller dans un grand magasin de jouet pour en trouver aussi. Elle dormait la plupart du temps blottis contre son Jules, mais parfois c’était contre une peluche. Pour donner un autre exemple : elle était du genre à aller à Disneyland juste pour prendre des photos avec des princesses. Elle riait de tout, s’émerveillait d’un rien. Bien que ce côté ne ressorte pas beaucoup aujourd’hui, c’est vrai.

Lola ne peut s’empêcher d’exploser de rire et tout le monde la regarde. Se pinçant les lèvres, elle s’excuse. Mais avouons que ce que dit Vicky est absolument comique et complètement dingue. En même temps, ce qu’avait lancé son amie était tout aussi dingue. Brian ? Demander Victoria en mariage ? A moins qu’elle tombe enceinte et décide de le garder…c’était peu probable.

Lola venait tout juste d’avoir l’idée d’inviter Vicky à l’une de ses expositions. Mais le problème n’était pas là : on l’appela. « Oui ?...Bonjour…Non…Quoi ? C’est pas p…Mais on a déjà tout arrangé !...Ouais bonne journée. ». Elle raccrocha, en rogne. « Bon bah mon prochain vernissage est annulé. La galerie a eu un problème. Un « contre-temps. ». Moi j’appelle ça un enfoiré qui a pris ma place pour plus d’argent. ». Elle soupira et se prit la tête entre les mains. Qu’allait-elle pouvoir faire à part annuler toutes ses invitations ? Ce qui l’énervait le plus n’était pas qu’elle devait annuler, non. Ce qui l’énervait le plus était qu’elle devait rencontrer quelqu’un qui pouvait lui donner des opportunités. Mais cette personne n’est là que ce jour-ci. Elle l’expliqua donc à Victoria avant de rajouter : « J’aimerais bien demander à une autre galerie, celle où j’ai l’habitude de faire mes expositions, mais elle est fermée pour travaux ce jour-là… ». Oui ça l’embêtait beaucoup pour le coup. En même temps une opportunité professionnelle ne se refuse pas et ne se loupe pas.

Elle regarda son assiette qui était arrivée quelques secondes plus tôt et mangea un bout. Après avoir souhaité un bon appétit à son amie, bien entendu. Pour le coup la pizza était bonne. Mais Lola ressentait quelque chose de différent des autres lorsqu’elle la mangeait. Une forme de culpabilité. Rapidement elle essaya de penser à autre chose, mais rien de très agréable. Oui, elle pensa à cette fameuse exposition qui était…foirée. Oui du coup elle était complètement foirée. Pas dans le sens où elle était nulle mais, encore une fois, dans celui où elle ne pourrait pas avoir lieu. Quelle poisse. Il faut bien que, dans un semblant de bonheur, quelque chose de négatif se passe. C’est la vie. Et malheureusement ça se passe souvent comme ça. Dans le cas de la peintre tout du moins.