Dève * Chaleur et jeux d'eau

La journée est particulièrement chaude en ce samedi de fin de mois de mai. Une journée qui annonce l'été approchant et le retour des longues journées de chaleur interminables, insupportables. Attablée dans son salon, Astrid tape rapidement sur le clavier de son ordinateur, un mail à l'attention de son éditeur alors qu'ils terminent de préparer la parution prochaine de son ouvrage. Quand elle aura finit cela, la demoiselle songe qu'elle pourra sortir profiter du beau temps, alors que ce n'est pas un jour idéal pour rester enfermé, loin de là. En même temps qu'elle rédige ses lignes, l'auteur s'interroge sur le chemin de promenade à emprunter. Hambourg est une jolie ville et en deux ans de présence ici, la demoiselle a eut le temps de trouver quelques coins sympathiques en ville, qui comptent parmi ses favoris. Et pourtant elle sait bien qu'elle est loin de connaître les moindres recoins de la ville, malgré son envie de tout voir, de tout connaître, à Hambourg.

Elle expédie son mail, Astrid, avant de s'étirer un peu et attraper son téléphone pour envoyer un texto ou deux à des amis, demandant si quelqu'un serait intéressé par une sortie au kayak. Et elle pose finalement l'appareil pour se préparer. Parce que peu importe qu'elle ait une réponse ou pas, la jeune femme entend bien se rendre au kayak en ce qui la concerne et profiter là-bas de la chaleur du jour. En espérant ne pas s'y trouver seule néanmoins. Elle est quasiment prête quand la sonnerie de son téléphone l'informe de l'arrivée d'un message qu'elle ne tarde pas à lire, obtenant une réponse positive à sa proposition.

Il ne lui faut que quelques minutes pour atteindre finalement l'isebekkanal au bord duquel on aime à se promener, le long de la rue Kaiser Friederich Ufer. L'isebekkanal, 3 kilomètres d'étendue d'eau dédiés aux sports aquatiques. Un pur régal un jour comme celui-ci. Astrid s'en rend parfaitement compte alors qu'elle a du mal à trouver une place pour se garer, finissant au bout du parking qui lui impose cinq minutes de marche avant d'arriver aux abords du lac et de la location de kayak, où elle patiente en attendant que son ami la rejoigne.

Spoiler:

Dève était de ceux pour qui faire du sport était important. De ceux qui ne pouvait se passer d'aller au gym quelques fois par semaines ou de faire de la course tous les jours. Pour lui le physique était important, c'était l'une des priorités qui occupait une grande place dans sa vie. Il n'accepta pas de vieillir, il ne laisserait clairement pas son corps se décrépir avec les années. Il faisait donc attention à son alimentation et prenait une grande quantité de supplément alimentaire.

Aujourd'hui était la journée ou il n'avait pas le temps de se rendre au gym. Être propriétaire d'une entreprise, qui fonctionnait comme sa boîte nuit, occupait beaucoup de temps. Il devait rencontrer des fournisseurs, voir avec eux pour avoir les meilleurs prix et trouver ceux qui n'essaierait pas de l'avoir. Les gens étaient rendu si malhonnête qu'il était difficile de savoir à qui l'on pouvait faire confiance.

L'isebekkanal était l'un de ses endroits préférés pour venir courir. L'endroit était jolie et se trouvait non loin de chez l'un de ses fournisseurs, il pouvait donc faire un pierre des coups. Courir était pour lui une passion, il ne trouvait en aucun cet exercice difficile. Il lui arrivait parfois d'oublier de regarder en avant en posant les yeux sur son téléphone et si, la plus part du temps, ça se passait bien, cette fois serait différente. En temps normal, il faisait sûr que personne ne soit devant lui, mais cette fois, perdu dans ses pensées, il oublia et il frappa, de plein fouet, une jeune femme. Il tomba sur le sol et prit quelques secondes avant de réaliser ce qui venait de se passer. Il avait quelque peu mal au coccyx. Il se releva en vitesse, se voulant terriblement d'avoir bousculer quelqu'un et de l'avoir fait tombé au sol. Je suis vraiment désolé, je ne regardais pas ou j'allais. Rien de casser mademoiselle? Lui disait-il, tout en lui tendant la main afin de l'aider à se relever. Il espérait que cette dernière comprenne la situation et qu'elle ne se mette pas à lui crier dessus comme un espèce de folle furieuse.

Attendant patiemment que son ami se pointe, Astrid se perd quelque peu dans son téléphone, parcourant ses réseaux sociaux de longues minutes avant de recevoir un message la prévenant que l’ami en question aura un peu de retard. Soupirant, la jeune femme ouvre candy crush pour passer le temps alors que connaissant son ami, il peut avoir un sacré retard. Même quand il essaie de partir à l’heure, l’homme a toujours un problème. A croire que le dieu du retard fait une fixette sur ce dernier. Astrid ne se souvient pas de l’avoir un jour vu arriver à l’heure, pour quoi que ce soit. C’est plus fort que lui.

L’homme qui arrive dans son dos, la jeune femme ne l’avait pas vu venir. Mais elle le sent, quand il lui rentre dedans, quand il la projette en avant de tout son poids, aidé par sa vitesse. Astrid se redresse tant bien que mal, tenant douloureusement sur ses jambes alors qu’elle a copieusement égratigné ses genoux, ses mains aussi en voulant arrêter sa chute et elle songe, comme elle grimace en posant son pied, qu’elle s’est peut-être foulé la cheville, ou pire. Fort heureusement pour lui, le responsable de tout ceci n’a pas reprit sa route comme si de rien n’était, comme s’il n’avait rien vu et il se presse au contraire dans sa direction pour s’assurer que la jeune femme se porte bien.

«- Je… Je ne pense pas.»

Non, elle ne pense pas mais elle n’en est pas sûre et elle songe qu’elle va peut-être devoir se rendre à la clinique pour faire quelques examens de routine et s’assurer que tout va bien, comme poser son pied reste douloureux, encore. Elle a peur, en s’appuyant dessus, de faire encore plus de mal.

«- Ce sont des choses qui arrivent.» assure la jeune femme en grimaçant encore. «Pouvez-vous m’aider ? Je voudrai m’asseoir sur le banc là-bas. J’ai mal à ma cheville droite et sur toute la longueur de ma jambe.»

Elle veut se poser un peu, Astrid. Le temps de reposer son corps, ses membres, que la chute aura surpris, brusqué. Aviser de ce qu'elle doit faire, s'il faut qu'elle se rende à l'hôpital ou si la douleur va s'estomper et qu'il y a effectivement, en fin de compte, plus de peur que de mal.