Rencontre avec le Destin | Max

Une fois n'était pas coutume, Lukas avait décidé de sortir une fois le soir venu. C'était sa façon de se détendre après une journée de boulot et de simplement se changer les idées. La plupart du temps, il sortait avec son groupe d'amis - The Big Beer Theory, comme ils s'étaient eux-mêmes baptisés - mais aujourd'hui, il avait décidé d'y aller seul. C'était toujours mieux si on voulait faire de nouvelles rencontres et clairement, ce soir, Lukas n'avait pas envie de rentrer seul. Depuis son divorce voilà déjà plus de dix ans, il n'avait plus eu de relation sérieuse et il n'était pas rare qu'il ramène quelqu'un chez lui pour la nuit ou qu'il suive quelqu'un. D'aucuns diraient qu'à partir de 40 ans, il devrait se calmer, mais pourquoi ? Il était encore jeune au fond, il était en pleine forme et il avait envie de profiter de la vie, tout simplement. Bien sûr, quelque part au fond de lui, il songeait à se poser, voire à fonder une famille... oui, il devenait peu à peu plus responsable et il serait temps. Il serait vraiment temps qu'il se comporte comme quelqu'un de son âge et non comme ce petit con de 20 ans qui avait lâchement abandonné sa copine enceinte et qui n'avait jamais cherché à rencontrer son enfant. Il ne savait même pas s'il avait un fils ou une fille. Pourtant, il y pensait très souvent. Il avait déjà maintes fois composé le numéro de son ex, mais il n'avait jamais appuyé sur le bouton. Il s'était toujours dégonflé. De toute façon, il savait très bien ce qui l'attendrait. Elle l'engueulerait, puis lui raccrocherait au nez, après lui avoir dit d'aller se faire voir. Ou elle lui raccrocherait au nez sans prendre la peine de dire quoique ce soit. Le résultat serait le même.

Après le boulot, il était repassé par chez lui pour manger un truc rapide, nourrir Batman, son chat, et prendre une douche. Après tout, s'il voulait avoir une chance de passer la nuit en bonne compagnie, mieux valait qu'il soit présentable et qu'il sente bon ! Quoiqu'il en soit, il pénétrait à présent dans le pub où travaillait l'une de ses amies et ex, par la même occasion. Il ne savait pas si elle était là, ce soir, mais si elle bossait, il ne comptait évidemment pas la déranger. Il y avait déjà pas mal de gens et un joyeux brouhaha s'élevait de tous les coins de l'établissement. Lukas se dirigea vers le comptoir et commanda une bière avant de se mettre à regarder autour de lui, à observer les personnes présentes et à prendre la température, tout simplement. Son regard ne tarda pas à être attiré par un petit jeune aux yeux tout simplement magnifiques. Merde. Il ne voulait pas passer pour un vieux pervers non plus en allant l'aborder. Et puis, il se souvenait encore de la dernière fois où il s'était laissé aller avec un mec bien plus jeune que lui...Il avait eu une sacrée frayeur en pensant qu'il avait commis un détournement de mineur. Pourtant, cet inconnu l'intriguait pour une raison qui lui était totalement inconnue. Vidant sa bière d'une traite, il reposa son verre, en commanda un autre, puis s'approcha du jeune homme qui se trouvait un peu plus loin.

Il lui adressa son plus beau sourire tout en prenant la parole. "Bonsoir. Je t'offre un verre ?" Plus direct, tu meurs. En même temps, ça marchait toujours. Ou la plupart du temps, du moins. A cet instant, Lukas ignorait encore qui était ce jeune homme. Pour l'heure, il n'était qu'un beau gosse dans un bar dont il avait envie de faire la connaissance. "C'est la première fois que je te vois ici. T'es nouveau en ville ?" Bordel. Il n'aurait pas pu sortir des phrases plus clichées, hein. Néanmoins, il était vrai qu'il ne l'avait jamais vu par ici et ça voulait dire beaucoup car Lukas était un client régulier, il faisait presque partie des meubles. Alors dès qu'il y avait un petit nouveau ou une petite nouvelle dans le coin, il s'en rendait aussitôt compte. "Pardon, je dois te paraître ridicule." Il laissa échapper un petit rire et but une gorgée de sa bière. Pour autant, il n'avait honte de rien. De toute façon, au pire, il aurait droit à un refus, ce ne serait pas la fin du monde.

Tu aimais bien sortir seul le soir dans des bars, tu savais qu'aux yeux des autres cette habitude était glauque s'imaginant probablement que tu allais chercher la compagnie d'amants juste pour une nuit mais en réalité ça n'avait rien à voir avec ça, bien entendu, il arrivait parfois qu'une personne plus ou moins vieille que toi vienne t'aborder, te propose un verre ou plus si affinité et il pouvait arriver que tu acceptes si tu te sentais suffisamment à l'aise, en sécurité, mais ce n'était pas ce que tu venais chercher dans tes escapades nocturnes, tu ne venais pas chercher du sexe ou de la compagnie, ni faire des rencontres, tu venais juste observer, il y avait selon toi quelque chose de fascinant à observer ces inconnus interagir les uns avec les autres, quelque chose de fascinant à voir les amitiés se faire, se défaire, à voir les amants se lier puis se délier, quelque chose de fascinant à observer l'humanité tout simplement comme observer une pièce du théâtre qui avait lieu dans la vraie vie, tous les jours ou plutôt toutes les nuits.

Ce soir n'avait pas fait exception, à la nuit tombée tu t'étais glissé hors de chez toi pour rejoindre un bar que tu avais repéré depuis un moment déjà, t'installant dans un coin, une bière à la main.
Tu étais tellement occupé à regarder ce qui semblait être une dispute de couple, frôlant de plus en plus près la rupture, le point de non retour qui allait tout changer, que tu ne remarquas pas que tu étais le centre de l'attention de quelqu'un plus loin,  que tu ne le remarquas pas non plus lorsqu'il s'approcha de toi, ce fut sa voix, une voix étrangement familière, te proposant un verre qui t'interpella alors que quittant des yeux le couple dont tu ne saurais jamais l'avenir, tu les relevas vers lui, il eut encore le temps de te demander si tu étais nouveau en ville, dans cette phrase, ce grand classique de la drague, avant que tu ne réalises, que tu ne fasses les liens qui s'imposaient, que tu ne comprennes pourquoi sa voix t'étais si familière, pourquoi ce visage te donnait cette impression désagréable de déjà vu : Ce type n'était pas un vieux comme tous les autres que ta beauté et ta jeunesse fascinaient, qui voulait tenter sa chance avec toi, obtenir quelque chose de toi, ce type était tout ça à la fois mais aussi bien pire que ça, ce type était la raison de ta venue ici, ce type était celui dont tu avais gardé le nom écrit sur un bout de papier sans oser faire des recherches pendant des mois, ce type c'était lui, c'était Lukas Wagner, ton père, ton géniteur.
Tu es resté silencieux, sous le choc, les yeux rivés sur lui sans réussir à exprimer la moindre émotion, sans réussir à dire le moindre mot, ou esquisser le moindre geste, tu n'étais pas préparé à ça, pas prêt pour ça, de tous les scénario que tu avais imaginé avant de dormir le soir, même les plus tordus il n'y en avait pas un comme celui là, pas un où ton père craquait sur toi dans un bar paumé et tentait de te draguer, si tu n'avais pas fait un effort incroyable pour essayer de le comprendre, tu en aurais presque eu la nausée.
Ce fut sa voix qui te ramena à la réalité alors que tu n'avais toujours pas trouvé la moindre solution, lui interprétant ton silence comme un refus, peut-être même comme du mépris, s'excusant immédiatement en supposant que tu devais le trouver ridicule, peut-être même pathétique

« Non...Non ! »

Tu sentis tes joues s'enflammer malgré toi, évidemment que non tu ne le trouvais pas pathétique, pas pour ça en tout cas, il était bien libre de faire ce qu'il voulait, avec qui il voulait tant que tout le monde était majeur et consentant

« C'est pas ça, c'est juste que... »

Tu te mordis les lèvres

« Que... »

Dans la précipitation tu n'avais rien trouvé à dire et ne trouvais toujours rien maintenant, tu ne te voyais toujours pas décemment lui dire de but en blanc que tu étais son enfant et tu n'avais pas de bonne excuse qui te venait à l'esprit pour te sortir de cette situation délicate
Finalement après quelques trop longues secondes à bégayer et bafouiller tu optas pour la solution de facilité, sortant simplement ta carte d'identité de ta poche et la collant sous les yeux de ton géniteur

« Oh puis regarde par toi-même. »

De ce que tu avais compris il avait été avec ta mère un certain temps avant de simplement s'enfuir en apprenant sa grossesse, à moins d'avoir une très mauvaise mémoire il devrait pouvoir reconnaître le nom de famille

« Le nom de famille, pas la date de naissance, de ce côté là je suis majeur tu peux être tranquille. Et il y a écrit Maxime mais c'est Max, je supporte pas Maxime c'est immonde alors déjà que je te déteste évite d'en rajouter »

Ce n'était pas entièrement vrai, tu ne le détestais pas, pas complètement du moins, mais il fallait au moins ça pour lui faire comprendre et réaliser qui était ce jeune homme qu'il venait de draguer.

Lukas ne se doutait pas qu'en décidant de venir dans ce bar ce soir et en allant draguer ce jeune homme, sa vie allait bientôt prendre un tournant. Tout allait changer en quelques instants à peine, absolument tout. Ne disait-on pas que le passé nous rattrapait toujours ? Il n'allait pas tarder à en faire l'expérience. Au départ, lorsqu'il aborda le jeune inconnu, il se disait que ce dernier ne devait tout simplement pas être intéressé vu son manque de réaction. Néanmoins, cela ne dura que quelques secondes à peine car soudain, le blondinet le regarda avec des yeux ronds comme des soucoupes. Quoi ? Que se passait-il ? Avait-il dit une si grosse connerie ? Il n'en avait pourtant pas l'impression. Ce type était-il si choqué qu'un mec plus âgé puisse l'aborder de la sorte ? Il lui assura pourtant qu'il ne le trouvait pas ridicule avant de balbutier quelques mots dont le sens échappait totalement à Lukas. Que diable se passait-il ? Ce type avait des soucis ? Lukas fronça les sourcils et s'apprêta à demander si tout allait bien lorsque son interlocuteur sortit sa carte d'identité. Au départ, Lukas crut que l'autre voulait lui dire qu'il était mineur ou un truc du genre et se prépara déjà à se confondre en excuses avant de repartir. Mais ce qui se passa fut loin, très loin de tout ce qu'il aurait pu imaginer.

Il fixa ce nom en silence pendant plusieurs longues secondes qui parurent durer une éternité. Schäfer. C'était une blague ? Après tout, il y avait de nombreuses personnes portant ce nom en Allemagne. Pourtant, à cet instant précis, il savait. Et les paroles de l'autre ne firent que confirmer le minuscule doute qu'il pouvait encore avoir. Il venait de tenter de draguer... son fils. Son fils. Bordel. Bordel, bordel. L'espace d'un instant, l'animateur resta planté là comme un con, comme s'il était victime d'un bug, incapable d'esquisser le moindre mouvement tandis que dans sa tête, c'était un bazar sans nom. Ce n'était pas possible. Ce n'était juste pas possible. Et pourtant, les faits étaient là. Les paroles du jeune homme furent dures. Il disait le détester. Cela n'avait rien de surprenant en soi. Après tout, Lukas avait lâchement abandonné la mère de son enfant. Il finit par se laisser tomber lourdement sur la chaise en face de...Max donc. Au préalable, il s'était tenu debout et il avait bien cru que ses jambes allaient défaillir. Toujours incapable de prononcer le moindre mot, il posa doucement sa boisson sur la table. Il ignorait si la mère de Max lui avait parlé de lui ou s'il avait découvert son identité par lui-même, mais à cet instant, il en fut bien heureux. Que se serait-il passé si le blondinet n'avait pas connu son identité ? Non, il ne voulait même pas imaginer un tel scénario.

Il ignorait combien de temps s'était écoulé dans le silence le plus total. Enfin...le silence entre eux. Car tout autour, les gens parlaient, riaient, certains chantaient même au rythme de la musique. Mais Lukas avait l'impression que le temps s'était arrêté. Il fixait ce gamin en face de lui, ce magnifique gamin. Bordel. Il avait si souvent imaginé ce moment...il avait si souvent souhaité n'avoir jamais pris la décision la plus conne et la pire de sa vie. Merde. Il devait se reprendre. Déjà que l'autre n'avait pas une bonne opinion de lui à la base, il ne voulait pas en rajouter. "Je...merde !" Non. C'était quoi, cette réaction ? Il ferma un court instant les yeux, les rouvrit et but une longue gorgée de sa boisson. "J'arrive pas à croire ce que j'ai failli faire, là." Il se passa nerveusement une main dans la nuque. Où était donc passé le Lukas si sûr de lui ? Là, il était limite en train de se pisser dessus et de mourir de honte. "Comment tu...?" Merde, Lukas ! Reprends-toi ! "Comment tu as su qui j'étais ?" C'était vraiment la première question qu'il voulait lui poser ? Non, bien sûr que non. Il en avait tellement, mais il se sentait tellement perdu qu'il s'emmêlait les pinceaux et qu'il devait avoir l'air vraiment très, très con. Géniale, la première impression, hein.

Sortant simplement ta carte d'identité pour la mettre juste sous les yeux de l'homme qui venait de te draguer, celui que tu avais identifié comme étant ton père, tu lui précisas rapidement de regarder le nom de famille, pas la date de naissance et de ne surtout pas t'appeler Maxime, personne ne le faisait, plus depuis bien longtemps en tout cas, à peine en âge de parler et avec un caractère déjà bien affirmé tu avais été catégorique à ce sujet, toi c'était Max et tu ne répondrais pas à autre chose alors lui n'avait pas intérêt à se tromper, tu le détestais bien assez comme ça sans qu'en plus il ne cherche à en rajouter.

Du moins c'était ce que tu lui disais, pour provoquer une réaction chez lui, pour l'aider à comprendre qui tu étais réellement, en réalité tu ne le détestais pas, pas entièrement du moins, les choses, comme bien souvent, étaient plus complexes que ça, tu étais partagé à son sujet, tu le haïssais pour avoir abandonné lâchement ta mère, pour t'avoir abandonné toi aussi alors que tu n'existais même pas encore, pour ne pas avoir voulu te connaître, ni même cherché à te connaître plus tard, tu le haïssais pour ces années à te sentir différent des autres, pour les regards sur toi que tu avais dû endurer, pour les cadeaux de fêtes des pères que tu n'avais pas fait et tous les moments père-fils que tu n'avais jamais pu raconter, tu le haïssais pour les mensonges que tu avais inventé, ce père agent secret, ce père super héros, ces mensonges qui avaient fini par se briser un à un pour te mettre face à la vérité d'un père absent, tu le haïssais pour ce vide en toi qu'il avait laissé et que rien n'arrivait à combler, ni l'alcool, ni la drogue, ni rien de ce que tu prenais, et paradoxalement tu l'aimais peut-être un peu, encore, suffisamment pour avoir repoussé violemment chaque homme qui essayait de s'approcher de toi, qui avait tenté de prendre sa place au moins symboliquement, suffisamment pour avoir continué de le chercher partout, tout le temps, pour avoir bravé les interdits, fouillé les affaires de ta mère, arraché une vérité qu'on te refusait, suffisamment pour avoir abandonné tous tes projets pour partir à sa recherche, suffisamment pour ne pas fuir ce soir, lui faire face en lui offrant ton identité.

Tu ne sais pas combien de temps s'écoula dans un silence total, du moins entre vous deux, tu regardas simplement le choc s'imprimer sur son visage alors qu'il comprenait enfin, tu le regardas fixer ce nom de famille comme on observe un fantôme tout droit sorti du passé avant de s'écrouler sur la chaise en face de toi, les yeux simplement rivés sur lui avec curiosité, attendant qu'il dise quelque chose, qu'il fasse quelque chose, dans un calme presque irréel qui te surprenait toi-même.
Finalement si sa première réaction fut de lâcher un juron, ce qui en toute honnêteté aurait très probablement été ta propre réaction aussi et t'arracha un léger sourire moqueur malgré toi, il finit par te dire qu'il ne réalisait pas ce qu'il avait failli faire.
Haussant simplement les épaules, toujours avec ce calme surnaturel, tu attrapas sa boisson d'une main agile avant de boire une longue gorgée à ton tour sans la moindre gêne.

« Je suppose que c'est ce qui arrive quand on drague des gosses de l'âge de son fils écoute »

Tu disais ça sans jugement aucun, tu te fichais bien de connaître la vie sexuelle de ton propre père, tu soulignais simplement le fait que lorsque comme dans son cas on a quelque part un fils de vingt ans dont on ne connaît rien, ni le visage, ni même le prénom, avoir des relations avec des personnes de cet âge là était un pari risqué, une chance pour lui que tu aies su à quoi il ressemblait.
Ce fut d'ailleurs la question qui lui vint ensuite, la première question qui lui vint à l'esprit, savoir comment tu avais fait pour savoir qui il était.
Mordillant légèrement ta lèvre inférieure comme à chaque fois que tu angoissais, tu relevas les yeux vers lui, t'attardant réellement sur son visage pour la première fois.

« J'ai « trouvé » ton nom dans les affaires de ma mère et Internet a fait le reste »

Tu hésitas longuement sur le verbe « trouver », manière subtile de dire que tu avais attendu qu'elle s'en aille travailler pour te glisser dans sa chambre et pris d'une pulsion fouiller chaque recoin, chaque placard, tiroir, lire chaque courrier, à la recherche de la vérité qu'elle te refusait, tu n'en étais pas fier, dégoûté de toi-même et des extrêmes que tu étais capable d'atteindre pour arriver à tes fins, mais à cette époque là tu avais la sensation que trouver ton père était la seule chose qui pourrait te sauver, t'aider à savoir qui tu étais, te sortir des addictions et des spirales d'auto destruction dans lesquelles tu entrais puis ressortais à intervalles réguliers depuis le début de ton adolescence, ce soir et ce malgré les circonstances étranges de votre rencontre tu n'en avais plus simplement la sensation, tu en étais persuadé, si lui n'était pas capable de te sauver de toi-même alors personne ne le pourrait.

Il avait l'impression d'être en plein cauchemar. Un cauchemar pendant lequel il avait failli faire une énorme bêtise avec ce jeune homme qui, manifestement, était son fils. Cet enfant qu'il avait abandonné comme un lâche avant même sa naissance. Cet enfant à qui il pensait pourtant tous les jours, rongé par la culpabilité. Si au début, il n'y avait pas trop pensé, avec le temps, cet enfant inconnu avait pris de plus en plus de place dans ses pensées. Combien de fois avait-il déjà imaginé le trouver et lui parler, découvrir quel genre de personne c'était. Combien de fois avait-il déjà failli contacter son ex pour avoir des nouvelles ? Et combien de fois s'était-il dégonflé tout aussi vite ? A présent, il était au pied du mur. Il ne pouvait plus se défiler. Le jeune homme en face de lui devait déjà avoir une bien piètre image de lui, il ne voulait pas en rajouter en prenant la fuite. Après tout, il avait assez fui depuis 20 ans. Souvent, il avait envie de revenir en arrière pour ne pas commettre la pire erreur de sa vie, mais évidemment c'était impossible. Que pouvait-il bien faire à présent ? Qu'allait-il faire, tout court ? Il était totalement déboussolé et paniqué en même temps, paniqué en imaginant ce qu'il aurait pu faire si le jeune homme ne l'avait pas reconnu. Son fils...C'était très bizarre à dire, en fait. Il observait ce gamin en face de lui, se disant qu'il avait quand même réussi à engendrer un magnifique jeune homme. Même s'il avait certainement hérité davantage de traits de sa mère.

Ses paroles le laissèrent un instant sans voix. Même si depuis tout à l'heure, il était déjà presque incapable de parler, tant il était sous le choc. Il n'y croyait toujours pas vraiment. Ça semblait beaucoup trop surréaliste et pourtant...pourtant, il savait que le dénommé Max ne mentait pas. Pourquoi se serait-il amusé à le faire ? Ses paroles sonnèrent comme un reproche aux oreilles de Lukas, alors que peut-être ce n'était même pas le but. Toujours totalement déboussolé, l'animateur ne savait pas quoi dire ni quoi répondre. Bonjour les impressions que Max devait avoir de lui. Alors, pour tenter de se redonner une certaine contenance, il but quelques gorgées de sa bière, tentant toujours de trouver quoi dire. Finalement, il décida de ne pas répondre à ce qu'il pensait être une pique, préférant demander comment Max avait su qui il était. La réponse fut courte, mais claire et Lukas devina sans mal que le jeune homme devait avoir cherché l'identité de ce géniteur indigne par lui-même. "Ta mère ne t'a jamais parlé de moi ?" Au fond, il s'en était déjà douté, mais l'apprendre de la sorte lui faisait quand même quelque chose. Mais à quoi s'était-il attendu ? Il avait lâchement abandonné cette femme, il ne pouvait pas espérer qu'elle ait parlé de lui à son fils. C'était sans doute mieux que de n'avoir dit que de n'avoir dit que du mal de ce géniteur indigne.

Lukas se passa une main dans la nuque et se mit à rire de façon nerveuse. C'était stressant, impressionnant, même. Il ne savait pas comment réagir ni quoi faire, il était totalement perdu. "En tout cas, je suis ravi de te rencontrer. Vraiment." Au moins, il était sincère. Il ignorait si Max allait le croire, mais il tenait tout de même à dire le fond de sa pensée. "Je suppose que c'est pas réciproque...si t'as envie de me frapper, vas-y, je t'y autorise." Il lâcha un nouveau rire débile et nerveux. Bon sang, ce qu'il était pathétique ! Il but une grande gorgée de sa boisson avant de soupirer, toujours totalement paumé. "Est-ce que tu as voulu me retrouver ?" Après tout, peut-être était-ce pour ça que Max était à Hambourg. Ou alors, c'était un hasard. Il ne savait pas vraiment...mais savoir que son fils avait cherché à le retrouver ne le laisserait certainement pas indifférent. Finalement, Lukas esquissa un petit sourire à l'attention du jeune homme. "Tu sais...il ne s'est pas passé un jour sans que je n'aie pensé à toi...Je...J'étais juste trop lâche pour essayer de prendre contact." Oui, il l'admettait, il l'avouait haut et fort. De toute façon, il n'avait aucune intention de mentir à Max. Si ce dernier lui posait des questions, il y répondrait sincèrement, honnêtement.

Tu devais admettre que le voir ainsi, prendre son verre, en boire une gorgée, le reposer, hésiter face à tes mots, ne pas savoir s'il s'agissait d'un reproche ou non, t'amusait énormément. Tu avais toujours été talentueux pour semer le doute, maniant avec brio l'art de la communication passive-agressive, calme en apparence, d'un calme qui frôlait le surnaturel, tu étais capable d'énoncer les pires horreurs, capable de reprocher les pires atrocités avec un sourire aux lèvres, mais rapidement tu dus mettre un terme, du moins provisoirement, à ton petit jeu malsain car déjà il reprenait la parole, ignorant tes mots pour te poser une question, une simple question, à la réponse toute aussi simple : Tu avais trouvé son nom dans les affaires de ta mère et Internet, cet outil miraculeux du siècle, avait fait le reste, même si trouver n'était pas le verbe exact, le verbe exact se rapprochant plus de voler, cette vérité là tu ne l'avais pas simplement trouvée, après des années de silence et de refus tu avais décidé de transgresser toutes les règles, braver tous les interdits pour aller l'arracher toi-même à son passé, à un passé qui était un peu le tien aussi, même si tu en avais honte, même si tu peinais à soutenir le regard de ton propre reflet dans le miroir, même si tu te dégoûtais pour ça encore aujourd'hui, pour ce vol, cette intrusion dans son intimité et pour tous tes autres mensonges aussi, qu'elle prétendait ne pas voir, qu'elle prétendait croire.
Ce fut la voix de ton géniteur et une nouvelle question de sa part qui t'arracha à ces pensées, ce qui était probablement une bonne chose, rien de positif ne ressortait généralement de ces introspections, de ces voyages parmi tes doutes et tes regrets.

Il te demandait, presque comme une affirmation, si ta mère ne t'avait jamais parlé de lui et immédiatement un sourire en coin, trop insolent se dessina sur tes lèvres, c'était plus fort que toi, tu étais déjà obligé de recommencer ce petit jeu là, que tu jugeais si divertissant, c'était probablement ta manière personnelle, bien spéciale, bien sadique et tordue de le mettre fasse à ses propres erreurs, de lui faire payer pour toutes ces années.

« Oh si, elle m'a bien expliqué que tu t'es tiré quand elle était enceinte de moi et que tu m'as abandonné t'en fais pas »

Sans te départir de ton sourire, tu t’accapara à nouveau sa boisson, buvant une longue gorgée sans le quitter des yeux, laissant le temps à tes mots de s'imprimer dans chaque parcelle de son être avant de reposer la bière dans un geste presque théâtral

« Tu voulais dire en dehors de ça peut-être ?  »

Bien évidemment que c'était ce qu'il voulait dire, tu l'avais très bien compris mais avais été incapable de te retenir de saisir l'occasion de provoquer encore un peu, c'était ton mode de fonctionnement depuis de longues années déjà, incapable de gérer les émotions que tu ressentais, toujours trop intenses, incapable de les exprimer, de les extérioriser convenablement, tu avais simplement fini par te fermer, créant un mur entre le monde et toi, entre les autres et toi, te réfugiant dès que possible derrière les provocations et un calme feint.
Talent que tu devais tenir de ta mère plus que de lui de toute évidence tant son malaise était palpable, tellement visible qu'il en devenait presque douloureux à regarder, riant nerveusement, se passant distraitement une main dans la nuque, il disait être ravi de te rencontrer même si la réciproque ne devait pas être vrai, te proposant même de le frapper, ce qui eut pour seul effet de te forcer à le dévisager d'un air dubitatif qui s'accentua encore plus lorsqu'il déclara avoir pensé à toi, à te retrouver tous les jours de sa vie ces dernières années...Vraiment ?...Il n'y avait bien qu'un point sur lequel vous pouviez vous accorder c'était sa lucidité quant à sa propre lâcheté

« Ça pour être lâche...Heureusement qu'il y en a au moins un d'entre nous qui ne l'est pas »

Pas trop du moins, car les mensonges que tu avais racontés à ta mère de manière répétée n'étaient pas véritablement un exemple de courage
Soupirant doucement tu finis par relever les yeux, fixant ton regard sur son visage, plongeant tes yeux dans les siens.

« Oui, je suis venu pour te retrouver »

C'était dit calmement, doucement, presque murmuré, cette réponse à cette question tu l'avais repoussée un peu mais finalement tu avais cédé, tu ne te voyais pas refuser de lui parler sérieusement encore longtemps.

Lukas était totalement déboussolé par l’attitude de Max. Il ne savait pas quoi penser de la situation et surtout, il ne savait pas du tout ce que pensait le jeune homme en face de lui. Il s’était toujours imaginé ces retrouvailles de façon totalement différentes, des retrouvailles qui se feraient surtout sous une montagne de reproches de la part de ce fils dont il n’avait jamais voulu. Se dire ça maintenant qu’il l’avait en face de lui semblait cruel et Lukas s’en voulut aussitôt. Bon sang, il s’en voulait depuis bien des années déjà. Pourquoi diable avait-il fallu qu’il soit aussi lâche ? Il aurait très bien pu tenter d’assumer ou au moins essayer de connaître cet enfant dès sa naissance. Mais non. Il avait préféré prendre la fuite et à présent, son passé l’avait rattrapé. Même si Max ne criait pas, l’animateur crut déceler des reproches dans le ton qu’il employait, des reproches…mais aussi de la provocation. Il ne savait pas ce qu’il voulait de lui, s’il était juste là pour pouvoir le chambouler avant de disparaître ou s’il voulait vraiment le connaître. En tout cas, pour Lukas, c’était clair : il avait envie de connaître ce fils dont il ne savait rien. Oui, il en avait vraiment envie, mais il ne savait absolument pas comment s’y prendre. Il était encore sous le choc et devait paraître vraiment débile, voire pathétique à cet instant précis. A sa question, il obtint une réponse plutôt cinglante qui fit naître une drôle de sensation en lui. Ça faisait mal. Ce qui était idiot en soi puisque Lukas l’avait bien cherché. Même si ce n’était pas vraiment ce qu’il avait voulu dire. « Je n’ai aucune excuse pour ce que j’ai fait. Et je comprends parfaitement si tu es en colère. » Non, il n’avait aucune excuse valable, mis à part la lâcheté et la trouille. Hm. Non. Ces excuses-là non plus n’étaient pas valables.

« Je crois que tu as très bien compris ce que je voulais dire… » Il ne s’était vraiment jamais senti aussi perdu, aussi misérable. D’ordinaire, il n’avait aucun mal à trouver ses mots et à discuter avec tout le monde. Mais Max n’était pas tout le monde, bien au contraire. Allait-il un jour pouvoir se rattraper ? Il n’en savait rien. Encore fallait-il que Max accepte de passer du temps avec lui et de faire connaissance. Ce n’était certainement pas gagné.
Au moins, il finit par obtenir une réponse satisfaisante. A savoir que Max était effectivement venu le retrouver. Mais pourquoi ? Quelle question idiote. Comment Lukas aurait-il réagi à la place du jeune homme ? S’il avait grandi sans son père ? Bien sûr qu’il aurait tenté de le retrouver pour en savoir plus et pour avoir des explications quant à son abandon. « Et ta mère n’est pas au courant, c’est ça ? » Il poussa un petit soupir, imaginant déjà la mère de Max débouler comme une furie. Elle avait toujours eu un caractère assez fort et nul doute qu’elle devait être du genre à vouloir protéger son fils envers et contre tout. Lukas chercha le regard du jeune homme, une nouvelle fois frappé par la beauté irréfutable de ses yeux. Dire à son fils qu’il avait des yeux magnifiques serait sans doute très bizarre…alors il se tut. Il s’était déjà assez enfoncé comme ça, de toute manière. Pas besoin d’en rajouter. « Je suis tout à fait prêt à répondre à toutes tes questions, même si les réponses ne seront sans doute pas vraiment satisfaisantes. » Après tout, Max savait déjà le principal. « Est-ce que tu me permets de te poser des questions à mon tour ? » Il avait vraiment envie de le connaître, de savoir comment il avait vécu jusqu’ici, s’il avait été heureux malgré l’absence de son géniteur, s’il avait des amis, s’il était en couple, quelles études il faisait…il voulait vraiment tout savoir. Pourtant, il fut soudain incapable de prononcer le moindre mot.

Il avait cette impression étrange d’être prisonnier d’un rêve, d’une illusion. Jusqu’à ce que la réalité le frappe une nouvelle fois de plein fouet et il fut soudain submergé par une vague d’émotions. Jusqu’ici, il avait été sous le choc et il avait peu à peu digéré la nouvelle…mais à présent, il se sentit soudain ému. Il avait certes abandonné ce gamin avant qu’il naisse, mais il avait mûri, il avait eu le temps de réfléchir et de penser à Max, de prendre pleinement conscience du fait qu’il avait un fils quelque part. Alors oui, il était ému car il arrivait à un âge où il avait de plus en plus envie de se poser et de fonder une famille. Il fit néanmoins son possible pour se contenir, histoire d’éviter à Max d’avoir une image encore plus pathétique de son géniteur. Il déglutit péniblement, vida le reste de sa boisson et en commanda une autre avant de finalement reprendre la parole. « Alors…tu fais quoi dans la vie ? Tu es étudiant ? » Il fallait bien commencer quelque part, non ?

C'était plus fort que toi, tu avais été incapable de te retenir de le provoquer, d'être insolent plus longtemps et si, souvent, la provocation était simplement ta manière bien à toi d'affronter une situation trop difficile à gérer émotionnellement, de te venger aussi, lui faire payer pour ce manque, ce vide en toi que tu n'arrivais jamais à combler, toutes ces années sans un père à tes côtés, à inventer des mensonges pour te consoler que l'âge avait fini par t'arracher pour affronter la triste réalité de l'absence, de la lâcheté, cette fois il y avait encore autre chose derrière tes réponses cinglantes, tes sourires en coin et tes gestes à la connotation presque théâtrale, comme une envie de le tester, voir jusqu'où tu pouvais aller, voir jusqu'à quel point il pouvait te supporter, mettre à l'épreuve jusqu'à sa sincérité et sans le savoir il passa le test haut la main, gardant son calme alors même que tu te comportais de la pire des manières possibles, faisant au contraire preuve de beaucoup de compassion et de compréhension, une certaine douceur même, reconnaissant n'avoir aucune bonne excuse à t'offrir et t'assurant comprendre ta colère. Sans même te connaître il semblait comprendre instinctivement comment tu fonctionnais, semblait savoir instinctivement le comportement à avoir, les paroles à prononcer pour te calmer alors tu finis par céder, répondant simplement à la question qu'il venait de te poser, d'une voix douce, posée, presque murmurée, oui, tu étais venu ici pour le retrouver et comme il le devinait parfaitement bien à son tour, t'arrachant un léger rire malgré toi, non, ta mère n'était absolument pas au courant, tu lui avais tout caché, que ce soit la découverte du nom de ton géniteur dans ses affaires personnelles, les recherches qui avaient suivies et la véritable raison de ton déménagement à Hambourg alors même que tu ne faisais que parler de Paris depuis des années pourtant, allant même jusqu'à parler un français courant, en toute honnêteté tu pensais sincèrement qu'elle avait dû deviner, pour ça comme pour le reste, pour tous tes autres mensonges, mais qu'elle te laissait simplement faire sachant pertinemment qu'elle était impuissante, qu'il valait mieux te laisser faire tes propres expériences.

«Honnêtement elle doit s'en douter, ça faisait un an que je cumulais les petits boulots pour me payer une école à Paris, me voir changer mes plans et partir ici c'était suspect mais pour ça comme pour d'autres trucs que je fais je pense qu'elle préfère encore faire comme si de rien n'était »

Tu soupiras, les « autres trucs » autrement dit la drogue, tu savais qu'elle se doutait que tu n'avais pas tout arrêté comme elle te l'avait demandé mais qu'elle avait probablement trop peur de faire encore plus empirer la situation si jamais elle osait te confronter, à tort ou à raison, en tous les cas tu n'avais vraiment pas envie d'aborder ce sujet là avec Lukas, pas tout de suite en tout cas, ce fut pour ça que tu ne hochas que timidement la tête lorsqu'il demanda si tu lui permettais de te poser des questions à son tour, un peu effrayé par ce qu'il risquait de te demander même si tu appréciais sa délicatesse et sa douceur dans le choix de ses mots. Heureusement pour toi il ne demanda rien de bien extravagant, commençant simplement par te demander si tu étais étudiant

« Oui, en photographie »

Un sourire se dessina sur tes lèvres, c'était probablement une de tes rares sources de fierté, et ta plus grande passion depuis tout petit, ta mère te racontait encore régulièrement que tu ne savais même pas encore marcher que tu avais déjà un appareil photo entre les mains, une vocation innée.

Mordillant doucement ta lèvre inférieur, comme à chaque fois que tu étais un peu trop angoissé tu relevas les yeux vers lui, tu savais que c'était à ton tour de poser une question mais une seule te brûlait réellement les lèvres

« J'ai qu'une seule question pour toi. Je veux pas savoir pourquoi tu m'as abandonné, je l'ai voulu évidemment et j'aurais eu besoin de le savoir mais je pense que j'ai réussi à le comprendre tout seul avec le temps, surtout maintenant que j'ai l'âge que tu avais quand je suis né. Je veux pas d'excuses non plus, ce qui est fait est fait tu peux pas le changer, je veux juste savoir si ce soir, c'est la seule fois où on se verra ? T'as le droit de dire oui, je cherche pas à te forcer, je sais que je suis qu'une erreur pour toi, je veux juste pas me faire d'idées inutilement, les faux espoirs c'est bon, j'ai donné»

Tu baissas à nouveau les yeux, fuyant son regard en pensant au nombre d'anniversaires, de Noël où tu avais désespéramment attendu ne serait-ce qu'une petite carte, un signe qu'il pensait à toi, tu ne voulais plus de cette douleur là, si ce soir était la seule fois alors très bien mais tu voulais que les choses soient claires et intérieurement tu priais pour que ce ne soit pas le cas, c'était d'un père dont tu avais besoin, c'était un père que tu étais venu chercher, quelqu'un pour te soutenir, quelqu'un pour t'aider, quelqu'un qui allait te sauver et t'empêcher de réellement sombrer.

Plus ça allait et plus Lukas tombait des nues. Il avait déjà bien du mal à réaliser que le jeune homme en face de lui était son fils, son sang... cet enfant dont il n'avait jamais voulu, du moins, pas au début. Car avec les années, il avait commencé à penser davantage à lui et à se demander quelle aurait pu être sa vie s'il n'avait pas abandonné sa copine de l'époque et s'il l'avait aidée à élever Max. Mais il était bien trop tard pour ça. Peut-être que la vie lui offrait une seconde chance grâce à cette rencontre. Ou peut-être voulait-elle juste le mettre face à ses erreurs et à ses responsabilités. Au final, le résultat était le même. Il était là. Et sans trop comprendre pourquoi, Lukas ressentit une pointe de fierté en regardant le blond. Il ne savait rien de lui et pourtant, il se sentait étrangement fier. C'était...déconcertant. Alors qu'il avait demandé à Max si sa mère était au courant de cette rencontre, la réponse le surprit et surtout, elle fit naître une certaine culpabilité en lui. A cause de lui, Max n'avait pas suivi ses projets de base, il n'avait pas réalisé son rêve d'aller étudier à Paris alors qu'il avait manifestement travaillé dur pour y arriver. Oui, Lukas se sentait mal, il ressentit même un petit pincement au cœur. Le jeune homme avait-il donc à ce point voulu le retrouver ? Au point de tirer un trait sur ses rêves ? L'espace d'un instant, il ne sut pas quoi dire, il n'avait pas du tout l'habitude de ce genre de situations, c'était le cas de le dire. "T'es sérieux ? Tu as laissé tomber pour me retrouver ? Pourquoi ? Si tu comptais me faire culpabiliser, c'est réussi..." Il poussa un petit soupir et se concentra un instant sur sa boisson. Pourquoi avait-il sorti ça ? Dire à son gamin qu'il culpabilisait n'était sans doute pas la meilleure idée du siècle. Mais c'était sorti tout seul. "Mais...je suis touché. Vraiment." Tu regrettes ? Tu es déçu ? Voilà ce qu'il avait envie de lui demander, mais il ne le fit pas. Pas encore.

Il apprit alors que Max était étudiant en photographie et le petit sourire qu'il vit apparaître sur ses lèvres lui mit du baume au cœur. Il avait un beau sourire...et en plus, la photo semblait vraiment le passionner et il semblait vraiment l'aimer, vu son sourire à ce moment-là. "Je suis content que tu aies trouvé une vraie passion et que tu veuilles la suivre jusqu'au bout. C'est un peu ce que j'ai fait aussi." Il lui adressa un petit sourire en se disant qu'ils se ressemblaient quand même pas mal sur certains points. Toutefois, il avait beau le regarder, il ne voyait pas la ressemblance physique. Manifestement, Max avait surtout hérité des traits de sa mère. Et de ses yeux bleus, surtout. Sans doute que ce serait très bizarre s'il disait au jeune homme à quel point ses yeux étaient magnifiques. Du coup, il se retint une nouvelle fois.
Finalement, Max reprit la parole. Lukas l'écouta sans l'interrompre, assez impressionné par la maturité et le calme dont il faisait preuve. Sa question le prit toutefois au dépourvu et il évidemment, il ne répondit pas tout de suite. Il hésitait comme l'idiot qu'il était. Pourquoi ? Ça faisait des années qu'il souhaitait secrètement retrouver son fils et le connaître. Mais il savait aussi qu'il ne pourrait plus faire machine arrière et que sa vie serait considérablement changée. Sérieux, Lukas ? Dès l'instant où il avait appris qui était ce jeune homme, sa vie avait déjà commencé à changer.

"Je dois dire que tu es quelqu'un de surprenant, Max." C'était le cas de le dire. Il s'était attendu à des cris, des reproches, voire des larmes ou même des coups. Mais non. Rien de tout ça. Au lieu de cela, le blond lui demandait s'ils se reverraient, en ajoutant qu'il ne voulait pas de faux espoirs. Donc...il espérait vraiment pouvoir apprendre à connaître Lukas ? Il espérait pouvoir bâtir une relation avec lui ? L'animateur ferma un instant les yeux, puis les rouvrit pour croiser le regard de Max, lui souriant doucement. "Tu as fait toutes ces démarches pour me retrouver. Je serais vraiment con de te repousser une nouvelle fois." Bordel, c'était quoi, ça ? Pourquoi se sentait-il soudain aussi émotif ? Il fit évidemment son possible pour ne pas le montrer, mais finalement cette rencontre le touchait bien plus qu'il n'avait voulu l'admettre au départ. "Ça me ferait très plaisir de te revoir et d'apprendre à te connaître." Sans doute serait-il maladroit, mais il allait essayer d'être au moins un peu à la hauteur des attentes de Max. Si ce dernier avait des attentes quelconques. "Tu loges où ? A l'université ? Si tu as besoin d'un toit..." Quoi ? Il était vraiment en train de proposer à Max de squatter chez lui ? Sans doute allait-il un peu vite en besogne. Voire beaucoup trop vite. "Parle-moi de toi. Tu aimes quoi dans la vie, à part la photo ?" Peut-être se découvriraient-ils des passions communes.

Étrangement parler avec ton père était naturel pour toi, plus qu'avec n'importe qui d'autre et plus qu'avec n'importe quel inconnu surtout, si instinctivement durant les premières minutes tu lui avais imposé les mêmes barrières, les mêmes limites qu'à n'importe qui, à présent tu lui parlais juste calmement, les mots sortant doucement les uns après les autres, alors lorsque tu l'entendis te demander si tu étais sérieux, si tu avais réellement abandonné tous tes projets pour lui, et pourquoi, soulignant le fait qu'il culpabilisait à présent même s'il était touché de ton geste, tu le regardas avec un sourire compatissant aux lèvres, tu étais loin d'être un génie, plutôt mauvais pour réussir à comprendre les émotions, les motivations des autres mais à ce jeu là ton père était encore pire que toi, au lieu de t'exaspérer pourtant, ça t'amusait presque de le voir ne pas réussir à comprendre quelque chose d'aussi simple que la raison pour laquelle tu avais voulu le retrouver, la raison pour laquelle un enfant abandonné voulait retrouver d'où il venait.

« Pourquoi ? A tout hasard parce que c'est un petit peu compliqué de commencer une nouvelle vie quand on sait toujours pas qui on est vraiment et d'où on vient, je dis ça comme ça »

Un sourire se dessina sur tes lèvres, c'était la plus stricte vérité, tu étais incapable de partir à Paris, incapable d'essayer d'avoir une vie stable, d'arrêter toutes tes conneries si tu ne réglais pas tous tes problèmes avant de partir et ton seul et unique problème, celui qui te rongeait depuis des années déjà, depuis l'enfance, avant même d'en avoir conscience, ce problème qui était à l'origine du sentiment de vide qui t'habitait et qui te forçait à dériver lentement était l'absence de ce père, l'absence de Lukas, ne pas savoir qui on est, d'où l'on vient, il y avait de quoi rendre dingue n'importe quel gamin.
Tu relevas les yeux vers lui, toujours sans te départir de ton sourire, calme et doux

« Et culpabilise pas, j'irai en France plus tard, j'ai que vingt ans, j'ai le temps encore »

Avoir le temps, tu savais que personne ne pouvait jamais prédire une chose pareille, tu savais que personne n'était en mesure de savoir combien de temps il te restait ou même si finalement tu utiliserais ce temps imparti pour mener à bien tes projets mais tu osais espérer que si, que dans quelques mois, quelques années tout au plus, tu serais capable de partir réaliser tes rêves à Paris, tu osais espérer que tu deviendrais enfin quelqu'un de bien, au moins quelqu'un de meilleur, que tu pourrais laisser derrière toi ce gosse accro à l'addiction elle-même comme à l'auto-destruction pour devenir un adulte plus équilibré et surtout heureux, un peu comme lui au fond, comme ton père, ou du moins l'image qu'il se donnait, c'était étrange de basculer si vite de la haine à l'amour, du mépris à l'admiration et lorsque tu repris la parole ce fut pour simplement lui demander si ce soir serait la seule fois pour vous deux ou si vous alliez vous revoir, tu ne voulais plus savoir pourquoi il t'avait laissé, pas plus que tu ne voulais de ses excuses, tu avais eu le temps d'étudier la question en vingt ans, tout ce que tu voulais toi, c'était savoir si tu aurais la chance d'avoir enfin un père ou non, le prévenant au passage de ne pas te donner de faux espoirs, les faux espoirs tu ne les connaissais que trop bien, ils faisaient mal, ils détruisaient, bien plus que les vérités alors tu respectas son silence, son hésitation, attendant qu'il reprenne la parole, et lorsqu'il le fit, ce fut pour te dire qu'après toutes les démarches que tu avais fait pour en arriver là, il serait vraiment stupide de te repousser une nouvelle fois, mieux encore, il serait ravi de te revoir, d'apprendre à te connaître.
Immédiatement un immense sourire se dessina sur tes lèvres alors que tes yeux se remplissaient de larmes malgré toi, tu comprenais ce qu'il y avait derrière ces mots, la fin de l'enfer, enfin tu aurais un père.

Le silence retomba à nouveau, plein d'émotion cette fois, qu'il finit par briser en te demandant où tu logeais, te proposant même un toit, un implicite qui te fit hausser un sourcil alors que tu le dévisageais de haut en bas.

« Attends t'es en train de me proposer de vivre avec toi ? »

Et si tel était le cas, est-ce que tu refuserais ? Tu ne savais pas mais en toute honnêteté, tu ne pensais pas, le loyer était cher et la vie seul était en train de te faire plonger de plus en plus loin dans l'addiction alors, pourquoi pas ?

Toutefois tu te concentras également sur la question suivante, ce que tu aimais faire dans la vie en dehors de la photo, tu aurais pu citer les comics que tu collectionnais soigneusement depuis tout petit, les dessins que tu faisais en cachette et que personne n'avait jamais eu l'occasion de voir, la musique qui t'accompagnait partout, le skate que tu pratiquais depuis de longues années déjà mais ce ne fut pas cette réponse là qui franchit tes lèvres mais quelque chose de radicalement différent

« Les garçons »

Tu relevas les yeux vers lui, jaugeant sa réaction avant de hausser les épaules, pragmatique

« Quoi ? Au moins j'aurais pas besoin de faire mon coming out plus tard »

Lukas avait encore du mal à croire qu’il était bel et bien en train de parler à son fils. Son fils. Ça faisait bizarre quand même. Et pourtant, d’un autre côté, ça semblait presque naturel. Peut-être parce qu’il était agréablement surpris par ce jeune homme. Toutes ces années, il avait imaginé une éventuelle rencontre et dans tous les scénarios, il se faisait crier dessus et traiter de tous les noms. Là, c’était tout le contraire. Max était calme, il semblait savoir exactement ce qu’il voulait. Et ce qu’il voulait, c’était le connaître. Bien sûr, Lukas ressentit une nouvelle pointe de culpabilité s’emparer de lui en apprenant que Max avait laissé tomber ses projets et son rêve pour le retrouver. « Je suis vraiment désolé… » Oui, il l’était. S’il pouvait revenir en arrière, il aurait réagi différemment. Il ne se serait pas enfui, il aurait été un père pour ce gosse. Mais à sa connaissance, on n’avait pas encore inventé la machine à remonter le temps, alors ça ne servait à rien de penser à ça, au fond. Même si c’était plus fort que lui. « Je sais que ça va te paraître un peu cliché, mais…je veux t’aider à répondre à tes interrogations. Si je le peux. Je te dois bien ça, je pense. » Il lui adressa un petit sourire, commençant à se détendre un peu. Finalement, cette conversation se passait plutôt bien. D’ailleurs, Max lui demanda de ne pas culpabiliser, mais il était un peu tard pour ça. « Je suppose que tu as raison. Et je te souhaite de pouvoir y aller. » Vraiment. Il ne voulait que le meilleur pour ce gamin. C’était sa chair, son sang, même s’il venait juste de le rencontrer. Peut-être finirait-il par se découvrir une fibre paternelle, qui sait.

Quoiqu’il en soit, oui, Lukas voulait revoir Max. Il voulait essayer de construire quelque chose avec lui, de rattraper un peu le temps perdu. Dans la mesure du possible. Le journaliste remarqua l’émotion du jeune homme lorsqu’il déclara vouloir apprendre à le connaître et ça le toucha profondément. Bordel. Encore un peu et il se mettrait à chialer aussi. Il pouvait vraiment être trop sensible, parfois. « Hum…Peut-être. Je sais ce que c’est d’être en galère. Après…je ne t’oblige à rien. » Il lui adressa un petit sourire. Oui, que Max vienne vivre chez lui lui ferait plaisir et ça leur permettrait de mieux renouer. « Et puis, j’ai le meilleur colocataire du monde ! Il s’appelle Batman ! » Il laissa planer quelques secondes de silence avant de déclarer fièrement : « C’est mon chat. » Il était fier de sa connerie en plus. Fier d’avoir appelé son chat Batman. En même temps, c’était son superhéros préféré, c’était inévitable !
La conversation se poursuivit et lorsque Lukas demanda à Max ce qu’il aimait dans la vie, il ne s’était pas du tout attendu à une telle réponse. A tel point qu’il regarda un instant le jeune homme avec des yeux de merlan frit avant de finalement rire doucement. « C’était pas ce que je demandais, mais soit ! » Il lui fit une petite tape sur l’épaule, presque machinalement. « Que tu aimes les mecs ou les petits hommes verts, je m’en fiche. » Les petits hommes verts ? Sérieusement ?

Lukas but une gorgée de sa boisson, puis posa à nouveau son regard sur Max. « T’as sans doute dû le remarquer, mais j’aime bien les mecs aussi. Et les femmes. Tout le monde. Alors c’est certainement pas moi qui vais te juger. » Il haussa les épaules à son tour. Il était quelqu’un de très ouvert d’esprit depuis toujours et ça n’allait certainement pas changer avec l’âge. Sans parler du fait qu’il était un peu – très – amoureux de son meilleur ami. Mais il avait encore du mal à se l’avouer alors il n’allait certainement pas le mentionner à Max. Pas tout de suite, en tout cas. « Merci de m’avoir retrouvé. Vraiment. Je suis ravi. » Il était redevenu sérieux et s’était même laissé aller à un peu d’émotion. Oui, il était content et touché par la démarche de Max. « Mais si jamais je te déçois…viens pas pleurer ! » Il sourit bêtement, signe qu’il plaisantait. Au fond, il espérait bien que Max ne soit pas déçu. Il l’avait assez été par le passé, après tout.

En entendant Lukas, ton père, s'excuser une nouvelle fois, tu dus faire tous les efforts du monde pour ne pas lever les yeux au ciel, en soi évidemment tu comprenais sa culpabilité, tu arrivais sans mal à te mettre à sa place ou du moins tu pouvais imaginer ce qu'il devait ressentir et tu te sentais presque flatté de voir que ta présence le touchait à ce point, mais tout de même, il n'y avait pas de quoi dramatiser, tu avais certes abandonné ton projet de partir en école de photographie à Paris pour aller le retrouver d'abord mais ce n'était pas comme si tu n'allais plus jamais pouvoir le faire, tu n'avais que vingt ans après tout et la vie devant toi tu l'espérais bien, les opportunités ne manqueraient pas.
Tu en étais absolument persuadé partir alors que tu n'avais pas terminé de régler tes propres problèmes n'aurait pas été pertinent, il ne servait jamais à rien de se précipiter, tu ne pensais pas pouvoir bâtir une nouvelle vie si des questions revenaient encore et toujours te hanter, tu savais au fond que tu avais pris la meilleure décision et ce fut d'ailleurs ce que tu finis par lui dire, tu n'avais que vingt ans, tu avais tout ton temps, même si tu savais intérieurement que personne ne pouvait se targuer de savoir combien de temps lui avait été accordé, ce à quoi il répondit que tu avais sans doute raison et qu'il te souhaitait de pouvoir y aller, tu souris à nouveau, de ce petit sourire si calme, si posé, si étrangement adulte dans un sens alors que tu laissais ton regard se balader librement sur les traits de son visage.

«J'irai, c'est sûr, quand je serai prêt, quand il sera temps pour moi. Et en attendant tu vas arrêter de culpabiliser et de t'excuser, d'accord ? T'es parti, t'étais peut-être trop jeune pour être père et assumer, je sais pas, je veux pas vraiment savoir, ça arrive c'est tout mais je t'ai retrouvé et tu t'es pas enfui, tu veux même apprendre à me connaître et t'imagines pas à quel point ça me rend heureux alors donne toi un peu de crédit »

Tu ne remarquais pas qu'à cet instant précis on aurait dit que les rôles étaient inversés, qu'il était le fils et toi le père, que tu étais presque en train de lui donner une leçon de vie mais c'était important pour toi, important qu'il sache que tu ne lui tenais pas rigueur de ses erreurs passées, si on pouvait appeler ça des erreurs puisque après tout tu ne savais pas vraiment si le forcer à t'élever alors qu'il ne se sentait pas prêt aurait été une si bonne chose pour lui comme pour toi, important qu'il comprenne aussi que ce qui était important était ce qui se jouait maintenant, important qu'il réalise qu'il t'avait rendu heureux aujourd'hui en t'acceptant dans sa vie, important qu'il réalise qu'il valait bien plus que ce qu'il s'imaginait...

Le silence finit par retomber, chargé d'émotion et lorsqu'il le brisa pour te proposer de vivre avec lui, tu le regardas un instant interloqué, lui demandant s'il avait vraiment dit ça, si tu ne l'avais pas imaginé, ton cerveau s'activant pour savoir ce que tu en pensais, c'était rapide évidemment, trop rapide peut être mais dans un sens vous pourriez mieux vous rapprocher ainsi, sans oublier que tu avais rapidement réalisé à ton arrivée que vivre seul n'était pas bon pour toi, que depuis que tu étais là tu n'arrivais plus à te limiter dans tes consommations, que tu t'enfonçais peu à peu, sans personne pour essayer de t'arrêter.
La réponse était évidente alors, ta décision déjà prise lorsqu'il répéta ce qu'il avait dit précédemment, précisant qu'il ne t'obligeait à rien évidemment, mais qu'il avait tout de même le meilleur colocataire du monde...Batman...Son chat. Un rire t'échappa malgré toi, finalement vous aviez probablement plus en commun que ce qu'il s'imaginait.

« Batman ? Quand j'étais petit je voulais six chats, pour les appeler comme les Avengers mais ma mère a décrété qu'on aurait jamais la place pour autant de chats alors j'ai eu des poissons rouges »

Tu haussas les épaules, c'était un peu le drame de ton enfance ça, ne pas avoir eu tes six chats mais six poissons que tu trouvais ennuyeux à mourir

« Enfin...J'aimerais vraiment vivre avec toi, je pense que je suis encore trop jeune et pas assez stable pour vivre seul, y a...certains trucs qu'il faut que j'arrête mais vivre seul ça m'aide pas pour ça »

Certains trucs...Dont tu ne te sentais pas encore capable de lui parler, dont tu n'avais jamais été capable de parler à personne, préférant simplement continuer la discussion, une réponse étonnante s'échappant de tes lèvres malgré toi lorsqu'il te demanda ce que tu aimais dans la vie...De toutes les choses que tu aimais, il avait fallu que tu répondes « Les garçons » alors certes comme tu le soulignais si bien au moins tu n'aurais pas besoin de t'encombrer d'un coming out après ça mais tout de même, ce n'était probablement pas ce à quoi il s'attendait, et le regard qu'il portait sur toi, ses yeux écarquillés en disait long, pourtant il réussit à nouveau à avoir exactement la bonne réaction, se mettant à rire doucement avant de te faire une petite tape sur l'épaule en te disant qu'il se fichait bien de savoir si tu préférais les mecs ou les petits hommes verts, ce qui eut le mérite de te faire rire ouvertement

« Juste les mecs ça suffira, je suis pas très porté sur les aliens ces derniers temps »

Puis il redevint sérieux, te remerciant de l'avoir retrouvé et une vague d'émotion te frappa alors que tu relevas les yeux timidement vers lui en te mordillant la lèvre inférieure

« Je peux te faire une câlin ou ce serait trop bizarre ? »