behind the tears, inside the lies w/lazlo

c'est le week-end et comme tous les samedis -ou presque- gabi sort de la patinoire aux alentours de dix-huit heures. à l'instant où elle claque la porte du bâtiment, elle aperçoit saskia, sa meilleure amie, accompagnée d'une autre copine tout juste détentrice du permis de conduire. on va manger pour fêter ça ? hurle sas à travers la fenêtre en montrant la voiture du doigt. gabi elle acquiesce, bien contente de pouvoir faire autre chose que rentrer chez elle à attendre que son père daigne vouloir rentrer pour manger avec sa famille. elle accélère jusqu'à la voiture, jette son sac dans le coffre et grimpe à l'arrière. après vingt minutes de shooting improvisé dans la voiture et de concert privé, les trois gamines descendent de la voiture afin de rejoindre une petite brasserie qu'elles ont l'habitude de fréquenter. une soirée tranquille, des discussions stériles à propos de la dernière mise à jour catastrophe de snapchat, de la dernière photo postée par kim k ou du beau mec qu'elles ont croisé dans le bus.
sur le chemin du retour, les rires résonnent dans la voiture mais gabi semble ailleurs. son téléphone entre les doigts, elle envoie un message à sa mère pour lui dire qu'elle va dormir chez une copine et elle en envoie un autre à lazlo pour savoir si elle peut passer le voir. sûrement une mauvaise idée compte tenu du fait qu'elle était littéralement en train de tomber amoureuse de lui alors que ce n'était certainement pas son cas. mais ça, elle veut pas le voir gabi, elle veut pas se dire que c'est une histoire perdue d'avance. alors elle espère. pour ne pas attiser les réactions de ses deux copines et en attendant que laz réponde, elle se fait déposer devant chez elle. finalement, à peine est-elle descendue de la voiture qu'elle reçoit sa réponse. sans attendre, elle commence à marcher en direction de chez lazlo, l'avantage d'habiter dans le même quartier c'est qu'elle pouvait y aller à pieds, n'importe quand. après quelques minutes de marche, elle se retrouve finalement devant la porte qu'elle pousse sans même frapper. laz ? aucune réponse. elle avance jusqu'au salon et l'aperçoit sur le canapé, les écouteurs dans les oreilles et le téléphone dans la main. elle avance dans son dos et se penche pour l'embrasser dans le cou avant de faire le tour pour le rejoindre sur le canapé. tu vas bien ? elle vient s'asseoir à côté de lui et glisse une main dans sa tignasse brune.

autrefois, gabi avait tout de la gamine parfaite qui ne causait aucun problème. de bonnes notes, de bonnes fréquentations, la seule chose qui n'avait pas changé était sûrement la relation avec son père. toujours aussi, chaotique. cette année à hambourg l'avait quelque peu chamboulée. quitter berlin, ses repères et ses amis lui avait paru être la chose la plus difficile qu'elle ait eu à faire en dix-sept ans. pourtant aujourd'hui, elle n'y retournerait pour rien au monde. à cause de lazlo, sûrement. parce que l'amour à cet âge là, ça rend bête. elle se rend pas vraiment compte gabi, qu'elle fonce droit dans le mur. qu'il n'en ressortira rien de bon. elle lui a dit, saskia, que ça sentait mauvais tout ça. pourtant assise là, la main qui se balade dans ses boucles brunes, elle se sent bien. on est samedi soir, ma mère et mon beau-père sont pas la pour la soirée, j'ai une jolie fille avec moi et y'a toujours moyen de rendre ça encore meilleur alors ... j'supposes que ça va bien. un sourire étire ses lèvres tandis qu'elle penche la tête sur le côté. ah ouais, meilleure comment ? elle laisse un léger rire s'échapper tandis qu'elle retire sa main de ses cheveux. ils sont où d'ailleurs ? ses parents. enfin, son beau-père et sa mère. parce que c'est rare qu'ils ne soient pas là. gabi elle aime bien être ici. elle aimerait parfois que son père soit comme les parents de laz. qu'il la laisse vivre sa vie comme elle entend sans la fliquer continuellement. et toi ? marre de ton père? visiblement agacée, elle hausse les épaules et soupire. comme d'habitude, rien de ce que je pourrais faire n'est assez bien pour maître rosenthal. et elle en souffre, la gamine. même si elle ne le dira sûrement jamais. elle se demande souvent comment elle fait maman pour supporter ça. comme si son boulot était bien plus important que sa famille. et gabi, dans sa petite tête d'enfant de dix-sept ans, elle se dit qu'elle acceptera jamais ça. qu'elle ne laissera jamais un homme la considérer comme une moins que rien. mais j'suis pas venue ici pour parler de mon père. elle tranche, net. parce que c'est vrai, elle n'a certainement pas envie de parler de son père. surtout pas ici, avec lazlo. elle se lève du canapé et l'attrape par les mains pour l'inciter à se lever. j'te propose qu'on monte dans ta chambre et on trouvera bien de quoi s'occuper. parce que même si rester dans le salon ne la dérange pas, l'idée de se faire prendre en flagrant délit par les parents de laz ne l'enchante pas vraiment. elle presse le pas et se retrouve vite dans la chambre, lazlo sur les talons. elle vient s'asseoir sur le rebord de la fenêtre et sort un joint déjà roulé de son paquet de cigarettes qu'elle allume sans attendre une seconde de plus. l'espace de quelque secondes, son regard se pose sur lazlo et elle se plait à imaginer qu'il pourrait l'aimer, lui aussi. un rêve, un foutu rêve qui va la briser, la gosse.

ça lui parait presque risible, à gabi, quand laz évoque la soirée resto/ciné de ses parents. parce que ce n'est pas vraiment le genre de chose qu'on fait à la maison. papa rentre tard du boulot tandis que maman a fini par s'endormir sur le canapé à force de l'attendre. c'est plutôt ça. elle hausse les épaules la gosse, comme une sorte de réponse silencieuse pour elle-même. elle n'a rien dire sur ça, à part peut-être que ça l'arrange qu'ils soient sortis afin qu'elle puisse être seule ici avec lazlo. non pas que ça change réellement quelque chose après tout. ses pensées se bousculent encore lorsqu'elle commence à monter les marches pour rejoindre la chambre de laz. si son père savait qu'elle était là, elle en entendrait parler pendant des mois. voir des années. lui reprocher les choses est quelque chose qu'il sait faire à merveille. ce n'est que quand elle allume finalement le joint qu'elle tient entre ses doigts qu'elle chasse tout ça de son esprit. le but étant de se détendre et non de tergiverser sur la vie. ça tu vois, ça rend la soirée meilleure. c'est toi qui rend la soirée meilleure. encore quelque chose qu'elle ne dit pas. elle acquiesce tandis qu'un léger sourire se dessine sur ses lèvres. c'est exactement ce dont j'avais besoin. lâche-t-elle tout en laissant s'échapper la fumée d'entre ses lèvres. en vrai ça m'faisait chier de passer la soirée seul. le sourire qui revient, elle ne peut s'empêcher de jubiler. parce que pour elle, ça veut dire qu'il est content qu'elle soit là. et si il est content qu'elle soit là, c'est qu'il l'aime bien. ou qu'il s'emmerdait. j'm'attendais pas à ton message. mais, c'est cool. elle se met à sourire de plus belle tandis qu'elle s'avance pour le rejoindre sur le lit. elle s'allonge à côté de lui et tire une nouvelle fois sur son joint, essayant tant bien que mal de faire des ronds avec la fumée. j'voulais pas rentrer chez moi et j'me suis dit que ce serait plus sympa de venir ici. elle souffle, malicieuse tandis que sa main glisse sur sa cuisse. c'est comme un besoin irrépressible de le toucher, d'être avec lui. alors qu'en réalité, il ne lui a jamais rien promis. elle s'est fait ses promesses toute seule. à cet âge-là, il n'en faut pas beaucoup pour avoir des étoiles dans les yeux. puis j'suis contente de passer la soirée avec toi. elle murmure, les yeux dans le vague et presque comme un aveu tandis que ses doigts continuent de glisser le long de sa cuisse.