[Gaelle] Se goinfrer de gâteau au pub entre amies!

Luzia venait d’envoyer un énième courriel à son mari. Depuis quelque temps, les seuls mots qu’elle lui adressait étaient: signe les papiers. Pourtant, il s’acharnait et cela lui faisait mal. Il avait été déjà super compliqué pour elle de prendre le choix de mettre fin à cette vie commune en ayant peur de la réaction des enfants, mais il ne lui facilitait absolument pas la tâche en refusant de signer les papiers. Elle le suppliait presque de ne rien compliquer, mais il ne l’écoutait pas. Sa conviction était à rude épreuve et sa plus grande peur était de lui faire confiance, mais souffrir à nouveau. Rien ne lui certifiait que tout irait mieux. Ils avaient même tenté une thérapie qui avait mal fini.  Elle avait trop souffert et elle n’était pas prête à lui pardonner pour le moment. Elle en pleurait souvent et elle n’était plus que l’ombre d’elle-même depuis.

Elle venait de finir de travailler et elle venait de terminer son courriel et elle n’avait rien à faire de mieux. Son garçon toujours à l’école et les jumelles aussi, elle l’espérait, la maison était
très certainement vide et elle ne voulait pas rester seule. Alors, elle eut l’idée d’aller au Paddy’s Teig dont la propriétaire était non seulement une  bonne amie, mais aussi la première personne qu’elle avait rencontrée lorsqu’elle était arrivée en Allemagne. Ses délicieux gâteaux rassuraient le cœur et apportaient un somptueux sentiment de bien-être.  Rapidement, elle prit sa voiture pour s’y rendre et elle lui sourit tristement en se présentant au comptoir.

- Comme d’habitude, je veux ton meilleur gâteau tout frais du four! Avec beaucoup de crème chantilly et... une bonne bière.  J’en ai besoin... Dis-moi que ta journée est meilleure que la mienne j’espère? Comment va ton grand garçon?

Luzia n'était plus vraiment la même depuis quelques mois. Tout ça... Toute cette histoire était dure pour elle. Quand elle ne travaillait pas jusqu'à tard pour oublier, elle restait dans son lit dans un pyjama en pilou à pleurer comme une Madeleine en comparant les héros de ses DVD préférés à cet époux infidèle. Elle détestait l'état dans lequel elle se trouvait. Si mal... Si démunie et humiliée. Même entendre quelqu'un l'appeler madame Baumgarten lui donnait envie de pleurer. Lorsqu'elle pouvait dire autre chose que des paroles dans le cadre de son travail, elle avait l'impression de faire que ça, se lamenter sur son sort et demander pourquoi cela était arrivé. Elle ne voulait ennuyer personne avec ses problèmes de coeurs, mais essayer d'éviter les gens pour ne pas les rendre mal à l'aise rendait grandement terne son humeur et elle savait qu'elle ne pourrait pas continuer à se cacher comme une adolescente dans sa chambre à manger. Alors, autant voir une amie et se goinfrer dans un endroit public pour se changer les idées. Ainsi, elle était allée voir Gaelle qui avait été la première personne qu'elle avait rencontrée en s'installant pour de bon en Allemagne. Elle avait été d'une grande aide avec elle et elle la faisait toujours rire. Ainsi, c'était le premier endroit où elle avait pensé se rendre.

La blonde sembla s'inquiéter de sa mine. Malheureusement, elle savait déjà qu'elle faisait pâle allure avec ses vêtements froissés et ses cheveux coiffés à la va-vite. Puisqu'elle était une amie en commun entre elle et Bretch, elle savait qu'au moins, elle n'en ferait pas trop. Après tout, tout ce qu'il lui fallait était un bon gâteau, une boisson un peu alcoolisée et penser à autre chose un moment. Elle eut un sourire légèrement plus convainquant en voyant son gâteau fudge au chocolat et elle la remercia d'une légère voix quand elle lui dit que c'était sa tournée. Elle lui parla aussi que sa journée allait et qu'elle avait raté Aiden de peu. Dommage, elle l'aurait taquiné un peu! Gaelle ajouta qu'elle devait lui raconter ce qui se passait dans le quartier, ce qui fit rire Luzia jusqu'à ce que son amie lui demanda comment elle allait ainsi que les enfants. Elle eut un soupire en regardant son assiette qu'elle venait de terminer sans s'en rendre compte.

- Pour ma part, ce n'est pas la joie... Tout me rappelle Bretch! Le gel douche qu'il a oublié dans la salle de bain, la peluche de Noah qu'il lui avait offerte pour ses quatre ans, le vieux post-it écrit de sa main pour rappeler un rendez-vous pour je ne sais plus qui pour aller chez l'orthodontiste, le film « Élixir » qu'il avait offert aux jumelles pour se faire pardonner d'avoir brisé je ne sais plus quoi... Jusqu'à cette chaine de vélo brisée qui traine dans le garage! Il m'a fait extrêmement mal. Pour ce qui en est des enfants... Ils vont bien même s'ils sont... disons aussi choqués que moi par cette nouvelle. J'ai peur qu'ils se laissent aller tellement les choses se sont passées vite. Ils ont eu à peine le temps de dire ouf qu'en revenant de l'école, je leur annonçais la nouvelle. Au moins, ils vont chez leur père une semaine sur deux, mais je sais que cela les affecte

Elle eut un sourire triste aux paroles de son amie. Cela faisait du bien de parler à quelqu'un qui était totalement neutre dans cette histoire. Ainsi, elle la rassurait pour les bonnes raisons en ne la montant ni au rang de victime ni au rang de lâcheuse. Trop de gens jugeaient la situation en se basant sur leur valeur ou leur passé et cela n'aidait pas vraiment. Cela faisait du bien de temps en temps de discuter avec des gens qui nous comprenaient dans notre douleur puisqu'ils ont déjà passé par là, mais cela n'aidait pas lorsque ces personnes diabolisaient  ses actes par prétexte qu'ils avaient mal. Au moins, Gaelle savait rester neutre et être une bonne amie en restant aussi celle de Bretch. Elle savait qu'elle lui donnerait l'heure juste et serait toujours de bon conseil comme elle l'était présentement.

- Les enfants…, elle commença dans un soupir. Ils me le rappellent tous les jours. Surtout le plus petit. Noah lui ressemble tellement… et les filles! J'ai tellement peur de les perdre, Gaelle… Au final, je ne suis pas leur mère biologique… Et si Brecht refusait que je reste dans leur vie? Cela serait bien pire qu'un coup de poignard en plein cœur!

Elle soupire à nouveau et finit sa bière sans en redemander une autre. Elle aurait bien voulu d'une deuxième tournée de gâteau au chocolat, mais elle n'osait pas pour ne pas abuser de sa gentillesse.

- J'exagère sûrement, mais je ne peux pas m'empêcher de me demander si j'ai réellement connu Brecht toutes ses années… Tu penses qu'il aurait pu me mentir sur autre chose?

Puis arrivèrent sur le sujet les enfants… Elle hocha la tête comme son amie lui disait que leur changer les idées pourrait leur faire du bien. Elle avait raison. C'était à elle de s'assurer qu'ils s'amusent et ne pensent plus à toute cette histoire.

Je vais emmener Noah au zoo, il n'arrête plus de me le demander. Pour les filles, je les emmènerais probablement faire les boutiques et se trouver quelques nouvelles tenues ou nouveaux gadgets de jeunes… Tu connais ça les adolescents et leur amour inconditionnel de leur portable…

Luzia eu un soupire en regardant son assiette comme une affamée. Ils étaient trop bon ses gâteaux ! Elle voulait juste une toute petite pointe même si ce n’était pas raisonnable! Après… Ce n’était pas de sa faute si son mari l’avait trompé. Elle avait une bonne excuse pour une fois! Puis comment dire non à un merveilleux et sublime gâteau au chocolat?!

- Je peux en ravoir un autre?, elle demanda timidement.

Elle avait très peur de déranger, alors il était rare qu’elle parle trop longtemps de ses problèmes. Si les gens semblaient ouverts à l’écouter, elle se permettait un peu de déverser ses inquiétudes et sa tristesse, mais elle n’allait pas faire tout un monologue sur le fait que son mari était un connard. De toute façon, ce n’était pas du tout son genre. Elle n’aimait pas parler des autres quand ils n’étaient pas là, sauf si c’était quelque chose de positif. Dans le cas contraire, elle restait polie la plupart du temps.

- Je suppose… C’est seulement difficile de comprendre tout ça. Je pensais qu’il était l’homme idéal qui ne me ferait jamais du mal et là… Je me suis rendu compte que je me suis trompée et que je l’ai surestimé. Je suis perdue… Je ne sais même pas si je l’aime encore ou si je le déteste.

Le sujet divergeant, en suite, vers les enfants et la technologie, Luzia se détend et se met même à rire lorsque son amie lui confia jouer plus sur la console que son fils à qui elle l’avait acheté.

- Noah en voulait une aussi, mais j’ai refusé! Il a déjà son Xbox, puis il passe le plus clair de son temps dessus plutôt que d’aller jouer dehors! Je vais finir par la ranger et le forcer d’aller se dégourdir les jambes et prendre un peu d’air à l’extérieur avant de jouer, sinon il ne va jamais lâcher ses fichus jeux!  On n’avait pas ces problèmes-là dans notre jeunesse! Je n’ai rien contre, j’aime bien jouer à Assassin’s Creed ou à Skyrim quand j’ai le temps et lorsque les jeunes veulent bien aller faire autre chose, mais ils vont finir par devenir dépendants! Par exemple, j’ai du mal à avoir l’attention à la table quand ils ont leurs Iphones. Ça te fait ça à toi aussi?