Philipp F. * We never go out of style

Les jours passaient et Philipp commençait un peu à angoisser. Wolfgang allait bientôt se marier. Et il serait son témoin ! Si le premier sentiment qui s'empara de lui fut l'émotion, mêlée de joie et d'excitation, voilà que son esprit en revenait à une vision plus réaliste. Cela ne tardait jamais vraiment lui. Les gens le décrivaient comme quelqu'un avec la tête sur les épaules, d'assez mature et donc de réfléchi. Sauf que justement, à trop réfléchir, il perdait parfois confiance en lui. Désormais, il ne se voyait plus à ce mariage comme heureux et insouciant mais comme... un grand paysan mal fagoté ! Il avait retourné toute sa penderie... il n'y avait trouvé aucun costume. Les seules chemises qu'il possédait présentaient de carreaux ou des rayures... Hors de question de mettre ça au mariage de son petit frère ! Encore moins avec le rôle qui serait le sien et qu'il prenait à coeur. Il aurait bien piqué un costume à son père, mais ce dernier faisait deux tailles en dessous de lui... voilà qui lui vaudrait une drôle d'allure !

Peut-être parce qu'il vivait comme un célibataire, il avait du mal à trouver de quoi bien s'habiller. Comme au quotidien, ça ne lui manquait pas, il ne s'en était jamais soucié. Jusqu'à aujourd'hui... Ainsi, il appela Astrid à la rescousse. Sa belle-soeur était probablement l'un des personnes les plus gentilles et bienveillantes qu'il ait rencontré. Gabriel et Moïra auraient pu aussi l'accompagner mais il préférait obtenir l'avis de quelqu'un dont il connaissait la franchise. Elle ne prendrait pas de gants pour lui dire ce qu'elle en pensait. Et puis, elle éviterait probablement quelques vannes... que son cousin et sa cousine lui auraient glissé hilares. Philipp avait de l'humour mais quand quelque chose le mettait mal à l'aise, il appréciait moins qu'on vienne le taquiner. Pour lutter contre le stress, il fit ce qui le calmait le mieux : s'occuper des chevaux. Ca fonctionnait plutôt bien.

Il pouvait passer des heures à prendre soin de leur crin, à vérifier leurs fers, à les cajoler et à leur parler. Au point que parfois il se surprenait à leur faire davantage la conversation plutôt qu'à d'autres êtres humains ! Lancé dans son moment de dorlotage attentionné, il en oublia l'heure. Il était en train de caresser l'un de ses juments avec affection, lorsqu'il vit débarquer Astrid. Il fronça les sourcils en regardant l'heure. Bon sang !

- Bonjour Astrid ! Je n'avais pas vu l'heure... je suis désolé ! Hum... non, je dois prendre une douche... je ne vais quand même pas aller là-bas en sentant le cheval et en ayant de la paille sur mes vêtements...

Déjà qu'il n'était pas serein, si en plus il y allait avec encore plus d'inconfort, ça risquait de tourner au désastre. Il se hâta de retourner chez lui, Astrid sur ses talents.

- Je ne serais pas long, promis. Sers-toi à boire si tu veux !

Il monta à l'étage, ôta ses vêtements sales pour filer sous la douche. Il ne prit même pas le temps d'attendre que l'eau soit tiède. Il se sécha en vitesse, récupéra un boxer, un jean, un t-shirt pour s'habiller et redescendit, en enfilant ses chaussettes à cloche-pied.

- Je te remercie d'avoir accepté de m'accompagner... j'ai besoin d'un avis éclairé, parce que moi, les fringues, c'est pas trop mon truc... et puis j'ai peur de ressembler à un épouvantail... Je peux pas faire ça à Wolf... il manquerait plus que je lui colle la honte, tu vois ?

Il stressait et ça se voyait. Lui qui d'ordinaire était plutôt calme et posé, il n'arrêtait pas de plisser le front, soucieux, de tordre ses doigts. Même quand il lui annonça qu'il était prêt, il donnait l'impression de partir pour l'abattoir. Rares étaient celles et ceux qui suspectaient que sous cet air robuste, se cachait quelqu'un de sensible et d'anxieux.