Libre • L'hôpital est un endroit où l'on donne, où l'on reçoit et où l'on espère.

TW : bébé M*rt né

La nuit a été longue aux urgences, comme c'est régulièrement le cas dans ce service précisément. Un double accident sur une petite route de campagne aux abords d'Hambourg, survenu aux premières lueurs du matin, parachève cette nuit rocambolesque. Des cernes sous les yeux, la blonde n'a pas vraiment eu le temps de se reposer pendant sa garde, ou à peine. On pourrait croire que l'hôpital est tranquille, la nuit. Mais ce n'est pas toujours le cas. La vie ne s'y arrête jamais. La mort non plus. Cette nuit, une collègue a perdu une patiente et Eleonora, elle-même, a bien cru en perdre une. Cette nuit, dans ce même hôpital, huit bébés ont poussé leur premier cri. L'un d'entre eux, malheureusement, n'a pu s'exprimer. Une mère a hurlé dans l'obscurité de la nuit. Un père a vu sa vie se fracturer en deux. Et les infirmières ont à peine eu le temps de s'en remettre que, déjà, une nouvelle naissance les attendait. Qu'un autre couple, une autre famille, avait eut besoin de leurs services. L'hôpital est une fourmilière. Une fourmilière dans laquelle on ne s'ennui jamais.

Attrapant un gobelet de thé à la machine à café de la salle des infirmières, Eleonora pousse un long soupir en observant un point fixe sur le mur qu'elle ne voit même pas. Elle absorbe le liquide en trois secondes, grimaçant au passage comme il est un peu fade. Il faudra qu'ils fassent vérifier le distributeur, ce n'est pas la première fois que ça arrive depuis le début de sa garde. Elle s'en occupera plus tard, le fera remonter à la responsable. Pour l'heure, elle quitte la salle en rejoignant la salle d'attente des urgences pour y prendre un dossier, appeler le patient et l'examiner. Ce matin, ils sont peu nombreux à se bousculer ici. Tant mieux. Après la nuit agitée qu'elle a connu, Eleonora préfère ça. C'est toujours mieux une salle tranquille, avec des patients calmes, que quand les gens perdent les pédales, ce qui est déjà trop récurent.

"- J'ai finis vos sutures !" annonce-t-elle avec un grand sourire avant de lui donner la marche à suivre pour l'hygiène dans les prochains jours.

Le libérant, elle retourne dans le hall d'accueil, attrape un dossier sur la pile du bureau d'accueil et appelle le nom du patient, poursuivant sa garde, inexorablement.