Lisett ♔ A baby is something you carry in your heart until the day you die.

@Garrett Dinckel - 15 Avril 2024

Elle regarde l’engin entre ses doigts, fixant le résultat inscrit sur celui-ci, peinant encore à réaliser ce qu’elle lit, à réaliser que c’est vraiment vrai. Qu’enfin, ses prières ont été entendues. Que, dans quelques mois, elle donnera vraiment naissance à son enfant, celui qu’ils se sont promis avec son mari, sur l’autel du mariage. Ce bébé qu’elle attend depuis deux ans maintenant, ou presque, et qu’elle désespérait de pouvoir porter un jour, au point qu’elle a déjà fait deux autres tests aujourd’hui. Des tests indiquant tous le même résultat. Deux petites barres qui changent une vie. Deux petites barres qui, depuis les premières heures de la matinée, lui apprennent ce qu’elle désespérait d’apprendre un jour. Enceinte. Enfin.

Jetant précautionneusement le test, elle rejoint le lavabo, passant ses mains sous le jet, encore bouleversée par la nouvelle. Trois tests positifs, ce n’est plus un hasard, plus un faux espoir. Trois tests positifs, c’est une évidence. Une confirmation. Et en croisant son reflet dans le miroir, elle ne peut s’empêcher de sourire, de rire, heureuse comme elle l’a rarement été, ces derniers mois. Enceinte. Enfin. Le cœur qui bat et les émotions dans tous les sens. La conscience qu’elle ne pourra jamais cacher ça à Garrett, pour lui faire une belle annonce comme font ces femmes sur internet. Elle ne sait pas comment elles font, ces filles, pour avoir la patience de monter toute une mise en scène. Elle, elle a juste envie de courir jusqu’à lui, dans ce tribunal soudainement coloré, débouler dans la salle d’audience et annoncer la nouvelle. Même si ça ne se fait pas. Même si elle a conscience qu’elle ne devrait pas le faire.

Ses pas, pourtant, la conduisent instinctivement jusqu’à cette salle où elle le sait occupé à traiter elle ne sait quelle sordide affaire, encore. Et avant même qu’elle n’ait pu vraiment peser le pour et le contre, ou réfléchir à ce qu’elle va faire, ou dire, elle pousse les portes de la salle, attirant sur elle l’attention de quelques-uns dans le grincement des charnières, qui lui fait réaliser la situation. Qu’est-ce qu’elle fait ? Elle ne devrait pas être là, faire ça. Mais maintenant qu’elle est là, maintenant qu’elle a de toute façon interrompu tout le monde, ce n’est pas comme si elle pouvait reculer. Et ce d’autant plus que, croisant le regard de son mari, elle sait qu’il ne pourra pas continuer cette audience, pas en se demandant ce qu’elle pouvait avoir, pour faire irruption comme ça dans la salle. Mais les mots lui manquent et, finalement, elle s’installe sur un banc au fond de la salle, essayant tant bien que mal de prendre ce dernier en patience.

@Garrett Dinckel - 15 Avril 2024

La salle, baignée dans une lumière tamisée, semblait suspendue dans le temps, chaque personne présente retenant son souffle alors que le juge, Garrett Dinckel, observait la scène depuis son siège surélevé. Son regard perçant balayait la pièce, captant chaque détail, chaque expression sur les visages des protagonistes qui l'entouraient. Les avocats travaillaient depuis plus de deux heures pour mettre à jour leur stratégie et défendre leur partie. Les avocats échangeaient des mots et des regards tendus auprès de leur client respectif. Tous tentaient de se réconforter car cela devenait de plus en plus pénible à continuer. Les membres du jury, assis en rangées ordonnées, semblaient absorbés par leur propre réflexion, examinant les preuves présentées avec une attention soutenue. Leur responsabilité pesait lourdement sur leurs épaules, chacun conscient de l'impact de leur décision sur la vie de l'accusé et sur la quête de justice. Le procureur, debout à l'autre bout de la salle, émettait une présence imposante, sa voix résonnant avec assurance alors qu'il exposait les preuves contre l'accusé. Chaque mot était choisi avec soin, chaque argument élaboré avec précision dans le but de convaincre le jury de la culpabilité de l'accusé.

Et au milieu de toute cette plaidoirie, le grincement de la porte interrompit le tout et tout le monde porta son regard vers l'entrée de la salle, Garrett y comprit. Son regard feinta une surprise, un éclair dans ses iris, mais il reprit très vite son flegme. Celui qui pouvait faire frissonner les plus téméraires. Durant un laps de temps, c'est le silence complet. Garrett prit une profonde respiration et ordonna à ce que le procureur reprenne sa plaidoirie là où il l'avait laissé. Le temps qu'il résumait et qu'il retrouvait le fil, le juge jeta un coup d'oeil vers sa femme. Quelque chose clochait, Lisa ne venait jamais au cours d'une de ses affaires pour une raison quelconque. Elle était là alors il rassura son coeur qui reprit un rythme plus serein mais alors qui avait des ennuis ? Joah ? Jay, Josh ?

Il s'appuya sur sa main, son coude sur son bureau en équerre. Il ne savait plus quoi faire pour cacher l'inquiètude qui l'étreignait. La salle devenait de plus en plus irrespirable à mesure que les minutes défilaient dans la cour. Pourtant, il s'était toujours plus sentit chez lui dans une salle d'audience que n'importe où ailleurs. Cependant, sa femme était là et il était frustré d'ignorer la raison de sa présence. Qu'avait-elle besoin de lui annoncer qui ne pouvait pas attendre ce soir ? Il s'en voulait de ne pas être assez attentif à ce qui se passer mais c'était une affaire importante, voire même sordide. Elle était pour quelque chose, et il voulait savoir de quoi il en retournait. Alors il se racla la gorge lorsque le procureur retourna dans à son pupitre et rejoignit ses deux mains. Le quarantenaire, le plus jeune juge encore connu en Allemagne, savait que la moindre parole était jugé. La moindre petite erreur de sa part ferait couler de l'encre même si Garrett avait déjà montré son indépendance et sa façon de faire respecter la loi sous sa juridiction. Aucune pitié, aucune déloyauté, aucun pot de vin. « Très bien, je pense que tout le monde est fatigué. On reprendra demain à 9h, l'audience est suspendue pour aujourd'hui. » Le marteau s'abat avec un bruit sec et distinct, marquant ainsi la fin d'une phase de l'audience et rappelant à tous l'autorité du tribunal. Il se leva et quitta la salle par la porte dédiée à lui.

Son coeur se serrait à mesure qu'il se précipitait dans son bureau dans le but d'attendre sa femme qui devait pouvoir l'atteindre quasiment en même temps que lui. Il laissa même la porte entre ouverte tandis qu'il se défaisait de sa robe de juge. il la rangea soigneusement dans son armoire et il se retrouva à faire les cent pas dans son bureau. La lumière était tamisée par les stores en biais, laissant la juste couleur dans son bureau, parquet propre et quasiment parfait, le cuir traité mais on pouvait voir la matière un peu usé par endroit. Des bruits de pas retentissaient dans le couloir calme des bureaux qui entouraient le sien, il reconnaitrait cette démarche entre mille. Lorsque la porte s'ouvrit, il se précipita pour attirer sa femme dans ses bras et la serrer. Il fallait qu'il calme son anxiété, l'angoisse d'une nouvelle qui allait certainement le dévaster. « Seigneur, du moment où tu es entrée, j'ai eu envie de mettre fin à l'audience! » Il la décala, l'inspecta et l'embrassa : « Tu vas bien ? Qu'est-ce qui se passe ? »

@Garrett Dinckel - 15 Avril 2024

Elle se sent impatiente et ne sait pas vraiment comment gérer la situation, alors que l'audience reprend rapidement une fois qu'elle s'est installée, son cher et tendre demandant au magistrat qu'elle avait interrompu de reprendre son plaidoyer. Aussi patiemment que possible, sur son siège, la jeune femme joue avec ses doigts, avec le tissu de sa jupe, trouve des occupations pour prendre son mal en patience, pour essayer de faire passer le temps plus vite, sans vraiment y parvenir. Comment peut-elle être encore assise là, alors qu'elle brûle d'impatience de le retrouver ? Alors qu'elle brûle d'envie de lui annoncer la grande nouvelle ? Cette nouvelle qui va bouleverser leur vie, leur existence, et qu'elle attend de lui annoncer depuis si longtemps déjà. Trop longtemps.

Enfin, l'homme annonce que tous sont fatigués et qu'il vaudrait mieux reprendre la séance le lendemain matin, à 9h précise. Sans attendre, il abat son marteau sur le pupitre puis se lève, s'éloignant pour rejoindre la porte de la magistrature, alors que la salle s’anime, que tous commencent à sortir, dans un brouhaha assourdissant. Évidemment, Lisa sort parmi les premières, étant au bout de la salle, avant que la masse de spectateurs ne lui bloque le passage, et part rapidement en direction du bureau de Garrett, l'atteignant quelques minutes plus tard. Vraisemblablement, le juge est déjà là, puisque la porte est entrouverte. Lisa ne se pose guère de questions avant de la pousser alors, deux bras venant l’envelopper immédiatement, l'homme affirmant qu'il avait eu envie de mettre fin à l'audience dès le moment où elle avait franchi le pas de la porte de la salle. À l'évidence, il a eu peur, s'étant demandé ce qui pouvait la conduire jusqu'à lui en pleine journée, alors qu'elle le savait occupé. Alors qu'il était au travail.

Il l'éloigne un peu de lui de sorte à la contempler, l'inspecter plutôt, comme s'il voulait s'assurer qu'elle n'a vraiment rien, posant la question en même temps. Il est vrai qu'il n'est pas très habituel que la jeune femme vienne le voir dans sa salle d'audience. En général, elle évite de le déranger pendant son travail, à moins que ça ne soit urgent. Mais jamais, jamais, elle ne vient le déranger pendant une audience. Dans le pire des cas, elle lui envoie un message. Mais l'intrusion de tout à l'heure ? Ça ne lui ressemble pas. Ce n'est pas habituel. Mais aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres. Et elle explose, elle exulte.

"- On va avoir un bébé !!!" annonce-t-elle sans même articuler. "On va avoir un bébé..."

@Garrett Dinckel - 15 Avril 2024

On va avoir un bébé!!!

Ces mots résonnaient dans sa tête comme un coup de marteau. Lisa n'avait pas articulé, il était évident qu'elle s'était gardée de le dire pendant bien trop longtemps. Tous les scénarios catastrophes qu'il s'était imaginés jusqu'à ce moment-là s'effondraient un par un. Il reprenait enfin les couleurs qui l'avaient quitté quand il avait vu sa femme entrer dans sa salle d'audience. Il pouvait apprécier l'allure et la tenue de Lisa à sa juste valeur. Cependant, les mots de sa femme tournaient en boucle dans sa tête, créant un tourbillon d'émotions contradictoires. L'anxiété, la joie, la peur et l'excitation se mélangeaient dans son esprit, formant un tableau complexe et troublant. Garrett était aussi désireux que sa compagne d'accueillir cet enfant, cherchant à renforcer leur lien tout en réalisant le vœu profond de sa femme. Alors que cette réalité prenait forme dans son esprit, une bouffée d'émotions le submergea lorsqu'il prononça avec une certaine fierté : Je vais être papa. Cette phrase, chargée de significations, se mêla à la course de la première, captivant même le juge qui, surpris, contemplait la scène, devant le nouveau chapitre de sa vie.

Cette révélation bouleversante sur le point d'être partagée avec le monde entier ajouta un élan d'énergie. Les battements de son cœur résonnaient dans le silence de ses pensées, mêlant l'excitation à une certaine appréhension face à cette nouvelle aventure qui s'annonçait. Pour Garrett, chaque minute devenait désormais une promesse, un engagement envers l'avenir qu'il construirait avec sa famille naissante. Et tandis que le juge tentait de reprendre ses esprits devant cette scène imprévue, Garrett gardait tout de même sa prestance, portant sur ses épaules le poids exaltant de cette révélation imminente. Ressentait-il ce bonheur, cette excitation, cette nouvelle énergie.

On va avoir un bébé…

C'était incroyable. Une fois de plus, sa femme dissipait les moindres doutes qui auraient pu surgir dans un rêve. Lisa ressentait le besoin de partager cette nouvelle, mais Garrett avait tout autant besoin de l'entendre. Dans cette réalité merveilleuse, une surprise incroyable se profilait après deux années de tentatives infructueuses et de tests de fertilité qui n'avaient révélé aucun problème. Cette nouvelle réalité les enveloppait d'une joie incommensurable, effaçant les épreuves passées et illuminant leur avenir d'une lueur prometteuse. Chaque instant de ces derniers moments s'était révélé être un précieux éclat dans leur voyage ensemble, renforçant leur lien et nourrissant leurs espoirs. Maintenant, avec cette nouvelle étape à franchir, leur amour prend une dimension encore plus profonde, les propulsant vers un horizon où chaque jour serait empreint de nouvelles découvertes et de bonheur partagé. Et tandis que Lisa cherchait les mots pour exprimer leur bonheur, Garrett écoutait avec une gratitude infinie, conscient de la bénédiction qui s'épanouissait entre eux.

« On va avoir un bébé ?! » demanda-t-il, savourant le son de ses propres paroles. Il se passa une main dans ses cheveux, les ébouriffant au passage, et laissa échapper un rire, victorieux et guttural. « Oh mais, es-tu sûr ? » demanda-t-il, après quelques allers-retours, avant de revenir vers sa femme pour poser ses mains sur ses avant-bras. Sur un coup de folie, il souleva délicatement sa femme, un bras glissé derrière son dos et l’autre sous son dos, la portant comme lorsqu’ils s’étaient mariés : « Oh c’est merveilleux, c’est incroyable ! Je suis tellement heureux. » Et il tendit le cou vers elle pour lui prendre un baiser tendre.

@Garrett Dinckel - 15 Avril 2024

Elle exulte et son coeur bat la chamade. Elle va avoir un bébé. Ils vont avoir un bébé. Elle porte dans son ventre le fruit de leur amour, celui qu’elle désespérait de porter un jour. Celui qu’elle avait peur de ne jamais voir le jour. Mais il est là, enfin, niché en son sein, attendant patiemment son heure, celle où ils tomberont amoureux au premier regard. Si tant est qu’elle ne soit pas déjà follement en amour avec ce petit être. Devenir mère, c’est sentir son cœur s’inonder d’amour avant même la première rencontre. Ce n’est peut-être pas vrai pour toutes les mères mais c’était vrai pour elle, comme ça l’avait été pour la sienne.

Il répète ces mots comme s’il avait peur d’avoir mal entendu, comme s’il craignait de les avoir rêvé, peut-être, et elle hoche la tête vigoureusement pour les confirmer. Oui, oui, ils vont avoir un bébé. Une petite fille ou un petit garçon, ils ne peuvent pas le savoir, qui porteront leur nom, qui auront leurs traits. Un mini eux. Un petit bébé. Enfin. Après des mois et des mois d’essais, de tentatives infructueuses, elle l’attend enfin, ce petit bébé bonheur et il lui tarde déjà de l’avoir entre ses bras, de pouvoir le bercer, le presser contre son cœur. Il lui tarde de l’avoir auprès d’elle, auprès d’eux. De l’entendre pousser son premier cri, de voir à quoi il ressemblera. Aura-t-il les yeux de Garrett ? Aura-t-il la rousseur des Plandowska, la famille de sa grand-mère ? Ils ne le sauront pas avant plusieurs mois, mais elle a déjà hâte de le savoir.

"- J’irais faire une prise de sang demain pour en être certaine, mais j’ai déjà fait trois tests aujourd’hui !" affirme la demoiselle, un grand sourire aux lèvres.

Après un petit retard, elle avait fait un premier test ce matin. Puis, au moment de la pause déjeuner, elle était sortie en acheter deux autres, de peur que celui du matin ne soit pas suffisant. Qu’il soit une fausse joie. Mais non. Loin de là. C’est un vrai test positif qu’elle a pu voir, par trois fois, tout au long de sa journée. Alors bien sûr, demain, à la première heure, elle ira au laboratoire pour s’assurer de confirmer ce résultat. Elle qui n’est pas une adepte des aiguilles, au contraire, ne peut même pas penser à sa peur, dans l’immédiat.

Il l’attrape, la fait tournoyer, la berce contre lui et dérobe ses lèvres, heureux, affirmant l’être. Ils allaient enfin avoir cet enfant qu’ils espéraient, fonder leur propre famille. Ils allaient enfin pouvoir l’élever, cet unique bébé qui serait le leur. Ils n’en demandaient pas plus. Juste un enfant, un seul, pour parfaire leur bonheur.

"- On va avoir un bébé !" répète-t-elle en riant.