Henry Nowak ne possédait pas le charme d'un séducteur ; pourtant, il aimait flâner de fleur en fleur à la recherche d'un plaisir coupable, en plus de ça, il était rare de le voir s'éprendre véritablement de quelqu'un.Il prenait plaisir à la compagnie féminine, particulièrement avec celles qui engageaient la conversation ou celles qui désiraient simplement sa présence dans leur lit, prêtes à satisfaire l'homme qu'elles souhaitaient retenir un peu plus longtemps. Il n'avait pas de préférence spécifique en termes d'apparence ou de silhouette ; ce qui importait, c'était la personnalité, le charisme, le style de la personne. Henry appréciait être mis au défi, bousculé, donc s'il constatait que la jeune femme manquait de caractère, il se lassait rapidement de sa compagnie. Plus vite, pouvait-il se dire.Il laissa échapper un soupir en passant une main dans ses cheveux, un geste récurrent qu'il ne pouvait refréner, et scruta les passants autour de lui : par moments, absorbés par leur routine quotidienne, ils semblaient ignorer leur entourage, tandis qu'à d'autres instants, ils étaient attentifs et réagissaient avec frustration si quelque chose venait perturber le fil de leurs pensées. Il ne savait pas trop pourquoi il se trouvait à cet endroit précis, mais quelque chose lui soufflait qu'un lieu public n'était pas le cadre le plus approprié pour ce qu'il s'apprêtait à faire : mettre fin à une relation qu'il avait laissée s'éterniser bien trop longtemps. Malheureusement, cette relation prenait une place démesurée dans sa vie déjà bien chargée par son travail et la présence de Rose, sa protégée. Son départ imminent pour une compétition en Russie se profilait à l'horizon, et il ne voulait pas être dérangé par des appels téléphoniques ou des freins émotionnels. Il avait entraîné sa patineuse avec une intensité sans pareille, travaillant sur des enchaînements de patinage d'une exigence extrême, espérant la démarquer de la concurrence et remporter la compétition. Cette victoire lui tenait à cœur, il désirait la vivre pleinement, même si ce devait être à travers les succès de sa protégée.
Il saisit son téléphone, commença à composer un message, puis l'effaça presque immédiatement. Rompre par message ou agir de manière lâche ne correspondait pas à son style. Il avait un faible pour les femmes au tempérament affirmé, attiré par leur force, leur détermination et leur passion. Ces traits de caractère l'enthousiasmaient autant que les ruptures directes et sans détour qu'il affectionnait. Aussi, il remonta la rue tout en évitant les plus énervés des passants et rejoignit les métros, il n'était pas amoureux, son seul et unique amour était son travail, le coaching, le patinage. Il y avait déjà trop de monde pour en introduire une autre afin qu'il assume chacune de ces relations de manière équitable.Il ressentait sincèrement des regrets à chaque fois que cela se produisait, conscient que son attitude pouvait le faire passer pour un individu dépourvu de sensibilité, surtout lorsqu'il s'agissait de liens affectifs. Cette appréhension était amplifiée depuis qu'il avait découvert que sa première petite amie avait accouché d'un fils, alors que celui-ci était déjà bien avancé en âge pour être considéré comme un nouveau-né. Il n'avait pas osé le rencontrer, ne sachant pas comment réagir face à un enfant qui aurait pu le repousser. Toute personne connaissant bien Henry aurait pu affirmer qu'il avait une profonde aversion pour le rejet. Il préférait que les choses viennent de lui, il se sentait certes coupable mais son redflag ne s'activait pas non plus. Il se dirigea donc vers l'appartement d'Emily, là où elle lui avait indiqué être, entre deux messages où il lui avait signifié qu'ils devaient avoir une conversation. Cela avait donné le ton mais il n'était pas du genre à tourner autour du pot. Après quelques arrêts, Berlin s'emplissait et se désemplissait à mesure que le temps filet aussi lentement que ce métro.
Quand il frappa à la porte, il se passa une main dans les cheveux, se sentant néanmoins nerveux. La porte s'ouvrit et lorsqu'il vit le visage d'Emily apparaître derrière celle-ci, un sourire se dessina sur ses lèvres :
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Salut Em. Est-ce que je peux entrer ? »