Le Capitaine de la situation || CERIS&&JAYDEN

« Tu viens prendre un verre avec nous chef ? » La surprise gagna ton visage. Tu n’avais pas entendu ta collègue entrer dans ton bureau et tu avais été pris de court. Te regard dévia à plusieurs reprises entre ton écran d’ordinateur et le visage de ton amie des dernières années. Lentement tu secouas négativement la tête. « Pas ce soir, j’ai un rapport à finir. » Tu jetas un nouveau coup d’œil à ton écran où il n’y avait pas de rapport. Seulement un enregistrement vocal que tu ne pouvais pas t’empêcher d’écouter encore et encore. « Tu vois, c’est pour ça que je ne serai jamais cheffe. Je te laisse ta place. À demain Jay’. » Un demi-sourire naquit sur tes lèvres devant l’honnêteté de ton amie. Elle te fit un signe de la main avant de quitter ton bureau pour aller rejoindre le reste de l’équipe. Vous étiez devenus une sorte de famille depuis le temps et ce n’était pas rare que vous alliez prendre un verre après une longue journée. Surtout en ce moment où tu n’avais plus de vrai chez toi à rejoindre. Certes, tu te rendais chez Anneliese, mais tu restais avec cette impression de déranger. Lui préparer à manger, ce n’était pas suffisant pour toi, tu voudrais l’aider davantage.

Ce soir, tu n’étais pas d’humeur à faire la fête. Tu avais encore très peu dormi, à te perdre sur la toile à la recherche du moindre détail qui pourrait faire avancer ton enquête. Sauf que tu te retrouvais vite bloquer. Tu n’avais pas les outils nécessaires pour pousser davantage et tu commençais à avoir l’impression d’avoir tout donné. Il n’y avait pas grand-chose que tu pouvais faire de plus, sauf… Oui. Tu savais exactement l’option qui te restait. Peut-être que cette option n’allait pas apprécier ta venue, mais tu lui ferais bien comprendre que tu avais besoin d’aide. Le chef des opérations du 112 qui avait besoin de la capitaine de la police, ça le faisait, non ? Pourquoi elle plutôt qu’un enquêteur ? Parce qu’elle était nouvelle. Ce n’était sûrement pas très fair play de ta part de profiter de sa position, mais tu avais déjà tout tenté avec les autres. On avait mis ton dossier de ton côté te faisant comprendre qu’il était trop tard. Tu refusais qu’il soit trop tard alors tu fis imprimer les dernières photos que tu avais récupéré et tu les ajoutas à la chemise qui te service de dossier. Cette histoire de disparition te rendait fou, tout simplement. Il serait plus saint pour toi d’abandonner, mais tu ne le ferais jamais. Tu avais un devoir à terminer envers ce gamin et tu allais le faire jusqu’au bout.

C’est avec ton dossier sous le bras que tu quittas le centre des opérations afin de te diriger vers le poste de police. Tu ne connaissais pas beaucoup le Capitaine Meyer encore. Vous aviez eu l’occasion d’échanger plusieurs fois via téléphone, mais tu ne l’avais pas encore rencontré. Il y avait une première à tout, non ? Tu profitas de ta position de chef des opérations pour être guidé vers le bureau du capitaine peu de temps après ton arrivée. Tu frappas à sa porte quelques coups et tu te permis d’ouvrir. « Capitaine Meyer ? Jayden Crawford, du 112. » Tu t’approchas de son bureau et tu lui tendis la main afin de te présenter d’une manière plus officielle. « C’est un plaisir de vous rencontrer. Peut-être pas autour d’un verre comme nous avions prévu, mais nous aurions l’occasion de nous reprendre, non ? » Sans tourner autour du pot davantage, tu déposas ta chemise sur son bureau et tu la fis glisser dans sa direction. « Je me suis permis de venir vous voir directement, car j’ai besoin de votre aide. »

C’était toujours plaisant de pouvoir mettre un visage sur un nom, mais tu préférais le faire dans des meilleures circonstances habituellement. Pas dans un cas où une affaire était en train de virer en obsession au point de t’empêcher de dormir. Trop tard. Tu allais te rattraper pour les bonnes manières autour d’un verre une prochaine fois. C’était quelque chose que vous vous disiez de temps en temps avec les équipes d’urgence après une lourde affaire. Que vous devriez aller fêter votre succès au bar du coin. Malheureusement, ça se faisait trop peu souvent à ton goût.

Tu n’aimais pas tourner autour du pot. Tu savais à quel point le temps des autres étaient précieux et tu évitais au maximum d’en abuser. Tu ne tardas pas à tendre ton dossier à Ceris. Tu la laisses feuilleter un moment, ne t’attardant pas sur sa question. Elle n’avait pas besoin de toi pour comprendre de quoi il s’agissait. Tu la laissas continuer son observation avant de pousser un profond soupir. Même si ça te décourageait, tu étais prêt à te répéter encore et encore au sujet de cette histoire. Tu étais prêt à tout faire dans l’espoir de retrouver cet enfant. « Nous avons besoin de sang frais dans cette histoire. D’une personne avec le recul nécessaire pour, j’espère, voir le détail qui nous manque. » Tu pinças les lèvres un instant. « Ça fait plus d’un an que je travaille sur cette affaire et je l’admets, je crois que je ne vois plus clair. » Déjà, ce n’était pas ton boulot. Et Ceris allait très bien comprendre ce que tu voulais dire. Tu avais le nez collé dans ce dossier. « Sachez que j’ai conscience que ce n’est pas mon boulot et que vos équipes ont déjà exploré de nombreuses pistes, mais s’il vous plait, ne me dites pas de laisser tomber. Je ne le ferai pas. Je suis la personne qui a reçu cet appel et j’ai un travail à terminer. » Ce gamin comptait sur toi. Ce gamin avait appelé le 112 pour obtenir de l’aide et tu n’allais pas le laisser en vain. Tu ne connaissais pas Ceris, tu ne connaissais pas son point de vue sur la question, mais tu avais préféré mettre les points sur les i directement. Personne n’allait pouvoir te raisonner sur cette affaire. Si elle ne voulait pas t’aider, tu ne lui en tiendrais pas rigueur, mais toi, tu n’allais pas abandonner pour autant. « Est-ce que vous acceptez Capitaine Meyer de jeter un coup d’œil à cette affaire ? » Tu ne lui demandais pas d’y passer des nuits entières comme tu pouvais le faire, mais ça serait une victoire pour toi si elle acceptait d’explorer le dossier. Tu étais même prêt à tout lui résumer au besoin. Tu connaissais chacune des feuilles par cœur.

Ta mine s’assombrit tandis que tu ne retiens pas ton soupir. Tu n’avais pas nécessairement eu des remarques positives dernièrement sur ce dossier… Ni même dans les mois précédents. C’était frustrant. Tu avais l’impression que tout le monde avait laissé tomber ce petit garçon beaucoup trop vite. Ça te mettait hors de toi. En même temps, ça ne me prenait pas grand-chose pour te retrouver dans tous tes états. Tu avais encore des petits soucis de ce côté.

« Vos collègues m’ont fait comprendre plus d’une fois que je devrais laisser tomber l’affaire. Que ça fait beaucoup trop longtemps et que le gamin peut être n’importe où aujourd’hui. » Tu évitas de préciser aussi qu’on t’avait laissé sous-entendre qu’il était sans doute mort. Peu importe pour toi, tu voulais ramener des réponses à la mère de cet enfant. Que ce soit des bonnes ou des mauvaises nouvelles. Elle avait le droit de savoir ce qui s’était passé. « Ils n’ont pas encore classé le dossier. Je sais que la mère du petit appelle chaque semaine pour le garder ouvert, mais je sais aussi qu’il n’y a plus personne qui travaille activement sur ce cas. » Tu n’avais pas peur de dire les choses, de faire des suppositions. Peut-être que Ceris allait te dire l’inverse, qu’il y avait toujours une équipe sur l’affaire. Tu voulais y croire, mais tu étais persuadé du contraire.

C’est finalement un léger sourire qui naquit sur tes lèvres et tu fis un signe de tête de remerciement vers la femme. Elle venait d’affirmer que tu pouvais compter sur elle. Ça faisait plaisir à entendre. Tu t’étais fait fermer la porte si souvent que tu allais profiter de chaque porte qui allait rester entrouverte. « Merci beaucoup Capitaine. Je sentais que je pouvais compter sur vous. »

Tu repris délicatement le dossier des mains de la femme avant de t’installer sur l’une des chaises devant son bureau. Tu ouvris la chemise en carton pour pointer la première feuille : « J’ai reçu l’appel du petit garçon, Loïs, le 19 Janvier à 21h03. Il était caché sous son lit à cet instant précis. Il avait peur pour sa mère. » Et tu continuas ton monologue pendant de longues minutes tandis que tu résumais l’affaire à Ceris. Pour finalement t’arrêter sur la dernière page. « C’est à cet endroit qu’on a perdu la trace du véhicule. J’ai fait regarder toutes les caméras autour de cette zone, la voiture a disparu. J’ai le sentiment que le père a changé de voiture. Qu’il avait peut-être un complice et que tout était prémédité. » Une moue se dessina sur ton visage. Tu avais tout faire pour tâcher d’en savoir plus, mais en vain.