dryan bauer ♔ this one's for elise

Je m'attendais à ce que tu me dises bonjour. J'étais déjà terrifié à cette pensée. Même à la petite école, quand le gars populaire s'approchait tout à coup, on se recroquevillait sans savoir quoi faire. Et il faut dire que tu étais deux fois plus grand et plus épais que moi. Deux ans de différence, un d'avance pour moi, un de retard pour toi. Deux mains qui se sont refermés sur le col de mon manteau, soigneusement boutonné pour faire plaisir à maman. Et mes pieds ont décollé du sol. Tu riais. Aucun effort. Juste le plaisir de rire à mes dépens et d'entendre ta cour rire à l'unisson autour de toi. Tu en avais besoin, tu y étais accro. Bouffé par des hontes cachées auxquelles je ne comprenais rien. Je n'en ai pas dormi de la nuit. C'était donc ça, l'école ?

L'année suivante, tu étais déjà un pré-adolescent. Ta musculature se dessinait et je te regardais nager avec une fascination maladive que je ne pouvais pas encore interpréter. D'un seul coup, tu as surgi hors de l'eau pour m'attraper à bras-le-corps, et je me suis senti basculer. Je n'avais plus d'air. Je me débattais frénétiquement, en vain. Je tombais amoureux de toi, et j'ai cru que j'allais en mourir. En rentrant, j'ai dit à maman que tu m'avais encore embêté, et elle m'a conseillé de ne plus faire attention à toi, de t'ignorer... Je n'en étais pas capable. J'en ai rêvé toute la nuit. Cette étreinte violente et presque dénudée, sous le voile transparent de l'eau. Je commençais à mesurer à quel point tu étais dangereux.


Et maman avait raison, bientôt tu as tourné ton attention vers d'autres proies : les filles. J'ai eu de très bonnes notes cette année-là. Comme récompense, j'ai pu choisir une animation pour mon anniversaire. Je savais que tu suivais des cours de cirque, et je suis allé te voir en balbutiant. Est-ce que tu connaissais un clown ou un acrobate ou un magicien qui pourrait animer la fête ? Tu m'as annoncé que tu étais déjà un cracheur de feu confirmé, et que ça t'arrangerait de donner un spectacle pour confirmer ton niveau. J'étais tellement heureux d'accepter. Et puis, les pompiers ont éteint les flammes qui dévoraient ma pile de cadeaux sous une montagne de neige carbonique, et tu t'es sauvé en riant.

Les années passaient, nous étions presque adultes et j'aimais toujours ton rire. Tu faisais ton jogging avec ton chien dans le parc en bas de chez moi. Je dessinais dans mon carnet, assis dans l'herbe, et je te faisais un petit signe de la main. Ce soir-là tu es venu me trouver avec, à la main, une bière qui n'était pas ta première de la soirée. Tu m'en as offert. Je me suis senti partir. Tu m'as embrassé. Tu m'as fait mal. J'ai protesté vaguement et tu m'as roué de coups. Je n'osais pas me défendre, j'avais peur de ton chien. Tu es parti sans même t'assurer que j'étais encore vivant. J'ai encore le carnet avec les traces de sang. C'est ton portrait que j'avais dessiné. Je l'ai accroché au mur, et je me suis mis aux fléchettes.


Fin de l'école. Nous allions nous séparer, peut-être pour ne plus jamais nous revoir. Il fallait que je te le dise, ne serait-ce que pour ne plus avoir de regrets. Moi, j'étais sérieux quand j'avais dix-sept ans. Je ne sais pas à quel point je me suis mis à pleurer, mais mon discours était tellement maladroit, et ton visage était tellement fermé ! Pourtant, ça ne t'avait pas coupé le sourire ni l'inspiration. Tu avais dansé toute la soirée avec Amel. Tu l'as embarquée dans ta petite voiture d'occasion et j'ai regardé, de loin, le véhicule se mettre en mouvement, tout en restant à l'arrêt. J'avais une bière à la main, mais à la première gorgée, la nausée est montée d'un coup. Je suis devenu très fort aux fléchettes, tu sais ? L'entraînement. Maman appelait ça une obsession malsaine.

Elle m'a téléphoné un soir. J'étais vautré sur mon lit au milieu de mes notes de cours, dans ma petite chambre du campus, occupé à préparer mon exposé du lendemain. Sur le deuil dans l'oeuvre de Shakespeare, je crois. Je me suis décomposé en entendant la froideur dans sa voix. Elle savait. Tu l'avais raconté à tout le monde. Ils se moquaient tous de moi. En quoi c'était différent de toutes les autres fois ? Je ne pouvais plus la comprendre. Et elle ne pouvait plus me comprendre. Et j'ai raté mon exposé, le lendemain. J'ai raté mon année, et je ne pouvais plus rentrer à la maison. J'ai squatté chez un ami, j'ai bossé dans un fast-food. Les étudiants venaient commander à manger en discutant de leurs journées si difficiles, et moi, j'aurais tué pour être encore à leur place.


J'ai trouvé ce job de barman au motel à la sortie d'autoroute, là où tu venais traîner avec tes copains bikers. Tu ne m'as pas reconnu d'abord, j'avais beaucoup changé. Moins de joues, plus de mâchoire, et mal rasée, et les cheveux en bordel, un style qui ne m'a plus quitté. Vous faisiez pas mal de blagues homoérotiques, non ? Vous me rappeliez l'école de théâtre. Un soir, je balayais la salle pendant que le patron vous poussait vers la sortie, et tu m'as mis la main au cul. Toujours en rigolant. Je t'ai regardé droit dans les yeux. Tu t'es sauvé. Quand j'ai quitté mon poste, tes copains et toi, vous m'attendiez sur le parking. Il était très tard. Il n'y avait personne. Cette fois, j'ai passé un long moment à l'hôpital, puis en rééducation. Et je me suis dit : c'est peut-être ça qu'il te faudrait. Beaucoup de temps, cloué sur un lit blanc, pour réfléchir.

Maman était venue me voir, avec des fleurs. Je l'ai ignorée. Elle avait raison finalement, c'était assez facile. Je n'ai pas porté plainte. Les flics, je savais à quoi m'attendre avec eux. J'ai fait semblant d'être guéri de ma vieille obsession. Je n'avais plus de sang dans les veines, que de la haine. J'étais seul au milieu d'une des villes les plus peuplées et les plus vastes d'Europe, seul comme sur une île déserte. Je n'avais qu'une chose à faire de ma vie : chasser. J'enquêtais sur toi, en toute discrétion. (Plus tard, je raconterais tout ça à mon avocat, puis à la gentille jeune femme qui m'écrirait dans ma cellule, et j'aurais honte, sincèrement. Mais sur le moment, je n'avais plus rien de réel dans ma vie, que ma faim et ma proie.) Et puis, le jour de la rentrée est arrivé. Le jour anniversaire de notre rencontre.


Me voilà au pied de ton immeuble. C'est si facile, en effet, je n'ai qu'à agir comme tu le ferais. Et ce ne sont pas des fléchettes que j'ai apportées. Tu m'as enseigné l'audace et la violence, et l'absence de remords. Je suis là pour mon examen. Je ne sais pas si je serai un mauvais élève. J'entre, on va bien voir. Chaque marche des escaliers est un jour de ma vie, une rencontre avec toi qui m'a amené jusqu'ici. Pas d'ascenseur, de toute façon je ne l'aurais pas pris. Je veux sentir résonner tout ce trajet à travers mon corps. Ma dernière balade d'homme libre. Je sonne et tu ouvres, ton grand sourire railleur aux lèvres, tu attendais clairement quelqu'un d'autre. Ou peut-être que c'était à moi qu'il était adressé, depuis le début. Et puis... ton sourire tombe au sol. Comme je suis tombé à tes pieds si souvent, à genoux, rampant devant toi.

Je suis debout, ce soir. Je tends le bras et je tire. L'enfer ne nous sépare plus.
Est-ce que tu es fier de moi ? Est-ce que je suis un homme à tes yeux maintenant ?
Est-ce que tu réalises ton erreur, et ma patience, et toutes leurs trahisons ?
Et que ce soir, je suis libre, ce soir tout ça prend fin ?

On ne meurt pas tout de suite d'une balle dans la poitrine. J'ai paniqué en te regardant pâlir, ton regard fixé sur moi, plein de questions. J'ai tout oublié, parce que tu ne riais plus. J'ai appelé les secours. Ils t'ont branché à des machines infernales, ils t'ont greffé le coeur d'un mort qui était sans doute plus sensible que toi. J'ai avoué, bien sûr. Ma mère a témoigné, bien sûr. Tu es sorti du coma artificiel des mois plus tard, alors que j'étais déjà en prison. Mais quand je suis sorti à mon tour, tu étais là. Intact. Comme s'il ne s'était rien passé depuis ce premier jour à la petite école. Tu m'as traité de tous les noms. Mais tu ne riais plus. Et c'est moi, cette fois, qui t'ai attrapé par le col de ton manteau pour te faire taire.
Je t'ai donné un baiser d'adieu.
Il faut que je t'oublie maintenant. Tu comprends ? Il faut que je vive. J'en ai embrassé depuis, des actrices, des acteurs, pour les caméras, pour les journalistes, pour me rassurer... Je ris très haut, je fais la fête très tard, live fast, die young, leave a good-looking corpse, you know? Et quand je me mets à penser à toi, je me donne une claque. Je ne vais pas te mentir : ça arrive souvent. A toi, à la prison, à toi, à la mort, à toi, au sang versé. Il paraît que ça m'aide à jouer juste. Mais ça ne m'aide pas à dormir.

Félicitations !
Cette fiche est tout bonnement incroyable, j'aime beaucoup ton petit Dryan :)

Les choses sérieuses commencent
Tu fais maintenant officiellement parti de la famille 40 is the new sexy et promis, ça ne donne pas de cheveux blancs, seulement quelques fou-rires ! Il est donc temps d’ouvrir les valises !

Dans un premier temps tu dois absolument aller suivre ce sujet qui te permettra d'être toujours prévenu de l'actualité sur le forum.

Dans un second temps tu peux poursuivre en allant vérifier que ton avatar soit bien ajouté dans le bottin des avatars avant de recenser ton métier et te trouver un logement avant d'ouvrir ta fiche de liens histoire de te faire pleins d’amis, puis ouvrir ton téléphone et des comptes sur les réseaux sociaux pour discuter avec ces derniers ! Si tu as besoin de quelque chose de précis, tu as toujours la possibilité de créer ton propre pré-lien ou ton scénario

Avant de te plonger dans le jeu, si tu n’as pas déjà lu l’annexe concernant l’Allemagne, tu peux passer par ici. Cela fait, tu pourras chercher des sujets et jeter un oeil aux associations.

Le hors jeu
Tu peux tous nous retrouver du côté du flood pour papoter, ou voir s'il y a quelqu'un sur la chatbox, mais également rejoindre le DISCORD DU FOFO. Les jeux sont aussi là pour que tu puisses t'amuser !

Pour finir, le forum a toujours besoin d'aide avec ses top-sites.

Nous te souhaitons beaucoup de belles aventures sur le forum !

Le Staff