David * C'est toujours plus motivant en famille

La trentenaire jette un regard à sa montre comme un dernier parent s'éloigne, son enfant au bout du bras. La journée de cours terminée ne signifie jamais pour elle que la journée le soit également. Alors que les enfants profitent de leur après-midi pour s'adonner à leurs activités extrascolaires, Adélaïd de son côté doit s'occuper des corrections, de la préparation de ses séquences, de ses séances, des ateliers à venir. Ayant une heure devant elle, l'enseignante retourne rapidement dans sa classe, sortant rapidement ses livres de didactique pour les étaler sur le bureau et commencer à travailler. Heureux l'enseignant qui, n'ayant pas la même conscience professionnelle, ne réajuste jamais ni sa progression ni des cours et qui, au bout de trente ou quarante ans de carrière, fait encore faire aux enfant la même chose que trente ans plus tôt, à peu de choses près. Ce n'est pas son cas. Adélaïd s'adapte tous les ans aux enfants de sa classe et aux besoin de ces derniers, à la progression qui est la leur. Chaque vacances et pour elle l'occasion d'adapter quelques petites choses, de déplacer certains enseignements, augmentant considérablement sa charge de travail. Pour son plus grand plaisir. Elle aime ce qu'elle fait, Adélaïd. Vraiment. Peut-être parce que ces enfants sont un peu comme celui qu'elle n'a jamais eut. Qu'elle n'aura peut-être jamais, d'ailleurs.

Son téléphone sonnant à côté d'elle, la brunette relève la tête. Son rappel. La trentenaire doit retrouver son frère pour leur séance de sport d'ici moins d'une heure et il est pour elle temps de ranger ses affaires en prévision. Rassemblant son matériel dans l'armoire, la trentenaire plonge son téléphone dans sa poche, attrape ses clés de voitures et quelques devoirs qu'elle cale sous le bras en vu d'une correction plus tard, avant de traverser sa classe pour la fermer et retrouver sa voiture. Elle pose ses affaires, vérifie d'avoir bien pris son sac de sport ce matin et démarre bientôt pour prendre la direction de leur club de gymnastique et sport habituel.

Les rues encore dégagées de la ville, de ces heures, lui permettent d'arriver rapidement sur les lieux et elle trouve sans mal une place pour se garer sur le parking de la salle qui d'ici deux heures serait blindé. Attrapant son téléphone, la brunette envoie un message à son frère.

*Je suis là, tu es déjà arrivé ? Je file au vestiaire et je serai prête !*

@David Schuylers

C’était un jour à peu près comme les autres pour David . Des plans à dessiner, des clients à contenter, des visites sur les chantiers qui prenaient plus ou moins de retard selon les équipes du bâtiment y travaillant, mais aussi selon le temps pluvieux qui commençait à tomber sur Hambourg et le reste du pays. Sollicitation sur sollicitation. Un train-train presque quotidien où parfois pouvaient s’élever quelques coups de pression comme aujourd’hui . Quand un contrat de plusieurs dizaines de milliers d’euros pour la rénovation du musée de la ville vous tombe dans l’escarcelle, on apprend vite à ne plus compter ses heures. Heureusement que la technologie nous tient la main, et quand l’alarme de son téléphone  retentit en petites notes musicales, David releva enfin la tête de ses plans, retrouvant un café froid et le sandwich à peine entamé du midi . Profond soupir en s’étirant. Il laissa, et avec plaisir,  tout en plan pour saisir son sac de sport et partir pendant deux ou trois heures. C’était un rendez-vous qu’il ne raterait jamais, peu importe l’amoncellement de travail. Il aurait bien assez de sa nuit pour finir le boulot commencé.

Et c’est là où sa journée prenait un peu plus d’importance. Un jeudi précieux où il retrouvait sa moitié sororale . C’était leur rituel quasi immuable de se retrouver le jeudi pour quelques heures qui n'appartenaient qu'à eux. Un moyen comme un autre de garder un contact régulier, tout autant que partager une passion commune et se motiver dans le sport. Pour David le sport était un exutoire d’adrénaline, lui permettant de pouvoir se défouler contre ces instruments de tortures, il avait même entamé le footing matinal. A petites doses pour l’instant. Il savait le sujet beaucoup plus sérieux chez sa sœur qui était obsédée par son envie de maigrir alors qu’elle était si belle avec ses formes. Mais allez faire comprendre un truc de ce style chez une femme. Poids = sujet sensible, et il était hors de question qu’il se jette dans cette discussion, encore moins avec Adel qui était hyper têtue. Serait-ce de famille ?  

Pour l’heure il se gara devant le club, l’horaire inhabituel leur permettait d’avoir non seulement une route rapide, évitant les bouchons de ceux qui sortiraient du boulot, de l’école et autres, mais aussi beaucoup moins de monde au club. Les coachs étaient beaucoup plus disponibles, et les machines n’étaient pas attendus par 10 personnes à la chaîne. On pouvait prendre son temps pour chaque exercice. C’était même plutôt agréable. Il sortit de la voiture prenant son sac de sport, et d’un geste trop naturel tira une cigarette qu’il alluma . Sport et clope, le mauvais ménage par excellence, mais il n’arrivait à stopper aucun des deux qui trouvaient une sorte d'équilibre journalier. Un coup d’oeil circulaire sur le parking, sa soeur ne semblait pas encore là. Il profita un peu de la fumée toxique avant d’écraser son mégot à moitié consommé dans le cendrier extérieur prévu à cet effet et entra dans la salle.

Un signe de la main à l'hôtesse qui accueillait les sportifs et ceux croyant l'être. . Et il partit se changer. Il reçu le message d’Adel auquel il répondit simplement “ oui je suis là, je me change, on se retrouve devant les tapis “ De chemise et pantalon de ville, le voici en débardeur noir et short du meme coloris. Basket blanche pour finir le tout. Il prit une serviette qu’il posa sur son épaule droite, une bouteille de ce mélange d’eau hyper sucrée  et se dirigea vers la première salle où se trouvaient tapis de courses et vélos d’appartement. Deux jeunes blondes se donnaient à fond sur les derniers transpirants à grosses gouttes. Il s’adossa contre le mur, les bras croisés sur le torse en les regardant s’échiner et rire de leurs bêtises.

Ah la jeunesse ...

Son frère était déjà là. C’était le signe que l’enseignante devait se dépêcher et ce même si elle n’était pas particulièrement à la bourre. Pas que son frère soit spécialement impatient ou du genre à s’agacer rapidement, mais elle préférait ne pas le faire trop attendre. A vrai dire, elle n’aimait pas être en retard, avec qui que ce soit. Déformation allemande, probablement. La ponctualité était une valeur très importante dans le pays. S’y soustraire était souvent assez mal vu.

Entrant dans les vestiaires, Adélaïd cherche une petite place sur laquelle s’installer, le rouge aux joues comme elle aperçoit les corps de deux sportives moulés dans des leggins et des brassières très près de leurs courbes. Le genre de choses qu’elle ne se permettrait jamais de porter elle-même. Ces filles avaient une shape d’enfer. De quoi faire complexer beaucoup de monde. Adélaïd imaginait très bien que les hommes puissent se retourner sur le passage de ces deux nanas. À côté d’elles, elle faisait encore plus boudin qu’elle ne l’était déjà. Critique envers elle-même, la trentenaire ne s’épargne aucune pensée violente. Si elle est la première à prôner la bienveillance à l’égard de ses élèves, s’appliquer ce genre de conseils lui est encore difficile. Voire même impossible.

S’empressant de se préparer en essayant de se faire aussi discrète que possible, la trentenaire est rapidement en tenue et enferme son sac dans l’un des casiers à disposition de la clientèle, passant la clé par le lacet de ses baskets pour ne pas perdre celles-ci avant de sortir, tombant rapidement sur la silhouette de son frère, le regard rivé sur les tapis de courses et deux mannequins occupées à courir dessus en riant. Adélaïd lève un regard au ciel, maudissant ces filles beaucoup trop belles dans un même temps avant d’approcher de son frère, donnant un coup de coude à ce dernier pour le sortir de ses pensées, qu’elle surinterprète évidemment, persuadée que l’homme apprécie le spectacle.

"- T’as pas trouvé plus jeunes ?" lance-t-elle pour le taquiner.

Depuis son divorce survenue quelques années plus tôt, son frère n’avait pas refait a vie. Il en avait pourtant parfaitement le droit. Mais depuis, Adélaïd ne lui connaissait aucune histoire sérieuse, ni même aucun début d’histoire. Peut-être parce qu’elle était célibataire depuis sa propre séparation il y a des années, le sujet des affaires de coeur était plus ou moins sciemment évité entre eux.

"- On y va ?"

Les moments de détentes véritables étaient rares dans la jolie ville d'Hambourg. Courir partout pour rattraper le retard dans le travail c'etait pour beaucoup un crédo à appliquer. Implicite, inscrit dans les gênes de tout à chacun. Et puis il y avait ces moments hors du temps. Moments simples où pourtant l'on pouvait se ressourcer. Quelques heures d'un break mérité avec une sœur qu'on adorait par exemple. Faire du sport n'était qu'une plate excuse pour cette pause qui se terminerait surement par un verre au bar du coin.

Pour l'instant c'était l'attente de la jolie brune. Une attente un peu réveuse, songeuse à la vue des deux jeunes femmes qui martyrisaient leurs corps bien trop parfait. Oh bien sur le spectacle était plaisant. David avait beau être divorcé et presque célibataire endurci, il appréciait la vue qu'elles lui offraient. Qui oserait dire le contraire? Surtout pas lui quand deux jeunes femmes pédalaient en sueur, perlant au goutte à goutte sur leur peau lisse. oui il aimait. Il avait des yeux pour voir et donc, il voyait. Et en vérité, il en déprimait; Ou étaient donc ses 20 ans ? Bien loin visiblement.

Un coup de coude léger le fait sursauter. Et un regard réprobateur de sa sœur obtient comme réponse un leger sourire gêné avant de lui tirer la langue. Gamin infernal devant l'eternel d'avoir été pris en flag' de rêverie le frérot.

- Oh oui j’ai bien plus jeune, je te montrerais mon harem un de ces quatre. Et il hausse un sourcil en secouant la tête en s'écoutant débiter autant de betises, un sourire finissant par éclairer son visage en enlaçant sa petite soeur - Mon dieu on dirait un vieux pervers, sauve moi Il s’étala entre ses bras, tanguant d’un pied sur l’autre en l'entrainant avec lui. Si David aimait ses frères et soeurs, Adel était sa chouchoute, celle avec laquelle il passait le plus de temps. Celle avec qui discuter était le plus facile. Peut-etre par son métier d'institutrice, elle avait une écoute attentive envers lui. Il la relâcha après être bien certain qu'elle n'ait plus l'idée de le taquiner avec les blondinettes midinettes. Le "on y va" marque le début de leur entrainement commun.

Si chacun avait des préférences avec les différents appareils, il suffisait d'un regard de l'un et de l'autre pour se motiver à se donner bien plus. Il s’étira , s'appuyant contre le mur, laissant son corps craquer, les muscles chauffer un peu, pour éviter ces p*** de courbatures. Direction la ligne de vélos d'appartement, et un petit regard à sa soeur en réglant l'appareil qui se trouvait à coté des tapis de courses   - 30 minutes à force 7 et on ne discute pas. Le challenge était lancé à Adel. Challenge qui n'en était pas réellement un, mais il connaissait sa soeur et elle serait capable de se faire mal rien que pour perdre du poids, donc il la coachait comme il pouvait. Il s'installa à ses cotés sur le tapis de course, et commença à marcher, puis à courir laissant sur le petit écran du tapis défiler un paysage montagneux. Objectif pour lui? Ne pas cracher ses poumons, et tenter de faire mieux que la dernière fois. 10 KM c'est bien, mais peux mieux faire, surtout avec objectif 350 sur sa liste des choses à faire: participer un jour à un semi marathon.

- Alors ? ta semaine ma puce ? Tu as réussi à voir les parents du gamin dont tu m'avais parlé ? Reprise de la discussion laissée en suspens la semaine précédente.

En entendant la réponse que son frère lui fait, la jeune femme ne peut pas s’empêcher d’avoir une petite grimace, préférant autant que possible ne pas imaginer son frère aîné à la tête d’un quelconque Harem. Encore moins un harem composé de demoiselles tout justes majeures comme ces deux-là qu’il regardait à son arrivée et dont elle estime l’âge autour des 20-25 ans. La jeune femme se doute parfaitement que son frère n’a pas fait veux de chasteté depuis son divorce mais, autant que possible, elle préfère ne pas l’imaginer dans son intimité. Secouant la tête pour chasser l’image de harem qui s’est imposé à son esprit, la brune rend son étreinte à l’homme comme ce dernier vient l’enlacer, assurant qu’on dirait un vieux pervers et demandant à être sauvé. Elle n’aurait pas dit mieux. Vieux pervers était totalement le mot adéquat pour parler de l’attitude de David par les mots qu’il avait eut, même si elle sait aussi que l’homme ne ferait pas de mal à une mouche. Tout du moins pas volontairement.

«- Y’a encore quelque chose à faire tu penses ? J’crois plutôt que t’es un cas désespéré !» se moque gentiment sa sœur. «D’ailleurs, tu ne viendra plus me chercher à l’école, même occasionnellement. Je ne voudrai pas tenter le diable !» lance-t-elle en continuant de le chercher, ne pouvant s’empêcher de rire devant la mine que l’homme affiche.

Loin d’elle l’idée que son frère puisse être un réel pervers, elle n’en croit et n’en croirait pas le moindre mot. Mais en l’état, elle peut toujours plaisanter sur la question, au vu du regard qu’il avait sur ces filles et dont elle ignore par ailleurs la nature motrice. Ces filles, personne n’aurait put les manquer tant elles ricanaient et c’était peut-être un mauvais concours de circonstances, si Adélaïd était sortie des vestiaires à ce moment là pour le rejoindre. Il n’était pas le seul qui les regardait, d’ailleurs, comme certains leurs lançaient des coups d’oeil plus ou moins avenants, agacés par leurs rires.

Détournant son attention de ces demoiselles, Adélaïd lance le top-départ de leur entraînement, réveillant son frère par la même occasion, qui l’entraîne en direction des vélos d’appartement, annonçant le programme sans tarder. Adélaïd grimace, détestant le cardio plus que tout. Mais elle n’a pas trop le choix que de répondre favorablement à la demande de son frère et se hisser sur un inconfortable vélo. Nul doute qu’elle aura mal partout en descendant, à la cadence qu’il lui demande. Au moins, elle échappe à la course à pieds que David choisit pour lui-même. C’est toujours ça de prit.

«- T’es dur quand-même !» se plaint l’enseignante malgré la demande de son frère.

Commençant à pédaler, Adélaïd se concentre sur les chiffres qui s’affichent à l’écran. Même si elle déteste ça, elle essaie tout de même de bien faire les choses, pédalant rapidement en surveillant ses RPMs. Tout ça pour tout détruire le soir-même en se contentant d’une petite salade et de mauvaises habitudes hypocaloriques qui ne feront que ruiner un peu plus son métabolisme et éloigner son objectif.

«- Non. Ils ont déclinés toutes les dates que j’avais proposé.» rumine la trentenaire. «Je te jure, y’a des parents des fois, tu aurais envie de les...»

Sur son vélo, la demoiselle soupire et cesse de parler, considérant l’effort auquel elle se trouve soumise. Bon sang, elle va finir par y rester sur ce vélo, un jour ! Son coeur s’est emballé, déjà et elle a cette salle impression qu’elle va mourir d’un moment à l’autre. Comme d’habitude.

«- Et toi ? Tes clients ? Pas trop chiants ?»

Le temps était si relatif. une semaine entière à attendre ce moment où il pourrait revoir Adel. Se confier et l'écouter comme un bon Frère qu'il était. Et maintenant qu'il se faisait face, le temps passait si vite. L'habillage, les petites blagues, les mots aux gout doux amer. Tout allait bien trop vite. Se retrouver en famille, meme pour une heure ou deux était l’un des piliers de la vie de David. Avec Adel c’était encore un peu plus que ça. Non seulement c’était sa petite soeur, mais aussi une amie à qui il pouvait se parler sans crainte d'un jugement. C’etait un besoin inaltérable de savoir qu’elle était toujours là, présente si le besoin s’en faisait sentir. Et derrière la vague tentative d’humour à la limite du graveleux, il avait ce désir d’un petit quelque chose, d’elle, d'un eux qui a toujours existé et qui existera toujours. Un sourcil se hausse à sa réponse, ainsi qu’une grimace.

.  - Oh pitié tu es pire que moi * il lui balança sa serviette qui la loupa magistralement avant de retomber inerte sur le sol. Derrière eux les jeunes femmes riaient de plus belle en se racontant les histoires de leurs mecs respectifs et les soirées étudiantes doublement arrosées qui pointeraient bientot le nez dans les rues de la ville avec la nouvelle entrée universitaire. Tout cela lui semblait si loin qu’il en avait presque oublié qu’il avait été ainsi. Et il avait surement fait pire avec Garrett, souvenirs lointains d'une vie sans trop de soucis. Mais il était grand temps de passer aux choses sérieuses et se venger, gentiment, de sa soeurette. L’objectif cardio est donné, alors que lui meme s’installe sur le tapis pour commencer à courir. * - Dur ? Je peux être mille fois pire. On ne discute pas avec le coach M’zelle. Allez en route ! Il tapa deux fois sur le vélo pour l'encourager, la motiver .. l'obliger aussi à se dépenser sur cet engin de torture.

Il savait que pour Adel, ce serait compliqué. Elle voulait trop en faire, trop vite, pour perdre des kilos bien placés mais qui la dérangeait. Heureusement il veillait sur elle, tentant de détourner son attention de l’objectif fixé qui la rendrait surement malade après leur séance. Mais au moins il était là, et il pousserait jusqu’à ce qu’il sente qu’elle n’en puisse vraiment plus. De son côté, les dernières taffes de tabacs sortaient en toux légère avant qu’il ne trouve un rythme de croisière dans sa course, tout en ayant à l’écran devant lui, le parcours qu’il avait choisi dans les grandes montagnes du Canada. Un voyage plaisant qui le dépaysait totalement. Ce n’est qu’après quelques minutes qu’il débuta la conversation avec sa brune de soeur. Les enfants venaient toujours et obligatoirement en premier. Que ce soit sa fille ou les petits de la classe d'Adel

Une grimace en l’entendant, elle n’avait pas tort sur certains parents qui n’avaient pas la priorité de leur enfant dans le sang. Ca en devenait répugnant. Et la pauvre institutrice devait en voir des vertes et des pas mures avec ces enfants, et ces parents étaient plus souvent absents que présent. Un pincement au coeur en pensant à Hannah qu’il ne voyait que trop peu. L’envie de lui téléphoner, de la serrer entre ses bras; Il ralentit un peu sa course, reprenant une respiration un peu plus difficilement . Il savait courir. Il savait parler , mais les deux en même temps c'était encore difficile.
- Au fait tu as une charmante nièce qui a passé le week end à bouder parce que tata Adel lui a “proooooooooooooomis”, et j’insiste bien sur les Oooooo, donc qui lui avait promis qu’elle l’emmènerait dans un lieu secret pour faire du shopping. Elle pensait que c’était ce Week end, j'ai eu beau lui dire et lui répéter que ce serait plus tard, elle veut un appel de sa tata pour remettre une date sur le tapis.

Hannah était têtue. Surement plus que David en vérité. Elle avait demandé, et pour une fois, dix euros en plus de son argent de poche, parce qu’elle voulait lui faire un gros cadeau surprise pour noël. Les gosses … Un vrai cadeau du ciel. D'un arc à l'autre de sa vie, balayé par sa soeur, qui parlait maintenant boulot. Un boulot qu'il aimait autant que parfois lui tapait sur des nerfs.

- Oh les clients sont toujours chiants, j’en ai envoyé paître un, ca devait etre mardi. Il est venu y a trois semaines de ca, je lui fais un devis selon ce qu’il demande, il accepte, je fais les plans, j'y passe plusieurs soirées pour être dans les temps, il les accepte et vendredi dernier il appelle genre “oui vous êtes trop cher je vais voir ailleurs” . Okay, super .. et il revient mardi la bouche en coeur “je me suis trompé, votre devis était tout compris alors que vos concurrents parlent uniquement de la prestation sans les frais qui vont avec et ... bla bla bla bla bla * Il dandinant de la tête. * je l’ai mis dehors en lui souhaitant une bonne journée.

. Mais à ses cotés, Adel semblait déjà rougir de ses efforts. Il stoppa sa course venant devant sa fière monture métallique
.
- Adel chérie. Respire * il leva doucement les mains avant de les baisser en soufflant * - On se calme on ralentit . J’ai dis force 7 pendant 30 minutes mais sans kilomètres précis, alors on y va tranquillement, imagine nous en ballade tu te souviens comme avant ? quand on partait à l’école en vélo, tranquille soeurette, on a le temps.

Derrière eux, les jeunes femmes avaient terminé avec le vélo et se dirigeaient vers les elliptiques passant derrière David s'exclamant d'un - Salut le Tatoué. Il tourna la tête pour les regarder passer avec leur sourire colgate blanc impec et un petit signe de la main avant de repartir vers les elliptiques. Intéressant tient. Puis de revenir vers sa soeur. "- Quoi elles m'ont juste dit bonjour Il fallait changer de sujet, vite et bien sinon il en entendrait parler pendant des heures de ce "bonjour". - Ca te tente un repas un de ces 4, tu ma ramènes un de tes prétendants et moi ... surtout pas une de celles-là Désignant du pouce les filles dans son dos. - Allez dis moi oui.

Elle était pire que lui ? Oh ça alors non ! Tout le monde savait bien que Adelaïd était la plus douce et délicate des enfants de la fratrie Schuylers. Ce n'était pas elle qui venait de faire une blague scabreuse qui plus est mais bel et bien son cher frère. Ainsi oui il était bel et bien pire qu'elle. Non pas l'inverse. Même si tout est toujours relatif et qu'avec Abigaïl, oui, elles avaient ce genre de discussions que les femmes n'ont qu'entre elles et que les hommes ne devinent pas le moins du monde.

Comme David évoque le programme de cardio pour sa sœur, Adélaïd fait la grise mine. C'est que son frère ne lui fait pas de cadeaux sur l'exercice qu'il lui donne à faire. La jeune femme déteste les exercices qui sollicitent le cœur, même si ce sont ceux qui font perdre le plus de poids. Ainsi, la course à pieds et le vélo sont pour elle de la pure torture. Quelque chose de détestable. Son frère n'y va pas de main morte, en plus, en lui demandant de faire tourner l'engin à une certaine force. Le crans 7 ce n'est pas rien. Adélaïd sait qu'elle va souffrir le martyr pendant cette séance, elle ne pourra probablement plus marcher en arrivant chez elle, ou seulement en canard. Mais son frère ne veut pas entendre ses protestations et lui demande de monter sur l'engin, tapant celui-ci deux fois pour la motiver. Et alors que la jeune femme commence à s'installer avant de pédaler, son aîné ne manque pas de l'encourager. Adélaïd tourne la tête vers lui et lui tire la langue comme une enfant le ferait. Il la cherche, décidément.

Parler quand on fait de l'exercice, ce n'est pas toujours évident. Pourtant après quelques minutes de sortir, Adélaïd se décide à parler avec son frère comme ce dernier la questionne sur le boulot. Évoquant les parents un peu chiants, la trentenaire se confie comme son frère lui demande d'actualiser l'affaire dont elle lui a parlé la dernière fois. Rien de nouveau sous le soleil comme elle n'a pas réussi à avoir de rendez-vous, l'obligeant à supporter encore la situation. Et en parlant d'enfants, David ne manque pas de lui donner des nouvelles de la petite Hannah, sa chère nièce qui, à écouter son père, attend après sa tante la tenue d'une promesse. C'est vrai, Adélaïd lui avait fait cette proposition la dernière fois qu'elle avait vu la petite fille. Depuis elles n'avaient pas eut l'occasion de la tenir.

"- Je vais… appeler… ma nièce… très vite pour… honorer cette promesse." assure la jeune femme en soufflant. "Si je survie… aujourd'hui… et à mes parents… d'élèves !"

Mais Adélaïd est bien consciente qu'il n'y a pas que son travail qui puisse être prenant, agaçant. Son frère fréquente du public lui aussi, alors elle imagine que cela ne doit pas être facile tous les jours, si bien qu'elle ne manque pas de lui retourner ses questions pour savoir comment ça se passe pour lui en ce moment. Et apparemment il a des cas comme il le lui explique en évoquant un client qui avait trouvé des tarifs trop cher, avant de revenir la queue entre les jambes, la fleur entre les dents. Adélaïd n'en revient pas de ce qu'elle entend. Décidément certains n'ont honte de rien.

"- Non mais... les gens... vraiment… quel toupet !" remarque Adélaïd en continuant de pédaler.

Sur son vélo, l'institutrice a du mal à respirer. Il est clair que l'exercice lui demande pas mal d'efforts. À tel point que son frère est obligé de descendre de son tapis de course pour venir se planter devant elle, lui rappelant de penser à respirer. Ce n'est pas qu'elle ne le fasse pas, c'est qu'elle se donne beaucoup trop. Complexée par ses problèmes de poids, Adélaïd veut toujours tout faire, trop bien faire, obtenir des résultats rapides. Pourtant depuis tout le temps qu'elle fait du sport, elle n'a pas remarqué de grands changements dans son physique. Pourtant elle n'abandonne pas pour autant et même si elle n'atteint pas les résultats escomptés à la salle de sport, elle continue de se torturer encore et encore, avec l'espoir que sa silhouette change un jour. Heureusement pour elle, son frère la soutenait dans ses exercices, sans quoi elle aurait peut-être jeté l'éponge depuis un certain temps déjà. Il lui permettait de tenir encore.

Les filles de tout à l'heure passant près d'eux, ces dernières font une remarque à David avant de s'éclipser. Adélaïd tourne la tête vers elle, les regardant s'éloigner, avant de reporter son attention sur son frère, le regardant par en-dessous. Juste un bonjour oui oui.

"- Prends moi pour une idiote !" remarque la jeune femme avec humour. "Elles ont dit bonjour avec le regard criant braguette ouai !" le taquine sa frangine avant de froncer les sourcils face à la proposition de double date qu'il lui fait. Sérieusement ? "Un de mes quoi ? Prétenquoi ?" s'enquit la demoiselle. "Bah j'espère que tu aime bien Caser le gentil fantôme hein… parce que les prétendants y'en a pas !" annonce-t-elle, la respiration bien meilleure depuis qu'elle a arrêté, inconsciemment, de pédaler.

Les séances de sport qu’elles soient avec Adel ou sa partenaire rousse, sont pour lui le meilleur exutoire de toutes les frustrations qu’il refoule au plus profond de lui meme. Il y a beaucoup de choses qu’il tait, beaucoup de choses qu’il voudrait, et d’autres pensées dont il ne sait plus quoi faire. En se donnant à fond sur cette machine, ou en courant dans les rues de la ville, il oublie tout cela. Libre, sous endorphine, c’est ce bien être qu’il voudrait en continue dans sa vie.

Avec Adel, c’est tout cela et plus encore. C’est sa petite soeur. Et elle lui manquait véritablement à chaque instant. Alors ces séances, meme si il se dépensait beaucoup moins, étaient  pour lui aussi indispensable, même si aujourd’hui il passait pour un véritable tortionnaire envers elle. Sa soeur voulait se dépasser, et il la savait totalement capable d’y arriver, mais sous sa surveillance, il savait qu’il saurait et pourrait la stopper avant qu’elle ne se fasse mal. C'était son role de grand Frère de prendre soin d'elle.

Sur son tapis de course, il soufflait en continuant de courir, Les discussions allaient bon train, des élèves dont elle s’occupait à Hannah, les enfants avaient la priorité de leur pensée. Il ne pu s'empêcher de rire à sa remarque, - Mais oui tu vas survivre, tu le dois pour ta nièce et pour mon cadeau!, et pour tes parents d'élèves, tu veux que je vienne jouer le gros dur durant vos réunions ? je vais les mettre au pas tu vas voir ! C’était une vérité deguisée derrière une note d’humour. le quarantenaire avait une sainte horreur de ces gens qui faisaient des enfants sans s’en occuper derrière. Sans prendre en compte leur bonheur par dessus tout. L’évolution de la société tendait malheureusement à cet individualisme, meme familial.

Finalement il préfèra baisser le rythme avant que sa soeur ne se retrouve sans le souffle. Il calma le jeu, venant se poser devant elle pour, innocemment continuer de discuter. Ces pauses étaient souvent salutaires et permettaient de reprendre de plus belle par la suite. Si ce n’etait les deux blondes passant derrière lui, sourire enjoleur aux levres. Et franchement c’est mignon et charmant. Quand bien meme il avait presque deux fois leur âge. Et sa soeur ne fut pas dupe très longtemps en les suivant du regard . Les mains levées devant son torse - hey pas de ma faute si je suis beau gosse, et qu’elles tombent sous mon charme faudra t-il faire soeurette. C’était bien sur dit en toute innocence ! Il tordit ses lèvres en une moue peu ravi d'entendre qu'elle restait désespérément seule.

- Cherie, va vraiment falloir que tu sortes pour te trouver un mec, regardes toi tu es magnifique. Et on ne me contredit pas. il leva l’index pour arrêter le “non mais regarde moi, je ne suis pas belle, blablabla” Discours qu’il connaîssait si bien depuis toutes ces années ou Adel est restée hyper complexée. - Tu es magnifique, je te le redis, et ce n’est pas parce que je suis ton frère que je dis ca, c’est parce que c’est vrai. Il s’appuya un peu plus sur le velo de sa soeur posant le menton sur ses bras en la regardant - Bon un repas juste nous deux alors. MAIS je compte bien te trouver l’amouuuur avant la fin d’année ! je ne sais pas si tu gagnes au change là.

Son frère entremetteur ? Tous aux abris !

Elle fait n'importe quoi Adelaïd. Ce n'est pas nouveau. Elle veut toujours trop en faire, elle essai toujours d'aller plus loin, menant une véritable guerre contre elle-même, contre son corps, contre son être, contre cette morphologie qui est la sienne et qu'elle déteste. Elle ferait tout pour être bien dans sa peau Ady. pour être comme les autres femmes. Avoir confiance en elle et se sentir belle, se sentir désirable. Appartenir au moule. Ce moule dans lequel ses hanches ne veulent pas se fondre, dans lequel ses courbes ne peuvent la laisser entrer. C'est une rébellion contre elle-même que mène la brune chaque fois qu'elle vient ici, ne cherchant jamais à faire du sport pour être en meilleure santé mais toujours pour perdre du poids, ce poids qui ne descend jamais sur la balance, de par les erreurs qu'elle accumule, perdue face à tout ce que l'on peut dire sur le poids au grès d'internet.

Elle a besoin de changer Adelaïd. Elle a besoin de perdre ce poids qui lui pourrit la vie, sans réaliser qu'elle court depuis des années derrière un fantasme inaccessible, un souhait qu'elle ne peut satisfaire, ruinant sa vie et sa santé dans la poursuite de ces critères de beauté vendus par les magasines, qui la font se sentir moins belle, moins intéressante, moins tout que les autres. Elle a besoin de changer, mais elle ne réalise pas que c'est dans sa tête que le changement doit s'opérer. Qu'il lui faut être davantage bienveillante envers elle-même pour espérer obtenir quelconque résultat, cesser de faire n'importe quoi et d'être en guerre perpétuelle contre ce corps malmené qui n'a de cesse de se défendre face aux attaques répétées que lui fait subir la trentenaire. Ce corps qui se rebelle contre ses régimes, ses formules miracles, contre le sport même. Contre son état d'esprit, surtout.

"- Ouai. Bah mon cœur n'est pas d'accord !" souffle la demoiselle alors qu'elle va vraiment mourir sur cet engin de torture, n'en déplaise à son frère.

Si son frère baisse le niveau sur la machine, Adelaïd redouble d'effort sur ses pédales tout en remarquant rapidement le manège des deux blondes qui passent à proximité d'eux en dévorant l'homme du regard, tandis qu'il n'en manque pas une pour fanfaronner. L'enseignante lève les yeux au ciel en riant.

"- Ben voyons !" lance-t-elle pour le taquiner.

Mais elle rit beaucoup moins comme son frère s'intéresse à sa vie amoureuse, alors que celle-ci est inexistante, purement et simplement. Elle louche sur un type qui ne s'intéressera jamais à elle parce qu'elle est tarée. Qu'il le sait. Qu'il est son psy. Et qu'il doit voir un tas de jolies filles passer. Bien plus belles qu'elle, malgré ce que peut dire son frère. Elle lève les yeux au ciel, comme il affirme qu'elle est magnifique. Au rayon baleines, oui, peut-être. Il est son frère, il manque d'objectivité après tout. C'est ce que la brune ne cesse de songer, en tout cas. Et si son frère espère lui trouver quelqu'un, bon courage à lui. Attendez, quoi !? Elle ouvre de grands yeux horrifiés face à l'idée de David.

"- Tu ne vas pas faire ça !?" s'inquiète la brune, l'air soupçonneux.

L'apparence n'etait pour David qu'un objectif secondaire, et si peu essentiel comparé aux attentes de sa jeune soeur depuis son enfance. Toujours à vouloir perdre ses quelques kilos qui l'avaient toujours complexé. Ridicule, et bien plus que ca, dangereux pour elle, pour sa santé. Cela ne lui plaisait vraiment pas de la voir se dévaloriser de la sorte, de se voir ruiner sa santé pour espérer un jour ressembler à un sac d'os sur patte. C'était ici, en l'aidant dans la salle, le geste d'un frère inquiet pour elle, pour l'empêcher de se tuer au sport. Il croisa les bras en la regardant se calmer un peu sur ses pédales . - Chérie, si tu meurs tu iras l'annoncer toi meme à ta nièce, hors de question de me mettre ca dans les pattes, tu te de-brouilles.

N'importe quoi diriez-vous? Oui surement mais il fallait bien cela pour changer de sujet et surtout la déconcentrer de son entrainement qui n'avait que pour effet que la rendre encore plus malade. L'idée du repas avec elle s'était lancé naturellement, oubliant les deux blondes passant derrière lui. Elles étaient bien trop jeunes pour qu'il ne passe plus d'un regard sur elles. Charmantes, mais trop jeunes. La vie affective de sa soeur fit alors un merveilleux détournement de situation.

Ce qu’il y avait de bien quand on est le grand frère, c’est que l'on s'octroie quelques libertés sur le reste de la fratrie plus jeune, l’avantage de l’age, la sagesse qui en decoule etc. veine flatterie, mais amusement certain quand sa soeur se décompose à ses mots sur son insertion dans sa vie privée et la recherche d’un homme pour elle. - Tu crois sincèrement que je n’oserais pas ? Tu me connais donc si mal que ca ?

Meme si il avait presque toujours un coté “on prend ca par dessus l’epaule et on en rit”, il pouvait être aussi diablement sérieux dans ses idées. Et si il se fixait l'objectif de trouver quelqu'un pour sa soeur, il le ferait surement avec beaucoup d'application. -Adel cherie, il te faut un mec ou une meuf peu importe, mais tu ne peux pas rester seule comme ca. Tu es belle, intelligente ,tu mérites autre chose ! donc si tu ne bouges pas ton joli fessier c’est moi qui vais bouger pour toi. . Ouille ca allait faire des vagues ca, surtout que pour l'instant il ne savait pas trop ou chercher un homme pour sa soeur. Peut-etre un gars du bar qu'il tenait en duo avec Garrett? ahhh il y aurait bien celui là oui.. C'est presque satisfait qu'il vient à ses cotés, s'asseoir sur l'un des vélos pour pédaler à un rythme calme. Du sport ? Non plutot une ballade en belle compagnie dans cette salle qui se remplirait bientot.

- Mais pour le repas que je te propose, tu seras ma cavalière, la seule, l'unique. Dis moi oui.

Le souhait de perdre toujours plus de poids était la seule et unique motivation d’Adelaïd pour faire du sport et se donner à fond sur les machines qu’elle utilisait mais elle devait bien admettre qu’en dehors de ça, elle n’était pas une grande sportive et, qui plus est, elle détestait ça. Il n’y avait rien qui lui soit plus désagréable que ces moments passés à courir sur un tapis, sans réel but, sinon celui de réduire à néant cette culotte de cheval et ces kilos jugés disgracieux qui lui pourrissaient la vie depuis de nombreuses années à présent.

De tout temps, Adelaïd avait toujours pensé qu’elle serait toujours plus heureuse le jour où elle serait enfin mince, le jour où elle serait enfin en forme physique, comme les autres filles, sans avoir des hanches aussi larges, un ventre aussi peu plat, des bras de camionneur. Elle se disait toujours qu’elle serait plus heureuse quand la peau de ses bras ne pandouillerait plus, lui faisant comme des ailes de chauve-souris, quand elle aurait enfin atteint son objectif de poids, qu’elle ne ressemblerait plus à une sorte de gros monstre horrible. Contre elle-même, Adelaïd est probablement la plus dure qui soit. Jamais rien ne trouve grâce à ses yeux. Dans son aspect, tout ne lui inspire que des critiques. Rien ne trouve grâce.

"- Je ne manquerai tout de même pas de lui dire que c’est la faute de son père !"

Bien sûr, si elle venait à réellement mourir, Adelaïd n’aurait pas l’occasion de prévenir qui que ce soit. Cependant ça n’est pas pour aujourd’hui. Elle est encore bien vivante. Malheureusement pour elle, peut-être, puisque son frère s’oriente sur sa vie amoureuse, un sujet épineux pour la demoiselle et ce d’autant plus que si elle n’a personne dans sa vie, son cœur lui est bel et bien épris. Elle ne le dira cependant pas à son frère alors qu’elle n’en parle à personne, en soit. Son attirance pour son psychologue resterait un secret. Son frère ne savait même pas qu’elle consultait, puisqu’il ignorait tout des raisons qui l’y poussaient. Elle n’avait jamais parlé de sa fausse couche à son frère ni aucun membre de sa famille.

"- Je t’en crois parfaitement capable mais alors fait attention que je ne me mette pas en tête de m’occuper de la tienne. Je ne suis pas la seule célibataire ici." remarque la trentenaire en adressant à son frère son sourire le plus innocent.

Si l'homme se met en tête de trouver quelqu'un pour sa sœur, en affirmant que cette dernière a besoin d'une copine ou d'un copain, il devrait se méfier qu'Adelaïd ne fasse pas de même alors que David est lui-même toujours célibataire et mériterait pourtant de trouver l'amour, d'être heureux avec une compagne ou un compagnon à ses côtés. Comme il vient pédaler à ses côtés, la brune reprend à un rythme plus calme, elle aussi.

"- Peut-être que je suis très bien toute seule et que j'ai envie de le rester, non ?" remarque l'enseignante.

Pour que son frère ne mette pas sa menace à exécution, elle était prête à tout tenter. Enfin, presque.