How to contine, when life is full bullshit ? [Moïra]

How to continue, when life is full bullshit ?

J'aurais dû le voir venir. J'aurais dû ouvrir mes putains de yeux et capter ce qui allait suivre. Mais non, je me suis voilé la face, drapé dans mon bonheur qui n'était qu'un leurre. Désormais, je n'ai plus que mes larmes en guise de compagnie. Silencieuses, elles roulent sur mes joues, s’accrochent à ma barbe pourtant rasée de la veille pour tomber nonchalamment sur le sol. J'ai été con. Je ne cesse de me répéter cette litanie en boucle, me maudissant intérieurement.

Depuis combien de temps suis-je ainsi assis à même le sol ? Certainement moins que l'attente interminable de la veille... La veste de mon costume gît à quelques pas d'où je me suis laissé tombé. Froissée. Oubliée. Ma chemise est déboutonnée, ma cravate délassée. Je n'ai pas réussi à me changer en rentrant, hier. Je n'ai pas réussi à abandonner complètement l'idée qu'elle va arriver. Cette idée pourtant saugrenue et si risible pour mes proches. Eux, ils ont compris rapidement ce qu'il se passait. Comme s'ils s'en étaient toujours douté. Moi, je suis tombé des nues. Encore maintenant, je n'ose y croire. Pourquoi n'est-elle pas venue. Pourquoi m'a-t-elle plantée à l'Hôtel ? Pourquoi ?! De nouvelles larmes affluent et je les laisse rouler, incapable de les écraser tant je suis dévasté. La douleur m'oppresse. La sensation d'avoir été trahi et abandonné prenant le dessus sur mes autres sentiments. Je ne suis plus rien. Je ne suis que bris d'une âme dévastée, en mal.

Mon crâne vient percuter le mur, mes yeux se ferment, mes poings se serrent. Les larmes, elles, continuent à affluer avec force. Je n'arrive même plus à me contrôler, elles coulent sans même que je ne le veuille. Je déborde et me noie. « Fait chier ! » je souffle, la mâchoire serrée. « Fait chier. Fait chier. Fait chier, putain. FAIT. CHIER. » je continue, rythmant mes paroles à coups de talon dans le mur opposé. Mur qui finit par céder, laissant un trou aussi béant que celui qui oppresse mon cœur dans le placo. Rageusement, j'écrase mes larmes avec mon poing et me relève. Je titube, ivre de désespoir. Ivre de douleur. Je me rattrape contre le mur où je reste une bonne minute, pantelant et à bout de souffle. À bout de tout. J'ai besoin de me changer les idées. J'ai besoin de pleurer pour une bonne raison. Se faire quitter le jour de son mariage, c'est pas une bonne excuse pour se laisser ainsi dériver vers des sentiments obscurs. J'avance jusqu'au canapé où je me laisse chuter contre les coussins moelleux qui le compose, attirant au passage la bouteille de Whisky posée sur le buffet. Ma main trouve la télécommande et après quelques manipulations Le Roi Lion se met en branle. Lorsque j'arrive à la scène où Mufasa meurt, je me laisse aller. Avant même que le petit lion tombe sur un phacochère et un lémurien, je presse sur le bouton retour et rejoue la scène la plus ignoble, tous Disney confondus, une bonne vingtaine de fois. J'étouffe mes sanglots par des gorgées de la boisson liquoreuse. La bouteille se vide, inexorablement. Comme mes larmes, elles se tarissent, comme si j'en manquais. Je ne suis plus qu'un désert de sentiments.

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How to continue, when life is full bullshit ?

La scène tournant en boucle, je n'entends pas la porte s'ouvrir et se refermer doucement. Je n'entends plus rien, hormis le bourdonnement incessant qui enfle dans mes tympans. Je sens un poids se poser près de moi, comme j'aperçois une ombre qui prend place à mes côtés. Silencieuse dans un premier temps, elle finit par déchirer le silence de l'appartement alors que ses mots ne sont que syllabes incompréhensibles à mes oreilles. Mon verre dans une main nonchalamment posée sur mes cuisses, je ne cesse de fixer l'écran face à moi. Mon esprit est aussi rempli que vide. Mes sentiments sont pris dans une telle bourrasque dans mon esprit qui gamberge que je ne parviens pas refaire surface. La réalité me semble humainement impossible à affronter. Pourtant... Alors que mon amie m'étreint et que je n'oscille aucun mouvement, mes larmes qui jusque-là s'était taries, se remettent à couler de plus belle. Je m'abandonne à Moïra, laissant mes sentiments exploser alors que je peine à balbutier ces quelques mots : « Elle n'est pas venue. »

La gorge serrée, les yeux rougis, les larmes débordantes du reflet de mon âme, je répète à nouveau cette phrase qui se fixe dans mon esprit et tisse sa vérité dans les engrenages de mes neurones. Une nouvelle question explose alors, fracasse avec vigueur la réalité qui vient de percuter mon esprit une seconde avant.  Pourquoi ? Putain ?! » je demande d'une voix éraillée, mon visage dans le cou de mon amie. « Pourquoi moi ? » j'ajoute, sentant mon cœur être pressé comme un pruneau.

Il y a quelques mois, mes parents m'ont donné un bout de papier. Un élément qu'ils ont depuis longtemps gardé pour eux. Un élément qui, pourtant, m'a ébranlé plus que ce que j'ai pu montrer. Ce bout de papier, conservé précieusement – presque jalousement, d'ailleurs – ne cesse d'hanter mes nuits depuis. Il a remis en question pas mal de choses et la seule à qui je m'étais livré vient de disparaître à jamais de ma vie tel un coup de vent. Alors oui, là, à cet instant T, j'ai l'impression que le monde entier se met à me persécuter ! Et oui, j'ai besoin de me plaindre et surtout qu'on me plaigne. « On aurait pu en discuter. Je ne comprends pas. » j'ajoute, m'extirpant de l'étreinte de Moïra. « Un verre ? » je demande sèchement, effaçant mes larmes d'un revers de manche avant de me lever lui apporter un verre vierge que je remplis aussi sec suivi du mien. « Kuzco c'est triste aussi. Il est abandonné de tous, mal jugé de tous. » dis-je soudainement, fronçant mes sourcils. « T'as raison, ça résume plutôt bien ma situation. » j'ajoute, sarcastique. Je suis certain, pourtant, de ne l'avoir écouté que d'une oreille partielle... !

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