One day at a time ♦ ft Angelika

Le regard perdu dans le vide, un pack de glace collé contre sa lèvre, Emmerich essayait de comprendre ce qui n'allait pas dans sa vie. Pourquoi était-il toujours en train de répéter le même schéma ? Pourquoi ne pouvait-on pas lui laisser une chance de s'en sortir ? Il avait eu une lueur d'espoir lorsqu'il avait trouvé un travail, puis un appartement et qu'il avait enfin essayé d'assumer qui il était vraiment auprès de ses proches. Il avait vraiment essayé de faire de son mieux pour ne plus sombrer, mais la vie semblait avoir décidé qu'il allait encore échouer et sombrer un peu plus.

« - De retour, hein ? »

Emmerich tourna la tête sur le côté pour éviter de voir l'agent qui s'était planté devant lui. Il allait lui faire la morale comme quoi il choisissait encore et toujours le mauvais chemin. À force, le blondinet commençait à le connaître. Cet homme pensait bien faire en tentant de lui faire comprendre ses erreurs mais il ferait bien d'essayer de comprendre la situation avant de donner des leçons. Ce n'était pas Emmerich qui était en tord, c'était les trois connards qui avaient décidé de s'en prendre à lui. Les mêmes que la dernière fois ! Comment l'agent ne pouvait-il pas voir le problème dans le discours des trois qui l'avaient agressé ?

« - Tu as cassé le nez d'un de ces gars, Hohendorf ! »

Certes, il n'aurait pas du rendre les coups. Il aurait mieux fait de se tenir à carreaux pour éviter d'avoir trop d'ennuis. Mais ce n'était pas si simple que ça d'éviter les coups ou d'attendre sagement que les attaquants se lassent. Il avait eu peur en voyant son visage pris pour cible, à cause de son travail, ou ses mains, à cause de la musique. C'était deux choses qu'il ne pouvait pas se permettre de perdre. Alors il avait fini par réagir. Il avait résisté de son mieux contre ces trois gaillards. Si l'un d'eux était une grand perche maigrichonne, les autres étaient plutôt baraqués.

« - Écoute, comme ce n'est pas la première fois, j'ai du appeler quelqu'un. »

Hein ?

Emmerich leva les yeux vers l'agent.

« - J'ai récupéré un contact dans ton dossier et j'ai demandé à cette personne de venir immédiatement. »

Il n'avait osé faire ça... Il ne pouvait pas avoir contacté un membre de sa famille... Impossible ! Il y avait forcément le numéro de sa mère dans son dossier. Après tout, c'était elle le parent responsable puisqu'il n'y avait jamais eu de père. Mais c'était bien la dernière personne qu'il avait envie de voir à ce moment-là. Elle ne comprenait pas sa vie. Elle ne le comprenait pas du tout ! Elle allait encore lui reprocher de s'attirer des ennuis, de chercher lui-même cette vie dangereuse, comme s'il avait pris la décision un jour d'être gay parce que c'était plus cool ! Non, ce n'était pas quelque chose qu'on pouvait choisir.

« - Tu ne nous laisses pas le choix, Hohendorf. »

Un rire amer franchit les lèvres du garçon pour toute réponse. L'agent pensait réellement avoir donné toutes les cartes à Emmerich avant de lui laisser décider de son propre sort ? Non, il l'avait mit face à un mur et l'avait laissé choisir entre tenter d'escalader sans aucun recours ou abandonner. La seule liberté que le blond avait prise c'était de ne prendre aucune de ses options, préférant rester silencieux sans bouger.

« - Chef, Madame Schneider est là.
- J’arrive. Ne bouge pas. »

Bouger ? Comme s'il le pouvait en étant enfermé dans cette salle d'interrogatoire. Mais le pire c'était qu'il allait devoir faire face à sa mère sans avoir la possibilité de partir avant qu'elle ne lui fasse plus de mal qu'elle ne l'avait déjà fait.

« - Au moins ça peut pas être pire », Souffla-t-il en glissant sa capuche sur la tête.