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 Har ✸ Frayeur nocturne

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Har ✸ Frayeur nocturne
Sam 10 Nov 2018 - 15:43
— Écoute, mon vieux, si tu continues de baver sans vergogne sur les colis parce que tu flaires quelque chose de bon à manger à l’intérieur, je ne pourrai plus t’emmener avec moi !

Max affichait sa tête des mauvais jours.
À l’approche du marché de Noël, les boutiques constituaient leurs stocks et le volume des livraisons s’était nettement accru. Au lieu de finir sa tournée quotidienne en début d’après-midi, le chauffeur travaillait jusqu’aux crépuscules précoces de ce mois de novembre gris et pluvieux. Parfois au-delà, quand il délivrait des colis en mauvais état ou… enduits d’une substance visqueuse qui collait aux doigts de façon répugnante.
Aujourd’hui, Le Chien s’était surpassé et la faible clarté du jour s’était évanouie depuis longtemps.
Le berger allemand, assis sur la banquette passager du fourgon de livraison, aplatit ses longues oreilles pointues. En digne spécimen de la perfide espèce des diablotins, il ouvrit sa gueule écumante et fit les gros yeux, évitant sournoisement de croiser le regard de son débiteur.

— Ah, non ! Ne prends pas encore ton air penaud en croyant que je vais encore céder à…

Soudain, les oreilles de l’animal se dressèrent, bientôt imitées par le poil noir qui recouvrait son échine. Un grognement sourd résonna dans sa gueule qui – miracle – ne bavait plus.
Le Chien fixait un point éloigné de la rue mal éclairée, côté conducteur. Toutes traces de culpabilité et de supplication avaient quitté son regard alerte pour laisser place à une volonté féroce. Des aboiements furieux inondèrent l’habitacle.

— Qu’est-ce que… marmonna Max en tourna la tête.

L’homme écrasa aussitôt la pédale de l’accélérateur, comme si appuyer de toutes ses forces lui permettrait de freiner plus rapidement. Les pneus du vieux fourgon hurlèrent de douleur, imprimant deux lignes parallèles sur la chaussée humide. Une odeur de caoutchouc brûlé se répandit dans l’atmosphère nocturne.
Max glissait déjà de son siège, une barre de fer à la main. L’objet contondant lui avait rendu service à maintes reprises et ne quittait jamais l’avant de son véhicule. Max le brandissait avec la détermination d’un chevalier teutonique chargeant l’ennemi de son épée.

— Hé ! Les deux grosses merdes dégénérées ! Foutez le camp ou je vous pète vos putains de gueules !

Deux hommes bousculaient une femme dont Max distinguait seulement la blonde chevelure. Max avait intuitivement reconnu leurs gestes qui, de loin, pouvaient donner l’illusion d’une conversation animée entre amis. Des gestes qu’il avait lui-même exécutés au cours de sa jeunesse tumultueuse.
Jamais sur une femme.

Les délinquants se retournèrent, offrant leurs jeunes visages à la vue du livreur vêtu d’un inquiétant blouson noir. Les phares du fourgon les éblouissaient, mais ceux-ci eurent un mouvement de recul en avisant la silhouette allongée du berger allemand, bondissant de la portière encore ouverte comme un tigre quittant sa cage.
Max sentit qu’il devait pousser son avantage : s’il avait capté l’attention des agresseurs, il devait à présent la conserver afin de permettre à la victime de prendre la fuite en toute sécurité.
Il avança d’un pas résolu vers les délinquants ; muscles bandés à l’extrême, la bouche tordue de rage, une veine furibonde palpitant sur la tempe. Le Chien trottait à ses côtés, le poil hérissé et les babines retroussées comme un félin prêt à fondre sur sa proie. Son terrible grognement éveillait la peur ancestrale des grands prédateurs, ses crocs dégoulinants d’écume inondaient la froide chaussée.
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Re: Har ✸ Frayeur nocturne
Dim 11 Nov 2018 - 20:12
La nuit était déjà tombée lorsque son dernier cours prit fin. Elle détestait novembre pour cela. Le froid, la nuit, la pluie, ça n'avait jamais été son truc. C'était sans doute la seule chose qui lui faisait parfois regretter Cologne dont le climat était d'ordinaire plus doux. Sauf en novembre. Partout où elle pouvait se trouver, il faisait toujours le même temps en novembre. Et elle avait horreur de ça. Elle salua ses dernières élèves qui, bien emmitouflées dans leur manteau, s'apprêtaient à affronter le froid mordant de la nuit tombée. Harriet resta quelques instants de plus, rangea les derniers tapis, rassembla ses affaires, se dirigea vers l'ordinateur pour vérifier une dernière fois le programme de la journée, éteignit les lumières et se décida enfin à quitter les lieux désormais déserts.

Elle dut marcher plusieurs minutes, elle n'avait pas réussi à se garer dans la rue où se trouvait le studio et avait donc dû faire au mieux. Ce qui par le passé aurait suffit à la faire sortir de ses gonds. Le visage à moitié caché derrière le col de son imperméable, tête baissée, elle avançait d'un pas décidé, ses boucles blondes volant au vent.  Lorsqu'elle arriva enfin devant son Audi flambant neuve, elle s'empara de son sac à main qu'elle laissait d'ordinaire traîner à bout de bras. Un sac énorme où elle rangeait sa vie et où évidemment elle ne retrouvait rien. Il en allait de même pour ses clés. Elle fouilla quelques secondes, brassa l'amas d'objets inutiles avant qu'on ne l'interpelle. « Tes clés, pétasse. »

Elle se retourna vivement pour faire face à deux jeunes aux faux airs de délinquants et ne put réprimer un sourire méprisant. Ses clés ? Et puis quoi encore ? Encore fallait-il qu'elle les trouve... Mais son geste, aussi anodin et inconscient est-il pu être, ne plut guère aux jeunes garçons. « T'as pas compris ce qu'on t'as dit ? File nous tes clés, grouille toi. » lui lança l'un d'eux alors qu'il venait de l'empoigner fermement par la manche de son trench. « Je vais rien vous filer du tout. Lâchez-moi ! » Elle n'était pas vraiment du genre à se laisser faire, ce qu'on lui reprochait parfois. Il lui suffisait de revenir près de vingt ans en arrière durant ces soirées où Hermann devait insister lourdement pour la raccompagner, elle qui lui assurait qu'elle était une « grande fille » et qu'elle était capable de se débrouiller toute seule. A l'époque, elle n'avait jamais gain de cause, il finissait toujours par la raccompagner jusque chez elle et elle avait admis plus d'une fois que sa présence l'avait réconfortée. Mais ce soir-là, comme tant d'autres soirs depuis deux ans, Hermann n'était pas là et elle devait se débrouiller toute seule. Elle sentait son cœur battre à tout rompre tandis que le garçon resserrait sa prise.

« T'as pas compris ?! Barre toi !!! » C'était la trouille qui lui bouffait les tripes et qui lui avait donné la force de hurler. Le second arma son bras et la gifla violemment avant qu'elle n'ait eu le temps d'esquisser le moindre geste. Elle se retrouva projetée contre la voiture alors que son sac tomba lourdement sur le sol. Il ne manquait plus aux deux voyous qu'à se baisser pour récupérer leur butin. Mais une voix menaçante les en empêchèrent. Un homme habillé d'un blouson noir et armé de ce qui semblait être une barre de fer venait à leur rencontre, visiblement bien décidé à en découdre. C'était sa chance de filer. Elle s'empara alors de son sac, tremblant comme une feuille et se lança de nouveau à la recherche frénétique de ses clés de voiture. Hors de question de laisser sa nouvelle acquisition à proximité d'une bagarre. Mais dans la chute du sac, les clés avaient glissé sur le trottoir sans que leur propriétaire ne s'en aperçoive. Elle continuait de chercher, la panique la privant de tout sens commun. « Merde, merde, merde... » Instinctivement, elle s'était planquée derrière la berline tandis que les éclats de voix s'intensifiaient.
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Re: Har ✸ Frayeur nocturne
Mar 13 Nov 2018 - 6:51
— Retiens ton foutu clébard ou j’le saigne comme un porc ! couina le plus corpulent des voyous en exposant soudain la lame d’un couteau.

Avec ses joues roses et bouffies, son nez proéminent et ses narines dilatées qui évoquaient un groin, Max se dit que le gars au couteau présentait une étrange affinité avec la race des porcins. Peut-être un ancien employé d’abattoir, ou un gros consommateur de jambons.
Max avait suffisamment côtoyé la peur pour s’en faire une alliée reconnaissable. Il l’entendait vibrer dans les trémolos de la voie haut perchée, il la déchiffrait dans la posture tendue et frémissante des membres, il la reniflait à distance dans les exhalaisons musquées de la peau moite. L’autre voyou s’affranchissait de toute ambiguïté : ses jambes avaient fléchi et ses genoux n’étaient pas loin de s’entrechoquer face à l’alliance terrifiante de l’homme armé au blouson noir et du chien aux allures de loup.

Ces abrutis ont tellement la frousse qu’ils n’osent même plus bouger, alors qu’ils devraient s’enfuir.

Max resta silencieux un instant qui sembla durer une éternité, avisant la victime qui s’était réfugiée derrière la voiture. Il prit une longue respiration avant de s’écrier à pleins poumons :

— Vous êtes vraiment cons, ou quoi ? (Max pointa l’homme au couteau de sa longue barre de fer.) Tu comptes faire quoi avec ton petit canif de merde ? (Max foudroya ensuite le plus maigre du regard.) Reste une seconde de plus comme ça à ouvrir les jambes et Le Chien te bouffe les couilles. Il adore ça.

Comme pour appuyer la menace de Max, Le Chien aboya furieusement en répandant un jet de bave. Les voyous sursautèrent, s’éloignèrent à reculons lentement, puis de plus en plus vite.
Les traits du livreur se détendirent.
Et voilà le travail. Deux toquards en fuite. Seuls les lâches s’en prennent aux femmes isolées sous le couvert de la nuit.

— Essaie pas d’nous suivre, fils de pute ! beugla soudain le plus jeune avant de tourner les talons.

Un nouvel afflux d’adrénaline inonda les veines de Max et transforma son sang en feu liquide. Les phalanges de ses doigts blanchirent autour de la barre de fer qu’il étranglait de toutes ses forces. Son souffle rauque se mit à brûler comme s’il émanait de la gorge d’un dragon.

— Putain ! rugit Max en tapant furieusement du pied. Son cri déchira le silence nocturne avec la violence du tonnerre.

Petra Selig n’avait jamais pu se passer de la sensation frénétique d’un homme entre ses cuisses, mais les hommes se passaient très bien d’elle après un ou quelques passages dans son lit. Ainsi avait-elle cumulé un grand nombre d’amants avant et après la naissance de Maximilian.
L’un d’eux fut son père.
Un autre violenta Petra sous ses yeux d’enfant passif, faisant de sa mère une femme léthargique au cerveau dysfonctionnel.

La réaction de Max fut immédiate : le sauveur devint prédateur, contourna la voiture et passa à côté de la victime telle une ardente bourrasque du désert. Son regard incendiaire dévorait le jeune voyou qui avait proféré l’insulte sans égard pour la blonde paniquée.
Celle-ci sentit néanmoins le museau du berger allemand chercher ses mains tremblantes en quête de caresses ; le corps souple de l’animal se pressa contre elle dans un geste réconfortant. Le loup prêt à mordre sans pitié s’était évanoui, laissant place au tendre et protecteur compagnon animal.

Un fracas métallique retentit sur l’asphalte, à l’endroit où Max avait jeté sa barre de fer dans les jambes du fuyard. Son complice porcin ne prit même pas la peine de glisser une œillade par-dessus son épaule, courant à bride abattue comme si un boucher armé d’un couteau se trouvait à ses trousses.

— Je vais te… éructa Max d’une voix mauvaise, sa semelle prête à écraser la poitrine du voleur à terre.

Une série d’aboiements plaintifs figea l’homme furieux sur place, le pied à mi-chemin de son objectif.

— Allez, casse-toi, souffla-t-il avec dépit.

Les yeux exorbités d’effroi du jeune délinquant exprimèrent une forme de remerciement. Il rampa sur le dos, se releva maladroitement et s’éloigna en claudiquant.
Max poussa un long soupir, ramassa sa barre de fer sans quitter le voyou des yeux, puis retourna vers l’Audi d’un pas lent. Sa silhouette menaçante se détachait sur la voie froide et déserte tel le spectre funeste d’un film d’épouvante.
Le Chien n’aboyait plus, chouchoutant la femme blonde comme si elle était sa maîtresse de longue date.
Ou l’avertissant d’un danger mortel.

— Hé, madame ! s’écria enfin l’homme à l’approche du véhicule. Tout va bien ? Vous n’êtes pas blessée ?
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Re: Har ✸ Frayeur nocturne
Sam 17 Nov 2018 - 9:54
La situation aurait de quoi être cocasse si la yogi ne flippait pas tant. Elle qui pensait naïvement maîtriser la situation quelques instants plus tôt commençait sérieusement à déchanter. L'un de ces agresseurs sembla sortir de sa poche se qui ressemblait à un couteau et elle s'estima chanceuse de n'avoir reçut qu'une gifle finalement. Mais l'homme qui leur faisait désormais face ne parut même pas s'en émouvoir. Pas étonnant, les deux gosses transpiraient la trouille à présent, ils essayaient vainement de garder une certaine contenance mais il n'y avait qu'à voir leur attitude pour comprendre qu'ils flippaient désormais autant que celle qu'ils avaient tenté de détrousser. Il y avait de quoi. Harriet venait de jeter un très bref coup d’œil à son ''sauveur'' (elle ignorait jusque là s'il venait la sauver ou simplement prendre le relais des deux délinquants) et elle se demandait qui du maître ou du chien était le plus menaçant. Ce berger allemand pourrait faire une bouchée d'Athos s'il le voulait.

Les deux mômes s'éloignèrent très vite sans demander leur reste. Tout du moins c'est ce qu'ils auraient dû faire... Car une parole malheureuse suffit à faire exploser le type au blouson noir qui se lança aussitôt à leur poursuite. Sauvée. Qu'ils aillent s’entre-tuer plus loin si cela leur chantait... De peur que les uns ou les autres ne se décident à revenir, Harriet se lança dans une recherche frénétique de ses clés. Clés qui n'étaient donc plus dans son sac mais cela elle l'ignorait toujours. « Non, mais c'est pas vrai ! » tempêta-t-elle à voix basse tandis que ses mains ne cessaient de s'emparer des clés du studio. Le studio... Elle n'était pas du genre tête en l'air, elle était même plutôt minutieuse d'ordinaire, limite psychorigide, mais une fois n'était pas coutume. Il était tout à fait possible qu'elle les ait oublié au studio, ses clés de voiture. Non, elles ne quittent jamais ton sac, bécasse... Elles sont forcément là...

Une truffe humide la fit alors sursauter et lorsqu'elle se retourna, elle aperçut le berger allemand qui était revenu se glisser entre ses jambes. D'abord méfiante, elle ne tarda pas à remarquer que le molosse n'était finalement pas si effrayant et se laissa donc doucement lécher la main. Une fois les présentations faites, elle s'agenouilla donc et vint lui gratter le cou en signe de remerciement. « Coucou toi, je crois que c'est à toi que je dois la fuite de ces deux petits cons. » lui susurra-t-elle avec un sourire de gratitude. Le chien vint coller sa truffe contre la paume de la jeune femme, collant un peu de bave contre son manteau mais elle n'en fit pas grand cas. La voix de son propriétaire la fit sursauter de nouveau et elle se redressa aussitôt. Elle ne savait pas comment il allait réagir en voyant cette inconnue toucher ainsi à son chien. Pourtant l'entendre s'inquiéter de son état la radoucit un peu. « Je vous remercie, tout va bien. » répondit-elle un peu précipitamment, encore retournée par ce qu'il venait de se passer. « Merci beaucoup pour votre... intervention. » Elle ignorait encore à quelle sauce elle allait être mangée mais des remerciements s'imposaient malgré tout. Mais cela ne l'empêchait pas de continuer à farfouiller dans son sac dans l'espoir de trouver le sésame qui lui permettrait de quitter cet endroit sans se retourner.
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Re: Har ✸ Frayeur nocturne
Lun 19 Nov 2018 - 6:55
La dame avait l’air tendue comme une corde de piano et Max réalisa que sans Le Chien, elle aurait peut-être imité ses agresseurs en prenant la poudre d’escampette à son approche. Avec son air furibond, sa barbe de taulard, son blouson de voyou et sa barre de fer, Max ressemblait sûrement plus à un voyou qu’à un livreur. D’ailleurs, les apparences n’étaient pas si trompeuses le concernant.
Celle de la blonde ne lui était pas inconnue, mais le quadragénaire n’arrivait pas encore à y associer un nom ou des souvenirs. Les phares du fourgon de Max éclairaient la femme de dos et l’éblouissaient, si bien qu’il distinguait vaguement des cheveux blonds, une peau blanche et la forme imprécise d’un visage.
En revanche, la voix altérée par le stress ne lui évoquait rien du tout. Max haussa les épaules en réponse aux remerciements polis de l’agressée.

— Oh, c’est tout naturel. Je n’allais pas laisser deux crapules s’en prendre à une femme sans réagir, quand même.

Le Chien quitta alors la victime pour se glisser auprès de Max, frottant son corps contre sa jambe comme il l’avait fait avec Harriett.
Max tourna son attention vers l’animal, un grand sourire aux lèvres.

— Quel sacré numéro tu fais, quand tu veux. (Max gratifia l’animal de caresses vigoureuses.) Tu les as fait détaler comme des lapins !

Le berger allemand pavoisait comme un coq au milieu d’une basse-cour, tournant autour de Max en bondissant de joie.
Max se mit à rire gaiement, toute colère l’ayant quitté. Il approcha par le côté de la victime, toujours occupée à fouiller fébrilement son sac à main à l’arrière du véhicule. Une voiture luxueuse, pour un homme vivant dans un quartier pauvre d’Altona.

— Si vous voulez un conseil, évitez de vous retrouver seule à une heure tardive dans ce quartier. Les agressions ne sont pas fréquentes, mais pas rarissimes non plus… Sinon, une bombe lacrymogène fait des merveilles pour se protéger des voleurs. Ils en vendent en format très compact, pour faciliter le rangement dans une poche ou un sac. (Max mima avec l’index une pression sur un aérosol.) Pschitt ! Un jet dans les yeux et hop ! vous avez largement le temps de prendre la fuite. (Max désigna le sac sur lequel s’activait Harriet.) C’est ça que vous cherchez ? Ou vous avez besoin d’appeler quelqu’un, peut-être ?

Soudain le visage de la femme lui revint en mémoire. Max discernait beaucoup mieux ses traits dans cette position. Il poursuivit sans laisser à Harriett le temps de répondre.

— Attendez, je vous reconnais ! Vous êtes la professeure de yoga qui a écrit un bouquin de développement personnel, c’est ça ?

Max regretta presque aussitôt ses paroles.
Si l’autodidacte à la curiosité intarissable avait lu l’ouvrage en question, il n’en avait pas gardé un vibrant souvenir et serait malaisé d’en discuter avec son auteure.
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Re: Har ✸ Frayeur nocturne
Sam 1 Déc 2018 - 12:59
Harriet profita du moment où le berger allemand se tourna vers son maître dans l'espoir de recevoir de nouvelles caresses pour poser un regard plus attentif en direction de l'homme qui venait de voler à son secours. Malgré sa carrure, son blouson noir et la barre de fer qu'il tenait encore à la main, elle remarqua que son visage s'était radouci et le gaillard paraissait toujours aussi impressionnant, elle comprit pourtant que tout danger était désormais écarté. Mais la frayeur passée l'avait bien plus bouleversée qu'elle ne voudrait jamais l'admettre et maintenant que l'orage était passé elle se sentait trembler de tous ses membres. Mais le numéro du chien lui arracha un sourire qui éloigna un bref instant les nuages et les tourments. L'homme semblait partager son humeur et elle dut admettre que lorsqu'il riait, il n'avait plus rien de menaçant.

Ses bons conseils la firent pourtant se raidir un peu mais elle n'en montra rien. « C'est que...je bosse ici en fait et je suis généralement de fermeture, alors pas vraiment le choix. » Était-ce sa faute à elle si la nana qui l'avait embauchée avait eu l'excellente idée de monter son truc dans ce coin ? La rue dans laquelle se trouvait le studio de yoga était passante et plutôt sympathique et l'espace en jetait, il fallait l'admettre. Mais c'était aussi vrai que les rues alentours ne bénéficiaient pas toutes du même standing... Selon les endroits, Altona n'était effectivement pas le quartier le plus rassurant de la ville. Mais elle n'avait d'autres choix. Et en bientôt trois ans c'était la première fois qu'elle se retrouvait dans une telle situation. Mais il suffisait malheureusement d'une fois, se dit-elle alors. « Effectivement, une petite bombe doit être utile dans ces moments-là, merci pour le conseil. » lui accorda-t-elle alors avec un sourire. « Mais il faudrait quand même que j'arrive à mettre la main dessus avec tout ce fourbis... Et, non rassurez vous ce n'est absolument pas ce que je cherche. » Elle tourna alors vers lui un regard et un sourire plus francs. Si elle avait eu une telle arme de dissuasion sous la main sans doute aurait-elle été effectivement tentée de la chercher en le voyant revenir. « En fait je...cherche mes clés. » compléta-t-elle un peu penaude.

Elle se raidit d'autant plus lorsqu'elle comprit qu'il l'avait reconnue. Pour une fois elle aurait bien voulu passer incognito. Ce n'était pas le genre de situation qui la mettait à son avantage. « Je crois qu'elles se sont faits la malle... » Rien d'étonnant en même temps avec le désordre qui régnait là dedans. Comment pouvait-on faire croire qu'on pouvait aider les autres à mettre de l'ordre dans leur vie quand on était incapable de le faire avec son propre sac ? C'était prodigieux. Il y avait toute sa vie dans ce machin. Les choses essentielles comme ses clés, son téléphone, son passeport ou son permis de conduire se retrouvaient noyées sous une montagne d'autres trucs bien moins essentiels... Certains n'avaient d'ailleurs plus d'utilité depuis des semaines quand d'autres n'en avaient jamais eu et n'avaient tout simplement pas trouvé le chemin jusqu'à la poubelle... Et puis il y avait des machins inutiles pour lesquels elle trouvait malgré elle une utilité toute relative. C'était le cas de ce paquet de cigarettes qu'elle refusait de jeter et qu'elle cachait tout au fond de son sac pour que personne ne tombe dessus. Elle aimerait bien dire qu'elle n'y touchait jamais et qu'il était là uniquement par habitude mais ce n'était pas tout à fait vrai. « Je peux vous proposer une cigarette en revanche. » lança-t-elle en lui présentant le paquet ouvert. « Et pour répondre à votre question, oui c'est bien ça. Le studio de yoga dans lequel je travaille est à deux pas d'ici en fait. » Elle s'empara elle-même d'une cigarette qu'elle alluma après avoir remis le paquet à sa place. « Vous m'excuserez, je sais que j'ai du dire une connerie comme quoi j'avais arrêté mais étant donné les circonstances...je crois que c'est la seule chose dont j'ai besoin en plus de mes clés. Je peux compter sur votre silence ? » La plaisanterie se voulait joviale et détachée mais étant donné les circonstances encore une fois, son rire se révéla plus nerveux et mécanique qu'elle ne l'aurait voulu...
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Re: Har ✸ Frayeur nocturne
Jeu 6 Déc 2018 - 6:56
La blonde semblait se détendre un peu, en tout cas suffisamment pour commencer à tenir un début de conversation. Et de même que l’appétit vient en mangeant, son sourire s’élargissait et ses mots jaillissaient avec une fluidité accrue de ses lèvres tandis qu’elle parlait.
En dépit de cette amélioration, leur rencontre insolite n’avait pas encore l’apparence d’une conversation normale et apaisée entre deux adultes.

— Ah, vous cherchez vos clés ! Pas surprenant, je ne connais pas plus coquines que ces choses-là. C’est à croire qu’elles ont une volonté propre, ainsi qu’une paire d’ailes invisibles pour se déplacer à notre insu. Toujours à se défiler au moment où on a le plus besoin d’elles !

Max riait, mais il aurait pu rire jaune. Ses clés étaient son outil de travail, comme la binette du jardinier. En cas d’imprévu un salarié pouvait emprunter les transports en commun ou appeler un VTC, les livreurs indépendants comme Max avaient besoin de leur camion – et des clés – pour accomplir leur tournée quotidienne. Heureusement, l’appartement où il vivait avait la taille d’une boîte de sardines, si bien que même le plus sournois des trousseaux de clés disposait d’une réserve limitée de planques. Limitée, mais suffisante pour lui donner des sueurs froides à certaines occasions.

Le quadragénaire refusa poliment la cigarette qui lui était proposée en agitant la main, puis dressa la tête en haussant les sourcils lorsque la femme confirma son identité.

— Eh bien ça alors ! En tout cas, une personne aussi célèbre que vous, je l’imaginais plutôt travailler en centre-ville. Mais c’est bien, très bien même. J’habite le quartier, dans un lotissement plus délaissé qu’ici, et je suis donc bien placé pour savoir que les gens ont un grand besoin d’activités comme celle que vous proposez. Il y a beaucoup de pauvreté et de mal-être par ici, et la plupart des solutions de bien-être s’adressent uniquement aux riches. Elles ciblent ceux qui ont le moyen de se les offrir, parce que c’est ce qui rapporte le plus. Enfin bref, je trouve que c’est très bien ce que vous faites et vous en remercie.

Max n’était pas branché yoga – des hommes pratiquaient vraiment ce truc ? –, préférant la chaleur moite des salles de sport, le contact dur des haltères et la charge lourde des machines de fitness. Mais l’ancien expatrié était ouvert à tout, curieux de tout et son voyage en Inde lui avait octroyé un regard neuf sur la pratique du yoga. Ou plutôt des yogas, car il en existait autant de formes que l’athlétisme compte de disciplines.

Il rit à nouveau à la plaisanterie nerveuse d’Harriett. La pauvre était encore sous le choc, mais ce trait d’humour était un premier pas vers le retour à la normalité.

— Ne vous inquiétez pas, on a tous nos petits vices. Le mien, c’est la bière : heureusement je n’arrive jamais à en boire en quantité suffisante pour être ivre. (Max adressa un clin d’œil à Harriett.) Ce n’est donc pas un serment d’ivrogne quand je vous dis que votre secret sera bien gardé avec moi ! Au fait, je m’appelle Max, dit-il en tendant la main.

Le Chien se mit alors à aboyer en fixant le livreur avec une expression sévère, ce qui provoqua l’hilarité du livreur. Il se pencha sur l’animal, lui caressa vigoureusement la tête et l’embrassa entre ses deux oreilles pointues.

— Correction : votre secret est bien gardé avec nous. Le Chien que voici et qui n’a pas de nom est un grand bavard, mais vous pouvez lui confiance. Même les canidés d’Altona n’en sauront rien !

Le berger allemand tourna sur lui-même avec allégresse, joyeux comme un cochon dans le seigle.

— D’ailleurs, si tu étais si futé, tu retrouverais les clés de madame illico.


Le Chien hocha la tête sur le côté, l’air de dire « je ne comprends à ce que tu me demandes, grande perche à deux pattes ».

— C’est bien ce que je pensais, gros malin. (Max se tourna à nouveau vers Harriett.) Ne bougez pas, j’ai une lampe torche dans mon fourgon, ce sera plus pratique pour retrouver vos clés au milieu de cette pénombre.

Joignant l’acte à la parole, le livreur marcha en direction de son camion, sa barre de fer tenue lâchement dans sa main gauche et qu’il allait enfin pouvoir ranger. Une fois de plus, elle lui avait rendu un fier service.
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