(LUKAS & WALTER & GAELLE) à la tienne compagnon

Walter avait eu une journée particulièrement stressante au travail. Il y a des jours avec et des jours sans. Aujourd'hui, c'était clairement un jour sans. Il avait passé une bonne partie de son après midi à se prendre la tête sur des dossiers financiers, et n'avait pas vu le temps passer. Alors, tout naturellement, il avait proposé à Lukas de se retrouver en fin de journée pour aller prendre un verre. C'était leur expression pour dire se biturer toute la nuit et probablement faire plus de conneries qu'ils ne l'avoueraient jamais. Mais ces soirées étaient particulièrement agréables pour Walt. Une des rares occasions où il pouvait se lâcher et oublier tous ses petits tracas quotidiens. Il avait commandé une pinte de bière en attendant son compagnon de beuverie. Il était -pour changer- un peu en avance. Et il n'allait pas se déshydrater, sécher sur pied en attendant son ami. Il s'éloigna du comptoir et s'installa sur une table, un peu à l'écart, tranquille, sirotant sa bière bien fraîche à petites gorgées, laissant son regard s'attarder sur quelques créatures de rêve qui passaient à proximité de ses yeux. Il envoya un rapide texto à sa femme pour la prévenir qu'il ne rentrerait pas ce soir.Ou, en tous cas, qu'il ne rentrerait pas avant une heure avancée de la nuit. C'était régulier ces derniers temps. Mais il éprouvait de plus en plus de mal à croiser son regard lorsqu'il rentrait après son travail. La culpabilité, c'était une grande première pour lui. Il n'avait pas l'habitude d'avoir du remord. Mais Piper, c'était différent. C'était sérieux. Il chassa d'un mouvement de tête ses idées noires. Ce n'était ni le lieu ni le moment de se laisser aller à la déprime. Il reprit une longue gorgée de sa boisson. Il attendait maintenant son ami avec impatience, afin de pouvoir -enfin- débuter la soirée.

Lukas venait de terminer son émission quotidienne lorsqu'il avait reçu le message de Walter, lui proposant d'aller boire un verre, ce soir. Comme s'il allait refuser ! Lukas était toujours partant pour une petite sortie, surtout avec l'un de ses plus proches amis. Il espérait seulement que ce dernier n'allait pas encore dégénérer comme ça lui arrivait bien trop souvent. Il adorait Walter et s'entendait très bien avec lui sur presque tous les points. Presque. Car sa fâcheuse manie de draguer tout ce qui bougeait lorsqu'il avait un peu trop bu agaçait fortement l'animateur. La fidélité était quelque chose d'important pour lui et voir son ami se comporter ainsi alors qu'il était marié et que sa femme l'attendait tous les soirs ne lui plaisait pas beaucoup. Combien de fois avait-il dû intervenir ? Malgré tout, le plus âgé ne semblait pas encore s'être lassé de sa compagnie. Il fallait dire que Lukas tenait à leur amitié. Après tout, Walter était l'un des seuls à comprendre son humour pourri et à rire de ses blagues idiotes, voire à renchérir à chaque fois. De ce côté-là, on pouvait presque dire qu'ils étaient les mêmes.

Quoiqu'il en soit, après avoir terminé un article de dernière minute - car à côté de son boulot d'animateur, il était aussi journaliste. Il rédigeait de petits articles pour son émission, mais aussi pour d'autres émissions. Une fois le travail fini, il prit tout de suite la direction du bar et ne fut pas surpris de voir Walter avec une bière. Par contre, il fut surpris de le voir déjà là. D'habitude, il arrivait plutôt en retard, ça changeait. Un petit sourire taquin aux lèvres, il avança vers son ami et lui fit une tape dans le dos. "Déjà là ? Qu'est-ce qui t'arrive ? Ta montre a de l'avance ?" Il laissa échapper un petit rire avant de commander une bière, lui aussi. "Bonsoir quand même ! Ça me fait plaisir de te voir !" Comme à chaque fois, de toute façon. "Comment tu vas ? Dure journée ?" Il fallait bien commencer par quelques banalités avant d'être totalement ivres et de ne se mettre à raconter que des conneries. Lukas remarqua évidemment que le regard de son ami se perdit un instant sur l'une des filles présentes et lui donna un petit coup de coude dans les côtés. "Hé ! Ton rendez-vous, c'est moi !" Il sourit bêtement et but une gorgée de la bière qu'on venait de lui servir. La soirée promettait déjà.

Walter sourit à la vue de son ami qui s'approchait de la table. Pile à l'heure, comme toujours.  "Déjà là ? Qu'est-ce qui t'arrive ? Ta montre a de l'avance ?", lui lança t-il d'emblée. Walter eut un petit rire et répondit du tac au tac. "Toujours aussi charmant à ce que je vois. Plains toi en plus, pour une fois que je ne te fais pas poireauter", renchérit-il. Il reprit une gorgée de sa bière, et le liquide frais lui fit un bien fou lorsqu'il descendit le long de sa gorge. "Ça me fait plaisir de te voir également mon cher. "Et ouais, dure journée. Certains d'entre nous ont des responsabilités et ne se contentent pas de passer des vieux CD à longueur de temps", le charria t-il. Il savait que Lukas ne prendrait pas mal sa petite moquerie. Entre eux, c'était l'amour vache. Il profita de la commande de son ami pour reprendre une bière, son verre étant presque terminé. Et son regard se perdit un instant dans le bas du dos d'une fort belle demoiselle qui discutait avec sa bande de copines, avant d'être rappelé à l'ordre par le prince de la vertu en personne. "Désolé mon chou, mais tu sais, je ne suis qu'un homme. Et la passion s'est émoussée, depuis le temps qu'on se fréquente. Nous ne somme plus le jeune couple fougueux que nous étions à nos débuts !" lui répondit-il en lâchant un petit rire. C'est vrai qu'ils étaient comme un petit couple tous les deux. La baise en moins, bien sur. En tous cas, Lukas n'aurait pas été plus rabat joie sur ses mœurs légère s'ils étaient mariés. La plupart du temps, ça l'amusait. Bizarrement, il trouvait ça beaucoup moins drôle lorsque son compagnon lui cassait de potentielles parties de jambes en l'air avec de belles inconnues.  "Alors, dis moi, quoi de neuf dans le monde passionnant du journalisme d'investigation ?"

Lukas émit un petit rire aux paroles de son ami, puis haussa les épaules. "Je ne me plains pas du tout, voyons ! Je me suis juste demandé si la terre avait arrêté de tourner l'espace d'un instant...ou si j'avais atterri dans une dimension parallèle où mon ami Walter connait la ponctualité." Il sourit bêtement, fier de sa connerie. En même temps, il était toujours fier des idioties qu'il pouvait sortir. Il n'avait aucune honte de ses paroles, quelles qu'elles soient et assumait parfaitement son sens de l'humour pourri. Mais Walter et lui se ressemblaient de ce côté-là. Ils s'étaient vraiment bien trouvés, ceux deux-là. Peut-être même trop bien, parfois. Il fronça les sourcils et prit un air faussement offusqué aux propos de l'autre homme, puis il poussa un soupir grandement exagéré. "Faut vivre avec ton temps, mon gars. Il me suffit d'appuyer sur un bouton et magiiiie ! La musique se lance ! C'est un travail très fatigant, j'te signale ! Et ça me muscle les doigts." Il se remit à rire comme un con. Décidément, il semblait en pleine forme, ce soir.

Bien sûr, Walter ne put s'empêcher de reluquer ouvertement l'une des filles présentes et comme toujours, Lukas le rappela à l'ordre. C'était vraiment ce qu'il détestait le plus chez son ami. Il avait même de la peine pour Piper, même s'il ne lui viendrait jamais à l'esprit de lui parler des frasques de son mari. Il s'entendait bien avec elle et il s'en voulait de ne pas être totalement honnête envers elle, mais il estimait que ce n'était pas son rôle. C'était entre elle et Walter et il n'avait pas à s'en mêler plus qu'il ne le faisait déjà. "Walty...tu me brises le cœur !" Il porta sa main à son cœur de façon démonstrative. "J'ai mal. Je souffre de ce manque d'attention, Walty !" Incapable de rester sérieux plus longtemps, il éclata de rire, ne se calmant qu'une fois sa bière servie. Son ami le questionna sur son boulot, de façon taquine, comme il le faisait si souvent. Lukas leva les yeux au ciel et lâcha un petit soupir. "S'enquérir sur les amours de la nouvelle star en vogue...ouais, un magnifique travail d'investigation !" Bon, il exagérait, mais son domaine était surtout la musique, même s'il lui arrivait d'aller sur le terrain lorsqu'il se passait quelque chose et d'écrire un court article qui sera diffusé à l'antenne par quelqu'un d'autre. Ou quand il donnait les nouvelles - ce qui arrivait parfois. "Et toi alors ? Des histoires intéressantes à raconter ?" Il but une nouvelle gorgée de sa bière qui ne serait certainement pas la dernière de la soirée.

Four éteint, check. Plus rien qui traine, check. Volets baissés, check. Lumières éteintes, check. Le dernier client un peu lourd et bien saoul viré, check. Parfait, il est temps de fermer pour la soirée. C’est assez rare, mais ce soir je ressens le besoin de sortir et de me vider l’esprit. Quoi de mieux que de retrouver Walter et Lukas pour ça ? Pas grand-chose, j’avoue.  
Paddy’s Teig fermé, je monte quelques minutes à l’appartement. Le temps de se refaire une petite beauté, de laisser un mot à Aidan comme quoi je rentrerais certainement tard –ou ne rentrerais pas du tout d’ailleurs- et de m’assurer que tout est bien en ordre. Tandis que cela semble être le cas, je redescends au Paddy’s, passe par la porte d’entrée principale et la ferme à clé derrière mon passage. Je saute dans mon véhicule, et direction Le Lion.

Je ne mets pas bien longtemps à trouver une place où me garer, même si celle-ci est un peu loin du bar. Ça va me faire marcher, au moins ça me fera les cuisses. C’est avec le sourire que je commence à y aller, trottinant limite pour atteindre l’entrée du bar. J’ai vraiment hâte de retrouver mes deux amis, ça fait un petit moment qu’on ne s’était pas improvisé de petite soirée telle que celle-ci. Elles sont toujours très agréables même si, faut bien l’avouer, je finis très souvent le lendemain matin avec la tête dans la cuvette des chiottes. Mais tout ce qui précède la gueule de bois, c’est marrant. C’est bien pour ça que l’alcool est un bon petit cercle vicieux.
Arrivée devant l’entrée du bar, je m’y rends et mon premier reflex est de chercher des yeux la présence de Walter et Lukas. Et c’est assis à une table dans un coin plutôt calme que je finis par les apercevoir, en pleine conversation. Je lance un grand signe puis m’y rends sans me faire attendre davantage. « Salut vous deux, » je lance avec entrain, toute sourire. « Désolé du r’tard, j’ai eu un peu de mal avec un type complètement cuit qui voulait pas partir. Comment ça va ? » Je m’assois avec eux, et en profite pour attraper l’un des serveurs passant par là pour lui commander une bière, suivant l’exemple des copains.

Walter éclata de rire lors de la crise de jalousie de son ami. Putain, mais comment ses blagues merdiques pouvaient-elles encore le faire rire après tout se temps. Il en remit une couche, et caressa délicatement la cheville de son compagnon de soirée avec la pointe de sa chaussure. "Ne t'en fais pas ma chérie, je suis tout à toi ce soir." Il répondit ensuite à sa question, l'air faussement exténué. "Ne m'en parles pas. Jouer les cupidons, c'est épuisant. Au moins, lui, il ne se tape pas toute la comptabilité." Enfin, ce qu'il se tapait, c'était surtout la comptable, il faut bien le dire. Ils en étaient là, lorsqu'une folle furieuse débarqua pour lui couper la parole. Gaelle, évidemment. Que serait une soirée beuverie dans cette tornade. Ça faisait un bout de temps maintenant qu'il connaissait ce petit bout de femme. Ils étaient très proche tous les deux, et Walter était même le parrain de son fils -oui, il y avait plus pertinent comme choix-, ce dont il avait été honoré. Rares étaient les personnes qui lui auraient fait confiance à ce sujet. Mais il arrivait -dans de rares occasions- que Walter sache se montrer responsable. Et les moments qu'il passait avec son filleul étaient de ceux là. Il profita de l'arrivée de son amie pour terminer sa bière cul sec, et en recommander une autre dans la foulée. "Franchement, les clients de ton bar sont beaucoup trop charmants. Je m'étonne que tu n'aies pas encore trouvé chaussure à ton pied avec l'un d'entre eux. Je veux dire, sortir avec des pochtrons, ça te connaît normalement." Il jeta ensuite un long regard appuyé vers Lukas. Tout dans la subtilité et l'élégance, bien entendue. Walter ne se lassait pas de jouer les emmerdeurs depuis qu'il était au courant que ses deux amis avaient eu une liaison. Et il était -franchement- lourd, la plupart du temps. Mais c'est ce qui fait son charme.

Décidément, il ne se passait pas cinq minutes sans que Lukas ressente le besoin de charrier Walter ou inversement. Il n'y avait pas à dire, ces deux-là s'étaient vraiment bien trouvés. Tout comme le reste de leur bande totalement atypique et surtout...très très mature. Oui bon, ce n'était absolument pas crédible. Mais peu importe. On n'avait qu'une vie, alors autant en profiter à fond et faire ce que bon nous semblait, sans se soucier du regard des autres ou de ces soi-disant conventions ou autres qui disaient qu'à partir d'un certain âge, on n'avait plus le droit de sortir et de s'amuser. C'était ridicule. Quoiqu'il en soit, Walter et Lukas étaient encore en train de s'embêter mutuellement et l'animateur adressa un petit clin d’œil à son ami lorsque ce dernier se mit à lui faire du pied. "Je préfère ça. Tu auras peut-être droit à une surprise en rentrant, chéri..." Il pouffa de rire, incapable de garder son sérieux bien longtemps.
Ils abordèrent rapidement le sujet du boulot et ce serait probablement le seul sujet un peu sérieux de la soirée, de toute façon. "De quoi tu te plains ? T'as qu'à engager un comptable ! Et puis, c'est toi qui as choisi de jouer les cupidons des temps modernes." Il lui sourit bêtement avant d'enchaîner. "Mais sérieusement, tu dois en voir des cas, non ?"

A cet instant, Lukas aperçut Gaelle. Il n'était pas au courant qu'elle venait, mais il n'allait certainement pas s'en plaindre. Plus on est de fous, plus on rit, c'était bien connu. Surtout avec cette bande-là. "Hey, toi !" Il lui adressa un grand sourire, vraiment content de la voir. Bien sûr, Walter ne put s'empêcher de mentionner, une nouvelle fois, la relation passée entre Lukas et Gaelle. "Ah bon ? Elle est sortie avec toi, Walty ?" Il vida sa bière et en commanda une autre, en même temps que son ex. Oui, ils étaient sortis ensemble, mais ça n'avait guère duré longtemps et ils avaient fini par se quitter en de bons termes et à ce jour, ils étaient toujours amis et c'était l'essentiel. Finalement, l'amitié leur allait bien mieux que le couple. Et puis, ils étaient assez similaires, tous les deux car ils avaient peur de l'engagement, ne gardaient jamais un partenaire bien longtemps. Lukas avait longtemps prétendu qu'il s'en fichait, mais à présent, il commençait à réfléchir. Il avait eu 40 ans récemment et il commençait à éprouver le besoin de se poser. Encore fallait-il rencontrer la bonne personne pour ça. Quoiqu'il en soit, il ne voulait pas penser à tout ça ce soir. Ce soir, ils étaient simplement là pour passer un bon moment entre amis. "J'espère que tu as foutu ce type dehors à gros coups de pied dans le cul !" Il imaginait parfaitement la scène et ça le fit rire tout seul. Oui, il lui en fallait parfois vraiment très peu.

C’est installée et servie que je commence à boire ma bière à une vitesse pas très raisonnable, mais bon sang qu’est-ce que ça fait du bien ! Je suis bien contente de passer cette petite soirée loin du boulot et en compagnie des copains, vraiment. Alors que je m’excuse pour mon retard dû à un énergumène de type J’aiBeaucoupTropD’AlcoolDansLeSangEtJ’enVeuxEncore, Walter en profite pour lancer une petite pique concernant mes histoires de cœur, ce à quoi je réponds après avoir fini ma bière d’une traite. « M’ouais, si ce type là ça signifie charmant pour toi, tu d’vrais plutôt tenter une nouvelle technique de drague : arrête la bière, prend plus fort. Parce que t’as encore du ch’min à faire mon lapin. » Dans le sens où pour être cuité comme lui il l’était, il allait falloir bien plus que quelques bières. D’ailleurs, pour ma prochaine commande, je ne me gêne pas et passe direct au whisky. Au moins on est fixés sur mon but de la soirée. « Après, des types vraiment charmants, ça… Ouais il y en a. Et pas mal. » Allez hop, ça c’est placé, c’était gratos. Après tout, en tenant un pub on en voit du monde. Des jeunes, des vieux, des grands, des petits. C’est vrai que la prochaine fois que quelqu’un me plait, peut-être devrais-je tenter une approche ? On sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher.

Mais Walter n’en a pas fini, et lance un bon gros sous-entendu concernant ma relation passée avec Lukas. Ouais, on est sortis ensemble pendant quelques temps mais –comme un peu toutes mes relations amoureuses, terreur quand tu nous tiens- ça n’a pas duré. Au final, on est peut-être beaucoup mieux en tant qu’amis que couple. Il répond d’ailleurs à la pique de Walter avant moi, ce après quoi je me mets à rire avant de prendre un air agacé, bien que peu crédible quant au sourire que j’essaye tant bien que mal de camoufler. « Mais, fallait pas lui dire, il était pas au courant ! » Je m’exclame à l’attention de Lukas. Avant de me remettre à rire, parce que ouais, je ferais une piètre comédienne. Je n’avais évidemment jamais eu de relation amoureuse avec Walter. Le connaissant depuis que je suis vraiment toute petite, j’en suis certes très proche mais je le considère davantage comme un grand frère. Même si il y en a pas un pour rattraper l’autre, on est d’accord. Je bois quelques gorgées de mon whisky, riant de nouveau aux dires de mon ex en m’imaginant virer le type du Paddy’s à coups de pied dans le derrière. En effet, ça aurait pu être marrant mais pas très pro’ donc bon, je tiens à garder la bonne réputation de mon pub. « J’vais noter pour la prochaine fois, mais si je le fais préparez-vous à être embauchés en tant que clients à temps plein du pub, vu la réputation que ça va m’faire. » Puis, je rajoute : « Quoi que, vous m’direz il y en a probablement qui doivent aimer ça. Mais j’veux pas savoir. »

Et bim. Evidemment, dès que walt lançait une pique à Lukas, il fallait qu'il s'attende à un retour de baton. Ça avait toujours été comme ça entre ces deux là. C'est une façon comme une autre de montrer son affection. Et, vu ce qu'ils pouvaient s'envoyer en pleine gueule parfois, il faut croire qu'ils s'appréciaient vraiment. "Dis pas ça, elle en a toujours rêvé, pas vrai Gaelle ?" Il faut dire que son amie était peut-être l'une des seules femmes qu'il connaissait et qu'il n'avait jamais touchée. C'était comme une petite sœur, mais en plus chiant. Beaucoup plus chiant. Parce qu'elle pouvait sans peine lui tordre le bras si jamais l'envie lui en prenait. Elle était adorable, et terrifiante. Elle descendit sa bière à toute allure, avant de commander un whisky. Bon, au moins, ça posait les bases. "Eh bien, tu ne perds pas de temps." Walter en profita pour en commander un pour lui également, et finit sa bière d'une traite -comme un bonhomme-. A ce train là, la soiré promettait d'être sympathique. Il éclata de rie lorsque Lukas lui fit la suggestion de virer les clients à coup de pied au derch. C'était une technique comme une autre pour attirer une certaine clientèle -le genre un peu fetish-. "C'est clair que ça pourrait attirer un nouveau genre de clients. Mais je suis pas sûr que tu veuilles que ton pub devienne un repaire sado-masochiste. Quoique, ça t'irait vachement bien, le cuir-latex." Il rit comme un con à sa propre blague, imaginant Gaelle en tenue de cuir avec un fouet à la main. Vision pour le moins comique, il faut en convenir. Il sirota quelques gorgées de sa boisson, et ses yeux s'égarèrent une nouvelle fois sur des formes ma foi fort appétissantes. C'était pire qu'une addiction, et il n'avait aucun contrôle là dessus. Il se perdit quelques instants dans la contemplation de ce corps sublime qui semblait danser juste devant ses yeux.

Ce qu'ils aimaient se charrier, ces trois-là. Et ce, depuis qu'ils se connaissaient. En fait, il ne manquait plus que Julian pour que le groupe soit au complet, mais l'avocat n'avait malheureusement pas pu se libérer, ce soir. C'était donc juste eux, le trio. Parmi eux, c'était certainement Julian le plus sage et le plus raisonnable, même s'il pouvait se laisser aller quand il avait un peu bu. Oui, au fond, Lukas aurait aimé que son ami d'enfance soit là, mais ce n'était que partie remise. En attendant, il avait tout le loisir de faire chier Walter et de l'empêcher de draguer les filles présentes au bar. Pour l'instant, il semblait plutôt sage, occupé à raconter des conneries et à boire. Mais est-ce que ça allait durer ? Rien n'était moins sûr avec lui. Lukas adressa un grand sourire un peu idiot à Gaelle, suivi d'un clin d’œil lorsqu'elle évoqua certains clients très charmants. "Eh bien, t'attends quoi ? Je suis sûr que certains d'entre eux ne diraient pas non à quelques instants privilégiés en ta compagnie..." Il passa un bras autour des épaules de son amie. "A moins que tu n'aies pas encore vraiment digéré notre rupture. Ce que je comprendrais..après tout, c'est pas donné à tout le monde de sortir avec un beau gosse comme moi !" Il se mit à rire et retira son bras, puis suivit le mouvement en commandant un whisky à son tour. Généralement, il préférait toutefois la bière et pouvait carburer à ça toute une soirée. Mais il voulait faire honneur à ses camarades !

La conversation prit une tournure assez étrange suite à une remarque de Lukas. Ce dernier tenta d'afficher un air faussement outré aux propos de Walter, mais ce fut peine perdue. L'image qu'il venait d'avoir en tête le fit tout simplement éclater de rire. "Oh, tu serais magnifique ! Je pense que jouer les maîtresses SM serait un rôle parfait pour toi !" Il se remit à rire. Bordel, ce qu'ils pouvaient sortir comme conneries, tous les trois... et ce n'était que le début de la soirée. A cet instant, Lukas vit Walter regarder une fille, plus loin. Bien sûr. Cet idiot ne pouvait s'en empêcher. Poussant un soupir, il lui donna une légère tape à l'arrière du crâne. "Tiens-toi tranquille, obsédé !" Le tout avec un large sourire. Walter n'était certainement pas au bout de ses peines, ce soir. "Gaelle et moi, on a le droit de mater et de draguer. Pas toi. Mets-toi ça dans le crâne !" Il lui fit une pichenette sur le front avant de vider son verre cul-sec et de recommander une bière. "T'as intérêt à être sage, Walty. Sinon je te roulerai une pelle goût bière. Tu vas adorer." Quel idiot, mais quel idiot. Et le pire, c'était qu'il en serait parfaitement capable.

La remarque de Walter n’eut que pour effet de me faire pouffer. Lui et moi ? Non, c’est bien quelque chose que je ne vois pas du tout. C’est simple, le considérant carrément comme un grand frère, ça serait limite de l’inceste pour moi. « Sorry mon chou, ça ne m’a jamais traversé l’esprit donc pour le rêve on en r’parlera. » Je ris en lui donnant une tape amicale sur l’épaule, sirotant en suite quelques gorgées de whisky. Avec la bière, ça doit bien être mes deux alcools favoris. Avec une mini préférence pour le Glenfiddich. Walter note d’ailleurs le fait que je ne perds pas de temps après avoir bu ma bière d’une traite et commander ce verre de whisky. Pour réponse, j’acquiesce d’un hochement de tête en faisant mine de tapoter une montre invisible sur mon poignet. Mais le fait que Walter aussi bien que Lukas semblent tous deux me suivre me ravis d’autant plus, au moins je ne serais pas la première à être complètement ronde. Pour les vidéos compromettantes c’est pratique.
Je mentionne alors la minorité de clients vraiment pas désagréables à regarder qui fréquentent parfois le pub. J’avoue que c’est souvent que je me suis complètement perdue dans la contemplation de certains visages… D’un en particulier. Ordure. Je pouffe légèrement aux dires de Lukas, levant les yeux au ciel. « M’ouais, soit ils me r’gardent à peine, soit ils me dénigrent totalement donc bon j’ose même pas imaginer c’que ça donnerait. » Je ris rien qu’en y pensant. Je vois déjà la soirée ultra awkward. Bon j’avoue, je fais pas beaucoup d’effort non plus, c’est vrai que je pourrais peut-être me bouger un peu les fesses de ce côté-là. Ou bien je vais finir ma vie entourée de chats, j’vois bien les choses comme ça aussi. Lukas passe son bras autour de mes épaules, et je m’esclaffe à ses dires, en exagérant bien comme il faut pour lui retirer toute crédibilité. « Ah parce que c’était censé être un privilège ? » Je lui étire la joue rien que pour le taquiner, avant de me retourner a nouveau vers Walter qui suggère de transformer mon pub en repère sadomasochiste, où la spécialisation serait de gerter les pochetrons à coups de pied au derche… Merci mais non merci. Je ris et manque de répondre, mais Lukas me devance ce qui me fait rire davantage. « Calmez vos ardeurs vous deux, le jour où vous m’verrez porter ce genre de truc c’est qu’on m’aura payée plus d’un million. Alors à moins que vous les ayez sur vous, c’est mort ! » Et je me mets à rire en compagnie de mes amis. Heureusement qu’ils sont là pour me faire passer autant de bon temps et oublier un peu ma vie à côté. Rien qu’en racontant des conneries aussi grosses que nous trois réunis, ça marche du feu de dieu. Le seul point négatif ce soir, c’est que Julian n’est pas présent, et c’est vraiment dommage… Mais c’est pas dit qu’une fois bien arrosés on ne se ramène pas tous chez lui, d’ailleurs.
Le regard de Walter ne m’échappe pas tout comme il n’échappe pas à Lukas. Ce dernier lui flanque une tape à l’arrière du crâne, et j’en rajoute une sans me faire prier. « Ouais, d’abord. » Parce que je sais pas quoi dire de plus. D’ailleurs, mon ex enchaine sur le fait qu’on est les deux seuls à avoir le droit à draguer et mater ce soir. « Oh que oui, et dis-toi que j’compte bien en profiter alors j’ai pas envie de te surveiller toute la soirée. » Je ris, finissant mon verre à mon tour, j’en profite pour en prendre un autre, tournant toujours au whisky pour ma part tout en écoutant ce que disaient les garçons. Et aux paroles de Lukas, j’ajoute avec un sourire moqueur : « Et crois moi, il fait pas ça très bien, alors si j’étais toi Walty, j’éviterais les faux pas. »