Soirée à deux (Ft. Valentina)

Ces derniers temps, les jours passent et ne se ressemblent pas. Je ne sais pas si c’est l’âge qui fait ça, mais j’ai l’impression que les jours, les semaines et même les mois passent à une vitesse folle. Je n'ai même pas eu le temps de profiter de mes vacances de noël en famille, que nous sommes déjà bientôt en été. Je ne contrôle pas le temps, il passe, bien trop vite et moi j’ai l’impression d’être toujours au même stade, sans bouger. J’ai passé la quarantaine et je suis toujours célibataire sans enfant. Le temps me fait peur et j’essaie souvent de ne pas y penser, à tout ça car ça me fait terriblement peur. J’ai envie de trouver la femme de ma vie, j’ai envie d’avoir des enfants, et pourtant j’ai quand même peur, peur de l’abandon. Après tout, j’ai été abandonné deux fois dans ma vie ; à ma naissance, et en amour il y a quelque temps de ça. Et si j’étais destiné à être abandonné ? À être tout seul pour le reste de ma vie. Ce n'est pas très joyeux tout ça pas vrai ?

Aujourd’hui à été une journée normal pour moi, une journée de boulot bien rempli, mais je suis plutôt content puisque ce soir j’ai prévu une soirée au cinéma et pas avec n’importe qui puisque c’est Valentina qui m’accompagne. C’est étrange de sortir avec sa patronne ? Pour moi c’est devenu totalement normal et je dois tout de même avouer que je suis bien pressé de vivre ce moment. J’ai un crash pour Valentina depuis un long moment maintenant, je le sais, mais je ne veux pas me l’avouer, et si ce n’était pas réciproque ? Et si elle aussi, comptais m’abandonner ? Je pense que je ne vivrais pas bien ce troisième abandon c’est peut-être pour ça que je ne tente rien. Je pense qu’un psy pourrait totalement bien s’amuser avec moi. Bref, j’ai donc donné rendez-vous à Valentina pour ce soir après le boulot. Je suis rapidement rentré chez moi pour une rapide douche et enfiler un jean et une chemise, classique mais en même temps Valentina me connais pratiquement sous toutes les coutures aujourd’hui, enfin presque.

J’arrive à l’heure en bas de chez elle, il est prévu que l’on aille ensemble au cinéma, le taxi nous attend. Je lui envoie un rapide message pour lui indiquer que nous sommes en bas de chez elle. Je dois reconnaître que je suis un petit stressé, bien que ce n’est pas la première sortie que nous faisons tous les deux. Coeur qui bat, main un peu humide, je souffle un bon coup avant son arrivé qui ne se fait pas attendre d’ailleurs. Je pense que lorsque je l’aperçois, j’ai les joues qui on viré au rose/rouge, et des coeurs dans les yeux. J’espère qu’elle ne remarque pas tout ça.

« Très jolie pour une soirée cinéma. » Lui dis-je en souriant de toutes mes dents, lui ouvrant la porte du taxi.

"- Tout se passe bien chez papa ?"

Le téléphone plaqué contre son oreille, la quadragénaire écoute la voix de sa fille qui lui répond, racontant sa soirée chez son père, alors qu’ils ne vont pas tarder à aller se coucher. Chaque soir, quand ils ne sont pas là, le même rituel. Aujourd’hui est toutefois une date exceptionnelle. Ce n’était pas son tour de garde. Il ne les a même jamais en semaine. Mais elle a fait l’effort, considérant ses efforts des derniers mois, croisant les doigts pour qu’il n’oublie pas de les emmener à l’école le lendemain matin, quoiqu’il est parfaitement capable de charger sa nouvelle copine de s’occuper de ça.

"- Ah oui ? Et ton frère a aimé le gratin ?"

Au moins, ils ont mangé tôt. Tant mieux. Au moins, cette femme respecte un rythme régulier et correct pour des enfants. Par miracle, elle a même réussi, ce soir, à faire manger du gratin de brocolis à son petit dernier. Non pas que la blonde aurait essayé, à sa place. Mais Oliver avait consenti à goûter, c’était déjà ça. Comme quoi il grandit. Comme quoi il devient de plus en plus raisonnable. Comme quoi on ne cesse jamais de surprendre ses parents. Du brocolis, il y a encore un an de ça, c’était totalement impensable.

"- D’accord. Du coup vous allez vous coucher bientôt ?"

Elle opine de la tête, même si sa fille ne peut pas la voir faire, quand cette dernière explique que oui, ils y vont dans dix minutes, qu’ils ont le droit de regarder encore un peu la télévision d’abord, leur père ayant allumé une chaîne de dessins animés. Elle fait une petite moue, n’appréciant pas forcément la consommation abusive d’écrans, encore moins au moment d’aller dormir, mais s’abstient de commenter, n’ayant plus franchement son mot à dire sur la manière qu’avait Owen de gérer son foyer. Elle lui en parlerait plus tard, en tête à tête, quand ils se verront pour les enfants. Pas ce soir, pas comme ça. D’autant qu’elle est pressée.

"- D’accord, d’accord. Bonne nuit alors ma chérie ? Profite bien du dessin animé…"

Elle raccroche sur un dernier baiser, lui répétant d’en faire un à son petit frère, même si elle lui a déjà parlé avant d’avoir sa fille et soupire, glissant son téléphone dans son sac à main. C’est l’heure qu’elle y aille, si elle ne veut pas être en retard, alors qu’Adam l’attend, ayant proposé une sortie au cinéma, ce soir. Il ne devrait pas tarder à être en bas de chez elle, s’il n’est pas déjà là. Le bip de la notification de son téléphone lui fait savoir, d’ailleurs, que l’homme est bel et bien là et la blonde sort alors, resserrant sa veste autour d’elle, avançant en direction du taxi devant lequel l’homme l’attend, complimentant sa tenue.

"- Merci ! Mais comment ça “pour une soirée cinéma” ? Veux-tu dire que ça ne serait pas joli pour d’autres circonstances ?" demande-t-elle en se fendant d’un sourire, avant de prendre place sur le siège passager comme il lui ouvre la porte. "Puis-je te demander ce que nous allons voir, ou tu préfères garder le mystère jusqu’à ce que nous soyons arrivés ?"

Elle est belle quoi qu’elle porte, quoi qu’elle fasse, le matin très tôt comme le soir très tard elle est magnifique et c’est terriblement difficile de résister à la tentation, mais c’est comme ça, c’est interdit et ça devient de plus en plus compliqué de gérer ses émotions lorsqu’elle est présente, et surtout aussi près de moi. Lorsque j’arrive chez elle, j’essaie de mettre mon cerveau en mode détente, en me disant que tout ira bien une nouvelle fois, que malgré tout elle reste quand même ma patronne, mais je dois reconnaître que le simple fait de la voir arriver brise toutes les règles que je m’impose depuis des mois maintenant. Belle au naturel, elle est encore plus belle ce soir. Elle s’est faite belle pour moi ? Rien que pour moi ? Est-ce que je dois interpréter quelque chose ? Je ne sais pas et je pense que je suis en train de me faire bien trop de film. Je dois arrêter, je dois dire stop à mon cerveau et revenir sur le principal ; notre soirée au cinéma. Pour me détendre je lance un compliment, avec un peu d’humour et c’est justement dans ce sens-là qu’elle me répond.

« Oh arrête, tu sais très bien que tu es magnifique quoi que tu portes. »

Souriant de toutes mes dents, j’ouvre donc la porte du taxi, comme un parfait gentleman sans forcément m’en rendre compte d’ailleurs, pour la laisser grimper et que je puisse prendre place à ses côtés. Direction le cinéma. La fameuse question arrive, le choix du film et je dois dire que ça ressemble à une question piège pour moi puisqu’en réalité je suis toujours dans le suspens. A l’affiche ce soir un film romantique ou bien un film d’horreur. Est-ce que je joue le romantique ou alors je tente la frayeur pour l’avoir dans mes bras ?

« Et bien je pense que j’ai envie de te surprendre. »

Je joue le malin, mais je suis quand même bien embêté puisqu’il ne me reste que quelques minutes pour faire mon choix de film.

Il affirme qu’elle est belle tout le temps, quoi qu’elle porte et pas seulement belle, en fait, mais magnifique et la blonde laisse entendre un petit rire avant de lui accorder une petite moue, pas franchement convaincue. Elle pense surtout que l’homme cherche à la flatter, ou à se rattraper aux branches. Elle n’est pas sûre qu’elle serait vraiment “magnifique” si elle portait un vieux jogging et un t-shirt troué sans aucun style, même si ça n’arriverait jamais, n’étant pas ce genre de personne qui pouvait se vêtir de la sorte. Elle n’avait de toute façon rien de ce genre là chez elle.

"- Vil flatteur !" commente la blonde, appuyant son propos d’un geste de la main comme pour repousser ses mots.

Alors qu’il lui ouvre la porte du taxi tel un gentleman, elle ne se fait pas prier pour se glisser à l’intérieur sur le siège arrière, posant son sac à main sur ses genoux afin de ne pas grignoter sur la place adjacente, sur laquelle l’homme ne tarde pas à prendre place lui-même, ayant contourné la voiture. Alors le taxi démarre pour rejoindre le cinéma, les laissant seuls à l’arrière discuter de la soirée à venir, la blonde se montrant curieuse de savoir ce qu’il avait prévu de voir comme film. Une curiosité qu’il laisse cependant insatisfaite alors qu’il confirme qu’il préfère lui garder la surprise intacte pour le moment où elle verrait le film s’afficher à l’écran.

"- Tant de mystère…" souffle la blonde en poussant légèrement tandis que le taxi poursuit sa course.

Il ne leur faut pas longtemps pour que le taxi s’arrête devant le cinéma, annonçant le montant de leur course avant de les laisser descendre et entrer dans la bâtisse plus qu’animée. A peine entrés, l’odeur des pop-corn chauds bien chatouiller leurs narines, en même temps que le brouhaha envahit leurs oreilles et elle se tourne vers lui, ayant jeté un œil à la programmation, qui ne lui a pas tant révélé quel film ils venaient voir, plusieurs séances commençant dans quelques minutes.

"- Pop-corn ?" propose-t-elle comme l’odeur entête ses sens.

Elle a beau être partisane du fait maison et des repas sains en ce qui concerne ces enfants, elle ne peut pas imaginer pour autant résister à l’odeur délicieuse des pop-corn. Et ce ne serait pas une vraie séance cinéma sans ce met indétrônable.

S’il y a bien une chose sur laquelle je suis sérieux c’est bien ça, Valentina est magnifique. Je n’ai évidemment pas eu l’occasion de la voir autrement vêtue que de beaux vêtements lorsqu’elle vient travailler, mais suit prêt à parié tout ce que j’ai, que même avec un rien elle est parfaite. Il n’y a qu’à voir ses formes, c’est une beauté, même sans rien sur elle, mais ça je préfère ne pas trop l’imaginer car ce serait difficile à gérer après. Je ne dois pas penser à ça, je dois rester focus sur la soirée, tout simplement. Rapidement le taxi arrive et je tente une approche de gentleman en lui ouvrant la porte. Une fois que la jolie blonde à pris place, c’est à mon tour, et le taxi peut démarrer, direction le cinéma. Comme toute curieuse, Valentina me demande le nom du film, ou le genre, et pour l’instant je laisse planer le mystère, tout simplement parce que je ne sais pas encore. Le choix est compliqué, et je sais que je vais devoir me dépêcher de trouver quelque chose.

« Est-ce que le mystère ne provoque pas un certain charme ? »

Lui demandais-je en riant, sans trop savoir pourquoi d’ailleurs. Le taxi poursuit sa route encore quelques minutes pour nous laisser devant. Les affiches des films sont là et j’y jette un rapide coup d’oeil. Je ne sais vraiment pas vers quoi me pencher. Si je prends trop romantique elle va se douter de quelque chose, à l’inverse si je prends de l’action il n’y aura pas grand-chose d’intéressant. Le choix est vraiment difficile, mais je dois en faire un, et vite. Pour l’instant ce sont plutôt les sucreries qui attirent son attention, ça me laisse encore quelques minutes donc pour me décider.

« C’est un incontournable du cinéma ça. Évidemment ! »

Lui répondis-je en souriant, alors qu’elle choisie ses pop-corn. Doucement, mais sûrement, nous nous dirigeons vers la billetterie. Petit moment de stress tout de même dans la file d’attente.

« Partante pour avoir peur ? »

Je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça, mais je pense bien que c’est sorti tout seul. Puis après tout, si elle a peur, elle peut toujours venir dans mes bras.

Il ne veut définitivement rien dire, préférant demander si le mystère n’avait pas une part de charme, ce à quoi elle répond par l’affirmative, d’un hochement de tête élégant. On peut voir les choses comme ça, oui. On peut dire que le mystère a une certaine part de charme. Le plus important, de toute façon, c’est sûrement qu’ils aillent au cinéma, qu’ils se préparent à passer un bon moment tous les deux, quel que soit le film qu'il décide de l’emmener voir. Elle lui fait confiance pour avoir choisi un film qui leur plaira.

Ils arrivent rapidement à destination et, à peine entrés dans la bâtisse, la blonde s’intéresse de près à la nourriture, proposant de prendre quelques popcorns. Bien sûr, elle a toujours tendance à faire attention à ce qu’elle consomme, mais un peu de pop-corn ne peut, après tout, pas lui faire de mal. C’est un incontournable du cinéma, comme le remarque son acolyte. Et ce n’est pas comme si elle se faisait régulièrement des séances. Elle ne risque pas grand-chose si ça reste de l'occasionnel. Ce ne sont après tout que des maïs poppés et garnis d’un peu de sucre, de toute façon.

"- C’est vrai !" admet la blonde. "Alors la vraie question est… Salés ou sucrés ?"

Étant un bec plutôt sucré, les deuxièmes ont sa préférence. Mais s’il préfère en prendre des salés, ils pourront toujours en prendre un pot de chaque. Elle promet de ne pas le juger. Pas trop, tout du moins. Elle ne fera même pas de remarque sur son mauvais goût, pour apprécier des choses pareilles. Ou en tout cas, pas trop. Pas qu’elle le critiquerait vraiment, cependant. Ce serait davantage une petite taquinerie qu’un vrai jugement.

Leurs pop-corns en main, ils avancent jusqu’à la billetterie pour prendre leurs places, l’homme demandant subitement si elle était prête pour avoir peur et elle ne peut s’empêcher de froncer légèrement les sourcils. Comment ça, peur ? Qu’est-ce qu’il avait fait, au juste ? Ou qu’est-ce qu’il comptait faire ? Elle ne comprend pas vraiment ce qu’il sous-entend.

"- De quoi aurais-je peur ?"