Help me to see clearly | Ft Axel, 2022

Oh merde. Merde. Merde. Merde. Et re-Merde. C’était le mot qui raisonnait le plus dans l’esprit de Paloma depuis quelques semaines. M-E-R-D-E. Elle avait merdé. Sérieusement merdé. Elle avait commis l’irréparable. Elle avait fait ce qu’elle avait toujours pensé ne jamais fait. Elle avait toujours vu les gens qui trompent avec dédain. Comment peut-on tromper une personne qu’on aime ? Comment peut-on commettre une telle trahison à quelqu’un dont on partage la vie ? Quelqu’un qu’on respecte ? Et bien… Depuis quelques semaines, Paloma avait sa réponse. Aujourd’hui, c’était elle-même qu’elle regardait avec dédain. Honte, colère et frustration déchiraient sa poitrine du matin au soir, jour et nuit. Pourtant, cette nuit qui chamboulait toute sa vie avait été magique. Atrocement magique. Jamais elle ne s’était sentie autant en fusion avec quelqu’un, jamais elle n’avait ressenti cette passion. Une nuit de plaisir qui menaçait de tout faire voler en éclats. Pourquoi avait-elle fait ça à Max ? Sa vie était avec Max. Elle avait tenté d’oublier, d’enfouir cette histoire au fond d'elle-même. Durant une soirée où la culpabilité avait été trop lourde, elle avait confié son adultère à sa mère. La réponse de cette dernière avait été surprenante : ça n’était qu’une erreur, elle devait se pardonner et en parler à Max ne ferait que les rendre tous les deux misérables. Incapable de faire entendre raison à sa fille, Madame Alvarez avait finalement supplié Paloma de ne rien dire, de ne pas briser leur couple, pour une raison bien différente de tout ce que la jeune cheffe aurait pu imaginer. Elle se sentait prise au piège, incapable de respirer, incapable de penser à autre chose que ce qu’elle avait fait. Elle avait suivi les conseils de sa mère, mais l’anxiété était devenue bien trop lourde quand elle était tombée sur une bague de fiançailles dans les affaires de Max.

Le coeur battant la chamade, elle avait remis l’écrin de velours dans la commode, comme si de rien était. Elle quitta la pièce et descendit à la hâte au salon, où Max semblait plongé dans son ordinateur portable.

– J’avais oublié que je devais passer la soirée avec Axel, m’attends pas ! mentit-elle avant d’enfiler son manteau pour quitter la demeure.

Pas sûre que Max l’avait entendu. Elle avait tendance à ne pas vraiment exister quand il travaillait. Que Max travaille ainsi passé 20h30 n’était en rien surprenant. À vrai dire, c’était quotidien, même en weekend et même si Paloma l’aimait, elle souffrait parfois de se sentir aussi peu importante. Qui veut passer au second plan dans la vie de l’homme qu’on aime ? C’était probablement pour cette raison qu’elle avait succombé aux bras d’Harry : parce que, en une étreinte charnelle, elle s’était sentie exister. Chassant cette pensée, elle avait pris la route en direction du logement d’Axel. Il ne l’attendait pas, aucune soirée avec lui n’était prévue et elle n’avait pas pris la peine de l’informer de sa venue. Mais il était son meilleur ami, et elle savait qu’il l’écouterait, qu’il ne la jugerait pas. Elle avait longtemps songé à lui avouer son adultère, mais elle n’avait pas réussi. Préférant tout tenter pour oublier son acte infâme. Du moins… jusqu’à maintenant. Arrivée devant le bâtiment où Axel vivait, elle se rua presque vers la porte de l’appartement avant d’y sonner à la hâte. Lorsque la porte s’ouvrit sur son meilleur ami, le soulagement de voir son visage pu se lire dans le regard de Paloma. Sa bouée de secours était là. Si une personne pouvait l’empêcher de se noyer, c’était lui.

– Axel… couina-t-elle sans pouvoir contenir d’aventage son émotion. J’ai besoin de toi… J’ai fais quelque chose de mal…

ORien que voir le visage d’Axel lui donnait du baume au coeur. Elle se sentait presque comme… comme s’il était une bouée de sauvetage alors qu’elle se noyait. C’était Axel. Il avait toujours été sa bouée de sauvetage à chaque fois qu’elle sentait qu’elle se noyait. Et c’était réciproque à vrai dire. Elle savait que la compassion et l'empathie de son meilleur ami donnerait du fil à retordre à Axel, mais en cet instant, il était l’un des rares avec qui elle pouvait être honnête. Elle entra dans cet appartement si familier, et sentir la porte se refermer et être verrouillée derrière lui donna un certain sentiment de sécurité. C’était absurde, puisque Max ne l’avait pas suivie jusqu’ici, mais elle s’en moquait. Voyant l’inquiétude grandir dans le regard d’Axel, elle savait qu’elle devait lui expliquer rapidement. Le pauvre devait s’attendre au pire. Et en effet… il le lui fit comprendre via une plaisanterie qui arracha un rire nerveux à la Cubaine.

– Non non, j’ai pas merdé à ce point là quand-même, répondit-elle.

Bon, peut-être qu’elle devait relativiser. En effet, elle avait fait quelque chose de mal, mais ça n’était pas mal à ce point là. En même temps… y avait-il pire que le meurtre ? Pourtant, ça ne changeait pas qu’elle avait commit l’irréparable et que ce petit sourire, même nerveux, avait fini par disparaître au profit de quelques larmes qui lui montaient aux yeux.

– J’suis pas sûre qu’il y ait de solution à ça, couina-t-elle.

Elle prit une grande inspiration, essayant de maîtriser ses émotions, de retenir ses larmes. Elle posa son sac à main sur le sol et ôta son manteau qu’elle laissa sur le dossier d’une chaise, se sentant peut-être un peu trop comme chez elle dans cet appartement, mais en même temps, elle y passait tant de temps…

–Je…

Paloma inspira profondément, passant ses mains sur son visage, comme pour se donner une grosse dose de courage.

– J’ai trompé Max, finit-elle par lâcher. Pendant le dernier voyage que j’ai fais… tu sais le guide pas mal sur les photos ? Bah…