(ANNELIESE) little update requested

Anneliese se sentait beaucoup mieux depuis quelques temps. Elle passait du temps avec sa fille, les demandes fusaient à la galerie et son meilleur ami vivait chez elle. Les affaires reprenaient; d’ailleurs, aujourd’hui, un vernissage venait d’être validé, elle avait hâte de remettre les pendules à l’heure de la critique. Certes, ce n’était pas une situation positive pour lui mais elle savourait l’idée d’avoir Jayden chez elle. Ils s’amusaient toujours autant tous les deux, il cuisinait et elle lui massait le crâne devant la télévision tandis qu’ils regardaient un film qui leur rappelait des souvenirs. Ils se connaissaient depuis tellement longtemps qu’ils n’avaient pas besoin de parler pour se comprendre. Il fallait voir la différence entre l’année dernière et l’actuelle. Il n’y avait rien à voir.

Aujourd’hui, la galerie était en effervescence. Un vernissage devait être mis en place pour la semaine suivante; il y avait un nombre incalculable de chose à mettre en place, notamment l’environnement recommandée pour l’artiste qui allait se présenter, ici, à Hambourg. Au téléphone, Anneliese jonglait entre les fournisseurs et les prestataires, il n’y avait pas une seule minute à perdre mais conne une urgence n’arrivait jamais seule, elle prit une ligne privée. Son hôtesse d’accueil, Marie-Louise, une expatriée française, lui signala que sa nièce était ici. Cette annonce l’avait surpris car en cherchant son téléphone portable sous la montagne de chemisettes, elle n’avait aucune nouvelle. Alors, elle demanda à son interlocutrice de faire patienter Liwia dans le hall et qu’elle allait se prendre une pause. Cela signifiait que c’était à son tour de prendre les appels et de noter les rendez-vous. Téléphonique ou non.

A grandes enjambées, Anneliese descendit les petits escaliers en colimaçon puis ses talons claquèrent sur le sol ou froissèrent le plastique posé au sol durant la rénovation de la galerie. « Oh ma puce, comme tu es belle ! » La Hampton s’enjaillait toujours en voyant Liwia car elle remarquait comme elle devenait jolie d’année en année. Elle claqua deux grosses bises sur les joues de la jeune fille puis attrapa son manteau sur le paterre : « Ça te dit qu’on aille déjeuner ? Je meurs de faim et je connais un bon restaurant pas très loin d’ici. » proposa sa tante avec un grand sourire. Elle mourrait de faim, il était passé treize heures de l’après midi et comme il lui arrivait de sauter des repas lorsqu’elle était seule… L’arrivée de sa nièce allait servir comme alibi. Elle salua Marie-Louise puis glissa son bras sous celui de Liwia pour l’emmener avec elle. « Ça me fait vraiment plaisir de te voir, j’ai hâte que tu me racontes les derniers potins ? En parlant de potin, ta mère va bien ? » demanda la rouquine avec intérêt.

Anneliese n’avait pas pris un peu de temps pour elle depuis des jours, peut-être des semaines si elle comptait également les préoccupations qui hantaient ses pensées et ce qui la rongeait de plus en plus. Alors quand Liwia était apparue dans son champs de vision. Elle ne pouvait qu’apprécier ce divertissement. Belle comme un cœur, ces cheveux roux flamboyaient comme un feu de cheminé. Elle n’avait certainement pas cette assurance surtout en voyant ce sourire un peu réservé sur le visage angélique. Étonnamment, elle ne pouvait pas s’empêcher de voir sa sœur sur certaines mimiques que Liwia faisait sans s’en rendre compte. Mais sa nièce avait du sang Hampton dans les veines pour de nombreuses raisons et on lui avait parfois confondu ses gênes avec ceux de sa sœur. Anneliese ne s’était jamais sentit insulté or sa sœur, c’était différent. Il y avait eu une dispute si elle se souvenait bien mais entre sœurs, les disputes n’étaient une grande surprise. Cela avait surement brisé quelque chose même si elle n’avait jamais considéré sa sœur comme envieuse. « Bien sûr, pour ma nièce, j’aurais toujours du temps pour toi. » Maman dans l’âme, une lionne dans le sang. Si sa nièce lui réclamait du temps, ce n’était pas pour parler de la pluie et du beau temps mais tout comme avec sa fille, il n’était pas question de lui tirer les vers du nez. L’oreille attentive dont avait besoin la jeune rouquine était prête et n’allait pas s’éteindre avant que la jeune fille détermine que c’était suffisant. Il fallait vite partir avant qu’un coup de téléphone bravât ce qu’elle voulait faire maintenant, soit partir. Elle prit une profonde respiration quand elle arriva dehors accompagnée. Elle leva les yeux au ciel : « Toujours entrain de bouder ? » C’était la manie de sa sœur alors il n’était pas anormal de faire ce type de réflexion. Elles marchèrent d’un bon pas et après un croisement, la plus âgée s’arrêta devant la porte d’un restaurant qui faisait le coin puis entraîna sa nièce sur les quelques marches qui menaient à la grande porte. Elle salua celle qui les accueillit et laissa passer sa nièce en première jusqu’à leur table. Une fois installée, elle commanda une boisson, sans alcool et une fois que Liwia en avait fait autant, elles retrouvèrent leur tranquillité. « Alors, Liwia, comment tu vas ? » Elle ouvrit le menu mais seulement pour éloigner la serveuse attendant de prendre leur commande. « Raconte-moi tout ? »

Quoi de mieux que de savourer un déjeuner en compagnie de sa nièce ? Anneliese se retrouvait souvent à ne pas déjeuner tant le travail occupait son esprit. Elle n'avait plus d'autres impodérables qu'elle-même surtout depuis que sa fille s'était remise en couple et qui plus est, était diplômée puis mariée à l'homme qu'elle jugeait être : The One. La maman de quarante neuf ans pouvait parfois se montrer un peu lunatique à ce sujet, l'homme n'avait que quatre ans d'écart avec elle et seize ans avec sa fille. Oui, Anneliese avait beaucoup de mal avec ce concept mais ce qui sauvait le juge de se retrouver emasculer, c'était le bonheur qu'elle lisait dans les textos, dans les yeux et dans la vie en générale de sa fille. Quelle mère empêcherait cela d'arriver ? En tout cas pas, elle. Il fallait avouer qu'Anneliese pensait aussi que son mari était l'homme avec qui elle désirait finir sa vie. Résultat des courses, après avoir perdu le jumeau de sa fille, elle essuyait l'humiliation d'avoir été trompée plutôt qu'autre chose. Et, lorsqu'elle venait à se retrouver en compagnie de son meilleur ami, Jayden, la rouquine se voilait la face. C'était son meilleur ami et depuis toujours, elle avait eu cette crainte de perdre cette amitié plus que solide dans l'éventualité d'une approche plus intime de leur relation. Actuellement, Jay vivait chez elle et son coeur tambourinait à chacune de ses paproches notamment lorsqu'il prenait d'assaut sa cuisine pour lui retirer tout élément dangereux à sa disposition. Un peu comme si elle n'avait pas eu à s'occuper de sa fille durant vingt ans sans à avoir touché un couteau à viande éléctrique. Cependant, elle aimait ces intentions,  elle aimait lorsqu'il prenait soin d'elle mais par-dessus tout, elle aimait prendre soin de lui, son odeur, son énergie.

Alors évidemment quand il était question de sa soeur, Anneliese n'avait plus vraiment réussi à initier le dialogue et encore moins lorsque son mari et père de Liwia venait de mourir. Les obsèques avaient été poignantes mais cela n'avait pas aidé à renouer le contact avec cette dernière. Cela s'était raréfié à mesure que le temps avait séparé leur chemin. Même si elle avait le sentiment de se dédouaner face à sa soeur, elle avait décidé de laisser du temps à cette dernière pour revenir vers l'ainée. Cependant, à en voir la détresse dans les yeux de Liwia, Anneliese commençait à se demander si elle n'avait pas une part de responsabilité. Si elle avait prit davantage de temps pour accompagner sa soeur dans son deuil - en essuyant les refus, peut-être que les choses ne se seraient pas envenimer de la sorte. Heureusement, sa nièce n'avait pas suivi le même chemin et savait où la trouver si jamais elle avait besoin de discuter de choses qui étaient difficiles à parler avec sa propre mère. Anneliese aimait être la tata cool, la tata attentive, la tata toujours présente. Toujours est-il que la rouquine regardait sa nièce mettre des mots sur ce qu'elle voyait régulièrement notamment la souffrance sourde de sa propre maman. Impuissante, la Hampton lui communiqua sont plus sincère des regards compatissants : « Je comprends, mais tu sais, ta mère aimait vraiment ton père. Son décès est certainement devenue la pire épreuve à affronter. » Même si elle en voulait sa petite soeur de ne pas avoir été présente lorsqu'elle vivait son propre deuil et son divorce dans la foulée, elle ne pouvait pas rester les bras croisés à voir cette dernière souffrir autant. « Je pourrais peut-être lui rendre visite, l'amener quelque part. Je vais voir ce que je peux faire. » Impossible de faire disparaître la responsabilité de grande soeur que sa mère avait fait grandir durant leur enfance. S'il fallait confronter et percer l'abcès d'avec sa petite soeur, elle le ferait. Avec de la chance, c'était peut-être ce qui débloquerait et permettrait à cette dernière de voir tout ce qu'elle manquait en rester aussi... renfermée. Et surtout que de montrer la souffrance que l'on éprouvait n'était pas signe de faiblesse, bien au contraire.

Elles étaient enfin arrivées et posées, prête à commencer leur repas.

Mise à part cela, la bonne nouvelle de Liwia fit prendre la conversation un tournant à cent quatre vingt degrès. Les yeux pétillants de joie et de fierté, elle s'arrêta dans ce qu'elle faisait et se leva. Peu importait où elle se trouvait, elle prit sa nièce dans ses bras pour la féliciter : « Nooon mais c'est génial ! Viens là que je te serre dans mes bras, ma puce. » Le patinage artistique avait été un rêve mort dans l'oeuf suite à une grave blessure lorsqu'Anneliese avait été adolescente. Elle avait perdu tout espoir de retrouver sur la glace mais s'était retrouvée dans un art durant le temps de sa convelescence qui avait été très longue. Cependant, voir sa nièce toujours aussi forte et courageuse de continuer sur cette voie, elle n'allait pas laisser passer cela inaperçu, toute heureuse qu'elle pouvait l'être.  « Je suis tellement contente pour toi, mon dieu. » Anneliese s'était rassise : « C'est bien que tu reprennes le patinage, seigneur, je me rappelle encore de la sensation des muscles qui brûlent à mesure que les entraînements s'intensifient. Tu connais déjà les dates des représentations ou pas du tout ? »