Cassidy ¦ Des questions qui ne se posent pas ne trouvent aucune réponse

St-Georg.
Il était 21 heures lorsqu’Adela arriva sur le Marché de Noël et de ce qu’elle en avait attendu, il n’y avait qu’elle pour apprécier ce genre d’ambiance festive jusqu’à tard dans la nuit. Le Dj rendait n’importe quelle soirée différente et inoubliable. Avec en fond, une odeur chaleureuse de vin et de chocolat chaud, des biscuits de Noël et d’autres petites choses à manger sur le pouce pour ne rien manquer. Adela souffla et profita d’être arrivée en avance pour songer à ce dont elle avait besoin de tirer un trait, au moins pour ranger tout ça dans un tiroir de son esprit pour la soirée.
Sa semaine avait été difficile, et cela n'allait pas aller en s'arrangeant, surtout à l’approche de Noël. Adela n’était pas de mauvaise volonté, elle perdait seulement cette petite étincelle lorsqu’elle devait accomplir les mêmes choses à chaque fois. Il n’y avait qu’à la radio, à l’antenne, qu’elle ressentait cette excitation d’avant la fameuse rencontre de la semaine. Adela amusait, animait et domptait les soirées en compagnie ou non de grandes personnalités. C’était le simple effet de ne pas savoir ce qui pouvait bien lui arriver mais trois jours par semaines, les mêmes actions devenaient ennuyeuses, terriblement ennuyeuses. Alors elle traînait les pieds même sans le vouloir car elle en avait besoin de ce job et si elle venait à se faire virer, les choses risqueraient de se compliquer pour elle. Les missions intérim ne lui réussissaient plus surtout depuis qu’elle avait découvert avoir un talent pour l’animation de radio. N’ayant aucune compétence validée, elle avait trouvé cette place grâce à du bouche à oreille lors de soirée toutes aussi festive. Elle prit une profonde respiration, s’imagina claquer le tiroir de son esprit pour ne plus repenser à ce qui n’allait pas chez elle pour la soirée. Au loin, elle avait repéré une rouquine qui ne pouvait être que celle qu’elle attendait. Cette phrase avait beaucoup de sens pour Adela qui ne pouvait pas s’empêcher de sourire de toutes ses dents. Alors qu’elle venait à sa rencontre et surtout parce qu’elle ne voulait pas attendre une minute de plus. Arrivée à sa hauteur, Adela rejeta ses cheveux qui tombèrent en cascade dans son dos sur un manteau épais couleur daim. Un jean slim avait suffi à gagner son intérêt qu’elle avait rentrées dans sa nouvelle paire de botte. D’ailleurs, en les mettant, elle avait prié tous les seigneurs possibles pour éviter les ampoules. En voyant ici, Adela n’était clairement pas venue pour faire potiche mais plutôt s’éclater, danser, manger et surtout… voir Cassidy sous un autre jour. « Salut ! » Elle avait répété d’autres approches mais cela sonnait toujours faux à ses oreilles. «Tu es superbe ! » Adela était, de toute évidence, vraiment ravie de voir la sirène professionnelle lui répondre et sans qu’elle ne puisse dire ‘’ouf!’’ Une personne la poussa dans sa course, la même qu’elle avait entreprit pour rejoindre la rousse. « Excuse-moi ! » s’excusa Adela lorsqu’elle se décala de son amie, à la fois embarrassée et prête à sortir les dents lorsqu’elle remarqua que le coupable était déjà loin et dans tous les sens du terme. À le voir, il titubait déjà. « Bon, et si on allait se prendre un vin chaud pour se réchauffer et se mettre dans l’ambiance ? » proposa-t-elle en offrant son bras. C’était une approche amicale, sans aucune arrière-pensée et elle s’en rendit compte en voyant la praticité : En traversant la foule, elles avaient eu beaucoup d’occasion de se perdre. Dans un endroit un peu moins bruyant où il fallait tout de même se rapprocher de l’une ou de l’autre, Adela se mit dans la ligne pour pouvoir passer commande à un stand installé pour l’occasion. Puis, elle s’approcha de Cassidy : « Alors comment ça va sous l’eau ? » Dans son champ de vision, elle vit deux femmes qui s’embrassaient et tout de suite, elle se rappela qu’elle se trouvait dans le quartier lgbt et peu à peu, le visage d’Aline se forma dans son esprit.

On pouvait dire qu’elle était apparue comme un cheveu sur la soupe, celle-là.

St-Georg.
Quand Adela lui avait proposé de faire un tour sur les marchés de Noël, Cassidy n'avait pas hésité une seconde avant de répondre par l'affirmative. L'ambiance des marchés de Noël était toujours très agréable pour elle et elle prenait toujours plaisir à les visiter chaque année. Ils avaient toujours quelque chose de différent des années précédentes, se démarquant tout en étant toujours les marchés de Noël qu'ils avaient connus, si chers à leurs cœurs.

Alors maintenant, Cassidy suivait le flot de personnes dans la rue principale bordée de stands illuminés. Les éclats des décorations de Noël lui rappelaient des souvenirs chaleureux. Les lumières vacillantes, et les rires joyeux des enfants, la plongeaient dans une atmosphère tout à la fois magique et nostalgique. Il n’y a pas si longtemps, elle aussi courait comme eux, toute excitée par la venue du père noël. Avec les années, le bonhomme en rouge avait perdu de sa superbe, le contrecoup de l’âge adulte, mais les marchés de noël, eux, avaient gardé leur allure enchanteresse à ses yeux.

Elle s'attarda devant un étal proposant une variété de boules de Noël décoratives. La jeune femme en prit une ouge et argentée, l'inspectant attentivement. Elle était ornée de motifs délicats, rappelant des flocons de neige scintillants sous la lumière tamisée des réverbères. Une autre, bleu, rappelait les nuits hivernales remplies de magie alors qu’un traîneau parcourait son ciel. Elle l’observa à son tour avant de se remettre en route. Apercevant finalement Adela, Cassidy s'avança pour la rejoindre, arrivant bientôt à sa hauteur.

"- Oh arrête !" souffle la rousse, vraiment gênée. "Toi, par contre ! Wouaw !"

On les bouscule la seconde suivante, Adela lui tombant un peu dessus, sans qu’elles ne s’en formalise vraiment, la bonne humeur de son interlocutrice reprenant rapidement le dessus. Cassidy lui offre un sourire, affirmant que ce n’est rien.

"- Bonne idée !"

Un vin chaud, ou jus de pomme chaud dans son cas, leur ferait sans aucun doute du bien au vu des températures et serait un moyen idéal de commencer leur petit tour du marché. Il n’était pas exclu qu’elle y achète quelques-uns de ses cadeaux de noël, selon ce qu’elle trouverait. Entre ses parents, les jumeaux et ses amis ou même Ralph…. elle avait du monde à gâter et moins elle perdrait de temps, mieux ce serait. Noël approchait déjà beaucoup trop vite.

Saisissant le bras que son amie lui tend pour ne pas se perdre dans la foule, elles avancent jusqu’à un stand, s’arrêtant devant celui-ci le temps de patienter pour passer commande. Le regard de la rousse, alors, se promène de nouveau sur le marché, avant d’être détourné par Adela qui la questionne.

"- Oh ça va, on a commencé les spectacles de noël, ça change un peu, c’est plutôt drôle et les enfants adorent ça." explique-t-elle avec un sourire. "Et toi ?" s’enquit-elle avant de reprendre. "Tu as commencé tes achats de noël ?"

St-Georg.
Quoi de mieux que de se promener en plein marché de Noël accompagnée d’une personne que l’on appréciait énormément. L’ambiance était réellement sympa : Les stands emplissaient l’air d’odeurs sucrés et de lumières festives sans oublier l’ambiance musicale dans laquelle le DJ animait la soirée. Sa bonne humeur ne fut pas entachée lorsqu’une personne, déjà bien enivrée, la bouscula un peu trop brutalement sur son amie car elle avait d’autres projets. Adela n’était pas du genre à s’énerver aussi facilement. Donc après avoir apprécié le compliment de son amie, la trentenaire emporta cette dernière vers les stands où ils distribuaient boissons chaudes et nourritures. Bras dessus dessous, elles franchissaient la foule avec difficulté, ce n’était pas une mince affaire mais elles tinrent bon jusqu’à la ligne déjà bien établie par d’autres futurs clients.

Même si la musique était forte à cet endroit, cela ne les empêchait pas de rattraper un peu ce temps où elles n’avaient pas eu l’occasion de se voir. « Oh ça va, on a commencé les spectacles de noël, » Cassidy était sirène professionnelle et autant dire qu’elle séduisait toutes les personnes avec ses performances sous l’eau, enfants et grands, elle faisait vivre un rêve éveillé, à tout le monde. Adela n’était pas l’exception à la règle et devait bien avouer qu’elle ressentait quelque chose pour la rouquine. Elle répondit énergiquement à cette nouvelle par de grands écarquillés : « ça change un peu, c’est plutôt drôle et les enfants adorent ça. Et toi ? » « Dans mes souvenirs, qui ne remontent pas à trop loin, il n’y a pas que les enfants qui apprécient tes prestations… » rétorqua-t-elle en avançant de quelques pas. C’était un peu long mais la file était assez grande pour s’assurer que les produits proposés devaient être bon. « Moi ? » Par où commencer ? Même si elle aimait bien papoter de tout et de rien, elle n’avait pas envie de plomber l’ambiance : « Ça va bien… La routine au bureau et il n’y a que la radio qui sort de l’ordinaire. On reçoit des nouveaux humoristes pour les faire connaître et je trouve ça cool ! »

Avait-elle fait ses achats ? Adela était une procrastinatrice de première et était l’aspirante des achats de dernières minutes. Il existait toujours le Et-si-elle-trouvait-mieux-ailleurs. Cela pouvait en faire rire plus d’un ou provoquer des angoisses chez d’autres. Elle avança de quelques pas tout en regardant des heureux avec leurs boissons chaudes passer à côté d’elles : « Oulah, je ne sais jamais ce que je vais faire demain alors prévoir des achats, je n’ai jamais compris ce concept. » avoua-t-elle. Habituellement, elle gardait tout cela pour elle mais étrangement, elle n’avait pas eu besoin de boire un petit verre de trop pour faire une avalanche de vérité. « Si ça se trouve, je trouverais bien mon bonheur dans le coin. »

- Et toi ? demanda-t-elle avec intérêt. Elle resserra son col au niveau du cou et s’amusa en voyant une jeune femme avec un bébé emmitouflé : « Oh, si j’ai une nouvelle, ma petite sœur est enceinte et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, elle a emménagé avec le papa. Je suis tellement contente pour elle.» Son index tapota sa lèvre inférieure en guise de réflexion : « Je me dis que je devrais déjà acheter un cadeau pour le bébé. Après tout, il en a le droit aussi. Je pensais à des décorations pour la chambre, un peu plus neutre vu qu’on ne sait pas ce que c’est alors je ne suis vraiment pas très informée sur ce genre de chose. » Ah oui, si personne n’arrêtait Adela de parler, elle pouvait continuer jusqu’à ce qu’elle manque d’air. Ce qui était le cas ici alors elle ajouta « Et toi...? » demanda t-elle sur le ton implorant des excuses informulées.

St-Georg.
Une légère rougeur s’installe sur les joues de la demoiselle lorsque son interlocutrice fait remarquer que les enfants ne sont pas les seuls à apprécier les performances de la sirène. A l’entendre, les adultes aussi. Et elle sait que c’est sûrement vrai, car il n’y a pas que les enfants qui aiment les spectacles, mais elle trouve toujours ça un peu étonnant quand elle entends que des adultes apprécient. Ils sont moins rêveurs, plus terre à terre et certains disent même que ce qu’elle fait, ce n’est pas un vrai métier. Alors imaginer que certains aiment ça, c’est toujours un peu particulier. D’autant plus qu’elle ne voit pas les spectateurs qui se pressent pour la voir, elle. Bien sûr, ils ne le savent pas mais s’ils la voient parfaitement pendant son spectacle, en ce qui la concerne… Elle ne voit qu’une foule très floue. Parfois, ils ont l’impression qu’elle interagit avec eux mais… elle est incapable de discerner plus que des gestes flous. L’eau ne permet jamais aux sirènes de voir d’avantage. Mais c’est un secret bien gardé.

"- Au moins, le travail à la radio te permet de te changer les idées…" remarque la jeune femme. "Ce doit être rafraîchissant de rencontrer ces artistes, aussi." poursuit-elle. "Tu en as encore pour longtemps au bureau ? Ce serait bien que tu puisses obtenir un temps plein à la radio…"

Le changement, ce n’est pas pour elle, pas pour une stressée de la vie comme elle l’est, mais elle sait qu’en ce qui concerne son interlocutrice, le changement, c’est ce qu’elle attend. Il faut dire que contrairement à elle qui s’épanouit dans son aquarium, Adela s’ennuie un peu en tant que standardiste, préférant de loin son travail à la radio. Alors ce serait un grand pas si elle pouvait se défaire du premier pour ne travailler plus que dans ce second travail qui lui plaît tant.

Changeant de sujet, Cassidy s’inquiète de savoir si Adela a, elle, commencé ses achats de noël, une question à laquelle la brune répond avec humour par la négative, affirmant qu’elle ne sait jamais ce qu’elle va faire le lendemain alors anticiper les choses… ce n’est pas pour elle. Elle ne comprend pas. Mais pour une anxieuse comme Cassidy, qui aime contrôler les choses, prévoir, c’est la survie. C’est ce qui permet à son esprit de - presque - se reposer.

"- J’ai l’habitude d’anticiper, mais… Je suis un peu en retard cette année." confesse la rouquine. "Je me dis que le marché de noël est l’endroit idéal pour s’y mettre ! On va bien trouver de quoi faire plaisir à nos proches, avec tous les stands d’artisans qu’il y a un peu partout…" remarque la rousse, même si elles commencent d’abord par une boisson chaude, c’est vrai, sans même avoir regardé les articles proposés ça et là.

Du nouveau dans la vie d’Adela, il y en a et pas des moindres puisque sa soeur étant enceinte, elle s’apprête à devenir tante d’ici quelques mois, une situation qui la ravie vraisemblablement. Son interlocutrice lui adresse un grand sourire.

"- Félicitations à ta sœur et au futur papa ! J’ignorais qu’elle avait quelqu’un. Et bien sûr, félicitations à la future tante gaga !?" remarque-t-elle avec humour, passant une main dans ses cheveux. "Prendre des décorations neutres pour la chambre du bébé est une excellente idée. Et tu es sûre que ça ira toujours avec la chambre que ta soeur et son compagnon décideront de faire."

De fait, elles ont pas mal d’emplettes à faire, entre les cadeaux de noël pour leurs proches respectifs et les cadeaux pour l’enfant à naître. Heureusement, elles sont au meilleur endroit qui soit pour trouver tout ce dont elles ont besoin, ou au moins une partie.

"- Oh moi, je dois trouver pour mes parents, mes frères, quelques amsi…"

Et Ralph, bien sûr, pour lequel elle n’a encore aucune idée, ne sachant guère ce qui lui ferait vraiment plaisir. Un casse-tête qui s’annonce.

St-Georg.
Le plus difficile à gérer pour Adela : les conflits, les confrontations et il s’avère compliqué de réclamer quelque chose à ses patrons. Il fallait dire qu’elle était un poils procrastinatrice et qu’elle accumulait les retards. Cela ne la rendait pas suffisamment fiable pour tenter quelque chose sur la durée. C’était tellement frustrant car même en voulant faire bien, elle arrivait à se mettre en retard. Il n’y avait qu’à des rares moments où elle pouvait relâcher la pression, c’était lorsqu’elle prenait un verre ou deux de trop. A ce moment-là, il lui était impossible de garder sa langue dans sa poche. Elle était terriblement bavarde et manquait de tact, c’était d’ailleurs pour cette raison qu’elle fuyait la place et se rendait directement chez elle pour se cacher et finir sa gueule de bois le lendemain. Il n’y avait qu’une fois où elle avait été stupide et avait pris la voiture après une fête anniversaire qui avait littéralement mal tournée. Incapable de dire non, elle avait enchaîné les verres et avait fuit à l’anglaise pour les mêmes raisons. Forcément, Cassidy connaissait son goût pour la radio et ce que cela lui apportait alors, lorsqu’elle évoqua le bien que ce métier lui faisait, elle eu un petit sourire triste. « Comme tu dis ! » ceux à quoi la rouquine ajouta une requête dont rêve Adela depuis quasiment deux ans maintenant. « Oui hein ! Je crois bien qu’on n’a pas compté autant d’audience que depuis que l’on a ce genre de chronique. » Bonne poire, Adela n’allait pas avouer à son amie qu’elle avait proposé cette idée depuis des mois et qu’ils n’avaient pas sa demande comme si l’idée provenait d’eux. Elle se demandait si, un jour, elle allait craquer mais elle préférait garder ces états d’âme pour elle.

Un nouveau sujet fâchant : Les cadeaux de Noël. Étant donné qu’elle n’aimait pas les faire en avance, trop soucieuse de trouver THE cadeau pour ses proches, elle reportait toujours son idée. Parfois, elle réussissait à avoir ce qu’elle voulait mais il arrivait que son idée arrivât en rupture de stock. Cela la fâchait bien sûr mais sa résilience l’aider à vite passer à autre chose, et trouver un cadeau qui ferait tout de même plaisir. « J’ai l’habitude d’anticiper, mais… Je suis un peu en retard cette année. » la confession de la rouquine la fit hocher de la tête tandis qu’elles avançaient dans la ligne. C’était de plus en plus enivrant cette odeur sucrée qu’elle se tâta de plus en plus pour cette odeur pomme et cette pointe de cannelle qui lui chatouillait les narines. Et l’idée de Cassy l’avait remenée à elle : « Oh, c’est dommage, on aurait pu aller au Marché de Noël un peu plus loin pour ça. » Elle ignorait les plans de cette dernière mais alors qu’Adela ne cherchait qu’à se détendre et à faire la fête, son interlocutrice était là pour des achats de Noël. « On peut toujours faire le tour des stands qui sont ici, c’est sûr qu’il devrait y avoir quelque chose de sympa ! » lorgna la trentenaire en jetant des coups d’œil par-ci par-là car elle n’y avait pas vraiment fait attention jusqu’à maintenant.

Et pendant qu’elle annonçait une bonne nouvelle concernant sa petite sœur, fière comme un paon, Adela pouvait enfin apercevoir la plaque annonçant les prix et les compositions des boissons chaudes. Puis, tout en répondant à Cassidy, elle sortit son portefeuille de son sac, prête à dégainer sa carte bancaire. « Oui, hien, t’imagines, moi j’ai du mal à le faire pour ma petite sœur… » puis elle rebondit : « Bah écoute, moi non plus et j’ai eu du mal à garder le secret… Maiiiis on peut dire qu’il faut toujours un début à tout ! » Cependant, elle haussa des épaules à la question qui arriva ensuite : « Aucune idée mais même si ça jure, je me dis que ça ressortira suffisamment pour que l’on devine que ça vient de moi ! » avec un petit gênée car elle savait que ça allait forcément jurer, quoiqu’elle fasse.

Après quoi elle offrit un sourire appréciant que la sirène ne lui retienne pas le fait qu’elle l’avait poussé à l’écouter sans s’arrêter. Alors elle relança la conversation pour savoir où en était la rouquine. « Oh moi, je dois trouver pour mes parents, mes frères, quelques amis… » Adela sourit mais avant qu’elle ne puisse répondre, il était temps pour elles de passer commande, régler et repartir enfin, avec de quoi se réchauffer le gosier. Adela prit le parti de les éloigner un petit peu pour ne pas être bousculée à nouveau et se retrouver ébouillantée : « Tu m’excuses, je n’avais pas envie qu’on me bouscule à nouveau et c’est tellement bouillant… » se plaignit-elle en passant son gobelet d’une main à l’autre : « Mais à ce que je vois, tu es au même point que moi au niveau des cadeaux. » s’amusa-t-elle en trouvant une place assise puis en invitant son amie à s’installer près d’elle : « As-tu déjà eu un rendez-vous avec quelqu’un mais qu’avant même de t’asseoir avec cette personne, tu savais que ça ne fonctionnerait pas…? » lança la brunette en regardant la foule. Adela frissonna, il faisait un peu plus froid en dehors de la chaleur que provoquait cette foule et celle des stands.

St-Georg.
Apparemment, faire venir des humoristes est plutôt un pari gagnant pour la radio, puisque apparemment, ils font de meilleures audiences depuis qu'ils ont commencé ce genre de chronique. Cassidy esquisse un sourire, ravi de l'entendre. C'est une bonne chose et elle est sûre que cela doit ravir Adela qui, de toute évidence, s'éclate à la radio bien plus que dans son emploi de standardiste. Au moins, deux jours par semaine, elle peut profiter de cette ambiance salvatrice, même si bien entendu cela ne peut pas résoudre tous ses problèmes. Il n’y a plus qu’à espérer qu’un jour, enfin, elle n’aura plus à se soucier de tout ça et pourra se réjouir d’être animatrice radio à temps complet. C’est en tout cas tout ce que Cassidy lui souhaite.

En attendant, aujourd’hui, elles allaient passer une bonne après-midi qui changerait peut-être les pensées d’Adela et lui permettrait d’attaquer plus sereinement la semaine à venir. Cassidy pouvait, en tout cas, le souhaiter. L’espérer. Elles allaient se promener dans les allées du marché de noël, profiter de l’ambiance festive de la journée. Avec un peu de chance ce serait même l’occasion de trouver quelques cadeaux de noël pour leurs familles respectives comme elles n’ont vraisemblablement pas commencé cette mission, ni l’une ni l’autre.

"- Oh nous pouvons toujours y aller un peu plus tard et sinon, ce n’est pas bien grave non plus" remarque Cassidy comme Adela remarque qu’elles ne prennent pas la bonne direction pour faire quelques emplettes.

Ce n'étaient pas les stands qui manquaient à Hambourg en cette période, de toute façon. Il y avait de tout partout pour qui ouvrait l'œil en cette période de l’année et elle avait encore le temps, d’ici les fêtes, de revenir faire un tour sur le marché si leurs projets de l’après-midi ne leur permettait pas de faire quelques achats. Elle aviserait le moment venu.

Un nouveau venu, voilà qui bouleverse une famille et en période de fêtes, c’est forcément un élément à prendre en compte. Adela aurait besoin de faire un cadeau pour cet enfant à naître, quelque chose qui lui ferait savoir, un jour, que sa tatie l’avait aimé avant même sa naissance. Qu’elle avait soigneusement choisi un cadeau pour lui, qui jurerait toutefois peut-être avec le décor de la chambre mais qui aurait le mérite de rappeler qui l’avait offert, de ce fait. Cette hypothèse ne manque pas de faire rire la sirène.

"- Disons que c’est un bon moyen de se démarquer !" essaie-t-elle de plaisanter.

Elles commandent rapidement, évoquant les cadeaux que la rouquine avait encore à préparer et s’éloignent rapidement, leurs verres brûlant entre leurs doigts. Adela s’excuse, remarquant qu’elle presse le pas mais affirme ne pas avoir très envie d’être bousculée. Ce serait regrettable et douloureux, probablement, si le vin finissait sur leurs vêtements.

"- Tu as raison, évitons." acquiesce la sirène comme elles avancent jusqu’à une table où elles prennent place, Adela brisant rapidement le silence pour poser une étrange question à son interlocutrice. "Euuuuh. Tu sais les rendez-vous et moi…" elle fait un sourire crispé. "Je… je le sais avant… J’ai… jamais rendez-vous."

St-Georg.
La soirée avait pris une tournure qu'elle ne s'attendait pas. Alors qu'elle était plutôt du genre à prendre des décisions de dernières minutes, Adela venait d'avoir un nouvel objectif : s'amuser à trouver des cadeaux mais pas n'importe lesquels, ceux de son futur neveu ou future nièce. Elle ne pouvait pas cacher auprès de sa sœur que ce gros événement allait apporter des changements effrayants, mais elle avait promis qu'elle ferait en conséquence pour que ces derniers ne soient pas insurmontables pour elle. Bien sûr, ces promesses étaient survenues alors que sa jeune sœur ignorait si elle reverrait un jour son amant. Alors les choses avaient évolué dans le bon sens, mais cela n'avait pas donné moins d'importance dans les paroles d'Adela. Elle n'oubliait sa famille, son frère avait tant besoin de paix dans son cœur qu'elle ignorait par où commencer et Adria, elle ne savait pas non plus quoi lui offrir, mais surtout ce qui lui ferait plaisir. Adela soupira en attendant de pouvoir commander sa boisson chaude à petite gorgée. Même avec la meilleure volonté, elle tombait toujours à côté dans ces idées cadeaux. Cette année, tout était mis en place pour que cela change. Elle l'espérait. Elle se tournait vers son amie, amusée de leur conversation. « Tu n'as pas encore été victime de mes cadeaux toi, tu ne sais pas de quoi tu parles… » Rousse et belle, ce genre de petites choses pouvaient vite conduire la trentenaire à lui trouver quelque chose d'amusant ou trop sérieux.C'était peut-être en faisant un peu les stands et découvrir ce que son amie pouvait bien aimer ou apprécier pour lui en faire cadeau à l'avenir.

Très, voire trop souvent, Adela se demandait toujours ce que Cassidy pouvait bien trouver à une femme aussi banale qu'elle. La trentaine, aucun avenir professionnel et un manque cruel de frein lorsqu'il était question de parler. Pourtant, dès que l'opportunité se présentait, la jeune femme ne craignait pas de foncer, découvrir et se dévoiler dans un métier, nouveau ou non, pour montrer sa valeur. Malheureusement, son défaut lui apportait beaucoup de problème tout en ne sachant pas comment éviter ou contrer ce dernier. Elle avait essayé tellement de choses, elle avait tenté sa chance, mais son naturel revenait constamment au galop.
Chasser son naturel et il nous revient en pleine face.
Elle savait ce dont elle avait besoin, un métier qui la stimulerait et qui ne serait pas rébarbatif. La radio lui donnait un gros coup de pouce à ce sujet sinon, elle était persuadée qu'elle serait déjà partie de l'ambiance monotone qu'elle avait en tenant le standard de la radio.Oh, j'ai aussi une fâcheuse tendance à me laisser partir dans mes songes et à oublier tout ce qu'il y a autour de moi. C'était une habitude qu'elle avait prise depuis l'enfance. Cela lui permettait de s'évader ou de trouver une paix, ou encore mieux, de rêver. Cela pouvait être traître, car elle pouvait rêver d'un homme ou d'une femme, fabuler sur une vie qu'elle n'avait pas et se perdre dans ses songes. Son ex vivait toujours dedans et bien qu'elle avait tenté de guérir de cette terrible trahison dont elle n'avait pas assouvi de vengeance, Aline avait subi cette méfiance dans laquelle Adela s'emmurait.

En se rappelant à nouveau d'Aline pour une seconde fois dans le fil de la soirée qui venait à peine de commencer, Adela commençait à se poser des questions. S'était-elle réellement amourachée de cette femme au point de la regretter ou regrettait-elle la manière dont elle s'était comportée ? Il était possible que les deux options se mêlent, mais impossible d'en connaître le sort du moment où elle s'évertuait à ne pas rentrer en contact avec la militaire. Elle ignorait même si cette dernière avait totalement guéri de ses blessures. C'était d'ailleurs le dernier coup de marteau qui avait enfoncé le clou dans ce qu'elle était incapable de... supporter. Un mouvement innocent la fit revenir à elle, et si elle pensait qu'elle s'était évadée des heures, son voyage n'avait duré que quelques minutes. Son flux de parole était si fort que ses pensées s'amusaient à rivaliser.

Elles allèrent s'installer pour aller boire leur boisson en toute sérénité, et une fois assise, elle ne pouvait s'empêcher de sortir une phrase qui courait dans le fil ininterrompu de ses pensées. La réponse, en tout cas, cette réponse n'était pas celle qu'elle attendait. Elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle était si belle, si impressionnante, si...Oh, Adie ne t'embarque pas là-dedans !

Adela s'efforça de regarder autour d'elle et, fort heureusement, il y avait de quoi attirer son attention : « Oh, ne fais pas attention, c'était une bêtise. » lança-t-elle en se brûlant les lèvres, alors qu'elle voulait juste boire une gorgée de sa boisson. Imprégnée dans ses pensées, elle en avait oublié la température de son verre. Elle jura à mi-mot en tentant de calmer la douleur et quand enfin ça devenait supportable, elle regarda Cassidy : « Regarde, je suis incapable de réfléchir avant d'agir, je suis pire qu'un gosse... » Elle prit une profonde respiration en soufflant dans son gobelet, riant à moitié. Déjà, elle oublia ce qui venait de se passer en balayant ce souvenir en levant les yeux au ciel. « Mais attends une minute,… » Ses pensées l'avaient ramenée à une vitesse éclaire vers la réponse que Cassidy lui avait donnée. « Comment une nana comme toi peut hésiter à ce point lorsqu'il est question de rendez-vous ? » Adela se rendit compte qu'elles n'avaient encore jamais parlé de garçon : « Tu sais, je n'ai aucun problème avec l'homosexualité. Si tu es homo, mon regard pour toi ne changera pas hein ! » Et ça serait plutôt fort de café qu'elle agisse autrement.

St-Georg.
Cassidy rit un peu lorsque son interlocutrice affirme que, n’ayant jamais été victime de ses cadeaux, la rouquine ne sait pas de quoi elle parle. Allons donc, ça ne peut pas vraiment être aussi terrible que ça. Si ? Elle ne peut pas être aussi nulle qu’elle le pense pour faire des cadeaux. Ce n’est pas parce qu’un cadeau est parfois original qu’il n’est pas un bon cadeau, du reste. Et puis, si jamais le cadeau pour son neveu est identifiable, au moins il se souviendra toujours de la personne qui le lui a offert et c’est plutôt une bonne chose. Cela voudra dire, aussi, que le cadeau se démarquera de ce que d’autres auront offerts. Elle imagine que pour un nouveau-né, nombreux sont ceux qui offrent de la layette et des peluches, des cadeaux simples, efficaces. Pas les plus originaux qui soient, d’autant que les enfants grandissent si vite qu’ils ne mettent presque pas ces vêtements que les gens leur offrent.

"- Mais non ça ne peut pas être si catastrophique que ça, je ne te crois pas !" affirme la sirène en riant.

Non, bien sûr, Adela doit sûrement exagérer, ni plus ni moins. Ses cadeaux ne peuvent pas être SI terribles que ça. Et puis c’est le geste, l'intention, qui compte. Ces cadeaux, la brune les choisit sûrement soigneusement, avec le cœur, et c’est bien là le plus important. Après tout, le plaisir de donner ne devrait pas être terni par l'idée d'un cadeau qui ne conviendrait pas parfaitement. Bien sûr le but était de faire plaisir, de s’intéresser aux goûts des personnes mais… Un cadeau choisi avec le cœur ne pouvait pas être vraiment catastrophique comme Adela semblait vouloir le laisser croire.

"- Ce sont des choses qui arrivent…" souffle-t-elle comme son interlocutrice affirme avoir tendance à se perdre dans ses pensées, parfois, au point d’oublier le monde tout autour.

Elle ne peut pas le lui reprocher. Après tout, même si elle aime avoir le contrôle sur sa vie, sur les évènements, elle n’en reste pas moins une rêveuse, elle aussi. Il faut bien l’être, à vrai dire, pour avoir l’idée de devenir une sirène, de changer ses rêves en réalité. Il fallait bien être une rêveuse pour avoir l’idée de devenir, à plein temps, une créature fantastique et en faire son métier. Les métiers d’arts, souvent instables, n’étaient à priori pas ce vers quoi une femme comme elle aurait dû se tourner de prime abord. Mais ça l’avait été.

Elles s’installent à une table pour boire en paix et la rousse s’étonne un peu de la question que lui pose la brune, ne comprenant pas vraiment où Adela veut en venir. Est-ce qu’elle avait rendez-vous avec quelqu’un ? Est-ce qu’elle avait besoin de conseils relationnels ? Cassidy n’était probablement pas la personne la plus indiquée pour l’aider sur ce point, à vrai dire. Pas que ses affaires de coeur soient au beau fixe.

Elle manque de s’étrangler lorsque Adela suppose qu’elle pourrait être homosexuelle. Non pas que ce serait préoccupant ou dérangeant de l’être, mais la rousse ne voit pas vraiment ce qui lui fait penser ça. C’est vrai qu’elle est attirée plutôt par des garçons - enfin, surtout UN garçon - qui n’ont pas des marqueurs de masculinité exacerbés, voire carrément androgynes, avec des cheveux longs mais… Rien de plus.

"- Heu… Non non, je ne suis pas homosexuelle du tout. C’est juste que je craque pour disons… Tu sais… des garçons beaucoup trop beaux, inaccessibles, impressionnants… trop biens pour moi quoi !"

St-Georg.
Le temps se rafraîchissait à mesure que la soirée progressait, et il était plutôt agréable de tenir cette boisson chaude aux doux effluves de pomme cannelle. Cela pourrait facilement devenir sa boisson préférée. Sans difficulté, elle laissait son esprit vagabonder, s'imaginant ailleurs, cherchant une nouvelle destination pour ses prochaines vacances. Comment expliquer à ses parents qu'elle serait seule à leur table, encore cette année ? Adela éclata de rire lorsque son amie affirma qu'elle ne devait pas être aussi terrible. Bien qu'elle ne fasse pas forcément fausse route à chaque fois, elle n'avait clairement pas confiance en elle concernant ses choix originaux. Cela dit, il était improbable qu'elle puisse décevoir sa petite sœur en ce qui concerne un éventuel cadeau pour son futur enfant. L'imagination de la brune ne cessait de tourner à plein régime, mais là encore, il fallait qu'elle fasse un choix, et le temps pressait. « L'erreur est humaine, je dirais, mais j'en ai surpris plus d'un, alors méfie-toi, c'est tout ce que je dirais. » Cependant, Adela appréciait suffisamment d'entendre la rousse rire, alors elle en fit autant.

Il n’en fallait pas plus pour la Thomas. Elle se laissa divaguer dans ses pensées. C’était délicat mais plus fort qu’elle. C’était pour cette raison qu’en revenant à elle, Adela s’excusait auprès de son amie. Cette dernière ne lui en tenant pas rigueur, la jeune femme s’apaisa presque instantanément. Cela pouvait être un peu dérangeant voir décourageant pour certaines personnes. Il existait des instants précieux où l’on pouvait lui confier et comme elle n’écoutait pas, cela leur donnait l’impression qu’elle se fichait de ce qu’on pouvait bien lui dire. Or, ce n’était pas vrai.
Pour ne pas rester sur le sujet, elle s’embarqua sur ce qui la préoccupait le plus. Pourquoi avait-elle l’impression qu’elle s’entichait toujours des personnes qui se désintéressait aussi vite d’elle ? Ou s’il lui était déjà arrivé à un rendez-vous, en ayant conscience que ce n’était pas sa place. Autant dire qu’Adela n’était pas du genre à tourner autour du pot trop longtemps. C’est un diamant à l’état brute. Cela ne servait à rien, selon elle, de faire autrement. Aussi, la réponse de la rouquine eut comme un petit tic dans son esprit. Encore une fois, la trentenaire alla droit au but.
« Des garçons inaccessibles ? » répéta-t-elle en souriant. Un peu comme si Cassidy ne semblait pas au courant qu’elle pouvait elle-même impressionnée.

« Je vois. Je ne pense pas que tu devrais te faire de soucis, enfin après tout, qu’est-ce que j’en sais . » finit-elle par dire en hochant la tête.

Adela regardait la foule qui s’extasiait, s’amusait et savourait tout ce qu’ils pouvaient voir, toucher ou entendre. C’était agréable et il y avait comme une sorte de… d’énergie qui s’en dégageait. « Bon, les kiosques se vident un peu, ça te dit qu’on aille y faire un tour. »

St-Georg.
La jeune femme dessine une petite moue sur ses lèvres comme Adela affirme que l’erreur étant humaine, elle avait parfois grandement surpris ses proches par les choix de cadeaux qu’elle avait pu opérer, et qu’il valait donc mieux que la jeune femme se méfie un peu. Elle ne peut pas croire que les choses soient aussi catastrophiques que le dit son amie, mais soit. Elle se méfiera donc à l’avenir des idées que cette dernière peut avoir, même si elle ne doute pas un instant que la brune fait ces choix avec le cœur et, dans le fond, c’est tout ce qui compte.

"- Je me méfierai dans ce cas." affirme tout de même la rouquine, riant avec son interlocutrice.

Elles s’installent pour ne pas prendre le risque d’être bousculés de nouveau, au vu de la foule qui se presse sur le marché de noël et, assez rapidement, la jeune française pose une question plutôt déstabilisante pour son amie. Ce n’est pas qu’elle est lesbienne, comme le pense un instant son amie, c’est seulement qu’elle manque terribleemnt de confiance en elle et que les garçons sur qui elle jette son dévolu ne sont pas le genre de garçons auquel elle peut prétendre. Enfin, pas dans son esprit, tout du moins. Aussi elle hoche la tête comme Adela répète ses mots.

"- Oui. Je veux dire… Beaux, gentils, qui chantent, jouent de la musique… Le genre qui doit avoir pas mal de prétendantes…"

Et forcément, ces filles sont mieux qu’elle. Comment pourraient-elles ne pas l’être, aux yeux de celle qui manque cruellement de confiance en elle ? Peut-être pas toutes les filles, mais beaucoup. Il y en a tellement, des filles parfaitement incroyables. Intelligentes, belles, aventurières, qui n’ont pas constamment peur, qui n’ont pas des crises d’anxiété, qui ne sont pas comme des petites filles effrayées par l’obscurité.

"- Attends, regarde !" dit-elle en sortant son téléphone portable, ouvrant rapidement son application instagram pour aller sur le profil de Ralph, y trouvant une photo de ce dernier avec son frère. "A gauche. Tu vois ce que je veux dire ?"

Elle ne voit pas comment mieux expliquer ce qu’elle veut dire par inaccessible qu’en montrant une photo de celui qui occupe ses pensées ces derniers temps, depuis quelques mois à présent. Maintenant qu’elle l’a sous les yeux, Adela ne peut que comprendre. Enfin, elle imagine. Alors oui, elle a du soucis à se faire. Enfin, des prétentions à revoir à la baisse, surtout. Parce qu’un garçon comme ça ? Obtenir un rendez-vous ? Elle n’osera jamais. Et pourtant, elle aimerait bien pouvoir le revoir, dans cette ambiance féérique des fêtes de fin d’année, en plus. Mais prendre son courage à deux mains ? Le déranger ? Prendre le risque qu’il dise non ? C’est compliqué.

"- Allons-y oui ! Avant que le marché ne soit de nouveau pris d’assaut !"

St-Georg.
Le portrait de cet homme en question se dessinait au fur et mesure qu’elle énumérait les talents cachés de l’élu de son cœur. « En tout cas, qu’il soit chanteur ou musicien ou les deux. » conclua la brune avec amusement. Après tout, elle ne pouvait pas trop lui en vouloir. Autant elle se questionnait sur sa sexualité après sa relation amoureuse avec Aline autant elle craquait lamentablement pour un homme marié. Adela fronçait les sourcils en essayant de ne pas trop penser à Ezra, même si, dans le fond, c’était déjà une cause perdue. « Attends regarde ! » La mexicaine se sortit avec joie de ses pensées. Les directives de la rouquine aidèrent beaucoup la brune à cibler la personne que convoitait cette dernière. « Oui, c’est vrai qu’il porte bien ses cheveux longs, il a des origines ? » Son teint mate, ce nez particulier. « Cela dit, il est bien mignon et tu penses que tu n’as aucune chance avec lui ? »

C’était difficile pour Adela. Les hommes, elle les avait toujours aimés plus âgés, plus mûrs, plus mystérieux. Le portrait craché d’Ezra mais comme elle n’avait jamais de chance, il était évidemment pris. Son cœur se serra mais elle s’efforça tant bien que mal de rester de la partie. « Ne t’en fais pas. Je comprends ce que tu vis. Je n’ai jamais eu de chance en amour et en général, soit il est pris, soit il n’est pas intéressé. Mais tu lui as déjà posé la question ? Je me dis qu’une fois que c’est dit, le reste se fixe aussitôt. » Adela n’osait jamais faire ce qu’elle disait pour Ezra mais son statut d’homme marié l’excusait surement. Nonobstant, elle n’arrêtait de sourire lorsqu’il lui envoyait un message, lorsqu’ils se croisaient, lorsqu’ils se parlaient ou s’effleuraient. Adela n’allait pas plomber l’ambiance avec ces histoires, ce n’était ni le lieu ni le moment et contrairement à ce qu’on s’imaginait, elle n’aimait pas se mettre en avant.

Toujours est-il qu’il n’était pas question de se retrouver à se morfondre sur les mecs alors qu’elles sortaient entre filles. Alors elle initia le point de départ pour aller chiner les stands. Ça s’était largement vidé et elle se disait qu’avec Cassidy, elle serait capable d’offrir des cadeaux plus sympathiques. Dans le fond, elle devrait faire ça plus souvent alors dans sa tête, elle se dressait une liste de personne capable de l’accompagner. Ou peut-être qu’à son bras, Cassidy pourrait porter ce rôle de garde-fou qui lui permettrait de briser cette mauvaise réputation. « Allons-y oui ! Avant que le marché ne soit de nouveau pris d’assaut ! » En tout cas, pour le moment, elle était là et elle savourait et aimait être accompagnée par cette dernière. Son cœur battait un peu plus fort lorsqu’elle sentait les cheveux de la rousse l’effleuraient, elle rougissait presque lorsqu’elle réussissait à la faire sourire. « Par quoi tu veux commencer ? Ce que j’adore, ce sont les boules de Noël, en France, je m’en achetais une chaque année ou alors, du gui ou… une jolie décoration de Noël tiens… On m’a dit qu’un stand en avait de très jolis en verres, en bois... » Elle prit une profonde respiration et se demanda dans la foulée : « Ce que j’adorerais, c’est d’aller dans une verrerie, ça doit être fabuleux de savoir gérer cette matière, tu ne trouves pas ? » Adela, la reine du changement de sujet, du proverbe passer de la poule à la baleine ou du coq à l’âne, tout dépend…

St-Georg.
"- Non, il est juste allemand, je crois."

Aux dernières nouvelles ouai, pour ce qu’elle en sait… Il semble être d’ici, naît au pays de Goethe. En tout cas, Adela reconnaît qu'il porte bien les cheveux longs. Et qu'il est mignon. Alors elle se demande vraiment pourquoi Cassidy pense n'avoir aucune chance avec lui ? Hé bien, la réponse semble évidente. Ralph est vraiment mignon, plutôt canon et elle… elle, elle est quelconque, elle est insignifiante. Pas le genre de fille qui peut prétendre à un homme comme ça. Lui, il sait tout faire. Il joue de la musique, il chante. Elle, elle n’ose pas présenter ses textes, faire entendre ses propres compositions. Elle, elle est du genre anxieuse, à avoir un peu peur de tout.

"- Bah… parce qu'il est… tu vois il est… comment dire…" la jeune femme cherche ses mots, sans les trouver. "Je veux dire… il est parfaitement incroyable. Et je suis très quelconque. En plus… j’suis sûre que plein de filles lui tournent autour alors…"

Ouai, non, elle ne se risquera pas à entretenir des espoirs voués à être déçus. Sûrement pas. Parce qu’elle sait qu’elle n’a aucune espèce de chance avec lui, alors ça ne vaut vraiment pas la peine de prendre le risque d’être déçu. Elle ferait mieux d’oublier ça et de passer à autre chose. Même si Adela pense au contraire que la rouquine devrait juste faire part de ses ressentis à l’homme en question. Elle grimace un peu.

Admettre devant Ralph qu’il lui plaît ? Trouver le courage de le lui dire, de le lui avouer, de s’exposer ? Elle n’en est vraiment pas capable, tout simplement. Elle sait déjà qu’elle balbutierait, qu’elle se tromperait dans ses mots, qu’elle se couvrirait de ridicule avant d’avoir pu dire ce qu’elle voulait lui dire. Non, ce n’était définitivement pas nécessaire qu’elle se jette à l’eau. De toute façon… Y’avait sûrement plein de filles plus intéressantes qu’elle dans son entourage.

"- Non je… J’ai pas osé…" souffle-t-elle en grimaçant. "Je suis désolé pour toi…" poursuit honnêtement la sirène alors que son interlocutrice confesse ne pas être plus chanceuse en la matière.

Mais elles ne sont pas ici pour se morfondre sur les garçons. Elles sont là pour profiter de l'ambiance de Noël, de l'esprit des fêtes de fin d'année et d'un beau marché de Noël. Alors c'est ce qu'elles décident de faire, avant que le marché ne soit de nouveau pris d'assaut. Et Adela confiant son amour pour les boules de noël et sa tradition annuelle, la prochaine destination est toute trouvée.

"- Commençons donc par te trouver la plus belle des boules de noël !" affirme-t-elle avant d’acquiescer encore. "C’est vrai. Je ne sais pas comment ils font pour souffler le verre comme ça, c’est presque magique, quand on y pense…"

St-Georg.
Elle fit une moue appréciative en apprenant qu’il était allemand. Elle aurait cru pourtant déceler une petite origine. Adela se permit de regarder la photo puis son ami tout en demandant ce qui pouvait bien faire douter Cassidy en ce qui le concernait. « Tu es complètement mordue, à ce que je vois. » avait-elle dit. Surtout lorsqu’elle insinua qu’il devait être très courtisé. Elle souriait mais ne se moquait pas, c’était terrible d’être attiré par un homme que l’on reconnaissait inaccessible. Néanmoins, la mexicaine gardait à l’esprit que cela concernait la rouquine et de ce qu’elle avait comprit, il était demandé mais pas casé celui là alors elle n’hésita pas à encourager son amie aller de front. Que loupait-elle au final ? « Ne t’en fais pas, tenta t-elle de rassurer son amie après qu’elle avait réagit à sa propre complainte amoureuse. Je ne cherche plus vraiment à me convaincre que l’amour est au tournant. Il n’est pas forcément le meilleur, au final. » Elle but une petite gorgée et reprit : « Je me dis qu’il est possible que tu rates quelque chose en ne te jetant pas à l’eau. Il n’a pas l’air méchant… » Elle s’arrêta, après tout, elle ne le connaissait pas et n’avait jamais entendu parler de lui avant ce soir. « Oh oui, très bonne idée ! » s’élança la mexicaine en suivant son amie dans le but de perpétuer la tradition. Après tout, elle n’aimait pas trop parler de garçon car cela lui rappelait les nombreuses conversations de sa mère concernant son futur, son manque d’ambition et si l’ambition n’était pas là, elle n’était pas mariée non plus, et donc sans enfant. « Et lui, j’adorerai aller faire une petite découverte un de ces jours. » Adela, elle avait toujours envie de découvrir de nouvelles choses et cela l’amenait souvent à rencontrer de nouvelles personnes. Parfois cela perdurait et parfois non. Et son esprit repartit en direction d’Ezra, mais elle le chasse en jetant la fin de son verre pour avoir les mains libres. « Et toi, dis moi, qu’est-ce qui te ferait plaisir ici ? » Passons sur le sujet des garçons, Cassidy avait raison de détourner l’attention d’Adela.  

St-Georg.
Elle pique un fard en écoutant Adela parler. Est-ce qu'elle était vraiment complètement mordue du musicien ? Peut-être. Mais l'affirmer à haute voix, ou l'entendre de vive voix, c'était autre chose. Jusqu'à maintenant, elle pouvait encore se voiler la face, parce que personne ne l'avait mise en face de la réalité. Mais avec les mots de son amie, la prise de conscience est presque inévitable. Et titille son esprit. Bien sûr, elle le trouvait séduisant. Et sympathique. Agréable. Adorable. Intelligent. Doux. Prévenant. Et tout un tas d'autres qualités encore. Mais être mordue ? Est-ce que c'est l’impression qu'elle donne ? Est-ce qu'elle l’est ? Peut-être. Probablement. Et ça fait un peu peur de l'admettre. Alors elle reste muette, ne confirmant ni m'infirmant les mots de son interlocutrice. D'autant plus que, dans tous les cas, Ralph n'est pas un garçon pour elle. Il est beaucoup trop bien, beaucoup trop doué, pour s'intéresser à une fille comme elle. Une fille insignifiante. C'est comme ça qu'elle se voit, elle qui a si souvent peur de tout.

"- Lui !? Oh non, je ne crois pas qu'il puisse être capable d'être méchant." confirme la jeune femme lorsque son interlocutrice estime qu'il n'a pas l'air méchant et que, même si elle émet quelques réserves sur l’amour, Cassidy devrait tenter le coup. "Je… je ne sais absolument pas si je pourrais l'intéresser. Si je suis son genre de fille. En fait, je ne sais même pas si il aime les filles…"

Et c'était un problème parce qu'aujourd'hui, on était jamais sûr de rien. Bien sûr, il avait tout à fait le droit d'être d’un autre bord, elle ne le jugerait certainement pas pour ça, mais cela voudrait aussi dire, si tel était le cas, qu'elle devrait faire une croix dessus. Mieux valait donc savoir avant de se jeter à l'eau, dans une situation très embarrassante.

Mais assez parlé de garçons. Elles ne sont pas là pour ça. Elles sont ici pour profiter du marché de Noël et, pourquoi pas, en y étant, perpétuer la tradition d'Adela. C'est pour cela que la rouquine propose d'aller, pour commencer, trouver la plus belle des boules de Noël, puisque son amie en fait la collection et en achète une tous les ans. Ce serait un bon point de départ pour leur excursion sur le marché après ce vin chaud.

"- Je suppose que ce serait très instructif, il faudrait voir s'il y a une verrerie qui propose ce genre de services dans les environs…" remarque la rouquine lorsque Adela fait remarquer qu'elle adorerait voir souffler du verre. "Je ne sais pas encore, tout est si joli…"