[Cornelia] Lost in our paradise

Lost in our paradise

 Il arrivait parfois qu’une personne n’ai pas envie de sortir du lit, le matin. Quand c’était une journée que l’on avait pas envie de voir, quand quelque chose d’inévitable allait se produire, quelque chose que l’on pouvait redouter. Ce jour-là, Justin n’avait absolument pas eu ce problème, bien au contraire. Il n’avait pas besoin de se lever pour aller à la patinoire et pour une fois, son corps allait très certainement le remercier. Parce que de temps en temps, se reposer un peu ne faisait pas de mal, bien au contraire. Il le fallait bien, pour permettre aux muscles de ne pas se déchirer. Réveil en fracas, en vrac dans le canapé, il avait eu un peu de mal à se déplier. Il avait éteint sa console qui tournait encore sur le grand écran de la télévision puis avait retiré le casque qu’il avait sur les oreilles. Qui avait dit que les sportifs avaient la vie la plus saine du monde ? Justin était la preuve du contraire, sur certains points.

Il avait commencé par vérifier qu’il n’était pas en retard. Il n’était pas très ponctuel dans la vie mais lorsqu’il rejoignait Cornelia, il faisait constamment de son mieux. Il fallait dire qu’il appréciait passer du temps à ses côtés, ils s’entendaient et riaient bien. Ce n’était donc que du plaisir, de la rejoindre. Il fit quelques étirements pour son dos et son cou légèrement endoloris par la position dans laquelle il avait dormi, avant d’avaler très rapidement de quoi remplir son ventre. Petite douche et vêtements confortables glissés sur son corps sec, il avait souhaité une bonne journée à son père avant de partir très vite, enjambant son vélo. Il était plutôt tard par rapport à l’heure à laquelle il était normalement censé arriver alors il devait faire vite. Puis ils n’habitaient pas la porte à côté alors…

En passant devant une boulangerie typique, il s’arrêta une petite minute, pour acheter de quoi se régaler un peu. Cheat day de la semaine, les deux patineurs allaient bien pouvoir se faire un peu plaisir, non ? Puis c’était également pour les parents de Cornelia qui acceptaient tout de même qu’il débarque ainsi le matin et qui ne disaient rien ou alors, pas devant lui. Question de politesse, certainement ? Achats installés à l’abri dans son sac à dos, il reprit sa route jusqu’à la maison où il s’était déjà rendu, au moins pour ramener la jolie jeune femme. Il posa son vélo à l’abri dans la propriété pour être certain de le retrouver lorsqu’il rentrerait puis il partit jusqu’à la porte pour sonner tranquillement. Il pourrait sortir les viennoiseries de son sac… Mais non, à la place, sans vraiment trop savoir pourquoi, il glissa ses doigts dans sa chevelure, se disant au passage qu’il devrait peut-être prendre rendez-vous chez le coiffeur, pour mettre un peu d’ordre dans sa touffe et surtout essayer d’être un peu présentable. Cornelia allait très certainement être aussi fraîche que la rosée du matin, comme chaque fois qu’il la voyait alors… Même si ce n’était que minime, il pouvait bien faire un petit effort de son côté.

Lost in our paradise

4h45. Avec un petit grognement de protestation contre la musique qui se diffuse dans ses oreilles, Cornélia tâtonne à la recherche du réveil installé sur sa table de chevet, s’offrant cinq minutes de répit avant que l’appareil ne se manifeste de nouveau, la forçant cette fois-ci à se redresser, repoussant la couverture. Aussi rapidement que possible à une heure pareille, la jeune femme fait son lit avant de prendre place sur son tapis, s’offrant quelques minutes de méditation comme chaque matin. La première étape de sa routine de miracle morning, auquel elle ne déroge pas depuis deux ans, malgré les coups de langue de Salchow sur sa main. Puis, non sans une caresse pour l’animal au préalable, elle allume la lumière de sa chambre sur le mode tamisé, attrapant le livre placé dans son tiroir pour en feuilleter quelques pages pendant quelques minutes, avant de le reposer. Prenant place à son bureau, Cornelia attrape son bullet journal dans lequel elle se perd un moment.

5h20. Après s’être changée, la demoiselle ouvre son volet, laissant la lumière du soleil levant inonder la pièce dont elle sort un instant plus tard, traversant silencieusement la maison encore silencieuse, un bruit de pattes sur le sol la suivant de près. Dans l’entrée, la jeune femme enfile son bonnet, ses gants, une écharpe et son manteau, avant d’attraper le harnais dont elle revêt Salchow avant de sortir, fermant la porte de la maison derrière elle. 5h30. La demoiselle s’échauffe précautionneusement dans le jardin quelques minutes, puis commence à trottiner doucement dans la rue avant de s’élancer totalement, son allure allant crescendo.

6h42. Arrivant devant la porte de la maison, Cornelia attrape sa bouteille d’eau qu’elle termine d’un trait avant de rentrer, débarrassant le spitz de son harnais qu’elle pose dans le tiroir du buffet avant de s’avancer dans la maisonnée. Saluant sa famille attablée dans la cuisine, la demoiselle les rejoint, s’installant avec eux devant le petit déjeuner préparé par sa mère. Idéal pour prendre des forces en cette aube de journée qui, même si elle ne devait pas aller à la patinoire, serait tout de même sportive.

7h00. Son petit déjeuner avalé, la demoiselle file rapidement dans sa chambre, ouvrant la fenêtre pour aérer avant de rejoindre sa salle de bain. Allumant l’eau de la douche, elle en sort quelques minutes plus tard, épongeant ses cheveux à l’aide d’une serviette avant d’attraper son diffuseur pour prendre soin de ses mèches. Fin sèches, elle vient les peigner délicatement, avant de leur appliquer une goutte d’huile avant de passer à sa routine de soin pour le visage puis un maquillage très discret, léger.

Entendant sonner à la porte, la demoiselle repose son livre dans son tiroir avant de quitter sa chambre, descendant rapidement pour aller ouvrir avant que son père ne la devance. Tirant à l’attention de celui-ci sa langue dans un mouvement nimbé d'espièglerie, elle retrouve un air neutre presque immédiatement, remplaçant sa grimace par un sourire dont elle gratifie l’homme à qui elle ouvre la porte.

”- Salut ! Tu vas bien !?” salut-elle le patineur sur le pas de sa porte. ”Ne reste pas dehors, entre !”

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Cornelia avait quelques années de moins que Justin mais ce n’était pas forcément quelque chose qu’il regardait. Depuis un bon moment désormais, ils discutaient. Parce qu’ils s’étaient tous deux retrouvés à être des enfants adoptés sans vraiment le savoir, quoique la jeune femme avait bien mieux réagi que Justin. Cela les avait rapprochés puis ils avaient partagé les mêmes créneaux d’entraînement, sur la glace comme parfois en dehors. A mesure que Justin s’enfonçait dans la vingtaine, Lia avait pris en maturité et ils s’étaient de plus en plus rapprochés, devenant des amis au lien de plus en plus fort. Désormais, ils en étaient même parfois arrivés à prendre un peu soin de l’autre quand ils partaient en compétition ensemble dans d’autres pays où qu’ils voyageaient pour soutenir l’autre. Exactement comme elle l’avait fait cette année pour les jeux olympiques, chose à laquelle il ne manquait pas de souvent la remercier. Dès qu’il le pouvait, même.

Cornélia ouvrant la porte, il baissa le regard pour l’observer, un sourire parant immédiatement ses lèvres. Cela aurait très bien pu être l’un de ses parents adoptifs, qui aurait pu ouvrir, ce qui ne l’aurait pas du tout dérangé, il les connaissait. Mais le fait que ce soit son amie ne pu que le faire sourire d’avantage. « Salut ! Très bien et toi ? » demande-t-il comme par habitude, bien que la réponse l’intéressait sincèrement. Il franchit le seuil de la porte pour répondre aux mots qui suivirent, non sans frotter ses pieds sur le paillasson au passage, bien qu’il retira ses chaussures dans l’entrée par politesse, apercevant le père de famille alors qu’il se relevait. « Bonjour ! Excusez-moi de débarquer si tôt… J’ai apporté de quoi me faire pardonner un peu ! » dit-il en sortant son butin de viennoiseries allemandes, autant sucrées que salées. Il avait pris tout ce qui semblait appétissant alors… Autant dire que plutôt que des sacs en papier, tout était rassemblé dans un grand sac en plastique et l’odeur qui émanait de son sac indiquait bien que ses vêtements de rechange, s’il devait les mettre, lanceraient un parfum de boulangerie partout où il passerait. Il donna le sac à l’adulte avant de reposer la regard sur son amie, son sourire revenant presque immédiatement.

Exactement comme il se l’était dit quelques secondes plus tôt avant que la porte ne s’ouvre, elle semblait parfaitement réveillée, alors qu’elle aurait pu profiter de ce jour de repos officiel mais loin d’être officieux, pour trainer un peu plus au lit. Mais non, elle était là, habillée de son joli sourire. Il l’observa quelques instants en refermant son sac à l’aveugle. « Puis si vous avez déjà mangé, ça peut être pour plus tard ou demain ! Tu es prête pour ce matin ? »

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”- On ne peut mieux !” affirme Cornelia, un grand sourire aux lèvres, pour répondre aux interrogations de son ami.
”- Oh ça va, elle est juste complètement folle !” rétorque Caleb depuis le canapé dans lequel il s’est déjà avachi, bien qu’il ne soit réveillé que depuis peu. ”Imagine toi que cette demoiselle gambadait dehors comme un cabri entre 5h30 et 6h45 ! C'est même pas des heures pour être réveillé, ça !” proteste-t-il.
”- T’occupes pas de lui !” réplique sa sœur en lui tirant la langue.

Justin s’excusant auprès des parents de son amie, Cornelia peut voir sa mère agiter la main en l'air, de ce signe si particulier, caractéristique, qu’elle avait toujours quand les choses n’avaient aucune importance. Ce genre de geste qui signifiait tout simplement de laisser tomber, qu’il n’avait pas à s’en faire. Ce n’était pas vraiment, de toute façon, comme si la famille de la patineuse n’avait pas déjà l’habitude des répétitions tôt le matin, tard le soir ou de vivre parfois au rythme des compétitions… Ils ne faisaient même plus vraiment attention, finalement. Quand Cornelia leur avait demandé la permission d’inviter Justin à venir ici pour s'entraîner, de fait, ils savaient d’ores et déjà que le jeune homme risquait de se pointer aux aurores. Il arrivait finalement peut-être même tard par rapport à l’heure imaginée par ces derniers.

Prévenant, Justin a pensé à tout, jusqu'à ramener quelques viennoiseries pour la famille, afin de se faire pardonner son intrusion matinale. Une attention délicate et qui ne manque pas de faire sourire de nouveau Cornelia, en même temps qu'elle glisse une petite main curieuse dans le sachet. En tant que patineuse, compétitrice, elle avait un régime alimentaire sur mesure, adapté à ses objectifs et sa propre personne. Cependant, aujourd'hui, elle avait bien le droit de se faire plaisir. Après tout, ils avaient décidé tous les deux que ce serait aujourd'hui cheat day.

”- Y'a toujours de la place pour un petit beignet !” affirme-t-elle ainsi en même temps que le patineur propose de dévorer tout ceci plus tard, si la famille a déjà déjeuner.

Prête ? Cornelia hoche la tête, en mordant à belles dents dans son butin. Prête oui et plutôt deux fois qu'une, tant elle est excitée par leur programme du jour. Avec le beau soleil qu'il y avait dans le jardin en prime et les températures relativement chaudes, ils pourraient même s'exercer dehors au calme, dans déranger tout le monde à l'intérieur.

”- La vrai question c'est est-ce que TOI tu es prêt !” remarque la jeune femme avec un sourire. ”Ça te dit qu'on s'installe dehors pour travailler ?”

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Apporter des viennoiseries, c’était la moindre des choses. Et peut-être un petit caprice de gourmandise de quand tous deux devaient se priver. Quand ils passaient devant des restaurants ou des boulangeries avec des odeurs qui pouvaient réveiller n’importe quel estomac et que eux, parce qu’ils avaient fait le choix d’entrer dans le monde professionnel du sport, ne pouvaient pas céder à leurs cœurs qui hurlaient de sentir une douceur. Ils avaient droit de faire quelques petits cheat day. Pas non plus tout le temps mais pour se féliciter, pour que le corps trouve toujours du plaisir à  manger. Et aujourd’hui, tous les deux réunis, cela ne promettait rien de très sain. Quoique Justin passe son temps à boire de l’eau. Parfois quelques jus de fruit mais l’eau, il ne pouvait pas du tout s’en passer, contrairement à Cornélia.

La voix de Caleb venant jusqu’à ses oreilles, il sourit tout doucement. Lui n’avait ni frère ni sœur, il appréciait les voir se taquiner un peu. Cela n’était jamais très méchant, de ce qu’il voyait puis c’était très certainement de bonne guerre. « Là, j’avoue que je suis d’accord avec Caleb ! Il faut profiter pour dormir un peu de temps en temps, tu sais ? Surtout quand tu ne travailles pas franchement ce jour-là ! » dit-il en prenant une fausse moue fâchée. Il pouvait parler lui, il arrivait même à dormir avec les compétitions, allongé sur le sol des salles d’échauffement. Le sommeil pour permettre au corps de se reposer, de se soigner, c’était très important.

Voyant la mère de Cornelia protester alors que cette dernière était en train de se régaler d’un beignet, il lui fit un petit clin d’œil en laissant le sac en provenance de la boulangerie à la vue de tout le monde, pour faire appel à leur gourmandise. Tout le monde allait bien finir par taper un petit peu dedans, non ? Quelque soit l’heure, qui pouvait résister à une petite gourmandise comme ça ? Se tournant de nouveau vers sa petite Lia, à supposer que lui fasse partie des personnes de grande taille, ce qui était loin d’être le cas, il lui sourit doucement en hochant la tête. « Je suis toujours prêt, moi ! Je suis venu à vélo, ça m’a échauffé. On s’installe où tu veux, je te suis ! Tant qu’on peut travailler, tu connais mon sérieux légendaire ! » plaisanta-t-il avant de rire un peu. Il était effectivement sérieux mais quand il avait quelqu’un à amuser, une personne qu’il appréciait, il n’en ratait pas une.

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La demoiselle a un petit rire comme Justin donne raison à son frère, lui aussi affirmant qu’il fallait dormir un peu de temps en temps. De sommeil, cependant, la brunette ne manquait pas et elle avait anticipé son réveil de ce matin bien avant celui-ci, la veille au soir. Déjà, elle avait préparé ses affaires de sorte que ce matin tout soit très fluide, très naturel et qu’elle puisse rester au lit jusqu’au dernier moment. Mais, en prime, elle avait aussi adapté son heure de coucher, pour être sûre d’avoir son quota horaire, une prudence qui avait permis qu’elle ne soit pas trop fatiguée en se levant, même si elle avait grogné, c’est vrai, en entendant son réveil.

”- Mais Caleb a oublié de signaler que je me suis couché hier soir à 21h, pour me lever un peu avant cinq heures aujourd’hui, donc j’avais tout le sommeil dont j’ai besoin !” remarque la brune.

Et puis Cornelia était d’un naturel plutôt dynamique, qui ne savait pas tant tenir en place. Ambitieuse et travailleuse, elle se donnait beaucoup pour son art, rêvant de décrocher une médaille olympique dans quatre ans et d’inscrire son nom à la suite d'une longue liste de vainqueures. Pour cela, il fallait qu’elle continue de s’exercer, qu’elle se donne à fond et qu’elle ne laisse rien au hasard. Obtenir ce qu’elle voulait ne se ferait pas en un claquement de doigts. La compétition était rude pour parvenir au sommet. Et les Russes étaient, dans chaque compétition, de redoutables machines de guerre qu’elle aurait à affronter. Cela demandait énormément de travail, donc.

”- Comment penses-tu que je deviendrai championne si je passe mon temps à dormir, hein ?” demande la jeune femme, taquine, lui tirant la langue. ”Vous les hommes vous n’avez pas de tanks en face de vous !” plaisante-t-elle encore.

Le rythme des russes était connu pour être rude et intensif. Elle ne pouvait donc pas tant se reposer sur ses lauriers si elle voulait avoir un espoir, aussi maigre soit-il, de prendre une médaille olympique à leur nez et à leur barbe. Loin d’elle l’idée d’être insultante avec la compétition masculine, elle-même difficile. Mais les comètes russes - ainsi nommées pour leur manque de durabilité - complexifient nettement la situation pour les femmes, en raflant tout sur leur passage. En Russie, le patinage artistique rimait presque avec sport national, après tout.

S’autorisant un écart en attrapant une viennoiserie ramenée par Justin, la demoiselle est disputée par sa mère, sans vraiment s’y attarder, proposant au contraire de commencer à travailler. Avec Justin, ils avaient plutôt intérêt à s’y mettre s’ils ne voulaient pas rester au point mort. Pour progresser - ils ne pourraient qu’aller en ce sens - il fallait se lancer. Et Cornelia attrape déjà son sac, duquel elle extrait ses protections. Genouillères, coudières, rembourrage pour les fesses et le plus important, un casque pour protéger sa tête. Là, elle aurait fière allure ! Le style, cependant, importait peu quand il était question de sécurité.

”- Alors en avant, que je vois l’efficacité de ton échauffement de mes yeux !” dit-elle, attrapant une bouteille d’eau dans le frigo. ”Tu as pris tes protections, hein ?”

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Tous les sportifs n’avaient pas le même rythme de vie. Si pour beaucoup il était très important d’avoir cet environnement très sain qui permettait à leur corps et à leur esprit d’aller bien, d’être parfaitement reposés en toute circonstances pour vivre correctement, pour permettre au corps d’être au mieux de sa forme et ainsi éviter le plus possible les blessures. Cornelia était ce genre de personnes, ce n’était pas un secret du tout pour le jeune médaillé, cela faisait tout de même assez longtemps qu’il la côtoyait désormais pour s’en rendre compte. Elle était très différente de lui qui vivait à 100 à l’heure sans forcément se soucier des répercussions nocives que cela pourrait avoir sur ses résultats. Aucun des deux était pourtant mos méritant que l’autre et Justin espérait très sincèrement que la belle patineuse brille autant que lui dans les plus grandes compétitions. Cependant, il pouvait tout de même la taquiner un peu, ce qu’il ne manquait jamais de faire lorsqu’il en avait l’occasion, surtout que là, il avait l’aide de Caleb, ce qui rendait les échanges un peu plus intéressants encore.

« Comme une petite grand-mère ! J’espère que tu n’as pas oublié ta petite tisane avant de te coucher ! » souffla-t-il sans oublier de lui offrir un petit clin d’œil au passage. A dire vrai, il était jaloux de la vie saine de Cornélia, lui étant tout simplement incapable de se retrouver seul face à ses pensées. Elle le fascinait.

Plaisanter l’un avec l’autre, ils adoraient cela et ne le cachaient pas du tout. Mais cette fois, Justin tiqua légèrement là où il ne fallait pas. Ou peut-être avait-elle piqué à l’endroit exacte pour vraiment embêter le jeune homme sans qu’il ne trouve grand-chose à redire ? Il avait passé quatre années en enfer, à se préparer pour les jeux olympiques, pour ce qu’il avait accompli. Certes, les exigences étaient loin d’être identiques en compétition féminine comme en masculine mais ce n’était pas pour autant que cela était plus simple pour ces messieurs. Lui avait simplement dû destituer le grand champion en titre, rien que cela. Mais il comprenait tout à fait le point de vue de son amie, décidant donc de garder ses remarques désobligeantes pour lui, pour se contenter de doucement dire. « Tu es de l’artillerie très lourde, Lia, elles trembleront devant toi ! » Un petit sourire lui échappa. Cette phrase n’était bien évidemment pas à prendre à double sens, quoi que… Ah non, il se racla légèrement la gorge en se souvenant que les parents de son amie étaient présents.

Récupérant son sac, il suivit tranquillement la future championne là où elle alla, le soulevant pour lui montrer qu’il avait effectivement pris ce qu’il pensait important. «Tu me considères comme un danger public pour mettre tout ça ? » fit-il en feignant le choc. Il comprenait, elle avait tout à faire raison. Lui n’avait pas pris autant de choses mais après tout, ce n’était pas lui qui allait grimper dans les airs, au bout des bras d’une autre personne. « J’ai pas trouvé de protections pour le nez… Je crois que si tu me le casses, ça marquera la fin de ma carrière ! »

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Lorsque Justin se moque en remarquant qu’elle allait au lit tôt comme une petite grand-mère, disant espérer que la demoiselle pense à sa petite tisane avant le coucher, cette dernière lui tire la langue en riant, ne manquant pas de lui donner, en même temps, une petite tape sur l’épaule, pour le faire arrêter. Comme si elle avait, cependant, la moindre chance. Ou comme si ça ne lui plaisait pas, dans le fond, que l’homme la taquine de la sorte. Bien au contraire, elle adorait ça. Elle aimait cette connexion entre eux, cette manière qu’ils avaient de plaisanter l’un avec l’autre. Elle serait bien plus peinée si, un jour, l’homme ne la chambrait plus de la sorte. Cela trahirait un grand changement, probablement un problème, dans la vie de ce dernier ou dans leur amitié. Elle ne voulait pas cela, elle n’était pas prête. Elle ne le serait même jamais.

”- Dit-il, lui qui ne boit jamais aucun soda pour ne pas perdre en performance !” réplique la brunette en lui tirant la langue, amusée. ”C’est pas très “d’jeun’s” ça non plus monsieur !”

Les taquineries entre eux étaient comme une seconde nature, une manière de s’exprimer, de converser ensemble. La preuve de leur complicité, de l’amitié qui les unissait l’un à l’autre. La preuve qu’ils s’entendaient à merveille. Le jour où ils ne se taquineraient plus ainsi… Pour la seconde fois, Lia chasse ces pensées déplaisantes. Son amitié avec Justin était au beau fixe, elle n’avait pas besoin d’envisager que cela ne soit plus le cas, loin de là.

Loin d’elle, de fait, l’envie de vexer ou blesser Justin par ses propres peurs sur la compétition et la menace des russes. Si elle remarque que les hommes n’ont pas de tank en face d’eux, ce n’est jamais que pour souligner que tous les pays, en compétition masculine, ont leurs chances. En compétition féminine, depuis presque dix ans en revanche, l’usine Tutberidze formait des championnes raflant tout sur leur passage et soumises à des conditions de vies extrêmes. Ce n’était pas spécialement plus facile pour les hommes, donc, mais la compétition y était, malgré tout, plus fair-play, quelque part. Aucun homme ne se nourrissait uniquement de poudres pour gagner en légèreté et améliorer leurs sauts. Certaines russes, en revanche, avaient recours à ces techniques plus que douteuses et qui, du reste, raccourcissaient nettement leurs carrières au profit de nouvelles stars plus jeunes.

De l’artillerie lourde, elle n’y croit pas une seconde. Pour battre la vague russe, elle sait qu’elle a encore beaucoup de travail. Ne serait-ce que parce qu’elle ne maîtrise toujours pas le quadruple Axel, contrairement à ces demoiselles qui semblent le pratiquer depuis qu’elles ont cinq ou six ans. Elle ne pourrait faire quelque chose contre cela qu’en travaillant dur et beaucoup. Exit, donc, les grasses matinées ou de passer de longs moments à dormir. Elle devait maximiser son entraînement, ses heures et surtout, surtout, elle devait conserver un rythme de vie aussi sain que possible.

”- A part que je ne me nourrit pas de trois feuilles de salades, d’air et de compléments en poudres ouai, c’est toutes mes chances !” remarque la demoiselle, sans vraiment rire cette fois.

Et donc, assez tergiversé, place à l’entraînement. Rapidement, la demoiselle entraîne donc son ami dehors, s’équipant tout en s’inquiétant de savoir s’il avait tout ce qu’il lui fallait pour ce soir. La demoiselle était prudente, ce n’était pas le moment - y’en avait-il seulement un opportun ? - pour se casser quelque chose. Elle avait eu suffisamment peur à ce sujet ces derniers temps pour ne pas courir le moindre risque.

”- Une mauvaise chute arrive même aux meilleurs !” remarque la jeune femme. ”J’ai trop conscience de ce qu’elle pourrait me coûter pour prendre le risque, alors qu’on débute.” objecte-t-elle avant de rire avec lui. ”Nooooon ! On a pas besoin de nez pour patiner ! Quelle chance, hein !?”

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Cornelia avait raison sur bien des choses. Elle n’avait que 20 ans et son mode de vie pouvait laisser penser qu’elle n’était qu’une vieille fille qui ne savait pas du tout s’amuser. Mais c’était tout le contraire. Elle était capable de faire preuve d’une telle discipline pour arriver à ses objectifs, malgré son jeune âge, que bien des personnes passaient leur temps à l’admirer. Justin en faisait partie d’ailleurs. Presque tous les jours il la voyait se coucher tôt, faire des nuits bien reposantes et s’améliorer à vue d’œil, même les jours où le corps ne voulait clairement pas faire correctement les choses. Mais l’homme ne le dirait très certainement pas, trouvant bien plus amusant de taquiner son amie plutôt que de s’ouvrir totalement. Elle le savait peut-être, au fond d’elle. En l’entendant répliquer, il rit doucement et n’arriva même pas à retenir la réponse qui franchit ses lèvres également.

« Je préfère boire de l’eau que du sucre liquide ! J’me suis fait une raison, c’est toi la d’jeuns maintenant, je te laisse le flambeau ! Et qu’est-ce que ça a perdu, les jeunes ! A mon époque, on allait pas au lit à 20h le soir ! »

Exceller dans un sport demandait beaucoup plus de sacrifices que ce que l’on pouvait être amené à penser. Les deux amis étaient tous deux parfaitement placés pour le savoir. Et c’était même peut-être pour cela qu’ils s’entendaient bien. D’autant plus qu’ils étaient un total soutien pour l’autre, physique et psychologique. Que c’était agréable.

Ils riaient, ils riaient mais ils étaient bien loi d’oublier ce pourquoi ils s’étaient retrouvés chez la famille de Cornelia. Saluant les autres personnes présentes de la main avant qu’ils ne s’enfuient dans le jardin, Justin posa son sac tranquillement sur l’herbe pour pouvoir retirer son gilet de sport et se mettre à tout tranquillement s’échauffer, surtout le haut de son corps qui n’avait pas forcément été très actif sur le vélo avec lequel il était venu.

« Tu as raison, il ne vaut mieux surtout pas que tu tombes. Moi il y a un peu moins de risque. Mais laisse-moi mon nez, j’en ai au moins besoin pour ne pas ressembler à Voldemort ! Je sais que t’en rêve mais on va quand même pas empirer mon visage ! »

De la poche de son sac, il sortit tranquillement son téléphone pour regarder les portes simples par lesquels ils pouvaient commencer, laissant tout le temps que Cornelia souhaitait pour s’échauffer et se préparer.

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Lorsque l’on souhaite atteindre le sommet, il faut être prêt à bien des sacrifices. Et pour le bien de leur art comme de leurs rêves d’or olympique, Justin et Cornélia ne rechignent pas à ces conditions. Pour pouvoir pratiquer le patinage correctement, l’un et l’autre ont adopté une hygiène de vie qui ne ressemble guère à celle des jeunes de leur âge. Si l’un ne boit pas de boissons sucrées, la seconde se couche et se lève tôt, sort courir à des heures improbables, histoire d’entretenir sa forme. L’un comme l’autre étaient prêts à tout donner pour atteindre leur but, leur rêve, c’était certain. Justin, d’ailleurs, l’avait pour sa part atteint au terme d’un travail acharné et de sacrifices multipliés pendant des années. Comme celui de ne pas boire de sucre et préférer l’eau, ce que Cornélia n’était pour sa part pas vraiment capable de faire, s’autorisant encore quelques sodas.

"- Mais ça dormait plus tard le matin !" assure la demoiselle. "Enfin… ça dort toujours plus tard le matin." remarque-t-elle, posant un doigt sur sa bouche dans un faux effet de réflexion. "T’as pas trop changé !" balance-t-elle, un grand sourire aux lèvres.

En attendant, ce n’était ni l’eau ni le sommeil qui leur permettrait d’exceller sur la glace s’ils ne s’entraînaient pas, aussi Cornélia propose-t-elle de sortir un peu dans le jardin pour s’y entraîner comme prévu, s’inquiétant de savoir si le jeune homme a pensé à prendre de quoi se protéger. Il s’agirait de ne pas se détruire une jambe avec un mauvais saut. Ils ne savent que trop bien ce que ce genre de choses peut provoquer. Les carrières que cela peut briser. Ils ne savent que trop bien comme ce genre d’imprudence pourrait leur être fatales et les conduire hors de la piste pour longtemps. peut-être même pour toujours.

"- T’es sûûûûûûûr ? Tu ferais fureur auprès des fans d’Harry Potter pourtant, je pense !" remarque la demoiselle, plaisantant. "Mais allez, si tu me supplies à genoux, je veux bien épargner ton petit nez !" annonce Cornélia, avant de reprendre, hilare. "J’attendrais d’être sur la glace pour te couper un bout de lard dans la cuisse, plutôt !"

Bien sûr, elle n’en pense pas un mot et ne fera volontairement rien qui puisse blesser le jeune homme. Tout le problème résidait davantage dans les accidents qui pouvaient se produire rapidement dans la pratique de n’importe quel sport, y compris les sports de glace comme le leur. Il fallait qu’ils le gardent à l’esprit, pour être toujours particulièrement vigilant à ce qui pouvait se produire.

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Désormais, bien des jeunes étaient incapables de se lancer dans des projets sur le long terme. Comme si la vie était semblable à la commande d’un colis Amazon que l’on recevait le lendemain, même le dimanche, si ce n’est le jour même. Alors que le plus important dans un projet, c’était justement le processus qui menait au résultat.  Pourquoi vouloir l’obtenir sans aucun effort ? Cela revenait à se retirer toute satisfaction et à surconsommer. Avec Lia, ils travaillaient depuis de très nombreuses années, d’arrache-pied afin d’obtenir les médailles qu’ils arrivaient à décrocher, souvent d’une magnifique teinte dorée. Et le processus leur permettait d’en être encore un peu plus fiers. Cela leur arrivait de rater des sorties entre amis, ils n’étaient pas allé à l’école au même rythme que leurs camarades de classe, ils avaient parfois été regardés avec intrigue ou même mépris mais cela faisait partie du chemin qu’ils avaient parcouru, qu’ils continuaient de arpenter ensemble bien que dans des catégories différentes. Alors bien évidemment, Cornelia avait ses petites habitudes rien qu’à elle, elle faisait des sacrifies à sa façon et si cela lui réussissait alors personne n'avait rien à dire, même pas Justin bien qu’il appréciait la taquiner, qu’il continuerait à le faire constamment.


« Je n’ai pas trop changé ? Ne t’attends pas à me voir avec des cheveux blancs et le visage ridé, il restera parfaitement lisse et beau ! » dit-il en riant légèrement, tirant au passage la langue à son amie, chose qu’un adulte ne ferait pas. »[/b]

Les deux patineurs ne devaient pas se blesser alors ils allaient y aller tranquillement, c’était la toute première fois qu’ils pratiquaient des pas de patinage de couple, la première fois ensemble alors il était déjà hors-de-question de faire de grosses figures ou d’envoyer Cornelia voler à trois mètres dans les airs. Peut-être qu’ils le feraient un jour mais plus tard. Justin est légèrement en entendant la question, hochant la tête.

« Merci mais je pense quand même que je suis trop jaune, ce serait un affront à ce grand sorcier ! » continue-t-il en finissant par reposer son téléphone. Impatient de commencer, de pouvoir partager une nouvelle chose avec Cornelia, de la voir s’épanouir un peu. Il s’approcha alors doucement de la demoiselle, avec un petit sourire sur les lèvres, tendant les mains dans sa direction pour attendre d’attraper les siennes et de se mettre en position de danse sur glace.

« Tu es prête Lia ? On commence par quelques pas simples ? »

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Il n'avait pas changé avec le temps. Il était toujours autant une marmotte. Il avait beau ne pas se coucher tôt contrairement à Cornelia, mais il n'en dormait pas moins qu'elle. Juste tard le matin. Ce n'était définitivement pas lui qui se réveillerai aux aurores pour un miracle morning avant de partir courir un peu pour entretenir sa forme. Pas lui qui irait courir dans tout Hambourg en petites foulées, en regardant le soleil se lever. Pas lui qui serait le premier debout entre les deux, à moins qu'une compétition ne l'exige. Et encore. Peut-être que Cornelia était destinée à se lever toujours plus tôt que lui. L'inverse n'arrivait en revanche jamais. Elle était toujours celle qui lui envoyait le premier message du jour. Et c'était toujours lui qui envoyait le dernier. Comme une machine bien réglée.

”- Ah ça non tu n'as pas changé !” remarque la demoiselle. ”Ce n'est pas une question de cheveux blancs mais de comportements.” assène-t-elle en tirant la langue à son ami, faisant comme lui. ”Tu es toujours comme un papi, qui fait la sieste le jour !” plaisante-t-elle.

Pas question pour la jeune femme de prendre le risque de défigurer son ami. Elle s'en voudrait bien trop de lui permettre de rivaliser avec Lord Voldemort au prochain halloween comme dans la vie de tous les jours. Justin était bien trop gentil pour mériter ça. Bien trop beau, aussi, comme il l'avait fait remarquer lui-même, dans toute sa modestie, bien entendue. Pourtant elle ne peut pas s'empêcher de le chambrer sur cette hypothèse avant d'éclater de rire comme l'homme fait remarquer qu'il serait beaucoup trop jaune pour se permettre de rivaliser avec le maître des ténèbres. Et Cornelia ne s'y attendait pas, aussi habituée à son autodérision soit-elle.

”- Mais que tu es bête !”

Prenant place sur la pelouse comme s'ils étaient sur la glace, la jeune femme le laisse prendre ses mains dans les siennes, s'approcher d'elle. Ils allaient devoir raconter une histoire sans parole. Juste avec leurs gestes. Ils avaient pas mal de travail devant eux pour y arriver. Pas mal de figures à travailler  Mais ils finiront par y parvenir.

”- Faisons ça. Tu sais comment sécuriser un porté ?”

Lost in our paradise

Les deux meilleurs amis avaient un mode de vie relativement différent et d’ailleurs, tous deux étaient très sportifs pourtant mais visiblement ils avaient tous deux trouvé le cocktail qui leur permettait d’être  performants tout comme de réussir à avoir une petite vie à côté pour ne pas se consacrer uniquement au patin, pour décrocher un peu et ne pas sombrer dans les tourments d’un sport qui pouvait être particulièrement anxiogène, ronger une personne de l’intérieur jusqu’à ce qu’elle n’arrive pas à se relever. Certes, ils passaient beaucoup de temps à s’entraîner mais dans un même temps, il leur arrivait d’être avec des personnes qu’ils appréciaient ou avec l’autre, meilleurs amis qu’ils étaient, ils représentaient un vrai soutien pour l’autre, une personne de confiance tout comme un moyen de se divertir et se détendre. Ils ne pourraient certainement jamais se caler sur le même rythme, ce qui les dérangerait totalement dans leurs habitudes et rendrait leur corps perturbé mais cela ne les empêchait pas de grandement s’apprécier et aimer passer du temps avec l’autre comme ils avaient décidé de le faire pendant leur jour de repos aujourd’hui. « Les papis font des siestes dans la journée mais se réveillent tôt donc tu ne peux pas nous comparer, je suis pas comme ça moi ! Et toi d’ailleurs, tu es bien heureuse d’avoir un petit message tous les matins quand tu te réveilles. Imagine un peu que je me mette à me coucher à la même heure que toi, tu te réveillerais sans message de ma part, c’est triste ça, non ? »

Riant de bon cœur à leurs bêtises, il prit la demoiselle contre lui pour faire quelques pas tranquillement pour commencer. Il n’avait jamais pris de cours de danse en duo alors cela représentait déjà un bon début. Le regard posé sur le visage de Cornelia, le visage très légèrement rouge face à une telle proximité avec elle alors pourtant qu’elle n’était pas la première femme avec laquelle il se retrouvait si proche mais en même temps, le fait que ce soit elle était très certainement le plus important… Il était un homme heureux. Il serra légèrement plus ses mains dans les siennes, lui offrant un petit sourire. « Oui ne t’en fais pas, je ne te laisserais pas te blesser, tout sauf ça… »

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Lorsque Justin fait remarquer qu’il ne peut pas être un papy parce qu’il ne se lève pas assez tôt dans la journée - et n’a pas le luxe de faire des siestes - la demoiselle explose de rire. Etait-il vraiment en train de se justifier et d’argumenter pour montrer qu’elle avait tort ? Ce n’est pas comme si elle pensait vraiment ce qu’elle disait. Mais elle note son besoin de s’en défendre, auquel elle ne répond pas. Parce qu’il évoque un autre point. Celui des messages matinaux qu’elle n’aurait pas si le jeune homme décidait de se coucher à la même heure qu’elle. Cela aurait pu être vrai, elle voulait bien le lui concéder. Mais elle avait aussi de la suite dans les idées.

”- Mais tu te lèverais aussi plus tôt, alors peut-être que je l’aurai quand-même !” remarque la demoiselle en lui adressant un grand sourire. ”On se battrait pour être celui qui envoie le premier message le matin et celui qui envoie le dernier le soir !” remarque-t-elle.

Ce qui, en soit, n’était peut-être pas une si bonne idée. S’ils devaient se battre même gentiment pour envoyer le dernier message, cette battle pourrait durer longtemps alors qu’ils étaient l’un et l’autre compétiteur, au point qu’ils pourraient se coucher plus tardivement que prévu. Si pour l’homme ça ne changerait pas grand chose, pour Cornelia ce serait rapidement le drame. Au moins ! Comment organiserait-elle ses journées si elle n’était plus capable d’aller courir aux aurores ? C’est que vingt-quatre heures ce n’était pas vraiment assez !

Rejoignant le jardin, se plaçant pour commencer l’entraînement, la brunette sent son coeur battre la chamade de cette proximité nouvelle, particulière, avec Justin. Cela ne ressemblait à rien de ce qu’ils avaient déjà pu faire, ce n’était pas la même proximité. Là, ça avait quelque chose de très… Elle ne saurait comment le dire et tente de le masquer derrière l’humour.

”- Histoire que ce ne soit pas toi qui abîme mon joli petit nez !”

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La relation que Cornelia et Justin entretenaient était assez particulière et n’avait de cesse de changer, de devenir toujours un peu plus proche avec les jours et les mois qui pouvaient passer. A tel point que Justin se demandait parfois comment cela pouvait-il se faire qu’ils aient fini par être si proches, qu’il puisse considérer la patineuse comme sa meilleure amie sans qu’il ai l’impression qu’elle ne le soit réellement. Cela faisait de très nombreuses années qu’ils se connaissaient désormais et le jeune homme étant plus âgé ne s’était très certainement jamais dit qu’il pourrait être proche de personnes plus jeunes, de l’âge de Cornelia mais, de par leurs entraînements respectifs, ils passaient tellement de temps ensemble que cela lui faisait beaucoup de bien. L’hypothèse qu’exposa Lia, abandonnant le sujet où il venait de se justifier, le fit rapidement secouer la tête pour enchérir presque immédiatement. « Je ne pense pas du tout, non ! A mon avis, on essaiera d’être le dernier à dormir donc on se coucherait bien tard. Peut-être qu’on pourrait réussir à se réveiller tôt une ou deux journées de suite mais on ne tiendrait plus du tout le rythme à la longue ! Alors si tu veux mon avis, il vaut peut-être mieux que chacun garde son rythme ! » dit-il avec un petit sourire vainqueur sur les lèvres qui montrait qu’il était persuadé d’avoir raison, persuadé que la plus jeune n’arriverait pas à trouver d’argument pour démentir ses propres.

Se concentrant tout de même un peu sur l’entraînement qu’ils commençaient bien que cela était loin d’être simple pour le moment alors qu’ils ne se trouvaient pas sur la glace. Ses mains ne lâchant pas leur emprise sur celles de Cornelia, il faisait quelques pas sans être trop rapide pour le moment, histoire qu’ils arrivent tous les deux à se caler sur le rythme de l’autre. Sur glace, ce serait une autre paire de manche alors qu’ils devraient apprendre à changer la puissance de leurs pas pour aller au même rythme que leur partenaire. Le regard baissé sur la demoiselle, Justin rit doucement en levant quelques instants les yeux au ciel. Tous deux n’arrêtaient jamais de blaguer l’un avec l’autre mais là, ils devaient tout de même un minimum se concentrer. « Ta jolie petite tête me manquerait trop, un bandage sur le nez ne t’irait pas du tout ! »

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Aujourd’hui, ils avaient une routine bien rôdée, tous les deux. Elle envoyait le premier message de la journée, comme elle était la lève-tôt du duo et lui envoyait le dernier, puisqu’il était… le couche-tard. Et par couche-tard, il était en réalité parfois capable d’envoyer un message un peu avant qu’elle ne se réveille, au moment où il partait se coucher. A se demander comment il faisait pour avoir toujours autant d’énergies, en ayant un tel rythme de vie. Si elle essayait d’avoir le même… Elle ne tiendrait pas le coup, c'est certain. Mais elle n’essaie même pas de l’avoir, ceci étant dit. Elle n’est pas folle à ce point. Ce serait plutôt à lui de s’inspirer un peu de la demoiselle. Même si effectivement leur routine serait alors mise à mal et qu’une compétition existerait sûrement pour envoyer le premier et le dernier message chaque jour.

”- Oui oui, tu dis ça parce que tu as peur que je t’éclate à chaque fois, oui !” plaisante la demoiselle.

Ceci-dit, ils étaient là pour une bonne raison aujourd’hui et certainement pas pour bailler aux corneilles. Ils avaient du pain sur la planche s’ils voulaient être capables de faire du patinage en binôme tous les deux, alors qu’ils n’avaient tout simplement jamais fait cela et encore moins ensemble ! Ils se mettent donc au travail prudemment, leurs corps correctement échauffés et la brune qui doit se laisser porter dans les airs menace son ami pour qu’il ne la laisse pas tomber. Elle ne tenait pas à finir comme pirouette cacahuète et perdre le bout de son petit nez !

”- J’espère bien !!!” glapit la demoiselle. ”Je suis trop mignonne pour les bandages !” assure-t-elle fermement.

Et ce serait surtout bien de ne pas lui casser autre chose. Elle se souvient encore trop bien de sa trouille de ne plus pouvoir patiner ou faire de compétition, il n’y a encore pas si longtemps, alors qu’elle avait eu une blessure à la jambe. Elle ne tient pas à connaître de nouveau ce genre de peur panique, de longue inquiétude, à attendre les résultats d’une radio et de séances de rééducations. Non, vraiment, elle préfère que tout se passe bien et qu’ils soient assez sécurisés.

”- Tu me le dis si tu sens que ça ne va pas !”

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Tous les deux avaient beau être amis, s’entendre à merveille, ils étaient plutôt différents. Ils avaient été élevés de façons totalement différentes, avaient vécu des choses que l’autre ne pouvait pas forcément imaginer ou s’imaginer ce que cela faisait. Mais dans un même temps, certaines choses faisaient qu’ils avaient des points communs et c’était ce qui représentait leur force. Mais voilà, ils avaient tous deux une façon bien à eux de gérer les choses, les émotions qu’ils ressentaient, qui les submergeait parfois. Cornelia aimait programmer ses journées, savoir parfaitement ce qu’elle devait faire en se levant, l’heure à laquelle elle devait se coucher pour s’assurer de ne pas être trop fatiguée le lendemain alors que Justin craignait de s’endormir, faisait en sorte de repousser le moment où ses paupières se fermaient, quitte à ne dormir que quelques petites heures. L’asiatique se mit à rire en entendant les mots de son amie, levant les yeux au ciel de façon tout à fait théâtrale. « J’essaie surtout de préserver ta santé ! Imagine-toi à ne plus beaucoup dormir, tu serais tout le temps grognon ! »

Tous deux avaient beau continuer à se lancer des piques, ils se concentraient tout de même sur ce qu’ils étaient en train de faire. A tel point que Justin ne répondit pas tout de suite au reste, concentré à savoir ce qu’il faisait avec ses mains, à les mettre correctement sans pour autant blesser la jeune femme. Autrement, il s’en voudrait toute sa vie. Tous les deux, ils étaient proches. Comme de bons allemands, ils se faisaient très fréquemment une accolade pour se saluer, ils prenaient diverses photos ensemble, papotaient beaucoup mais ils n’avaient très certainement jamais touché l’autre aussi longtemps ou à des endroits bien indiscrets. Justin savait très bien que le moment arriverait où il devrait tenir son amie entre les cuisses ou par les fesses et cela le mettait mal à l’aise sans qu’il sache dire si c’était bien ou non. Enfin bref, il était si concentré que, finalement, il se contenta de rire en entendant parler des bandages. Il préférait se blesser lui plutôt que de le faire à Lia, de possiblement mettre fin à sa carrière naissante. Elle ne méritait pas cela, encore moins de devoir rester un peu trop longtemps chez elle sans bouger à attendre que ses blessures ne se remettent. « De toute façon, ne compte pas sur moi pour te lancer en l’air… Te porter d’accord mais te lancer, certainement pas, encore moins sans entraînement sur des matelas de gymnastique… »

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”- Ma santé, bien-sûr !” souffle la demoiselle en riant, sans pouvoir s’empêcher de taquiner le jeune homme. ”Poule mouillée !!!”

Oh non, elle ne risque pas de le laisser avoir le dernier mot. Avec elle, avec lui, tout est toujours matière à plaisanter et se taquiner. Ils ne savent pas souvent, rarement, rester tranquilles et sérieux. Sauf, bien-sûr, dans le cadre de leur patinage. C’est le seul moment, sûrement, où ils arrivent à se concentrer, étant tous les deux de grands bosseurs. Mais pour le reste… Pour le reste, ils aimaient s’amuser, plaisanter et délirer. Exactement comme maintenant, à se taquiner l’un et l’autre, à monter en épingle en espérant prendre le dessus et que l’autre plie enfin. Ce qui n’arrivait jamais trop vite, de manière générale.

”- Allez, si on travaillait un peu, non ?” poursuit la jeune femme en lui adressant un sourire angélique.

Il fallait qu’ils passent aux choses sérieuses sans quoi ils n’allaient pas être prêts à temps. Cela demandait de l’entraînement, pour patiner en duo et ils n’en avaient pas l'habitude. C’était une toute autre technique qu’ils devaient maîtriser, ce qui ne serait pas possible sans pratique. Il allait falloir qu’ils se concentrent et qu’ils arrêtent de s’amuser, pour pouvoir travailler. C’était une chose que de s’entraîner tout seul mais, tous les deux ensemble… Corny ne sait pas du tout ce que cela peut donner. Y parviendront-ils ? Sauront-ils garder leur sérieux ? Il le faudrait, s’ils ne voulaient pas que la jeune femme tombe et se casse quelque chose. Ou pire. Elle préférait ne pas réitérer, toutefois, l’expérience de la blessure préoccupante et potentiellement dangereuse pour sa carrière. Une fois, pas deux.

”- Chaque chose en son temps.” acquiesce la demoiselle. ”Attention, je vais bouger !” annonce-t-elle en changeant de position et donc d’appuis. ”C’est toujours bon ?”

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Cornelia, ce petit bout de femme qui passe son temps à sourire et à plaisanter ne manque pas de faire rire Justin alors même qu’elle le traite de poule mouillée. De la bouche d’une autre personne, il l’aurait très certainement mal pris, susceptible comme il était mais de celle de son amie, c’est bien différent. Il rit et pour une fois, il décide de lui laisser le dernier mot, rien que pour le fait de lui faire plaisir mais cela, il va bien se garder de la lui dire. Il lui faisait déjà le plaisir de ne pas enchérir, il ne pouvait pas non plus tout faire !

Bien cheffe ! » dit-il doucement alors que la patineuse lui demande s’ils se mettent à travailler. Il ne lui donnait pas ce surnom méchamment comme on le donnerait à une personne qui a tendance à nous énerver mais surtout pour appuyer son approbation. Toute trace de sourire quitta son visage afin de laisser une moue concentrée se poser sur celui-ci, prouvant sans vraiment le vouloir à Cornelia qu’il ne rigolait plus, qu’elle pouvait avoir confiance en ses capacités. Il pouvait faire le pitre sur la glace, cela lui arrivait d’ailleurs bien souvent. Soit pour amuser la galerie ou bien alors simplement parce qu’il était ainsi. Mais là, il n’avait pas du tout confiance en ce qu’il faisait alors qu’il avait une partenaire pour la première fois entre les mains. D’autant plus que ce n’était pas n’importe quelle partenaire. Bon, il ne voudrait jamais blesser personne mais Lia, il s’en voudrait toute sa vie. Alors il reste concentré, il la maintient comme il faut, mettant toute sa force si cela était nécessaire, prenant bien ses appuis sur le sol pour ne pas perdre l’équilibre et emporter Cornelia dans sa chute.

Alors qu’elle se décide soudainement à changer de position, il bouge ses mains afin de bien la maintenir, l’une des siennes se retrouvant soudainement sur sa fesse. Il rougit soudainement, la déplaçant rapidement vers le creux de son dos, les yeux écarquillés. « Je suis désolé… Je ne voulais pas te toucher… Enfin pas là ! Excuse-moi Lia s’il te plaît… »

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La demoiselle rit comme Justin l’écoute, faisant mine de la traiter comme une cheffe. Cornelia n’est pas du genre petit chefaillon mais elle sait aussi ce qu’elle veut et surtout, elle a beaucoup d’ambition. Comme lui. Une ambition qui la pousse à prendre des directives, à lancer leur entraînement. Ils ont besoin de s’exercer pour réussir à être prêts à temps et ce n’est pas en pinaillant, en papotant et en perdant du temps qu’ils vont y arriver. Alors elle demande s’ils s’y mettent, histoire de ne pas se perdre dans leurs bêtises au détriment de l’exercice de leur art. Cheffe, parce qu’il en faut bien une. Parce qu’il faut bien que l’un des deux se montre raisonnable.

”- Allez allez, au travail !” continue-t-elle, plaisantant avec lui.

Ils se mettent en place précautionneusement, la demoiselle consciente qu’un faux mouvement, qu’une faiblesse de la part de Justin, pourrait lui coûter cher. Bien sûr, il en a parfaitement conscience lui aussi et même s’ils en plaisantent tous les deux un instant, tous deux ont bien conscience que ce qu’ils s’apprêtent à faire est loin d’être quelque chose de facile. Loin d’être quelque chose d’évident, ou de sans risque. Ils savent très bien que n’ayant jamais patiné à deux, ils pourraient commettre une erreur. Ce n’est pas pour rien qu’ils se sont autant protégés, armés de protections sur tout le corps et qu’elle porte même un casque pour protéger sa tête, juste au cas où. Parce qu’ils ne peuvent pas se permettre de prendre tout ça à la légère.

Commençant un porté, Corny laisse le jeune homme placer ses mains sur elle et l’élever dans les airs où elle tient sa position quelques instants avant de le prévenir d’un changement. Modifiant le placement de ses jambes, de ses bras, Cornelia se concentre sur la figure à exécuter, lorsqu’elle sent la main du jeune homme se poser sur ses fesses en cherchant à la soutenir. Rien de grave pour elle, bien qu’elle rougisse, mais qui semble troubler le jeune homme puisqu’il retire immédiatement sa main, la plaçant dans le creux de son dos en s’excusant.

”- C’est rien !” affirme la jeune femme. ”T’en fais pas pour ça.” essaie-t-elle de le rassurer. ”Tu fais ce qu’il faut pour que je ne tombe pas, c’est tout ce qui compte !”