Lisham * Lui raconter mon enfance, son absence, tous les jours... Comment briser le silence qui l'entoure ?

Lui raconter mon enfance, son absence, tous les jours... Comment briser le silence qui l'entoure ?

@lisa dinckel & @lyham hampton

☾☾ Après une journée un peu compliquée, et dans mon cas après un rendez-vous compliqué, j’aimais me rendre dans un bar ou dans un café pour boire un coup. Je n’étais pas un ivrogne, bien qu’il y avait eu une période de ma vie où je buvais beaucoup et où j’aurais pu le devenir, après mon divorce. Mais j’étais parvenu à contrôler mon besoin de boire pour oublier et j’avais évité le pire. Aujourd’hui, je buvais un verre pour me détendre, un peu plus en soirée si soirée il y avait mais je n’allais pas plus loin. Je savais combien l’alcoolisme pouvait détruire, la personne elle-même mais aussi l’entourage. Et si me détruire ne me posait aucun problème, si je voulais renouer avec ma famille, j’avais plutôt intérêt de filer droit.

En ville, j’avais l’habitude de me déplacer en transport, le plus souvent. Mais il m’arrivait parfois de prendre ma voiture personnelle, ou à défaut un taxi, notamment si je savais que j’allais boire un peu trop, il n’était pas question de prendre un quelconque risque pour moi ou pour les autres de prendre le volant après avoir trop bu. Il faisait beau aujourd’hui, c’était agréable, alors me déplacer à pied me plaisait beaucoup. Il y avait un bar-restaurant non loin de mon lieu de rendez-vous, alors j’allais m’y rendre. Pour boire une bière bien fraîche pour me rafraîchir ainsi que manger un morceau car mine de rien tout cela m’avait donné faim.

Il ne m’avait pas fallu longtemps pour rejoindre le Birdland, où je n’étais d’ailleurs jamais allé, mais d’après les avis sur internet les gens étaient plutôt ravis alors je voulais aller m’y faire ma propre opinion. Enfin arrivé, je vérifiais toutefois la devanture pour m’assurer que j’étais bien au bon endroit. Une fois sûr de moi, j’entrais à l’intérieur. Depuis mon retour à Hambourg, je n’avais pas encore vu Lisa. J’avais croisé mon ex-femme, sa mère, Alessia, mais elle pas encore. Alors que je ne m’attendais aucunement à la voir aujourd’hui, c’était elle qui était figée devant moi. Et vu la façon dont elle me regardait, je n’avais aucun doute sur le fait qu’elle m’avait reconnu, et ce malgré les nombreuses années qui étaient passées et mon absence. J’étais un peu pris de court, et clairement je n’avais pas encore franchement réfléchi à ce que je pourrais bien lui dire. Là, je n’avais plus le temps d’y penser, elle était là, en face de moi. Elle avait tellement grandit, tellement changé, elle était tout simplement magnifique, une vraie jeune femme. J’avais été loin d’elle toutes ces années, mais il n’imaginait même pas à quel point j’étais fier d’elle, dans l’ombre. “Bonjour, Lisa.” dis-je doucement, craignant tout de même la réaction de la jeune femme.

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@lisa dinckel & @lyham hampton

☾☾ Je n’en revenais pas, elle était là, devant moi, ma fille, Lisa. J’étais un peu perdu et je ne savais pas franchement quoi dire ni quoi faire. A vrai dire, je ne m’attendais pas à la croiser, pas aujourd’hui, pas de manière si inattendue. Et pourtant, elle était là, et si j’avais pu me défiler plus d’une fois, cette fois-ci je ne pouvais pas faire demi-tour, je devais faire face à mes erreurs, je devais faire face à Lisa, quoi qu’il m’en coûte. Quand elle prononça me prénom, cela me fit un pincement au cœur. Elle m’avait simplement appelé Lyham, rien de plus. Après, je n’avais pas été un père pour elle, alors il était pour ainsi dire normal qu’elle ne m’appelle pas “papa”, pour autant cela me faisait mal, mais après tout, ce n’était que le juste retour des choses puisque j’avais été ce père absent, celui qui l’avait faite souffrir. Je m’en voulais beaucoup, je regrettais, et j’aurais aimé pouvoir revenir en arrière pour changer les choses, mais c’était tout bonnement impossible, j’allais devoir vivre avec le poids de mes erreurs, peut-être que ma fille ne voudrait plus jamais de moi comme père, il était trop tard, il y avait prescription. Sans doute qu’à ses yeux j’étais comme mort, et quelque soit le mal que cela pourrait me faire, ce serait normal, et sans doute que ça ne pourrait pas me faire plus de mal que je ne lui en avais fait en ayant été ce père absent, celui dont elle avait certainement eu besoin mais qui n’avait pas répondu à l’appel.

Elle était si belle, et elle avait tellement changé depuis ce jour où j’avais quitté le domicile conjugal sans plus jamais y remettre les pieds depuis de trop nombreuses années et durant lesquelles je n’avais pas donné signe de vie. Pour autant, j’avais gardé un oeil sur Lisa, et sur Alessia aussi, mais ça n’avait pas été suffisant, et sans doute que ça n’avait pas été ce qu’elles attendaient, ni l’une ni l’autre, et surtout pas Lisa car pour Alessia j’étais le roi des connards, et au fond elle n’avait pas tort. Aujourd’hui encore je n’arrivais pas à comprendre ce qui m’avait poussé à tromper cette femme si extraordinaire qu’était la mienne. J’avais vraiment tout gâché, en une fraction de seconde. Et peut-être que je n’aurais pas assez d’une vie pour réparer mes erreurs, s’il était possible encore de les réparer.

Je ne savais pas tellement quoi lui répondre quand elle me demanda ce que je faisais ici. Clairement, elle ne semblait pas ravie de me voir, ce qui pouvait se comprendre. Je haussais doucement les épaules, cherchant ce que je pourrais bien lui dire. Mais dans le fond, je savais que quoi que je dise ça ne changerait pas grand chose. “Je suis de retour à Hambourg, pour de bon. Il me semble qu’il était grand temps je crois. Je n’aurais jamais dû partir en réalité… Mais mieux vaut tard que jamais ?!” lâchais-je, attendant une réaction de sa part. Je ne savais pas si elle allait passer son chemin en m’ignorant ou si elle allait me sauter à la gorge et me dire combien j’étais le roi des imbéciles et qu’elle m’en voulait. Dans les deux cas, je ne pourrais m’en prendre qu’à moi-même, tout ce qui m’arrivait n’était que de ma faute, c’était tant pis pour moi.