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Adelaïd Schuylers
Age : 41 Né.e le : 30/10/1982 Messages : 587 Métier : Institutrice Longueur de posts : 300-1000 mots A Hamburg depuis : Toujours Avatar : Ashley Graham Points : 3232 Date d'inscription : 25/05/2018
Charlie * Les cicatrices nous marquent à jamais
Jeu 12 Mai 2022 - 9:49
Pour une fois, elle avait osé pousser, seule, la porte d’un restaurant. Cela relevait du miracle. Adélaïd détestait plus que tout être vue en train de manger. Si elle n’était pas accompagnée, c’était plus terrible encore à tel point que de nombreuses fois elle s’en privait, ne se sentant pas de taille à supporter les moqueries. Si on la voyait attablée seule, une assiette devant elle, les gens diraient sûrement, à la vue de sa corpulence, qu’elle était en train de s’engraisser. Qu’elle ferait mieux de manger moins. Que ça ne lui aurait pas fait de mal de louper un repas. Ces propos, qu’elle n’entendait pas mais imaginait fort bien, elle se les répétait depuis si longtemps, qu’ils étaient presque un mantra pour elle, un garde fou. Les chaînes de sa conscience, de sa liberté.
Pour une fois, donc, qu’elle avait osé s’attabler seule dans un restaurant, voilà que ses vieux démons ressurgissent tout à coup alors qu’elle aperçoit, dans le restaurant, la silhouette du chef dont elle avait jusqu’ici ignoré le nom. Un visage tout droit sorti de son passé. Une silhouette qu’elle avait pensé à un moment de son existence, ne plus jamais croiser. Celle de Charlie Hammer dont le grand frère, Oswald, avait été l’un des bourreaux de la brune, au point qu’elle développe à son égard une certaine méfiance. Une méfiance qu’elle conservait envers le frère de celui-ci, bien sûr. La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre, dit-on bien souvent.
Si les années ont passé depuis, si ses craintes désormais peuvent sembler puériles, les ressentiments sont plus forts, pour Adelaid, que la raison. Bien sûr, ils ne sont plus des enfants. Pourtant l’homme reste si cruel avec ses semblables, qu’il n’est pas impossible qu’il soit resté le même petit con qu’à l’époque. Le même petit con qu’elle avait craint pendant des années. Et ce n’était probablement pas une raison pour renvoyer l’assiette de légumes du soleil tout juste servie, mais c’est exactement ce qu’elle fait, rappelant la serveuse sans même avoir touché son plat, prête à s’en aller. Bien sûr, ce n'était pas cela qui la défendrait de quoi que ce soit. Manger n'aurait pas eu de conséquences sur elle. Et pourtant, elle se sent oppressée rien qu'à l'idée d'avaler la moindre bouchée.