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 Sur le toit de la solitude [Feat. Inga Dinckel]

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Sur le toit de la solitude [Feat. Inga Dinckel]
Lun 21 Sep 2020 - 17:30
Lors de son arrivée en ville, Mitch a acquis un immeuble avec une terasse sur le toit. Il lui arrive de louer une partie des appartements bien que ce ne soit pas régulier, mais il a également vendu un étage. Ce n'est pas une question de récolter de l'argent supplémentaire, mais plutôt dans l'optique de permettre à des personnes aux revenus par forcément très conséquent de s'offrir tout de même un appartement décent.

Le russe a une facheuse habitude à noyer sa tristesse soit avec une bouteille d'alcool soit dans un casino à dépenser de l'argent à foisson. Ce comportement peut faire hérisser le poil à plus d'un. Tandis que certains peinent à terminer le mois avec encore quelques dizaines de dollars sur leur compte en banque, Nikolic lui, n'hésite pas à dépenser sans réellement compter. Si quelque chose lui plait, il n'hésitera pas à fen faire l'acquisition. Le quadragénaire n'est pas une personne capricieuse pour autant.

Le soir après sa journée au laboratoire, il a pris l'habitude de ne pas rentrer directement chez lui, bien que sa villa lui convienne parfaitement puisqu'elle dispose de tout ce dont il a besoin. Le rooftop de l'immeuble dont il est propriétaire est son refuge. Il aime s'y rendre tout simplement pour être loin de tout, et lors de ses venues, il est rarement seul. Non non, je vous vois venir, pas de compagnie féminine, mais plutôt une bonne bouteille qu'il vide généralement avant de redescendre. Quand on cherche le russe, il y a trois endroits où vous serez quasiment sûr de l'y trouver : chez lui, au casino ou bien sur ce rooftop.

Tandis que la nuit avait déjà commencé à envahir la ville, l'homme avait pris une bouteille de whisky, puis l'instant de parcourir la route le séparant de son immeuble, il grimpa les escaliers une fois sur place. Plusieurs fauteils trônaient sur la terrasse ainsi qu'une petite table. Il s'installa dans l'un d'entre eux et ouvrit la bouteille avant d'en déguster la première gorgée. Mitch ferma les yeux quelques instants. Ici, sur cette terasse, il était loin de l'agitation et du brouhaha présents sur les trottois de la ville. Venir ici lui permettait d'oublier tout ses problèmes, notamment son anosmie qui remettait beaucoup de choses en question, comme la continuité de son travail. Toutes ces réflexions apportaient des idées pas toutes blanches dans l'esprit du russe, ce qui le fit reprendre la bouteille posée à ses côtés pour en descendre quelques gorgées.
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Sam 26 Sep 2020 - 18:23



Sur le toit de la solitude
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Je suis rentrée avec la nuit. J’ai senti ses tentacules me frôler et m’inviter à presser le pas. Il y a des soirs où la ville me paraît hostile, où ses bruits me menacent, où ses néons m’agressent. Progressant à vive allure sur les trottoirs d’Hambourg, j’avais si hâte de retrouver la chaleur et l’intimité de mon appartement. A peine ai-je refermé ma porte derrière moi que l'air vient pourtant à me manquer. Immobile dans l'entrée, ma main encore crispée autour de la lanière de mon sac, j’étouffe. J’étouffe comme j’étouffais quelques heures plus tôt, captive du foutu train de banlieue dans lequel j’avais eu le malheur de m’enfermer pour me rendre à un séminaire à Lüneburg. Pourquoi avais-je pris la brillante décision d’utiliser la voie ferroviaire pour effectuer ce trajet ? Je n’avais pas emprunté ce moyen de transport depuis l’incendie du wagon dont j’avais été victime en Inde. Était-ce par optimisme ou par entêtement que je m'étais fièrement rendue à la gare sous le soleil de l'après-midi ? Je m’étais persuadée que tout irait bien, que j’étais capable d’affronter seule cette épreuve. J’avais eu tort.

Le voyage avait pourtant bien commencé. J’avais senti une douce confiance m’envahir puis il y eut ce bruit métallique presque imperceptible qui me transporta instantanément dix mois auparavant. La suite n’est que flou artistique. J’avais cru mourir en attendant le prochain arrêt. Lorsque les portes du train s’étaient enfin ouvertes, je m’étais jetée à l’extérieur comme si ma vie en dépendait et j’avais marché, j’avais marché comme un automate en direction d’Hambourg jusqu’à me retrouver trois heures plus tard dans mon entrée, face à mon miroir qui me renvoie mon reflet dans la pénombre. Je ne me reconnais pas et je suffoque. Je jette mon sac au sol, récupère mes clés sur le meuble dans un éclair de lucidité puis quitte mon appartement pour me diriger vers l’endroit où j’ai pris l’habitude de me réfugier lorsque j’asphyxie : le toit.

Je monte les marches de l’escalier avec empressement puis pousse brutalement la lourde porte qui mène au rooftop. L’air frais pénètre immédiatement mes poumons tandis que mon regard se pose sur la skyline qui scintille au loin. Je ferme les paupières un instant et prends quelques profondes respirations. Je m’apaise doucement, profitant de ces quelques secondes de répit qui, je le sais, précèdent sans doute l’arrivée des pensées, des doutes, du jugement, de la culpabilité. J'avais été stupide et une partie ténébreuse de moi compte bien me faire payer mon égarement. J’esquisse un sourire sarcastique en me faisant la réflexion qu’en préparation d’un tel exercice d’auto-analyse à charge, j’aurais dû attraper une bouteille de vin au passage.

La brise se lève et mes cheveux viennent fouetter mon visage. J’ouvre les yeux en replaçant quelques mèches derrière mes oreilles et je remarque une silhouette assise sur l’un des fauteuils. Je sais immédiatement de qui il s’agit. Mitch est la seule personne au monde à aimer cet endroit autant que moi. Dans mon esprit, c’est comme s’il appartenait à ce lieu. Je m’approche doucement puis esquisse un sourire tout en désignant sa bouteille de whisky du regard. « Désolée de troubler ce tête-à-tête. » Il savait qu’il n’y avait pas une once de jugement dans ma voix. Nous n’étions que deux inconnus partageant une parenthèse hors du monde et de ses règles. Il n’y avait aucune injonction à la honte, aucune injonction à la pudeur entre nous. D’un accord tacite, tout ce dont ce toit était témoin y demeurerait, pour l'éternité.


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Ven 2 Oct 2020 - 9:05
Malgré que cela puisse être contradictoire, Mitch aimait être seul, mais c'est cette même solitude qui parfois le poussait à aller à l'extérieur, sans pour autant discuter avec les autre, mais juste, sentir leur présence. Il ignorait ce qu'il devait réellement faire : avouer la vérité, perdre son travail et sa crédibilité pour être condamner à passer sa vie derrière son bureau à faire que de l'administratif, ou alors, garder ce secret, rester celui qu'il était actuellement - à savoir un homme froid, aigri et détesté de tout ses employés - tout ça pour se protéger. Mais tôt ou tard, quelqu'un allait forcément s'en rendre compte. Ne serait-ce qu'avec un élément du quotidien, et ça finirait par lui retomber dessus.

Le russe avait longtemps hésité, devait-il venir ici pour profiter de la vue et de la solitude que le lieu lui offrait, ou plutôt se rendre au casino dans lequel il aurait encore perdu une somme astronomique d'argent. Ce soir il n'avait pas envie de faire semblant, il y a des jours comme ça où rien ne va, on il a tout simplement des pensées noires qui envahissent son esprit sans qu'il ne puisse les chasser. Elles lui collaient à la peau, comme pour lui faire payer l'homme qu'il était devenu. Au fond de lui, il se détestait. Il détestait l'homme qu'il était devenu depuis son anosmie,  mais c'était comme ça qu'il se protégeait.

Descendant le liquide présent dans son verre, il se laissa quelques minutes pour s'en délecter, laisser les pensées gambader dans son esprit. Le deuxième verre fût également rapidement descendu, avant qu'il ne fasse une nouvelle petite pause. C'est à ce même moment qu'il entendit une voix à côté de lui. Plongé dans ses pensées, Mitch n'avait même pas entendu la porte s'ouvrir. En tournant la tête, il distingua Inga qui demeurait debout sur la terrasse. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres.

" - Installe toi. Tu es venue seule ?

Il savait pertinemment qu'elle ne venait jamais accompagnée d'une quelconque personne ici, mais elle savait de quoi il parlait. Elle avait les mains vides, et il doutait qu'elle vienne ici simplement pour admirer la vue qu'offrait l'endroit. Les fois précédentes chacun avait apporté sa compagnie alcoolisée avec lui. Mais pas ce soir. Il ne rechignerai pas à partager son whisky évidemment. Ça lui éviterait de finir encore dans un état lamentable.
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Mar 6 Oct 2020 - 0:13



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Mon regard est inexorablement attiré par les lumières et les aspérités de la ville, je ne peux l'empêcher d'aller se promener avec enchantement au-delà de la balustrade. Il y a une lueur enfantine dans mes yeux qui s'émerveillent devant le Hambourg qui scintille, elle tenterait presque de chasser les stigmates de la peur, la déception teintée de culpabilité et la lassitude écrasante qui lestent ma silhouette. Mitch remarque ma présence. Il m'invite à m'installer, me demandant de manière rhétorique si j'étais venue seule. Son sens de la formule m'arrache un sourire. Il était rare qu'il me surprenne dans ces moments où je montais ici à toute allure par urgence de respirer, c'était plutôt en pleine journée ou juste avant l'aube que je me mettais à suffoquer. Les instants qui suivent le crépuscule sont plus propices à ces rituels d'introspection mélancolique que j'ai pris l'habitude de partager avec lui, ceux j'arrose d'alcool bien plus souvent que de raison, me persuadant que l'ivresse est une alliée susceptible de m'aider à franchir l'épaisseur de mes mécanismes de défense, à atteindre mes émotions dans leur profondeur alors que je sais pertinemment qu'elle les altère. Mitch en est probablement tout aussi conscient que moi mais je sais, je sens qu'il ne me juge pas. C'est comme si nos ténèbres se regardaient, s'examinaient, se respectaient. Comme si nous étions sur le pont supérieur d'un paquebot dont nous avions perdu le contrôle à admirer le naufrage de nos vies. J'opine du chef d'un air navré puis hausse mes sourcils. « Fais attention, je commence à beaucoup trop compter sur toi ». Un léger rire s’échappe de mes lèvres tandis que je prends place sur un fauteuil.

Je me fais la réflexion qu'il est déjà bien tard. J'ai coutume d'utiliser ce perchoir comme une loge privilégiée pour assister au spectacle galvanisant du ciel qui se strie de couleurs flamboyantes. Je n'y ai même pas prêté attention ce soir alors que je marchais machinalement le long des artères de la ville. Je remarque le tremblement imperceptible de ma main droite sur l'accoudoir. Je ferme mon poing et sens mes doigts se crisper contre ma paume. Je relève les yeux vers mon interlocuteur, cherchant sur son visage quelques indices de son état d’esprit du soir. « J’ai raté le coucher de soleil. Tu es là depuis longtemps ? » Il m’est aisé de répondre seule à ma propre question, je n’ai qu’à jeter un œil sur le niveau de sa bouteille. Je ne suis pas un adepte des conversations de convenance mais, en l'absence de verre ou de bouteille au creux de ma main, il ne me reste guère d'autres options pour me donner un semblant de contenance. J’ignore quelle direction prendra cette soirée mais il me semble déjà percevoir à l’horizon une forme d’apaisement. Je me fais la réflexion que je ne saurai probablement jamais si elle prend sa source dans sa compagnie ou dans celle de son whisky. J’esquisse un discret sourire et je sens ma main se détendre. Ses ténèbres sont ma zone de confort.


Dernière édition par Inga Dinckel le Sam 31 Oct 2020 - 21:47, édité 1 fois
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Re: Sur le toit de la solitude [Feat. Inga Dinckel]
Jeu 22 Oct 2020 - 20:40
Plus d'une fois on avait fait la remarque à Mitch de ne pas boire autant, on lui avait conseillé d'aller voir un spécialiste, de se rendre à des groupes de paroles, mais hormis le fait qu'il ne se sentait pas dépendant de l'alcool, il n'avait aucune envie d'aller étaler sa vie aux yeux de parfaits inconnus. Certes ils ne le jugeront certainement pas, parce que c'est le but de ce genre de réunion, mais ça n'empêche qu'il n'était pas très à l'aise avec le fait d'exposer sa vie, ses problèmes et encore moins ses faiblesses. Ce n'est pas une question d'égo ou de fierté, loin de là, plutôt une question de peur de se dévoiler. Se dévoiler signifiait pour lui, exposer ses faiblesses et donc, laisser n'importe qui avoir l'opportunité de lui asséner le coup de grâce.

C'est en partie pour cette raison que Mitch aimait tant cet endroit, il était calme, personne pour venir lui rabâcher des choses qu'il a déjà entendu des dizaines de fois. Juste lui et la vue qu'offre le point de vue idéal. Il n'était pas toujours seul, parfois Inga venait se joindre à lui, et inversement. Même sans parler ils se comprenaient, c'était un peu comme si leur deux âmes en peine étaient liées par un fil invisible.

Le russe se mit à sourire en entendant les propos de la jeune femme. Ils avaient pris l'habitude de partager leur boisson pour réduire les maux, et ce soir n'échappait pas à la règle. Sa bouteille était posée à ses côtés tandis que la brune était venue les mains vides. Le quadragénaire n'allait pas la laisser ainsi, il n'est pas égoïste et encore moins lorsqu'il s'agit de participer à la réduction de sa peine.

" - Ne t'en fait pas, j'ai toujours de la réserve avec moi."

Mitch était même prêt à se restreindre pour que la jeune femme puisse noyer ses maux, ils étaient dans le même bateau, alors autant partager non ?

" - Quand je suis ici je n'ai pas vraiment la notion du temps, mais je dirai une petite heure." fit-il tout en fixant la main d'Inga serrant l'accoudoir, le regard vide.

Le russe prit un verre qu'il avait pris de base pour boire, mais lorsqu'il était tout seul, il préférait se délecter directement au goulot. Il remplit le verre et le tendit à la brune.

" - Je vais pas boire tout seul, si ?" fit-il, un sourire sur le visage.
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Re: Sur le toit de la solitude [Feat. Inga Dinckel]
Dim 25 Oct 2020 - 18:05



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Je ne me lasse pas d’observer d’en haut les lumières de cette ville qui refuse de dormir. J’ai l’impression qu’ici, le temps est suspendu. Comme Mitch le dit si bien, on en perd la notion. Il me semble que ces moments nous extraient quelque part de la réalité, nous élèvent à distance de la fosse aux lions qui grouille en contrebas, que la hauteur de notre perchoir est aussi symbolique. Elle n’efface pas la douleur, elle ne fait pas fuir les démons mais elle m’offre une perspective différente pour peu que je fasse l’effort d’ouvrir les yeux pour en profiter. Je laisse échapper un éclat de rire lorsque Mitch m’assure qu’il a toujours de la réserve sur lui. « Quelle chanceuse je suis. » Notre consommation d’alcool respective est sans doute problématique à bien des égards mais, comme tout le reste ou presque, je préfère la tourner en dérision. Il faut bien survivre au quotidien, coûte que coûte. C'est sans doute un leurre mais je me persuade qu'il y a pire comme diversion que le doux tourbillon de l'ivresse.

Je regarde Mitch me servir, contemplant avec attention la robe du liquide ambré comme s’il s’agissait d’un élixir magique. J’ai hâte de le sentir couler le long de mon œsophage, de le laisser apaiser ma nervosité, de m’envoler encore un peu plus. Je réagis à son invitation par un sourire. « Ce serait un crime de ne pas t’accompagner. » Je me penche pour attraper le verre qu’il me tend avant de le lever devant moi. « A quoi est-ce qu’on trinque ce soir ? A la fin du monde qui n’est pas assez rapide ? » Je ris à nouveau. Il commence à connaître ma passion pour l’humour noir. Comme souvent, mes sarcasmes dissimulent un fond de vérité. Lorsque je songe à l’état de la planète ou à celui de ma propre existence, il m’arrive parfois de me laisser submerger par une forme de pessimisme, par le désespoir de celles et ceux qui ont le malheur d’en savoir trop. Je me fais alors la réflexion qu’on peut trouver de l’ennui dans l’agonie lorsque celle-ci est trop lente, trop douce.

Est-ce qu’il s’ennuie, Mitch, en traversant la sienne ? Les atours que prennent ses abysses éveillent ma curiosité. Je les trouve belles, ses ténèbres et je sais qu’il s’agit là de l’un de mes plus terribles travers. Ma fascination pour les racines vénéneuses m’aide à tolérer la compagnie de celles qui colonisent mon esprit depuis ma plus tendre enfance mais elle m’empêche de trouver la force de les arracher. Est-ce qu’on se faisait vraiment du bien, là, à brasser nos ténèbres ?  Est-ce que notre lien aurait une raison d’être en dehors de l’obscurité ? Trop de questions, pas assez de whisky.
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Re: Sur le toit de la solitude [Feat. Inga Dinckel]
Dim 29 Nov 2020 - 20:38
Ce que Mitch appréciait en venant se réfugier ici, c'est qu'il se savait intouchable, aussi bien de par l'endroit où il se trouvait, que parce qu'il était chez lui encore plus que les habitants des appartements dans les étages inférieurs. Le fait de s'éloigner de toute l'agitation de la ville, de ses ruelles chargées de famille se promenant en balançant leur bonheur à la figure des autres. Le russe avait de plus en plus de mal à supporter cette vision de bonheur, ça lui rappelle trop ce même bonheur qui est parti en fumée et qu'il n'a su récupérer. Le fait de se trouver ici, ça lui permettait aussi d'être hors d'atteinte, il savait que si on le cherchait, les deux endroits où on irait vérifier en premier c'était son laboratoire et son domicile. Personne n'aurait l'idée de le chercher ici, sauf Inga, mais la situation était bien différente. Il avait déjà tant partagé avec elle, qu'elle en savait sans doute plus que toutes les personnes qui côtoyaient le créateur de parfum au quotidien. Quel paradoxe...

Après avoir rempli un verre du liquide alcoolisé, il tendit le verre vers la jeune femme. C'était comme s'ils s'apprêtaient à fêter quelque chose. Oui mais quoi ? Pour sa part, sans doute le fait de voir sa vie exploser en morceaux et de n'en être que simple spectateur.

" - C'est une très bonne occasion tu as raison !"

L'humour noir de la jeune femme n'avait plus de secrets pour lui, il la connaissait aussi bien qu'elle le connaissait, et pourtant, ils savaient grand chose sur leur vie respective. Ça leur allait très bien, ils s'étaient trouvés dans leur détresse respective, plutôt que de s'entraider et se hisser vers la lumière, ils s'entraînaient mutuellement vers les ténèbres, mais ça leur convenait très bien, c'était leur moment à eux et rien ne pouvait venir l'entacher.

" - Comment s'est passé ta journée ?" questionna-t-il en finissant son verre.

Depuis de longues semaines voire de longs mois, Mitch avait l'impression que plus rien n'avait de saveur, et ce n'était pas la cause de son anosmie, mais au sens figuré du terme. Toutes les journées se ressemblaient, il n'avait plus goût à  rien, tout l'ennuyait. Le seul moment où il se sentait revivre, c'était quand il venait ici avec sa bouteille, c'était comme si tout s'illuminait l'instant de quelques heures avant que le noir complet ne redevienne la norme de son quotidien.
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Re: Sur le toit de la solitude [Feat. Inga Dinckel]
Lun 7 Déc 2020 - 22:46



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Je prends une gorgée de liquide ambrée et je soupire doucement, me laissant glisser dans le fauteuil. Je sens l’angoisse s’éloigner un peu, elle n’appartient pas à ces hauteurs. Je ferme les paupières un instant et je laisse la pesanteur me clouer à l’assise. C’est agréable de sentir ses propres contours. Je réalise que je suis épuisée par l’effort que je viens de fournir. Je passe ma main sur mon mollet endolori lorsque Mitch me questionne sur ma journée. Je relève alors les yeux et je lui balance spontanément la vérité avec une froideur cinglante. « Je viens de me taper quinze kilomètres à pieds parce que je ne suis pas capable de rester plus de dix minutes dans un foutu train. Au moins j’ai brûlé en avance les calories de mon repas du soir. » Je lève mon verre en laissant échapper un rire sarcastique.

Mitch connait si peu de ma vie mais ça, il le sait. L’accident, mon foutu syndrome post-traumatique, mon impuissance et mon désespoir. La mélancolie et la perte de sens que tout ce bordel a soulevé. Il a entendu de ma bouche toutes ces choses peu reluisantes, ces concentrés de ténèbres, de cynisme et d’auto-dévalorisation que je ne parviens pas à exprimer face à mes proches. Pour eux, j’essaie chaque jour d’être la bonne victime. Celle qui se bat, celle dont on loue l’optimiste sans faille, celle qui s’efforce d’être l’incarnation de ce fichu adage qui dit que ce qui ne tue pas rend plus fort. Il m’arrive toutefois de ne pas avoir la force, ni celle de prétendre, ni celle de les décevoir, ni celle de les faire souffrir. Voilà dix mois que mon frère affronte le venin qui s’est infiltré dans mon être. Je sais que ça le fait souffrir et j’ai de plus en plus de mal à le supporter, à lui imposer de me porter à bout de bras lorsque je trébuche. Mitch n’a pas ce genre d’attentes envers moi. Pas d’attentes, pas d’attaches. Il ne cherche pas me rattraper dans ma chute, il saute avec moi. Je peux m’autoriser à glisser avec lui dans les abysses, à explorer sans retenue mes songes les plus sombres et je crois que, quelque part, j’aime ça. Peut-être que je suis curieuse de savoir à quoi ressemble le fond, celui dont j’ai eu si souvent l’impression de me rapprocher sans jamais réellement le toucher.

Je plonge mes yeux dans les siens. Il m’intrigue. Ses rouages m’intriguent. J’ai sincèrement envie de savoir comment il va, où il en est depuis notre dernière entrevue. « Et toi ? J’espère que ta journée a été plus concluante que la mienne. » Je me surprends à espérer le trouver sur la même longueur d’onde que moi. C’est abominable de penser ainsi mais notre duo ne fonctionne que si l’on s’accorde pour jouer en harmonie nos douces sonates du spleen.

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Re: Sur le toit de la solitude [Feat. Inga Dinckel]
Mer 3 Fév 2021 - 9:40
Mitch connaissait rapidement l'histoire d'Inga, il n'avait jamais cherché à en savoir plus, il se contentait de ce qu'elle lui offrait. Il savait mieux que personne que parfois on a tout simplement pas envie de parler, c'est déjà assez dur comme ça. Alors quand on insiste, forcément on se ferme comme une huître et ça n'aide en rien l'autre personne. Donc, le russe avait simplement été une oreille attentive, il avait attendu qu'elle fournisse les détails qu'elle avait envie de lui communiquer, ni plus, ni moins. Même si les propos de la jeune femme pouvait être risible, au fond, ils cachaient un drame bien plus important, impactant chaque geste de son quotidien. Cependant, ses lèvres s'étiraient, il valait mieux en plaisanter lorsqu'on en avait l'occasion, surtout lorsqu'ils n'étaient que tous les deux, les langues avaient tendance à se délier au fur et à mesure de la soirée, l'alcool aidant pour les confidences.

" - Vois le bon côté des choses, tu vas pouvoir manger à foison ce soir, et ça, sans avoir à culpabiliser !"

Bon évidemment, ça n'avait rien de drôle, Inga était prisonnière de ce syndrôme post-traumatique et elle devait vivre avec au quotidien. Il comprenait la détresse qui l'envahissait, tout comme lui avait été envahi par cette dernière après avoir découvert son anosmie. Certes ça n'avait rien à voir avec le syndrôme de son interlocutrice, mais ils avaient tous les deux un poids sur leur épaule avec lequel ils devaient vivre jour après jour. Avec leur détresse commune, ils avaient pris l'habitude de se retrouver ici pour se perdre dans les ténèbres. Ils auraient pu tenter de se sauver mutuellement, mais plonger était tellement plus simple, à portée de main, alors pourquoi se compliquer la vie ?

" - Plus j'y pense et plus je me dis que j'ai plus rien à faire dans un laboratoire. Mentir en permanence, devoir tenir une liste des excuses plausibles à sortir à chaque personne qui viendrait me demander mon aide pour une création."

C'était épuisant de devoir mentir, toujours se dérober parce qu'il ne pouvait pas faire autrement. Enfin si, il pouvait dire la vérité qui se répendrait en quelques heures dans les médias, le monde entier serait au courant de son anosmie dans la presse people et Mitch sera réduit à néant, ne pouvant plus exercer le métier de ses rêves, l'empire qu'il avait tout bâti de ses propres mains, tout cela n'était plus que de la poussière désormais.

" - Mais je pense qu'on peut te décerner le prix de la journée la plus merdique pour ce soir !" fit-il en levant son verre en l'air, comme pour porter un toast à cette triste célébration.
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Re: Sur le toit de la solitude [Feat. Inga Dinckel]
Mar 16 Mar 2021 - 21:21



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J'ai l'impression d'être ancrée. Ancrée dans ce fauteuil, ancrée dans ce moment. La pesanteur de mes tourments me cloue sur place et j'abdique face à la gravité. Il n'y a qu'une part intangible de mon être qui parvient à s'en libérer et qui s'agite lestement autour de mon centre, m'abondant de remarques sarcastiques concernant ma situation particulière, concernant l'absurdité du monde. L'autodérision élargit une fissure qu'elle panse aussitôt. Je l'aime, passionnément, autant qu'un orage en été. Mitch semble partager ce penchant pour l'humour noir et il rebondit volontiers sur ma remarque. Je m'imagine un instant vider le contenu de mes placards et me faire une orgie de nourriture réconfortante mais cette perspective ne m'enchante pas autant que l'activité à laquelle je suis en train de m'adonner. Lorsque je songe au repas que les convenances voudraient que je me prépare une fois descendue de ce toit, c'est la fainéantise qui me frappe. « Au final je pense que je vais me contenter de calories liquides. » Mon sourire s'élargit et je lève mon verre avant de le porter à mes lèvres. Le whisky me réchauffe de l'intérieur, davantage que n'importe quelle tablette de chocolat. A chacun ses vices.

Mitch évoque à son tour les ténèbres qui ont obscurci sa journée, celles qui rendent son quotidien insipide et venimeux depuis qu'il est devenu anosmique. Je ne sais pas si je peux le comprendre. Je n'ai pas idée de ce que cela peut faire de perdre ce qu'on a toujours considéré comme son talent, son don, sa singularité sur cette planète pour la simple et bonne raison que je ne crois pas être dotée d'une compétence comparable. Je ne les envie pas, ces génies qui bâtissent la tour vertigineuse de leur existence sur de telles fondations. Si étroites, si précaires, si sujettes à l'effondrement. Mitch doit être particulièrement doué en échafaudages de mensonges s'il parvient encore à flouer son monde. Cette capacité, nous l'avons en commun. Du reste, je ne peux que percevoir que la douleur. La douleur qui transparait, la douleur qui se reflète dans la mienne et qui la catalyse, une forme d'empathie ou d'harmonie funeste. Je ne sais pas si je peux le comprendre mais ce n'est pas ce qu'il me demande et c'est tant mieux. « Je suis prête à partager mon titre. Au moins pendant mon escapade je n'ai menti à personne excepté à moi-même. » J'esquisse un sourire triste et je me redresse sur mon fauteuil, laissant mon regard s'envoler à l'horizon.

Qu'est-ce qu'on fout là, à s'obstiner à traverser nos forêts de ronces respectives sans prêter attention aux sentiers de sortie ? « Avec notre argent, on pourrait tout plaquer et s'exiler au bord d'une plage au bout du monde, sans multinationale et sans trains. On pourrait se contenter de vivre de cocktails, de couchers de soleil et de bains de minuit jusqu'à la fin de notre vie. » Mon visage s'habille d'ironie et j'étouffe un rire avant de me réfugier dans mon verre. Je sais très bien que cela n'arrivera pas, pas avant bien longtemps, pas de manière définitive. Nous sommes de ceux qui briguent la réussite, le respect, l'admiration. Nous sommes de ceux qui ont pour ambition d'infléchir le destin, de laisser leur empreinte sur le monde, de marquer l'histoire. Y renoncer et apprendre à se satisfaire de vivre, seulement de vivre demanderait bien trop de courage. Alors on s'habitue aux ronces.
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