GARRETT ❥ we may have a problem

Faire des allers-retours entre Hambourg et Berlin… C’était bien ce que disait le juge à sa famille. Même si cela n’était pas réellement vrai, elle faisait tout de même de très nombreux kilomètres. Et si le père Dinckel avait une assez bonne expérience d ela route pour ne pas avoir d’accident, on était jamais au bout de ses surprises. Tout pouvait arriver à tout le monde, comme pouvait le témoigner ce qui lui était arrivé.

S’étant rendu sur la capitale pour récupérer des éléments de l’un de ses procès, qu’elle n’avait pas été sa surprise lorsque, sur le chemin du retour, il s’était retrouvé près d’une voiture où le chauffeur avait visiblement un taux d’alcoolémie largement supérieur à la limite autorisée. Tout le monde savait que le juge était très respectueux des lois sauf lorsqu’il s’agissait de rouler sur l’autoroute. La limitation de vitesse, quoique très peu respectées sur ces longues bandes d’asphalte, il passait outre. Cela lui avait joué des tours aujourd’hui lorsqu’il n’avait pas eu le temps de freiner et qu’il s’était retrouvé coincé sur la fille de gauche entre le terre-plein central et la voiture qui avait décidé de changer de voie, juste au moment où il était passé. Tout le côté gauche de la voiture était légèrement enfoncé par la barrière, la peinture retirée de façon totalement rectiligne alors que le côté droit s’en était moins bien sorti. Le pare-choc avant traînait à terre, le rétroviseur avait été arraché, la portière arrière par la choc. Il n’y avait pas eu mort d’homme. Le conducteur alcoolisé avait été emmené à l’hôpital pour des analyses, accompagné de la police alors que cette dernière avait prit les coordonnées du juge pour faire le constat plus tard, lui laissant la possibilité de prendre toutes les photos qu’il souhaitait.

Remorquée grâce à une dépanneuse, Garrett descendit de celle-ci en arrivant au garage. Sa voiture à l’arrière fut rapidement descendue pour l’installer dans le garage, à une place qui avait visiblement été gardée pour elle. Sur le visage de l’adulte, on pouvait voir qu’il avait été totalement secoué par l’accident. Et pourtant, il ne se consacra pas au mécanicien qui constatait déjà les dégâts pour faire un devis. Ses yeux se posèrent sur une voiture qu’il connaissait assez bien, il fallait le dire. Si dans un premier temps il détourna le regard, ce n’était qu’une voiture, il le reposa bien rapidement sur la plaque d’immatriculation pour pouvoir la lire. Il la connaissait. Déformation professionnelle, il s’attardait sur ce genre de détails et les gardait en tête lorsque c’était une chose importante. Et là, en l’occurence, ça l’était étant donné que c’était la plaque de son fils. Ses sourcils se froncèrent immédiatement alors qu’il constatait l’état de la voiture. Il demanda à un homme du garage passant près de lui depuis quand la voiture était ici. Elle venait apparemment d’arriver. Il attrapa alors rapidement son téléphone pour le mettre sur son oreille. Il sortit du garage pour appeler Jeremy au calme, sans se douter que celui-ci l’avait déjà observé.

AVENGEDINCHAINS

Aller dans un garage n'était généralement pas une chose commune. Dans une année, la plupart des personnes ne s'y rendaient absolument pas. On ne s'y rendait pas pour simplement visiter mais surtout lorsque l'on venait de vivre un accident ou que des voyants s'étaient allumés, sur le tableau de bord. Les clients devaient être assez désagréables. On ne restait jamais très longtemps dans ce genre d'endroits. Et Garrett n'aurait pas pensé y croiser l'un de ses fils. Encore moins y voir l'une de leurs voitures alors qu'il n'était pas au courant d'un problème, aussi minime soit-il.

Une sonnerie, deux sonneries... Le téléphone à l'oreille, il patientait en attendant que Jeremy décroche, chose qui n'arrive pas. Ca l'agaçait assez. Il était assez rare qu'il appelle ses enfants. Il était plutôt du genre à leur envoyer un message et même là, c'était une chose assez rare. Cette fois-ci, il n'hésita pas, demandant simplement au jeune homme qu'il le rappelle au plus vite.

Un garagiste s'approcha rapidement de lui afin de lui donner un jeu de clés. Le juge en avait loué une autre en attendant qu'il puisse récupérer la sienne ou en acheter une nouvelle si les réparations se trouvaient être trop onéreuses. Il en avait beaucoup trop besoin pour le travail. Et alors qu'il allait s'apprêter à partir, une voix qu'il connaissait bien trop se fit entendre. Il se retourna de façon extrêmement vide pour le regarder, pour s'approcher de lui.

" Jay ! " fit-il en s'écriant presque.

Son visage se relevant rapidement pour observer le jeune homme, il le regarda avec des éclats d'inquétude se reflétant dans ses yeux. Il se faisait du soucis, il tentait de voir si il s'était blessé ou non. Sa main venant se poser doucement sur son bras, il le caressa légèrement.

" Est-ce que ça va ? Tu t'es blessé ? Qu'est-ce qui t'es arrivé ? "

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Garrett entretenait toujours une relation particulière avec ses enfants. Parce qu’il n’était pas vraiment celui qui les avait élevés, parce qu’il était incapable de savoir comment un bon père était censé se comporter. Il tentait d’être présent du mieux qu’il pouvait. De leur montrer tout l’amour qu’il pouvait ressentir pour eux. De le leur montrer du mieux qu’il pouvait. Parce que les trois garçons, il les aimait au même niveau qu’il aimait Inga bien que la relation ne soit pas similaire. Chacun était un rayon de soleil dans sa vie, chacun à leur façon. Et il savait parfaitement qu’il n’était pas très doué pour le montrer, pour le faire voir aux deux jumeaux en particulier.

De Jeremy, il était assez proche, bien plus de Joah. Il n’aimait pas élever la voix, ce n’était de toute façon pas dans ses habitudes, il préférait largement le dialogue, échanger, même si les points de vue n’étaient pas toujours les mêmes. Il ne voyait pas de raison pour laquelle il aurait réprimandé son fils. Une voiture, c’était du matériel, c’était très facilement remplaçable alors que Jay, lui, ne l’était pas. Tant que celui-ci allait bien, tant qu’il n’avait rien, Garrett ne s’énerverait pas. Et même si il était blessé, il était certain qu’il garderait son calme, l’inquiétude bien plus grande encore.

Pouvant juger lui-même de l’état de son fils, il fit un léger pas vers l’arrière pour l’examiner du regard. Il fallait dire qu’il était sacrément grand. Et pourtant, Garrett faisait près du mètre quatre-vingt dix. Il n’était pas rangé dans la catégorie des hommes de petite taille, bien loin de là. Son regard inquiet s’apaisa soudainement. Pas de blessure apparente tout comme pouvait le confirmer son fils.

“Tu viens là juste pour les feux ? Qu’est-ce qui s’est passé pour que ta voiture soit dans un tel état ? Profites-en pour leur dire de faire les réparations qu’ils veulent, je vais payer.” dit-il simplement en passant la main sur le bras du jeune homme. Il lui offrit un sourire avant de lui montrer une voiture dans le parking. “Je te dépose quelque part ? Tu veux qu’on aille manger un bout ensembles ?”

Esquiver la question de sa présence. La voiture sur le parking était une voiture de location. Il attendait le devis pour sa voiture, savoir si cela valait le coup ou si en acheter une nouvelle était plus intelligent. Société de consommation. Ce n’était pas à Jay de se faire du soucis pour lui mais l’inverse. C’était à lui d’être présent pour son fils. Une omission qui n’était aucunement un mensonge.

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Les réactions des autres, ce n’était pas forcément ce que l'on pouvait prévoir. Pas toujours en tout cas. Et si Garrett connaissait tout de même assez bien Jeremy, son garçon, il ne s’était pas attendu à ce qu’il ne réponde pas à son appel. Mais encore moins qu’il apparaisse dans son champ de vision quelques secondes après. Le jeune homme avait apparemment ignoré son appel. Mais il fallait dire que l’adulte n’en avait absolument rien à faire, tant qu’il pouvait être certain que son garçon n’avait rien, qu’il allait bien.

Jay assure à son papa qu’il va bien. Et le plus vieux n’avait pas de raisons de ne pas lui faire confiance. Tout comme il n’avait pas de raison de ne pas s’en assurer également. Il n’avait pas été le plus présent des pères, depuis que les garçons étaient nés. Mais en même temps, il connaissait Jeremy hyperactif qui, depuis tout petit, se faisait mal et ne le disait pas à maman pour ne pas se faire gronder. Jamais Garrett ne le grondait parce qu’il s’amusait ou parce qu’il découvrait. Et il n’avait pas de raison de faire de même pour une voiture. Lui-même n’en était pas à sa première, avait déjà pu en vendre plusieurs parce qu’il avait eu des accidents un peu trop durs.

“Si ce ne sont que des dégâts matériels alors, c’est pas grave. Mais tu es rentré dans combien de poteaux pour que ta voiture soit dans cet état ? demande-t-il doucement.
Il laissa le garçon partir discuter avec le garagiste alors que lui appelait sa secrétaire pour lui annoncer qu’il n’arriverait peut-être pas avant son premier procès du jour. Qu’il allait passer du temps avec son garçon et donc, qu’il voulait entendre son téléphone sonner uniquement en cas d’urgence extrême. Parce qu’il n’avait pas envie de penser au boulot tant qu’il serait avec Jeremy. Pas tant qu’il n'était pas entré dans le tribunal.

“Allons découvrir un petit restaurant tous les deux, alors. D’ailleurs, comment comptes-tu faire jusqu’à ce que ta voiture soit réparée ?” dit le juge en rangeant son téléphone avant d’entrer dans la voiture de location qui les attendait, bien garée sur le parking. Ceinture solidement attachée, il se tourna légèrement vers Jeremy pour le regarder, avant de démarrer. “J’ai eu un accident sur l’autoroute. Juste des dégâts matériels aussi, ne t’inquiète pas. On va dans le quartier de ton université, ça te va ? Je pourrais te déposer devant la fac avant de partir au travail.”

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Jamais Garrett n’avait osé lever la main sur l’un de ses enfants pour lui donner une claque ou même une fessée. Même lorsqu’ils étaient plus jeunes et qu’ils découvraient la vie, qu’ils avaient pu tester les limites de chacun de leurs parents, il n’avait jamais osé. Ce n’était pas un comportement à avoir, selon lui. Bien évidemment, il lui était déjà arrivé de donner des punitions. Mais elles étaient plutôt du genre à laisser ses enfants faire, lorsque ce n’était pas dangereux, pour qu’ils puissent récolter les conséquences de leurs actes, de leurs paroles et qu’ils apprennent d’eux-même. Ce n’était pas de l’indifférence mais une simple protection devant une violence gratuite que des enfants, personne même, n’avait à recevoir. Envers des enfants, il ne fallait pas se permettre des choses que l’on ne se permettait pas envers d’autres adultes, encore moins si elles étaient punies par la loi. Le dialogue était bien plus important.

Et faire des sermons, ce n’est pas toujours nécessaire. Pour venir chez le garagiste, il fallait déjà avoir conscience de l’état dans lequel pouvait se trouver sa voiture. Dans le cas de la famille, il fallait même avoir conscience qu’à tout moment, l’un des parents pouvait le découvrir. Jeremy était loin d’être idiot, il devait se rendre compte de ce genre de choses. Alors pourquoi hausser la voix alors que c’était chose inutile ?

Dans l’habitacle de la voiture de location, le juge prend quelques secondes. Téléphone sortit de sa poche, il prit quelques instants pour répondre à un message professionnel. Puis la ceinture fut bouclée, le moteur démarré alors qu’ils se mettaient déjà en route vers le restaurant qu’avait en tête Garrett. Un restaurant qui avait ouvert quelques semaines auparavant. Garrett avait noté son emplacement pour s’y rendre avec Lisa mais il pouvait bien y aller en premier avec son grand garçon. “Tu me vois franchement prendre le bus ? Parce que moi pas du tout. Je te le laisse. Je t’emmènerai si je ne commence pas trop tôt, quand je serai là.” lui répond-il simplement. Tous deux d’accord pour leur destination, le silence régna quelques secondes dans le petit espace que leur offrait la voiture avant que l’homme ne se décide à briser le silence. “Comment ça se passe, les cours ? Ils ne sont pas trop longs ?”

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Garrett n’était pas légitime pour hausser la voix sur de nombreux sujet. Il n’avait jamais été un enfant irréprochable, bien au contraire, il aimait rire et faire des bêtises avec sa sœur, la couvrant bien souvent parfois d’ailleurs. Et même s’il ne l’avouait pas forcément désormais qu’il avait plus de 40 ans, il n’avait pas forcément envie de crier sur ses enfants pour des choses qu’il aurait pu très bien faire à leur âge. Le plus important aujourd’hui, c’était bien le fait que Jeremy ne soit pas blessé. La voiture, ce n’était pas rien parce que cela représentait tout de même un coût mais en même temps, ce n’était que du matériel, ça pouvait se réparer ou se remplacer. Se souvenant de sa vieille voiture dans la fin des années 90, Garrett n’avait vraiment absolument rien à dire. Pauvre petit tas de ferraille.

Tous les deux se sont toujours très bien entendus, le juge ne voulait pas du tout changer ça. Ils passaient de bons moments ensemble et il leur arrivait souvent de rire. C’étaient des moments spéciaux et vraiment très agréables. Pendant qu’il démarrait l’automobile, il regarda son garçon rigoler. Qu’est-ce que c’était un bel homme quand même… Il ne pu pas retenir un sourire alors qu’il haussait doucement les épaules. « Tu te moques mais il y a une époque où je les prenais, bien avant ta naissance ! Le bus ou à pied, papy ne s’est jamais dit qu’il m’emmènerait au lycée ou à l’université un jour ! » dit-il en gardant son petit sourire pendant que la voiture s’engageait sur la route. Son père n’aurait jamais fait telle chose mais il était très content que ça arrive avec Jay. C’était des petits moments de la sorte dont on se souviendrait à l’avenir, non ?

« Oui, je sais bien. Mais il faut bien passer par là, apprendre pleins de choses qui ne t’intéressent pas pour atteindre ton objectif. Ne te décourage pas, bientôt tu pourras te concentrer uniquement sur le Droit du sport. C’est l’un des seuls moyens d’y parvenir bien malheureusement… C’est pas une des branches les plus développées mais justement, ça ne pourra être que plus satisfaisant quand tu y seras ! » répond-il rapidement avant de marquer une pause de quelques secondes, le regard rivé sur la route. Il se mordit l’intérieur de la joue en même temps qu’il hochait la tête. « Pas vraiment non, le pénal ne se calmera jamais tu sais. »

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C’était un moment vraiment privilégié que les deux hommes allaient avoir, qu’ils étaient déjà en train d’avoir même. Il fallait dire que tous les deux se voyaient uniquement dans la grande bâtisse familiale, quand le père de famille daignait bien pointer le bout de son nez. Et les conversations n’étaient pas toujours des plus agréables, Alina sa glissant parfois entre eux, le jeune homme parfois simplement énervé par sa mère, Garrett parfois trop fatigué ou à fleur de peau à cause de son travail. Là, tous les deux allaient bien, malgré les quelques dégâts matériels qui les avaient fait se retrouver par le plus grand des hasards. Il fallait bien en profiter à fond. Parler de petites anecdotes amusantes, comme le fait de prendre le bus, c’était aussi ça, partager un petit moment père-fils.

En entendant les mots du plus jeune, Garrett ne put pas s’empêcher de rire en laissant ses yeux passer sur le tableau de bord de sa voiture loin d’être abordable, il fallait le dire. Il voyait bien pourquoi il était perçu de la sorte et cela ne le dérangeait pas forcément même si, d’une certaine façon, c’était presque triste. « Sûrement oui mais il ne faut pas croire, j’adorais prendre le bus ! Je retrouvais mes copains et on passait tout notre temps à discuter et à rire. Tu vois, si je prends le bus pour aller au boulot, je ne suis pas certain de tomber sur des collègues avec qui je pourrais me détendre un peu avant le boulot ! » dit-il sans s’empêcher de sourire. Il pourrait bien retenter l’expérience un jour mais il doutait que cela puisse lui plaire, maintenant qu’il était bien plus âgé et mûr. Rien qu’à regarder Jeremy qui lui disait ça. Maintenant qu’il avait une voiture, il ne le voyait pas partir un peu plus tôt le matin pour aller prendre les transports en commun !

« Tu le vois comme ça ? Je sais pas, pour moi, il n’avait juste pas le temps pour ce genre de choses… Enfin bon. Je retiendrais simplement que tu ne penses pas que ton vieux père fait partie de la vieille école et ça, ça me fait franchement bien plaisir ! » ajoute-t-il en riant de bon cœur. Il ne voulait très certainement pas avoir le même comportement que son propre père, il s’en voudrait. Même s’il l’avait sans le vouloir, sans s’en rendre compte.

Le regard observant de temps à autre l’heure qui passait, il restait attentif à la route pour être certain de prendre le bon chemin. Celui de l’université, il ne le connaissait pas franchement, à dire vrai. Ce n’était pas lui, qui y allait tous les jours. Il n’avait même pas fréquenté cette université ! « Je m’en doute bien… C’est vrai que certaines matières sont franchement… Certaines matières devraient être proposées uniquement en options pour les personnes qui veulent mais bon. Est-ce que tu as envie d’arrêter tes études alors ? » demande-t-il en perdant presque la voix à la fin de sa phrase.

Arrêter ses études, ce n’était pas la fin du monde mais c’était tout simplement impensable pour le quarantenaire. Peut-être était-ce parce que lui-même avait fait ses études en ayant des bouches à nourrir à la maison ? Il ne savait pas vraiment mais tout cela était qu’il se ferait bien du souci pour son garçon si jamais il décidait de mettre fin à ses études. Cela ne voulait pas dire qu’il arrêterait de le soutenir. Il en était bien incapable, d’arrêter de le soutenir. Tout simplement, il se poserait très certainement beaucoup trop de questions.
« C’est vrai oui, mais notre pays ne va as aussi bien que ça. Ce serait parfait, mais ce n’est pas le cas. Ça finira par venir, j’espère. C’est toujours ce qu’il faut espérer, non ? Moins de boulot, plus de temps à la maison ! »

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Discuter de la sorte avec Joah, alors qu’ils s’étaient rencontrés de façon totalement inattendue, cela faisait beaucoup de bien à Garrett. C’était très agréable. Il n’avait pas de préférence entre ses trois garçons, ils les aimaient tous de la même façon mais c’était très certainement de Jay dont il était le plus proche, parce qu’ils arrivaient à discuter, à échanger tous les deux sans que leurs caractères ne viennent s’entrechoquer. Alors bien évidemment, le juge comptait bien en profiter à fond. Chaque petit moment, il s’en imprégnait totalement, il tentait de les garder en mémoire pour plus tard, quand il serait éloigné de ses grands garçons. Entendre ce rire ne fait que largement sourire le quarantenaire qui lance un petit regard complice en direction de Jay.

« En même temps, tu as vu les bus que vous avez maintenant ? Chauffage, moteur assez silencieux… C’est le grand luxe tout ça ! » dit-il en souriant légèrement. Mais c’était aussi moins agréable, chaque personne étant très certainement sur son téléphone, à écouter ce qui pouvait passer dans ses écouteurs plutôt que de parler à ses copains. C’était d’une tristesse… « Non, il faut pas trop en demander à ces gros larves. S’ils pouvaient emmener leur travail à la maison, ils le feraient, pour rester dans leur petit confort ! »

Cette famille n’avait absolument jamais été comme n’importe quelle famille. Elle était pleine de personnes différentes, qui ne faisaient même pas semblant de s’apprécier, parfois, mais qui devaient être contraintes de passer du temps ensemble. Garrett avait énormément d’admiration pour son paternel. C’était un très grand homme, qui vivait encore enfermé dans sa bulle avec sa femme, dans une bulle d’un autre temps. Mais ils avaient été élevés ainsi et n’avaient pas suivi les évolutions. C’étaient des vieilles personnes, qui souhaitaient surtout profiter des instants qui pouvaient encore leur être offerts avec leur famille. Ouvrant la bouche, Garrett failli rétorquer qu’il ne voyait pas le rapport avec la guerre, qu’il l’avait faite également. Mais sa famille n’était pas au courant et ce n’était pas le moment de parler de son traumatisme. D’autant plus qu’il comprit qu’il disait cela pour évoquer l’âge de ses grands-parents, ce qui fit finalement rire le juge.

En entendant les mots, sa mâchoire en tomba. Il ne s’y attendait pas du tout. Il tourna doucement le regard vers son garçon pour le regarder quelques secondes avec des yeux ronds.

« Comment tu peux trouver ça barbant ? C’est pas barbant du tout ! Alors là, je suis profondément choqué, atteint au plus profond de mon âme ! » fit-il en posant délicatement une main sur son cœur dans un geste totalement théâtral. Bien évidemment, c’était chacun ses goûts, il n’allait très certainement pas forcer son garçon à aimer le pénal pour qu’il suive sa voie. Non, qu’il suive celle qui lui faisait envie, c’est le plus important. « Non mais plus sérieusement, surtout si tu as du mal en pénal, tu peux me demander, je suis là pour t’aider, ce serait dommage quand même de pas tirer profit de cette chance ! Je me dis juste que… Je sais pas, peut-être que tu as pensé à arrêter un jour ? Je ne te jugerais pas si jamais c’est le cas, tu as le droit d’aller chercher ton chemin autre part. Mais c’est vrai, je n’avais pas pensé à l’année prochaine ! »

La voiture arrivant enfin dans ce grand quartier qu’était le quartier universitaire, le juge ralentit le rythme pour ne pas écraser les étudiants qui allaient dans tous les sens. Ils arrivèrent bien vite devant le petit restaurant et Garrett gara la voiture sur le petit parking réservé.

« Continue d’avoir foi en l’humanité, j’adore te voir comme ça ! »

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Il était assez amusant pour le quarantenaire d’avoir cette discussion avec son grand garçon. Il ne se rendait pas du tout compte de la façon dont les autres personnes pouvaient le voir et il ne s’était encore moins questionné sur ce qu’il renvoyait à ses garçons. Il haussa légèrement un sourcil en entendant les mots de Jay, un petit sourire posé sur ses lèvres. Il ne s’y attendait pas du tout, bien au contraire. Il n’était pas choqué, mais… Il rit tout doucement en observant son fils quelques instants. Il ne portait pas as toujours des costumes lorsqu’il était à la maison. Encore plus quand il n’avait pas à aller travailler. Mais c’était vrai que lui-même avait une image assez similaire de son père alors que ce n’était pas forcément totalement vrai.

« Tu sais, un jour, j’ai été jeune comme toi, je ne suis pas né avec un costume sur le dos ! Avant de revenir du service militaire, je n’avais pas du tout de costume, je préférais largement les tee-shirts avec les jeans, tu sais, ça existait aussi à mon époque ! » dit-il doucement en lui faisant un petit clin d’œil complice au passage. Quel petit moment agréable.

Parler de ses collègues de la sorte ne le choquait pas vraiment, lui. Il avait des visages bien en tête, des personnes qu’il n’appréciait pas. Ce n’était pas parce qu’ils sont juges que tous sont totalement intègres, bien malheureusement. Il répondit un rapide oui sans vraiment plus s’étaler sur le sujet. Ce n’était pas le moment et il n’allait très certainement pas raconter certains détails de ce qu’il avait vu à son garçon.

Finalement, ils se retrouvaient à discuter des études et des goûts de Jeremy. Depuis qu’il était petit, Garrett se disait que plus tard son fils effectuerait un travail où il pourrait bouger. Il fallait dire qu’il était encore surpris aujourd’hui que Jeremy ait choisi de tout de même faire du droit. Rester concentré devait être tellement compliqué pour lui, ne pas pouvoir se lever et bouger… Mais son projet d’avenir était vraiment beau, il le soutenait autant qu’il le pouvait. « C’est sûr que ce serait plus sympa d’écouter le cours en jouant, non ? J’imagine bien Madame Müller attendre que tu fasses ton panier pour continuer ! » dit-il en riant légèrement. Cette professeure était un peu trop vieux-jeu pour ça, mais c’était bien ce qui rendait la scène plus amusante encore. Il rit encore un peu alors qu’il sortait de voiture tranquillement, marchant déjà vers l’entrée du restaurant pour tenir la porte à son garçon, le laisser pénétrer les lieux en premier.

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Le quarantenaire sourit doucement. Il était persuadé de ne pas être si vieux ou alors d’être resté assez jeune dans sa façon d’être, de s’habiller. Après tout, il n’était pas du genre à porter de gros pulls plutôt immondes, d’une couleur que l’on ne pouvait pas forcément trop décrire, aux pantalons larges, mal ajustés et aux chaussures portées chaque jour depuis des années, à la limite de l’usure irréversible. Mais après tout, il se voyait à travers ses propres yeux et il n’était très certainement pas objectif, bien au contraire même. Il était curieux de savoir comment ses enfants le voyaient et la remarque de Jérôme l’amusa, à tel point qu’il en rit légèrement. « Je vois bien, oui. Après tu ne peux pas non plus me demander de m’habiller comme l’adolescent que j’étais… Est-ce que ça fait que je ressemble à un vieux qui s’habille n’importe comment ? » demande-t-il doucement. Il était vrai qu’il mettait fréquemment des chemises mais il lui arrivait d’enfiler des tee-shirts le week-end lorsqu’il avait envie de passer une envie tranquille.


Parler de ses collègues avec ses enfants n’était pas forcément la chose la plus agréable à faire, il préférait se concentrer sur son grand garçon actuellement. D’autant plus que les magistrats n’étaient pas forcément les meilleurs pour respecter les lois qu’ils devaient eux-mêmes appliquer, bien au contraire. Alors discuter des professeurs, de la petite vie universitaire de Jeremy. « Tu joues particulièrement bien, elle ne devrait pas attendre trop longtemps en soi. Surtout si tu t’entraînes. Peut-être que ça la détendrait même un peu ? » dit-il bien évidemment avec une touche d’humour dans la voix. Il n’aurait sûrement pas osé !

En entrant dans le restaurant aux côtés de son fils, il l’emmena tranquillement vers une table où deux cartes étaient déjà installées, prête à être ouvertes. « Choisis ce que tu veux. Et les cours à la maison, tu arrives à les faire en bougeant ? Bon c’est compliqué quand tu as des commentaires d’arrêt à faire ou des cas pratiques mais peut-être que tu peux réfléchir à tes idées en faisant quelque chose et en enregistrant dans ton téléphone, déjà ? Malheureusement, je ne crois pas que la fac s’adapte un jour aux personnes hyperactives et c’est bien dommage. »

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