ADRIAN & ANA ☆ Need you bro

Journée plutôt chiante au boulot. J'y allais la boule au ventre. Je devais faire bonne figure dans l'unité médicale pour ne pas qu'on suspecte quoi que ce soit à mon sujet. Cet individu dégueulasse m'avait violée, disant que je l'avais aguichée pendant des mois, ce qui était tout bonnement faux et pourtant je devais faire mine de rien. Il me l'avait ordonné sous peine de représailles, il m'avait dit qu'il s'en prendrait à ma famille, j'avais déjà perdu mon père il y a quinze ans ce n'était pas pour perdre ma maman ou Adrian par ma faute qui plus est. Non, je préférais me montrer forte, après tout, je n'étais ni enceinte ni infestée d'une quelconque maladie sexuellement transmissible, je devais m'estimer heureuse.
Après une journée difficile, j'étais rentrée directement chez moi tranquillement après le boulot. Comme à mon habitude je fus accueillie par mon chien qui ne demandait qu'à aller se défouler. Après une petite course d'une demi heure je rentrais encore plus fatiguée, j'allumais la télévisions plus pour un fond sonore que le reste et je filais à la douche. En sortant, restant en serviette un long moment, je préparais la gamelle du bébé et mon repas de ce soir et demain midi. Un flash info retint rapidement mon attention. Ils parlaient d'une bombe qui avait explosé au Mali, que des soldats américains étaient morts ou grièvement blessés. Que les dégâts étaient conséquents. Je fis tomber la casserole au sol, en état de choc.

Non non non ! Je refuse !

Je disais ça pour me rassurer plus que pour autre chose. Le sang glacé, je m'habillais un peu n'importe comment pour aller chez Adrian. Un jogging noir, un débardeur et une veste de la même couleur. Mes baskets aux pieds, j'attrapais la laisse du chien et je pries la voiture pour rejoindre la maison de mon frère. J'avais pris soin d'éteindre le gaz en partant puisque j'étais en train de faire à manger en même temps. Arrivée chez Adrian, je ne prends pas la peine de sonner je lâche le fauve et entre dans la demeure de mon frère. Cas de force majeure.

Adrian, Adrian ! T'es où?

Je n'aurais jamais pensé vivre un tel cauchemar. Evidemment depuis que Klaus était dans l'armée, j'avais imaginé le pire mais je pensais pas que ce jour arriverait vraiment.. Il y a beaucoup de soldats qui reviennent du front tranquillement sans tragédie et c'est ce que j'avais prévu pour lui. Alors en voyant ce flash info, je le voyais déjà mort. Je m'inquiétais et j'espérais que Adrian me calme et me rassure. Sur le chemin, j'avais envoyé un sms à mon frangin qui lui m'avait répondu en paniquant car j'avais pris le volant dans mon état. Je ne répondis pas à ce sms d'Adrian, et j'avais finalement appeler la base militaire de Klaus ici près d'Hambourg. J'avais eu un haut gradé qui comprenait mon désarroi mais qu'il n'avait pour le moment aucune info des décès ou blessés et qu'il m'appellerait si jamais ils avaient des nouvelles. Klaus n'avait pas de famille proche, il m'avait nommée personne de confiance, je me demandais s'il était entre la vie et la mort, si j'allais devoir prendre la décision de le débrancher ou non... Trop de questions funèbres me trottent dans la tête. Je balance le téléphone sur le siège avant en criant.

PUTAAAAAAAAAAAAAAAAIN

Même Jango de nature peu peureuse, était terrifié de voir sa maîtresse dans cet état. Oreilles en arrière, tête légèrement sur le côté, il s'interrogeait sans doute la raison de mon comportement. A un feu rouge, je caresse mon chien pour le rassurer.

ça va aller Jang, ça va aller.

ces paroles, c'était surtout pour m'auto rassurer moi.. Arrivée chez Adrian, j'entre en furie avec le chien, je savais qu'il retrouverait Kratos, son compère de toujours. Je cherche Adrian qui ne se fait pas prier pour se montrer, mon corps trouve refuge directement dans ses bras. Je tremble, je ne sais pas quoi faire.. Je suis sous le choc. Ma respiration était difficile, j'avais l'impression de manquer d'air, alors que je me détache de mon frère, mon regard croise le sien pour ne pas le quitter. J'essaie de réfléchir mais les idées fusent à m'en faire exploser le cerveau.

Je vais crever tant que j'ai pas de ses nouvelles Adrian.. Même ici, ils savent pas ce qu'il s'est passé, j'ai appelé son régiment d'Hambourg. Il est peut être mort à l'heure qu'il est et je suis même pas là bas. Putain Adrian, fais quelque chose s'il te plaît. Il faut qu'on sache !

J'étais prête à lâcher tout mon fric pour aller sur place pour savoir s'il va bien ou si justement il fait partie des victimes. Il fallait que j'en ai le cœur net.

C'était SA base. Je le sais, ils ont donné le nom aux infos et c'est là bas que j'envoies mes lettres ! Je te jure que s'il lui est arrivé malheur, je m'en remettrais jamais Ad' !

Je commence à m'étouffer, ma respiration est saccadée, j'ai envie de vomir. Nous n'étions plus ensemble depuis quelques mois, mais je l'aimais toujours à en mourir. Nous n'avions pas coupé le cordon qui nous liait. Je l'aimais et je ne voyais pas ma vie sans qu'il en fasse partie. Je n'étais pas prête à perdre un être cher ça faisait trop mal.

Fais jouer de tes relations, appelles qui  tu veux bordel mais je peux pas rester sans rien !

Me remettre de notre séparation avait déjà été très dure.. Je n'étais d'ailleurs pas totalement remise encore... même si je m'étais faite une raison. Il est vrai que l'armée était faite pour lui, il fusionnait presque avec elle, c'était sa raison de vivre, je le comprenais très bien. Il y baignait depuis tellement longtemps après tout.. Je pensais juste être plus importante qu'un métier, qu'il m'aimait assez pour ne pas vouloir m'éloigner de sa vie mais je me trompais. Même si je lui en voulais, je ne pouvais pas lui en vouloir trop longtemps.
Klaus était un frère pour Adrian, ils étaient copains comme cochon depuis leur plus jeune âge. J'avais l'habitude d'avoir les deux à la maison familiale lorsque j'étais gamine, c'est sans doute pour ça que j'aime autant Klaus et à quel point il compte pour moi. Je le connais depuis presque ma naissance si je peux dire. Il a toujours été proche de mon frère, même si là je suis en train de penser à ma tronche, je sais bien que Adrian cache bien son inquiétude mais il tient autant à Klaus que moi, il doit être très inquiet à l'idée de perdre son frère.
Alors que je suis en totale panique, Adrian essaie de trouver une solution pour avoir des informations sur le militaire mais surtout il essaie tant bien que mal de me calmer. Je suis en état de choc, et j'ai du mal à rester en place. La tachypsychie dont je suis atteinte présentement m'empêche de l'entendre. Mes pensées fusent à une vitesse grand V. J'en ai mal à la tête.
Jango et Kratos jouent ensemble, et ne se préoccupent pas de la situation, tant mieux ils ne seront que peu affectés par le comportement inquiet de leur maître respectif.

Je vais m'asseoir Adrian, mais si jamais on a pas de nouvelles demain, je prends le premier vol pour là bas putain et je vais découvrir moi même s'il est vivant ou pas je te préviens, tu sais que j'en suis capable.

Je pointe mon doigt vers lui. Ce n'est ni des menaces ni un appel à l'aide pour qu'il m'en dissuade, je sais qu'il a déjà songé à cette option là de ma part, il me connait par coeur mon aîné, déchiffrer mes pensées c'est son job au quotidien depuis que je suis née mais je viens confirmer les siennes en mettant des mots sur mes futures intentions. Je m'assoies alors sur le canapé, les larmes coulant sur mes joues, toujours tremblante. La main rassurante de mon frère sur mon genou me calme un peu même si je dois avouer que je suis loin d'être sereine, je le serais quand on me dira que Klaus va bien ou qu'il est blessé mais que ce n'est pas grave. Les autres options sont INENVISAGEABLES pour moi et sans doute pour Adrian. Je sais que mon attitude inquiète mon frère, je le connais par coeur aussi, mais je n'y peux rien je me contrôle pas.

Adrian, je me contrôle pas. J'ai besoin de savoir s'il va bien... C'est tout ce que je demande.

Je sors un mouchoir de ma poche pour essuyer mes larmes et me moucher un bon coup aussi car j'en ai marre de renifler. Alors qu'il va préparer une boisson et passer des appels dans l'espoir d'avoir des informations, je regarde la chaîne d'infos pour voir s'il y a du changement. Je pleure silencieusement avec Jango qui s'allonge à mes pieds comme pour signifier qu'il était là pour sa maîtresse ce qui me fait chaud au coeur. Kratos est près d'Adrian, il n'y a pas à dire un chien est vraiment fidèle à son maître. A la télévision, ils expliquent que beaucoup de soldats sont morts ce qui me fait repleurer presque aussitôt car des militaires de sa base, j'en connais quelque uns, et je sais que j'ai perdu des copains dans cette attaque terroriste sans doute. J'entends Adrian revenir, mon attention se porte donc sur mon frère. Je tremblais toujours mais j’acquiesçais à ses paroles. Il fallait être patients et attendre LE coup de fil qui me rassurerait ou m'effondrerait. Je regarde la télévision en buvant mon café, et finis par m'endormir sur Adrian après une bonne heure à regarder l'écran. JE suis épuisée, je me suis endormie presque sans m'en apercevoir et c'est pas plus mal..

J'étais en état de choc véritablement. Bien sûr j'en voulais énormément à Klaus de m'avoir quittée il y a quelques mois et d'avoir choisi l'armée plutôt que NOUS... maintenant je stressais plus que ma propre vie.. je l'aurais dans mon coeur ancré jusqu'à la moelle c'était comme ça, on efface pas en quelques semaines, 15 ans d'amour.. Alors que nous étions en train de regarder des animés pour que je puisse me changer les idées, et sans doute que Adrian, essayait aussi de faire bonne figure, je m'endors d'épuisement sur les genoux de mon aîné. Retour de 25 ans en arrière où je m'endormais comme ça quand nous étions que des enfants. Position réconfortante et dieu sait que ce soit j'en ai besoin. C'est dans cette position que les Mayer s'endorment ce soir. Mon sommeil est profond, je n'entends pas le téléphone sonner mais lorsque mon frangin se lève pour répondre, je me réveille en m'étirant. Je ne comprends pas vraiment ce qu'il se passe, je sais juste que je suis vraiment à côté de la plaque, j'ai un mal au crâne abominable sans doute à cause des pleurs et je suis loin du compte. Je me lève, attrapant le plaid noir pour me couvrir avec. Je vais dans la cuisine où se trouve Adrian et l'entend parler. Je comprends qu'il s'agit du coup de téléphone que nous attendions. Adrian est bref.. puis j'arrive à sa hauteur, voyant l'état dans lequel se trouve mon frère c'est grave..

Adrian?

Je m'avance et j'ai une boule à la gorge, j'ai la nausée, je sais que je ne suis pas loin de vomir tant l'angoisse est présente, voyant mon aîné, les larmes aux yeux, je ne peux qu'en conclure, Klaus est mort. La seule fois où j'ai vu mon frère pleurer une fois adulte c'est quand notre père est mort, c'est à dire il y a 15 ans de cela. Je m'enlève le plaid, j'ai chaud tout à coups et je recule alors, énervée, je ne veux pas l'entendre me le dire. Je sais exactement quels mots vont sortir de la bouche de Adrian. Il me regarde, mes yeux sont rivés sur les siens embués.

Non... Non, non, je t'interdis de le dire Mayer ! T'as compris Adrian !

J'espère encore un espoir comme s'il allait m'annoncer qu'il allait bien et que ses quelques larmes au bord de ses yeux ne sont là que pour la joie que procure le fait que Klaus soit sain et sauf. Je crois au père noël sans doute, mais j'espère encore un miracle mais c'est en voyant la tête décomposée de mon frère que je comprends que je ne fais pas fausse route quant à ma conclusion. Je m'appuies contre le mur en pleurant à chaudes larmes.

haaaaaaaaaaaaaaannnnn...

Je pleure, j'hurle, je ne peux pas y croire, mes jambes ne me portent plus, je tombe au sol, me laissant glisser contre le mur. Ma tête en arrière collée au mur froid, je demande au ciel ce que j'ai fait pour mériter ça... J'ai perdu la moitié de moi... L'autre étant Adrian. Je ne suis plus rien.. Tout mon monde est en train de s'écrouler... Si je n'avais pas Adrian dans ma vie, j'aurais sans doute mis fin à mes jours c'est certain. Je continues de pleurer, de renifler, je n'arrive plus à respirer, ma respiration est saccadée, je suis au bord de la crise de nerfs..

Je peux plus respirer, Adrian... il faut que ça s'arrête ! Pitié..

Aujourd'hui, j'étais loin de me douter que ce serait l'un des pires jours de ma vie, à dire vrai, la mort de notre père m'avait énormément affectée et j'avais déjà, à l'époque eu du mal à m'en remettre. La présence d'Adrian à mes côtés me permettait d'affronter mes pires démons. L'absence de Klaus en était un... J'avais du mal à l'entendre de la bouche de mon frère, ici..
A force de m'énerver, de m'inquiéter et pleurer mon corps avait dit STOP et je m'étais écroulée sur les genoux de mon frère... Seulement je ne dormais qu'à moitié puisque la voix de mon frère raisonnait dans la cuisine ce qui me fit me lever du canapé presque aussi sec. Alors que je m'approchais de mon frère, j'avais envie de reculer, la nouvelle était forcément peu bonne sinon il aurait crié de joie, je connais mon frère en m'approchant plus en plus, je voyais l'aîné Mayer dans un état dans lequel je n'avais presque jamais vu le brun. Je ne voulais pas qu'il le dise à haute voix. J'ai le coeur brûlant, j'ai mal à la poitrine, je ne peux pas y croire, je ferme les yeux, je pleure à chaudes larmes, je ne peux pas faire autrement, je connais Klaus depuis presque toujours, avant d'être l'homme de ma vie, il avait toujours fait partie de ma vie, ne plus l'avoir dans la mienne était une épreuve à surmonter et ce soir je m'en sentais pas capable, je devais extérioriser le mal que ça me faisait de le perdre... Mon frère était attaché à lui c'était le frère qu'il n'avait jamais eu, son ami d'enfance, son meilleur ami. Un attentat avait mis fin à ses jours, c'était une mort de merde, voilà ! Il n'était pas mort au combat non, mort alors qu'il devait être en train de se reposer ou dormir peut être ou tout du moins se détendre.. Je n'arrive plus à respirer je veux que ma souffrance cesse... Je ne mérite vraiment pas tout ce qui m'arrive ces derniers temps... que ce soit le viol ou la mort de Klaus... Je ne sais pas ce que j'ai fait pour que le sort s'acharne sur moi. Ma poitrine se sert, je regarde Adrian qui me prend les mains et son contact me rassure. Je le regarde, comme s'il était un magicien capable de réparer les choses. Je respire au même rythme que mon frère même si voir des larmes sur ses joues me dévaste tout autant.
J'ai du mal à me lever lorsqu'il me propose d'aller dans la chambre. Je suis soutenue par mon protecteur jusque dans la chambre. Nous nous allongeons et je regarde le brun avec les yeux embués de larmes fraîchement tombées.

Je vais faire quoi maintenant?...

J'avais toujours fait ma vie en fonction de Klaus ou avec lui de près ou de loin ,sans lui j'étais déboussolée... Je ne pleure plus, je suis épuisée et je sais que mon état n'aide pas Adrian à s'apaiser non plus, je sais comment il fonctionne mon aîné, ça fait très longtemps que je le pratique maintenant.

Je t'aime Adrian, sans toi, c'est sûr je me serais déjà pendue..