Astrid - Electronic music makes our nights vibrate.

La jeune femme esquisse un sourire comme son regard rencontre celui de cet homme dans la foule. Elle sourit, parce qu'il soutient son regard et qu'il se décide à approcher d'elle tant bien que mal au milieu des danseurs qui ralentissent sa progression. Pourtant il finit par arriver tout près d'elle, son corps à quelques centimètres seulement de celui d'Astrid. Et sa main attrape celle de la demoiselle pour la faire danser, tournoyer. La jeune femme ne se fait pas prier, elle est là pour rire et profiter, après tout. Rire et s'amuser. Lui aussi, de toute évidence. Autant s'amuser à deux, alors. La question de l'homme lui arrache un sourire. En quoi serait-il un goujat, cela est une énigme. Est-ce de la goujaterie que de faire danser une fille en soirée ?

«- Peu importe ?»

Il est difficile de s'entendre, difficile de discuter, alors que la musique prend le pas sur tout le reste. Elle approche sa tête de son oreille pour répondre sans avoir à crier et pourtant, elle doit élever la voix pour être sûre d'être entendue de son interlocuteur. Le discours, en soirée, passe d'avantage par les regards et les gestes, par les mouvements, que par les mots, c'est un fait.

«- Astrid» annonce-t-elle à son oreille encore.

Si elle savait Astrid, si elle savait qui il est pour l'une de ses connaissances, l'une de ses amies, croisée en soirée elle aussi, quelques temps plus tôt. Si elle savait que ce brun, ce Nino, est l'ex d'Erna qu'elle a embrassé il y a peu, en soirée elle aussi, pour se débarrasser d'un gêneur, peut-être qu'elle ne poserait pas sur lui un tel sourire, peut-être qu'elle ne continuerait pas de danser contre lui. Mais elle ne sait pas, Astrid. Alors elle se laisse porter, par la musique et par lui.

Y'a ces échanges de regards et ces sourires qui s'entrechoquent. Y'a ces corps qui se rapprochent, en rythme sur la musique, qui se frôlent un peu, dans un mouvement sensuel. Il n'y a plus besoin de parler, d'ailleurs, ils ne disent plus rien, après s'être présentés l'un à l'autre et la belle ne sait pas si c'est même utile, d'avoir donné son prénom. C'est ce que la politesse exige, c'est vrai. Mais ils ne se reverront peut-être jamais, une fois que l'aurore aura pointé le bout de son nez et si c'est le cas, ce ne sera peut-être qu'au hasard d'une nouvelle soirée, rien de plus. Les gens que l'on rencontre en soirée ont tendances à passer dans nos vies, furtivement. Certains vous marquent plus que d'autres, c'est vrai. Mais combien se sont présentés à elle, que la demoiselle a oublié dans les méandres de son esprit ? Beaucoup. Il est vrai que l'auteur au sommet de sa gloire rencontre trop de monde, trop de visage, pour se souvenir de quelques passants dans son existence. Fussent-ils des partenaires de soirées.

Ils dansent, l'un contre l'autre et la jeune femme esquisse un sourire comme l'homme lui présente son verre presque vide. Il semblerait que les vivres frôlent dangereusement la limite. La demoiselle réalise qu'à danser de la sorte, elle a la gorge sèche, elle aussi. Alors elle fend la foule de danseurs, en semblant tout à coup se souvenir de leur présence qu'elle avait oublié, pour gagner le bar, non sans avoir prit le soin de l'entraîner à sa suite pour rejoindre le comptoir. Elle jette un regard à son verre et redemande la même chose, en double. Un pour elle, l'autre pour lui. Le barman s'exécute, rapidement. On s'entend un peu plus, au bar, la musique est un peu moins forte. Alors que le barman prépare encore leurs commandes, elle se décide à le questionne. Elle est curieuse de tout, Astrid. Et peut-être que Nino aura sa place dans un futur roman. Qui sait, s'il la marque assez ? Elle s'inspirera peut-être de lui pour l'un de ses personnages.

«- Tu viens souvent ici ?»

L'esprit de la fête, la boisson qui coule dans les veines, la musique qui emplie la pièce et le jeu qui enivre les esprits. Elle sait s'amuser Astrid et de toute évidence, lui aussi. Elle ne sait pas encore ce que cette soirée lui réserve, elle ne se pose pas de questions. Elle verra bien comment les choses vont évoluer, comment les choses vont se faire, se passer. Elle se contente de l'entraîner vers le bar alors qu'il a presque finit son verre. Elle commande de nouvelles boissons, naturellement. Une pour lui, une pour elle. Mais il ne l'entend pas de cette oreille. De toute évidence l'homme a grande soif et commande deux shots supplémentaires, s'offrant le luxe de laisser la monnaie au barman. Elle n'a pas le temps de réagir qu'il a déjà payé, tant ses consommations à lui que les siennes. Il replace ses mèches de cheveux, en proposant de trinquer. La blondinette ne se le fait pas dire deux fois, loin de là. Le verre s'entrechoque avec celui de son interlocuteur, annonçant une bonne nuit qui se prépare.

«- Santé !» répète la jeune femme dans un même mouvement, le regard plongé dans celui de Nino comme le veut la coutume.

Elle le questionne rapidement, alors qu'il semble se perdre dans quelques pensées qui échappent à la demoiselle et dans lesquelles elle n'est pas décidée à le laisser se perdre, maintenant que l'homme a choisit de l'aborder. Elle esquisse un sourire comme elle récupère sur elle toute l'attention de l'homme. Voilà qui est bien mieux. La demoiselle obtient rapidement une réponse. Des vacances. Alors il repartira prochainement.

«- Donc tu profite pour faire un peu de tourisme nocturne ?» plaisante la demoiselle, avant qu'il ne la questionne.

Non malgré son anglais impeccable, utilisé parce que c'est la langue dans laquelle il lui a parlé et quoiqu'elle sache aussi parfaitement parler l'allemand, polyglotte de par des années de travail en langues, la demoiselle n'est en effet pas d'ici. Ni d'Hambourg, ni même de l'Allemagne. Mais elle n'est pas en vacances, contrairement à lui.

«- Je suis française.» annonce la demoiselle. «Mais je suis en Allemagne depuis deux ans à présent !» Alors elle est un peu plus d'ici que lui, non ? Elle connaît les us et coutumes du pays, toujours.