Guillaume ♔ I just shot my husband down TW violences conjugales // légitime défense

Elle venait de passer une nuit au poste et le moins que l'on puisse dire, c'est que le temps avait semblé long, dans cette salle d'interrogatoire, à regarder ces policiers éplucher ses dossiers médicaux, la presser de questions, chercher à découvrir l'intégralité de la vérité alors qu'Hannah ne cessait pas de la leur donner. La demoiselle ne cessait pas de raconter comment elle avait tue sa souffrance pendant des années, perdant un enfant sous les coups de son mari, manquant de perdre la vie plusieurs fois, essayant de se l'ôter elle-même à trente ans. Ce soir, elle n'avait rien prémédité alors que l'homme la frappait encore. Elle avait simplement attrapé de quoi se défendre. Et elle avait réglé ses problèmes de violences conjugale sans même le vouloir. Cependant, maintenant, elle avait bien d'autres problèmes qui lui tendaient les bras. Elle allait devoir prendre un avocat. Il y aurait des poursuites judiciaires à son encontre elle le savait tout somme elle savait que ses parents allaient bondir en apprenant la nouvelle.

Libre. Elle est libre de partir, alors que sa caution est payée. Pour aller où ? Hannah ne peut pas aller chez elle. C'est une scène de crime pour le moment, elle ne peut même pas passer prendre quelques uns de ses affaires. Elle masse ses tempes, pensive, avant d'attraper son téléphone en grimaçant, pour composer un numéro. Sa tête bourdonne et elle s'assoit dans un fauteuil inconfortable pour attendre. Sa mine défaite, ses traits tirés... Elle a la voix comme enrouée par la fatigue quand, enfin, son frère aîné décroche. Hannah ne sait pas trop par où commencer. Comment lui dire ce qui est arrivé. Et elle se sent pitoyable quand, la voix brisée, fluette, elle l'implore.

«- Gui... c'est Hannah. Je... Je pourrais venir chez toi ? Enfin tu... Tu pourrais venir me chercher ? Je suis à pied, la voiture est...»

Où est l'audi ? Chez elle ? Elle ne sait même pas si la voiture a été saisie. En tout cas, elle ne peut de toute façon pas rentrer chez elle pour récupérer la voiture et aller chez son frère. D'autant plus qu'elle est littéralement crevée et ne se sent pas capable de marcher jusqu'au métro, de se défendre en cas de besoin. C'est plus sécurisé de demander à son frère de venir la chercher. Sûrement.

«- Je suis au poste.» annonce la demoiselle avant de se taire, écoutant le silence au bout du fil.

« Gui… C’est Hannah. Je… Je pourrais venir chez toi ? Enfin tu… Tu pourrais venir me chercher ? Je suis à pied, la voiture est… » Sans véritablement comprendre les premières paroles de sa sœur, Guillaumme Weissmann haussait un sourcil le téléphone plaquer contre son oreille. Un énorme mug de café brûlante déposée sur la table à ses côtés, il observait son reflet dans le miroir et sa mine triste sous sa barbe de plusieurs semaines. Une nouvelle fois il n’avait réussi à trouver le sommeil que dans le fond d’une bouteille de whisky et a sa plus grande surprise, s’il avait l’air fatigué, il ne donnait aucunement l’impression d’avoir envoyer près d’un litre de l’alcool dans ses veines la veille. Qu’importe, il n’aurait qu’à trouver une excuse fiable de chef d’entreprise pour exprimer sa mine fatiguée si sa sœur le questionnait un peu trop par rapport à sa triste mine et ses les cernes dignes d’un panda d’Asie sous ses yeux. Il grommelait dans sa barbe avant même qu’elle ne termine sa phrase glissant « J’enverrais un méca’. Si c’est encore l’autre qui a refuser de payer les frais. J’te jure que j’vais l’étrangler… T’es où ? » Sans véritablement attendre de réponse de la part de sa sœur, Guillaume ajustait déjà sa cravate sous sa veste de costume s’envoyant une grande lampée de café brûlant dans la gorge. Elle connaissait son frère par cœur, nul besoin pour elle de voir l’expression sur le visage de Guillaume pour comprendre qu’il était en colère à la simple idée que son beau frère ai laissée la voiture de sa femme sans entretien ni réparation. Il n’était pas réellement difficile de comprendre que Guillaume n’avait jamais réussi à supporter ne serait ce que la présence de cet homme dans la même pièce que lui. Le sketch survenu au mariage de sa sœur en était une preuve irréfutable depuis de longues années. Les clés de son Audi Rs6 entre les mains se dirigeant instinctivement vers le garage de sa propriété, Guillaume s’arrêtait soudainement en écoutant les paroles de sa petite sœur. « Je suis au poste. » Les yeux grands ouverts observant ses véhicules à l’intérieur de son garage, il grognait violemment dans sa barbe « QUOI ?! TU BRANLES QUOI AU COMICO… Kellerman… Putain. J’arrive, j’vais m’occuper de son cas à cet enfoiré. On va chercher tes affaires. » Sans véritablement attendre de réponse, Guillaume raccrochait la conversation téléphonique se dirigeant d’un pas déterminé vers son véhicule. S’il y avait bien une chose qu’il n’avait pas besoin de prendre sur le coin de la gueule ces derniers temps, c’était bien recevoir un coup de téléphone comme celui que venait de lui adresser sa sœur Hannah. Les limitations de vitesses n’existaient plus sur la route qui le séparait du commissariat, tel une charge de la cavalerie américaine, Guillaume sillonnait les rues de la ville laissant derrière lui plusieurs détonations typiques au moteur de son véhicule. Les mains crispées sur le volant, les yeux plissés par la colère et les traits de son visage fermer. Quelques minutes seulement furent suffisantes pour parcourir la distance qui le séparait du poste de police de la ville. Les mains dans les poches de son costume avançant avec un agacement palpable, le brun s’appuyait lourdement sur le comptoir de la réception aboyant sur le policier face à lui exigeant de voir son supérieur. Sans attendre plus longuement, se rendant à la rencontre du commissaire et de différents inspecteurs de police. Les mains enfoncés dans les poches de son pantalon de costume, il revenait vers sa sœur de longues minutes plus tard lui faisant simplement signe de la suivre sans un seul mot avant de s’installer dans la voiture. « Tu m’expliques. C’est quoi cette merde là ?

Elle est perdue, perdue dans sa détresse. Hannah se sent mal, si mal, si perdue. Sa vie s'effondre plus encore maintenant qu'après la perte de son fils, elle a l'impression de toucher vraiment le fond du trou. Elle rirait presque, si elle n'avait pas cette boule dans sa gorge, avec ironie, quand son frère prononce le nom de son mari en disant qu'il va s'occuper de lui. Il se trouve que Kellermann n'a plus besoin que d'un médecin légiste maintenant et d'un croque mort pour le préparer à ses funérailles. Mais Hannah ne dit rien, elle ne peut pas annoncer ça comme ça, au téléphone, avouer à son frère tout ce par quoi elle est passé, avouer à son frère qu'elle est une criminelle. Même si c'était de la légitime défense, même si pour le moment le jugement n'a pas eut lieu, c'est certainement comme cela que beaucoup la verraient, envoyant valser la présomption d'innocence. L'homme raccroche, quand elle dit qu'elle est au poste et Hannah sait qu'il va probablement conduire à vive allure pour la rejoindre. Elle n'aurait probablement pas dût le lui annoncer comme ça, elle se doute qu'il va conduire comme un con sur la route pour la rejoindre et en même temps, elle n'a pas dit grand chose non plus. Seulement qu'elle était au poste. Qu'est-ce que son frère peut imaginer ? Elle ne sait pas, pour être honnête.

Il la rejoint, enfin et elle a l'impression que ça a duré une éternité. La jeune femme ne sait pas qu'il est là depuis un moment, mais qu'il a voulu voir des responsables, parler à des gradés. Elle le suit sans piper un mot face à la colère manifeste de son frère et elle se glisse dans la voiture presque timidement. Quand il pose la question. Elle sait qu'elle doit le lui dire et pourtant elle voudrait dormir. Parler plus tard. Les traits tirés, un peu de sang sur son vêtement, les cernes sous les yeux.. elle a encore plus mauvaise mine que son aîné. Et que dire, comment annoncer ça ? Pour être à ce point agacé, sait-il déjà ? Elle le jauge d'un coup d’œil, sans savoir à quoi s'attendre et réalise vraiment comme son frère peut être impressionnant pour les gens.

«- J'ai...  j'ai euh... Il est... il est mort.» finit par avouer Hannah.

Il est mort, oui, mais ce n'est pas tout à fait la réalité. Hannah ne dit pas tout, quand elle annonce que son mari est décédé. Elle sait qu'elle doit en dire d'avantage et pourtant elle voudrait fuir la discussion, dans l'immédiat, pouvoir se reposer, parler plus tard. Elle déglutit, en cherchant ses mots, mais il n'y a pas de bonne manière pour annoncer cela. Alors elle se racle la gorge, avant de se décider à prendre la parole pour compléter son propos.

«- Je l'ai tué.» annonce-t-elle en un murmure.

Et là encore ce n'est qu'une partie de la vérité, une partie seulement. Hannah ne parle pas de ce que son mari a fait à son encontre pour qu'ils en arrivent là. Elle ne parle pas des coups, des violences conjugales, ou de sa responsabilité dans la fausse couche qu'elle a vécut, de sa responsabilité dans l'hospitalisation qu'elle a subit il y a quelques années aussi, cachant soigneusement sa tentative de suicide à tout le monde. Ils n'auraient pas compris sans qu'elle raconte toute l'histoire et si elle avait tout dit, ils auraient sûrement fait une connerie, Harry et Gui. Elle les connaît.

«- Je voudrai me reposer... on... on peut rentrer ? S'il te plaît...»