#107 · and tonight, you'll fall asleep next to me [liz]
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gare à la crise de la quarantaine
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#107 · and tonight, you'll fall asleep next to me [liz]
Jeu 19 Juil 2018 - 22:23
elisabeth & rhys
and tonight, you’ll fall asleep next to me
C'est la porte de l'immeuble qu'il pousse après qu'il ait sonné chez elle. Il était environ une heure et demi du matin, une heure inhabituelle pour débarquer chez quelqu'un et pourtant avec Liz, c'est quelque chose qui l'était devenu peu à peu. Monter les marches de l'escalier les unes après les autres lui rappelait qu'il n'avait plus emprunté un ascenseur depuis des lustres, parce qu'il n'aimait pas se savoir enfermé sans la possibilité de fuir. Parce qu'il ne savait pas avec qui il pourrait se retrouver à l'intérieur, peu importe que ce soit dans celui d'un immeuble à une heure du matin ou dans celui d'un centre-commercial en pleine période de soldes. Sa vie avait changé drastiquement au cours de ces derniers mois, il vivait caché, se privait d'une certaine liberté à laquelle il ne goûtait que trop rarement. Emprisonné derrière ces barreaux de l'anonymat qu'il s'obligeait à garder autour de lui, rares étaient les moments où il baissait sa garde. Ces moments où il s'oubliait le temps de quelques heures, où les sirènes des voitures de flic ne le mettaient pas sur le qui-vive, où les regards échangés avec des figures de l'autorité ne l'obligeaient pas à changer de rue quelques centaines de mètres plus loin. En fin de compte, ces moments où il vivait comme n'importe qui, des moments bien trop rares et qui lui manquaient toujours un peu plus au fur et à mesure que le temps passait.
Alors après que son téléphone se soit mis à vibrer sur la table de chevet de sa chambre d’hôtel, il n’avait pas eu à réfléchir bien longtemps pour savoir où il allait finalement passer la nuit. Les invitations d’Elisabeth n’étaient jamais dues au hasard, qui plus est lorsqu’elles étaient envoyées à une heure aussi tardive. Elle savait qu’elle pouvait le contacter n’importe quand. Elle savait aussi que le fait de passer une nuit chez elle était un confort qu’elle lui proposait, en échange de quoi il lui offrait cette présence qui semblait lui permettre d’éloigner ces souvenirs qui la hantaient lorsqu’elle arrivait enfin à fermer les yeux. En frappant à sa porte, il n’avait pas été surpris qu’elle lui ouvre presque dans l’immédiat, lui offrant alors un sourire avant de s’approcher d'elle en passant une main dans son dos, au moment même où ses lèvres déposèrent un baiser sur chacune de ses joues. «Pas la mine des grands soirs?…» s’était-il permis en posant son regard dans le sien pendant que sa main lui offrait une légère caresse dans le bas du dos, un geste qui se voulait simplement réconfortant. «Tu as bien fait de m’écrire, je m’apprêtais à enchainer un troisième épisode de Derrick de suite…» plaisanta-t-il en plissant légèrement son nez, une façon de lui dire qu’elle l’avait sauvé d’un profond ennui… bien que même sans dire quoi que ce soit, elle devait se douter que son invitation était une occasion pour lui de ne pas se sentir ronger par l'ennui et la solitude.
Re: #107 · and tonight, you'll fall asleep next to me [liz]
Ven 20 Juil 2018 - 22:01
AND TONIGHT, YOU'LL FALL ASLEEP NEXT TO ME RHYS & LIZ
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Recroquevillée dans un coin du sofa, Liz enfonçait ses ongles dans la peau de ses jambes qu’elle encerclait de ses bras tremblants. Il y avait une ombre qui au clair de lune s’étirait sur le mur immaculé, elle la fixait avec insistance comme s’il s’agissait du pire des prédateurs. Elle aurait pu affirmer que son âme logeait précisément sous son sternum car elle la sentait se fissurer un peu plus à chaque fois que son coeur s’écrasait contre sa cage thoracique. Le poids de chaque seconde venait entraver sa respiration déjà fort saccadée. Le temps n’avait plus de sens. Elle était figée dans un instant où se concentrait le paroxysme de l’insoutenable. Si sa raison avait encore été en mesure de rendre ses ébauches de songes davantage intelligibles, elle aurait su qu’elle était tiraillée entre des pulsions destructrices inconsidérées ayant pour but de la libérer de son supplice et cette angoisse viscérale, incoercible, incontournable de mort imminente qui sommeillait constamment en elle et qui n’attendait qu’un stimulus infime pour la terrasser comme au premier jour. On frappa à la porte. La décharge d’adrénaline qui se répandit brusquement dans son organisme la fit sauter du canapé et bondir jusqu’à l’entrée. C’était Alexander. C’était Rhys, plutôt. Elle avait encore du mal à s’y faire. Elisabeth reconnaissait la manière dont ses doigts venaient heurter le bois du battant. Les invitations nocturnes qu’elle lui lançait comme elle l'avait fait quelques minutes plus tôt étaient devenues une étrange habitude dont elle se permettait d’abuser, sachant qu’elle n'était pas la seule à y trouver son compte. Elle tourna sa clé dans la serrure. Dans un instant, tout irait mieux.
Lizzie ouvrit la porte. Déjà, l’étau qui enserrait sa poitrine se relâchait quelque peu. Elle ne parvint toutefois pas à répondre au commentaire de Rhys concernant sa mine resplendissante autrement que par un sourire dans lequel vint se fondre une légère grimace. Elle se concentrait sur la voix de son visiteur nocturne, son contact, sa présence. Elle se concentrait sur sa propre respiration. Doucement, les ténèbres commençaient à regagner leur antre. Il y avait toujours eu quelque chose en cet homme qui parvenait à l’apaiser, à travers les années et les frontières. Peut-être était-ce son calme, sa prestance. Peut-être était-ce lié au fait qu’il n’en avait que faire de son statut social, de son rang, de sa réputation. Avec lui, son masque de figure mondaine parfaite n’était qu’un vulgaire bout de papier sans valeur. Rhys était l’une des seules personnes à qui elle avait laissé entrevoir sa vulnérabilité dans son authenticité la plus pure. Cette forme d’intimité qui s’était tissée entre eux et qui lui offrait un accès direct à ses névroses les plus obscures lui conférait sans doute un certain pouvoir. La brune laissa un éclat de rire mi-sincère, mi-nerveux s’élever dans la pièce lorsque Rhys lui décrivit le palpitant programme de son début de soirée. Elle songea à la froideur de sa chambre d’hôtel, à la froideur du quotidien dont il semblait prisonnier et se sentit un instant coupable d’utiliser sa précarité à des fins personnels, comme elle avait pu se servir autrefois de son aura sulfureuse pour provoquer ses proches. « Je suis ravie de t’avoir sauvé des griffes d’un ennui mortel. » Liz l’invita à s’installer au salon et se dirigea vers le bar. « Tu prendras un verre ? » Elle n’attendit pas sa réponse pour ôter le bouchon de liège qu’elle avait enfoncé quelques minutes plus tôt dans sa bouteille de mendoza argentin et commencer à les servir. Elle remarqua qu’elle tremblait encore lorsque le goulot vint heurter bruyamment et de manière itérative la surface du verre. Elle reprit alors conscience de l’oppression sur son thorax et comprit que ses démons avaient encore tout contrôle sur elle.
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#107 · and tonight, you'll fall asleep next to me [liz]
Accueil 
C'est la porte de l'immeuble qu'il pousse après qu'il ait sonné chez elle. Il était environ une heure et demi du matin, une heure inhabituelle pour débarquer chez quelqu'un et pourtant avec Liz, c'est quelque chose qui l'était devenu peu à peu. Monter les marches de l'escalier les unes après les autres lui rappelait qu'il n'avait plus emprunté un ascenseur depuis des lustres, parce qu'il n'aimait pas se savoir enfermé sans la possibilité de fuir. Parce qu'il ne savait pas avec qui il pourrait se retrouver à l'intérieur, peu importe que ce soit dans celui d'un immeuble à une heure du matin ou dans celui d'un centre-commercial en pleine période de soldes. Sa vie avait changé drastiquement au cours de ces derniers mois, il vivait caché, se privait d'une certaine liberté à laquelle il ne goûtait que trop rarement. Emprisonné derrière ces barreaux de l'anonymat qu'il s'obligeait à garder autour de lui, rares étaient les moments où il baissait sa garde. Ces moments où il s'oubliait le temps de quelques heures, où les sirènes des voitures de flic ne le mettaient pas sur le qui-vive, où les regards échangés avec des figures de l'autorité ne l'obligeaient pas à changer de rue quelques centaines de mètres plus loin. En fin de compte, ces moments où il vivait comme n'importe qui, des moments bien trop rares et qui lui manquaient toujours un peu plus au fur et à mesure que le temps passait.