Elle jette un regard à sa montre, à l’issue d’une longue promenade dans la ville, et presse l’allure alors qu’elle doit encore passer chez le fleuriste pour acheter un bouquet à offrir, ce soir, à la maîtresse de maison du dîner auquel elle a été conviée. Regardant donc le GPS sur son téléphone pour trouver la boutique la plus proche, elle entre au bout de quelques minutes dans une petite enseigne du côté de Bergedorf, dans laquelle elle n’a jamais mis les pieds.
Se perdant dans les allées, l’odeur agréable des fleurs fraîches chatouillant son nez et son regard se perdant sur de magnifiques arrangements floraux colorés, elle cherche le bouquet parfait qui égayera le salon de ses hôtes dans les jours à venir. Il faut quelque chose d’élégant, à l’image de ces derniers. Quelque chose de sobre tout de même. Cependant, alors qu'elle continue son exploration, elle remarque une sorte de tension croissante dans l'air. Distraite par des voix fortes et animées qui s’élèvent de l’autre côté de la boutique, elle fronce les sourcils et s’avance dans cette direction, soucieuse de voir ce qui se passe.
Deux clients, un homme et une femme, dont elle ignore s’ils sont ensemble ou ne sont qu’amis, se disputent violemment au milieu de plusieurs bouquets de roses de toutes les couleurs, les mots volant probablement plus haut que leurs pensées. Les visages sont rouges, les tons virulents, et les ressentiments palpables, sans qu’elle ne comprenne vraiment les tenants et les aboutissants de cette scène qui la met profondément mal à l'aise.
Les mots sont durs, acerbes et, finalement, l’homme plante sa compagne ou amie ici, au milieu de la boutique. Compatissante et sentant l’inconnue particulièrement émue, particulièrement ébranlée par la dispute, la brune décide finalement de s’approcher.
“- Ça va aller…” souffle la quadragénaire, se voulant rassurante. “Puis-je vous aider de quelque manière que ce soit ?” demande-t-elle, d'une voix douce.