Lucy qui apprenait qu’elle allait avoir de la visite était une Lucy qui voulait mettre ses plus beaux vêtements dans l’optique de défiler devant les gens qu’elle appréciait. Lorsque tu lui avais annoncé que sa copine Nina allait passer aujourd’hui, ta fille avait poussé un petit cri avant de t’attraper par la main et de t’attirer vers sa garde de robe. Même si parfois, tu la guidais vers les bons vêtements, généralement, Lucy choisissait toute seule ce qu’elle désirait porter. Aujourd’hui, elle opta pour une petite robe rose avec des petits pois blancs. Tu l’aidas à enfiler un legging avant de la laisser mettre sa propre robe. Elle était joyeuse comme tout et ça te rendait heureux également. Tu l’aidas à coiffer sa chevelure blonde et que tu ramenas en une queue de cheval avec un ruban rose et ensuite, tu la laissas attendre son amie devant la fenêtre. Tu ne lui avais pas dit trop tôt pour ne pas la rendre impatiente, mais suffisamment tard pour laisser la joie et l’excitation monter.

Hansel avait dit qu’il s’occupait du repas, de ton côté, tu n’avais pas eu grand-chose à penser. Sauf les boissons. Tu étais allé au plus simple. En plus d’eau, tu avais préparé des jus maisons pour les petites et tu avais choisi un bon vin blanc pour Hansel et toi. Le tout se trouvait dans une glacière qui servait de petit banc à Lucy pour mieux voir la fenêtre. « Il faut aller mettre tes chaussures. Nina et Hansel seront au centre. » Un petit « oh » plus tard, l’enfant sauta de la glacière pour courir vers la porte où elle tenta de son mieux d’enfiler ses chaussures. Tu la laissas faire. Ce n’était pas toujours simple pour toi de la voir grandir, mais tu étais aussi tellement fier de voir la joie dans ses yeux lorsqu’elle accomplissait quelque chose. Chaussures mises, elle attrapa ta main et c’est avec Lucy d’un côté et ta glacière de l’autre que tu dirigeas vers ton centre.

« Niniiiiiiii. » s’écria ta fille lorsqu’elle aperçue son amie. Sans hésitation, elle relâcha ta main pour aller courir dans les bras de sa copine. Pour ta part, tu dirigeas vers ton ami et ancien partenaire pour lui faire une poignée de main. « Salut Hans’. Je suis content de te voir avec la petite. J’ai l’impression que ça fait des lustres. Comment vas-tu ? » demanda-t-il avant de s’accroupir pour saluer également Nina. « La route s’est bien passée ? » redemandas-tu au pompier. Tu avais conscience que tu vivais dans un coin plus isolé et qu’après les pluies, la route pouvait être plus difficile. Heureusement, aujourd’hui, tout laisser présager une belle journée ensoleillée. Idéale pour un pique-nique.

Les deux enfants étaient toujours trop contentes de passer du temps ensemble et ça faisait plaisir à voir. L’espace d’un instant, tu avais l’impression de retourner en enfance lorsque tu allais jouer avec tes cousins après deux jours loin d’eux. Deux jours, c’était tellement long dans la tête d’un enfant. Pour les deux fillettes, elles devaient sûrement avoir l’impression d’être éloignées depuis un siècle voire deux. Et de ton côté, tu avais également l’impression que ça faisait aussi longtemps que tu n’avais pas vu ton ancien collègue. C’était ça la vie d’adultes, non ? Chacun était occupé de son côté et ce n’était pas toujours simple de libérer du temps en commun.

« Je comprends. Tu arrives à trouver un petit peu de temps pour toi à travers tout ça ? » Tu ne pouvais pas t’empêcher de t’inquiéter légèrement. Tu ne voulais pas que ton ami s’épuise totalement à force de vouloir aider tout le monde. Sauf qu’en tant qu’ancien pompier, tu étais le mieux placé pour comprendre ce besoin d’aider tout le monde. « Comment ça va pour ta belle-maman ? » Tu avais toujours espoir d’avoir des nouvelles positives. Que même si elle était malade qu’elle ne souffre pas trop ou que son état finisse par s’améliorer. « Sans crise ? C’est la preuve que nos petites filles grandissent. Après, on ne peut pas dire que les crises en voiture vont vraiment nous manquer. » Tu ris doucement avant de tourner la tête vers la petite que tu avais adopté. « Il y a plus de bons jours que de mauvais jours. Lucy ne comprend pas encore tout au sujet de sa mère, mais elle dort de mieux en mieux. Des nuits presque complètes sans cauchemars. » C’était une grande fierté. Ça n’avait pas été simple dans les derniers mois pour vous deux. « Elle a passé les dernières nuits entières dans son lit. C’est une grosse amélioration. Elle mange mieux en plus. Donc je peux dire qu’on va bien. On va trouver nos habitudes et tout ira de mieux en mieux. Je suis content. » Tu ne l’avais jamais caché que c’était angoissant pour toi ces changements soudains, mais tu étais heureux de la direction que ça prenait.

La surprise prit place sur ton visage au prénom « Gisela ». Habituellement, tu n’étais pas le plus doué pour retenir des noms, mais celui-ci avait marqué ton esprit. Tu avais beaucoup entendu parler de cette jeune femme. Hansel avait eu besoin d’un ami pour se confier sur son histoire et tu avais été cet ami, l’oreille attentive donc il avait eu besoin à cette époque. Et tu serais toujours présent aujourd’hui. « Ah! » fut ta première réaction à l’annonce du retour de la jeune femme. « Est-ce que tu as eu l’occasion de la revoir ? Comment ça se passe ? Comment tu te sens par rapport à ce retour ? » Trop de questions à la fois Emeric… Tu avais ressenti le besoin de tout demander en même temps et tu fis une légère grimace d’excuses. La curiosité avait pris le dessus, tu ne pouvais pas le cacher.

Tout n’était pas rose du côté de son ami et ça te faisait toujours un peu de peine de savoir que ça n’allait pas très bien du côté de la belle-mère d’Hansel. Tu te sentais tellement impuissant pour cette femme que tu ne connaissais pas. Tu n’imaginais même comment les proches de cette dernière pouvait se ressentir. « Est-ce qu’elle souffre ? » Ta question pouvait paraître maladroite voire très indiscrète, mais vous vous connaissiez depuis assez longtemps pour parler vraiment de tout. Même des événements moins joyeux de votre vie. Comme tu t’étais confié beaucoup à ton ami après la perte de ta meilleure amie et de ta nouvelle paternité.

Heureusement, tout commençait à aller mieux de ton côté. Les choses se plaçaient doucement. Tu savais que ça ne serait pas simple tous les jours, que vous alliez possiblement avoir d’autres obstacles à surmonter avec Lucy. Tu étais prêt à le faire. Vraiment. Tu allais te battre pour cette gamine pour qu’elle soit la plus heureuse possible. « Je ne sais pas si c’est vraiment une chance..» Tu ris, tu préférais prendre cette situation à la légère, c’était plus facile. « Mais elle pourra compter sur moi. Tout le temps. Je suis prêt à tout pour elle et pour qu’elle soit heureuse. » Tu souris en observant ta petite fille adoptive qui s’amusait. « On se met en route ? Elles sont des anges maintenant, mais Lucy va devenir un démon lorsque la faim va prendre le dessus. Je t’assure, tu ne veux pas être témoin de ce changement. » Tu en ajoutais plus que nécessaire, mais l’image du petit démon te faisait rire.

Tu n’étais pas la personne qui offrait les meilleurs conseils du monde en matière d’amour. Après tout, on ne pouvait pas dire que tu avais beaucoup du succès de ce côté. Enfin… C’était surtout parce que tu n’avais pas essayé. Peut-être par crainte, peut-être par besoin d’être seul... Après tout, tu avais un rythme de vie que tout le monde ne pouvait pas suivre. Mais ça ne changeait rien au fait que tu savais être d’une bonne écoute et que tu avais l’oreille attentive. Plus d’une fois Hansel t’avait parlé de son amour pour Gisela et même si tu n’avais pas su lui trouver la solution parfaite, tu restais là à l’écouter se vider le cœur. Juste ça, ça faisait du bien. « Ouais, d’accord, je vois… Au fond, tu ne penses pas que c’est mieux comme cela ? Qu’elle te fuit ? Ça te torture tellement que je ne suis pas certain qu’avoir un quelconque contact avec elle soit la meilleure chose. » Hmm… Tu disais ça comme cela, sans être dans la tête d’Hansel, sans avoir toutes les informations non plus. Tout ce que tu savais c’est que cette relation était impossible et que dans ce cas-là, il valait peut-être mieux que ton ami évite la source de tentation, non ? Il ne pourrait pas l’oublier, ça tu l’avais bien compris, mais peut-être que la distance était la seule chose qui pouvait soulager un minimum son cœur blessé.

La famille de ton ami ne vivait pas quelque chose de simple et encore une fois, tu détestais le sentiment d’impuissance que ça te donnait. Tu aimerais tellement avoir la solution à tous les maux des gens que tu appréciais. « C’est l’image que tu m’en donnes. Une vraie guerrière, oui… J’espère vraiment que ça va aller pour elle. Qu’elle sait aussi se reposer lorsqu’il le faut. » Tu soupiras légèrement. Tu faisais partie de ceux qui pourraient s’épuiser davantage à faire croire que tout allait bien. Porter un masque, c’était épuisant. « Si jamais je peux faire quelque chose pour aider, n’hésite pas. Je peux t’accompagner si tu as besoin. » Tu ne la connaissais pas vraiment et alors…? Si un jour ton ami se sentait plus émotif ou plus fatigué, tu pourrais l’accompagner pour le soutenir… Ou peu importe, si quelqu’un dans sa famille avait besoin d’un support, tu pouvais te rendre disponible.

« Merci c’est gentil… J’espère réussir à la rapprocher au maximum d’une vie qu’on peut qualifier de… normale ? » Sans parent, ce n’était pas le plus simple, mais tu serais le bon papa pour elle. Du moins, tu allais essayer. « Même si ça veut dire de supporter une future crise d’adolescence ou de servir de modèle manucure ou maquillage. » Tu souris. Prêt à tout. Tu n’allais pas seulement le dire, tu allais le prouver.

La surprise gagna ton visage dans un premier temps lorsqu’Hansel te parla de sa petite qui mangeait du bois avant que tu n’éclates de rire. Ton rire s’intensifia à la suite de l’histoire. Tu jetas un petit coup d’œil à l’enfant qui avait pourtant tout d’un ange à cet instant précis. « Non, tu te fiches de moi ? Elle ne fait pas ça ? Tu as eu de la chance jusqu’à maintenant en effet. Quel petit monstre. Elle n’a pas l’air comme cela. Elle cache bien son jeu. » Tu continuais de l’observer avant de secouer négativement la tête. « Vous venez les filles ? On va aller manger ! » Lucy poussa une légère exclamation avant de se diriger vers toi pour te demander si elle pouvait transporter le panier. Le trajet risquait d’être plus long, mais tu proposas aux filles d’attraper chacun leur côté pour transporter votre nourriture jusqu’à l’endroit désigné pour le pique-nique.