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 Aldo Giallo ҉ "Vivre, ça doit être une sacrément belle aventure !"

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Aldo Giallo ҉ "Vivre, ça doit être une sacrément belle aventure !"
Mer 7 Juil 2021 - 16:29
Vivre, ça doit être une sacrément belle aventure Aldo & Léa
La danse, pour moi, c’est plus qu’un travail. C’est un élément essentiel à ma vie, aussi essentiel que l’eau ou même l’oxygène. Je ne me lève pas chaque matin dans l’optique de me rendre sur mon lieu de travail. Je me lève en pensant que je vais exercer ma passion, ce pour quoi je suis douée et qui me rend heureuse. Je mesure ma chance d’avoir trouvé ma voie si jeune, tout autant que les opportunités qui m’ont été offertes pour étoffer celle-ci. Même si je dois ma réussite à un travail sans relâche, je suis persuadée de la devoir aussi à une bonne étoile. Certains danseurs travaillent des années, voire toute une vie, sans jamais atteindre ce qui m’a été donné. C’est pour ces raisons que bon nombre de mes collègues parisiens ne comprennent pas ma décision. Pourquoi rejoindre le ballet d’Hambourg, quand on est déjà une étoile au firmament du Palais Garnier ? Pourquoi briguer une nouvelle place quand l’on peut briller jusqu’à la fin de sa carrière dans l’un des plus prestigieux corps de ballet du monde ? Pourquoi ne pas tout simplement poursuivre la voie traditionnelle ? À ceux-là, je n’ai pas jugé bon d’expliquer mes motivations. Ceux qui me connaissent savent pourquoi je tente cette nouvelle aventure. Que fait-on lorsque l’on a atteint ses rêves d’enfant ? On s’en crée de nouveaux…
C’est avec ces pensées flottant dans mon esprit que j’observe la façade de l’Opéra d’État d’Hambourg. Cela fera bientôt une heure que je suis installée à l’Opéra, non pas celui d’État, mais le restaurant qui se trouve juste en face. Je contemple le nouvel échelon de ma vie que je me suis choisi depuis la terrasse du restaurant. Je ne sais pas vraiment ce qui m’a poussé à accepter cette proposition, si ce n’est ce petit gout d’aventure que suggère une nouvelle vie, une nouvelle ville, une nouvelle troupe. Je considère chaque pierre, chaque poutre métallique, chaque ouverture, chaque fanion. Je n’arrive pas à déterminer ce que l’on peut trouver d’attirant dans cette construction. Déjà dans ma ville natale, je préférais le style suranné du Palais Garnier à celui trop moderne, à mon sens, de l’Opéra Bastille. Plus j’y pense et plus c’est à cela qu’il me fait penser. C’est un colosse de contemporanéité dédié à la culture, une volonté de lier le passé et l’avenir dans un écrin de modernité, et je n’y suis encore jamais entrée. Bien évidemment, en étant arrivée deux mois auparavant, j’ai déjà travaillé avec d’autres membres du ballet au sein de ce bâtiment, mais je suis toujours passée par ce qu’on l’on appelait autrefois l’entrée des artistes allant directement de la porte d’entrée à la salle de répétition. Prise par des obligations tant administratives que professionnelles, je n’ai encore jamais mis les pieds dans la salle de spectacle. Je ne parviens pas à sauter ce pas. Je suis prise dans une perpétuelle hésitation entre l’appréhension et l’excitation. Voir cette salle, cette scène, ce sera comme sauter une bonne fois pour toutes dans cette nouvelle aventure. Toutefois, aujourd’hui, en ce premier jour de liberté, je veux y entrer et découvrir ce que sera mon avenir.
Forte de cette décision, je paie mes consommations et traverse avec détermination la rue que me sépare de l’entrée de l’opéra. Je longe les colonnes dorées qui me conduisent à l’entrée principale. Personne ne m’empêche de traverser la porte vitrée menant au hall, personne encore pour m’empêcher de gravir les quelques marches vers l’étage intermédiaire. J’observe cette première étape avec attention avant de me laisser envahir par le son lointain d’un orchestre. Je me dirige vers la provenance de cette mélodie quand je suis stoppée dans ma course par une montagne de muscles. Il faut avouer qu’entre les cheveux détachés frôlant à peine mes épaules, mon tee-shirt gris rentré dans un jeans trop large serré à la taille, mes converses et mon regard curieux, je dois davantage ressembler à une touriste perdue qu’à un membre du personnel. Le gardien patibulaire m’interroge avec calme et je sors de mon sac besace en cuir la carte prouvant ma légitimité dans ce lieu. L’agent de sécurité se radoucit alors, voulant m’indiquer le chemin de la salle de danse. Je lui ai servi mon plus beau sourire en lui précisant mon souhait, découvrir les lieux de manière informelle. Après un clin d’œil approbateur du Cerbère, je continue donc mon exploration vers cette mélodie. Je passe une porte ouverte et me retrouve dans la salle de spectacle. C’est finalement la curiosité qui m’aura fait franchir le pas. J’entre dans cette salle et malgré sa modernité évidente, je la trouve apaisante presque familière. Malgré les lumières tamisées du parterre et des balcons, je peux apercevoir quelques détails : les strapontins rouge vif, la parqueterie le long des murs donnant sans aucun doute une acoustique époustouflante, l’angulosité des balcons. Et puis il y a la scène. Pourtant simple, sans aucun artifice, donnant certainement toute leur portée aux artistes qui s’y produisent, elle m’attire. Je regarde autour de moi, comme un enfant découvrant un magasin de jouets. Je tourne sur moi-même tout en observant la discrétion de rigueur en ces lieux. Après un silence, je suis surprise par l’allégro de l’orchestre reprenant son morceau. J’étouffe de justesse le cri de surprise qui a voulu s’échapper de ma gorge et remarque enfin que les seules lumières parfaitement allumées sont celles de la fosse de l’orchestre. La musique reprend et je me fais plus effacée encore pour me glisser jusqu’au strapontin à l’extrémité du premier rang côté cour qui se trouve dans la pénombre. Je m’assoie et écoute un instant le final du Così fan tutte de Mozart avant qu’il ne soit interrompu par le chef d’orchestre. Après quelques recommandations plus ou moins animées à ses musiciens, le Maestro demande à reprendre depuis Ah! Signor son rea di morte et la musique chante à nouveau dans la salle de spectacle. Je me laisse emporter par quelques mesures du morceau. J’aime la prédominance des cordes exprimant les mêmes sentiments que les voix absentes des chanteurs et, en particulier, les violons. J’apprécie ces minutes et les sons qui s’élèvent de la fosse de l’orchestre. La musique fait partie intégrante de ce que j’aime dans la danse. Sans elle, il n’y a pas de ballet. De même, j’estime que, pour certaines œuvres, sans ballet la musique est moins attrayante. La musique finit par aller crescendo jusqu’aux dernières notes du final. Ce moment de latence angoissante entre la fin de la pièce et les applaudissements du public. J'ouvre les yeux et, pendant que le chef d’orchestre donne quelques nouvelles indications, j’observe une nouvelle fois la scène. Je pense à tous les mécanismes qui doivent se cacher dans l’ombre derrière le rideau noir et à l’adrénaline que l’on peut ressentir dans ces coulisses. Sans que j’y prête vraiment attention, les musiciens quittent peu à peu la fosse. Moi, depuis ma pseudo-cachette, je contemple encore mon futur terrain de jeu imaginant les possibilités de rôles et scènes que l’on voudra bien me confier. Toutes réflexions posées, l’aventure commence réellement aujourd’hui…
:copyright:️ DABEILLE
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Re: Aldo Giallo ҉ "Vivre, ça doit être une sacrément belle aventure !"
Dim 11 Juil 2021 - 2:54




« Vivre, ça doit être une sacrément belle aventure »


Léa & Aldo








On aurait pu penser, en le voyant ainsi, ou en apprenant à le connaître, que la vie entière d'Aldo fut, toujours, tournée vers l'Opéra. Qu'il ne s'agissait là que de son unique centre d'intérêt. La réalité était toute autre. En effet, notre ami ne découvrit la musique, la classique, que dans l'adolescence, se mettant doucement au violon, pour ne jamais vraiment l'abandonner, tant la chose le passionna vite. Pouvoir vivre de cette passion fut, pendant un long moment quelque chose d'impensable et ce, même s'il avait put finir diplômé du conservatoire de Naples, avec mention et les félicitations du Jury. Non, les belles chose, les belles histoires comme on les voyait dans les films, ce n'était pas pour lui. Cela ne le serait jamais pour quelqu'un dans son genre. Lui qui avait presque grandi dans la rue, lui qui avait côtoyé d'un peu trop près les pires endroits de la ville. Comment quelque chose de bien pourrait lui arriver ? Pourquoi le destin, ou Dieu, selon vos croyances, irait le pointer du doigt, lui, pour lui offrir quoi que ce soit ? Cette question, Aldo se la pose tous les jours depuis de nombreuses années. Parmi tous les talents existants, pourquoi l'avait-on choisi lui ? Avant même de devenir le Premier Violon de l'Opéra de Hambourg, des personnes cultivées et renommées l'avaient choisi lui pour faire partie de l'orchestre de sa ville natale. Jouer à San Carlo, même en endossant un rôle mineur, cela relevait du fantasme, de la science-fiction et pourtant. Pourtant, lui était là, passant des années à travailler comme un damné pour mériter cette place, finissant par surclasser, sans s'en rendre compte, bon nombre de ses confrères et consœurs, avant de voyager et dénicher des places à droite, à gauche en Europe, jusqu'à obtenir cette prestigieuse place à Hambourg.

Place qui, de son point de vue, l'étranger n'était pas certain de mériter. Cependant, les années avaient fini par lui offrir une certaine confiance en ses talents. Même si, loin de l'être suffisamment pour accepter un tel rôle, cela semblait aller mieux, dans ce domaine. Par chance, la quasi totalité des Opéras qu'il eut à jouer pendant ces quatre premières années,  le violoniste les connaissait sur le bout des doigts. Que cela soit de part son travail personnel, ou encore par ses précédentes expériences. Ainsi, les retravailler, encore et encore, cela finissait par royalement l'ennuyer, le faisant doucement s'égarer dans vers ses autres passions. Le cinéma, pour commencer, repensant souvent à bien des films qu'il lui plairait de revoir, après une longue période sans visionnage, une pièce de théâtre, présente en ville, un nouveau roman d'un auteur apprécié, venant de sortir. Oui, son esprit vagabondait, le rendant relativement peu concentré. Un comble, pour quelqu'un qui mettait un point d'honneur à être irréprochable, pour ne pas attirer le moindre déshonneur sur cet Opéra qui lui avait offert la chance de sa vie. Une présentation et des manières qu'il fallait garder impeccables, quelles que soient les circonstances. Toujours bien habillé, coiffé et propre sur soit, toujours une merveilles ligne. Malheureusement, le musicien ne pouvait empêcher l'ennui de se présenter et ce, même s'il aimait plus que tout le violon. Le fait de devoir recommencer de zéro à la moindre erreur du petit nouveau était frustrant et irritant. Pourtant, ce petit nouveau, une vingtaine d'années en arrière, Aldo le fut, ne lui faisant comprendre que trop tard, le calvaire qu'il pouvait bien faire subir à ses aînés.

Le pire, dans tout ça, restait sans aucun doutes les interminables répétitions, peu de temps avant les premières répétitions. Il fallait que tout soit parfait, ce qui était logique, mais, la journée y passait, mettant bien souvent les nerfs du napolitain à rude épreuve, comme ce jour-là d'été, où on le fit venir sur un jour de repos habituel, par une merveilleuse journée que notre ami aurait pu passer dan un parc, à la plage ou sur une terrasse, espérant toujours faire LA rencontre, qui changerait sa vie. Ce fameux grand amour, courtois et romancée que l'on voyait dans ces films de cape et d'épée qu'il aimait tant. Un tantinet éloigné de la réalité et des standards actuels, mais qui le faisait tant rêver. Quelque chose d’inatteignable et irréel. Même si, une partie de lui continuait de l'espérer, d'une certaine façon, sa raison, elle, était bien consciente qu'une telle chose ne lui arriverait pas. Alors, oui, la journée ne l'avait pas emballé plus que ça et, le petit nouveau, un jeune violoniste italien particulièrement nerveux, avait enchaîné les erreurs avant de bloquer au même endroit, encore et encore, jusqu'à vaincre le calme et la patience de son compatriote. Toussant avec force pour attirer l'attention du chef d'Orchestre, Aldo s'était relevé. « Pardonnez-moi mais, nous n'y arriverons pas comme ça, si vous voulez bien m'accorder un instant pour … Venir en aide à notre ami, vous sauverez notre âme à tous. » Qu'il ponctua d'un long soupir épuisé.

Son instrument en main, l'italien se rapprocha du jeune homme et lui parla dans leur langue commune. « Bien, mon ami, nul besoin de paniquer ainsi. Je te demanderais … Non, je te supplierais de te concentrer, sous peine de quoi, l'orchestre entier va finir sur les dents. Regarde bien mon archet et mon majeur, c'est là que la magie opère. Je comprends bien que la succession de notes puisse paraître ardue mais, une fois l'astuce en tête, cela devient bien aisé. » Une grande inspiration et le violoniste repris, doucement, pour lui montrer, avant de jouer au tempo normal. C'est après lui avoir fait répéter plusieurs fois le mouvement, afin d'être certain que ce dernier aie pu l'intégrer, que notre homme repris sa place, sentant sur lui quelques regards emplis de gratitude, avant de s'excuser auprès du chef d'orchestre. La répétition reprit et, surtout, finit bien plus vite que ce à quoi on aurait pu s'attendre si cela avait ainsi continué.

Le calvaire enfin terminé, Aldo rangea proprement se violon dans son étui, avant de récupérer sa veste qu'il pris sous le bras, bien trop souffrant de la chaleur pour la revêtir convenablement dehors. Remontant doucement dans la grande sale, quelque chose attira son œil, dans un angle presque mort, au niveau des sièges. Tournant la tête, le quarantenaire aperçu une jeune fille, en début de trentaine, si ce n'était la fin de vingtaine, rousse et aux traits fins. Haussant ses sourcils notre homme sembla la reconnaître, ou du moins, il était certain de la connaître. S'avançant vers elle, le musicien plaqua son index sur ses lèvres pour lui signaler de ne pas faire de bruit et s'installa sur un siège, à côté d'elle, patientant un bref instant que tous et toutes aient fini par quitter les lieux. Une excuse bidon fut prononcée, disant vouloir rester encore un peu et s'imprégner de nouveau des lieux et réfléchir. Enfin seuls, son attention se reporta sur la jeune femme pour lui adresser enfin la parole. « Bien, bien, bien. Je dois vous annoncer, ma chère, que vous n'avez qu'un piètre talent pour la dissimulation. » Le tout accompagné d'un léger sourire avant de l'inviter à se relever. La découvrant un petit peu mieux, de jolis yeux, une taille que l'on pouvait deviner fine, par ce t-shirt rentré dans ce pantalon trop large. Élancée telle une danseuse. Une danseuse ? Oh, cela lui revenait. Agitant fièrement son index, victorieux, l'habitué des lieux reprit la parole. « Ça y est, je me souviens. Vous êtes la nouvelle danseuse, arrivée de Paris. Léa ... » Un froncement de nez et de sourcil tout en faisant nerveusement claquer ses doigts, comme si cela pouvait aider d'une quelconque façon, jusqu'à ce que, enfin, le nom refasse surface. « Léa Saint-Ange. » Le tout avec une prononciation plus que correcte, affichant un sourire victorieux.

« J'ai pu voir quelques opéras auxquels vous avez participé, vous semblez douée. » Une petite moue, presque impressionné. « Cependant, je me dois de vous prévenir, nous avons de nombreuses danseuses qui le sont. J'ai moi-même recommandé l'une d'entre elle, je suis certain qu'elle est promis à un grand avenir. » Amber, bien évidemment. Les mauvaises langues pourraient dire que si l'italien a soutenu sa candidature, c'était uniquement avec de mauvaises intentions. La jeune femme avait beau être des plus charmantes, jamais il ne se serait permis et d'entacher la réputation de l'Opéra et de piétiner les rêves d'une jeune femme. « De fait, je crains qu'il faudra continuer de vous battre, ici aussi, pour garder votre place. Enfin ... » Haussant les épaules dans un léger soupir. « Je suppose que la compétition nous pousse à donner le meilleur de nous-mêmes, après tout. » Un petit rire, éphémère, avant de reprendre un air plus nerveux, plus gêné, presque déçu. « Mais pardonnez-moi, j'ai une vilaine tendance à parler plus que de raison et, surtout, à m'emballer, tout en oubliant le plus important. Je n'ai pas eu la décence de me présenter. Aldo. Aldo Giallo. » Son accent s'accentua sur son nom, laissant s'exprimer toute cette intonation chantante refoulée en parlant allemand. Une main fut tendue pour des présentations formelles. « Je suis le Premier Violon de l'Orchestre. Il me semble que nous serons poussés à nous côtoyer régulièrement. » Un doux sourire avant de s'étirer. « Bien, de part vos allures de voleuses, j'aurais tendance à dire que c'est votre première fois ici ? Personne ne vous a fait faire la visite, n'est-ce pas ? » Un long soupir, tout en regardant sa montre. « Si je vous conviens comme guide de fortune, je peux essayer de vous faire voir ce qu'il y a à voir. J'ai, de toute façons, quelques heures à perdre jusqu'à ce soir, qu'en dites-vous ? »


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Re: Aldo Giallo ҉ "Vivre, ça doit être une sacrément belle aventure !"
Lun 19 Juil 2021 - 23:27
Vivre, ça doit être une sacrément belle aventure Aldo & Léa
Je détaille chaque parcelle de cette scène. Je la décortique pour garder en mémoire le moindre détail. C’est comme observer un tableau de maitre : au début, on a l’impression que tout peut être vu d’un seul coup d’œil alors qu’en fait, si l’on prend le temps de s’y pencher davantage, on peut apercevoir l’une ou l’autre subtilité cachée. De mon siège, je m’émerveille de plusieurs particularités visibles si l'on prend le temps de s’y attarder. J’apprécie l’ampleur et la profondeur du parquet permettant sans aucun doute des représentations grandioses avec des pas élaborés et aériens et des décors splendides. Les différentes poutres métalliques sur lesquelles sont suspendus les éclairages apparaissent légèrement, donnant un aperçu du panel de couleurs éventuel. La saillie de la scène hors du cadre principal et son ouverture sur la fosse de l’orchestre doit augmenter l’impression de profondeur lorsque l’on se trouve là-haut. Cela doit être grisant… À l’heure actuelle, nous répétons le Songe d’une nuit d’été de Neumeier. Au-delà de l’attribution des rôles, je me demande comment sera agencée la scène. Choisira-t-on plutôt une mise en scène classique ou moderne ? Des éclairages flamboyants ou discrets. Des décors oniriques ou contemporains? Comment seront utilisées la profondeur de l’espace et ces deux arêtes se projetant dans le public ?

Perdue dans mes élucubrations, je m’aperçois assez tard que quelqu’un a finalement fait attention à ma présence et s’approche de mon observatoire. Je veux saluer l’homme qui s’avance vers moi, mais il me fait signe de me taire encore quelques instants. Dire que je suis surprise est un doux euphémisme, mais je le suis davantage quand il prend place à mes côtés sur le siège adjacent. Sans réellement le connaitre, je sais qui il est. En quelques semaines, j’ai noué quelques contacts sommaires avec d’autres danseuses faisant également partie du groupe des solistes. Nous faisons peu à peu connaissance et, la plupart du temps, nous nous posons des questions sur nos gouts pour nous rediriger ensuite vers des lieux, des activités, des événements, des personnes… qu’elles estiment incontournables. Les ballerines ont généralement peu de pudeur que ce soit physiquement ou verbalement. J’ai rarement rencontré des danseuses qui n’avaient pas un certain franc parlé. Ainsi, malgré nos différences d’âge et notre rencontre encore toute neuve, elles ont déjà commencé à se renseigner sur mon type d’homme. Je suis restée assez évasive craignant qu’elles ne s’emballent et me trouvent déjà mille prétendants avant même que j’aie fini de déballer mes cartons. Cela n’a pourtant pas empêché Yun-Su de me vanter les mérites du Premier violon de l’orchestre. Aldo Giallo jouit visiblement d’une réputation toute taillée auprès des membres du corps de ballet. La première fois que j’ai entendu parler de cet homme remonte à quelques jours.
Chacun attendant son tour pour traverser la diagonale de la salle de répétition en grands jetés sous les indications du maitre de ballet, les langues se délient souvent. L’on m’a parlé d’un homme grand, beau à se damner et mystérieux comme personne. Tâchant de paraitre la plus détachée possible, mon interlocutrice s’est méprise et a imaginé que je ne croyais pas un mot de sa description. Alors, elle a absolument tenu à me montrer la photo officielle du musicien sur le site de l’Opéra. J’étais penchée sur ma jambe, m’étirant au sol, quand un smartphone a été posé devant mes yeux et sur lequel seul un cliché en noir et blanc était présent. Fière d’elle, elle m’a immédiatement demandé mon avis à ce sujet. Je lui ai répondu, en toute sincérité, que je le trouvais plutôt bel homme. Face à son air choqué et à celui désolé de nos camarades, j’ai d’abord cru avoir commis une erreur de vocabulaire, mais il n’en était rien. Selon elle, il est inconcevable de le trouver simplement bel homme tant la question est plus complexe qu’il n’y parait. Dans son égarement, je pense même qu’elle a dû utiliser le mot intense. Pour couper court à son éloge qui empruntait beaucoup au sermon, je lui ai répondu que j’aurais besoin de davantage qu’une photo pour me forger ma propre opinion. Satisfaite de cette réponse, elle m’a assuré que je le rencontrerai sans aucun doute bientôt et que je me rangerai assurément à son avis.
Et visiblement, bientôt tombe aujourd’hui. Quelques minutes passent sans que nous n’échangions aucun mot. Les musiciens quittent peu à peu leur lieu de répétition, certains s’inquiétant de voir leur collègue rester assis dans le premier rang du public. Une excuse d’inspiration leur est lancée et ils quittent les lieux convaincus ou dubitatifs. Finalement, le silence retombe dans salle. Le battant de la porte vient de s’ouvrir pour la dernière fois, nous laissant dans la pénombre du premier rang.

« - Bien, bien, bien. Je dois vous annoncer, ma chère, que vous n'avez qu'un piètre talent pour la dissimulation. ses yeux sombres se sont retournés vers moi et un sourire fin a barré son visage, me confortant dans mon idée première.
- Et qui vous dit, monsieur, que je cherchais à me cacher plutôt qu’à respecter le travail des musiciens ? mon sourire répondant au sien. »

À sa demande, je laisse le siège se rabattre et nous nous faisons face. Je découvre un homme d’une petite quarantaine d’années, les cheveux accordés à son regard ténébreux et une barbe savamment travaillée. La silhouette plutôt svelte et le visage à peine marqué par les années, il est assez séduisant. Je commence à comprendre ce que ma collègue entendait par intense lorsqu’il m’observe, se souvenant manifestement m’avoir déjà aperçue auparavant.

« - Ça y est, je me souviens. Vous êtes la nouvelle danseuse, arrivée de Paris. Léa ... il recherche assez loin dans ses souvenirs pour compléter mon nom et j’étais prête à l’aider quand finalement la mémoire lui est revenue. Léa Saint-Ange. je suis surprise par sa prononciation qui est si atypique dans ce pays et cela doit se marquer sur mon visage.
-C’est exact. tout en hochant la tête, je lui souris plus franchement ; je n’ai pas le temps d’achever les présentations qu’il poursuit.
- J'ai pu voir quelques opéras auxquels vous avez participé, vous semblez douée. je me sentirais presque flattée, mais ce « semblez » me fait froncer un sourcil indécis tout en continuant de sourire. Cependant, je me dois de vous prévenir, nous avons de nombreuses danseuses qui le sont. J'ai moi-même recommandé l'une d'entre elles, je suis certain qu'elle est promise à un grand avenir. c’est donc cela, me dis-je… De fait, je crains qu'il faille continuer de vous battre, ici aussi, pour garder votre place. Enfin ... Je suppose que la compétition nous pousse à donner le meilleur de nous-mêmes, après tout. si je trouve son rire charmant, je suis déconcertée par cet air gêné qu’il affiche tout à coup. Mais pardonnez-moi, j'ai une vilaine tendance à parler plus que de raison et, surtout, à m'emballer, tout en oubliant le plus important. Je n'ai pas eu la décence de me présenter. Aldo. Aldo Giallo. cet accent chantant me rappelle mon voyage de fin d’études et me fit comprendre d’où lui vient ce défaut dont il semble embarrassé ; j’affiche à nouveau un large sourire tout en serrant la main qu’il me tend, son contact est doux et ferme à la fois. Je suis le Premier Violon de l'Orchestre.
- Enchantée de vous rencontrer, mais pour être tout à fait honnête avec vous, je le savais déjà. nos mains s’éloignent pendant que je lui fais ma petite confidence.
- Il me semble que nous serons poussés à nous côtoyer régulièrement.
- Il semblerait en effet. je suis plus ravie que je ne voudrais me l’avouer de cet état de fait.
- Bien, de par vos allures de voleuse, j'aurais tendance à dire que c'est votre première fois ici ? Personne ne vous a fait faire la visite, n'est-ce pas ?
- La première fois ? Pas tout à fait. je fronce légèrement le nez à cet aveu. Je connais plutôt bien le couloir entre la porte secondaire et la salle de répétition numéro 1. je laisse échapper un rire discret. Comme vous l’avez dit, je dois me battre pour garder ma place parmi les sujets et cela passe par le travail. Mais ce n’est pas à vous que je vais apprendre que, sans cela, le sommet serait bien moins attrayant à atteindre. dis-je sur un ton de connivence. Pour le reste c’est effectivement, la première fois. j’acquiesce et il me répond par un soupir tout en jetant un regard à l’heure.
- Si je vous conviens comme guide de fortune, je peux essayer de vous faire voir ce qu'il y a à voir.
- Oh, je ne voudrais pas alourdir votre agenda qui doit être déjà bien chargé. je réponds à son soupir et à sa demande par une pointe d’humour.
- J'ai, de toute façon, quelques heures à perdre jusqu'à ce soir, qu'en dites-vous ?
- Si vous insistez… je passe une mèche de cheveux derrière mon oreille. Cependant, avant cela, j’ai une toute petite chose à faire. j’accompagne ces mots d’un mime de la petitesse en rapprochant le pouce et l’index de ma main droite. Vous m’accordez une minute ? je me mords la lèvre inférieure avant de reprendre mon sourire. »

Je me retourne et avise les quelques marches escamotables reliant le parterre et la scène. Je grimpe d’un pas leste pour atteindre ce lieu qui m’attire tel un aimant. J’observe à nouveau le moindre détail, les yeux brillants. Tournant sur moi-même pour ne pas rater quoi que ce soit. Je finis par arriver au centre de la scène et mon regard se pose sur les sièges vermillon et les balcons. Je ferme les yeux et je peux presque entendre les instruments qui s’accordent, le public qui s’installe, le silence précédant le spectacle et les applaudissements le suivant. Je peux ressentir l’appréhension d’avant représentation et l’exaltation de quelques pas à peine posés au son d’une mélodie harmonieuse. Je m’assois au bord de la fosse, une jambe dans le vide, l’autre repliée devant moi, et je contemple encore un peu ce qui se trouve devant moi avant de laisser échapper un rire bref. Faisant le tour de la salle, mes yeux rencontrent ceux du Premier violon.

« - Désolée… je dis cela sans l’être en réalité, pour la forme. Mon premier maitre de ballet disait que si l’on ne se voit pas sur une scène, l’on n’y performerait jamais… je dis cela d’un air peu distrait, l’œil accroché par une ouverture au deuxième balcon. que si l’on ne ressent aucune excitation à s’y produire, alors l’on serait toujours médiocre dans ses représentations. j’ai un sourire attendri face ce souvenir de mon premier cours de danse classique à l’Académie. Alors depuis, à chaque fois que je dois monter sur une nouvelle scène, je fais cela… Parce qu’au final, c’est cela qui me donnera toute l’énergie pour travailler avec acharnement, les mêmes pas encore et encore… je reviens à lui et je rougis légèrement face à mes divagations qu’il doit subir. Je suis désolée… C’est à mon tour de trop en dire visiblement… Bon ! je me redresse avec souplesse. Alors, monsieur mon guide, quelle est la prochaine étape de la visite ? »

Rassurée sur ce point, j’ai l’impression que l’on vient de m’ôter une capeline de plomb qui pesait durement sur mes épaules. J’ai envie de me produire ici, de donner le meilleur de mon art sur ces planches. Quant à l’homme en face de moi, il doit certainement me trouver un peu extravagante, mais qu’importe. L’enivrement ressenti me faire dire que vivre ici sera incontestablement une aventure.
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Re: Aldo Giallo ҉ "Vivre, ça doit être une sacrément belle aventure !"
Mar 10 Aoû 2021 - 13:53




« Vivre, ça doit être une sacrément belle aventure »


Léa & Aldo








D'aucuns pourraient y voir une forme de destinée, de hasard ou de coup de pouce d'un quelconque être céleste, voire même un jeu insidieux d'un être venu de plus bas. Certains sont ceux à rire des coïncidences bienheureuses en vous disant que le hasard faisait bien les choses, mais, n'était-ce pas étrange ? Voire même un peu trop bien coordonné ? Aldo, même s'il croyait à certains concepts cosmiques, voire religieux, n'aimait pas le concept de fatalité. À quoi bon vivre si tout était déjà écrit ? Si tout était déjà écrit par un être supérieur, pourquoi le prier ? Pourquoi lui demander quoi que ce soit si le fameux plan était déjà lancé bien avant la naissance ? Et puis, surtout, si cette fameuse divinité était bonne et bienveillante, pourquoi nous écrire pareil monde ? Pourquoi créer toutes ces atrocités ? À moins que, peut-être, la main du destin et la main créatrice n'appartiennent pas au même être ? Qui sait ? Notre homme y réfléchissait, de temps à autre, se perdant dans des raisonnements alambiqués, tout comme il se perdait dans des théories farfelues. Une chose était certaine, cependant, c'était qu'Invictus était un poème qui l'avait marqué, tant à l'écrit qu'à l'écran, grâce au film du même nom, très justement placé selon lui.

Mais où veut-il en venir me direz-vous ? C'est très simple, assez peu de temps après avoir discuté avec la jeune Amber des histoires de cœur, de l'impossibilité de créer quoi que ce soit avec une musicienne et, surtout, l'idée de peut-être tenter sa chance avec une danseuse … La voilà elle, qui semble littéralement apparaître de n'importe où. Certes, la phrase fut lancée, un peu, sur le ton de la plaisanterie, mais, n'était-ce pas une coïncidence un peu trop belle ? Il y avait fort à parier que si Amber était présente, celle-ci aurait trouvé un moyen ou un autre pour le lancer dans cette direction, alors que lui semblerait légèrement perdu par tout cela. Non pas que les mots ou le courage puissent lui manquer, mais, une telle situation relevait presque de l’irréel. Dans tous les cas, la jeune femme resta sage et silencieuse, semblant bien vouloir écouter la directive muette du nouvel arrivant, qui en alla même à noyer le poisson auprès de ses confrères un peu trop curieux. Qu'on veuille bien le croire ou non, le napolitain s'en moquait éperdument. Certes, le violoniste essayait de ne jamais mentir, ou du moins, le plus possible, mais, il lui arrivait fréquemment de s'asseoir là, pour se ressourcer, trouver de la motivation ou de l'inspiration. De plus, outre le lieu, sa compagne d'infortune n'avait-elle pas de quoi inspirer ? Un peu tordu, certes, mais une forme de vérité comme une autre.

Enfin seuls, Aldo proposa à la presque inconnue de se relever et celle-ci prouva bien vite avoir un certain sens de la répartie, chose qui l'amusa beaucoup, se laissant même prêter au jeu. « À part vous voir ainsi accroupie, en tentant de vous dissimuler aux yeux de tous, vous voulez dire ? » Une moue hésitante, avant que son index ne vienne tapoter son menton, l'air pensif. « Je ne vois pas. » Un doux sourire joyeux pour finir. Il ne fallait pas que son interlocutrice le prenne comme une attaque, simplement une petite plaisanterie, rien de plus. S'ensuivit un long monologue, comme il avait tant l'habitude, se présentant tout en évoquant le fait qu'il l'avait déjà vue en vidéo, la façon dont il l'évoqua sembla faire tiquer son interlocutrice, mais, le quarantenaire ne releva pas la chose, préférant continuer sur sa lancée, finissant la chose dans une poignée de main courtoise. La danseuse, de son côté, sembla vouloir se montrer franche aussi, elle le connaissait déjà. Cette révélation tira un petit sourire en coin à l'étranger. « Serais-je si célèbre que cela ? Peut-être vous a-t-on déjà parlé de moi ? En bien je l'espère. » Un léger rire, des plus brefs. Notre homme avait beau tout faire pour être des plus agréables, avec les meilleures des manières, il ne pouvait malheureusement pas empêcher les gens de médire sur lui. De la jalousie ? Une vision faussée de la chose ? Après tout, était-ce si difficile que ça que d'imaginer des inconnus penser de lui que tout cela n'était que de la poudre aux yeux, voulant se faire passer pour ce qu'il n'était pas ?

Son monologue enfin terminé, le premier violon tenta d'en apprendre un peu plus sur on interlocutrice et, surtout, sur sa connaissance des lieux. De son côté, elle avoua ne connaître que peu de choses sur l'endroit si ce n'était la salle de répétition et le couloir qui y menait, avant de renchérir sur le fait qu'elle se battrait pour avoir sa place, mais aussi que lui devait savoir ce que c'était que de constamment s’entraîner pour vouloir être au sommet. Chose à laquelle il acquiesça avant de lui proposer de lui servir de guide, chose qu'elle accepta, non sans douter de son emploi du temps chargé qui ne l'était pas tant que ça. « Ne vous en faites pas, je dois rejoindre un ami ce soir, j'ai largement le temps. » Et puis, satisfaite de la réponse, elle accepta avant de lui demander un instant avec un petit sourire. « Tout ce que vous voulez. ». Son sourire se perdit au fur et à mesure que la belle rejoignit l'estrade, avec grâce et … Bonheur. Oui, elle semblait emplie de bien-être en cet instant, laissant paraître tout son charme, avant même de lui laisser entendre son rire. Bien entendu, Aldo observa avec attention et intérêt ce … Rituel, probablement ? Ce n'est qu'une fois de retour vers lui qu'il en apprit un peu plus sur tout ça, une vieille habitude transmise par son premier maître de ballet, dans le but de la ressourcer, de lui donner force et courage. Elle s'excusa deux fois, avant de tenter de bifurquer sur autre chose, voulant lancer la visite. Lui, cependant, préféra revenir sur la chose. « Allons, de quoi vous excusez-vous ? De m'avoir laissé assister à votre petit rituel ? Partagé vos superstitions ? De m'avoir montré votre plus beau sourire et votre rire ? Ou peut-être était-ce de m'avoir permis d'observer votre grâce et votre charme ? Vous n'avez à vous excuser de rien, cela serait plutôt à moi de vous remercier de m'avoir permis d'assister à cela. » Le tout avec un grand sourire bienveillant. « Mon rituel à moi est bien moins chaleureux à regarder, je me contente de m'asseoir dans la salle durant de longues heures pour m'imprégner de tout ça, tenter de trouver quelque chose qui pourrait m'aider à mieux jouer, rien de plus. »

La visite, quant à elle, ne pouvait commencer que par un seul endroit, à entendre son estomac gargouiller. « La première étape sera … La cafétéria. Il n'y a personne à cette heure-ci, mais, les distributeurs sont bien présents et, j'aimerais bien pouvoir grignoter et boire quelque chose. Ainsi, si vous voulez bien ... » Récupérant sa mallette en se relevant, l'habitué invita la demoiselle à le suivre, passant la grande porte avant de déambuler dans les couloirs un bref instant. Une nouvelle grande porte ouverte avec facilité, invitant la belle à passer avant lui. « Pour être tout à fait franc, la nourriture est vraiment bonne et convient à tous et à toutes. J'espère que vous vous plairez ici. » Un petit sourire en coin avant de s'avancer jusqu'aux distributeurs. Glissant quelques pièces dans la fente, Aldo désigna la machine de sa main. « Allons, qu'est-ce qui vous ferait plaisir ? Je vous invite. » Un petit sourire. « C'est bien moins agréable qu'un resto, mais, c'est un bon début. Cela semble peut-être un peu prématuré pour une invitation au restaurant … Sauf si, bien sûr, vous veniez à insister. » Un léger rire, doux et agréable, en l'observant avec délice, pour finalement lâcher un long soupir, presque béât. « Je n'ai pas pu m'empêcher de vous imaginer dans une élégante robe de soirée, vous devez être divine, je n'ose imaginer les ravages qu'un dos nu pourrait provoquer au sein de la population. » Tout en riant de nouveau, amusé par ses mots, qui se voulaient sincères. « Pour en revenir au distributeurs, je recommande les bretzels ils sont exquis. »

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gare à la crise de la quarantaine
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Re: Aldo Giallo ҉ "Vivre, ça doit être une sacrément belle aventure !"
Dim 22 Aoû 2021 - 20:49
Vivre, ça doit être une sacrément belle aventure Aldo & Léa
D’aussi loin que je m’en rappelle, l’Opéra a toujours été pour moi un lieu à la fois mystérieux et fantasmagorique. Je ne comprends pas l’attraction que ce lieu exerce sur moi depuis ma plus tendre enfance. Pourtant, il a pour moi un charme inégalable, une majesté sans pareil. J’ai comme l’impression qu’entre les murs de cette bâtisse, tout peut arriver et faire partie de cette magie, en être une infime poussière, c’est une expérience sans pareil. Entre ses quatre murs, j’ai vécu mes plus belles victoires, mes plus brillants éclats de rire, mes pires déceptions et certains de mes plus prodigieux souvenirs. Je me suis tenue là où des centaines d’autres l’ont fait avant moi. Galvanisée par leurs expériences, comme des fées penchées au-dessus d’un berceau, elles m’ont permis de donner mon maximum et plus encore pour transmettre et faire vivre cet ésotérisme, pour que d’autres après moi rêvent de cette scène, de ces décors, de ces costumes. L’Opéra a fait naitre chez moi une passion sans commune mesure. Il a tracé mon destin à l’encre indélébile dès la première seconde où j’ai vu apparaitre ces lourds rideaux vermeils et ces fées gracieuses en tutus multicolores. Se retrouver sur ces planches, face à ces balcons monumentaux, c’est comme faire partie d’un macrocosme qui nous dépasse totalement, être les pièces d’un échiquier géant. Moi, qui ne crois qu’à moitié en la prédestination de l’être, je peux avouer sans gêne que l’opéra a fait de moi ce que je suis, rendant le moindre de mes mouvements inévitable, le moindre de mes choix calculé, la moindre de mes rencontres arrangée. Ce célèbre parquet m’a donné une énergie et une hargne hors du commun. C’est cette ambiance, cette chaleur particulière qui m’a fait complètement tomber sous le charme du Palais Garnier. Toutefois, ma ville est loin derrière moi et j’ai besoin de savoir si l’horizon sera tout aussi enchanteur que l’est la route qui m’y conduit. Pour la première fois, j’avance sur la corde raide sans filet. Et si je ne ressens pas le même engouement une fois sur cette scène ? Et si Hambourg ne réussit pas à me faire vibrer comme Paris y est arrivé ? Et si je ne parvenais pas à être prise dans le maelström que doit générer une telle institution ? Autant de doutes et autant de questions que ne pourront trouver une réponse qu’en gravissant les quelques marches qui me séparent de ma place sur ce nouveau damier.
Pourtant certaine que rien ne pourrait me détourner de mon but dans cette salle, cet homme y est arrivé pendant un instant. Sa répartie, son sourire et sa conversation auraient presque pu me faire oublier ce pour quoi j’ai tant hésité à passer la porte principale du bâtiment. Un doux sourire se peint sur mes lèvres quand, face à mon honnêteté, il s’enquit de sa célébrité et de l’image de lui que l’on a pu esquisser pour moi dans un rire parfaitement attrayant.

« - Disons simplement que certaines de mes collègues m’ont parlé de vous et que vous en laissez très peu indifférentes… j’observe encore le visage de l’homme en face de moi comprenant peu à peu les raisons de leur trouble. Donc en bien oui mais, malheureusement pour moi, je ne peux pas vous retourner votre compliment quant à vos dons musicaux, vu qu’elles abordent rarement ce sujet… »

Je laisse ma phrase en suspens à dessin. Après tout, qui ne comprendrait pas le sous-entendu de cette phrase et qui me fera croire qu’il n’est pas conscient de l’effet qu’il peut produire sur la gent féminine ? Entre son assurance, son sourire, son regard ténébreux et sa carrure athlétique, je commence à comprendre pourquoi mes collègues étaient si empressées de me parler de lui et pourquoi elles trouvaient inconcevable que je ne le connaisse pas. Cependant, au-delà de ses qualités physiques, sa proposition galante de me servir de guide et sa répartie tout en finesse sont autant de petites choses qui me font dire qu’elles sont très éloignées de la définition complexe que l’on doit accorder à cet homme. Si nous avions été dans d’autres circonstances, j’aurais répondu à son « Tout ce que vous voulez » par une réplique piquante l’avisant du danger de faire ce genre de proposition, mais je suis déjà bien trop accaparée par ma découverte pour y penser. En effet, comment envisager de découvrir le théâtre sans passer par sa scène, sans passer par cet habitus qui me poursuit depuis mes premières véritables leçons de danse ? La démarche résonne en moi avec un sens plus qu’évident et logique : ce plateau est censé être tout mon univers pour les mois, voire les années, à venir ; si je n’y ressens rien, aucune alchimie, aucune envie, comment réussir à atteindre le niveau suffisant pour transmettre toute la beauté de l’art que je pratique ? À mon grand bonheur, cette scène et la salle tout entière semblent chanter pour moi voulant me faire vibrer d’exaltation. Je sais sans pouvoir réellement l’expliquer que tout cela me donnera envie de prolonger mes efforts, de donner le maximum et plus encore pour faire briller cet endroit de tout son éclat. Le rire qui m’échappe n’est en fait que la manifestation physique de l’apaisement de mes doutes, la tranquille expression du bien-être de se sentir parfaitement au bon endroit. Et puis, je me rappelle que je ne suis pas seule, que j’ai partagé cette excentricité avec quelqu’un que je viens à peine de rencontrer et qui pourrait, à juste titre, être perplexe face à cette démarche. Pourtant, alors que je rebrousse chemin vers les quelques marches gravies plus tôt avec une certaine appréhension, il ne semble pas dérangé par ces quelques minutes où plus rien n’apparaissait autour de moi hormis l’hémicycle et les sensations que ce dernier provoquait à mon imaginaire. Au contraire, il est aimable et bienveillant comprenant mes raisons tout en m’accordant quelques compliments qui font légèrement rosir mes joues. Il me confie même sa propre manière de se laisser inspirer par cette pièce.

«  - Chaleureux, vraiment ? l’interrogé-je un discret sourire au coin des lèvres. Je ne suis pas certaine que ce soit le mot exact… je me tourne une dernière fois vers la scène déroulée devant mes yeux tout en écoutant avec intérêt sa façon de faire. Pourquoi dans la salle ? me retournant vers lui animée d’une réelle envie de comprendre. Si j’ai besoin de monter là-haut, c’est pour être inspirée par ce à quoi je vais faire face… Alors pourquoi dans la salle ? ma tête se penche légèrement sur la droite. »

Après ces considérations purement artistiques, j’ai attendu peu de temps avant de savoir quelle serait la première étape de notre visite. Les sons discrets, mais bien présents, produits par son estomac ne laissent aucun doute. Je ris brièvement face à sa proposition comprenant parfaitement qu’après de longues heures à se donner à son art, le corps nous rappelle à l’ordre. Je le suis le long des rangées de sièges, remontant sans un réel empressement l’allée centrale avant de passer la porte qui m’a tout à l’heure permis d’entrer dans cette salle surprenante en tout point. Les couloirs n’ont rien de vraiment extraordinaire empruntant à leurs prédécesseurs modernes le tapis rouge reliant les différents éléments entre eux. Sur les murs, on peut apercevoir plusieurs photographies monochromatiques présentant les arts travaillés au sein de l’institution, tantôt un violon, tantôt un masque, tantôt un élément de décor, tantôt une pointe… Rapidement arrivés à destination, je suis charmée face à cet autre acte de galanterie qu’il pose en me tenant la porte. Nombreuses sont les femmes qui pensent que ce genre de geste est dégradant pour la condition féminine, la renvoyant à une image d’objet frêle et fragile, mais soyons honnêtes chez lui cela lui confère un attrait certain. Il m’énonce les qualités de l’endroit, communes à beaucoup d’autres, avant de passer à un autre registre. Me souhaitant de me plaire entre ces murs avec un sourire en coin séduisant, je n’ai qu’une envie, lui répondre que cela semble plutôt bien amorcé en lui accordant le même type de sourire. Toutefois, craignant de mal interpréter ces mots et voulant être raisonnable, je préfère lui sourire tout en lui accordant un vague « Nous verrons… ». L’accompagnant vers ses fameux distributeurs, toutes mes velléités de mesure s’envolent. Entre ce sourire amène, cette invitation voilée, ce regard grisant et ce compliment affriolant, il aurait été fort difficile de ne pas répliquer.  En occultant ce qu’il est, un collègue de travail, et en pesant soigneusement chaque mot, je plonge mon regard dans le sien.

« - Hmm… réfléchissant à peine quelques secondes en me mordant le coin droit des lèvres. Dans ce cas, je vais me voir dans l’obligation d’insister… je souris énigmatique. Car, tout d’abord, l’expérience m’a appris qu’il faut toujours vivre plutôt qu’imaginer… à peine une respiration. Et je pense avoir, dans mes placards, un petit quelque chose qui pourrait tout à fait correspondre à votre imagination… un très bref silence permettant d’augmenter la légère tension que je veux installer. Ensuite, j’ai appris qu’il faut toujours satisfaire sa curiosité et je suis réellement curieuse de voir l’effet que vous pourriez produire dans un beau et avantageux complet. à mon tour d’user d’un sourire en coin tout en le détaillant avant de revenir à ses yeux. Enfin… j’avise ma montre rapidement. J’ai terminé mon déjeuner il y a à peine trois quarts d’heure et je n’ai pas vraiment faim… je brise la proximité que s’était installée sans qu’on y prenne garde. Une bouteille d’eau, ce sera parfait. je désigne mon souhait avec de m’éloigner toujours le sourire aux lèvres ».

Me détournant, j’observe la cafétéria avec intérêt relevant quelques détails anodins qui pourtant prouvent que ce lieu remplit bien plus que sa fonction initiale. Au-delà des tables déjà dressées, de chaises parfaitement ordonnées, on sent une forme de chaleur de convivialité dans ce lieu. Je l’observe avec moins de fascination que la scène tout à l’heure, mais je retiens sa localisation et les opportunités qu’il pourrait m’offrir. Après quelques minutes, je pivote à nouveau vers le Premier Violon.

« - Depuis quand êtes-vous ici, Konzertmeister ? À l’Opéra, je veux dire. je désigne vaguement de la main ce qui nous entoure. Et… pourquoi ne pas avoir choisi Rome ? Ou Milan ? »

Au-delà de ma curiosité des lieux, il attise chez moi une autre forme de curiosité, peut-être déplacée mais bien présente. D’une certaine façon, peut-être veux-je rendre la prédiction de Yun-Su caduque ou peut-être simplement veux-je trouver une intensité au-delà de son regard…  
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