Alcools, Guirlandes et Musiques

Alcools, Guirlandes et Musiques Jeu 10 Déc 2020 - 20:15

Marché de Jungfernstieg ….. le vendredi 11 décembre.

C’était un David plus qu’impatient qui attendait aux portes du marché de Jungfernstieg en soufflant dans ses mains pour se réchauffer. L’air était glacial, le léger vent qui s'élevait n’aidant pas à garder la chaleur, mais le temps était sec pour l’instant. Un temps comme il les aimait et qui sait peut-être un peu de neige pour terminer la soirée et ajouter une note festive à ce qu'il avait prévu ?.

Le marché de Noel semblait prometteur rien qu’à voir le monde arrivant et les chalets qui se succédaient. Et il ne serait pas seul ce soir pour partager ces moments. L’invitation avait été lancée à Inga entre deux échanges de sms, invitation acceptée pour ton bonheur. Et ce n'était pas un, mais deux marchés que les deux amis allaient visiter ce soir. ils auraient pu se prévoir deux soirées, mais chacun d’eux avait cette frénésie de vouloir tout faire, tout de suite. Il ne fallait surtout pas aller contre ses propres envies.

David adorait les fêtes de fin d’années, ces moments de fêtes où l’esprit était un peu plus léger, plus gai oubliant soucis et problèmes pour regarder le monde comme un enfant émerveillé. Meme la quarantaine dépassée, il avait encore, pour certaines choses, gardé cette vision des fêtes, peut-être, voire sûrement trop naïve. Et il voulait partager ces instants festifs et hors de tout avec la petite brune qui gravitait depuis 20 ans dans son monde.

Des fêtes à venir, ce n’était pas le premier événement sur sa semaine qu'il préparait. Il avait monté son sapin de noël le week end précèdent avec sa fille, un énorme sapin qui trônait dans le salon avec des guirlandes aux couleurs vives et lumineuses. Meme si cette année Hannah ferait Noel avec sa mère et son nouveau compagnon, loin de lui, il avait voulu marquer le coup. Pour elle, autant que pour lui. Il passerait le 24 seul, surement avec une bonne bouteille, ou peut-etre chez Adel, mais ces quelques moments avec sa fille seraient comme toujours inoubliables, le 28 ou le 24, quelle importance en fin de compte ? Hannah était aujourd’hui en âge de comprendre que le père noël n’existait pas vraiment et qu’elle aurait autant de cadeaux qu’elle le voudrait, meme après noël. Pourtant et pour surprise, il s’était mis d’accord avec son ex femme pour lui amener les cadeaux qu’il avait prévu pour elle afin que son noël soit complet.

Ce samedi soir, il avait donc lâché son boulot pour faire quelques emplettes, et ce n’etait pas la pire idée qu’il avait pu avoir, un tour au bar qui avait également revêtu ses habits d’hiver par la décoration posée par la serveuse, et cet artiste qui avait dessiné une véritable arche de noel sur les carreaux du bar, et enfin quitter son train train habituel pour rejoindre les abords du marché où ils avaient décidé de se retrouver. En ce début de soirée, les illuminations scintillaient de mille feux et etaient magnifiques, on sentait déjà les marrons grillés et le vin chaud, les pâtes à gaufres et autres délicieuses confiseries, autant d’odeurs savoureuses qui faisaient saliver les papilles Pourtant c’était un alcool qui avait retenu leur attention quand ils s'étaient décidés pour un des marchés, la Caïpirinha chaude. A découvrir. A tester. A ne pas en abuser. Peut-être … Ou bien ils assumeraient tous deux un lendemain difficile muscles raidit et un mal de crâne à s’en damner les cheveux.

Rien n’avait été prévu autre que cette dégustation avant de passer par le marché de la Winter Pride où des groupes de musique se succédaient. Mélomanes tous deux, c'était une suite normale à leur soirée.

Enfin les 19h sonnaient, au loin une silhouette reconnue, et c'est d'un sourire ravi qu'il accueillit sa complice pour la soirée.

@inga Dinckel

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DAVID & INGA

Je file dans les rues d’Hambourg, laissant la morsure du froid rosir mes joues. Mes yeux sont inexorablement attirés vers les décorations scintillantes qui illuminent la ville plongée dans l’obscurité depuis plusieurs heures déjà. Le solstice d’hiver approche et je n’ai pas vu décembre arriver. C’est étrange. Lorsqu’on occupe ses nuits à d’autres activités que le sommeil, le temps devrait passer moins vite et les jours compter double. Ce n’est pas le cas. Je ne serais pas surprise de cligner les paupières et de me retrouver propulsée au printemps, enveloppée par la douceur de l’air devant un parterre de tulipes en fleurs, comme celles de mon jardin d’enfance. Ce songe m’évoque ma famille et les cinq appels de ma mère que je n’ai pas pris la peine de retourner, les cinq messages que je n’ai pas eu l’énergie d’écouter. Je fronce les sourcils en soupirant. Je ne sais pas si j’ai la force de passer un réveillon de plus à essayer d’expliquer à mes parents que non, ce n’est pas de la provocation symptôme de la crise d’adolescence éternelle dans laquelle je serais selon elleux enfermée depuis un quart de siècle que de choisir de ne pas exploiter des êtres sensibles pour son plaisir gustatif lorsqu’on peut tout simplement faire autrement. Que non, ce n’est pas de l’opposition bornée et stérile que de ne pas souhaiter me marier ni fonder une famille. J’ignore si je parviendrai un jour à les convaincre que mes rébellions et mes choix de vie ont peu à voir avec elleux et tout à voir avec moi. Je n’en peux plus de regarder leur narcissisme tenter de s’accaparer mes valeurs les plus noble. J’attrape mon téléphone portable et je consulte encore la liste de mes appels manqués, me confortant dans l’idée de repousser la corvée à une date ultérieure.

Je suis presque en retard, je pourrais l’être si je ne presse pas un peu le pas. J’augmente le volume de ma musique et je laisse la puissance de Patti Smith alimenter ma cadence. Je suis censée retrouver David au marché de Noël de Jungfernstieg. La perspective de cette soirée a beaucoup occupé mes pensées pendant les dernières heures. Je me suis rendue à Berlin aujourd’hui pour donner une conférence dans mon ancienne université. C’était tout à fait particulier de parcourir à nouveau ces couloirs, de croiser ces professeur·es qui semblent à jamais figé·es dans le temps, de croiser les visages juvéniles de cette communauté d’étudiant·es à laquelle j’ai encore quelque part l’impression d’appartenir. Il y a pourtant cette distance irrattrapable entre elleux et moi, comme en témoigne la paillasse qui nous séparait ce matin. On sent le poids du temps qui passe et, si l’on décide d’être optimiste, on regarde derrière soi et on prend conscience du chemin parcouru, des crêtes et des vallées qui s’offrent au regard et qui, avec la perspective du recul, ne semblent plus si obscures et effrayantes. J’ai pris un covoiturage à l’aller mais je suis rentrée en train et tout s’est bien passé. Je crois que ça m’a aidée de penser à ce soir en laissant mon regard se perdre à travers la vitre sur les contours les paysages de la campagne allemande, de songer aux lumières, à David, à notre complicité et à nos rires libérés par le vin chaud qui viendraient s’élever dans la nuit hambourgeoise.

Je franchis le seuil du marché et je souris à la vue des dizaines de tentes blanches bordant l’Alster qui prennent subtilement les teintes des illuminations accrochées aux branches des arbres nus. Je marque un temps d’arrêt, contemplant un instant la beauté artificielle qui s’offre à moi. Je replace mes cheveux correctement autour de mon visage, j’ajuste mon écharpe et j’ôte mes écouteurs, impatiente à l’idée de passer un agréable moment. J’aperçois la silhouette de David au loin et je m’élance à sa rencontre, le sourire aux lèvres. « Hey ! » Je m’approche avec empressement et lui offre une accolade chaleureuse. J’interromps l’étreinte et recule de quelques pas tout en fronçant les sourcils, un air malicieux sur mon visage. « Il est où le chapeau léopard ? »

Re: Alcools, Guirlandes et Musiques Mar 22 Déc 2020 - 9:57

C’était une attente qui n’avait rien de pénible, meme pour quelqu’un comme David qui aimait bien quand tout tournait rapidement sur des roulettes. Ici il savait qu’il avait le temps de profiter, et surtout qu’il voulait prendre le temps d’en profiter. Ces instants aussi bien festifs qu'amicaux, étaient rares et précieux. On essaie souvent d’oublier le pénible et de demander au temps de faire son œuvre afin que les tracas disparaissent, mais personne ne demande que les bons moments soient effacés et passent à vitesse grand V. Et lui comme un autre, espérait que la soirée s’étire à l’infini.

L’arrivée d’Inga sonnait le début de leur soirée entre alcool, pain d'épice, marrons chauds et musique, sous couverts de guirlandes et de sourires qui les entouraient. L’esprit festif par excellence. Quand à eux, le programme était plus ou moins bien établis. Ils n’allaient certainement pas rentrer droit chez eux ce soir, mais une fois de temps en temps cela ne faisait pas de mal de se lâcher un peu pour retrouver une certaine forme d’insouciance. Inga était la meilleure complice pour passer un moment entre rire et boissons..

L’accolade est tendrement rendue à la petite brune, une bise sur le front avant de prendre une distance raisonnable, voir une distance outrée à la première question qu’elle lui pose.. Les mains sur les hanches, Il hoche la tête feignant un désappointement forcé.

- ah oui tu es comme ca toi ? tu attaques dès le début OKAY prépares la défense du plus charmant et unique David...iopard ! ca, pour une nouvelle espèce, ca en est une.!

Il sortit de son sac à dos le fameux chapeau objet de future raillerie et le posa bien sur la tête. Un abat-jour leopard ? Un top modèle léopard ? Si seulement il avait l'air si classe.
- Et voilà, avoue que tu craques, que mon charme félin agit sur toi comme le plus merveilleux des électrochoc.! Bon celui qui craquait nerveusement c’etait lui pour le coup, envolé entre excitation de noël, et celle de leur soirée en perspective. - Je te promets je n’ai pas encore bu * qu'est-ce que ca serait sinon ! * - - Oh attends .. Je ne t’ai pas oubliée !

Ouvrant à nouveau son sac, il en sortit un charmant bonnet de noel avec des couettes blondes, et lui enfila sur la tête. Il s'écarta pour l'observer tout sourire. - Je dois dire que tu es charmante ainsi ! Moqueur? Très légèrement, si peu.. beaucoup. Autour d’eux déjà entre bonnet de noël et chapeau léopard quelques sourires en les regardant.- Prête à passer une nuit de folie miss Couette-Couette?

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DAVID & INGA

Relâcher la pression dans le tourbillon des rires et de l’ivresse. Lâcher prise, peut-être. Dans le froid de décembre, j’ai l’impression d’humer les promesses de cette soirée. Je sens dans tout mon être que j’en ai terriblement besoin. Je me suis chargée de tant de tâches, d’impératifs, de responsabilités pour me maintenir ancrée dans le quotidien et m’éviter de me disperser afin d'être en mesure de soutenir mon frère et d’affronter la crise que traverse ma famille que j’en paie le prix. Je reste droite, solide, fiable mais je m’éloigne de moi-même et je le sens, le poids sur mes épaules, ces tensions qui m’empêchent de trouver la sérénité. Ce soir, j’ai décidé d’envoyer valser tout ce bordel. J’ai décidé d’être insouciante. C’est à ça que je songe en haussant les sourcils alors que David sort fièrement son sublime chapeau léopard de son sac à dos. Je laisse échapper quelques éclats de rire en réaction à la cascade de bêtises qu’il raconte puis je m’approche un peu, me hissant sur la pointe des pieds pour ajuster le splendide couvre-chef sur sa tête. « C’est totalement ta couleur. Tu vas faire des ravages dans la savane. » Je plonge quelques instants mon regard dans le sien en songeant au talent qu’a notre complicité de s’accrocher aux choses les plus stupides puis je m’éloigne, dissipant ces pensées et l’empreinte troublante qu’elles me laissent d’un clignement de paupières.

J’écarquille les yeux avec une fausse perplexité alors qu’il sort un bonnet doté d’agréments capillaires en laine blonde avant de venir me l’enfoncer sur la tête. Il relance les hostilités en me qualifiant de charmante ainsi affublée. Je dessine un discret sourire au coin de mes lèvres. Il aime se moquer de moi depuis des temps immémoriaux mais il devrait savoir que j’ai toujours su surfer sur la vague. J’attrape l’une de mes couettes factices et l’enroule autour de mon doigt « Nostalgique de l’époque où j’étais blonde, hein ? » Nostalgique, je le suis sans doute. J’étais blonde lorsque j’avais la vingtaine, à l’époque où personne n’attendait de moi que je sois responsable, convenable, que je rentre dans le rang. Pas comme aujourd’hui, du moins. Fort heureusement, je n’allais pas tarder à passer de l’autre côté de la barrière, du côté des causes perdues, des sorcières, des vieilles à chats et quelque part, j’en étais ravie. Peut-être que ce bonnet immonde était un signe du destin, peut-être qu’on peut exister en tant que quadragénaire en crise existentielle, gamine peroxydée et vieille à chats, le tout en même temps et pour toute la vie.

David me demande si je suis prête pour la nuit qui nous attend, m’affublant d’un charmant surnom qui ne manque pas de m’évoquer les dessins animés de mon enfance. Il va probablement le regretter dans quelques instants. Je relève le menton et hausse les sourcils. « Tu sais que selon une théorie pas si dingue, Couette-Couette serait une gamine en souffrance qui se sentirait tellement seule qu’elle aurait inventé un monde dans sa tête, genre les autres Razmokets seraient morts dans des conditions tragiques il y a bien longtemps et ils ne continueraient à exister que dans son imagination troublée, sauf Suzie qui serait le fruit d’un dédoublement de personnalité ? » Je le fixe pendant quelques interminables secondes avec l’air le plus sérieux de l’univers sur le visage puis je me mets à exploser de rire. « Je te promets que je n’ai pas encore bu moi non plus. » J’attrape le bras de David puis je l’entraîne avec enthousiasme vers un stand. « Allez, on va remédier à ça. » Nous nous dirigeons vers l’une des innombrables tentes blanches sous lesquelles s'activent des dizaines de vendeur·euses arborant fièrement des pulls de Noël, des serre-têtes de rennes et autres bonnets de saison. « Deux Caïpi chaudes s’il te plait ! » Je tends un billet au vendeur puis je me tourne vers David en arborant une grimace, peinant à croire que je viens réellement de commander une boisson aussi scandaleuse.

Re: Alcools, Guirlandes et Musiques Sam 30 Jan 2021 - 22:11

Les moqueries d’Inga, toutes en subtilités, sur son magnifique mais neanmoins trop léopard chapeau l’amusaient réellement. Il ne se prenait pas au sérieux, surtout pas quand il partageait cela avec son amie, qui avait vu de lui, surement bien pire que son chapeau tacheté. C’est un peu des interludes hors du temps qui font un bien fou, remontant toute l’estime qu’il peut avoir pour la vie. Les blessures, les moments de profondes solitudes sont oubliées, zappées, derrière ses sourires larges et sincères. - Des ravages ? Mefie toi qu’on ne me vole pas à toi, ce serait dommage pour toi de perdre l'exemplaire unique que je suis. Parlait-il à demi mots .. peut-etre ou pas. Non ce soir il ne se posait pas ce genre de questions, aucune envie d’etre trop sérieux, aucune envie de se prendre la tête. Il lui étala son plus beau sourire avant de sortir ses armes, car un homme bien préparé survit plus longtemps dans la jungle urbaine.

La jeune femme se retrouva affublée de couettes magnifiquement blondes et laineuses. La réponse au tac o tac ne tarde pas à arriver, rappelant à son bon souvenir l'époque où Inga était différente. Rebelle toujours, mais moins troublée et marquée par la vie qu'aujourd'hui. Il croisa les bras attentif à cette nouvelle idée de blondeur dans son regard noisette. - hum.. Non. Je t'aime ainsi. Sans les couette Mais. Il leva l'index - pour ce soir tu as ordre de les garder, meme si tu vois le plus beau des célibataires qui te fait de l'oeil, je t'interdis de les retirer.Une chose dont il ne s'attendait pas était un discours hautement improbable sur les couettes- couettes et les razmokets . Discours dont il mit quelques secondes, la bouche ouverte à saisir tout le sens et redevenir l'ado qui adorait ces émissions aujourd'hui débiles. Un regard. Un rire qui éclate entre les deux. Ils n'avaient pas encore bu, mais déjà leur état d'euphorie commençait à atteindre une étrange frontière où tout se mèle. Présent. Passé. Peut-etre futur. Un mélange habile et délicat entre les deux amis.

Bras dessus, Bras dessous, la soirée est lancée officiellement et tous deux déambulent dans les allées des chalets où commence à s'agglutiner bon nombres d'habitants d'Hambourg et des villes alentours. Ca se bouscule gentiment, ca piétine . Le couple d'amis doit parfois attendre, faire quelques détours, jouant avec leur proximité, s'éloignant un peu plus à d'autres moments, mais toujours en contacts, une main sur un bras, épaule contre épaule, tirage de manteau. Rien ne les séparerait ce soir.

Enfin ils arrivent au stand qui annonce une soirée chaudement arrosé avec des Caïpi chaudes. une hérésie cocktailistique à laquelle i fallait absolument succomber. Le grimace d'Inga en dit aussi long que le regard de David sur les deux verres qui leur sont servis. Il souffle , grimace aussi face à cet inconnu qui va surement lui rester jusque dans la racine des cheveux, et finit par faire teinter son verre à celui de la Brunette, compagne de travers alcoolisés. - Aux expériences nouvelles. Et ce fut d'un cul sec qu'il avala le liquide chaud. Un liquide dont l'alcool s'est bien plus développé qu'en cocktail froid. C'est bon, c'est doucereux, mais diablement fort. Le verre est claqué sur le comptoir alors qu'un * oh putain* lui sort des lèvres. Il finit par regarder Inga, la grimace toujours pointée sur ses lèvres . - Je sens que ca va être une longue soirée. Deux autres s'il te plait ! Lanca t-il à la serveuse qui revenait vers eux, presque amusée de voir leurs visages. Arreter ? Il en était hors de question. Personne ne l'abattrait aussi facile et surtout pas un cocktail ! Il fixa Couette-Couette quelques instants avant de lui murmurer - J'espère que tu as prit ta brouette pour me ramener, je sens que tu vas en avoir besoin.

Re: Alcools, Guirlandes et Musiques Ven 12 Mar 2021 - 0:16

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DAVID & INGA

La dynamique qui s'est immédiatement installée entre David et moi n'a de cesse de m'étonner. J'aimerais me targuer d'être une personne spontanée mais je ne le suis pas. Les émotions et les pensées m'embrasent, fusent en moi à la vitesse de l'éclair mais leur expression dans le monde du dehors est souvent le fruit d'une longue construction interne. Spontanée, je feins de l'être. Lorsque je donne l'impression de me laisser emporter, d'exploser parfois, le processus est minutieusement contrôlé. Les effusions sont une arme, un moyen, pas une fin en soi. Quant à ma répartie, il s'agit d'un art qui n'a rien de tout à fait naturel, d'un art qui s'exprime en conscience. Spontanée, je crois que je l'ai été. En des temps immémoriaux. Je crois qu'on l'a tous été dans une certaine mesure, jusqu'à ce qu'on nous formate, qu'on nous dompte, qu'on nous gorge de peur et de honte. On nous martèle qu'il ne faut pas la laisser s'échapper, la nitroglycérine du peu convenable, du bizarre, du déviant. Alors on guette, on scrute chaque mot qui s'approche du seuil de nos lèvres et parfois, avec quelques âmes choisies, on oublie.

On oublie de quoi on a l'air au beau milieu d'un marché de Noël, à raconter des conneries à un homme léopard en faisant tourner une mèche blonde en laine synthétique entre ses doigts. J'écoute David parler et je fronce un instant les sourcils. Je ne sais pas si je laisse le jeu de nos répliques ravir au fil de mes pensées incessantes sa place d'honneur dans mon esprit ou si j'ai seulement fait tomber un voile sur leur éternelle course afin de ne pas les voir, de ne pas les entendre. Elles m'effrayeraient peut-être. J'ai l'impression de ne pas être seule au poste de contrôle. C'est comme s'il y avait une autre Inga aux commandes. Je peux tenter de l'amadouer, de la convaincre, de la corrompre mais c'est elle qui tient le gouvernail, à mon insu. Peut-être qu'il ne me rester qu'à boire, rire et faire semblant d'être spontanée pour oublier les failles de mon libre-arbitre. Je hausse les sourcils et revêt mon air scandalisé en réaction à ses injonctions. « Tu devrais savoir l'effet que me font les ordres et les interdictions depuis le temps... » Si seulement il savait la gamine docile que j'étais autrefois. « Et je m'en fous des célibataires et de leurs yeux. Je suis là pour passer la soirée avec toi, abruti. » Je mets un léger coup dans l'épaule de David. Trouver des bras dans lesquels tomber était littéralement la dernière de mes préoccupations ce soir. J'émets un soupir qui meurt dans un sourire. « Mais je vais garder ce foutu bonnet parce qu'il tient chaud. »

Nous partons à l'assaut du bar éphémère qui s'est installé sous l'une des tentes blanches. Je me retrouve bientôt avec en main un gobelet de Caïpirinha brûlante dont émanent quelques vapeurs qui s'envolent vers mes yeux dubitatifs. Je lève mon verre en l'honneur du toast porté par David puis je goûte au breuvage. Mon expérience de fêtarde me permet immédiatement de reconnaître le caractère traître du cocktail dont la tonne de sucre et le citron masquent parfaitement le réel degré d'alcoolémie. Je ne laisse pas mon ami me devancer trop longtemps et vide mon verre d'une traite. Ce dernier parvient à la même conclusion que moi concernant les propriétés fatales du cocktail mais cela ne le dissuade pas de commander une deuxième tournée, faisant des prédictions peu glorieuses concernant la fin des festivités. « Alors comme ça on ne tient plus l'alcool, Monsieur Schuylers ? » Je pars doucement dans un rire presque diabolique. « Je sens qu'encore une fois, c'est moi qui vais te coucher. » Pendant les soirées étudiantes, il n'était pas rare de me voir tenir jusqu'à l'aube. J'étais connue pour ma légendaire descente et mes capacités de résurrection qui, après quelques moments de faiblesse et parfois une petite sieste la tête contre un mur dans l'intimité des toilettes, me propulsaient à nouveau au cœur de l'effervescence. J'aimais voir le soleil se lever avec un taux d'alcoolémie déraisonnable dans le sang et l'impression d'avoir survécu à une aventure insensée. Peut-être que cette soirée porte en elle la promesse de me faire revivre ces instants.

Re: Alcools, Guirlandes et Musiques Lun 7 Juin 2021 - 11:25

Ce soir, il a décidé qu'il n'y aurait pas de ce coté sérieux qui parfois etreint les soirées Inga/David. La jeune femme, toujours fragile, derrière son carcan de sourires et de façade, n'aura pas de questionnement sur le "tu vas bien tu es sure?", tu as besoin de me parler ? Et tes peurs et ... Non ce soir c'est soirée détente, soirée amusement, soirée beuverie. Si Garrett est son partenaire privilégié pour s'enquiller les bouteilles, Inga étrangement est aussi une très belle compagne de soirée. Elle tient l'alcool remarquablement comparé à son petit gabarit, et lui met souvent la dragée haute. Elle l'a surement déjà vu dans bien des situations embarrassantes, mais si à part quelques boutades dessus, elle n'a jamais trop relevé, sauf bien sur son éternel chant de la mouette qui se meurt, mais cela est une autre histoire.

Il agite l'index devant elle, de droite à gauche - Teuhteuhteuh Inga, un pari pour un pari, tu gardes tes jolies Couettes-Couettes et moi je joue le félin totalement apprivoisé .Inga et les Ordres. Inga et sa Liberté. Il aime bien la pousser dans ses élans de Libertad, juste pour voir son regard s'animer, presque tueur si parfois elle possédait des mitraillettes à la place de son joli regard. C'est cette vie, cette flamme, cette volonté qui ont toujours attiré l'architecte. Inga est différente des autres femmes. Un petit coup de poing sur son epaule, et bien evidemment il ne perd pas une minute pour surjouer en grimaçant et prenant à témoin un couple qui passait à leur coté : - Voyez ça, je me fais battre par Couettes-Couettes.

Des rires s'élèvent autant du couple que de David qui se laisse entrainer vers le marché par la petite brune. Les étals passent sans vraiment les voir, juste un coup d'oeil avant d'arriver au bar et de gouter cette ignominie délicieuse. C'est fort, C'est sucré, ca va leur péter le cerveau, mais ils sont là pour ca, et on ne recule pas devant un ennemi aux teintes traitres. Et lui se trahit lui meme en avouant qu'il risque de rentrer sur les rotules, voir surement de passer une nuit à la belle étoile dans un parc pas loin sauf si Inga arrive à le porter jusque chez lui. Il a encore conscience que la jeune femme doit faire la moitié de son poids, et une tete en moins, ca va être compliqué. Mais on s'en fout non? Les soirées bonne beuverie se font de plus en plus rares. Mariage, enfants, travail, un trio qui anéantit ce genre de moment - Je n'ai plus 20 ans ma Grande. Et comme j'ai toujours été raisonnable avec l'alcool je tiens moins que toi .. Un regard du coin de l'oeil, et il ne peut s'empêcher d'élargir son sourire jusqu'aux oreilles, c'était un terrible euphémisme venant de lui. Le trio Garrett-Inga-David était réputé en fac, meme si c'etait Inga qui gagnait haut la main et leur faisait une sacrée réputation de poivrots qui assumaient et assuraient.

- J'espère que tu connais une bonne berceuse . En aurait-il besoin? surement pas, étonnant comme on peut bien dormir avec 3g d'alcool dans le sang. - Et merde NON , je ne vais pas me faire battre par un petit bout de femme ! Il cogna son verre contre celui de la brune et s'enquilla le liquide chaud - Avant qu'on soit trop bourré, tu as prévu un truc pour Noel ? Sinon j'ai un charmant sapin qui va avoir une seule chaussette à mettre dessous, Non je sais * il fit un léger signe de la main avec son gobelet * - c'est sous la cheminée. Mais j'ai qu'un poele à copaux alors Pouet. Donc comme je disais .. si ca te tente, tu es la bienvenue chez moi. Au menu .. euh tout ce que tu voudras, tu me dis, je fais.

Passer les fetes seuls c'etait d'une tristesse, au pire il partirait quelques jours à la montagne pour oublier cet etat .. Oh et merde on a dit "no pensées" pour ce soir . Un troisième verre leur est servi sur un signe des deux - je me demande si ils donnent carrement les bouteilles c'est pas mauvais ce truc * il se pencha légèrement sur le bar pour tenter d'apercevoir le graal alcoolisé * - Sinon je pense qu'on va avoir du mal à aller au concert , ou ca te tente pendant qu'on est à peu près en etat ?

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DAVID & INGA

David, toujours raisonnable avec l'alcool. Il n'aurait pas pu trouver moins crédible comme justification anticipée au fait que la bipédie risquait de devenir un challenge pour lui d'ici quelques heures. Je hoche la tête lentement en sourcillant d'un air peu convaincu. Si je suis dotée d'une aussi bonne descente, c'est sans doute car je n'ai jamais véritablement cessé l'entraînement. Depuis et pour ce qui semble être une éternité, je flambe ma jeunesse dans le brasier de la nuit. Je n'y trouve jamais tout à faire ce que je viens y chercher mais j'y retourne toujours, tôt ou tard. Je n'ai pas d'Hannah ou d'Alina pour me retenir. Je n'ai même plus de réveil à mettre tous les matins. C'est sans doute à la fois un privilège et un piège, je me demande parfois si je suis ma trajectoire ou si je tourne en rond. Peut-être faudrait-il également que je vérifie l'état de mon foie. Je m'apprête à répliquer à mon ami que même le bruit délicat d'une perceuse ne l'empêchera pas de s'écrouler lorsqu'un regain patriarcal lui fait changer de discours. Il refuse de se faire battre par un petit bout de femme ? Je connais David et ses intentions. Toutefois, je n'ai pas envie de me forcer à rire pour lui faire plaisir et je n'ai pas la force de lui expliquer pourquoi sa remarque est problématique. Je ravale un soupir tandis que nos verres tintent dans l'obscurité et je vide le mien d'une traite, me faisant la réflexion que je lui pardonne beaucoup trop ce genre d'écarts, bien plus qu'à n'importe qui.

Fort heureusement pour ma santé mentale, il dévie la conversation et évoque un autre sujet sensible, ce satané réveillon de Noël qui approche à grands pas. Mes appréhensions de début de soirée me rattrapent. En réalité, j'aimerais simplement pouvoir passer cette soirée avec mon frère en pyjama sous un plaid à dévorer de la junk food devant un vieux film dont nous connaissons les répliques par cœur. J'aimerais que ces quelques heures forment une oasis dans nos vies compliquées, compliquées comme certaines questions absurdes que je viens à me poser lorsque mon cerveau s'emballe et que je pense à David trop longtemps. Quoi qu'il advienne, je sais que je suivrai mon frère où qu'il décide d'aller, jusqu'à l'enfer parental qu'est notre ancienne maison berlinoise s'il le faut. « Non pas que la perspective de te regarder cuisiner un rôti de seitan farci ne soit pas tentante mais je vais passer Noël avec Garrett, on en a besoin tous les deux. Il faut juste que je trouve le moyen de me débarrasser de nos parents... au pire on pourrait disparaître, monter dans un avion et passer le réveillon à bronzer en buvant des vraies Caïpirinhas sur la plage de Copacabana. Tu peux venir si tu veux, tu es un peu pâle en ce moment ! » En plongeant mes lèvres dans mon cocktail me vient l'idée d'offrir un voyage à mes parents pour les éloigner. Si je parviens à enrober l'affaire de bonnes intentions suffisamment convaincantes, la stratégie pourrait fonctionner.

J'éclate de rire en observant David chercher à se constituer un stock conséquent d'alcool, comme si nous pouvions en manquer un vendredi soir au beau milieu du marché de Noël. « Des bouteilles ? On est en train de te perdre mon pauvre, ce n'est franchement pas aussi bon que ça ! » Le seul véritable mérite de ce breuvage est sans doute de me réchauffer les mains. Je hoche la tête lorsqu'il me propose de migrer vers notre seconde destination. Moi qui passais rarement plus d'une dizaine de jours sans me retrouver devant une scène, je n'ai pas participé à un grand rassemblement depuis le drame du mois dernier. Je crois que j'ai terriblement besoin de danser. Avant de partir, je me tourne une ultime fois vers la serveuse en posant mon gobelet vide sur le comptoir. « Bon, on va quand même en reprendre deux pour la route s'il te plait. » J'attends que nous soyons servis puis nous prenons la route vers la Winter Pride et ses DJs, nous apprêtant à traverser les rues illuminées du centre-ville.

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