Andrew * Rentrée scolaire

Début septembre 2020. C’était le jour le plus stressant pour les professeurs, les enseignant, les élèves… et les parents. Le jour de la rentrée scolaire. Pour Adélaïd malgré l’habitude de la profession depuis des années, ce matin n’est pas moins stressant que chaque matin de rentrée depuis qu’elle est dans le métier. Le premier jour de classe donne toujours le ton pour l’année à venir. C’est le jour qu’il ne faut pas rater. Le jour où l’on doit prendre la main sur la classe, faire figure de référence et rencontrer les parents. Le jour où l’on doit les rassurer, leur montrer que l’on est un professionnel, que leur enfant est entre de bonnes mains. Le jour où les enfants se font une idée de leur professeur. Le jour où l’on doit leur montrer les limites de la classe pour assurer une bonne année. Bref. Le pire matin de l’année.

Adélaïd fait encore le tour de sa classe ce matin là, avant que l’accueil ne commence. Les parents devant conduire leur enfant directement dans sa classe, la jeune femme s’assure que tout soit en place. Les jeux éducatifs disposés sur les tables, les kaplas sur le tapis… la trentenaire ne laisse rien au hasard pour que les enfants puissent profiter du temps libre de l’accueil. Sur une table, elle dispose quelques feuilles et des crayons, replace une chaise, ajoute un puzzle sur une autre table…

Enfin, le portail est ouvert. Et le stress grimpe pour la trentenaire, alors que les premiers parents et enfants entrent dans l’école, rejoignant les classes au fur et à mesure. Stressée, Adélaïd laisse sa porte ouverte, jetant un regard à l’atsem qui vient de la rejoindre, prêtes à accueillir les enfants, alors qu’elle n’en connaît pas la plupart. Le grand moment, alors, commence.

Les premiers enfants entrant timidement dans la classe inconnue découvrent les lieux timidement, tenant la main de leurs parents au moins aussi stressé qu’eux, prenant leurs marques en même temps que l’enseignante qui mémorise les prénom,se souvient du trombinoscope qu’elle étudie depuis des jours pour ne pas se tromper. C’est tout un travail de mémorisation qui recommence, comme tous les ans, en même temps que la trentenaire discute avec les parents, les enfants, essayant de faire connaissance avec ces bouts de choux impressionnés du haut de leurs cinq ans, beaucoup n’ayant encore jamais été au jardin d’enfant.

Et puis dans la foule de parents, un visage qui ne manque pas de la surprendre, croisé il y a un moment déjà à la salle de sport. Un chirurgien, avec qui elle a sympathisé à force de se croiser, à force d’échanger quelques paroles et conseils bienveillants, elle qui a toujours si peur du regard des autres, dans la salle. Un visage qu’elle ne s’attendait pas à voir ici, au bout du bras duquel un petit garçon s’agrippe. C’est vrai. Il a un enfant. Adélaïd ne s’attendait simplement pas à le voir ici, dans cette école.

"Andrew ? Alors ça pour une surprise !" remarque l’enseignante. "ça va ?"

@Andrew Mc Loghan

Elle ne s’attendait pas à tomber par hasard sur un visage connu aujourd’hui. Si naturellement elle connaît quelques uns des parents d’élèves qui se présentent ce matin avec leurs bouts de choux, pour avoir déjà eut les aînés dans classe précédemment, elle s’attendait à les voir. Ce n’est pas le cas en ce qui concerne Andrew. Adélaïd est étonnée de le voir ici ce matin. Si elle sait que l’homme a un enfant, elle ne s’attendait pas spécialement à ce qu’il décide de le mettre dans cette école. Il y avait un tas d’établissement à Hambourg après tout. Le hasard fait parfois de drôles de choses.

«- Oui je travaille ici !»

Coïncidence c’est le cas de le dire en effet. D’ordinaire quand elle croise un de ses amis comme parent d’un élève de sa classe, c’est qu’elle a recommandé l’école elle-même ou que l’ami en question souhaitait la voir être enseignante de son enfant, précisément. Mais ici, ils n’ont jamais discuté de cette éventualité et ne doivent cette rencontre matinale qu’au hasard.

L’homme lui serrant la main, en gardant une distance professionnelle, Adélaïd lui rend cette poignée et ce sourire avant de porter son attention sur le petit garçon qu’il lui présente, répondant au prénom de Thomas.

«- Bonjour Thomas, ravie de te connaître !» le salut l’enseignante, avant de reporter son attention sur le chirurgien comme ce dernier la questionne de nouveau, désireux de savoir si c’est elle qui sera l’enseignante de son enfant. «Je suis en charge de la classe des 5-6 ans.»

Et de mémoire, il lui semble que c’est à peu près l’âge que doit avoir le petit garçon. Lui jetant un coup d’oeil, elle vérifie son hypothèse en jaugeant de la taille de l’enfant, de la maturité de ses traits. Oui, il pouvait bien être dans sa classe ce petit, c’était tout à fait possible restait à savoir si elle ne se trompait pas en estimant l’âge qu’il pouvait avoir.

«- Alors je crois que oui.» finit-elle par décréter, en regardant de nouveau l’homme à qui elle adresse un sourire. «Je vous montre la classe ?» propose-t-elle alors.

Thomas devait avoir hâte de voir ses camarades et de se faire des copains. Quand à Andrew, elle devinait qu’il devait avoir envie de savoir dans quel univers son fils allait évoluer toute cette année. C’était l’inquiétude de chaque parents, tous les ans. Voir la classe et la maîtresse. S’assurer que leur enfant serait bien.

C'est vrai qu'ils n'ont jamais eu l'occasion de vraiment parler de l'éventualité que Thomas se retrouve dans sa classe, alors Andrew est d'autant plus surpris de la voir ici. Mais content quand même de voir une tête familière. Au moins il sait que si son fils est dans sa classe, il est entre de bonnes mains. Même si ils se connaissent peu, il lui fait confiance, il sait qu'elle est sérieuse et qu'elle prendra soin de Thomas. Andrew s'approche d'elle alors, lui serrant la main pour rester le plus professionnel possible. Il la regarde saluer son fils qui se cache un peu derrière son papa, assez réservé face à des gens qu'il connait pas. Ça le fait rire un peu d'ailleurs, passant une main derrière sa petite tête comme pour le rassurer.

- Excuse le, il est assez timide.. Allez Thomas, dit bonjour !

Andrew le pousse un peu à s'approcher de la jolie Adélaïd, et le petit Thomas lance de sa voix toute timide, assez distant malgré tout.

- Bonjour madame..

Le chirurgien repose son attention sur la jeune femme et hoche sa tête alors pour confirmer ses dires. En effet il a bien 5 ans cette année donc dans la logique des choses elle est sa nouvelle professeure. Il baisse ses yeux vers son fils et lui sourire.

- Je te présente ta nouvelle enseignante bonhomme, c'est elle qui va s'occuper de toi cette année :)

Laisse un bisou sur sa petite tête et regarde Adélaïd à sa question, et acquiesce gentiment à sa proposition. Ils rentrent alors ensemble dans la classe et laisse la maitresse leur montrer un peu les autres camarades, l'environnement, les différentes activités qu'ils peuvent faire. Andrew regarde donc la jolie brune à fond dans son travail et en sourit, il trouve ça mignon.

- T'as l'air passionnée par ce que tu fais en tout cas.. C'est très beau à voir !

Que Thomas soit timide n'est pas un problème aux yeux de l'enseignante. Cette dernière mentirait si elle prétendait que ça n'arrive pas souvent. Il y a tous les ans dans sa classe des enfants qui sont plus timide que d'autres. C'est normal. Chacun a son propre petit caractère. Chacun a sa propre personnalité. Certains enfants sont davantage sur la réserve. Il y en a des extravertis, des introvertis... Certains mettent des mois à s'ouvrir à l'enseignante et d'autres seulement quelques jours. Chaque année, sa classe est différente. Les personnalités des enfants également. Les premiers jours du mois sont donc consacrés à la découverte de ces nouveaux apprenant. Ces personnalités, Adélaïd prend plaisir à les décortiquer, à les comprendre. Chaque enfant est différent, ce n'est pas un problème pour elle. Elle s'adapte. C'est ce qui fait le charme de tout un chacun. C'est ce qui fait la beauté de son métier d'enseignante. La possibilité pour elle d'aider les enfants à s'éveiller, de les aider à s'épanouir. De composer avec identité propre.

Comme le papa pousse son fils à saluer l'enseignante, cette dernière lui répond par un gentil sourire. Mettre ses élèves en confiance est la règle d'or pour passer une bonne année. Ils doivent savoir que l'enseignante est là pour eux, qu'elle ne leur veut pas le moindre mal. C'est le meilleur moyen d'avoir une bonne ambiance dans la classe, de pouvoir réellement aider les enfants. Il faut que ces derniers puissent lui faire confiance. Ainsi, alors qu'elle propose de faire un tour de la classe, c'est autant pour que le père puisse voir l'environnement dans lequel son fils va évoluer, que pour permettre au fils de voir ses futurs petits camarades et commencer à prendre ses marques dans sa classe. Cela lui permettra probablement d'être plus détendu, s'il plonge dans cet inconnu avec son père.

"- Et donc le coin peinture et activitées manuelles..." montre-t-elle en rejoignant un coin de la salle où l'homme la complimente ce qui a pour effet d'attirer une légère rougeur sur ses joues. "C'est le métier que j'ai toujours voulu faire." explique-t-elle.