A really bad day. ft Jim

J'ai beau aimer ce métier de tout mon cœur, j'aime ma petite amie encore plus. Notre histoire a débuté grâce à notre boulot puisque de collègues nous sommes devenues bien plus. Notre métier c'est prendre des risques, nous savons ce que nous risquons et dans quoi nous nous engageons lorsque nous disons oui. Être en couple avec sa partenaire n'est pas simple non plus, il faut savoir gérer ses peurs, ses émotions, essayer de ne pas trop montrer non plus puisque les relations entre coéquipiers sont interdites. Oui, nous avons clairement pris des risques dès le début en défiant en quelque sorte notre chef, alors si ce dernier savait qu'elle est enceinte … Si notre couple a malgré tout été accepté au sein de l'équipe, et surtout du chef, nous avons décidé tous les deux de ne pas annoncer la grossesse tout de suite, simplement Abi est enceinte de cinq mois maintenant et elle devrait se mettre en repos pour pouvoir poursuivre sa grossesse tranquillement et surtout sans risque. Si j'étais pour annoncer la grossesse à notre chef aujourd'hui, Abi a souhaité attendre son rendez-vous avec le médecin pour en parler, j'ai malgré tout accepté, avec la boule au ventre encore pour cette journée. Finalement, je crois bien que dès l'annonce de sa grossesse j'ai commencé à être stressé, je crois même que je n'ai jamais été autant stressé de toute ma vie. J'essaye de prendre sur moi le plus possible pour ne pas rajouter de stresser à Abi, je lui fais confiance, le plus possible, mais je dois reconnaître que par moments la peur prend le dessus et il nous arrive même de nous prendre un peu la tête à ce sujet. Depuis quelque temps, Abi est sur un dossier plutôt spécial et aujourd'hui j'apprends qu'elle va être en mission d'infiltration et ce n'est pas une mince affaire en plus de ça puisque le dossier est tout de même très costaud. Elle doit se préparer, je la laisse tranquillement s'équiper, mais je ne suis pas sans reste, je tourne en rond, je me ronge les ongles, j'ai envie de tout balancer au chef, de tout stopper, je m'en fiche complètement des « méchants » à ce moment précis, je m'en fiche de tout, je ne pense qu'à elle, notre enfant, et surtout leur sécurité à tous les deux ! Avant qu'elle ne parte, je décide de la rejoindre, peut-être que je peux lui faire changer d'avis, je sais d'avance que c'est peine perdue, mais j'espère. « Tout va bien se passer, d’accord ? Alors évites de trop faire ce que tu fais d’habitude : t’inquiéter pour moi. » Elle me connaît, elle sait comment je suis et elle a totalement raison, je suis tout simplement angoissé, j'ai peur pour elle, j'ai peur de tout, j'ai juste envie qu'elle soit en sécurité chez nous.

« C'est difficile ! N'oublie pas que tu n'es plus seule, il y a notre mini-nous, tu dois aussi penser à lui, ou elle. »

Plus les jours passent, plus s'est compliqué pour moi et mon stress. Honnêtement, je ne sais pas si je vais tenir jusqu'aux neuf mois prévus. Je sais que je dois prendre des forces avant l'accouchement, c'est en tout cas ce que j'ai vu partout sur le net en cherchant des infos sur la paternité. Prendre des forces avant la naissance du bébé et surtout les nuits blanches à venir pendant quelques mois, je sais que ça va être compliqué et stressant aussi il paraît. Décidément, je crois bien que je vais stresser jusqu'à ma mort puisque lorsque ce n'est pas la grossesse, ça va être les nuits, les petits soucis de santé, les petits bobos etc … Bref, ça ne finit jamais ! C'est sûrement ça être père. J'essaye de ne pas trop faire part de mes peurs à Abi pour qu'elle ne stresse pas à son tour, mais elle me connaît tellement bien qu'elle voie tout ça sur mon visage sans que je ne dise un mot. Je sais évidemment qu'elle va être prudente, mais s'est surtout en la mission que j'ai du mal à faire confiance. « Si jamais c’est un garçon, rappelle-moi de l’empêcher de devenir flic sinon son père va finir sans cheveux tellement il sera inquiet » Inquiet, j'affiche tout de même un sourire, on va retenir ses peurs et éventuellement ses larmes aussi. Je suis un bonhomme, je dois prendre sur moi.

« Oh ça s'est sûr compte sur moi, mais même une fille, pire si c'est une fille d'ailleurs, elle ne sortira pas avec des garçons avant l'âge de vingt ans au moins ! »

Mon dieu, rien que de penser à ça, j'ai déjà la peur et la colère qui monte en moi, comme si tous les hommes étaient des monstres, c'est sûrement le côté flic ça, et puis, il y a quand même des garçons bien, la preuve, je pense être un bon garçon avec les filles. Abi pourrait facilement en témoigner. « J’y pense, sans cesse Jim ! Fais-moi juste confiance. Ce soir, tout sera terminé. » Elle n'est pas folle, elle ne va pas mettre la vie de son enfant en danger, je le sais bien, je la connais assez pour savoir qu'elle va prendre toutes les mesures possibles pour protéger notre enfant. Malgré tout ça, je ne peux m'empêcher d'avoir peur, toujours pour les mêmes raisons, je n'ai pas confiance aux autres.

« Je sais, j'ai confiance en toi … C'est en les autres que je n'ai pas confiance, évidemment. »

Je suis le seul dans l'équipe à savoir qu'elle est enceinte, et ça aussi ça me pose problème et me rend tellement nerveux. L'heure fatidique approche à grands pas. « De toute façon, tu ne seras pas bien loin donc que veux-tu qu'il m'arrive... » Et sur ça, je hausse les épaules.

« Oui d'accord, mais il peut se passer des tas de choses en quelques secondes … J'aurais été plus rassuré si je pouvais être à tes côtés plutôt qu'à quelques mètres. Fais le maximum pour te protéger et promet moi de te mettre à l'abri aux moindres soucis, c'est tout ce que je te demande. »

Je ne me suis jamais réellement posé la question de savoir si je voulais être père un jour ou non, pour moi j'avais le temps, ce n'était pas forcément une priorité pour être honnête et puis, est arrivé Abi dans ma vie et j'ai commencé à y penser. Lorsqu'elle m'a appris qu'elle était enceinte, ce n'était pas forcément prévu au programme pour nous, en tout cas nous en avions parlé, mais pas forcément pour si tôt, finalement le destin en a décidé autrement pour nous. J'ai tout de suite accepté la nouvelle, j'ai eu hâte de la première échographie et je me suis rapidement pris dans tout ça à chercher des infos sur la paternité a droit et à gauche, j'ai su rapidement que j'allais prendre des congés paternité pour être auprès de mon enfant, tout comme je me suis renseigné sur la grossesse. J'ai appris que ça n'était pas pareil pour toutes les femmes, que si pour certaine tout se passait bien, pour d'autres ça pouvait être plus compliqué que prévu. Je n'ai jamais voulu qu'Abi souffre, et malheureusement je ne peux pas prendre son mal, alors j'ai essayé d'apprendre des techniques pour la soulager au mieux. J'ai regardé des heures de tutos de massage pour femme enceinte, j'ai regardé des tas et des tas de conseils de médecin pour soulager une grossesse et les choses à éviter. « Ah vraiment, on va partir sur un père autoritaire et discipliné. J’ai hâte de te voir à l’oeuvre ! » L'éducation s'est encore quelque chose de différent, je ne sais pas encore quel papa je vais être, mais ce dont je suis certain à mille pour-cents c'est que mon enfant sera protégé durant toute ma vie, quel que soit son âge, son père sera toujours derrière lui. Je hausse les épaules, convaincu que j'aurais toujours le dernier mot avec cet enfant. Les rêves d'avant naissance sûrement. Cette peur ne part pas et ne partira jamais d'ailleurs, malgré les mots d'Abi, s'est bien plus compliqué que ça. « Tout va bien se passer, bébé. » Je m'approche d'elle, déposant une main sur son ventre et me demandant encore comment son ventre peut-il être toujours aussi plat, les mystères de la femme sûrement, bref, je m'approche en lui déposant un tendre baiser.

« Je t'aime. »

Et si seulement elle pouvait savoir à quel point, c'est inimaginable, il n'y a pas de mot si fort pour le décrire. Pour elle, je suis prêt à donner ma vie. « Je te promets que je ferai le nécessaire si quelque chose de loupe se passe. Il faut que j’y aille… On se voit ce soir, d’accord ? J’espère que tu m’inviteras au resto, j’ai une envie de makis ! » Je hoche la tête, d'un air plutôt d'accord et je prends sur moi tout simplement.

« Tes désirs sont des ordres durant cette grossesse tu le sais bien. »

Je pense que je suis plutôt un bon petit ami et un bon futur papa, en tout cas j'espère. Je réponds à toutes les envies d'Abi, même en plein nuit, ce n'est pas toujours simple, surtout que j'aime dormir, mais je me dis que c'est pour la plus belle chose et que je peux au moins faire ça. Nous n'avons plus de choix, nous devons partir nous mettre en place. Malgré tout, je reste silencieux durant le trajet. Lançant toujours quelques regards à Abi.

Cacher ma peur, c'est ce que je dois faire. Ce n'est pas une mince affaire, mais je tiens le coup. Sans trop savoir pourquoi, j'ai quand même peur et je ne sens pas cette mission, j'ai beau le dire elle ne veut rien entendre, elle est persuadée de pouvoir contrôler toutes les situations et que nous serons là en cas de soucis. Techniquement oui nous sommes là c'est vrai, mais il y a toujours un risque, le risque zéro n'existe pas. « Gardes cette habitude pour après l’accouchement, je vais finir par y prendre goût ! » Franchement pour elle je suis prêt à tout, et si être à ses pieds durant cette grossesse pouvais lui faire arrêter le boulot je me donnerais corps et âme pour ses désirs c'est sûr et certain. Lorsque nous partons pour nous mettre en place, j'ai envie de tout balancer au chef, j'ai envie de lui dire qu'il faut tout annuler qu'elle est enceinte et qu'elle prend un risque, mais sans trop savoir pourquoi je reste muet durant tout le trajet. Je ne décroche pas un mot de toute la préparation de la mission. Je suis posté seul dans un coin de l'aéroport où j'ai vu sur Abi, mes collègues de même avec pour seul arme, notre arme de service autant dire pas grand-chose s'il y a gros soucis et qu'ils sont fortement armé. J'ai une oreillette, comme tous mes collègues pour être en contact entre nous et pouvoir entendre Abi. Alors que je commence à prendre confiance, tout dégénère en quelques secondes. Coup de feu, forcément une très grosse agitation dans tout l'aéroport et la panique. Je hurle à tout le monde d'aller chercher Abi, je me précipite à l'endroit où elle était sans faire attention à personne. Je sais, je suis égoïste mais à ce moment précis rien ne compte, personne, à part la femme de ma vie. Ne la voyant pas je panique, je suis affolé et lorsque nous nous retrouvons tous au centre de l'aéroport je hurle à toute mon équipe.

« Retrouvez là vite ! Dépêchez-vous bordel elle est enceinte ! Elle est enceinte !! »

Sur le coup, tout le monde semble choqué de cette nouvelle et à cette annonce tout le monde bouge même le chef qui ordonne de tout fermer et de fouiller l'aéroport pour trouver Abi. Nul doute que lorsque nous mettrons la main sur cet/ces hommes, je vais lui faire la peau dans tous les sens du terme !

Abi a l'air confiante, pour elle il n'y a aucun risque que ça se passe mal, elle pense pouvoir tout gérer et surtout avoir tout en main dans sa mission d'infiltration. Je veux lui faire confiance, je ne demande que ça et pourtant j'ai quand même peur, peut-être parce qu'elle est enceinte, peut-être parce que c'est ma petite amie, que nous sommes ensemble, prêt à fonder une famille et sûrement parce que je suis fou amoureux d'elle. J'ai fait tout ce que le chef nous avait dit, j'ai fait confiance aussi à ma petite amie et surtout je n'ai rien dit à propos de sa grossesse qui aurait pu faire annuler toute la mission si jamais le chef savait. Si d'habitude nous sommes plus ou moins sur la même longueur d'onde tous les deux, souvent d'accord, là ce n'est pas le cas sur ce sujet. Je voulais tout dire, elle rien et m'ai fait promettre de ne rien dire avant la mission, promettant qu'à la fin de tout ça elle prendrait son congé maternité et se reposera.

J'ai eu confiance, une confiance aveugle malgré ce sentiment de peur et cette idée que non, tout n'ira pas bien. J'ai pris sur moi, énormément sur moi quitte à me faire mal au ventre tant le stresse étais présent. J'ai tout fait à la règle, tout comme s'était programmé, tout comme c'était demandé et pourtant … L'impensable s'est passé. Ce que je redoutais le plus au monde est arrivé ; nous avons perdu Abi, et nous savons très bien ce qui n'attend à tous. J'ai indiqué directement à toute l'équipe qu'elle était enceinte ce qui a fait bouger les choses, même s'ils avaient quand même bougé si elle n'était pas enceinte. Je crois que je suis au bord du malaise, mais très franchement ce n'est pas le moment. Je suis toutes les instructions que nous donne notre chef, à la lettre même si je pense que je vais me permettre quelques petits écarts si je le juge nécessaire pour elle. Je cours de toutes mes forces vers la voiture que je vois partie en trompe. À la radio, je balance la marque, la couleur et plaque d'immatriculation de la voiture. Bien sûr, la voiture est trop rapide pour moi, mais nous n'allons pas lâcher l'affaire comme ça, bien évidemment. Rapidement, les nerfs refondent surface.

« Il faut la retrouver au plus vite !!! Je ne te donne pas le choix ! »

Je suis en colère comme jamais, je crois que d'habitude j'arrive plutôt à gérer mes nerfs, mais là c'est la première fois que je suis vraiment en crise et que je n'arrive pas à me contrôler, j'ai envie de frapper tout le monde, de hurler sur tout le monde et pourtant je dois garder tout ça pour moi, je dois calmer mes nerfs et autant dire que c'est extrêmement compliqué. À ce moment précis, je crois bien que ma seule option c'est de ne rien dire, de me taire, de devenir tout simplement muet. Tout le monde a remarqué que je ne suis pas comme d'habitude et évidemment, rapidement tout le monde est au courant de la situation, alors personne ne me dit rien, ils sont tous muets avec moi et je crois bien que j'apprécie énormément ce geste, je les remercierais sûrement plus tard, pour le moment je suis sous tension et il ne vaut mieux pas me chercher. La seule personne qui ose venir m'adresser quelques mots, c'est le chef qui cherche à me rassurer. Ça ne marche pas, évidemment.

Lorsque le chef s'adresse à moi, je ne prends pas la peine de répondre, je me contente simplement de suivre les règles, pour le moment en tout cas, peut-être que je ne vais pas suivre ça tout du long si je pense qu'il faut agir parce que ma femme se retrouve en danger. Presque comme un robot, je suis les équipes qui nous mène à une adresse que je ne connais pas et voilà que le chef me fais une promesse que l'on fait à toutes les personnes dont les proches on disparut, cette phrase, cette promesse je la connais pas peur, j'ai déjà fait cette promesse et je sais qu'il y a quand même de fortes chances pour que ça n'aboutisse pas, simplement là, j'espère pour tout le monde que tout se passera bien, mais surtout pour le/les ravisseurs puisque si tout se passe mal pour nous, je suis prêt à tous les tuer de sang froid sans aucun remord s'il arrivait quelque chose de grave à la femme de ma vie. Je ne réponds donc pas à mon chef, me contentant simplement de le regarder dans les yeux, de manière tout de même assez froide, mais tout de même en suivant l'équipe.

Je prends sur moi, je prends réellement sur moi et je pense d'ailleurs que c'est la première fois dans ma vie que je suis aussi calme, en apparence seulement ! Je ne sais pas où est ma femme, je ne sais pas ce qui se passe et là, actuellement, ma seule pensée, ma seule préoccupation, c'est de savoir où est Aby, comment elle va, comment va le bébé, le reste je m'en fiche royalement. Je suis prêt à tout pour la retrouver, pour les retrouver tous les deux et même à y laisser ma vie pour les sauver tous les deux. Je pense que toute l'équipe à compris que le fait que je ne dise rien, c'est simplement un signe d'agacement, d'énervement, et que je peux péter un câble à tout moment. J'écoute donc d'une oreille seulement, les instructions de mon chef. Une oreille seulement parce que, que je le veuille ou non, je ne cesse de me demander ce qui lui arrive à ce moment précis. En réalité, je crois que mon corps est en train de se faire un ulcère, tant mon estomac est retourné. Je suis donc envoyé avec un collègue me poser à un point précis.

« Je suis toujours prêt à laisser ma vie pour la femme que j'aime ! »

Il n'y est pour rien le pauvre, et en même temps il est là, il est devant moi et c'est donc à lui que le coup tombe. Je pense que j'ai fait peur à ce collègue et ami à ce moment-là lorsque j'ai parlé comme ça, mais en plus, c'est simplement la vérité. Nous faisons notre boulot, nous approchons de ma femme et je pense que je suis prêt à mourir d'un arrêt cardiaque à tout moment. Lorsque nous la retrouvons enfin, je pense que j'ai le cœur qui se brise littéralement, je ne dois pas perdre ma rage, c'est maintenant ou jamais, je dois la sortir de là, coûte que coûte.

« Lâche là, laisse la partir où tu vas aller droit aux enfers ! »

Il semble faire le malin, je ne relâche pas mon attention ni même mon arme qui est pointée entre ses deux yeux. Je ne perds pas de vue mon objectif et à un moment, sans prévenir, je lui dire une balle entre ses deux yeux. Je m'en fiche de ce qu'il se passera ensuite.

Je n'écoute rien de ce qui se passe autour de moi, je pense que je suis trop borné pour écouter un ou des conseils de quelqu'un, je veux en faire qu'à ma tête en pensant que j'ai la meilleure idée pour sauver la femme que j'aime. Je pense qu'en réalité là je réagis comme un homme dont sa femme est en danger tout simplement, et rien d'autre n'existe autour. Il a beau me soutenir, dire qu'il est là, que tout se passera bien, j'ai quand même l'impression que c'est simplement des mots pour rassurer puisque personne ne sait si tout ira bien ou non, je connais la musique.

« Allons-y ! »

Je ne veux pas perdre plus de temps, j'ai besoin d'agir. Voir que tous les autres autour de moi prennent du temps pour réagir m'est insupportable. Je prends les choses en main et m'en fiche complètement de l'avenir dans mon boulot. Je suis un bon tireur et je sais que je vais contrôler tout ça ! J'entre dans la pièce avec un coup de pied pour ouvrir tout ça, nous contrôlons les tirs, jusqu'au moment où je prends la décision de tirer une balle entre les deux yeux et où, au même moment je m'empresse d'aller retenir ma femme pour ne pas qu'elle s'écroule par terre. Je pense que toute la pression s'écroule d'un coup. J'essaie tout de même de garder mon sang froid, et prends mon téléphone dans ma poche.

« J'ai besoin d'une ambulance de toute urgence, j'ai un flic en civil à terre c'est une urgence dépêchez-vous ! »

Et puis évidemment, je me penche sur elle, la prenant dans mes bras essayant tant bien que mal de contrôler l'incontrôlable.
« Tiens le coup ça va aller mon amour ! Je suis là, tu vas tenir, tu es forte. »

J'essaye vraiment d'être un flic bien et un petit ami parfait, mais ce n'est pas toujours évident de consillier les deux en même temps. J'ai toujours peur pour elle et très souvent mes peurs sont fondé. Nous sommes en couple et aujourd'hui nous allons être parent, simplement elle n'a pas voulu m'écouter, elle n'a pas voulu en parler à notre supérieur, n'a mis personne au courant et veut aller au bout de cette mission pour enfin, par la suite, le dire à tout le monde et enfin se mettre au vert comme on dit chez nous. Forcément, je n'étais pas d'accord avec tout ça dès le début, j'estime que le boulot que nous faisons est difficilement compatible avec le fait d'être enceinte, c'est beaucoup trop dangereux et j'aurais aimé qu'elle prenne ses congés beaucoup plus tôt. Je sais qu'elle aime son boulot, comme moi, et je sais que ça n'aurait pas été simple de rester à la maison, mais je pensais que l'idée d'avoir un petit être en elle l'aurait aidé à prendre cette décision plus tôt. D'un autre côté, je me dis que j'aurais dû le dire moi-même au chef avant cette mission, quitte à me mettre la colère d'Abi sur le dos pendant quelque temps, mais nous aurions peut-être éviter tout ça. Je m'en fiche des criminelles qui courent dans la rue tant que ma femme et mon enfant se porte bien, je m'en fiche de tout ce qu'il y a autour du moment que je suis là pour les protéger et aujourd'hui j'ai probablement échoué. Je ne sais pas comment je fais, mais j'arrive à rester de marbre, je dois même faire peur aux personnes qui me connaissent tant je n'exprime aucune peur sur le visage alors qu'à l'intérieur je suis prêt à exploser. J'écoute ce qu'elle me dit, mais je n'est pas l'envie de lui répondre, je suis partagé entre la peur et la colère et je sais que je pourrais regretter certains mots si je parle sans réfléchir. L'ambulance arrive et une fois qu'elle sera prise en charge je vais pouvoir extérioriser tout ce que j'ai en moi.

« Tiens bon l'ambulance est là, je vais vous escorter avec les gars, je serais là quand tu vas arriver à l'hôpital. On va y arriver. »

Je l'embrasse de toutes mes forces, laissant alors les professionnels s'occuper d'elle, pendant que mes collègues commencent à monter dans les voitures, je m'éloigne un petit peut pour crier un bon coup et lâcher tout ce que j'ai pu garder en moi jusque-là. Un cri douloureux, mais qui soulage.

Je ne me pose pas de question, j'agis tout simplement et je réfléchirais plus tard. Je suis inquiet pour ma femme, et mon futur enfant. Au fond de moi, lorsque je la retrouve, je sens bien que quelque chose ne va pas, mais je ne veux rien dire pour ne pas l'inquiet de mon mauvais pressentiment, je me trompe peut-être et inutile de rajouter du stress à sa douleur. Je reste plus ou moins silencieux, je pèse chacun de mes mots pour ne pas faire de faute. Je suis partagé entre la peur et la colère, je sens qu'en moi quelque chose ne va pas, je suis prêt à tomber dans les pommes à tout moment, que de la voir dans cet état-là, mon corps réagit, mais je dois tenir, je dois encore me servir des forces qu'il me reste. Je demande forcément une ambulance et j'impose même une escorte, je sais que de toute façon le chef l'aurait demandé alors je le devance tout simplement. J'ai du mal à lui répondre, j'ai du mal à être un bon soutien parce que je suis en colère et j'ai peur, mais je sais que je dois faire un effort, encore une fois je dois prendre sur moi jusqu'au moment où elle sera entre les mains des ambulanciers.

« On va se concentrer sur ton état de santé, essaye de tenir le coup encore un peut tu es entre de bonnes-mains, et je suis là. »

Je lui tiens la main jusqu'à ce qu'elle entre dans l'ambulance et lorsqu'ils referment les portes pour partir en direction de l'hôpital à toute vitesse, je me dépêche de monter dans la voiture et fonce à mon tour encore plus vite pour ouvrir la route et le passage avec les gyrophares. Une fois arrivée, je ne peux pas aller jusqu'au bout avec elle alors je l'embrasse avant qui la transporte dans les mains des médecins et là, une fois que je me retrouve plus ou moins seul, je craque. Je fonds en larmes, j'évacue tout mon stress, ma peur et peut-être même ma colère puisque je me défoule en donnant un coup violent dans la poubelle qui se trouve face à moi.

Je suis épuisé émotionnellement par cette journée que nous venons de passer tous les deux. Je suis perdu entre la haine, le stress, la peur, la tristesse, tout se mélange en moi. Tous les collègues ont tenu à être là et ils attendent avec moi en salle d'attente me portant tour à tour leur signe d'affection. Le chef a envie de me tuer et en même temps il est de tout cœur avec moi, il comprend rapidement que je n'ai pas envie de lui répondre, pas envie de lui expliquer, pas maintenant tout simplement, mais il comprend aussi que la décision de rien dire ne viens pas de moi puisqu'il sait que la tête brûlée, c'est Abi, et en même temps il ne peut être que dans la compassion. J'essaie de garder espoir mais je sais bien que la chance est très faible et j'ai même confié à un médecin que s'il faut en sauver un, qu'il sauve ma femme. C'est cruelle pour l'enfant, mais Abi est la femme de ma vie et je ne peux pas vivre sans elle. Quelques heures plus tard je peux retrouver ma femme.

« Bébé je suis là ! »

Je m'approche d'elle en lui prenant la main et l'embrassant tendrement avant que quelqu'un ne vienne taper à la porte ; le médecin. Il nous dit tout, pour Abi ça ira avec le temps, en tout cas physiquement, mais pour le bébé s'est terminé. Je m'en doutais, Abi aussi le présentait, mais silencieusement nous avons garder espoir tous les deux. Un silence glaciale s'installe dans la chambre, le médecin quitte la pièce pour nous laisser tous les deux. Je garde la main de ma femme dans la mienne pour la serrer très fort, puis je m'installe à ses côtés et la prends tout simplement contre moi. Je n'ai pas les mots, et même, qu'est-ce que je peux faire ou dire d'autres dans un moment comme celui-là ?!