They see me rollin’ La dernière fois que j’ai foutu les pieds dans une paire de rollers, on peut bien dire que ça s’est très mal passé. J’avais voulu tester un nouveau type de service au Paddy’s, pour aller un peu plus vite dans mes tâches. Ouais bon ok, j’avoue, c’était aussi pour me la jouer cool auprès des clients. Mais au final, tout fut complètement loupé : j’avais fini par perdre le contrôle, trébucher et renverser tout ce que je portais. A savoir deux verres de bière, un café et un éclair au chocolat. Mon chemisier tout neuf : tâché. Blanc en plus, la bière l’ayant traversé j’ai eu droit à quelques regards un peu trop voyeurs. Mais vous savez quoi ? Bah j’me marrais. Ouais, rien à foutre. Je me suis relevée, excusée, et au final je n’ai même pas fait payer les personnes qui avaient perdu leur commande dans cette catastrophe. S’en est suivi un petit tour aux urgences : plusieurs morceaux de verre s’étaient logés dans ma peau, que ce soit au niveau des mains mais aussi du cou et du visage. Il ne valait mieux pas les laisser s’infecter, alors j’ai préféré faire vite. Aujourd’hui, on vient souvent me rappeler cette petite chute, souvent en riant. Après tout, les souvenirs qui nous font rire ne sont-ils pas les meilleurs ?
« À nous trois, old mates. » Je fixe cette paire de rollers que je n’ai plus portée depuis cet événement. Cet après-midi, je rejoins Brecht au parc. Sortie rollers, que je lui avais dit. Ça promettait d’être marrant, mais au moins ça lui ferait un peu oublier ses tracas actuels. Du moins j’espère. « M’man, qu’est-ce que tu fais ? » Assise sur l’une des marches de l’escalier, je lève la tête en direction d’Aidan qui vient très certainement de rentrer de cours. « Bah… T’sais, on dit toujours qu’il faut donner une seconde chance à nos vieux ennemis alors c’est c’que j’fais. Je vais au parc. » Rollers aux pieds, je me lève, lâchant un « ouh putain » en manquant de perdre l’équilibre. Je me rattrape à l’aide des murs, tandis qu’Aidan croise les bras en m’observant, un petit sourire moqueur aux lèvres. « J’appelle qui si jamais tu reviens pas au bout de deux jours ? » Je ris, descendant les quelques marches qui me séparent de la porte. « T’appelles personne, j’serais rentrée. J’y vais avec Brecht, à deux on a plus de chance de survivre. » Dis-je, ouvrant la porte pour ne pas trop trainer, passant devant mon fils qui était littéralement en train de se moquer de ma petite initiative soudaine. « Ris pas trop, » dis-je en lui tirant la joue comme une grand-mère. « Parce que si jamais vraiment je reviens pas, c’est toi qui t’occupes des pochtrons de ce soir. Bon, sinon je t’ai laissé du fudge au frigo. J’vais pas rentrer tard pour pouvoir ouvrir le Paddy’s à l’heure. Enfin, si je rentre. A toute ! »
Et me voilà partie, chaussée de mes destriers à roulettes. Le parc n’est pas bien loin du Paddy’s et tant mieux, les passants doivent me prendre pour une folle à arpenter les rues à deux à l’heure, jambes arquées. Bordel, mais dans quoi j’me suis embarquée encore ? Ça promet. Brecht m’attend devant l’entrée. Avec un chouya plus d’aise, force de quelques mètres, je me dirige vers lui en lui faisant signe, avant d’arriver à sa hauteur, souriante. « Prêt ? J’te jure, la prochaine fois que t’as des idées aussi pourries, j’te balance à l’eau. » Je marque une pause, le temps de lui dire bonjour, puis ajoute en riant : « Ah ouais mais non, merde. C’était la mienne, d’idée. »
Le parc aurait pu être juste sous son nez qu'il n'aurait pas pour autant chaussé ses rollers tant qu'il était à sa voiture. C'était la chute assurée, et par chance, Brecht n'était pas un prudent. Il pouvait faire des choses un peu folles parfois, fallait juste qu'on lui en donne l'occasion, et ça faisait un moment que ce n'était pas arrivé, pas avec son moral en dent de scie. Au lieux de se casser une jambe avant même de retrouver son amie au parc, il était parti de sa bagnole muni d'un sac à dos, jusqu'à l'entrée du parc ou il se décide à troquer ses baskets contre ces dangers à roulettes. Gaelle serait forcément plus douée que lui, l'entraînement qu'elle avait eu jusqu'à sa chute, ça comptait quand même ! Il rit seul à cette idée, chose qu'il n'avait pas faite quand elle lui en avait parlé la première fois. Avec le recul, les chutes à la suite d'expérience comme celle là sont plus drôle et il n'y a plus de raison de s'en inquiéter. Il pouvait bien se marrer, parce que lui aussi pourrait bien se retrouver le cul par terre aujourd'hui, et il s'était déjà préparé à cette éventualité. Pour cause, il s'était acheté des genouillères pour l'occasion, il avait heureusement oublié le casque ! Il s'assit sur une murette devant le parc pour enfiler tout son équipement : genoux, gants de sport, et le meilleur pour la fin, les rollers. « Je te dis pas ce que tu vas te prendre... » qu'il se fait à lui-même. Ca doit bien faire une bonne vingtaine d'année qu'il n'a pas prit équilibre sur des roulettes... Il n'est même plus certain de pouvoir faire preuve d'équilibre, ça fait beaucoup trop de temps qu'il ne s'est pas exercé ! Brecht fourre ses chaussures dans son sac à dos et raccroche ce dernier sur ses épaules. Il a l'allure d'un gamin qui n'en est plus un, et est aussi excité que s'il en était un. Il se lève d'un trait avec la bonne idée de se tenir. Heureusement, parce que ses jambes n'ont plus aucun appui stable et ses pieds patinent un bon moment avant de redevenir immobiles. Ok, l'histoire n'est pas encore gagné, il est complètement aggripé au portail du parc. Une gamine passe à côté de lui en riant, super... Il était quand-même bon à l'époque pour ce genre de loisirs. « Une idée comme ça, ça n'peut venir que de toi ! Comment ça va ? » Il avait accepté tout de suite pourtant, il avait trainé avant de dire oui, mais c'était déjà tout décidé avant même de lui dire. Brecht était toujours accroché à la grille, il lui fait la bise et commence à rire en voyant ses mouvements crispés pour tenir en équilibre. C'était drôle à voir sur elle, qui pourtant semblait avoir un peu plus d'aisance que lui qui gardait la tête rentrée dans les épaules et semblait prêt à céder au moindre mouvement. « On croirait que t'as fais ça toute ta vie ! » se moque-t-il alors que lui-même est encore dans la panade. Il commence alors à attraper son bras pour se lâcher. « Tu crois que tu peux tenir l'équilibre pour deux le temps que je prenne mes marques ? Oooup... » il dérape alors qu'il tente de bouger pour peut-être commencer à avancer. Il tangue avant de retrouver une nouvelle stabilité. C'est juste le temps de retrouver comment il faut faire, il savait qu'après quelques poussées, il serait plus à l'aise. Cette journée, cette sortie, ça le met dans le bon mood, lui qui était trop prit entre travail et problèmes personnels. « Je te jure que si on termine à l'hôpital, je dis que c'est toi qui m'a fait tomber ! On se lance ? »
"see me rollin(// beerus)
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gare à la crise de la quarantaine
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Re: They see me rollin (Brecht)
Sam 10 Mar 2018 - 20:44
They see me rollin’ Ok j’avoue, Brecht a raison : une idée comme ça, c’est vrai que c’est forcément moi. Des fois je me demande bien ce qui me passe par la tête. Un jour, je vais vraiment, vraiment, finir par le regretter. Et ce jour peut très bien être celui-ci d’ailleurs, parce que malgré ma minime expérience je ne suis pas plus à l’aise dans ces rollers que Brecht. Quoi qu’un tout petit peu quand même, vu la façon dont il se tient au portail du parc, ce qui me fait pouffer de rire. « Bah écoute ça va, et toi ? » J’arrive à tenir l’équilibre sans vraiment m’accrocher quelque part, même si parfois je dérape légèrement. Je parviens toujours à me rattraper, faisant plutôt attention à mes mouvements ce qui suscite une petite moquerie de la part de mon ami, ce à quoi je m’empresse de répondre : « Et toi donc ! Regarde, tu tiens tellement bien debout que même le portail s’agrippe à toi ! » Je ris un coup, mais je fais beaucoup moins la maligne quand c’est à moi que Brecht vient s’agripper. Je perds légèrement l’équilibre mais me rattrape en essayant de prendre la situation en main. Recroquevillée, je me redresse tant bien que mal. « J’suis pas bien sûre pour tout t’avouer, mais force à nous, hein. » Et voilà que c’est lui qui dérape à son tour, ce qui me fait à nouveau perdre l’équilibre. On a l’air biens comme ça… La risée de chaque passant ! Mais c’est justement ça qui me fait encore plus rire, car c’est vrai que de l’extérieur on a l’air bien couillons tous les deux. Je chancèle et par je ne sais quel miracle, je ne tombe pas. Le temps que je me remette bien droite, je respire un grand coup et regarde loin devant moi. Le parc possède des allées suffisamment grandes pour nous permettre de ne pas nous farcir un passant. Quoi que, doués comme on est, ça pourrait peut-être bien vite arriver… Et encore une fois, je m’esclaffe aux dire de Brecht. « T’oseras même pas ! » Je commence à avancer prudemment, regardant fixement mes pieds pour les premiers centimètres. « Bah ouais, j’t’attends moi ! » Je lance pour l’embêter. Ça promet. Et même si j'en ris, j'espère au fond de moi qu'on n'y finira pas, à l'hôpital. Me retrouver avec quelque chose de casser, merci mais non merci !
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