Eiza * Métro, boulot, dodo ?

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{Métro, boulot, dodo ?}
crédit:drix1x feat. @Valentina Koenig

Assise à son bureau, elle pianote frénétiquement sur son clavier. Toutes ses idées se mélangent les unes aux autres. Elle doit faire le tri. Sinon, elle n'allait jamais pouvoir avancer. Et après, elle allait prendre du retard dans son travail. Et elle détestait ça. Eiza était plutôt du genre ponctuelle et elle n'avait jamais rendu un travail en retard même quand elle était à l'hôpital. Pour elle, c'était une nécessité, une obligation quand son travail pour lequel, elle était passionnée. Cela n'avait pas changé malgré les mois précédents qui avaient été riches en rebondissement. Aujourd'hui, elle retrouvait les locaux de Cosmopolitan. Elle retrouvait son bureau, ses objets familiers, sa vue sur le parc. Tout ce qu'elle appréciait. Elle se sentait bien ici. Elle se souvenait encore de son arrivée. Tout le monde avait été plutôt bienveillant même si la concurrence était rude. C'était bien normal. Elle faisait un métier qui avait la côte et qui intéressait pas mal de personne. Mais jusque là, elle avait toujours montré qu'elle était digne de son poste. Même si à son retour de Berlin, elle ne pensait pas retrouver sa place. Mais Valentina l'avait rassuré. Elle avait toujours son bureau avec sa plaque personnalisée. Et une chaise qui n'attendait que son postérieur. Bon, bien sûr, tout ça dit dans des termes bien plus lisses. Eiza avait apprécié. Elle ne savait pas comment elle aurait réagi si on lui avait fait redescendre les échelons qu'elle avait monté à force de travail et d'heures supplémentaires. Bien sûr, elle aurait reprit son travail avec la même fougue. Mais savoir qu'on appréciait encore son travail, c'était gratifiant.

Depuis qu'elle était revenue, elle avait essayé de retrouver ses marques. Ce n'était pas encore ça. Il y avait de nouvelles têtes qu'elle ne connaissait pas. Des anciennes amies qui n'étaient plus là. Et elle reprenait aussi ses habitudes de travail. Son bureau était noyé de photographies de toutes sortes : des jupes, des pantalons, des manteaux, des bijoux, etc. Elle cherchait les bonnes plaquettes pour agrémenter son article. Elle était perfectionniste et ce n'était pas toujours facile pour elle ou pour les autres. Elle imprima un premier jet de son organisation puis elle piocha une amande dans le petit bol qui se trouvait devant elle. Elle était barbouillée aujourd'hui. Elle avait beau avoir faim, elle savait qu'elle serait incapable de manger un véritable repas. Alors elle se contentait de quelques amandes pour caler sa faim. Puis elle prit une gorgée au moment même où la rédactrice en chef entra dans son bureau. Elle releva ses yeux sur sa patronne. Elle fronça un instant les sourcils avant de jeter un œil sur son bureau. « Il me manque quelques photographies mais je devrais pouvoir vous montrer un premier jet d'ici une petite heure. » Jusque là, son sujet n'était pas définie. Elle avait donné des pistes mais ce n'était pas à elle de décider. Donc, elle bossait sur ces différents projets avant d'avoir le sujet final entre les mains. Et apparemment, le débriefe avait décidé. Les trench. Elle adorait. Elle en portait un d'ailleurs ce jour-là, un Burberry. Une pièce qu'elle avait déniché des années plus tôt avec l'une de ses premières paies.  

Valentina est partout, tout le temps et tout ses collaborateurs, ses employés, savent que l'élégante blonde est susceptible de débarquer d'un moment à l'autre devant leur poste de travail. Ils ne savent jamais quand, mais ils savent toujours qu'elle risque de passer dans la semaine et semer autour d'elle le vent du boulot. Quand elle se pointe, c'est toujours pour donner quelques directives et des consignes, pour discuter d'un article et galvaniser ainsi le travail. Toujours. On n'arrive pas toujours à la suivre, d'ailleurs. Ici, elle est dans son, monde et son esprit se préoccupe de tout, pour ne pas penser à son mari qui l'oublie, à ses enfants qui grandissent. Elle se noie dans le travail pour ne pas voir la réalité en face. Mais el soir, quand sonne l'heure d'aller chercher ses enfants, la mère de famille reprend son rôle et abandonne les locaux pour se consacrer à sa plus grande réussite. Elle fait la part des choses, Valentina, dans cette vie compartimentée qui ne laisse pas place à l'imprévu ou au hasard, depuis quelques années. La mère parfaite s'occupe de ses enfants, s'adonne au meal prep, à la pâtisserie sans sucre ni matière grasse ajoutées, avant de filer au yoga avec Anne et Harriet, pour ne pas voir que sa vie est devenue triste et insipide avec les années.

«- Parfait, j'attends donc de voir votre travail. Normalement vous allez aussi recevoir les photos pour la chronique des top et des flops du mois chez les célébrités...» indique la blonde en vérifiant sa liste. «Et je crois que c'est à peu près tout. Il faudrait commencer à réfléchir à votre sujet pour le mois de Mars et soumettre vos idées éventuelles pour la réunion éditoriale à venir.» remarque la blonde, alors qu'elle laisse toujours une marge de manœuvre à ses employés, pour laisser parler leur inspiration et fournir de meilleurs articles.

Elle est vive, Valentina, quand elle est dans son élément. Elle virevolte et ne laisse pas le temps aux gens de s'éparpiller. C'est ainsi qu'elle maintient le cap du magasine. En s'occupant de tout ses collaborateurs les uns après les autres, pour qu'ils sachent toujours où ils vont, ce qu'ils ont à faire et évitent de perdre du temps inutilement.

«- Des questions ?» demande la blonde, sans se départir, pour l'heure, de son ton professionnel.

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crédit:drix1x feat. @Valentina Koenig

Elle l'aimait son travail. Et elle était heureuse d'être à nouveau assise à son bureau. Cela lui avait manqué. Être active lui avait manqué. Et elle n'avait pas hésité une seule seconde à reprendre le boulot. Peut-être un peu trop tôt. Elle ne le savait pas. Elle voulait se persuader qu'elle était en pleine forme. Sauf qu'elle était enceinte. Et qu'entre les nausées, les insomnies et la fatigue, elle avait parfois du mal à garder les yeux ouverts toute la journée. Toutefois, elle faisait des efforts et jusqu'à maintenant, on ne lui avait rien reproché et pour elle, c'était le principal. Même si elle se disait vraiment qu'il fallait qu'elle lève le pieds. Quand elle travaillait. Elle oubliait facilement tout ce qui était autour d'elle. Ce n'était que le soir quand elle rentrait chez elle, qu'elle sentait la fatigue sur les épaules. Ce n'était qu'une question d'habitude. Elle allait reprendre le rythme. Elle ne doutait pas là dessus. Enfin, elle ne voulait pas douter. Elle avait été éloignée trop longtemps de ce qu'elle aimait faire. Et elle savait qu'elle serait incapable de faire un choix pour l'instant.

Aux mots de Valentina, elle reporta son attention sur les feuilles qui se trouvaient sur son bureau. Ce dernier était assez encombré mais elle arrivait à s'y retrouver. Elle savait où elle mettait les choses et elle les retrouvait rapidement malgré le désordre apparent. « J'ai déjà quelques idées. Et je pense que ce serait bien aussi de faire un street style. Cela plait toujours. Surtout qu'en ce moment, il y a une recrudescence des vide-dressing. Les gens aiment avoir des pièces uniques. J'ai d'ailleurs reçu plusieurs invitations. Je pourrais faire une récap' de tout ça et vous donner le compte rendu ? » Le travail ne lui avait jamais fait peur. Et puis la mode, c'était toujours sa passion. Fatiguée ou pas. Elle serait capable de faire des kilomètres à pieds pour dénicher LA nouvelle pièce dans son dressing. Puis à la dernière question de Valentina, elle hésita puis elle posa quand même la question. « En allant sur les divers réseaux sociaux, il y a un sujet qui revient souvent : la polémique Dolce & Gabbana. Nous allons avoir du mal à passer à côté de tout ce qui a été dit ces derniers jours. » Eiza ne savait pas si le magazine voulait mettre un mot là dessus. Mais forcément, les lecteurs étaient au courant et ne pas en parlant, serait un peu gênant par rapport à l'éthique de Cosmopolitan. « Nos lecteurs voudraient peut-être un mot là dessus. »  

Valentina travaille, elle impose son rythme. Quand elle vient visiter Eiza ce jour-là, son ton est professionnel et va droit au but comme toujours alors qu'elle ne semble jamais avoir une minute à perdre. Parfois elle déstabilise ses interlocuteurs en se comportant ainsi, elle n'y fait pas très attention. Ses journées sont toujours bien remplies au bureau, comme elle repart tôt le soir. Elle n'a pas de temps à perdre, de fait, alors qu'elle a un maximum de choses à penser en un minimum de temps malheureusement. Alors elle ne prend pas de gants, en général, pour dire les choses. Eiza est comme elle, directe, elle ne lésine pas sur le boulot et de fait Valentina n'est pas étonnée quand cette dernière déclare qu'elle a déjà des idées de sujets pour le numéro de Mars. La jeune femme est efficace, au boulot on a rien à lui reprocher. Valentina acquiesce, conquise.

«- Cela me semble être une excellente idée de sujets.» acquiesce-t-elle. «Et ce d'autant plus que le vintage plaît beaucoup en ce moment effectivement.»

Et depuis pas mal de temps en réalité alors qu'on voit un retour à certaines tenues un peu rétro. Valentina ne faisait pas abstraction à la règle parfois, avec quelques coiffures typiques des années 50. Le vieux était à la mode. Cela ferait un très bon sujet, de fait. Au printemps ce serait toujours d'actualité, d'autant plus que le retour des beaux jours motiverait à sortir pour flâner dans les vides-dressing.

Elle se crispe un peu comme Eiza aborde le sujet de la polémique Dolce & Gabbana. La blonde n'a toujours pas reçut d'informations de la part du siège sur la marche à suivre quand à ce problème avec la marque. Mais il est certain que les lecteurs attendaient une note à ce sujet et qu'il allait falloir en parler dans le prochain numéro. Elle acquiesce d'un mouvement de tête.

«- Les lecteurs vont nous attendre au tournant, toutefois il est important de rester neutre dans cet article, vis à vis de la marque !» souligne la blonde.

Ils ne pouvaient pas se permettre de s'attirer les foudres d'une marque qu'elle qu'elle soit et devaient donc jouer avec le feu pour cette note que les lecteurs attendaient sûrement. L'exercice était périlleux.

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crédit:drix1x feat. @Valentina Koenig

Ce qui était bien avec Valentina, c'est qu'elle laissait assez de marge à Eiza pour faire ce qu'elle en tête. Elle était exigeante avec les employés mais elle leur laisser cette créativité qui faisait toute la différence. Et Eiza aimait. Elle avait la liberté d'avoir des idées et de les défendre. Alors elle avait toujours des tas d'idées, des tas de pistes différentes pour faire ses articles. De ce fait, elle avait toujours matière à écrire. C'était plutôt le temps parfois qui manquait. Surtout en ce moment. Elle avait du mal à jongler avec tout ce qu'elle avait à faire. Cela lui plaisait. Même si elle n'était jamais certaine de donner le meilleur d’elle-même à chaque fois. Elle n'attendait pas de traitement de faveur parce qu'elle sortait d'une longue maladie. Elle voulait faire son travail comme tout le monde. Et son travail, elle le faisait bien. « Oui et certains doivent même mettre en place un nombre limité de place, ou faire carrément des réservations. » Ce qui lui paraissait fou. A quel moment le monde avait changé à ce point ? Quand elle était dans son lit d'hôpital ou déjà avant, et qu'elle ne l'avait pas remarqué jusqu'à maintenant. Quoiqu'il en soit ce phénomène des vides-dressing commençait à faire le tour de l’Allemagne. « Le vintage a encore de beaux jours devant lui. C'est un intemporel. » Et c'était la même chose avec l'ameublement. Tout ce qui était vieux, revenait à la mode. Et les marques surfaient sur cette vague. De même que les couturiers.

Eiza aborda ensuite un sujet plutôt délicat. Elle le savait. Mais elle ne pouvait pas passer à côté de cette information. Les lecteurs s'attendaient à ce qu'un article soit associé à cette polémique. « Bien sûr. Nous ne pouvons pas non plus nous permettre de froisser nos amis chinois. » Après tout, c'était eux qui avaient été offensés. Et la Chine était un gros client. Alors une neutralité était de mise. Beaucoup de ces amis se trouvaient en Chine. Et cette histoire avait d'énormes répercussions. A la bourse, la marque italienne avait déjà perdu deux points. Et certains chinois appelaient carrément au boycott de la marque. Des boutiques avaient été victimes d'affichage de messages hostiles. Cette histoire bien que très délicate ne pouvait pas être ignorée.

Les vides-commodes et vides-dressing semblaient avoir de beaux jours devant eux à en croire ce que lui rapportait Eiza, mais le jolie blonde n'avait pas le temps d'aller d'en rendre compte par elle-même sur le terrain, parce que le week-end, elle s'occupait de ses enfants, faisait faire les devoirs, préparait les menus des repas de la semaine avant de préparer ceux-ci pour ne pas être prise au dépourvu le soir en rentrant de l'école où elle allait chercher ses enfants. Elle avait son cours de yoga le samedi après-midi également et d'une manière générale devait s'occuper de son linge, de son ménage, face à l'indifférence de son mari, le plus souvent assit dans le canapé, un verre de whisky devant lui à lire le journal. Elle aurait eut les moyens de prendre une femme de ménage mais ne s'était pas décidé à le faire. L'idée qu'une mère s'occupait elle-même de son foyer était trop présente dans son esprit. Pour contraster avec l'enfance qu'elle avait eut, certainement.

«- De toute évidence, oui.»

Le vintage avait une certaine forme de nostalgie, rappelait quelques vieux souvenirs à certains, ou de vieux chef d’œuvres du septième art. Cet ancien avait la belle vie et les regards se tournaient vers lui comme sur quelque chose de réconfortant, alors que beaucoup se laissaient bercer par une douce nostalgie des souvenirs d'antan. Certaines célébrités, surtout, aidaient à maintenir un certain amour du public pour ces époques. C'était le cas de quelques grands noms que Valentina appréciait tout particulièrement.

Alors que la jeune femme aborde le sujet d'une polémique qui fait rage vis à vis de la marque Dolce & Gabbana, l'épouse Koenig se montre prudente alors qu'elle ne voudrait pas froisser qui que ce soit par un article sur cette polémique, tout en sachant qu'elle n'a pas le choix comme les lecteurs ne manqueraient pas d'épingler le journal s'ils restaient muets là-dessus.

«- Non, en effet il ne faut pas.» assure la blonde.

Elle pose son regard sur Eiza et pose son calepin une seconde, enfin, alors qu'elle allait pour ressortir. Mais elle n'est pas un robot et elle est loin d'être inhumaine. Elle se souvient qu'elle avait encore autre chose à demander à la chroniqueuse, en venant dans le bureau de cette dernière.

«- Miss Dietrich, je voulais savoir comment cela se passe au niveau du travail, si tout va bien ? Vous retrouvez vos repères ?»