RosAyden ✶ De la rivalité à la complicité ?

Retard. Évidemment. Comme d’habitude, tu es en retard. Crémaillère de ta sœur, il paraît, tu n’avais pas répondu au texto, oubliant que tu avais répondu que dans ta tête quand tu avais lu la première fois. Tu sortais de la douche en même temps, l’esprit embrumé, le cœur qui essayait de se remettre de l’eau chaude. Bref, t’étais là sans être là, pourtant, la date était déjà marqué dans ton emploi du temps, l’heure aussi et tu avais ressorti un de tes smokings pour l’occasion. Tu voulais faire plaisir, montrer qu’elle pouvait compter sur toi, de ta présence, donc bon.

Tu avais fait un saut rapide dans sa pâtisserie préférée, prendre un bon paquet de ses donuts favoris et avait acheté en passant une bonne bouteille de champagne. C’était peu pour te faire pardonner, mais ça pourrait suffire. Tu le sais. Tu mets tout dans ta jaguar avant de te rendre à l’adresse qui était dans ton téléphone, fredonnant tranquillement. Tu te gares sans problème, mais grimaces déjà en reconnaissant quelques voitures. Tu soupires et montes les escaliers rapidement, priant pour ne pas non plus croiser tous les abrutis que tu ne voudrais pas croiser. Il y a des noms que tu aimerais oublier dans le répertoire familial.

Tu entends déjà la fête qui résonne dans le couloir quand tu atteins le bon étage. Tu inspires doucement avant de sonner, attendant un peu pour qu’on t’ouvre et sourit en voyant le visage de ta sœur. Tu montres la boite et la bouteille en souriant.

- Pour me faire pardonner. Tu m’en diras des nouvelles.

Que tu dis avant de l’embrasser sur les joues pour la saluer avant de reculer, entrant quand elle se décale.

- J’suis vraiment d’solé du r’tard. Même si j’te disais pourquoi, tu m’croirais pas.

Tu grimaces un peu en voyant le monde.

- Oh merde… C’est tes amis ou ceux d’Mère ? Sans déconner ?

Tu n’as pas le temps de répondre à sa pique que tu vois l’ambiance déjà hautement trop bourgeoise pour être vrai. Heureusement que tu as laissé Pablo à la maison, il aurait déjà râlé sur les gens. Il est comme toi, trop de monde égal panique. Tu regardes ta sœur qui essaye d’expliquer et tu pouffes nerveusement à sa réponse si vraie. Ouais bon, venant de Madame Sachs, c’était sûr que cela devait arriver. Tu fais signe et hoches la tête.

- Oh, merde, j’vois… Bah écoute, j’te pose ça dans un coin d’ta cuisine, j’visite un peu et j’vais m’cacher sur la terrasse ou dans les toilettes.

Tu pouffes un peu et commences à chercher la dite cuisine, profitant un peu pour regarder autour. Tu souris, voyant qu’elle a tenté de créer un lieu à son image, loin des critiques possible de tout le monde, votre frère, votre mère, votre père… Tu pouffes et mets les pâtisseries dans un coin et le champagne au frais. Tu souris, les yeux se perdant aussi sur les tableaux qu’elle avait mis, les décorations. Tu n’aurais pas fait mieux.

- Hey, en vrai, c’est cosy… Quand tout l'monde s’ra parti hein ?

Que tu dis simplement. Tu profites encore un peu que vous soyez seuls pour pouvoir dire des choses aussi simples, sincères et tends les bras. Un peu d’affection loin des regards pour montrer que tu es fier d’elle, fier qu’elle ai enfin pu partir de la maison, fier qu’elle puisse enfin vivre pour elle et pas encore trop dépendante du rythme étrange qui règne dans la grande villa familial, regarder à chaque instant par un majordome, une bonne, le frère qui semble parasitaire ou un des parents qui osent une remarque.

- Viens là… Déjà… Avant qu’mère s’rend compte que j’suis là et qu’elle décide d’vouloir me marier avec les filles de ses potes.

Tu ouvres tes bras pour accueillir ta sœur, souriant, prêt à la câliner comme il se doit et manque de froncer les sourcils quand tu entends un bruit qui vous interrompt. Tu entrouvres la bouche, voulant lui demander au départ si elle a besoin que j’aille voir, si elle a besoin d’aide, mais elle s’excuse en premier et quitte la pièce rapidement, aussi rapidement qu’elle été venue. Tu grimaces, mettant les mains dans les poches et commence alors à avancer pour au moins avoir un aperçu de ce qui se passe dans le hall, ou dans le salon, qu’importe.

Ta curiosité est là, et tu connais assez bien ta grande sœur pour savoir que cela pourrait la stresser, elle qui voudrait que tout se passe bien. Tu soupires et entends bien le nom, du moins l’appellation de son interlocutrice. Oh merde. Tu recules un peu pour éviter de te faire voir dans un champ de vision que tu n’aurais pas calculé. Tu voulais aussi éviter une discussion avec ta génitrice, sait-on jamais, quel que soit le sujet. Bien sûr, la femme confirme qu’elle t’avait vu et sa remarque sur le fait que tu pourrais lui donner des nouvelles te fait grincer des dents.

Oui, bien sûr que tu pouvais le faire. Mais bien sûr aussi que tu ne voulais pas le faire. Tu passes une main sur ton visage et retournes en cuisine pour chercher de quoi faire un thé glacé, fort. Sans alcool certes, mais avec assez de sucre pour te donner un peu d’énergie à affronter le bordel ambiant. Tu entends au loin que ça se calme dans la grande pièce, ta mère étant sûrement partie avec sa suite de femmes de politicien qui joue aux cartes le dimanche au brunch. Tu finis par te retourner en finissant ton verre quand tu entends que ta sœur revient et à sa phrase, sa question, tu ne peux que venir vers elle.

- Viens là.

Que tu dis, la prenant contre toi sans rien dire de plus, entourant ses épaules de tes bras, la berçant doucement. Une main lui caresse le dos et tu prends de longues et profondes inspirations pour qu’elle puisse se sentir en sécurité. Tu attends, patiemment, qu’elle se détache d’elle-même, qu’importe le temps passé dans cette position et finis par demande.

- S’passe quoi ? T’peux tout m’dire, t’sais ? J’dirais rien.

GGros chagrin que tu ressens, besoin de décompresser. Tu caresses le dos de ta sœur, attendant qu’elle s’éloigne pour expliquer ce qui se passait. Bien sûr, elle sort une petite pique et tu pouffes. Oui, c’est vrai qu’avec le temps, l’âge, la puberté, le sport, tu avais finis par la dépasser en taille. Jadis, c’était elle qui te calmait quand tu n’en pouvais plus des fêtes de famille et que la batterie sociale était au plus bas. Mais là, c’est à toi de lui rendre la pareille apparemment. Tu attends un peu, demandant ce qui se passe et soupires en comprenant l’origine de tout ça.

Elle. Toujours. Madone, maîtresse de maison, femme de prestance et définitivement envieuse de tout et jamais assez comblée. Tu soupires un peu et essayes de croiser le regard de ta sœur.

- Tu l’sais pourtant, vu qu’t’es une nana, tu s’ras jamais assez bien pour elle, parce qu’il faut être à son image. C’est chiant à entendre, à dire pour moi, mais d’son point d’vue, c’est comme ça.

Tu te redresses un peu en te massant la nuque, grimaçant doucement.

- Et encore. Elle a accepté qu’tu vives dans ton propre appart. Imagine un peu l’inverse… Et l’mariage forcé.

Tu ricanes nerveusement en secouant la tête te la bascules sur le côté en réfléchissant à une connerie, regardant à moitié la frontière entre le haut du mur et son plafond.

- Quoi que… J’aurais pu m’pointer à la cérémonie avec ma crosse en hurlant pendant la phrase du prêtre et hurler "ouais, moi, j’suis contre c’mariage et j’vais l’prouver !" Et j’aurais pété la gueule d’ton prétendant.

Tu souris et montres les incisives de devant pour illustrer le reste de ta pensée. Peut-être qu’elle va en rire, peut-être pas. Tu auras tenté. Puis tu sais qu’elle va l’imaginer, évidemment.

- T’imagines ? Le mec avec une belle fenêtre, la ? Insortable après sans voir un chir-dentiste.

Tu comprends ta sœur. Tu comprends sa frustration. Tu comprends que pour aujourd’hui, alors que c’était important pour elle, elle puisse craquer devant insupportable caractère nonchalant de votre mère, son insensibilité et sa façon de montrer -ou pas justement- qu’elle s’intéresse à la vie de ses enfants. Tu entends que Rosalinde désire montrer ce dont elle est vraiment capable, qu’elle est aussi indépendante que toi, votre frère aîné. Tu comprends qu’elle veuille vivre pour elle. Tu souris quand elle affirme que lorsque ce jour viendra, elle enverra tout valser.

Oui, comme toi depuis ta majorité. Tu crois en elle, c’est sûr. Tu lèves les yeux aux ciels quand cette dernière affirme que vos parents veulent absolument qu’elle leur présente le possible gendre idéal d’ici l’été. Mais quel angoisse. A se demander pourquoi tu n’avais présenté personne alors que ta plus longue relation était de quatre ans hein ? Ouais, même pas Karine avait vu la tronche de tes parents, même pas elle. Pour dire. Tu hausses les épaules quand elle précise que si tu tentais un truc, ils pourraient te le faire regretter et rigoles doucement. Est-ce que tu tiens à elle ?

Tu détournes le regard, souriant, coinçant ta langue entre tes dents et rigoles.

- La crevette, elle sait c’qu’elle dit et elle le pense.

Tu recules encore un peu pour mieux croiser le regard de la blonde en face de toi et hoches la tête.

- Ca a jamais été facile entre nous, mais tu restes ma sœur. J’l’ai pas choisi, toi non plus, mais écoute. On est ensemble face à ces cons, non ?

Que tu demandes en faisant un geste vers les invités qui tournent encore dans le salon, preuve de votre milieu social. Tu soupires en jetant un œil rapide à ces derniers, d’ailleurs.

- … J’vois pas l’frangin… Sérieusement ? Il est pas venu lui non plus ?

Tu le maudis un peu, alors que tu sais qu’il savait pour aujourd’hui. Au fond de toi, tu n’es même plus surpris, en fait. Quel con lui aussi.